Xmanfe1999
A la pointe du jour, Gyllaume avait fini par rejoindre ses pénates.
La soirée sétait terminée sans qu'il voie réapparaître Xm ou son étrange compagnon à la taverne, aussi, après bien des hésitations, avait-il décidé de rentrer, malgré son vu de ne pas simmiscer dans la vie d'une femme qu'il ne connaissait après tout que de la veille.
Il trouva la porte d'entrée déverrouillée, entra dans la maison, s'avança dans la cuisine et n'y trouva trace de personne, si ce n'est deux gobelets vides sur la table et le grand pichet complètement à sec... Eh bien!
Légèrement inquiet, il alla frapper doucement à la porte de la chambre de Xm. Pas de réponse.
Emporté par sa curiosité et soucieux du bien être de son hôtesse, il entrouvrit sans bruit le battant, qu'il referma presque immédiatement, regrettant, en honnête et droit gentilhomme qu'il était, d'avoir attenté à l'intimité d'une dame: Xm dormait profondément... nue dans les bras du soi-disant prêtre dont la soutane gisait sur le sol au pied du lit.
La porte se referma presque aussi silencieusement qu'elle s'était ouverte.
Gyllaume se retira sur la pointe des pieds dans sa propre chambre.
Dans la chambre de Xm, au moment où Gyllaume refermait la porte, Gianni remua dans son sommeil.
Sans donner à celui ou celle qui aurait pu les observer le moindre indice sur son état de veille quasi immédiate, il glissa la main sous l'oreiller pour y saisir la dague qui ne le quittait jamais. Le contact de l'acier tiédi par la chaleur du lit le rassura et il affermit sa prise sur la garde gainée de cuir. Il entrouvrit les paupières, juste assez pour jeter un regard circulaire sur la pièce, entre ses cils. Nessuno... Personne? Quelle absurdité. Xm...
Dans la lumière grise qui filtrait à travers les persiennes closes, il devinait, plus qu'il ne la voyait, sa silhouette endormie. Le dos tourné vers lui, elle reposait sur son côté gauche, blottie contre lui dans l'émouvant abandon du sommeil, la main droite glissée sous sa joue, l'autre comme suspendue au dessus de sa hanche voluptueuse.
Le souffle coupé, Gianni se redressa sur un coude pour la contempler plus à son aise.
Mamma mia...
Il l'avait pourtant vue ainsi des dizaines de fois. Serrée dans ses bras, embrassée, bousculée, prise...
Il se rappelait la première fois cet hiver là, sept ans plus tôt, dans les Alpes piémontaises. La violence et la passion de leur ... il n'osait même penser le mot qui lui venait à l'esprit.
L'aube presque virginale de ce matin de janvier 1457 était à des milliers de lieues de cette ... « rencontre » et son seul souvenir aurait pu en ternir l'éblouissante épiphanie.
Incrédule devant sa découverte Gianni laissa échapper un soupir étranglé.
Xm remua imperceptiblement et émit un petit ronflement.
Submergé par une vague incompréhensible de tendresse, Gianni se rallongea aux côtés de... sa maîtresse? Il n'osait penser à elle dans ces termes.
Lui qui l'aurait la veille renversée sans scrupule sur une botte de paille, il était là, respirant à peine, tremblant de la réveiller, paniquant à l'idée qu'elle le haïsse en le trouvant ce matin à côté d'elle, la bouche amère et la tête lourde du vin de leur hôte.
Mais non... ce n'était pas possible.
Elle avait forcément senti la même chose que lui... Au delà de la fulgurance du plaisir qui l'avait transpercé avec une intensité inouïe, il s'était senti saisi comme par un poing de fer. De son ventre, de ses nerfs, de sa chair il avait voulu la faire sienne et elle avait répondu à son étreinte. Ses barrières, ses peurs, ses craintes s'étaient effondrées les unes après les autres et elle s'était abandonnée... Elle aussi. Pouvait-il en être autrement ?
Un doute intolérable agaçait la conscience de Gianni comme larrière goût métallique d'un gobelet oxydé gâchant le meilleur nectar.
Et si?
Gianni déglutit difficilement.
Et si rien de tout ça n'avait été réel? Et si cet abandon n'avait été que le fruit de leur ivresse ? Et si... Et sil était seul à aimer?
Gianni ferma les yeux et enfouit son visage dans la chevelure emmêlée de son amante.
Une sensation inconnue lui serrait la gorge, lui chatouillait le nez, lui piquait les yeux. Miarda! Cétait grotesque. Voilà qu'il se mettait à pleurer comme un co.glione.
Un mélange inédit de douleur, de désir, de doute, de tendresse, de passion se bousculait dans son cur de canaille solitaire.
Pour rien au monde il n'aurait voulu que cela continue. Bien trop compliqué.
Pour rien au monde il n'aurait voulu que cela cesse. La vie sans elle?
La main nerveuse de Gianni effleurait sans oser le toucher le dos svelte de sa belle. Un étrange sentiment de compassion, mêlé de répulsion et de révolte le saisit une nouvelle fois à la vue du réseau de fines cicatrices rosées qui marquait la peau autrement sans défaut de la jeune femme. Il soupira à nouveau.
Plaisir et douleur, cela semblait être la clef de bien des énigmes. Il avait limpression maintenant den saisir toute la complexité. Que la douleur soit physique ou morale. Tout comme le plaisir d'ailleurs.
Après l'amour, ils avaient parlé pendant des heures.
Xm lui avait tout raconté : Gênes, le franciscain, son impuissance à la soigner, son incroyable quête à la recherche d'un vénérable moine médecin dans un pays lointain dont elle n'avait jamais entendu parler: le Cathay!
Gianni l'avait écoutée, fasciné.
Le Cathay, Fra Buffo en parlait quand il lisait aux hommes pour les distraire lors des longues nuits de veille en hiver "la Description du monde" de ce fêlé de Vénitien... comment s'appelait-il encore? Marco Polo?
A un moment, affamé, il s'était levé et était allé à pas de loup chercher quelque chose à manger à la cuisine. Bredouille, il était revenu et s'était recouché glacé aux côtés de Xm, et s'était gorgé de son parfum, de sa peau, de sa douceur sans pouvoir s'en rassasier.
Ils avaient parlé encore. Après le Cathay, il y avait eu les Japons où Xm avait séjourné trois longues années.
Perdu aux confins du monde connu et inconnu, à la limite de ce qu'il était capable d'entendre et de comprendre, il questionna Xm encore et encore. Ces îles, était-il possible qu'il s'agisse du Cipangu?
Xm l'ignorait. Elle les avait connues sous le nom que leur donnaient les Chinois: « ri-ben-guo » : le pays de la racine du jour... Le Pays du Soleil Levant.
Emerveillé, Gianni aurait pu l'entendre parler encore mais Xm, épuisée se blottit bientôt contre lui pour dormir.
Il osa alors lui poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis des heures:
Et ces cicatrices, cara... tu ne les avais pas autrefois... dit il gêné, à l'idée de lui déplaire.
Qui est-ce qui t'a fait ça? On dirait qu'on t'a... fouettée?
Tout contrebandier qui se respecte savait bien quelles marques laissait le fouet et les cicatrices qui couvrait le dos de Xm des épaules aux reins y ressemblaient bigrement, même si elle semblait avoir bénéficié de soins qui en avait permis l'effacement progressif.
Oh...ça... répondit-elle d'une voix endormie. C'est une longue histoire... et je ne sais pas si je vais...
Xm n'acheva pas sa phrase. Elle se pelotonna contre Gianni et ronflait doucement à peine quelques secondes plus tard.
Gianni s'installa le plus confortablement possible pour ne pas la déranger et les recouvrit de la chaude courtepointe de duvet d'oie. Son estomac gargouillait mais il en avait vu d'autre. Il s'était endormi en quelques minutes.
Et voilà que cette porte s'était entrouverte puis refermée, que la dague inutile était restée sous l'oreiller, que le jour se levait, que Xm soupirait et s'étirait... que Xm se réveillait.
Buongiorno... sourit- elle les yeux encore fermés. Bien dormi?
Oh madonna... pensa Gianni.
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La soirée sétait terminée sans qu'il voie réapparaître Xm ou son étrange compagnon à la taverne, aussi, après bien des hésitations, avait-il décidé de rentrer, malgré son vu de ne pas simmiscer dans la vie d'une femme qu'il ne connaissait après tout que de la veille.
Il trouva la porte d'entrée déverrouillée, entra dans la maison, s'avança dans la cuisine et n'y trouva trace de personne, si ce n'est deux gobelets vides sur la table et le grand pichet complètement à sec... Eh bien!
Légèrement inquiet, il alla frapper doucement à la porte de la chambre de Xm. Pas de réponse.
Emporté par sa curiosité et soucieux du bien être de son hôtesse, il entrouvrit sans bruit le battant, qu'il referma presque immédiatement, regrettant, en honnête et droit gentilhomme qu'il était, d'avoir attenté à l'intimité d'une dame: Xm dormait profondément... nue dans les bras du soi-disant prêtre dont la soutane gisait sur le sol au pied du lit.
La porte se referma presque aussi silencieusement qu'elle s'était ouverte.
Gyllaume se retira sur la pointe des pieds dans sa propre chambre.
Dans la chambre de Xm, au moment où Gyllaume refermait la porte, Gianni remua dans son sommeil.
Sans donner à celui ou celle qui aurait pu les observer le moindre indice sur son état de veille quasi immédiate, il glissa la main sous l'oreiller pour y saisir la dague qui ne le quittait jamais. Le contact de l'acier tiédi par la chaleur du lit le rassura et il affermit sa prise sur la garde gainée de cuir. Il entrouvrit les paupières, juste assez pour jeter un regard circulaire sur la pièce, entre ses cils. Nessuno... Personne? Quelle absurdité. Xm...
Dans la lumière grise qui filtrait à travers les persiennes closes, il devinait, plus qu'il ne la voyait, sa silhouette endormie. Le dos tourné vers lui, elle reposait sur son côté gauche, blottie contre lui dans l'émouvant abandon du sommeil, la main droite glissée sous sa joue, l'autre comme suspendue au dessus de sa hanche voluptueuse.
Le souffle coupé, Gianni se redressa sur un coude pour la contempler plus à son aise.
Mamma mia...
Il l'avait pourtant vue ainsi des dizaines de fois. Serrée dans ses bras, embrassée, bousculée, prise...
Il se rappelait la première fois cet hiver là, sept ans plus tôt, dans les Alpes piémontaises. La violence et la passion de leur ... il n'osait même penser le mot qui lui venait à l'esprit.
L'aube presque virginale de ce matin de janvier 1457 était à des milliers de lieues de cette ... « rencontre » et son seul souvenir aurait pu en ternir l'éblouissante épiphanie.
Incrédule devant sa découverte Gianni laissa échapper un soupir étranglé.
Xm remua imperceptiblement et émit un petit ronflement.
Submergé par une vague incompréhensible de tendresse, Gianni se rallongea aux côtés de... sa maîtresse? Il n'osait penser à elle dans ces termes.
Lui qui l'aurait la veille renversée sans scrupule sur une botte de paille, il était là, respirant à peine, tremblant de la réveiller, paniquant à l'idée qu'elle le haïsse en le trouvant ce matin à côté d'elle, la bouche amère et la tête lourde du vin de leur hôte.
Mais non... ce n'était pas possible.
Elle avait forcément senti la même chose que lui... Au delà de la fulgurance du plaisir qui l'avait transpercé avec une intensité inouïe, il s'était senti saisi comme par un poing de fer. De son ventre, de ses nerfs, de sa chair il avait voulu la faire sienne et elle avait répondu à son étreinte. Ses barrières, ses peurs, ses craintes s'étaient effondrées les unes après les autres et elle s'était abandonnée... Elle aussi. Pouvait-il en être autrement ?
Un doute intolérable agaçait la conscience de Gianni comme larrière goût métallique d'un gobelet oxydé gâchant le meilleur nectar.
Et si?
Gianni déglutit difficilement.
Et si rien de tout ça n'avait été réel? Et si cet abandon n'avait été que le fruit de leur ivresse ? Et si... Et sil était seul à aimer?
Gianni ferma les yeux et enfouit son visage dans la chevelure emmêlée de son amante.
Une sensation inconnue lui serrait la gorge, lui chatouillait le nez, lui piquait les yeux. Miarda! Cétait grotesque. Voilà qu'il se mettait à pleurer comme un co.glione.
Un mélange inédit de douleur, de désir, de doute, de tendresse, de passion se bousculait dans son cur de canaille solitaire.
Pour rien au monde il n'aurait voulu que cela continue. Bien trop compliqué.
Pour rien au monde il n'aurait voulu que cela cesse. La vie sans elle?
La main nerveuse de Gianni effleurait sans oser le toucher le dos svelte de sa belle. Un étrange sentiment de compassion, mêlé de répulsion et de révolte le saisit une nouvelle fois à la vue du réseau de fines cicatrices rosées qui marquait la peau autrement sans défaut de la jeune femme. Il soupira à nouveau.
Plaisir et douleur, cela semblait être la clef de bien des énigmes. Il avait limpression maintenant den saisir toute la complexité. Que la douleur soit physique ou morale. Tout comme le plaisir d'ailleurs.
Après l'amour, ils avaient parlé pendant des heures.
Xm lui avait tout raconté : Gênes, le franciscain, son impuissance à la soigner, son incroyable quête à la recherche d'un vénérable moine médecin dans un pays lointain dont elle n'avait jamais entendu parler: le Cathay!
Gianni l'avait écoutée, fasciné.
Le Cathay, Fra Buffo en parlait quand il lisait aux hommes pour les distraire lors des longues nuits de veille en hiver "la Description du monde" de ce fêlé de Vénitien... comment s'appelait-il encore? Marco Polo?
A un moment, affamé, il s'était levé et était allé à pas de loup chercher quelque chose à manger à la cuisine. Bredouille, il était revenu et s'était recouché glacé aux côtés de Xm, et s'était gorgé de son parfum, de sa peau, de sa douceur sans pouvoir s'en rassasier.
Ils avaient parlé encore. Après le Cathay, il y avait eu les Japons où Xm avait séjourné trois longues années.
Perdu aux confins du monde connu et inconnu, à la limite de ce qu'il était capable d'entendre et de comprendre, il questionna Xm encore et encore. Ces îles, était-il possible qu'il s'agisse du Cipangu?
Xm l'ignorait. Elle les avait connues sous le nom que leur donnaient les Chinois: « ri-ben-guo » : le pays de la racine du jour... Le Pays du Soleil Levant.
Emerveillé, Gianni aurait pu l'entendre parler encore mais Xm, épuisée se blottit bientôt contre lui pour dormir.
Il osa alors lui poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis des heures:
Et ces cicatrices, cara... tu ne les avais pas autrefois... dit il gêné, à l'idée de lui déplaire.
Qui est-ce qui t'a fait ça? On dirait qu'on t'a... fouettée?
Tout contrebandier qui se respecte savait bien quelles marques laissait le fouet et les cicatrices qui couvrait le dos de Xm des épaules aux reins y ressemblaient bigrement, même si elle semblait avoir bénéficié de soins qui en avait permis l'effacement progressif.
Oh...ça... répondit-elle d'une voix endormie. C'est une longue histoire... et je ne sais pas si je vais...
Xm n'acheva pas sa phrase. Elle se pelotonna contre Gianni et ronflait doucement à peine quelques secondes plus tard.
Gianni s'installa le plus confortablement possible pour ne pas la déranger et les recouvrit de la chaude courtepointe de duvet d'oie. Son estomac gargouillait mais il en avait vu d'autre. Il s'était endormi en quelques minutes.
Et voilà que cette porte s'était entrouverte puis refermée, que la dague inutile était restée sous l'oreiller, que le jour se levait, que Xm soupirait et s'étirait... que Xm se réveillait.
Buongiorno... sourit- elle les yeux encore fermés. Bien dormi?
Oh madonna... pensa Gianni.
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