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[RP] Le Vert Millau

Aelyenor
Ce matin-là en se levant, des cris de polissons lui firent prendre conscience que nous étions lundi. Comme il faut bien que ce soit lundi une fois par semaine, la brunette n'avait pas d'objections à formuler sur ce point.

L'Acanthe était allé relever ses filets avant le lever du soleil, espérant être de retour avant la fin de la matinée.
Elle regarde au passage les petites filles entonnant quelques comptines annonçant le printemps, puis se dit qu'elle irait bien faire un tour à la cabane de son garde-pêches pour le détourner un court instant de son travail et se promener tendrement avec lui le long des allées des jardins de Millau.

Un baiser et deux câlins plus tard, les deux tourtereaux entament une balade bucolique avec toutefois un petit sourire taquin au coin des lèvres de Aelyenor.


- J'ai soif mon Acanthe. Très soif. Arrêtons-nous un instant veux-tu ?

Sans attendre son assentiment elle fit une pause qu'elle jugea nécessaire, invita son doux à s'asseoir près d'elle et sortit de sa besace une bonne bouteille de grès dans laquelle reposait un liquide noirâtre. Elle sortit deux godets et en tendit un à son homme.

Tout en servant le contenu délicatement, Aely chantonna lentement :


" A vous je m'adresse Mes Dames
Je vais chanter le Saint-Péray
Il est surnommé vin des femmes,
C'est vous dire qu'il est parfait.
La violette qu'il exhale
En rend le goût délicieux
Et l'on peut dire qu'il égale
Le nectar que buvaient les Dieux..."


- A ta santé mon amour. Et à la santé de celui qui me mange à l'intérieur.

Elle était très heureuse Aely, fatiguée mais heureuse. Tout se passait à merveille, même si depuis quelques jours la "terreur" qui l'habitait lui en faisait voir des vertes et des pas mûres.

- Mon petit ange, ce vin est plus précisément un Cornas, c'est le vin de mes ancêtres. Oui...enfin du côté de mon géniteur, mais c'est maman qui s'est occupée des terres de son mari.
Cornas signifie en Celte "terre brûlée", d'ailleurs la dénomination imagée explique fort bien ce qu'est ce vin et ce que représentaient mes anciennes générations ; Des gens robustes et généreux et un vin riche et dense.
Tu savais que le Cornas était un des vins préférés de Charlemagne ? Si si...je t'assure...c'est p'têt ben pour ça qu'on l'appelait l'empereur à la barbe fleurie, chaque fois qu'il buvait un petit godet, sa barbe trempait dedans...p'têt ben après tout.
Le cépage de ses vignes est le Syrah, cela veut tout simplement dire que l'on ne fait que du vin rouge chez nous. Oui je sais, tu n'aimes que le vin blanc, et tu en auras à profusion dès septembre prochain, mais goûte un peu celui-ci, regarde sa couleur noirâtre, hume cette odeur de terre, et goûte cette âpreté persistante.



Était-ce les paroles...enivrantes de sa douce ou bien ce bon vieux Cornas qui rendait muet ce brave Acanthe ? Elle n'aurait su le dire, toujours était-il que la jeune femme entama un cours sur la prévention de l'oxydation des vins.

- L'oxydation des vins provient toujours du peu de soin qu'on a mis à remplir les fûts, des transports effectués par temps chaud ou de la mauvaise qualité des caves, il faut le soutirer dans un autre tonneau où l'on brûle un pouce de mèche soufrée ; on colle en même temps avec six blancs d’œufs par barrique.
Dans les cas où le vin n'aurait pas perdu tout à fait le goût qu'il avait contracté, il faudra répéter cette opération six jours après.
Puis on laisse reposer le vin, et...hum...ben faudra le boire après.
Autre solution ; jeter dans le tonneau malade un quarteron de froment grillé, presque noir, on soutire le vin une journée après, on colle et on boit de suite.
Inutile de te dire que le vin qui tourne à l'aigre ne sera pas vendable et que les soins qu'il faudra opérer, seront des soins pour satisfaire la ration quotidienne de nos Millavois. L'oxydation est une catastrophe pour le récoltant, car cela représentera une perte sèche pour nous. Donc, prudence prudence.
De toute manière, lorsque nous transvaserons le produit des vendanges de cette année, je serai présente pour assurer une bonne manipulation.


Aely regarda son homme en riant, elle devait le saouler...déjà oh mon Dieu ; puis d'un air malicieux et comme pour se faire pardonner de sa logorrhée déposa un doux baiser sur ses lèvres sèches.

Une envie irrésistible de le taquiner...terrible envie de...
Elle se mit à califourchon sur ses genoux et entoura son cou de ses bras menus tout en le noyant de petits baisers...


- A moins que tu ne veuilles que je te parle des moyens à mettre en œuvre pour éviter que le vin tourne en graisse, pour éviter qu'ils deviennent amers, ceux qui ont contracté le goût d'évent, le goût du fût, prévenir la dégénérescence, ceux qui sont trop sombres en couleur, ceux qui sont âpres...encore ?

Rires, sourires, baisers, tendresses...l'Humain c'est dans un jardin qu'il faut le voir. C'est là qu'il est réellement en liberté. Il y court, il s'y morfond, il y pleure, il s'y embrasse, se retrouve, espère, chante, écoute chanter, écoute aimer, aime.
Acanthe
Le volatile à crête dort encore du sommeil de l'enclume quand le barbu ouvre un œil. Le second s'ouvre à son tour et se pose sur l'Aely qui sommeille entre les bras de son homme, la tête bien calée contre lui.
Délicatement, tout en douceur, il se retire de l’étreinte et la dépose sur le pucier. Puis il caresse le petit bidon tout beau, y dépose un baiser, effleure le visage de la belle du bout des doigts et l'embrasse avant de prendre la direction du lac.

Il aime ce silence qu'offre le lac au petit matin. Même l'onde semble profiter des derniers instants de sommeil, à peine un léger clapotis se fait entendre. La brume se dissipe peu à peu, les oiseaux poussent leurs premiers cris matinaux. C'est beau comme.........comme l'arrivée d'une nouvelle journée au bord d'un lac qui s'éveille.
Quelques coups de rames qui fendent la brouillasse, annonciatrice de beau temps, et le voilà sur place. Prêt à relever les filets et les remettre à l'eau une fois la prise collectée. Et la prise est bonne, deux brochets se sont laissés prendre au piège des mailles. L'un fera leur repas du midi et l'autre se retrouvera sur les étals du marché.

De retour sur les berges il investit la cabane, prépare le départ, range un peu la tracasserie.
Voilà qu'on gratte à la porte du refuge.
Nom de dieu le beau félin que le soleil apporte ! La merveille est là, offrant un sourire, un regard qui stimule bien des choses et une invitation à une petite balade. Sans se faire prier le barbu abandonne la poiscaille et accompagne sa promise pour une flânerie dans les jardins. ce jour est un peu spécial pour elle...et donc pour lui.

La main enlaçant la taille de son empêcheuse de tourner en rond, ils cheminent amoureusement dans les allées du "vert Millau".
Mais la belle s'arrête, une grande soif réclame de l'attention. l'Acanthe s’apprête déjà à trouver la source la plus la proche mais la petite forgeronne a tout prévu.
Elle fredonne, lui écoute et regarde le liquide noirâtre coulé dans les godets.
il pose une main sur le ventre habité.


- A nous ma douceur, à nous trois !

Puis il boit les paroles, comme un enfant à qui on raconte une histoire. L'écoute parler de ce vin, de ses origines, de son géniteur. Le barbu n'en rate pas une bribe, place tout ça dans un coin de sa mémoire.
Elle a ce don de narration, de savoir accaparer l'attention avec cette douceur qui n'appartient qu'à elle.
Le barbu applique les conseils, regarde ce vin, le sent, le respire, le vit presque puis boit une gorgée. Il n'a pas l'habitude de déguster ce genre de breuvage, alors il y met toute sa délicatesse. Ils trinquent, heureux de cet instant partagé. Il a tout à apprendre et a bien l'intention de puiser dans le savoir de cette viticultrice.
Elle met tellement de passion dans ce qu'elle raconte, qu'il n'ose pas interrompre, qu'il est tout ouï à chaque parole.
Et ça tombe bien puisqu'elle enchaine sur l’oxydation des vins, mais là ça devient un peu technique pour lui. Et des questions surgissent.
Mais pas le temps d'y penser, d'y réfléchir que les lèvres de la merveille se posent sur les siennes. Il apprendra plus tard.

Pour l'heure la promise se place sur lui, l'enlace, le couvre de baisers. Un peu surpris par cet engouement soudain, le barbu ne tarde pas à réagir. Ses paluches se glissent sous la chemise d'Aely, parcourent sa peau douce, se promènent le long de son dos. Ses lèvres répondent aux siennes.


- A moins que tu ne veuilles que je te parle des moyens à mettre en œuvre pour éviter que le vin tourne en graisse, pour éviter qu'ils deviennent amers, ceux qui ont contracté le goût d'évent, le goût du fût, prévenir la dégénérescence, ceux qui sont trop sombres en couleur, ceux qui sont âpres...encore ?

- Hum ! On verra ça plus tard, tu m'apprendras tout, je s'rai ton élève.....

Tout en l'inondant de baisers, de douceurs, d'étreintes et de caresses, un désir lui prend de partout.

- Mais pour l'instant....Laisse moi t'aimer un peu plus !

Il l'embrasse avec passion, avec fougue, descend dans son cou, le couvre de ses lèvres. Partout. Lui mordille les lobs d'oreilles et puis descend encore et encore. Découvre délicatement sa chemise et......s'empare de son corps.
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Aelyenor
Retour à Millau sans encombre. On ignore la durée du voyage. Quand Héphaïstos cesse son pas au chemin de l'Espinasse, Aely se croit plus vieille de cent ans. Elle est épuisée, il ne subsiste plus grand chose de valable en cet instant d'elle.
Mais il fait un temps radieux, à foutre les carpettes de peau de mouton dehors, de se coltiner à la campagne et de poser son derrière sur les belles fourmilières des jardins de Millau.

Aely pousse l'huis de la porte couinant un peu.


- Kundera, bienvenue chez toi mon petit homme.

Elle coule un œil attendri sur sa progéniture. Le gamin est terrassé par la fatigue et la fringale. C'est la fringale qui l'emporte. Se retournant vers son barbu qui ne devait avoir qu'une hâte : retrouver sa cambuse de garde-pêche elle lui dit.

- Mon ami, pourras-tu dételer Héphaïstos et le mettre au pré, le temps que je refile ma mamelle à ton fils ? Ensuite promis, je te laisse retrouver tes barques, tes amis et tes poissons...

Elle le regarde friponne, et feignant d'attendre sa réponse, se rince les mirettes en le détaillant de bas en haut. Le regard qu'elle lui lance devient stupéfait lorsqu'elle panoramise le corpus de son barbu. Puis dans la seconde suivante, ce même regard, passe de la stupéfaction à la langueur.
Elle s'empare de Kundera, dégrafe son corsage, puis lascivement enveloppe son sein de la paume de sa main, prenant bien soin de procéder par va et vient caressants, en lui virgulant une œillade de garce, plaquant la bouche du bébé vers l'objet de son désir.


- Fais comme tu veux mon amour...Héphaïstos...les malles...et...comme tu voudras...

Il faut quand même du temps. Du temps pour que le môme soit repu, et du temps pour rendre liberté au cheval et vider la charrette.
Elle se dit alors que le petit ange va finir par s'endormir, et alors Aely entraînera l'Acanthe sur un grand lit de mousse.
Le meilleur de l'Amour c'est l'attente de l'Amour. Demandez à Lona, elle contredira pas.

Une fois revenu des affaires courantes, le barbu semble plutôt avoir envie de taquiner autre chose que le goujon.
Gagné ! La brune l'entraîne aux jardins, le petit panier à son bras qu'elle dépose délicatement sur un petit lit de feuillages, et emmène précipitamment l'objet de ses péchés à quelques encablures, si des fois le gosse aurait la sotte idée de se réveiller au beau milieu d'une démonstration avec des sous-entendus qui ne seraient pas de son âge.

Elle le prend par surprise, haletante, excitée au delà du possible, et largue sa revue. la suite ? - Ah mais je vais carrément m'abstenir de vous la raconter. Pardon pour cette autocensure. - Toujours est-il qu'Aely a raison de préférer les silencieux aux exubérants. Les silencieux ils cachent leur jeu, et croyez-en une brune : que du bonheur !
Tous deux se mettent à frénétiser*, si bien qu'au bout de cinq minutes, l'Acanthe il bascule encore habillé dans un taillis et qu'il en ressort nu comme un ver ; au bout d'une heure ils ont saccagé le parterre de muguets et de bleuets.

Pour une aventure c'est une aventure. Aelyenor bouscule tout ce qu'on apprend sur le respect humain. Elle dévore les sensations. Lui ? Il crie de bonheur...si si, pouvez me croire. Il appelle sa maman, sa tata, ses anciennes conquêtes, leur envoie des mots à triple AAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHH, pas par pigeon hein, non, mais à pleine voix.

Ah là là la façon dont il clame, réclame, proclame et s'exclame ! Ah il a bien caché son jeu d'homme paisible le pêcheur. Même les truites doivent l'entendre au fin fond du lac. Et bientôt ça va être les Millavois qui vont se radiner en se demandant qui donc a été renversé par une carriole.

Ouais, croyez-le ou ne le croyez pas, mais le contrôle de son self, ben il l'a envoyé chez mémère le bel Acanthe. La paix de l'âme il s'en souvient plus. Il va désormais se consacrer à l'entente cordiale.

Un peu de repos leur est nécessaire. Surtout pour lui. Puis la brunette veut encore de l'exercice. Plus fatiguée maintenant. Elle est culottée la petite forgeronne. Enfin culottée...c'est plus le mot.
l'Acanthe lui, il est effaré, Aely le transporte, l'illumine, le propulse ; et tout cela en pleine nature ! En pleine touffeur de l'après-midi. Mon Dieu que le cri du corps est beau au fond des bois...

Au final, ils s'aiment bien, ils s'aiment beaucoup, ils s'aiment longtemps, toujours et encore. Ils en veulent, ils en redemandent, ils en redonnent.
Le barbu hulule, hurle, bascule, dédie, supplie...puis les meilleures choses ayant une fin ils se décorpent**

Se relevant sur un coude, elle regarde son homme haletant comme un soufflet de forge, il fume et écume de partout. La brunette le défrime de profil avec une dominante de taquinerie.


- Hum, je ne sais pas si c'est de t'avoir chevauché ou bien ce long voyage effectué, mais t'as des cernes sous les yeux mon ami.

Elle sifflote, l'enfourche à nouveau, lui emprisonne les mains, l'exalte encore un peu...enfin...essaye parce-que l'homme des bois il semble épuisé.
Elle écrase ses seins lourds - grossesse et allaitement obligeant ; oui avant c'était deux petits globes tendres - l'embrasse doucement.
Elle retrouve le grand frisson. Sa peau contre la sienne, sur sa poitrine, sentir son corps lui pénétrer le cœur...des éclairs ressuscitent des choses singulières, et son odeur qui lui donne le tournis.

Une main sur sa nuque, l'autre sur son flanc, elle retrouve naturellement les gestes caressants qui lui manquaient tant.
Elle l'entend claquer des dents et lui offre le feu qui réchauffe ; ces choses qui envahissent et prennent tellement d'importance que l'on en oublie le reste, les mauvais gestes et la haine du dehors. Elle Lui crée un univers ensoleillé.
Ses lèvres sur les siennes montent vers sa bouche. Des lèvres voulant se connaître si fort qu'elles s'entrouvrent indiciblement et leurs âmes communiant si profondément qu'il n'y avait plus de doute : quelqu'un veillait sur eux.

Puis elle se relève, enfile sa jupe, relace sa chemise et s'empresse de rejoindre son enfant qui bat des quatre membres semblant se marrer sous le soleil du Sans-Nom.

l'Acanthe il est vaincu, anéanti.

Alors pour le ramener à la vie et à la dure réalité des choses, elle dépose doucement Kundera au creux de ses bras repliés.

A considérer le tableau, Aelyenor comprend combien ils sont heureux ensemble...


* et ** : Faut pas que ça vous chiffonne ces verbes nouveaux. Les verbes sont les ferments et les sels d'une phrase, le sang et le sens des phrases. Je vous engage à fabriquer des verbes pour que s'épanouisse notre langue.
Le Français n'est pas la propriété exclusive des grognons de littéraires, il appartient à tout le monde.

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Nous partîmes de l’Espinasse à deux, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois à franchir la porte de retour.
Le petit bout est chez lui et nous avec. Heureux.

Le barbu observe le mouflet et sa promise, sa petite famille à lui.
Au 46 de l’Espinasse flotte un bonheur sans pareil, un bonheur qu’ils ont édifié à grand coups d’amour et que rien ne pourra ébranler.
Il acquiesce pour le canasson, méritant bien un peu de repos depuis le temps qu’il les fait voyager.
Une œillade vers la belle qui croise le regard engageant de celle-ci……la poiscaille sera encore là demain ?

Me regarde pas comme ça Aely ! Cette petite flamme qui scintille dans tes yeux……..j’y résiste pas. Tu le sais !
Non……n’ouvre pas ton corsage, ne fais pas ça à ton sein ! Je suis sensible à ces choses-là……..Tu m’incites…. m’attires à toi ! M’inspires le plaisir.
C’est la tentation du bonheur qui s’empare de moi ou le bonheur de la tentation qui s’offre à mon regard privilégié.
Me fait pas cette roucoulade d’yeux…….on va faire des bêtises encore ! Des offenses au très haut. Et cette fois j’ai bien l’impression qu’il s’en remettra pas. Et peut-être que moi non plus si j’en juge par cette dernière œillade que tu m’envoies.
Les mirettes de la merveille qui se posent comme ça…..sur moi…..et m’invite à moult désirs…..ça me trouble, me perturbe comme au premier regard.


- Fais comme tu veux mon amour...Héphaïstos...les malles...et...comme tu voudras...

C’est un coquin sourire qui barre le visage barbu, une coquinerie perçant aussi son regard.
- Je…Heu !....J’m’occupe du canasson et après………….. ! Le regard qu’il lui laisse en partant ne souffre d’aucun doute sur ses intentions.

Comme elle voudra, comme il voudra, ils se donneront, partageront leur envie qui ne fait que grandir depuis quelques jours. Plus il y a de désir, plus il y a de plaisir et aujourd’hui le désir semble être à son comble. Elle lui a fait une promesse et cette promesse sera tenue.

Héphaïstos remis au vert pâturage, les malles rentrées dans la demeure, il ne lui reste plus qu’a retrouvé sa belle. Chose aisée ! Puisqu’elle l’attend.
Un murmure à l’oreille

- Maint’nant on s’occupe de nous !
Et le barbu se laisse entrainer par la belle prometteuse.
Elle est nue devant lui, lui la couvre de ses lèvres et de ses mains. La redécouvre et la découvre à nouveau.
Où donc est-il ce petit ventre arrondi ?
Elle est belle, il lui susurre. Il aime ce petit corps qui s’agite sous les explorations de son homme. Bientôt la chemise et la braie sont abandonnés, bientôt ils ne feront plus qu’un.
C’est beau, c’est intense et doux à la fois. Sensuel et sauvage. La petite forgeronne tient sa promesse et le barbu bascule dans un ravissement que ma grand-mère m’a rigoureusement défendu de détailler ici.

Je sens ton souffle dans mon cou, je sens ta peau sous mes doigts, ta peau contre moi. Je sens ton corps saccadé par des spasmes, qui se cambre. Je sens tes mains sur ma peau, ta chaleur qui m’inonde, ton bas du dos fendu et tes gestes soutenus.
Je te sens, te respire, te retiens !
Ma merveille ne fait pas l’amour…..elle aime ! Elle m’aime !


La brunette se livre totalement, se donne et s’offre à lui, lui qui joue de ses mains, qui recouvre sa belle de caresses enivrantes, qui la regarde se mordiller les lèvres, qui………..
De petits cris en gémissements, qu'elle émet de façon irrégulière, elle vient à bout du barbu et ne semble pas en avoir fini avec lui.
Une trêve est accordée, le barbu gît sur le dos sa promise au creux de ses bras. Elle a la taquinerie triomphante la belle, lui ? Il sourit, pour l’instant parler lui est impossible. Il sourit et se laisse faire quand elle l’escalade de nouveau.
Elle a les mots et les gestes pour le ravigoter, lui les gestes.

La belle repose de tout son corps sur lui, son corps frémissant, encore chaud de tant d’amour partagé. Ils restent un moment immobile sur ce parterre de fleurs qui est maintenant un champ de ruines. Le barbu amignonne sa merveille, il aime ces instants, quand les corps rassasiés se confondent encore dans le silence de désirs consommés.

- Reste près d’moi encore un peu………

Elle se rhabille, il l’admire.
Puis il prend Kundera contre lui, le serre avec douceur.


- Aely….tu peux m’passer la braie ! J’vais pas rester comme ça.

Il sourit portant le mouflet à bout de bras et le faisant pivoter de gauche à droite. Il regarde ce petit eux, heureux d’en être le père.
Le reposant sur son poitrail il tend la main à la promise et l’invite à se reposer contre lui.

- Tu viens ma p’tit sauvageonne ! Viens dans mes bras.
Après on ira voir ta sœur si tu veux, lui présenter Kundera !


Il aurait quand même été dommage que les chemins de ces deux-là ne se croisent pas.
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Donnae_d_aguessac
Donnolae passait non loin, jetait un œil ou deux. Ses amis lui manquaient mais elle espérait que bientôt ils seraient de retour. Elle n'écrivait pas mais elle savait qu'ils allaient très bien, eux ils lui donnaient des nouvelles. Et elle avait un superbe dessin de Kundera accroché au dessus de sa cheminée voilà !

Tout semblait aller très bien ici, alors elle reprit sa petite promenade, chapeau de paille sur la tête, oui le soleil était un peu présent depuis quelques jours.
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Acanthe
Le bonheur arrive aussi à quatre pattes !


L’Acanthe s’offre un peu de temps libre en ce jour.
Deux jours à la mine, deux nuits à la milice. Aujourd’hui, rien de tout ça….il taquinera la poiscaille deux ou trois heures et le reste de la journée sera consacré à sa famille.
A moins que sa belle ne l’embauche pour l’aider au jardin…..il ne pourrait pas refuser, surtout maintenant qu’elle couve leur seconde merveille, il fera tout pour la soulager de ses tâches.

Kundera dans les bras, le barbu se rend au jardin faire une surprise à l’Aely.
Passant dans les allées, ils peuvent admirer les parterres en fleurs, les parfums embaumant l’air, les couleurs se mélangeant au gré de la brise qui souffle.


- Tu vois Kundera ! C’est maman et ta tante, Gudrule, qui ont fait ça….à deux.
Quand elle est rev’nue ici, elle s’est mise en tête de r’faire les jardins d’Millau….toute seule …..j’crois qu’elle osait pas d’mander d’l’aide………..moi j’osais pas aller l’aider, pourtant j’y pensais souvent……mais j’osais pas….
elle m’intimidait ta mère….…….tu comprendras plus tard…j’espère que tu l’vivras aussi….
- Enfin…c’est sa sœur qui est v’nue et elles ont fait ce p’tit paradis


Ils s’arrêtent un instant devant la mare à Maurice (c’est le poisson rouge de la Gud pour ceux qui n’ont pas suivi depuis le début) et l’Acanthe en profite pour rafraichir le visage du mouflet, qui imite le père en trempant ses menottes dans l’eau avant de s’agripper à sa barbe.
Kundera gazouille, s’exprime à sa façon, la curiosité l’emporte et il tente d’attraper un poisson, une libellule qui passe, un papillon butinant……un lézard lézardant au soleil.

Le papa poule tente d’expliquer la beauté de la nature.

- Ca c’est un papillon Kundera, regarde la chenille là ! Elle deviendra papillon après…..et le lézard attrape la bête que l’enfant touche du bout de ses petits doigts doucement, faut pas lui faire mal………

Ils passent un moment à faire l’inventaire du bestiaire Millavois puis reprennent leur excursion en direction du vignoble
- On va aller voir les vignes, maman doit être là-bas !

La belle des vignes est en vue entre deux grappes de raisin, sifflotant sous un chapeau de paille. En apercevant son enfant un sourire irradie son visage.
- Kundera ! T’es venu voir maman !
La marmaille s’agite dans les bras de l'Acanthe, c’est l’effet de la douce voix maternelle, un appel à la douceur irrésistible. L’enfant se balance en avant, tend ses petits bras impatients de retrouver ceux de sa mère.
L’Acanthe le pose enfin au sol et le mouflet se met aussitôt en action. C’est dans un quatre pattes rapide et à peu près maitriser qu’il rejoint Aely à quelques mètres de là.

Le barbu admire la scène, la folle course de leur fils vers la toute belle qu’il retrouve enfin…il est heureux ce barbu !


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Aelyenor
Septembre...

Les vendanges n'allaient pas tarder. Aussi était-il de bon ton que tout soit prêt pour qu'elles puissent se dérouler dans les meilleures conditions.
Il ne manquait que quelques jours avant de commencer. Il était temps que l'on se consacrasse au lavage de la futaille.


Nantie de sa sœur, Aelyenor s'approcha de la cuve qui servirait de fouloir. Gudrule entreprit de la nettoyer avec un balai de bouleau et en frotta les parois avec une brosse en chiendent pour en ôter les dépôts de calcaire incrustés avant de rincer le tout à grande eau.
Pendant ce temps-là, la brune inspecta les tonneaux. Certes il y en avait deux parfaitement en bon état et sains. Deux tonneaux que son barbu avait confectionnés. Pour ceux-là un simple coup d’œil suffisait à se rendre compte qu'ils étaient d'attaque pour recevoir le premier vin Millavois.
Par contre, les deux autres que Gudrule avait ramené de chez la Mère Tutrude (cf le Vert Millau à ses débuts...j'ai le sens du raccourci) méritaient quelques soins.

Aely connaissait ce travail de réfection. Elle était ce que l'on appelait une Septembrer. Une vigneronne assez habile qui suppléait le tonnelier pour les menus travaux, du genre remettre les cercles en place, colmater une fente, faire tremper les fûts pour que les douelles se gonflent et se ressoudent. Ce travail lui incombait.

Ainsi la journée passa. Toute la futaille fut ainsi révisée, aussi bien celle qui acheminerait la récolte de la vigne au fouloir, que celle qui recevrait le vin nouveau.

Ceci fait elles s'en allèrent visiter la vigne, histoire de faire une estimation de la récolte et de fixer une date pour entamer la cueillette.

Elles évaluèrent une récolte d'environ trois tonneaux de deux-cent cinquante muids chacun, ce qui était pas si mal pour une première.


- Regarde ma sœur, s'exclama Gudrule. Certaines feuilles commencent à jaunir.

En effet, certains signes ne trompaient pas. Aely tira sur quelques grappes, et quelques grumes venaient toutes seules en s'écrasant et pissant leur jus.

- Trois jours encore et on débutera la saison.

La nuit tombait. Assises sur le muret en contrebas de la vigne, les deux frangines laissèrent alors errer leurs souvenirs, lorsque leur mère les emmenait enfants courir entre les ceps. C'était une autre époque.
Elles se rappelaient...la veille du grand jour, les amis et parents qui arrivaient et partageaient leur premier repas. On se donnait des nouvelles des anciens, de ceux qui ne pouvaient plus venir, évoquaient des évènements, des anecdotes, échangeaient les premières plaisanteries.

Bref, toute une atmosphère détendue et joyeuse.

A l'heure d'aujourd'hui les parents n'étaient plus. Seuls subsistaient quelques amis. On ne disposerait cette année d'aucune main-d’œuvre, mais les deux filles feraient avec. Cela ne leur faisait pas peur.

Une dernière inspection des paniers, un dernier aiguisage de ciseaux et de serpes. Tout était fin prêt. Et puis c'est la Gud qui s'inquiéta tout-à-coup.


- Laelly. Tu cisailleras les grappes que tu mettras dans le panier. Ne porte rien surtout je m'en chargerais. On mènera Héphaïstos qu'on attellera à une charrette avec les tonneaux.
Jusqu'à la grange ça ira. Après on trouvera bien un moyen de tout déverser dans le fouloir.


Aely sourit. Sa soeur était aussi paillarde que tendre. Un havre de gentillesse et d'attention.

- Ne t'en fais pas petite sœur. Tout se passera bien. Et puis pour verser la récolte dans le fouloir je demanderais à mon Acanthe de t'aider.
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Auparavant...

L’Aely voulait une cave pour entreposer le vin qu’elle produirait, pour le laisser vieillir. Quand elle lui en avait parlé la première fois, l’Acanthe fut pris d’une grande détresse, il se voyait déjà creusant le sol des jours et semaines durant.
Mais la belle l’avait vite rassuré, lui expliquant en détail ce qu’elle désirait…..juste à côté des derniers plans….Pas trop loin pour éviter un transport fragile….à la fois sèche et fraîche car l'air ne doit y pénétrer que par de faibles issues….le soleil, ce fameux bon soleil est funeste pour une cave, il va de soi qu'il faut condamner à l'exil ses rayons….il faudra bien s'occuper de la toiture et faire en sorte qu'il n'y ait pas d'infiltration d'humidité....

Il était temps de s’y mettre !
Le bois il l’avait déjà sélectionné sur pied, pour le prix on ne fait pas mieux. Ca demande, c’est vrai, plus de travail car il faut le couper, le transporter, le travailler ensuite puis l’équarrir pour obtenir des poutres. Mais l’économie en vaut le coup.
Pour l’essence de bois, il n’avait pas hésité, ce sera du châtaignier ! Un bois à charpente, un bois naturellement protégé contre les insectes et les champignons et facile à travailler.
On ne fait pas mieux….dans notre région.

La dernière étape, l’équarrissage, une fois fini il fallait entamer la construction. Et pour ça il avait besoin de bras.
C’est donc naturellement qu’il alla voir sa belle-sœur.

- Gudrule ! J’vais avoir b’soin d’toi
Elle le regarde de bas en haut, lui balance un regard dont elle a le secret et joue de ses atouts.
- Tousse que tu veux beau-frère ! Suis toutàtoi !
Ca le fait sourire le barbu, elle est comme ça. Juste comme ça, c’est pour ça qu’il l’aime la tata poule de Kundera.
- Hum ! C’est pour la cave….pour l’vin des vignes….pour Aely….j’ai b’soin d’aide pour faire la cave
L’immensité lui donne une grande tape sur l’épaule, le barbu vacille.
- Si c’est pour ma Laely, on le fera ensemble beau-frère….. la cave ensemble hein ! Pas hôte chose coquineur….
- Merci belle-sœur !

Nénesse avait aussi été réquisitionné mais comme brouetteur dans un premier temps. La Gudrule et l’Acanthe piochant et creusant comme des forcenés pour créer un décaissement.
Un lit de pierre et un sous bassement de pierre pour repousser au maximum l’humidité y avait été installé.
Ensuite c’est la structure de bois, des poteaux poutres pour soutenir la charpente en tenon-mortaise. Un bardage pour fermer le tout et un toit de chaume.

Les trois compères admirent le travail….c’était pas si mal !

Septembre…

Comme souvent en rentrant de son atelier, l’Acanthe passait par les jardins. Et ce jour-là, les vendanges approchant à grands pas, il savait qu’il y trouverait certainement sa moitié.
Le barbu était inquiet, la récolte tombait mal. L’Aely donnerait bientôt naissance à leur deuxième petite merveille mais le raisin ne pouvait attendre.
Elle avait travaillé dure pour que Millau puisse avoir sa première récolte, son premier vin. Et connaissant la brunette, il savait qu’elle donnerait son énergie pour ça, malgré les douleurs que le petit habitant lui causait.
L’Acanthe aperçut enfin sa belle des vignes en discussion avec la sœur. S’approchant d’elles, il bisa Gudrule, embrassa sa femme et prit place à ses côtés.
Lui passant un bras autour du cou pour la serrer contre lui.


- Bonsoir vous deux !
- Aely ! Tu devrais pas travailler autant, ça m’inquiète tu sais. J’ai pris d’l’avance à l’atelier pour t’aider. J’vous aiderai pour les vendanges…..
et puis tu dois m’apprendre, alors tu m’diras quoi faire et je f’rai…….et pendant c’temps-là tu m’expliqueras

Pour Kundera, il y avait le voyage épuisant pour une dame enceinte, l’accouchement en charrette.
Mais le barbu sentait sa femme beaucoup plus fatigué cette fois-ci et tout ce travail à faire ne le rassurer pas. Il tenta donc d'instaurer un brin d'autorité.

- J’veux pas qu’tu t’fatigues mon amour ! T’en fais déjà de trop…c’est pas raisonnable, ni pour toi ni pour notre enfant !
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Aelyenor
L'aiguisage du menu matériel de coupe se terminait lorsque l'Acanthe apparut, ruisselant de sueur, les traits quelque peu creusés par un travail qui ne pouvait souffrir d'aucune légèreté dans la finition ni d'aucun laxisme dans le temps...à moins que...ce ne fut l'anxiété de trouver sa petite femme harassée ces temps-ci.

Aely lui offrit un large sourire pour le rassurer.


- Et bien nous serons trois pour débuter les vendanges. La bonne nouvelle que voilà.

Un baiser tendre à son doux, le remerciant ainsi de son attention et de lui glisser au creux de l'oreille.

- Çà va aller ne t'inquiètes pas autant. Je suis enceinte et je vais accoucher, ce n'est pas une maladie hmmm ?

Puis vint l'heure de se désolidariser du lieu. Une lumière rose baignait le couchant. Aely prit la main de son barbu et tout en souriant crie.

- Acanthe ! J'ai faim !

Un véritable cri qui jaillit de ses éponges.

- Tu ne nous ferais pas des œufs au plat dis ? La Gud et moi on va aller se laver en contrebas dans la rivière en attendant. Un peu de rafraîchissement nous fera du bien. Le temps du bain tu nous fais cuire plein d’œufs juste comme il faut que quand je trempe mon pain dans le jaune ça coule !

Un regard vers l'Affectueux puis.

- Viens ma sœur allons-nous laver.

Pendant que le cuisinier nommé d'office s'en retourne allumer le feu, Kundera sur ses épaules, les deux jeunes femmes escamotent le petit chemin qui serpente vers le Tarn, puis entreprennent d'éliminer par un bain mérité quelques heures d'intense labeur.

Et c'est au moment où Aely s'apprêta à sortir de l'eau pour se sécher que tout se déclenche.


- Aïe !

Une violente douleur la coupe en deux.

- Gud, il arrive.

- Qui ?

- Le bébé grosse pomme ! Qui d'autre ?

- J'vas chercher ton homme.

- Pas le temps Gud, il est là. Aide-moi à m'allonger.

On pourrait se dire qu'accoucher en de pareilles circonstances était péril en la demeure et que le pauvre mouflet avait eu une fâcheuse idée de venir au monde à ce moment-là. Détrompez-vous. Les fées se penchèrent sur la couche improvisée de galets et de sable.
La Gud n'indécise pas. Elle appuie doucement sur le ventre de son aînée. Agissait-elle bien ? L'avenir le dirait. Même si Gudrule a la conscience qui objecte, la Ventrière catapultée d'office se dit que la sus-dite conscience n'aura pas voix au chapitre.

Elle pare au plus pressé.
Comme disait quelqu'un dont je ne me rappelle plus le nom : " Quand un évènement pénible vous contriste mettez-le de côté et oubliez-le."

- Alors ?

- Il arrive, laisse aller.

- J'ai mal...

La Gud essuie deux larmes de ses doigts boudinés.

- J'sais soeurette. Mais vas-y maintenant. Pense à ton homme, pense à ton fils, pense à celui qu'arrive...Que la lignée se père pet tue.

- Tu avais peut-être raison, on aurait dû demander de l'aide.

- Trop tard. Il glisse tout seul. Tu t'imagines qu'on vient au monde sur rendez-vous ? T'iras voir un médicastre plus tard, et que si l'charlatan m'file des reproches j'lui collerais mon escarpin dans la ganache.

A cette dernière phrase Aelyenor ne peut s'empêcher de rire. Oh la belle chose que le rire ! La libération instantanée.

- Il arrive ! GUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUDDDDD !!!!!!!!

- J'vois...Hop là ! J'viens d'te délardonner ma Laelly !

- Alors...Garçon ?...Fille ?...

Elle sourit la Ravie tout en enveloppant l'enfant dans un linge.

- T'aimerais savoir hein ?

- Oh Gud...Je t'en prie.

- Bon écoute, si je chante la Diane Ensorceleuse c'est une fille, si je joue le Cerf Encorné c'est un garçon.

Aely lui jette un regard perçant ; ou persan ; ( Elle adore jouer au Shah percé.)

La Taquine, bonne pomme gonfle ses joues et entonne Tontaine et Tata. Y'à pas à se tromper, Tontaine et Tonton c'est pour le mâle...


- C'est...c'est une petite fille...

- Oui ma soeur chérie, tu peux dévisser devise Gudrule. La lignée a de beaux jours encore. On est peut-être pas de sang bleu mais chez nous c'est pas du flan.

Lentement la brune se dresse péniblement sur les coudes. Sa frangine la recouvre de sa jupe puis dépose la petite perle tout contre sa poitrine.

- Tu vas l'appeler comment ?

- J'ai bien ma petite idée, mais faut d'abord que je demande l'avis à mon pêcheur.

Un repos qui s'éternise, une première tétée et la nuit est déjà tombée.

- Faut rentrer. Acanthe doit s'inquiéter. Il doit heurter à toutes les portes de la ville en ce moment.

- Bon sang les oeufs !!! Hurle la Bravache.

Sa sœur l'aidant en la portant, elles remontèrent jusqu'à la vigne. Héphaïstos attendait docilement, nullement inquiet à la vue du nouvel être qu'il devrait se coltiner à l'avenir.


- Allez mon brave cheval. A la maison...
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor


Le temps de la vendange était arrivé.
Avec l'aide d'Héphaïstos qu'elle attela, la brunette sortit le pressoir a levier à vis, gros engin destiné au pressage des grappes de raisins, et l'installa à mi chemin entre la grange qui servirait de cave et d'entrepôt et les premiers ares de la vigne. La Gud quand à elle harnacha une hotte sur son dos de lutteuse, prête à entamer une nouvelle saison.

Le temps des vendanges était venu, et Aely ne laisserait point les grappes pourrir sur les pieds de la vigne nouvelle.

Les vendanges. Période bénie pour Aelyenor. Chez elle, elles duraient trois semaines, trois semaines à se lever tôt, à s'inquiéter du temps qu'il ferait, à cueillir, se courber indéfiniment jusqu'à la nuit tombée, mais trois semaines de grand plaisir à fouler aux pieds les grains charnus qui craquaient sous la plante des pieds.
Puis venait la période de vinification et dans ce domaine, la brune possédait cet art sur le bout des ongles, tout comme la conservation et l'amélioration des vins, le placement des tonneaux, quand les visiter, l'ouillage (remplissage des fûts), l'atmosphère d'une cave, le collage, les moyens de prévenir l'altération des vins...
Elle s'assit un instant et regardait heureuse le travail accompli pendant un an depuis que sa sœur et elle s'étaient lancées dans le pari insensé de créer un vignoble à Millau.
Elle se releva bien vite et inspecta les cépages.


- On commence par les Gamaylona Gudrule ! Comme cela on aura tout le temps de ramasser les Mauzacanthe pendant que le rouge fermentera.

Et la récolte s'opéra. Avec leur petit nombre, il leur faudrait certainement plus de trois journées de travail ce qui rallongerait d'autant le nombre de jours que toutes deux passeraient dans l'immense champ, contrairement a ce qu'elle avait prévu. Mais elle comptait fermement sur l'aide de son mari et du nouveau compagnon de sa frangine : le sieur Lapointe. Pas très costaud mais du cœur au ventre. C'est tout ce qui comptait.

- Il me semble que nous ferions bien de commencer par les rangs les plus éloignés de nous, de déposer le contenu des hottes dans la charrette a laquelle j'ai attelé Héphaïstos et d'approcher l'attelage du pressoir au fur et a mesure de notre avancée dans le champ. A moins que tu n'aies une autre idée...

Elle était étrangement sereine Gudrule. Une sorte de béatitude envahissait cette Plénitude de grâce et de graisse.

- Hmmm ? Moui...comme tu voudras.

A la fin de la matinée, les hottes furent déposées près du fouloir, seconde opération : érafler le raisin, c'est-à-dire le séparer de la rafle. La rafle étant ce qu'on appelle la tige, la grappe nue quoi. Puis on fait tomber les grains de raisin dans le fouloir que l'une d'entre elles foulerait aux pieds.
Ensuite donc, malaxer ce beau raisin pour éclater les baies, et au fur et à mesure récolter par l'ouverture le jus et la matière solide (peau, pulpe et pépins) qu'elles devraient passer au pressoir.

Le jus (moût)ainsi récolté, une partie pourra être bue immédiatement afin de faire goûter aux Millavois leur production immédiate, une autre sera récupérée qu'elles placeraient dans un tonneau pour y être fermenté par les levures naturelles.

Aely eut un grand moment de mélancolie, de bien belles histoires lui revenaient en tête.


- Tu sais ma sœur chérie, cela me rappelle tant de belles choses...je me souviens près de chez nous, de jeunes hommes foulaient nus le raisin. Si si crois-moi, souvent en période de vendanges, certaines familles se réconciliaient, autour de vins nouveaux, des vins de l'année.Ça puait le raisin pendant huit jours ; ils en mangeaient tant, que les femmes se troussaient et les hommes posaient culotte au pied de chaque haie...

Aely rougit quelque peu puis reprit :

...Les amoureux tout barbouillés de raisin s'embrassaient à bouche que veux-tu et cela se terminait par des jeunes gens soûls qui se mettaient tout nus et foulaient le raisin dans l'ambiance joyeuse que tu pouvais imaginer.

Puis elle pensa soudainement.

- Nous serions plusieurs ce serait plus encourageant et tellement plus agréable...et puis, un bon fouleur, un mâle, tu vois ce que je veux dire ! Pieds nus bien évidemment, pas tout nu rhôôôôô ben non alors...
Allez...attelons-nous à cette première étape, éraflons le raisin.




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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Je vais aux jardins commencer les vendanges, tu nous rejoins après !

Un baiser furtif mais remplit de plein de bonnes choses et le couple se sépare devant le 46 rue de l’Espinasse.
Chacun part de son côté. L’Aely s’en va vers les vignes avec la petite Anna, bien à l’abri dans son panier, sous le bras et l’Acanthe se dirige vers le lac Kundera sur les épaules.

Le temps est frisquet ce matin et le barbu éprouve quelques peines pour empêcher le fiston d’aller barboter.

- Non Kundera ! Tu peux pas, le vent est trop froid c’matin
Après quelques tentatives pour éviter les bras du père et échapper à sa vigilance dans un quatre pattes qu’il maitrise maintenant très bien, la marmaille se résigne à collaborer et s’attaque à présent aux appâts qu’il chahute doucement du doigt.
- Kundera……Il sourit le barbu devant les mirettes qui se lèvent vers lui….ils t’ont rien fait ces vers, laisse-les un peu ! Tiens…joue avec Bavouille (un escargot doudou)

Un calme précaire est revenu et le poisson tarde à mordre.
Le mouflet s’est endormi contre les jambes paternelles et l’Acanthe agît précautionneusement pour ne pas le réveiller, posant un regard attendri sur ce petit bout d’homme recroquevillé tout contre lui.
Le temps s’éternise mais la patience finit par payer, quatre belles truites se laissent prendre à l’hameçon.
Il jette un coup d’œil vers le ciel pour juger l’avancée de la journée, la matinée est déjà bien entamée et se termine presque, il est temps d’y aller.
Sur le chemin il lui faut trouver une nourrice pour la journée, ce qui ne pose pas de problème puis il prend la direction des jardins.
C'est le temps des vendanges tant attendues, un long travail qui donnera enfin ses fruits. Elles avaient donné de leur temps et beaucoup d'énergie pour ce résultat les sœurs, quand les choses sont faites avec amour et passion ça rend les choses encore plus belle.

Dans les allées il cueille quelques herbes aromatiques avant de rejoindre sa belle des vignes et la belle-sœur qu’il retrouve près du fouloir.

- ‘jour Gudrule !
Un délicat baiser déposé sur les lèvres de sa femme.
- J’suis un peu en r’tard, le poisson voulait pas mordre c’matin mais y’en aura assez
J’allume le feu et j’vous aide après Aely ! Je m’occuperai du repas, vous ferez une pause comme ça


Un coup d’œil à Anna qui dort paisiblement à l’ombre d’un saule, une caresse, et l’Acanthe prépare un feu pour un repas champêtre à quelques encablures pour ne pas être dérangé avec la fumée.
Revenant près du fouloir il se met aussitôt au travail, Aely lui a déjà expliqué les étapes à faire pour passer du raisin au vin.
Il ne reste plus qu’à mettre en pratique, mais de la théorie à la pratique il y a parfois quelques connaissances qui se perdent et l’apprenti vigneron a encore tout à apprendre de sa professeure particulière.

- Faut mettre le raisin dans l’fouloir ?......Attendez ça va m’revenir………..on érafle le raisin….c’est ça ?
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Lapointe
De terre en vigne, la voilà la jolie vigne !
Vigni-vignons, vignons le vin
La voilà, la jolie vigne au vin ! La voilà, la jolie vigne!

De vigne en fleur, la voilà, la jolie fleur !
Fleuri-Fleurons le vin
La voilà, la jolie fleur au vin ! La voilà, la jolie fleur !

Un réveil en musique, depuis la veille au soir ce petit air se baladait allègrement dans la tête de Lapointe et sur les alentours lorsqu’il l’entonnait.
Avant de rentrer et après un repas copieux pour reprendre les forces qu’ils avaient laissées quelque part, Gudrule proposa à son édenté d’apporter son aide pour les vendanges en précisant bien que si il voulait la voir elle c’est au jardin qu’il devrait être.
Lapointe acquiesça, se demandant si « les vendanges » en question étaient une sorte de code secret pour un rendez-vous galant ou si la Grandiose le ferait réellement travailler.

De fleur en grappe, la voilà la jolie grappe!
Grappi-grappons, grappons le vin
La voilà, la jolie grappe au vin ! La voilà, la jolie grappe !

De grappe en cueille, la voilà la jolie cueille !
Cuilli-cueillons, cueillons le vin
La voilà, la jolie cueille au vin! La voilà, la jolie cueille !

De cueille en hotte, la voilà la jolie hotte !
Hotti-hottons, hottons le vin
La voilà, la jolie hotte au vin ! La voilà, la jolie hotte !


Parce que le travail ne faisait pas vraiment partie de ses habitudes, il se disait : contemplateur de la vie
Il verrait bien une fois sur place et même s’il devait suer de son front, comment refuser cela à Gudrule. Sa fleur sauvage qui pousse en liberté sur les chemins de sa vie.
Tout chicos à l’air, l’édenté prend la direction des jardins.


De hotte en cuve, la voilà la jolie cuve !
Cuvi-cuvons, cuvons le vin
La voilà, la jolie cuve au vin ! La voilà, la jolie cuve !

De cuve en presse, la voilà la jolie presse !
Pressi-pressons, pressons le vin
La voilà, la jolie presse au vin ! La voilà, la jolie presse !

De presse en tonne, la voilà la jolie tonne !
Tonni-tonnons, tonnons le vin
La voilà, la jolie tonne au vin ! La voilà, la jolie tonne !


Sur place il aperçoit déjà du monde en plein labeur et la Grandiose en toute beauté. Un léger soupir s’échappe d’entre les notes, pas de rendez-vous galant à l’horizon. Plus tard, demain, qu’importe le jour il est heureux l’hirsute et son visage l’exprime au mieux.

De tonne en cruche, la voilà la jolie cruche !
Cruchi-cruchons, cruchons le vin
La voilà, la jolie cruche au vin ! La voilà, la jolie cruche !

De cruche en verre, le voilà le joli verre !
Verri-verrons, verrons le vin
Le voilà, le joli verre au vin ! Le voilà, le joli verre !

De verre en bouche, la voilà la jolie bouche !
Bouchi-bouchons, bouchons le vin
La voilà, la jolie bouche au vin ! La voilà, la jolie bouche !


Le petit air précède ses pas et les regards se tournent vers lui. Saluant la petite assemblée, il s’annonce de manière toujours un peu théâtrale.
Bien le bonjour ! Lapointe, pour vous servir.
Gudrule m’a proposé de faire les vendanges en vos compagnies et c’est avec joie que j’accepte.
Enfin je découvrais les mystères qui entourent cette boisson qui, je l’avoue, m’apporta tant de réconfort.


Il est sage et sait se maintenir en public l’édenté, ainsi malgré l’envie de tripoter les rondeurs de la Grandiose, il se saisit de sa main et la baise comme il a vu faire dans les hautes sphères de la société. Finalement se dit-il, cette main est aussi exquise que le reste.
Ma chère Gudrule ! La beauté ne vous quitte donc jamais ?
Dites-moi ce que je peux faire pour vous aider, après tout je suis ici pour ça.


Les manches remontées, Lapointe se met à l’œuvre et fredonne encore ce petit air.

De bouche en ventre, le voilà le joli ventre !
Ventri-ventrons, ventrons le vin
Le voilà, le joli' ventre au vin ! Le voilà, le joli ventre !

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Aelyenor
Les premières hottes, sous l'impulsion, la force de Gudrule et l'aide considérable de posséder un cheval arrivèrent près du fouloir. Il fallait maintenant érafler les grappes.

C'est ce moment béni que choisit l'amoureux d'Aely pour pointer ses abattis. Il lâcha Kundera qui en profita pour se goinfrer de grains juteux, embrassa sa vigneronne et jeta un œil attendri sur la petite Anna qui en écrasait sous le soleil automnal du Rouergue.


- Tu tombes à pic mon ami. Il faut érafler les grappes et ce n'est pas très compliqué regarde.
Tu prends le haut de la grappe d'une main, voilà, comme ceci, très bien, ensuite de l'autre tu enserres les grains en plaçant bien tes doigts sur le haut de la rafle, tu te places au-dessus du fouloir et d'un coup rapide tu abaisses ta main. Les grains tombent tout seuls.


Puis ce fut le tour de Lapointe de rappliquer. Cette vendange devenait une affaire de famille, et le gars Lapointe, depuis qu'il était tombé sous le charme de l'Apocalyptique ne la lâchait plus d'un pas.

Les effusions de bons sentiments achevés, Aely demanda à l’Édenté de pénétrer dans le fouloir. Vu sa corpulence et son talent de chanteur, il serait très utile à danser tout en écrasant les grains sur un air de ritournelle.
Elle inspecta le travail de tout un chacun, tout le monde s'appliquait à leur tâche dans une bonne ambiance. Aely était heureuse.
Tout en retournant dans les rangées avec sa frangine elle se rappela ce que sa mère lui avait inculqué lorsque petite fille, la brune déployait des efforts surhumains pour vider les paniers remplis à craquer de belles grappes juteuses...


" Ma fille, je me rends compte de la peine que tu prends à vouloir aider avec toute la volonté et la force d'esprit que tu possèdes, et j'entends que tu ne négliges pas un des aspects le plus importants de la vie : l'Humain. En effet, qu'est ce qu'un vin ; ce n'est que le résultat du travail du terroir. Et qu'est ce que le terroir ? Ce n'est rien d'autre que la rencontre entre un terrain, un climat et des hommes qui s'assemblent autour de deux produits : le raisin et le vin.
La place de l'humain est donc primordiale pour mener à bien la longe tâche de la vinification..."


Longtemps Aely tourna, retourna les paroles de sa maman dans sa tête. Sa vie s'en fut changée à tout jamais. La considération de l'Autre. Sans l'Humain, point de vin, point de savoir-faire. Que serait le vin sans l'Homme ? Une éternelle piquette qui continuerait à faire souffrir mille maux d'estomac !

L'importation de la vigne se décline par tous les temps humains possibles. La séquence élémentaire est constituée par l’instant du labeur quotidien, qui à chaque effort confronte le vigneron à la végétation récalcitrante, aux intempéries désespérantes, à la matière qui résiste, à sa sublimation en vin. C'est ce travail, cette volonté et la sueur due à la somme de travail de l'Homme qui façonnait ce qu'elle appelait le Talent.

La vigne et ce que l'on pouvait en tirer, à partir de ce moment-là gouvernèrent sa vie. L'intuition de l'homme juge l’optimum de maturité, et lance la récolte. Sa respiration est suspendue au passage d’un nuage de grêle qui se moque des efforts de l’année. Le vigneron se survit dans le vin qu’il met au monde, au pied du fouloir, du pressoir, et dans les ceps qu’il plante pour la génération suivante. Celui qui fait sauter le bouchon aussi communie à la temporalité immanente du vin. Il s’imbibe de la matière que le vigneron a projeté dans l’avenir. Il absorbe une parcelle de ce rêve d’éternité, de cette fascination pour la matière qui défit sa putréfaction. La cave est son royaume. Comme le carreau de vigne, c’est d’abord une propriété, un capital passionnel, une accumulation de temps dans un espace restreint....

Elle poussa un très long soupir, puis reprit la cueillette. Elle espérait bien remplir six tonneaux de un muid.
(Un muid égal 268 litres).
.

Plus loin la voix de Lapointe résonnait sous le regard languissant de la Gud et le sourire ravi de son Acanthe.
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
......Tu prends le haut de la grappe d'une main, voilà, comme ceci, très bien, ensuite de l'autre tu enserres les grains en plaçant bien tes doigts sur le haut de la rafle, tu te places au-dessus du fouloir et d'un coup rapide tu abaisses ta main. Les grains tombent tout seuls.

L’Acanthe écoutait avec attention les consignes de sa belle des vignes, il écoutait et observait le geste que ses petites mains faisaient.
Il le trouvait d’une sensualité incroyable son geste…..tellement délicat et gracieux. Le moindre de ses mouvements, la moindre de ses mimiques était empli d’une élégance rare pour lui. Il fallait l’avouer.
Le barbu admirait la démonstration, une paluche de douceur déposée sur le dos de sa femme. La technique semblait simple, le tout était de ne pas écraser les grains de raisin au passage. Après quelques essaies, la vigneronne confirma son apprenti dans la première étape…..érafler le raisin.
Aussitôt il se mit au travail heureux d’apprendre et d’accompagner Aely dans son projet.

L’édenté s’en donnait à cœur joie dans le fouloir, chantant une mélopée à la gloire de Gudrule ou entonnant des ritournelles à n’en plus finir. Parfois l’Acanthe accompagnait le refrain….souvent il se demandait si l’ami de sa belle-sœur s’arrêterait un jour.
Au moins ça évitait au barbu de devoir faire la conversation c’est vrai et ça l’arrangeait bien, mais les chants entrainants avaient aussi une tendance à motiver Kundera à ne pas se tenir tranquille.
D’ailleurs…..il faisait quoi le mouflet à cet instant entre les jambes paternelles et le fouloir ? Parce que la mère avait bien dit au père de ne pas le laisser manger trop de raisin.
C’est en baissant la tête qu’il le trouva, bien sagement appuyé sur le bois, la bouche témoignant d’une fructueuse ventrée de raisins, les mimines couleur du fruit en question et grignotant le dernier grain qu’il avait pu attraper.

- Si ta mère voit ça je vais m’faire sermonner Kundera
Attrapant le fils, l’Acanthe mouilla un tissu qu’il passa sur sa bouche afin d’y enlever toutes traces de son forfait pendant que le fils barbouilla la barbe du père souriant.
- Tu vas aller dormir un peu maintenant qu’t’as bien mangé, à côté d’Anna tu s’ras bien

Le mouflet s’endort rapidement le ventre bien repu et l’Acanthe retourne à son travail jetant un œil vers sa belle et sa belle-sœur cueillant le raisin.
Eraflant les grappes il se demande si ce n’est pas lui qui a le travail le moins physique des quatre.


- Dites Lapointe ! Vous pensez reprendre la route ou vous installer ici ?
Le barbu est protecteur avec sa famille et Gudrule en fait parti, il ne faudrait pas qu’un malotru de messire lui mette des papillons dans le ventre et l’abandonne ensuite.
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Lapointe
Lorsque dame Aelyenor, conteuse et joliette de Millau, lui demanda de grimper dans le fouloir, l’édenté se demanda à quoi pouvait bien servir cette chose et surtout ce qu’ils allaient faire de lui dans ce qu’il voyait comme une marmite géante. Bon ! Le fait que cette « marmite » soit en bois le rassura quand même, au moins ils n’y mettraient pas le feu dessous.
Un regard intrigué vers la Grandiose qui lui explique le principe à l’aide de grands mouvements qui rendent son corsage incontrôlable et dont les protubérances manquent à plusieurs reprises d’envoyer Lapointe faire un petit tour du côté des étoiles, ou dans les pommes selon que l’on vienne de Normandie ou pas.
Rassuré l’édenté accepta avec joie et le fit savoir.

Avec plaisir dame Aelyenor, même avec grand plaisir. Ca me semble être une activité compatible avec mes capacités.
Mais si vous le permettez, je vais vous demander de vous retourner un instant. Comprenez, je suis du genre pudique et ne fais voir mon anatomie qu’à mes femmes et aux médicastres occasionnellement.

Pour vous Gudrule c’est différent, je ne peux vous refuser d’en profiter un peu.

Les rares dents à l’air dans un sourire à se décrocher les mâchoires, l’hirsute ôte sa braie, profite un peu du dos tourné des autres avec Gudrule et entre dans le fouloir.
A peine à l’intérieur que déjà ce petit air qui le suivait depuis ce matin revenait.


De bouche en ventre, le voilà le joli ventre !
Ventri-ventrons, ventrons le vin
Le voilà, le joli ventre au vin ! Le voilà, le joli ventre !

De ventre en pisse, la voilà la jolie pisse !
Pissi-pissons pissons le vin
La voilà, la jolie pisse au vin ! La voilà, la jolie pisse !

De pisse en terre, la voilà la jolie terre!
Terri-terrons, terrons le vin
La voilà, la jolie terre au vin ! La voilà, la jolie terre !

De terre en vigne, la voilà la jolie vigne !
Vigni-vignons, vignons le vin
La voilà, la jolie vigne au vin ! La voilà, la jolie vigne !

Tout en dansant il ne quitte pas son phénomène des yeux, il est heureux. Heureux de se sentir accepté dans cette famille qui deviendra peut-être la sienne aussi.
Et il rit de voir l’enfant colorer son père de ses petites mains. Non vraiment, il est heureux l’édenté, d’ailleurs sa mâchoire ne s’est toujours pas refermée.
Sonnant la cadence du travail il chante et chante encore et encore. A le voir ainsi on se dit qu’il est fait pour être fouleur.


Quand un danseur est las d'écraser la grappe,
c'est pour marquer le pas que Grégoire frappe.
Nos cuves s'empliront et jusqu'à la bonde,
le vin des vignerons plait à tout le monde.


Il taille aussi le bout de gras avec le pas-tibulaire, enfin ils échangent quelques mots ou quelques sourires, et l’édenté s’empresse de répondre à une question qui, il le sent, à son importance.
A voir l’air sérieux et scrutateur du messire Acanthe, Lapointe stoppe un moment son activité.

Vous savez messire Acanthe, du pavé j’en ai parcouru dans le royaume. J’y ai rencontré du monde et je ne vais pas vous le cachez, quelques dames aussi, mais toujours j’ai repris mon baluchon et mes instruments sans me poser de questions.
Quand vous êtes né sur le pavé, même s’il est dur et froid, il n’y a que lui qui vous rassure vous savez, c’est une sorte de mariage pour le meilleur mais souvent pour le pire.

Et aujourd’hui voyez-vous, si Gudrule veut de moi encore, si elle souhaite que nous fassions un bout de vie ensemble, croyez-moi que je divorcerai du pavé.
Une dame comme Gudrule, c’est une chance qui n’arrive qu’une fois et je ne souhaite pas la laisser passer cette chance.
Mais si elle ne veut pas de moi, oui je reprendrai la route.


Sur ces derniers mots l’édenté perd l’équilibre et se retrouve au fond du fouloir.
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