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Où Haldor recrute en vue d'éliminer le Renardeau...

[RP] Que l'on m'apporte tête & main sur un plateau.

Haldor
[Auberge des Cinq Sens, Cour des Miracles, Avril 1461...]

    La dernière nuit dans le coche fut longue au côté de l’infatigable Renardeau qui ne cessait ne griffonner sur son carnet les noms de ceux à qui il faudra annoncer la mort d’une bonne partie de la famille Lefebvre.

    Le Ténébreux, assis en face de lui, le regardait du coin de l’œil, songeant au testament de feu son père le Vieux Renard de Trondheim, et à toute cette fortune qui irai à ce rouquin assis en face de lui s’il ne trouvait moyen de le faire disparaître.

    Voilà donc ce qui occupait l’esprit du jeune Lefebvre Von Stern tandis que le coche entrait dans ces quartiers miteux, cet amas de bâtisse en ruine, de chien crevé, de pisse d’ivrogne et de puterelles aguicheuses que constituait la célèbre Cour des Miracles.

    Le jeune homme y avait pris une chambre à l’Auberge des Cinq Sens et bientôt le coche s’y arrêta. Le Renardeau resta à l’intérieur tandis que le beau brun lançait une petite bourse au cocher pour la course avant de donner ses dernières instructions au jeune bras droit de son père qu’il traitait comme un serviteur :


    « Tâche de prévenir tout le monde… je ne veux point avoir à m’occuper de tout cela. La bonne nuitée, très cher.

    Le jeune homme parti ensuite en direction de sa chambre, ne prenant même pas la peine de saluer tout ce beau monde. Il semblait empressé, il avait une idée en tête.

    A peine arrivé dans sa chambre il se dirigea vers son secrétaire, déchira un bout de vélin vierge et de sa plume y écrivit les mots suivant : «
    Cherche gaillard disposé à m’apporter tête et main sur un plateau. ».

    Le billet à la main, il descendit alors sans se presser, toujours aussi impassible, avant de se diriger vers la porte et d’y plante l’annonce à l’aide d’une pointe.
    Puis il s’en fut vers une table vide… sûrement quelque homme viendra à se rencontre sous peu. En attendant, il se versait dans son godet personnel un peu de cet hypocras dégoté quelques jours plus tôt en partant de chez le notaire à Saumur.

    Il lui fallait se débarrasser du Renardeau, et vite !

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Cyrielle.
    [Auberge des Cinq Sens, Cour des Miracles, Avril 1461...]

    Un verre. Si épais qu’il en est trouble, à moins que ce ne soit la crasse de milliers d’individus qui s’y soit accumulée, lentement, sûrement, pour donner au contenant ce relief inimitable. Y repose un liquide noir, carmin, ou les deux à la fois, semblable à un vin boueux et parfaitement infect.

    Une main, décharnée, se saisit du verre, alors qu’un œil unique, bleu, & ridé, vient sonder l’immondice.
    Cyrielle est pleine.

    Quoi qu’on le sait, c’est un état dont elle ne se sépare jamais, un peu comme ses brûlures au visage, le bandeau sur son œil droit, ou son odeur musquée.
    D’un grognement animal, la Fauve se redresse donc, jetant un coup d’œil humide & intrigué à l’homme qui vient de planter son affichette sur la porte. Elle le regarde s’asseoir, reglisse l’œil sur la porte, & puis sur lui encore.

    Il faut bien cinq minutes avant que le corps long, maigre, titubant de la blonde ne se lève pour satisfaire sa curiosité. Deux minutes encore pour atteindre la porte, plus de dix, sans doute, pour déchiffrer l’inscription.
    C’est qu’on ne l’engage pas pour lire, la Fauve. Encore heureux.

    « Encore une d’mande de garde du corps… Ils chient tous dans leurs frocs ou bien ? »

    Les ongles sales viennent gratter la joue, plâtrée de brûlures cicatrisées, traçant des marques rouges sur la peau fragile, malgré les années.
    Elle n’a pas fini de lire.

    « Apporté… Tête & main ? Ha ! »

    Ni une, ni deux, la malsaine se glisse à nouveau à l’intérieur, dirigeant son pas assuré mais non moins titubant sur la table du demandeur. La chaise est tirée, le salut passé d’un signe de tête, & un godet commandé.

    « Pourquoi est-ce qu'on s'attend toujours à voir débarquer un homme, quand on pose c'genre d'affiches ? »

    Oh, elle sait très bien pourquoi.
    C'était juste son introduction.

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Haldor
[Face à la Fauve…]

    Le Ténébreux sirotait doucement son hypocras, faisant semblant d’aimer cela, mais ses yeux ne lâchaient pas cette étrange blonde éborgnée au visage brûlé.
    Quels drôles de personnages trouve-t-on dans ces endroits pensait-il tandis qu’il s’en versait une petite lichette de plus.
    D’ordinaire, il ne buvait jamais. Il avait vu trop d’hommes saouls pour en avoir l’envie. La boisson n’était pas son dada, mais il fallait faire passer la pilule ; et vite !
    Son propre père, ce traître qui l’avait abandonné à l’âge de douze ans à la pègre, ne lui avait rien laissé de son or. Il ne lui avait laissé qu’un tas de lettre de sa mère qu’il avait caché tant d’années durant.
    Dieu sait comme le jeune homme austère aux traits sévères était en colère et de sa main tremblante porta son verre à ses lèvres qu’il siffla cette fois-ci cul-sec.


    « Jævla gammel gnier !*

    Ses prunelles gris-vertes se perdirent quelques instants dans le vide avant qu’elles ne reviennent, attirées par une sorte de râle, sur l’étrange femme qui semblait se diriger vers la petite annonce.
    Simple curiosité féminine se dit-il d’abord avant de la voir qui s’y intéressait de plus près, avant de la voir même se diriger en sa direction, avant d’en percevoir l’odeur et les frissons face à cette écorchée vive qui se trouvait maintenant assise juste face à lui…
    Drôle d’introduction qui fit doucement se dérider le jeune Lefebvre Von Stern. Il était vrai qu’il n’avait pas songé un seul instant qu’une femme puisse être intéressée par ce genre de contrat.
    En guise de réponse il se mit à rire, d’un rire tonnant, presque effrayant avant de reprendre en un quart de seconde son visage aussi impassible qu’à l’ordinaire avant de reprendre de sa voix grave et monocorde :


    « Je n’avais en effet point songé qu’une demoiselle comme vous puisse remplir ce genre de tâche. En seriez-vous capable ? Vous m’avez l’air si… mal en point.
    C’est que je cherche la discrétion et la rapidité. Il s’agit de faire cela vite et proprement. Êtes-vous sûre d’être apte à ce genre d’exercice, ma chère ? »


Trad. (norvégien) : Saloperie de vieux grigou.
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Cyrielle.
    Son verre lui est servi, & tandis qu’il parle elle s’enfile sa consommation. Bien abjecte consommation.
    La main se lève, théâtrale, alors qu’elle repose le godet, & s’applique à mimer les pièces qui couleraient entre ses doigts, dans un tintement cher & délicat.
    Pourtant, Cyrielle n’est pas bien près de ses sous. Mais gourmande, elle l’est, d’alcool & de graillon, de plantes & de jeu, & de bien d’autres choses encore dont vous ne voudriez pas entendre parler. Et ces menus plaisirs nécessitent une bourse ronde & pleine. Extrêmement pleine.

    « Discrétion, rapidité, propreté, efficacité… Mhm ? »

    Malgré sa face répugnante & sa taille – inappropriée pour une femme, avouez – Cyrielle est de ceux qui savent s’effacer aussi bien que leurs commanditaires savent se faire voir. Eternels silhouettes baisant les ombres de leurs proies, ils font peur lorsqu’on les voit, n’existent pas dès qu’ils se cachent, & frappent juste dans l’obscur pour se retirer en silence.
    Et si, à quarante balais, la borgne est encore en vie, c’est qu’elle n’est pas si mauvaise à ce jeu là.

    « La rapidité, ça s’paye, mon mignon… L’efficacité, c’est garanti par la maison. La discrétion, j’en fais mon affaire, quant à la propreté… »

    Sournoise, l’Avariée se penche sur le jeune homme, scrutant dans ses traits fins & lisses la trahison, la vengeance, le rejet qui pousserait un gamin à vouloir tête & main. Sa curiosité la tuera. A moins que ce ne soit déjà trop tard.

    « Faut pas m’en vouloir, j’ai b’soin d’m’amuser dans c’que j’fais. »

    Avachie, le poing vient supporter la tête aux longues boucles blondes, tandis que l’œil, déjà lassé, court sur le bar à la recherche de distraction. Et puis, saoule mais pas bête, elle se souvient que ce gamin, assis face à elle, cherche à embaucher. Et qu’elle veut de quoi se payer une semaine au dessus des nuages.

    « Main, tête, tête, main, de qui, quand, où… une préférence entre épée, hache, poignard peut-être ? Mais ça fait pas très propre… Ou roue d’chariole ! Un d’mes préférés… »

    La langue passe sur la lippe rougie par le vin, mais non moins déchiquetée, & le regard s’embrase à l’idée de combien elle va pouvoir s’amuser. Et s’engraisser.

    « J’vous emballe le tout, paquet cadeau ou bien coffret ? »

    Remise jusqu’à la fin de la semaine, un coffret acheté, le second ensanglanté.

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Haldor
    Le jeune homme observe la Fauve et afficherait bien un fin sourire satisfait si ses traits rudes se s’évertuaient à rester placides.
    Finalement, force est de reconnaitre que la donzelle avait une certaine prestance qu’à sa vue l’on ne pouvait deviner.


    « Vous n’avez besoin de savoir qui je suis, sachez seulement que j’aurai de quoi grassement vous payer si votre… travail… est à la mesure de mes attentes.

    Le Ténébreux fixait le godet vidé de l’écorchée vive et ne put s’empêcher d’y verser un peu d’hypocras qui, sans nul doute, ne pouvait être que meilleur que son breuvage.
    Le sien n’était qu’à peine entamé. C’est que d’ordinaire, il ne buvait que très rarement. Il avait vu trop d’homme atteint par la beuverie pour y avoir pris goût.
    Il scrutait la blonde dans les yeux, ou bien dans l’œil comme vous l’entendrez, avant de se dérider enfin et de lever son verre avant d’y tremper à peine les lèvres.
    De sa voix grave il reprit ses instructions, toujours sur ce même ton posé, comme une ennuyeuse litanie…


    « Il me faut seulement sa tête, car il est roux et reconnaissable entre mille. Il me faut également sa senestre car il porte à son majeur une chevalière marquée d’un R…

    Il plissa doucement le nez, l’odeur que dégageait la Fauve commençait à lui titiller les narines. Mais de grimace de dégoût, aucune : son visage restait inexpressifs, ses traits détendus et pourtant sévères.
    Il observait son cache-œil puis son regard se posa sur ses brûlures avant de lorgner sur son godet et de reprendre toujours sur le même ton :


    « Je n’ai aucune préférence. L’épée me semble cependant plus propice à ce genre d’exercice. Je ne veux point qu’il ait le temps de crier…

    Il la fixa de son regard perçant un dernière fois avant de lui déclarer, les dents serrés…

    « On le nomme Le Renardeau, il est jeune et roux, vêtu drôlement en toute occasion. C’est un filou, il faut le prendre par surprise.
    Je dois ramener sa tête sur un plateau d’argent. Un petit coffret garnit d’un coussinet de soie me semble approprié.
    Il est vif, faites cela vite, et proprement… je vous le répète. Vous ferez ce que vous désirerez par la suite du reste de sa carcasse. Mais je ne veux point l’entendre hurler. Il ne doit pas en avoir le temps. Vous me comprenez ?


    Il inspira avant de siffler le reste de son verre puis il termina…

    « Votre prix sera le mien… »

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Cyrielle.
    « J’veux pas savoir vot’ nom, gamin. Par contre, moi c’est Cyrielle. »

    Pas qu’il en aurait franchement besoin, mais la longue est de celles qui n’aiment pas négliger leur réputation, & ce même si la réputation en question n’est pas des plus engageantes.
    Un cul sec plus tard, levé à la santé du contrat accepté – ou de l’hypocras offert, qui sait -, la Fauve acquiesce, le regard perdu à nouveau sur le comptoir, visiblement peu intéressée par les consignes de son employeur.

    Oh, ne vous y trompez pas, elle a noté, attentive, chaque détail décrivant l’allure du futur cadavre étêté. Les points à éviter, à ne pas oublier, les préférences de chacun, les problèmes éventuels. Le coffret garni d’un coussinet de soie.

    A la précision, le sourcil se hausse, étonné, l’œil se redresse sur les traits lisses, imperturbables, mais empreints d’une colère difficile à éviter. C’est le genre de gamin qui regrettera sur son lit de mort toutes les conneries qu’il aura faite…
    Le genre de gamin qui ne s’excuse pas, qui ne s’en veut jamais, qui se sait imperturbable, imbattable, intraitable… Le genre de gamin qu’elle aura servi toute sa vie, & qui paient bien mieux que les vieux. Par leur innocence, leur inconscience, & leur désir de vengeance leur brûlant les entrailles.

    « J’vous comprends, mon mignon. C’est pas ma première fois. »

    L’œil s’est tourné vers lui, & un sourire compatissant s’est glissé sur ses lèvres décharnées. Ils ont tous, sans exception, cette angoisse du ratage, ou du fantôme qui les hanterait, bref, la panique des premiers émois. Elle, a l’avantage d’avoir passé depuis longtemps ses premières fois.
    Elle se lève, & le corps grinçant se penche sur le jeune homme, la lippe défaite venant couler au creux de son oreille un montant exagérément élevé.

    « Et j’veux un acompte. »

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Haldor
    C’est qu’il était un brin nerveux notre beau Ténébreux.
    La colère, il l’avait. L’or, il lui en restait assez pour la payer grassement.
    Il n’était pas homme à se salir les mains, pas encore. Un jour peut-être. Mais pas encore.
    Il ne pouvait s’empêcher de tapoter la table de ses doigts fins lorsque la Fauve ne le regardait pas, semblant se foutre royalement de ses demandes.
    Pire encore, ses petits sobriquets l’agaçait au plus haut point. Il inspirait pour ne point imploser.
    « gamin » … Depuis qu’il était gamin, il avait toujours eu horreur qu’on le nomme ainsi.
    Il se cambrait et son visage se lissait un peu plus quoique son front se ridait laissant entrapercevoir tout un tas d’émotions : peur, haine, colère, vengeance, injustice, agacement…
    « Mon mignon » & ce sourire qui le fit sortir de ses gonds !


    « Haldor ! Haldor Lefebvre Von Stern !

    Erreur… il avait craqué comme un bleu.
    Grimaçant, il sortit d’une poche intérieure de son veston une moyenne bourse.
    Vu son poids cela devrait suffire en guise d’acompte !


    « Voilà pour l’acompte ! lui lança-t-il de même que la bourse, passant une main dans ses cheveux de jais, excédé.

    Oui, il avait peur que ça rate. Elle ne devait pas se louper. Elle ne devait surtout pas se louper.
    Tout devait être parfait. Tout : dans ses moindres détails !
    Se posant un peu, il reprit son ton calme et de sa voix grave et constante lui expliqua le plan :


    « J’ai repéré une petite venelle discrète. Vous m’y attendrez. Je l’y emmènerai le Renardeau, nous jouerons aux cartes, et lorsque vous jugerez que le moment sera venu… couic !

    & il s'enfila un autre verre d'hypocras, cul-sec cette fois avant de sentir sa gorge s'enflammer.
    Il remplit à nouveau le godet de la Fauve, en espérant de toute ses tripes qu'elle sera à la hauteur.

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Cyrielle.
    Le rire qui fait tressaillir sa gorge maigre a une saveur âpre & loin d’être engageante. Haldor Lefebvre von Stern. Lefebvre est certes un nom qu’elle connaît, de réputation du moins.
    Lourde, forte réputation.
    Mais les chances qu’ « Haldor » reste en sa mémoire sont plus qu’infimes. Son encrage dépend, en vérité, des prochaines manœuvres & de leur déroulement. De l’échange de bourses en bonne & due forme, surtout.
    Car Cyrielle a la mémoire aussi courte que son salaire est versé rapidement. Déjà, la bourse entre ses mains a effacé la moitié du nom ayant échappé aux lèvres hermétiques du gamin.

    Haldor quoi ?

    « Lâchez-vous, mon chou, ça s’pass’ra bien. Z’avez dit demain ?
    Il acquiesce.
    Dormez bien, alors, reposez-vous… Z’êtes tout pâle, on dirait qu’vous vous apprêtez à voir un mort… »

    Et sur un éclat de rire sinistre, la blonde de claquer les talons après avoir vidé son verre d’hypocras, tanguant étonnamment peu vu la quantité d’alcool qu’elle avait ingurgité.


- Suite -
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