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[RP] Le Vert Millau

Acanthe
Lapointe, certainement emporté par sa fougue parolière, avait fini son monologue au fond du fouloir où l’Acanthe plongea le bras pour le relever.
Un peu surpris par ce poids plume il se dit que sa belle-sœur devait y aller avec précaution pour le manipuler cet édenté qui maintenant dégouliner du jus de raisin.
Les deux hommes éclatèrent de rire et deux têtes sortirent du dessus des vignes pour observer la scène.


- Vous allez bien ? Pas d’mal ?

Il était plutôt sympathique l’édenté de Gudrule, sincère ça le barbu ne savait pas.
Il avait tendance à se méfier de tout le monde et il lui fallait du temps pour faire confiance, beaucoup de temps parfois. A juste titre aussi parfois.
Et même si sa belle-sœur pouvait se défendre, il se souvenait du sort réservé à son Italien, il surveillerait d’un œil et de loin.


Le temps passait, Kundera tenta une échappée vite avortée par Aely qui venait vérifier le bon déroulement des opérations….et pincer les fesses de son barbu comme elle aimait tant faire.
Un sourire, un baiser échangé.

- Le raisin est foulé Aely ! C’est quoi la prochaine étape ? On le met en tonneaux ? J’ferai ça avec Gudrule
Après tu m’montreras comment on récolte

La belle des vignes était heureuse, tout se passait bien. Il était l’heure de reprendre des forces et le poisson grillait sur la braise.
Un peu à l’écart l’Acanthe en profita pour enlacer sa femme qui donnait le sein à Anna, la tata poule s’occupait de Kundera et Lapointe comparait le nombre de dents qui lui restait avec le petit.

- Tu crois qu’ce sera une bonne récolte ? Tu sais….je suis épater par tout l’travail qu’vous avez fait…….c’est du beau travail vous pouvez être fières de vous mon amour…….
- On pourrait en planter un peu plus pour l’année prochaine…..non ? J’vous aiderai


Et voilà l’Acanthe piqué par la passion de la vigne, il faut dire qu’à force d’entendre la vigneronne en parler et lui raconter l’histoire du vin il avait succombé à cet art.
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Gudrule
- Comment trouves-tu mes fesses ? Demande Gudrule à son amouraché de Lapointe.
En amour, la vue est presque superflue, puisque dès que l'extase approche on ferme les yeux ; et puis il n'y a que la foi qui sauve.
Lapointe il est couché dans l'herbe humide, les mains croisés derrière la nuque, matant, espionnant, mirant, se délectant des formes voluptueuses de sa Diane lubrique, de sa Voluptueuse amante.
La Gude quand à elle, prend une posture languissante, propice à la pâmoison, puis elle se retourne et se contorsionne devant son maigrichon.


- J'ai pas tellement un si gros derrière que ça affirme-t-elle en tirant sur le haut de ses hanches pour remonter quarante livres de viande sans lesquelles elle pourrait s'asseoir néanmoins.

- Non, c'est pas qu'il soit gros, il est majestueux ! Nuance ! Il est pas sublime mon fessier, primordial qu'il est, ce sera ton plus émouvant centre d'accueil de cette région mon chaton. Mes fesses c'est un monument classé, un édifesse public Lapointe ! Voir mes fesses et mourir ! Comparée à elles, Venise n'est rien...n'en déplaise à ma sœur. Mon derrière, regarde-le, il te fait de l’œil ; tu te sens pas en sympathie avec lui ? Copain comme cochons quoi. Mes fesses c'est un monde avec hémisphère Est et Ouest. Je les aime ! Alors aime-les.

L'autre n'y tient plus. Lui dit que c'est son coup de foudre, sa sirène, qu'elle l'a séduit, happé. Qu'il n'existe pas un pouce carré de sa peau qui ne soit fait pour l'amour, et que d'ailleurs, comme deux précautions valent mieux qu'une, il va procéder illico à une nouvelle inspection pour en avoir confirmation.

Sitôt dit, sitôt fesse...

Il tend ses bras, et la Gracile lui tombe sur les os. Ça fait Schloumpf, et c'est la Gud qui le fait rouler sur l'herbe qui en a vu tant d'autres (et des moins bien).
La Gud franchement, elle trimbale un prose dont personne ne pourrait faire le tour avec ses deux bras, mais dans l'ensemble c'est de la belle bête à culbuter. Pas farouche pour un denier. Très peu intellectuelle. Une conversation limitée à des onomatopées au moment psychologique. Consentante à l'extrême. Technique classique mais connaît tout jusqu'au bout des fesses.

Ils s'entreprennent alors pour une séance plus corsée que la première. Une après-midi de zizi c'est comme un repas de fromages. Ça se dose. Progressivement. Ça démarre tranquille, et puis on progresse en intensité, pour finir par des laitages qui embrasent le clapoir.

Et juste avant la seconde salve amoureuse, l'Inquiète, à califourchon sur l’Édenté demande.


- Et mes seins ? Hein ? Dis, mes seins, tu les trouves comment ?


L'autre il est rouge braise, presque carbonisé. Il exprime le moment en une phrase ponctuée d'un point de suspension. Car on ne peut pas achever une phrase relative aux loloches de Mamzelle. Impossible. Prenez les grands penseurs, faites-leur visiter la poitrine de l'Imposante et posez-leur la question suivante : " Écrivez-moi comme quoi vous l'avez vue."
T'attends le résultat ! Et tu rigoles mon ami ! Tu te fends la Williams ! Tu te claques les jambons ! Tu te gondoles à Venise ! Leur lyrisme prend de la gîte. L'existentialiste perd de l'essieu ! Ne savent plus à quel sein se vouer, à quel saint s'avouer vaincu. Leurs plumes se mettent à pendre pire que leurs zézettes. Tandis que Lapointe, lui, c'est la voix du peuple. Le cri de la raison vaincue. Il parle du ventre comme les ventriloques. On leur tend jamais suffisamment l'oreille à ceux-là. Il n'y a qu'eux qui causent le langage de l'humain pourtant. Parce-que ce qu'ils disent leur arrive pas du cœur. C'est du dialecte Rouergat. Du vrai !

Lapointe, donc, avec des temps de contemplation il déclare simplement ceci :


- J'savais pas que ça existait...

Beau hein ? Du condensé total. Tout y est : la gêne et la monte. Le cri du mâle c'est celui-là. Son admiration ? Un aveu d'ignorance. "Il ne savait pas..."il ignorait que la chose était possible. Il existait sans savoir. La" Chose" régnait, mais lui menait une existence marginale. Alors il traduit sa misère rétrospective en murmurant : "je ne savais pas que ça existait..."

D'instinct il se rapproche de sa Merveilleuse. Rassemble sa stupeur, conjugue son admiration. Il ressemble à un corbeau en train de supplier le renard de lui rendre son fromage.

Ils en sont là de leurs effusions, lorsque une petite voix aigrelette se fait entendre.


- M'âme Gudrule ! Faudrait voir à tirer le vin ! Sinon c'est M'âme vo't sœur qui s'ra pas contente quand elle rentrera.

Ils tressaillent. Soupirent, puis se disent qu'à la longue, à force de fréquenter tant de gens qui raffolent de l'existence, on finit par ne plus se sentir le droit de s'y attarder.
Gudrule relève Lapointe tout en lui parcourant une petite pogne garnie croquignolette.

- Allons-y mon coquin. Tu m'admireras plus tard.
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" Sire, de grâce, écoutez-moi, je reviens des galères.
Je suis voleur, vous êtes roi, c'est à peu près la même affaire."
(Lacenaire)
Aelyenor
- Ah ! Mâme Aelyenor ! J'suis content d'vous voir. J'me demandais ben ce qui allait arriver à toutes vos barriques et que c'était dommage de laisser moisir vot' vin avec tout le mal que vous vous êtes donné.

C'était le p'tit Toinet qui faisait les cent pas chaque jour, attendant le retour prodigue de la vigneronne. Il semblait tout chose le petit gars de la rue, tout chamboulé par semblait-il quelque chose d'incongru, de saugrenu, d'inouï...

Certes, Aely avait eu des obligations qui l'obligèrent à déserter quelques temps Millau. Mais son esprit pendant cette longue absence n'avait jamais quitté la ville, ses amis et sa petite famille...et la mise en bouteilles du précieux nectar.
Et c'est quelque peu anxieuse qu'elle se précipita vers la remise construite par son Acanthe où les tonneaux s'alignaient sur des tréteaux de pierre...la mise en bouteilles aurait déjà dû être terminée...


Elle avait ramené lors de son voyage en terres Berrichonnes, quelques bouteilles des terres productrices. Depuis la mort de sa maman, les Cisterciens s'attachaient tant bien que mal à reproduire un certain savoir-faire, de mettre en pratique et en adéquation la formation enseignée, mais le décès cruel de la génitrice d'Aely n'était pas tout à fait enfoui ni oublié.

Quelques vins d'lssoudun et de Châteauroux, de "Trie-La-Bardoul" tiraient quelque peu leur épingle du jeu...c'était à peu près tout. Le reste, des piquettes à chasser définitivement de sa mémoire.


- Toinet ! Que t'arrive-t-il ? Pourquoi tant d'agitation ? Et le vin n'a pas encore été tiré ? Gudrule...où est-elle donc passée ?

- Ben justement ! C'est à propos de vot sœur Mâme Aely. C't'une nature vot' sœur. Depuis qu'elle est avec son ami Lapointe c'est difficile d'attirer son attention. C'est quelqu'un en grande vigueur Dame Gudrule. Pis elle a sa façon d'aimer quoi. Faut pas la déranger.
Vous verriez ce qu'elle lui bonniche au gars Lapointe, elle le renverse en arrière, le complimente à sa façon...

"Oui, oui...oh oui ! t'es z'un z'homme, t'es beau, t'es fort, tu me hardes, tu sens bon, je te sens bien, ah mon surgoret aimeûûûûûh môa ! Doucement, vas-y, je vais partir, retiens-toi, retiens-moi, ah c'est bon ! T'es z'inouï ! ah ! rrrrr , argh, Oh ! Va ! Vouiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!"

J'vous promets Mâme Aelyenor, j'invente rien ! Le pire ! C'est qu'on croit que c'est terminé ! Vous le croyez vous ? Bah vot' soeur c'est une nature !

Oui une nature, on peut dire ça en effet...

Le Toinet, sans doute excité aux souvenirs visuels récents, poursuit.

...ah et le gars Lapointe, vous le verriez souffler, cracher, haleter, s’époumoner, s'esbigner, s'étrangler, reprendre son souffle, tousser, gargouiller, baver, s'humecter, se reprendre quoi, aspirer, respirer, inspirer, expirer...
Et la Gud...ah la maligne. Vous l'entendriez de sa voix claire comme un crissement de roue sur le gravier claironner :


"D'où t'viens donc c'te méforme mon lardu ?"

...Faut imaginer la situation Mâme Aely...pour motiver les hommes, faut les toucher là où ils se sentent le plus fort. Pas le cerveau non non, plus bas...
Le Lapointe, vous le verriez se redresser, émettre un son sorti du fin fond de sa gorge et des âges, un GROAAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRR à noter dans les parchemins pour les ressortir en cas de manque d'imagination littéraire.


"Tu crois qu'c'est raisonnable la Charmeuse" qu'il envoie le Lapointe ?

Aely connait la suite.

Un peu qu'elle pensait que c'était raisonnable pour sa frangine Aely. Sa sœur avait trouvé ce qui lui manquait depuis trop longtemps. Elle sent la victoire à portée de nez l'Insatiable. Elle devait lui demander de s'employer à fond, qu'il la tienne éveillée jusqu'aux aurores...ben pour le vin faudrait qu'elle se débrouille...Gudrule avait d'autres chats à fouetter...

Et le Toinet qui ne peut s'empêcher de poursuivre.


...L'autre, le Maigroulet, le Squelettique, sûr de lui, pas de panne à redouter, self-contrôle reconduit, reluisance rétablie, imperturbable de ses attributs qui gardent encore fière allure. C'est un conciliant finalement vot' beau-frère. Il a fait ami amie avec Gudrule tellement que la Vorace n'a même pas le temps de se repomponner que c'est reparti pour un tour...


...Bah oui, faut savoir utiliser tous les accessoires en amour. L'ingéniosité c'est comme la poésie en littérature : on peut s'en passer mais c'est dommage.


- Ca suffit comme ça Toinet ! J'en ai assez entendu. Je vais le tirer ce vin.

- Pardon Mâme Aelyenor. Je vais vous aider.

- Non Toinet, va chercher Acanthe. Il m'aidera à soutirer le vin. Pas un jour pour aller pêcher. Avec ce temps, l'eau du lac doit être tellement démontée que même les truites doivent prendre mal au cœur. Il doit être à la maison avec ce temps.

Millau possédait de magnifiques cépages de Mauzacanthe et de Gamaylona, elle ne pardonnerait jamais à sa sœur son insouciance dans le cas où le vin aurait viré au vinaigre.
Elle qui désirait tant faire de cette région un grand pays de vignoble avec quantités merveilleuses d'excellents vins. Les terres du Rouergue possédaient deux natures et donc deux vins pouvaient sans doute provenir du même cru
en se révélant différents, à la fois comme saveur et comme développement. Une terre possédait un terrain marneux et donnait des vins corsés, un peu lourds, peu bouquetés, mais qui se développaient bien en quelques mois de bouteilles. Puis d'autres terres pierreuses, calcaires pouvant produire des très bons vins légers et fruités qui pourraient être destinés pourquoi pas aux repas quotidiens des mineurs et autres religieux, car elle n'en doutait pas, ces vins passeraient très vite et ne se conserveraient pas.

Restait à savoir si la conservation en fûts avait été efficace.

Toinet parti, le cœur battant elle s'empara d'un maillet et fit péter le gros bouchon de bois de chêne obstruant le goulot du premier fût...


- Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!

Elle était aux anges, le vin qui s'écoulait à flots était d'une limpidité sans pareille, elle s'empara d'une écuelle d'étain et en recueillit quelques larmes, puis la haussa vers la lumière...

- Parfait...il est parfait. Inutile d'attendre plus longtemps pour le tirer.

Il faisait froid en ce 23 novembre, un vent soufflait du nord vers l'est. Elle reboucha alors le tonneau et s'enquit des bouteilles entreposées...

- Et bien maintenant ma jolie, reste plus qu'à rincer avec soin toutes ces bouteilles et les flairer une à une...au boulot !

Elle compta les fûts....à raison de 130 bouteilles par hecto, cela donnerait bien plus de 3000 bouteilles convenables, avec quelques bons vins pour les festivités à entreposer...pas mal pour une première année.
Avant d'entamer son dur labeur, elle sortit de sa houppelande un gobelet en étain et s'en servit une longue rasade...savourant et dégustant ce vin fruité au parfum discret elle murmura...


- Que l'on me gourmande sur mon penchant à l'ivrognerie et que l'on m'annonce que je ne trouverai jamais mon salut tiens ! Je leur répondrais à tous que le bon vin fait le bon sang, que le bon sang donne la bonne humeur et fait naître les bonnes pensées et que les bonnes pensées produisent les bonnes œuvres et donc que les bonnes œuvres conduisent l'Homme au paradis solaire...donc hé hé hé, le bon vin doit me conduire au paradis...
Amen


Après avoir largement dégusté cette toute première cuvée, elle empila sur une carriole toutes les bouteilles qu'elle put dégoter, harnacha Héphaïstos puis attendit patiemment que l'Homme qui partageait sa vie et ses sentiments la rejoigne.
Elle goûta une seconde écuelle...Le Mauzacanthe était fruité, le Gamaylona puissant et corsé.


Le vin nouveau est arrivé !
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor
Ce n'était pas dans les habitudes de l'Acanthe de ne pas répondre présent aux services demandés par Aely. Ou alors il avait pris des vacances. Trois semaines à s'occuper d'un petit espiègle comme Kundera cela pouvait engendrer des envies d'horizons nouveaux, de tropiques beaucoup plus tristes que ceux de son Aelyenor.
l'Acanthe elle le connaît. Pas chaud du valseur, plutôt homme de devoir. Il n'aurait pas succombé aux charmes de sa brune pour la plaquer aussi sec. Faut pas le prendre pour un homme ménager apprivoisé.

Non, il y avait sans doute autre chose. le Toinet. Sans doute happé dans un guet-apens à la taverne de Lona, bourré comme cent douze gorets, violacé qu'il devait être comme une engelure, de la graisse sur le menton et de la sauce jusqu'aux oreilles...bref, elle ne pouvait plus attendre Aely.

Après avoir largement dégusté la nouvelle cuvée, elle empila sur une carriole toutes les bouteilles qu'elle put dégoter, demanda à Kundera de grimper sur la charrette et installa la petite Anna à l'arrière de la carriole, bien couverte, puis se rendit vers l'aval du lac baignant et irriguant les champs et les jardins de Millau.

Elle rinça les bouteilles avec le gravier de grève, ce qui lui prit un long moment, et flaira les récipients un à un, rejetant les contenants ayant mauvaise odeur.

Ce travail harassant effectué, elle retourna à la grange servant d'entrepôt aux tonneaux et fit rouler péniblement une bille de bois de chêne. Confectionna à l'aide d'un couteau des bouchons de ce même bois qu'elle toisa au goulot des bouteilles afin qu'ils puissent entrer de force.
Ceci fait, elle enveloppa chaque bouchon d'un morceau de toile de lin et de chanvre puis s'occupa de tirer le vin dans chaque bouteille.
Chaque flacon rempli, à l'aide d'un marteau de bois, elle frappa sur les bouchons jusqu'à ce qu'ils ne débordent que d'un ou deux cerneaux...

Elle ne s'était pas rendu compte de l'heure qui avançait et la nuit commença à succéder au jour. Kundera commençait à avoir faim.


- Regarde dans ma besace petit homme, il reste un bout de jambon et un gros morceau de pain, et reste à l'intérieur, il commence à faire frais.

Le temps d'une tétée pour sa fille, puis elle se remit au travail. Elle alluma plusieurs torches pour poursuivre son travail loin d'être terminé.

En effet, si l'on voulait conserver du bon vin et entamer une réputation il fallait estampiller les bouchons. Alors elle avisa un tonnelet de résine courante, en préleva quatre à cinq livres qu'elle fit fondre dans un chaudron mélangé à un quarteron de cire jaune et quelques onces de suif ; tout cela pour que le vin se conserve longtemps en bouteilles.
L'enduit réalisé préserverait les bouchons de la moisissure qui les atteint à la longue, les empêchant également d'être rongés par les insectes qui pullulent dans les caves...

Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire...ne restait plus qu'à entreposer les bouteilles cachetées...buvant une dernière écuelle de Gamaylona, ses yeux papillonnèrent...elle était harassée...juste la force d'installer sa progéniture et d'inviter Héphaïstos à rentrer au bercail.

En chemin elle pensa : l’étiquetage...fallait penser à l’étiquetage...faire connaître notre vin...caves...vins...nectar...liesse...
Le sommeil l'envahit, la lucidité d'Aely s'écoule comme l'eau d'un baquet dont on a ôté la bonde.
Appuyant sa tête contre un montant de la charrette, elle s'assoupit, s'abandonnant à défaut des bras de son Acanthe dans ceux de Morphée.


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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
- M’ssire Acanthe ! M’ssire Acanthe !

C’est le Toinet qui s’époumone à la recherche du pêcheur d’Aely. Le pauvre petit gars crache des volutes de vapeur dans le froid Rouergat.
Il retrouve enfin le barbu dans son atelier, un tapis de sciure et de copeaux recouvre le sol, l’Acanthe penché sur son établi fabrique une petite carriole pour les enfants. Malgré les arguments rassurants…..et prometteurs…..de sa belle des vignes, de voir Kundera sur la charrette mue par Héphaïstos ne le laissait pas tranquille le père, il entreprit donc la confection d’une mini charrette pour y promener les petits bouts d’eux.
Un nuage de sciure accompagne l’entrée de Toinet dans l’atelier.


- Ah m’ssire Acanthe ! Z’êtes là
- Toinet !!! Qu’est-ce qui vous arrive ? Relevant la tête
- C’est vot’ dame, elle a b’soin d’vous à la vigne….parce que vot’ belle-sœur elle s’occupe d’la grappe d’son galant, j’lai vu à l’œuvre sans l’vouloir et le gringalet sous la Gudrule c’est quelque chose croyez-moi. Il a de quoi faire le bougre, faut la voir quand…..
- Ca ira Toinet, pas besoin de détails Stoppant le récit crapuleux en posant les outils
Merci d’m’avoir prévenu…bonne journée
- Bonne journée à vous m’ssire Acanthe !

A l’appel de sa belle le barbu ne tarde pas à prendre la direction des jardins.
Pour la rejoindre il serait même capable d’y aller en marchant sur les mains, sur une jambe, à reculons…peu importe tant qu’il la retrouve.
En chemin il se demande dans quel état l’édenté va refaire surface, entre les mains de sa belle-sœur tout peut arriver.

Il presse le pas l’Acanthe, pour se réchauffer et surtout pour ne pas trop faire attendre sa toute belle. Se demandant aussi pourquoi elle l’avait fait chercher, Gudrule devait s’occuper de la vigne et du vin durant son absence et ne voulant pas s’immiscer dans le travail de sa belle-sœur, il avait déserté les jardins depuis un moment.
Il traverse les jardins qui s’apprêtent, doucement, à plonger dans un sommeil hivernal. Un écureuil fait quelques réserves, des oiseaux s’ébrouent dans la mare.
La vigne saute enfin aux yeux du barbu et l’Aely jolie aussi.
Elle est là, adossée à la charrette, le regard plongé sur le travail d’une année, sur une passion, une folie….sa folie. Donner à Millau son vin.
Il s’approche lentement pour prendre le temps de l’admirer sa si précieuse femme.

S’il ne l’avait pas déjà demandé en mariage, il le ferait immédiatement…..et sans maladresse cette fois-ci.
Elle est son île de beauté, il est son insulaire. ….

Elle sursaute de surprise, sourit et se retrouve entre les bras de son homme.

- Je suis là Aely ! Parait qu’t’as besoin d’moi ?
Lui caressant le visage d’une tendre paluche il goûte à ses lèvres et lui offre les siennes…..longuement….intensément ……amoureusement. Un vrai baiser passionné et passionnant, un échange de sentiments sincères.
- Hum ! Ton baiser a un goût d’vin mon amour, j’l’apprécie déjà ce premier cru
Il sourit et l’observe, elle a les émeraudes qui pétillent la belle des vignes, les mirettes joviales.
Serait-ce son barbu d’homme qui la met dans cet état ? Le Gamaylona dégusté ? Ou la joie de voir ses vignes donner leurs premiers jus ?

L’Acanthe approfondit la découverte du fruité sur les lèvres de la vigneronne, s’il s’écoutait vraiment il la porterait jusqu’à la remise à l’abri des regards indiscrets entre les tonneaux pour assouvir des pensées réjouissantes……et licencieuses.
Mais les folâtreries attendront, l’empilement de bouteilles lui fait dire qu’elle a besoin de ses bras plus que du reste pour le moment. Le travail avant, le repos viendra ensuite.
Malgré cette prise de conscience du barbu, une paluche se refuse à lâcher la belle des vignes et l’amignonne en s’attardant sur le fessu….un chef-d’œuvre ce fessu croyez-moi bonnes gens !

Une écuelle est délicatement remplie par l’Aely qu’elle partage avec son homme. L’Acanthe n’est pas un grand connaisseur, ni même un petit, plutôt piètre en la matière.
Alors pour ne pas abuser d’adjectifs qu’il ne maitrise pas sur la subtilité du nectar, il opine du chef. Susurre qu’il est bon, qu’il est doux, qu’elle peut être fière de ce qu’elle fait, que lui l’est d’elle en tout cas.

- En quoi j’peux t’aider Aely ? J’suis tout à toi….



Plus tard, durant le labeur, il lui chantonnera à l’oreille quelques mots. Comme pour la prévenir que son bonhomme de pêcheur a une petite idée derrière la tête et que si elle avait un peu de temps à lui consacrer……….après le travail……
- Sous les baisers et les morsures nos bouches et les grappes mûres mêleront leur sang généreux, et le vin nouveau de l'automne ruissellera jusqu'en la tonne, d'autant plus qu'on s'aimera mieux !
Couchons ce soir tous les deux, sur le pressoir ! Dis, faisons cette folie....
Couchons ce soir tous les deux sur le pressoir Aely, Aely, ma jolie !*



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Aelyenor
Considérer le vin lorsqu'on en a jamais bu et le considérer quand on le connaît et l'apprécie c'est une autre paire de manches croyez-moi.
Aely s'était assoupie et rêvait bien calée contre les montants de la charrette. Elle essayait de voir en haut, vers la vie, vers le jour, vers l'air vital...et mon Dieu que c'est voluptueux l'ivresse, comme un reste de clarté somptueux, la permanence du soleil vivifiant.

Ça fait des vagues, ça tangote par instants ; te faisant oublier le néant, ça fait user les minutes, ou des jours parfois, pour oublier que l'on est des rescapés de nous-mêmes.

Et puis alors, vous allez voir comme nos rêves ne nous appartiennent plus quelquefois, tout comme votre destin d'ailleurs...que celui-ci s'accomplisse selon la ligne de pente.

Une main caleuse lui chope le menton et un baiser s'écrase sur ses lèvres au goût de vin. La belle réalité qui fait surface et Aelyenor rassurée et également éperdue de la misère de la Terre et tout ce qui s'ensuivra pour elle au fil du temps qui se jette sur le poitrail de son homme.

Il y a des tas de petits baisers dans ses cheveux et l'autre main de son Acanthe qui se glisse sous les fesses de sa femme.
Seigneur ! Quelle merveilleuse sensation ! Quelle musique dans son âme...M...! J'ose le dire. Musique. Le Ciel existe. Il est là...
http://youtu.be/Ur9pWSEtA8k

Ils demeurent ainsi un instant, oui, juste un petit instant d'éternité de rien du tout qui ne cessera jamais.
Aely a envie d'abuser de la situation, mais c'est la situation qui a abusé d'elle. Malgré tout on se sépare et les conventions reprennent leurs droits
.

- J'ai cru que tu étais mort.

Elle recommence à l'embrasser devant Kundera qui les regarde intrigué mais qui s'en retourne vers des considérations beaucoup plus adaptées à son âge.
Elle l'embrasse. D'abord parce-que c'est plus agréable que de faire le ménage et aussi parce-que ça l'empêche de poser d'ardentes, d'impétueuses questions. Aussi se contente t-elle de lui dire.


- T'es qu'un monstre. Un vieux maniaque avide, jamais satisfait, une bête malfaisante comme l'humanité en invente parfois pour faire croire aux hommes que le Diable existe.

Alors...
demande-t-elle d'une voix plus douce, du bout de ses lèvres compuctueuses, toujours prêtes aux baisers les plus rares, les plus profonds, les plus Youplaboum ; alors mon amour, que foutais-tu pendant que je m'escrimais à remplir toutes ces bouteilles ?

Quelque chose avertit la brune qu'il répondra à cette question. Et comme elle a ce sentiment bien ancré, elle ne bouscule rien. Il répondra parce-que c'est un moment à part, comme il en existe peu dans la vie, un moment où plus rien n'a d'importance, ni Vous ni les Autres, ni qu'il y ait un Dieu ou rien du tout.

- Va falloir que tu me fasses des étiquettes mon amour. De belles étiquettes pour le Gamaylona, et aussi pour le Mauzacanthe...
Si nous rentrions ? Ôte ta main de mes fesses...je vais finir par croire que tu as envie de moi...


Elle lui envoie un clin d’œil significatif, puis tout en le regardant de son air provocateur, intime l'ordre à sa monture de regagner le domicile.
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
- T'es qu'un monstre. Un vieux maniaque avide, jamais satisfait………….
Il baisse légèrement sa tête de barbu l’Acanthe. Parce qu’il ne peut faire que ça…..il accepte la réprimande.

Et puis il sent bien qu’elle n’est pas vraiment fâchée sa belle des vignes, juste une petite colère justifiée. Il s’en veut bien plus qu’elle ne lui en veut. Sinon il n’aurait même pas eu le temps de goûter un soupçon de ses lèvres, il le sait, il la connaît quand elle n’est pas contente après lui, quand elle a des reproches à lui faire.
Ca ne dure jamais bien longtemps, mais elle le fait languir en refusant toutes approches dans ces cas-là.

Technique très efficace face à son bonhomme de barbu qui passerait sa vie collé à elle s’il le pouvait…..ou au pire à une longueur de bras mais pas plus. C’est d’ailleurs pour ça qu’il dit ne pas aimer les grands puciers le bougre, il trouve que ça met trop de distance dans un couple….chacun son côté…bonne nuit….enfin vous connaissez l’histoire.

Il baisse légèrement la tête et lève les yeux vers elle, vers sa Aely qui de sa douce voix demande une explication à son homme.

- j’suis désolé ma toute belle…vraiment désolé ! Tu sais qu’je suis toujours là pour toi, mais y’a eu un souci au lac ça m’a pris un peu d’temps et quand j’suis arrivé aux jardins…t’étais plus là
Alors je t’ai cherché et Louise-Anne m’a dit qu’elle t’avait vu passer avec une charrette qui sonnait comme les cloches….

Il a besoin de reprendre sa respiration l’Acanthe, même un monologue de quelques mots il n’est pas habitué.
Puisant aussi un peu du souffle de sa belle en l’embrassant, mais un furtif baiser, tendre baiser. Il n’accapare pas ses lèvres comme il en a l’habitude.

- ….et me voilà mon amour !

Et le voici oui, barbu penaud devant sa femme qui ne le prive pourtant pas de tendresse.
- Si nous rentrions ?..... Ôte ta main de mes fesses...je vais finir par croire que tu as envie de moi...
- Tu peux l’croire Aely ! Tu peux
Il sourit un brin coquineur le barbu en réponse au regard de sa belle des vignes, puis il lâche enfin le fessu après l’avoir flatté une dernière fois.
Mais que devient sa main quand elle ne caresse pas sa femme ?

Il récupère Kundera parti escalader un tas de pierres et la charrette se met en marche vers les pénates.

- Tu m’diras pour les étiquettes mon amour ! J’en ai fait une ou deux déjà…enfin des essais, tu sais qu’je suis encore novice…
j’voulais t’faire la surprise, j’te montrerai ça à la maison….on verra ça à deux

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Aelyenor
[Puisque tout doit se terminer un jour...]


Acanthe dort dans le jardin sous la treille encore endeuillée car le printemps fait encore relâche. Il occupe un vieux fauteuil tressé d'osier qu'Aely a toujours vu à la maison. Kundera, bien arrimé au torse de son père dispute un marathon de pionçage. Tous les deux, quand la fatigue les gagne ils ne craignent personne. Ils ont la bouche béante, les chapeaux sur les yeux et les trous de nez en canon d'arquebuse.
La petite Anna quand à elle s'escrime à rogner un bouton de la liquette de sa mère. Les dents. Faut que ça sorte.

Au début, lorsque toute la famille s'est installée à l'Espinasse c'était douillet. La campagne. C'est resté la campagne mais ça ressemble au reste. Remarquez que la brune a essayé de tenir bon, d'oublier les grandes vagues d'atrabile qui l'assaillait et les bouilles fatiguées des gens cloaqueux qui détaillaient.
Alors elle s'est dit qu'elle partirait en voyage. Pour un avenir autre. Tenter sa chance ailleurs. Il ne restait plus qu'à décider son barbu, qui ne l'aurait laissé pour rien au monde partir seulâbre.
Lui il était bien à Millau, même s'il disait que rien ne le retenait ici...

Ils sont rentrés avant-hier soir et leur décision définitive et sans appel fut prise. Ils partiront, fuir le Rouergue comme d'autres l'ont fait déjà avant eux, car pour la brune ce n'était plus tenable. La promiscuité en somme ? Si on veut. Surtout l'indifférence de cette région. Alors ils allaient devenir les aventuriers d'un monde ancien, à se perdre sur un maigre îlot résistant à l'usure de l'ambition et des échelles de valeurs perdant ses barreaux.

Aelyenor jette un regard à sa petite famille. Elle gamberge malgré tout en regardant ses "hommes" dormir calmement, la main du barbu pendante au-dessus de l'accoudoir.
Serrant contre sa poitrine la petite Anna, elle s'avance vers eux et s'interroge s'il faut les réveiller ou pas. Finalement non. Elle pense simplement..." Dormez bien mes amours. Reposez-vous, vous l'avez bien mérité. Dégustez ces derniers moments de fraîcheur Rouergate. Je suis la sentinelle de votre sommeil..."

Voilà un tableau bien reposant. Toute la sérénité du monde. Ils dorment comme coule une rivière de son enfance : majestueusement.

Sans les réveiller Aely emmène sa fille une dernière fois aux jardins de Millau. Là où tout a commencé et où tout finira.
Les jardins en cette fin de journée de début mars sont éclatants. Elle en bave des ronds de serviette la forgeronne. Le vert ressort, avec des tons saumonés à l'horizon. Une vraie enluminure Italienne. Même la petite ne semble pas insensible à cette féerie.


- Oh ! lâche-t-elle en montrant le coucher de soleil du doigt. Elle appuie son front contre celui de sa mère. Elles ne font pas comme si elles s'aimaient. Elles s'aiment.
La Gud, la sœur d'Aely a quand même entretenu les lieux. Ça se voit. Les buissons et les haies sont taillés, les allées nettoyées...

Au fil de leur promenade ils atteignent le Tarn et la cabane du pêcheur. De son pêcheur. Elle n'ose même pas y rentrer. Cela appartenait à Acanthe il fut un temps ; et ne lui appartient plus. Les flots noirâtres clapotent, papotent, ballotent et gigotent. Il y a quelques embarcations déguisées en barques se laissant bercer par la maigre houle.
Elle pousse un grand soupir. C'est bien de revoir ces lieux une dernière fois et de se souvenir de...Gudrule sabordant involontairement la barque antique du garde-pêche au grand dam de son second, les rires de la petite Ixia, les concours de pêche et les leçons que lui fourbissaient son homme et dont elle était irrémédiablement réfractaire.

Le retour se fit par les vignes. Moment d'exception au cours duquel la vie semble facile et permanente. SA vigne. D'un coup elle oublie que chaque minute érosionne et que tout glisse, tout bascule, tout se modifie insensiblement mais définitivement. Oui, tout ! La gueule des gens et celle des rues. La gueule de l'univers, les âmes, les corps, les astres ; tout fout le camp vers les abîmes comme un torrent de pourriture plus pestilentiel le lendemain que la veille. Fin qui n'en finit pas et qui pourtant un jour finit. L'aurons-nous assez charriée misère de nos os cette merveilleuse dégradation de nous-mêmes...coltinée avec une rare extase comme une bannière dont la hampe serait un pieu s'enfonçant dans les cœurs.

S'asseyant sur une murette surplombant l'étendue de ses ceps, son esprit vagabonde. La Gud l'avait entretenue malgré tout. La vigne était taillée. L'hiver avait été finalement assez vigoureux, car quelques pieds, les plus exposés à la bise glaciale avaient rendu l'âme sans la moindre plainte. Les ceps les plus vaillants eurent la ressource de se serrer les uns contre les autres, presque épaule contre épaule, grâce aux sarments les plus résistants.
On ne délaisse pas une vigne, du moins sans bonne raison, sans motif grave...le printemps ne tarderait pas car la brune aperçut une larme couler de l'extrémité d'un rameau oublié.
Une émotion intense envahit Aely.


- J'avais les yeux de Chimène pour toi se surprit-t-elle à lâcher. Alors se relevant elle laissa glisser ses doigts sur les bois humides d'un gros cep qui se mit à tressaillir. "Hors de question de l'arracher. La Gudrule s'en occupera, elle saura s'y prendre, et ce vin étonnera toujours les amateurs et les francs-buveurs...j'ai bien failli être déraisonnable Mon Dieu en ayant la mauvaise pensée de vouloir t'arracher. Cette vigne c'est le prix de l'éternité..."

Elle se dit qu'elle irait voir sa frangine demain matin au petit jour. Lui faire don de ces quelques arpents de terre...Lapointe et la Monumentale n'auront plus de soucis à se faire ; "et ainsi je pourrais partir apaisée."

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor
Post à deux perso. Ma pantine et mon pnj Gudrule.




- Acanthe ! On va aller présenter nos hommages au gars Lapointe et à ma sœur. En même temps je vais leur annoncer le legs de la vigne.

Le barbu il est là sur le pas de la porte qui attend. Lorsque la forgeronne le hèle son visage s'éclaire. Il l'aura tellement attendu son Aely. Lorsqu'elle s'attardait à bavarder avec l'une et avec l'autre, elle était certaine d'apercevoir en rentrant sa silhouette adossée au mur de la maison.

Il croit que le fait d'attendre protège, que ça précipitera son retour. Bah, c'est peut-être vrai que le tourment dégage des ondes bénéfiques, qui sait...

Bon, on file direction Gudrul's office. C'est une coquette chaumière près de chez Tutrude, l'aubergiste putassière (cf plus haut au début de cette fantastique histoire) à la retraite, ancienne épongeuse d'épaves quelque part on ne sais où, revenue contempler sa terre d'accueil.

C'est Kundera qui frappe à la porte. Heureux de revoir tata Gudrule et cette grande asperge de Lapointe.
Au début rien ne bouge. Ensuite on entend des grognements, des chuchotements, des toux, des éternuements, des grattements de dos, des grattements de ventre, des imprécations.
Aely reconnait la voix de sa sœur qu'elle soupçonne de manquer de ferveur car elle mêle étroitement le nom du Très-Haut à celui de certains établissements que des dames trop frustrées dénoncent puisque n'ayant pas l'esthétique d'y sévir.


- Qui qu'c'est qui vient faire ch...l'monde à c't'heure-là ?

La porte s'ouvre.

C'est l'ineffable Lapointe qu'on aperçoit. Il est en manches de chemise avec une ceinture rouge préalablement fixée au dernier cran. Son col de chemise baille, car la chaleur de son vieux cou de dindon étique paraît d'une étroitesse affolante. Sa pomme d'Adam pointe comme s'il venait d'avaler de travers un os de poulet. Il a gardé son chapeau, parce-qu'un Lapointe sans son chapeau ça perd tout son prestige.


- Bonjour Lapointe !

Kundera lui a déjà grimpé dessus et le bouffe de bisous partout. Le Décharné prit par la tourmente ne peut que se permettre de rire, puis lors d'une accalmie effusionnelle il parvient à lancer.

- Minou !

Minou...comme quoi chacun voit midi à sa porte. Tout est relatif.

Quelqu'un apparaît. La Gud a des petits nœuds plein les cheveux. Elle les rajuste d'un geste plein de féminité, puis d'un autre geste soulève le pan de sa chemise et se fourrage furieusement l'entresol.
Tout le monde tombe dans les bras les uns des autres. On se mélange la joie, on trinque avec le bonheur de se revoir tous, on chiale, on se boit les larmes, on se renifle la morve, on s'entre déguste l'allégresse.

La petite Anna, n'a même pas le temps de pleurer. On lui distribue l'émotion, on se l'émiette, on la goûte, on la lèche, on la boit, on se la décime, on se la distille.
Kundera lui se régale. Il se marre, s'octroie même le droit de remettre en place un nichon indiscipliné de la Gud s'étant évadé de l'échancrure et ayant dévalé la pente.
Gudrule en frissonne en déclarant qu'il est déjà polisson comme son père. Aely récupère avec difficulté sa fille prisonnière du mufle avide de la Monumentale.

Acanthe lui, tente de refouler, mais c'est pas possible. Il est jugulé et obstrué. Il veut parler mais on lui bouffe les questions de la bouche. Il veut lever les bras, forme camarade, mais pas possible. Il est prit dans une tornade vivante, la spirale infernale des retrouvailles. La bouche de l’Énorme alterne d'un homme à l'autre. Elle ventouse Lapointe et croque Acanthe. Elle va les broyer et ils disparaîtront en elle à jamais, absorbés dans les abysses monumentales de son engouement.


- Vous ! Vous ! éructe-t-elle.

Heureusement, oui heureusement c'est Anna qui sauve la troupe de cet ouragan d'affection. Elle pleure. Du coup les étreintes se relâchent.

Aely murmure merci et sort rassurer la petite ; éviter comme elle pourra les traumatismes.

Quelques heures plus tard, après dislocation de la réunion, Lapointe et Acanthe discutent philosophie un verre de marc à la main. Aely en profite pour attirer sa frangine au dehors et lui dire.


- Je te réquisitionne pour une affaire urgente. Je te fais don de la vigne. Je m'en vais Gud. Dès qu'on aura vidé la propriété et que notre escorte sera présente on partira.
J'aurais pu demander à quelqu'un d'autre de s'en occuper, mais personne ne sait entretenir une terre. Trop de gens jouent les savants et ignorent de fond en comble le travail à fournir dans ce domaine. L'humanité est ignare que veux-tu. Certains s'imaginent et sont persuadés qu'Aliénor d'Aquitaine était une saltimbanque et que Dante est le gardien des Enfers. Tsss, s'il y a de l'honneur à savoir il n'y a pas de déshonneur à ne pas savoir. L'ignorance est une page blanche sur laquelle il faut assoir la vérité.


- Ma soeur, j'accepte. J'connaîtrais pas l'gars Lapointe, j't'aurais dit d'aller t'faire voir et j's'rais partie avec toi. Mais ma vie a changé. Si tu savais comme j'aime quand il porte sa main sur mon valseur.

- D'accord coupe net Aely. J'ai vu que tu avais taillé. C'est du beau travail.

- Aely...on va fêter ça. Votre départ on va le pleurer Lapointe et moi. C'est certain, et puis vos enfants sont si beaux. Non, ce que l'on va fêter c'est votre carrière d'honnêtes personnes. Vous avez été l'un comme l'autre fonctionnaires le moins possible, mais humains avec une gentillesse persévérante. Votre patience est infinie, et j'oublierais jamais ta conscience professionnelle et ton courage paisible.
Tu ignores le danger parce-que tu n'y crois pas...merci ma sœur. Merci pour tout et d'avoir été là quand il fallait que tu sois là.


Ah la charogne. Lui faire une chose pareille. Aely tourne vers son Émouvante une face bouillie dans le chagrin le plus pur et...le picrate du meilleur tonneau.

- Une fratrie comme la nôtre ça ne se reverra plus jamais.

Elles s'étreignent avec effusion. C'est bon de se serrer contre soi et de se dire qu'on s'aime une fois dans sa vie...sous l’œil curieux et le sourire d'Anna.

Je laisse le soin au JD Acanthe de terminer ce RP s'il en a envie, et de sa plus belle plume noter soigneusement le mot FIN.

Sinon, je demande à clore ce RP. Merci aux participants d'avoir laissé un peu de leur temps dans cette histoire.

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Lapointe
Crénom de moi !
Je ne peux même plus flatter vos monts et merveilles sans être dérangé Gudrule. C’est un comble ! Je commençais à avoir quelques idées, des plus inavouables, qui ne vous aurez pas déplu croyez-moi


Les deux mains flanquées sur cette rondeur qui met dans son sillage des étoiles aux yeux de Lapointe, les doigts longs et fins prenant forme dans la chair de Gudrule, le spectacle vaut le coup d’œil. La Grandiose se laisse palper l’arrière-train tout en faisant ses gammes dans des onomatopées de circonstance et l’hirsute ne s’en lasse pas.
Depuis qu’il l’a vu de ses yeux vus il se dit qu’il ne verra jamais plus merveille de ce genre et qu’il peut dorénavant mourir en toute tranquillité, mais qu’il serait quand même fort dommage de ne point en profiter. Je vous le dis, il finira centenaire rien que pour cela.
Délaissant, à contre cœur, le fessu il se dirige résigné vers l’intrus qui cogne à l’huis.

Un foutriquet pour sûr ! Un maroufle ! Un mirliflore ! Un paltoquet ! Un maraud à coup sûr.

C’est vrai quoi ! Faut le comprendre, il était déjà en plein rêve sans l’aide de Morphée et le voilà replongé dans la réalité. Il mettra un écriteau sur la porte « Ne pas déranger pour raisons qui ne vous regarde pas » la prochaine fois.
La Lourde s’ouvre sur sa famille ! Sa famille parce qu’il les a adopté depuis longtemps, parce qu’une famille comme celle-ci c’est un cadeau qu’on ne refuse pas.

Oh ! Le petit homme
Premier réflexe de l’hirsute, inspecter la bouche de Kundera pour lui compter les dents. C’est une compétition entre eux.
Dis donc garçon ! Tu en as bien plus que moi de chicos maintenant
Ses chicos à lui – au nombre de cinq – se dévoilent dans un grand sourire, Lapointe ne tient plus en place et exécute une danse façon Bourvil pour exprimer son enthousiasme.

Minou ! Petite fleur du printemps !

Plus tard !
Le pas-tibulaire velu et l’hirsute refont le monde bien aidé en cela par quelques breuvages bien sentis tandis que les sœurs s’entretiennent au-dehors.
Si ça se trouve le monde aura vraiment changé à leurs réveils !!! Si ça se trouve.

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Acanthe
Dans quelques jours Millau ne sera plus le présent mais rangée dans les souvenirs.
La décision avait été prise par le couple après maintes discussions et les détails réglés.
Adossé au mur, scrutant le chemin à la recherche d’une silhouette, l’Acanthe cogite. Quitter une ville est une chose, se faire à une autre est bien plus compliqué…il le sait. Il lui avait fallu du temps ici pour franchir la porte d’une taverne, pour aller à la rencontre de l’autre, il lui en faudra encore ailleurs.
Du temps pour observer, pour apprendre à connaitre, pour oser, pour ne pas se renfermer. Il le sait, il se connaît, fera un effort…..
Ce n’est pas de quitter cette ville ni le comté qui le perturbe non, ce n’est pas cela même s’il y laisse une amie. Le barbu est méfiant de nature, peu de personnes ont sa confiance. Ici en Rouergue il sait de qui se méfier, de qui ne pas écouter les belles paroles, ailleurs vers l’inconnu….il sera sur ses gardes, constamment….pour un temps.


- Acanthe ! On va aller présenter nos hommages au gars Lapointe et à ma sœur. En même temps je vais leur annoncer le legs de la vigne.

La voilà ! Il sourit, se redresse lentement, l’embrasse. Il l’aime tellement sa petite forgeronne, il l’aime vachement même.
Avant son retour à Millau l’Acanthe voulait en partir, peut-être pas définitivement, mais en partir. Il était resté pour elle et aujourd’hui s’il accepte de quitter cette ville ce n’est pas pour elle….mais pour eux.

- On y va Aely ! Attrapant Kundera à bras – On va voir Gudrule les enfants !
Le petit ne tient plus, il veut être le premier, y être de suite chez la Gudrule. C’est un petit prince pour la tata et son coquin, il compte bien en profiter le mouflet. Quittant les bras paternels il court et devance tout le monde, se retourne pour voir l’avance qu’il a pris sur ses parents…..Pffff ! C’est pas juste d’avoir des petites jambes, malgré ses efforts il n’arrive pas à les semer.

Le barbu se met en condition, sa belle-sœur a l’accueil enveloppant et inutile de tenter la moindre résistance. Si elle vous écrase entre ses bras, si elle vous ballotte dans tous les sens, si elle vous dévore….il faut laisser faire et ne pas rechigner à l’effusion chaleureuse.
Elle est comme ça, entière, sincère, naturelle, généreuse. Elle est comme un pissenlit dans un parterre d’herbe rase, si le pissenlit n’était pas là on ne s’attarderait pas à regarder ce parterre. Elle est belle parce qu’elle est « elle » et ça pour l’Acanthe c’est important. Elle va lui manquer la belle-sœur….

- ‘jour Lapointe !
Là ! Tout va très vite. Un mouflet envahit un gringalet, s’embrassent, se comptent les dents.
Un petit vocable tout doux pour appeler l’immensité, ça fait sourire l’Acanthe, ça en surprendrait plus d’un en voyant débouler la Gudrule.

- ‘jour belle-sœur…on est d’retour
Des retrouvailles ça se délecte, ça s’éternise, ça se savoure, ça se partage, ça inonde les yeux, ça inonde les joues, ça inonde le cœur, ça inonde de joie.
Tous y ont droit, certain en redemande, en réclame, en redonne encore, monopolise. Même le sein de l’imposante s’invite à la fête, mais Kundera remet la mamelle de tata en place. Perspicace ce petit, il a bien vu d'où elle s’était échappée. Il faut dire que les montagnes à lait de la belle-sœur c’est toute une histoire, le barbu avait bien cru y étouffer lors de leur première rencontre.

Il sourit l’Acanthe. Heureux de les revoir, ce couple si particulier. Il est heureux mais au fond de lui la tristesse s’installe lentement, un sentiment grisailleux passe furtivement. Il sent dans ces retrouvailles comme un début « d’au revoir ». Et ça le chafouine un peu.
Les pleures d’Anna le sortent de sa torpeur, mais il a à peine le temps d’essayer de la consoler que Gudrule l’attrape par le bras et l’installe à la tablée
« viens ici beau-frère…alors ? Elle t’a manqué ta belle-sœur hein ! Tu peux m’l’avouer…c’est pour moi qu’t’es rev’nu p’tit coquin ! » puis éclate de rire entrainant celui du barbu.
Elle l’installe lit-té-ra-le-ment à la tablée, comme elle l’aurait fait avec un enfant, elle le taquine comme elle le fait souvent.

A côté Lapointe initie Kundera à la danse qu’il a faite pour nous accueillir en chantant à tue-tête « La taca taca tac tac tiqu' du maréchal-le, c'est de bien observer sans se fair' remarquer…. », le mouflet se tord de rire et chantonne à son tour

- taca taca tique…taca taca tique…

La table se remplit aussi vite qu’un nichon de Gudrule se faisant la malle, on ne voit pas la chose venir….on constate l’évidence, on admire parfois, on s’offusque pour d’autres, on sourit.
Des victuailles, des bouteilles, des cruchons, des pâtés, il n’y a même plus la place d’y poser le coude.

L’hirsute a eu raison de l’énergie de Kundera, le petit s’endort dans les bras de la tata poule puis dans ceux du père quand les sœurs s’esquivent discrètement avec Anna.
Lapointe parle, l’Acanthe écoute, ça trinque et ça rit.
Il est content le barbu que ces deux-là se soient trouvés, Gudrule et Lapointe, ils le méritent vraiment ce bonheur. « Du pavé à la félicité »

- Et les enfants ? C’est prévu ?
La question restera en suspens, les dames rentrent.
L’Acanthe regarde sa toute belle, ne dit rien, pour que dire de toute façon ? Les mots sont parfois superflus.
Lui passant la main sur la joue, il la serre tout contre lui, l’accueil au creux de son épaule, dépose un baiser sur son front, recouvre Anna de sa cape.

La soirée s’éternise et personne ne semble vouloir qu’elle se termine.


Au petit matin, silencieusement, le barbu quitte le pucier conjugal. Aely ouvre un œil, le frotte délicatement.

- Dors mon amour ! Reposes-toi !
Il remonte la laine sur les petites épaules de sa femme, l’embrasse tendrement….attend qu’elle se rendorme et sort.

Une petite visite aux jardins s’impose.
Il se souvient le barbu….il se souvient quand Aely est arrivée à Millau, quand elle a commencé à refaire les jardins. Chaque fois qu’il passait devant, il s’arrêtait, se disait « elle doit avoir besoin d’aide » « je pourrais y aller », mais à chaque fois il repartait, la tête basse vers sa demeure. Il repartait parce qu’il n’osait pas, parce que la timidité, parce que déjà…..il l’aimait en secret…un doux secret.
Et quand il la voyait parfois revenir, fatiguée mais souriante, il s’en voulait.

Errant dans les allées les souvenirs lui reviennent.
Gudrule et son poisson rouge. Première rencontre avec la belle-sœur qui ne l’était pas encore.

C’est ici, que l’Aely se confia…là sur ce banc….elle lui a raconté sa mère, sa sœur, elle s’est ouverte à lui.

Là…dans ces fleurs qui ne viendront qu’au printemps, là….ces fleurs ont été témoins de quelques cachoteries, quelques amours, quelques frissons de plaisir.

C'est ici qu'elle a dit "Oui" !

Et puis après il y eut la vigne, elle comme professeur, lui comme élève. Le soir elle lui expliquait la vigne, le raisin, le vin, il apprenait petit à petit mais sans jamais empiéter sur son territoire. Parce que c’est son domaine, sa passion. Et il faut avouer qu’elle est passionnante la belle des vignes quand elle en parle, passionnante et passionnée.
Il la sait triste de laisser ces ceps dont elle a pris soin durant tout ce temps, de l’énergie et du temps elle en a mis l’Aely dans ses vignes. Mais ce qu’elle craignait été de devoir tout arracher « on n’abandonne pas une vigne mon Acanthe, mieux vaut l’arracher que de l’abandonner » lui avait-elle dit. Mais la meilleure solution a été trouvée, Gudrule s’en occupera avec Lapointe.

Assis sur un muret il observe la nature reprendre vie, doucement.
Il observe tous ses souvenirs qui se promènent ici ou là. Il les grave à jamais dans sa mémoire…à jamais. Il y met aussi quelques personnes…quelques….

Quand on a l’impression de ne plus être à sa place quelque part, on cherche un ailleurs.
Quand le saule ne nous protège plus du soleil brulant, on suit son ombre sur le sol, on se déplace en même temps qu’elle.


Fin !!!

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{Ange}
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