Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 7, 8, 9   >   >>

[RP ] La charrette de ma dame est avancée !

--Lablondine
Le 4 mai 1461... La Guyenne...

Depuis quand Lona n'était elle pas revenue sur les terres de Guyenne... pourtant au loin, se profilaient les remparts de Marmande... Marmande où elle s'était installée après être partie de Blaye, Marmande qui l'avait accueillie quand une fois de plus sa vie avait basculé... Pourrait on dire que la vie de Lona n'est pas stable ? Peut être, mais la vie de Lona, elle est ainsi, et elle défie quiconque oserait la juger.

Si elle avait appris une chose ces derniers mois, ces dernières semaines, ces derniers jours, c'est qu'il ne faut porter de jugement sur personne et elle ne tolérerait pas qu'on en porte un sur elle sans connaître le pourquoi du comment de la chose....

Les remparts de Marmande se profilaient à l'horizon, Aely l'avait rejointe après une nouvelle série de contractions. Acanthe s'inquiétait mais bizarrement, les femmes étaient sereines. C'était une affaire de femmes cette histoire, et Lona savait qu'elle serait la quand le moment viendrait pour Aely, de donner naissance à leur enfant. Acanthe sans doute ne serait pas loin, mais il vivrait les choses autrement, comme un homme...

Elle se rappela la naissance de Louise Anne, au creux de la roulotte qui l'avait recueillie quand les choses ne tournaient pas trés ronds. Elle n'avait pu ignorer la présence proche du père de l'enfant, mais jamais il n'était intervenu. Ils avaient essayé de raccrocher les morceaux, mais comme on disait chez elle quand elle était enfant, "Chaussettes raccommodées ne tiennent jamais".

Quelques jours plus tard, Lona brûlait la roulotte et tout son passé... Elle s'installait ici, à Marmande...
Aujourd'hui pourtant, elle ne ferait que passer, un autre livre l'attendait et ce rendez vous la, elle ne voulait pas le manquer. Elle n'avait pas utilisé la bonne encre la première fois, et même si à ce jour, la décision n'était pas claire, elle se dessinait, petit à petit...

Elle ralentit la monture ... le charrette s'arrêta. Ils passaient les portes de la ville.... une ville calme et paisible. Croiseraient ils les autochtones... Lona ne connaissait plus grand monde ici... Demain, l'équipage serait à Agen... l'équipage.... cette pensée la fit frissonner... qu'en est il du fameux équipage...
Elle avait créé le sien aujourd'hui, de bric et de broc peut être, mais elle comptait sur eux et eux comptaient sur elle.


Nous sommes arrivés... Aely ? Acanthe ? nous voici à Marmande.
Lebarbu
[ Montauban – Toulouse ]

Enfin !
Oui enfin, Montauban offre quelques rencontres. Une soirée à trois en compagnie d’une tavernière fort accueillante et d’un ancêtre qui radote quelque peu. Ne pas oublier aussi ce petit habitant, ce petit eux, qui se fait de plus en plus présent. Lassé d’entendre le monde, il semblerait qu’il veuille le voir de près. Et c’est l’Aely qui on subit son empressement.
« Quand j’promène mes mains d’l’autre côté d’son dos j’sens comme des coups de poings, ça bouge. J’lui dis t’es un jardin, une fleur, un ruisseau ! Alors elle devient toute rouge…….* »

La soirée est agréable, même si le patriarche les sème parfois dans la conversation. Et se faire semer par un grand-père, en canne de surcroit, ça n’arrive pas tous les jours.
Il restera de Montauban un bon souvenir.

L’heure du départ approche, le barbu soutient sa promise en la réfugiant tout contre lui pour la mener à la charrette. Porter la vie en soi n’a pas que des avantages.
Le petit bidon, tout joli et tout rond, oblige à des adaptations à la vie courante, la moindre marche demande une attention particulière.
L’équilibre n’est plus sûr et la démarche est chaloupée, mais elle préserve toujours cette grâce qui n’appartient qu’à elle.
Le futur père s’amuse parfois de voir sa merveille faire et cette façon qu’elle a de poser ses petites menottes sur son ventre pour apaiser le gigoteur, pour négocier une trêve….ça l’émeut. Alors il négocie aussi avec le mouflet, une paluche posée sur la bedaine rebondie et ses lèvres caressant la peau de sa douceur.

Le pucier est là, deux ou trois marches mèneront à lui.
Et cette dernière ascension, l’Aely la fera dans les bras de son homme, ses bras enserrant le cou du pêcheur et la tête tapi au creux de son épaule.
Il la dépose délicatement sur la couche de paille, la déshabille….un peu, la contemple…beaucoup, la désir…passionnément, l’aime…à la folie. Comme une marguerite qu’on effeuille, la belle se laisse faire, murmurant des mots doux que son regard confirme.
Mais le temps n’est pas aux folies corporelles, aux nuits où deux ne devient qu’un. Les amoureux ont laissé de côté le jeu de la bête à deux dos depuis quelque temps, pas de sensationnel à vous mettre sous les yeux ni d’offenses envers le puissant.
Ils sont justes là, l’une contre l’autre, finalement même comme ça ils ne font qu’un.
C’est une tête sur un torse, des lippes qui se cherchent, des mains qui effleurent, des regards qui se croisent, des peaux qui se touchent, des doigts qui se côtoient, qui s’entremêlent, qui caresse l’épiderme…….du bas du dos, du dos, du visage…..qui s’attardent sur le mont…..où le petit habitant semble endormi.


- Reposes-toi ma douceur ! J’reste prêt d’toi, après j’irai prendre la place de Lona.

La charrette est en route depuis un moment et la belle a rejoint Morphée. Avec douceur il se dégage de l’étreinte, avec regret il quitte les bras de la promise déposant un baiser et la couvrant de chaud.

L’Acanthe rejoint Lona, s’installe à ses côtés et tous deux palabrent de choses et d’autres durant un temps. De savoir qu’elle sera là quand le bébé pointera le bout de son petit nez le rassure.
Même si la ventrière a déjà posé une condition : Pas de barbu dans la charrette pendant l’accouchement ! Au moins il est prévenu.


- Tu peux aller dormir Lona, j’prends les rênes !

* Renaud - En cloque
Laely
Depuis combien de temps cheminaient-ils à travers les contrées, sur les chemins poussiéreux. Aely n'aurait su le dire. Depuis Marmande elle n'avait point quitté la charrette, sombrant dans une semi somnolence avec pour seuls échos les voix de ses deux amis résonnant dans ses oreilles..."Toulouse ma chérie..." Castelnau Aely..."

Depuis deux jours, son sommeil était agité, son ventre se contractait de plus en plus fréquemment sans pour autant ressentir les signes avant-coureurs d'un accouchement imminent.
Des gouttelettes de sueur perlaient sur son corps que son tendre mari épongeaient avec beaucoup de douceur et d'attention.
Lona conduisait la charrette du mieux qu'elle pouvait, indiquant à Héphaïstos les ornières à éviter, limitant ainsi les cahins, les cahas et les cahots.

Étrange quand même cette pensée subite qui surgit soudain dans ses pensées. Sa mère est là au-dessus d'elle, comme un signe, lui narrant cette étrange histoire qu'elle lui avait raconté un soir à la veillée...

En bonne fille affectueuse et reconnaissante qu'elle était, Aely ne perdait jamais une occasion de faire plaisir à sa maman. Jamais. Même morte.
Des imbéciles galonnés apprennent aux jeunes recrues de l'armée que la patrie c'est leur mère. Elle dément vigoureusement, les attaque en blasphémation, leur dénie le droit d'oser propager une pareille image. C'est la mère qui est notre vraie patrie. La mère, un point c'est tout !

On connait les théories de la brune sur le problème. On la juge énervante dans son genre avec ses idées sur la famille. Bah elle les emme... Aelyenor. Même s'ils ont raison. Faut toujours emmer...les gens qui ont raison. C'est une tactique infaillible, position de repli suprême. C'est là sa force à la brunette, elle emmer...d'instinct et profondément avec une rare ferveur tous ceux qui ne sont pas d'accord avec elle...

Le délire. Elle délire à fond, voilà qu'elle parle tout haut, racontant cette histoire, l'histoire perpétuant leur génération...
Elle tend ses mains tremblantes et happe la chemise de son homme, serre ses petits doigts humides dans son bras et raconte...


- Mon amour...cueille-moi des coquelicots. Je veux les voir. J'aime les coquelicots, c'est une fleur vouée à se faner si on la cueille, elle a pour vertu de pouvoir germer à peu près partout à condition que le temps s'y prête et qu'un auguste semeur l'ait allègrement faite voler à tout vent.

Le coquelicot est une force de vie en mouvement, en tout cas il a poussé tout au long de mon chemin, celui de ma vie. Je l'ai cueilli dès l'enfance parce-que sa fleur portait une couleur de révolte, parce-que sa tige est fragile et qu'il se contente de peu...à chaque injustice ressentie, dès que je sentais le fossé se creuser avec l'autre, je semais des graines de coquelicot afin de rendre visible et coloré, mon refus de ce monde là ; j'ai alors orné les desseins de mes ancêtres.
Tous ces chemins cachés de notre vie quotidienne et spirituelle qu'on ne peut vraiment bien parcourir qu'en chantant l'esprit d'une révolte sans haine, un vieux refrain d'enfance doucement resurgi au rythme de nos pas comme l'haleine de notre cœur.

Tels étaient parmi ces " chemins chantants ", les étroits sentiers inondés de lumière que parcouraient les antiques glaneuses qui partaient à la tâche, de bon matin, en chantant un doux et merveilleux refrain : " A la glane... le bleuet se fane, le coquelicot renaît dans les champs de blé...qui donc a lié si mal les javelles ?"
Oui, qui donc avait lié si mal les gerbes, sinon le maître des champs qui avait donné l'ordre à ses moissonneurs de ne pas lier trop fort leurs gerbes pour que les pauvres et joyeuses glaneuses puissent faire dans son champ une plus ample provision d'épis gonflés de grains nourrissants comme l'avait fait le Booz du Livre des Vertus (livre de Ruth) et c'est ce que voulait rappeler le beau refrain des glaneuses.
Quel bonheur qu'il restasse dans nos villages de vraies glaneuses d'une pauvreté si grande et si réelle que le peu de blé récolté à la glane leur était précieux. Mais cette pauvreté était non seulement acceptée sans murmure et sans plainte mais reçue plutôt comme une grâce. Elle n'avait rien de commun avec la misère, encore moins avec cette continuelle complaisance envers l'argent.

Tu sais mon ami, elle a passé bien vite cette grande enfance au hameau de mes ancêtres auprès d'une sainte et admirable grand-mère sachant dire non à la fatalité et offrir un oui au genre humain, une main tendue...geste simple mais ô combien révélateur de l'acceptation et de la reconnaissance de l'existence de l'Autre.
Dès lors, l'orpheline de fait et de cœur, l'adolescente puis la jeune femme oublia certains moments tragiques pour continuer le chemin qui lui était destinée et entrer dans le monde comme un grondement...comme un tonnerre...


Elle se met à fredonner doucement...

- Et moi qui vis, en un lieu entouré de champs de coquelicots. J'ai déjà commencé ma propre révolte...
Et oui, on la sent là, tout près...
Si je ferme les yeux, je sens dans le creux de ma main, la colombe qui dort, penchée sur la graine et je murmure : comme un p'tit coquelicot mon âme !...*

Va me chercher des coqueli...
Aaaaaaaaaaaahhhhhhh ! Lona ! C'est le moment ! Lona !!! Je suis trempée ! Il arrive !...Acanthe ! Va chercher Lona !...


Sources : les quatre dernières lignes sont tirées de la chanson de Mouloudji (Comme un p'tit coquelicot mon âme)
Lebarbu
Comme souvent depuis un moment, l‘Acanthe et Lona s’échangent les rênes d’Héphaïstos pour mener la charrette sur les poussiéreux chemins du royaume.
Ils passèrent les remparts de Toulouse, sans regret, et les pas sûr du canasson les mènent maintenant vers Castelnaudary. Une étape de plus avant Narbonne, avant l’Italie.

Depuis quelque temps les contractions se faisaient plus fréquentes et plus violentes, les nuits de l’Aely étaient agitées et son bonhomme de futur mari tentait d’apaiser les souffrances de la brune et son inquiétude grandissante. Parce qu’il s’inquiète le barbu…..parce qu’il ne sait pas comment soulager celle qu’il aime tant.

Ce soir Lona conduit l’hippomobile, la nuit est claire et les étoiles accompagnent le voyage. Mais à l’arrière de la charrette le calme est relatif. L’Acanthe veille sa femme, lui murmurant des mots doux et apaisant à l’oreille.
Il est penché sur elle, éponge sa peau perlant de sueur, lui passe un tissu imbiber d’eau froide sur le corps.
Il se sent tellement démuni, il n’a que sa douceur, son attention et sa présence pour lutter.
Lui caressant le visage, il lui glisse à l’oreille

- Ca va aller mon amour ! Ca va aller, j’suis là, à tes côtés !

Pas crédible pour un sous le barbu tant il est soucieux ces derniers temps de la voir ainsi. Elles ont beau lui répéter de ne pas s’inquiéter, lui ne peut pas faire autrement et encore il en garde une grande partie bien cacher à l’intérieur.
Et tous ces gens qui lui disent que ce n’est pas prudent de voyager en étant sur le point d’accoucher, ça ne l’aide pas à se calmer non plus.

Il la couve du mieux qu’il peut sa merveille, épongeant encore et encore son petit corps aux courbes changeantes.
Mais voilà qu’elle l’agrippe par le bras, les doigts s’enfonçant dans sa peau de barbu, et qu’elle réclame des coquelicots.
Des coquelicots ! Il hésite, la regarde. Des coquelicots ! Elle veut voir des coquelicots !
On lui avait dit qu’elle aurait peut-être des envies étranges, mais pour sûr qu’il ne s’attendait pas à ça.

Il est presque prêt à se précipiter dehors à la recherche de cette fleur ou plutôt lui expliquer qu’il en cueillerait plus tard, mais la belle continue son monologue, le flot de paroles est libéré.
Alors il l’écoute, avec amour, avec attention, il écoute cette histoire le regard plongé sur son Aely, laissant une paluche se promener sur le ventre arrondi.
Mais sous la paluche, justement, il se passe des choses que le barbu ne comprend pas encore.


Va me chercher des coqueli... Aaaaaaaaaaaahhhhhhh ! - il sursaute, pose une main sur son visage –
- Aely !!!!!!!

Lona !!! Je suis trempée ! Il arrive !... – c’est la panique à bord pour le barbu, le pucier est noyé et la belle se tord -
- Il arrive ?????

Acanthe ! Va chercher Lona !...
- Il arrive !!!!!

Branle-bas de combat dans la tête du père.
Ne pas paniquer ! Ne pas paniquer !..............C’est peine perdu d’avance.
Il tient la main tremblotante tout contre lui

- Lona !........Lona !
J’reviens Aely, t’inquiète pas !

Il revient oui, faut dire qu’il ne part pas vraiment loin. Juste le temps de passer la tête par la toile servant de toit et d’alerter Lona, que le cri avait sans doute déjà mis en éveil. Avec un peu d’affolement dans la voix, bon oui ! Beaucoup d’affolement dans la voix.
- Il arrive !! Lona, il arrive ! C’est Aely…..elle a per……viens vite !

De retour auprès de sa belle, il lui prend la main, lui passe l’autre sur le visage et l’embrasse sur le front.
- Elle arrive mon amour ! Ca ira, on est là !
……………..
Je t’aime !
--Lablondine
L'agitation gagnait elle l'arrière de la charrette.... si seulement elle n'avait pas brûlé sa roulotte à Blaye, c'est ce qu'elle conduirait aujourd'hui et c'est la qu'Aely aurait pu donner naissance à ce petit être qui cognait à la porte depuis quelques jours.

Lona avait cherché remèdes pour soulager les contractions, les rendre plus supportables, mais la nature était la nature, et la, la Dame Nature avait décidé que la poire était mûre... Le dernier cri d'Aely ne laisse plus de doutes, et l'appel d'Acanthe encore moins !
Lona sert fort les rênes pour arrêter la monture.


Hephaistos, je crois que je vais avoir autre chose à faire que te conduire la....

Les portes de Carcassonne ne sont pas loin, quelques centaines de mètres, tout au plus. La blonde se penche vers l'arrière de la charrette où Acanthe avait rejoint la parturiente.

Acanthe, cajoles la, tiens lui la main. J'amène la charrette un peu plus prés de la ville. Aely, ça va aller ma belle, tout va bien se passer. Respires, respires bien, je nous approche....

Elle ne finit pas sa phrase, l'important n'était que de se rapprocher de la où ils pourraient trouver eau et feu. Elle range la charrette et rejoint l'arrière de nouveau.

Mes amis, nous sommes aux portes de la ville. Acanthe, tout ira bien, peux tu aller me chercher de l'eau, les linges, on les a. Demandes à quelqu'un d'apporter une torche, et montes un feu de camp. Nous ferons chauffer l'eau.
Aely, tu assures ma belle, continues comme ça...


Elle posa la main sur le front de son amie, sa conscience. Elle repense à leur rencontre.
Que serait elle devenue, elle, la blonde passablement instable... les choses avaient elles tant changé finalement. Même si la n'était pas la question, c'est ce qui traversa l'esprit de notre Blonde au moment présent.

Acanthe et Aely, ses deux amis, fidèles. Ses consciences, comme elle l'avait réalisé ces derniers jours.

Elle reporta son attention sur la brune. Ce n'est que d'elle qu'il était question pour le moment.


Aely, Acanthe est parti chercher de l'eau, il revient, et il te tiendra la main. Moi, je vais t'aider à sortir ce petit bout de vous. Tout se passe bien, je vais devoir regarder où en est le travail. D'accord ?

Lona longea les ridelles de la charrette, releva les jupons de son amie. La situation lui paraissait quelque peu surprenante mais elle repensa à la naissance de Louise Anne et à l'aide que Cybella lui avait apporté. Elle n'avait pas de barbu à ses cotés ce jour la, et à ce moment précis, elle réalisa combien, même si c'était une affaire de femmes, Aely aurait besoin de son tendre. Elle attendit le retour d'Acanthe et lui annonça tout de go :

Acanthe, tu fais le feu, tu fais chauffer l'eau et ... viens me rejoindre à la charrette, dans la charrette, c'est la que tu soutiendras le mieux Aely.

Elle ponctua sa phrase d'un sourire. S'ils savaient tous les deux, toute l'affection qu'elle avait pour eux...
Laely
Quand un accouchement devient une entreprise

- Lona ! Acanthe !


La brune entend juste Lona prendre les choses en main, demande à Acanthe de la cajoler le temps qu'ils soient aux abords d'une ville. Mais quelle ville ? Depuis Montauban elle ne savait plus où ce voyage les menait.
Le barbu passe un bras autour de ses épaules pour la soutenir, l'autre main lui palpe le ventre tendu perclus de péristaltismes.


- Va falloir que j'y aille mon amour, je peux plus...

Puis c'est l'arrêt, le cheval qu'on détache, et Lona qui envoie l'Acanthe à la pêche aux bassines, aux torches et aux linges.

- Faut plein de bassines ! Trouve des linges, des langes, regarde dans la malle il y a deux grosses toiles de lin, tes essences de mauve ; donne-les à Lona, l'huile de lin aussi...et n'oublie pas que je t'aime !

Puis regardant Lona de ses yeux suppliants, elle s'agrippe à tout ce qu'elle trouve de solide et geint.

- Tu sais comment on fait hein ? Oui tu sais, tu as déjà accouché et puis tu es une experte dans l'art et la manière de sortir un veau, d'aider les génisses à vêler, des pouliches à mettre bas ; ça ne devrait pas être plus compliqué avec moi.

l'Acanthe est déjà revenu. Il a fait vite pour un homme, ne semble pas trop (en apparence) perdu et retourné par l'évènement ; ou alors il fait preuve d'un sang-froid inouï.
L'eau bouillait déjà dans un énorme chaudron ; il la verse dans une énorme bassine, remet un chaudron à chauffer et ainsi de suite jusqu'à ce que le baquet soit rempli.


- Lona...j'ai mal...très mal...

Son front est trempé de sueur, mais ce qui l'inquiétait le plus était cette douleur atroce, ces contractions maudites qui lui déchiraient le bidon.

Dans lequel tout se précipite

Tout se passe bien, je vais devoir regarder où en est le travail. D'accord ?

Délicatement elle place une main sur le ventre tendu de la brune. Comment se présentait l'affaire ? Elle n'osait rien demander, préférant la laisser travailler en paix, ne pas porter d'angoisse supplémentaire, être forte, tout accepter et suivre les conseils de son amie.
Ses yeux pourtant se font larmoyants. jamais douleur ne fut tant intense.


- Ça vas pas ma Lona...

C'est à ce moment précis, où la décontraction et la sérénité de la blonde prenaient le dessus qu'une contraction plus intense que les autres la coupa en deux.

- Par Saint Prépuce ! Y'à urgence ! ça fait mal Acanthe ! Bouge tes fesses princières et vient me tenir la main !

Mmmmmmmppppfffffffffff...Lona....Gniarrrrifffffpa ! Sors-le ! Fais un effort ma Lona...je te jure que je te paye le plus grand atelier de couture de la ville...alleeeeeezzzz !!!
Merdeuuuuh...il arrive...la poche est rompue.



Elle sent Lona qui l'explore comme le ferait une ventrière expérimentée. Elle a de la chance la brunette de l'avoir, aussi bien comme confidente que comme femme ayant grande expérience. Elle l'entend...des mots simples, des mots rassurants mais fermes, et son Acanthe qui la soulève, qui harangue, qui lui dit des mots doux...mais elle s'en fout des mots doux en cet instant, elle veut l'expulser ce marmot qui lui ronge le ventre.

- Bien, on s'allonge, tête relevée. Tes mains...oui, tes mains, agrippe toi à ton homme, serre le fort...très bien...écarte un peu...serre pas les fesses ça sert à rien. Bouge pas j'explore...

- P...c'est ouvert ! Je suis à combien de doigts ? Trois doigts pour l'Acanthe ? Dix pour toi ?

Fallait voir Lona discuter le coup avec Aely de toutes les comparaisons de doigts, la main placée où vous savez et tâtonnant pour mesurer la dilatation et surtout chose ô combien essentielle de la grosseur des doigts.

- Moi je dirais finalement six doigts...pfff, cinq ? Non, cinq ce serait plus des doigts mais des saucisses...tu sens des trucs là ?...hein ? J'ai envie de faire pipi ! Non ! Plus envie ! T'aimerais que je m'affole un peu hein l'Acanthe, ben j'peux pas ! Je sens plus rien ! Même pas l'envie de pousser !

Et Lona tentant par tous les moyens de la rassurer...elle est certaine Aely que tous deux aimeraient qu'elle la ferme, qu'elle rentre dans sa bulle, qu'elle respire par grandes expirations...

La blonde appuie sur le ventre de la pauvre Aelyenor qui n'en peux plus, il fait chaud, très chaud...la trouille quoi.
l'Acanthe ne moufte pas, se laissant lacérer les bras par les griffes de son amante...si ça pouvait aider...


- Le bébé...le bébé...il arrive...je le sens...il arrive...

Puis le néant. Le crépuscule et une douce vapeur qui l'envahit. Tout tourne autour d'elle, des mots qui tintent à ses oreilles, ça rit et ça s'accolade, ça s'embrasse...
A peine entend-elle ces simples mots : Il est là ce bébé, il est beau...il crie...comme son père...puis le trou noir et la brune se laisse emporter dans les limbes.
Lebarbu
« L'accouchement est douloureux. Heureusement, la femme tient la main de l'homme. Ainsi, il souffre moins. » Pierre Desproges


C’est aujourd’hui, aujourd’hui que le mouflet qui cohabite avec l’Aely depuis neuf mois décide de prendre un peu d’autonomie. Aujourd’hui que ce petit bout d’eux décide de quitter le cocon maternel pour trouver des bras aimants.

Le barbu est auprès de sa belle, accroupi au bord du pucier, il sait que ses minutes dans la charrette sont comptées.
Une main posée sur le front de la mère qui caresse le joli minois, l’autre servant de défouloir à chaque contraction.
Il la regarde sa petite femme, sa merveille, c’est toute sa vie qu’il a sous ses yeux. Il tente de dissimuler sa nervosité grandissante, à chaque cri, chaque souffle, chaque douleur qu’elle subit, il a le cœur qui s’emballe, le corps qui devient tout coton.

- Il s’ra bientôt dans nos bras c’t’enfant ! Et tu lui racont’ras des histoires comme tu sais si bien faire……

Elle a mal ! « Tu enfanteras dans la douleur ! », il ferait moins le fier s’il était là, à la place de l’Aely. Et ce qu’il n’avait pas prévu le bougre, c’est qu’elle devrait aussi plus tard gagner le pain pour la famille à la sueur de son front.

Lona conduit la charrette sur les derniers mètres, elle rassure son monde et donne les premières consignes. Le barbu applique, il cajole et tient la main.
Le convoi s’immobilise et la ventrière fait son apparition, sereine elle prend les choses en mains.


- Acanthe, tout ira bien, peux tu aller me chercher de l'eau, les linges, on les a. Demandes à quelqu'un d'apporter une torche, et montes un feu de camp. Nous ferons chauffer l'eau.

- …… Trouve des linges, des langes, regarde dans la malle il y a deux grosses toiles de lin….. donne-les à Lona, l'huile de lin aussi...et n'oublie pas que je t'aime !


Le barbu s’exécute aussitôt, après avoir déposé un dernier baiser sur le front de sa douce et murmuré un « moi aussi j’taime » il saute de la charrette tout en se répétant : Chercher de l’eau, demander une torche, mettre l’eau à chauffer, trouver des linges et des langes, prendre les deux grosses toiles de lin et l’huile !
Eau, torche, linges, langes, toiles et l’huile !

Il court vers les gardes qui protègent l’entrée de la ville et affole tout le monde, rameute tous ceux qui passent à sa portée.


- Ma femme accouche ! Il m’faut d’l’eau, beaucoup d’eau et une torche aussi

Quand il y a urgence il se fait bien moins discret le taciturne, mais convaincant pour le coup, aidé il est vrai par les cris de l’Aely qui parviennent jusqu’aux remparts. Très vite un petit groupe se mobilise et part en quête du précieux liquide. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire une bonne quantité d’eau est réunie, un villageois à même la bonté d’apporter une petite charrette pour le transport.
Remerciant le monde, il repart en direction de sa femme emportant avec lui une torche qui trainait dans le coin.

Il tente de garder son calme, de respirer mais l’agitation de la charrette ne le laisse pas tranquille. Ca s’agite dans tous les sens en la caboche.


- Acanthe, tu fais le feu, tu fais chauffer l'eau et ... viens me rejoindre à la charrette, dans la charrette, c'est la que tu soutiendras le mieux Aely.

Un peu surpris, il a autorisation d’être dans la charrette, lui qui se voyait déjà faire les cent pas devant, triturant chemise et mains en attendant. Lona lui avait pourtant dit quelques jours auparavant « c’est une affaire de femme », mais il ne se fera pas prier pour rejoindre sa tendre future épouse.
Le feu est allumé, le chaudron est mis dessus et l’eau dedans. Pour l’instant il n’oublie rien.
Il se répète : Eau, torche, linges, langes, toiles et l’huile !
Le barbu remonte à l’arrière, jette un coup d’œil rapide sur les événements mais n’ose pas vraiment regarder ce qui se passe sous les jupons de sa belle. Il fouille dans les malles, tant pis pour le désordre, en sort les deux toiles de lin et les tend à Lona, puis fouille de plus belle pour trouver les langes, oui ils avaient prévu le coup, et les posent à côté.
Et l’huile, il a failli oublier. Il se demande d’ailleurs à quoi peut bien servir cette huile de lin.
De retour à l’extérieur il transvase l’eau bouillonnante puis en remet aussitôt à chauffer. Et recommence l’opération.
Il a comme l’impression d’être en roues libres. Son corps fait les mouvements mais son esprit est tout ailleurs. Il va être père….. !


Y'à urgence ! ça fait mal Acanthe ! Bouge tes fesses princières et vient me tenir la main !

C’est un barbu tout penaud qui surgit dans la charrette et se précipite vers la main en attente d’un souffre-douleur.
Il la soutient, lui serre sa petite menotte, lui éponge le front ruisselant, bafouille quelques mots qui semblent inutiles dans une telle situation.
La poche est rompue ! Mais de quelle poche elle parle se demande-t-il ?
Se calant derrière elle, la tête de sa merveille plaquée contre lui, il ne comprend pas trop cette histoire de doigt. C’est pas le moment de débattre de la grosseur des doigts. On discutera de ça plus tard, y a une femme qui accouche là, sa femme ! Tout ce qu’il sait lui, c’est que ceux d’Aely se plantent dans ces bras, s’enfoncent dans sa peau. Et qu’ils ont beau être tout petits et fin, ils peuvent en faire du dégât.
La bouche collée à son oreille il tente vainement de la rassurer

- Chuuuttttt ! T’es merveilleuse Aely, laisse faire Lona. Ca va pas durer !

On voit bien qu’il n’est pas à sa place le barbu.
Lona fait ce qu’elle sait faire et lui observe les manipulations.


Et puis un cri qui surgit des jupons……des mains qui desserrent leurs étreintes, la mère qui semble avoir tout relâché et le père tout sourire devant l’enfant que Lona montre au grand jour.

- Ca y’est ma douceur ! Il est là !........Il est là ! Je t’aime mon amour.

Le barbu regarde le petit gigoteur, le petit oui ! Un petit garçon, tout petit, tout minuscule. Un futur pêcheur a n’en pas douter.
Il passe ses bras autour de sa Aely et l’embrasse sur la tempe.

- Regarde Aely ! C’est un p'tit ! Aely……Aely.....!

Il n’y a plus personne aux commandes de sa belle, reposant sur le barbu elle a perdu connaissance. Ce qui, vous vous en doutez inquiète un peu son homme.
Lona s’occupe du mouflet et l’apporte près d’eux en félicitant les nouveaux parents.
Laely
Put...qu'est ce qui lui arrive à la brune ? Des mois qu'elle se préparait à cet instant de grande dramaturgie, quelque chose d'inconnu qui se rassemblait en elle, genre maladie incurable voyez-vous ? Un manque qu'elle ne parvenait pas à combler. Chagrin informulé, sournois...et voilà qu'au dénouement elle sombre dans les vapeurs, dans les salades.

C'est la voix de l'Acanthe qui lui offre un brusque retour à la réalité.


- Regarde Aely ! C’est un p'tit ! Aely……Aely.....!

Ça tournevire dans sa cervelle. Impossible de faire un geste, écoutant juste son palpitant battre ; puis enfin, le retour à la vraie vie.
L'existence est vacharde quand même, qui unit les êtres, parfois les désunit. Ce n'est pas à son homme ni à ce petit être auquel elle vient de donner la vie qu'elle pense à l'instant Aely, mais à Lona.


Elle se redresse sur les coudes péniblement et regarde son amie tenant enveloppé déjà dans un linge le petit bout. A cet instant la brune comprit combien Lona comptait pour elle et était quelqu'un de bien, un petit caractère, un courage indomptable ; certains diraient une sotte témérité, peu importe, mais une générosité proverbiale, respectable et respectée.
Aelyenor la connaissait bien, intérieurement parfois désarmée par une caste supérieure se montrant agressive, manipulatrice, ricanante ou hostile, ne suscitant que mépris ; mais la belle blonde ne montrait rien, ce qui faisait parfois enrager certains, sans comprendre que leurs façons de faire l'affectaient.

De son regard brouillé par l'effort et la fatigue, elle considère Lona d'une regard grave et reconnaissant. Désire d'abord la serrer dans ses bras pour la remercier. Pas pour l'accouchement. Enfin pas que pour ça. Non. Pour ce qu'elle était.

Aely enfouit sa frimousse fiévreuse dans les cheveux de Lona.


- Merci...merci pour tout belle amie.

Puis elle tourne son visage vers son homme, les yeux embués de larmes.

- T'en fais pas vieux brigand, je ne t'ai pas oublié.

Elle lui sourit et tend sa main vers celle de son pêcheur.

- Sois pas jaloux...Sous peu tu te consacreras entièrement à cet enfant, tellement entièrement que c'est moi qui serais laissée de côté. Je suis certaine que tu vas bifurquer dans l'écriture et écrire un grimoire universel et l'intituler : "J'élève mon enfant", tu me délaisseras pour ses terreurs nocturnes, ou bien tu me serineras parce-que le môme a les testicules qui seront pas descendus, sans parler de ses dents qui te feront souffrir ! Bébé ! Le lot de mon Acanthe.

Je t'aime mon barbu...


Un baiser sur ses lèvres, puis un regard qui se tourne vers Lona, debout comme la Très Sainte Vierge Maria, tenant le petit bout s'éveillant à sa nouvelle existence.

Oh la vache ! La brune en est toute secouée. Vous verriez cette merveille...ouais, on a beau posséder quelques dons littéraires, faire jeu égal avec Platon ou François Villon au niveau de la prosodie, il est des instants bouleversants où les mots ne sortent pas...*

Il a les pommettes saillantes et les lèvres ourlées entrouvertes comme sa mère. Mais là s'arrête la ressemblance. Tout le reste est signé Acanthe ; les yeux, la forme du visage, le nez, les oreilles et jusqu'aux ongles des pouces plus larges que la normale.


- Ton fils Acanthe. Il est splendide. Tu as formidablement bien travaillé...au fait, vous êtes certains que c'est un garçon ?

* Quelle cervelle ramollie irait supposer que je suis prétentieuse ? J'espère que vous comprenez la plaisanterie !
--Lablondine
Il est des moments dans la vie, où, se poser des questions devient illusoire. Notre blonde s'en posait pourtant beaucoup de questions ces dernières semaines, sans réellement trouver une réponse mais ce soir, elle allait devoir concurrencer Socrate et son art de la maieutique (spécial dédicace jd Acanthe !). Lui avait pour mode d'accoucher les esprits, Lona, elle, n'étant pas à un défi prés, accoucherait son amie, sa chère Aely, sa conscience, sa deuxième conscience...

Pousses Aely, pousses, dés que tu sens une contraction, ou même si tu sens rien que cette envie de pousser, tu pousses. On s'en fout du nombre de doigts, on s'en tamponne le coquillard !

Son amie souffrait mais bientot elle serait délivrée. Déjà la tête de l'enfant s'engageait et tout s'annonçait sous les meilleurs auspices. Lona jetait régulièrement un oeil au visage de la jeune mère, son compagnon au bras lacéré, et revenait à ce petit être qui allait aujourd'hui, sourire à la vie. En tout cas, sans aucun doute lui hurlait tout ce qu'il pourrait et Lona l'espérait surtout. Elle n'avait qu'une crainte, que l'enfant ne crie pas vite... mais ça ... ça serait après.

Sa tête est la !


Rassurer la future mère, penser à la rassurer, son regard était chargé d'anxiété. Quoi de plus normal... Lona se rappelait les mots rassurants qu'elle avait entendu quand elle pensait mourir en donnant la vie à Louise Anne. Ne réclamait elle pas de mourir justement, sentant ses forces diminuer... Revenons à Aely, Lona n'est pas égocentrique après tout.

L'enfant continuait sa progression, Lona dégagea une première épaule, puis la seconde glissa... et tout le petit être, seulement lié encore par le cordon au corps de sa mère, lien physique qui serait trés vite dépassé par le lien invisible qui lie l'enfant à sa mère tout au long de sa vie. Lien fusionnel que personne ne peut comprendre...s'ils n'y sont pas initiés.

Le lien physique rompu, Lona enveloppa l'enfant dans les langes et se pencha au dessus de son amie... aux abonnées absentes... elle faillit sursauter, se rappela la présence de ce petit être au creux de ses bras. Pourtant l'envie pressante de quelques claques sur les joues pâles d'Aely monta à l'esprit de la blondine. Elle préféra la renvoyer dans ses foyers, voyant soudain les yeux de la brune papilloner.


T'as pas fini de me faire des sueurs froides toi !


D'un bras, elle tenait toujours l'enfant, de l'autre s'essuya le front dégoulinant... Elle fut surprise de l'étreinte de son amie, vacilla mais lui fut reconnaissante. Un lien invisible les unissait aussi ces deux la... pourquoi... ça, elles le gardaient pour elles... le savaient elles seulement...

Elle tendit l'enfant aux bras de ses parents.


C'est un garçon mes amis, un magnifique garçon...
Ma tâche est terminée.


Déja elle rassemblait les linges souillés, elle enveloppa la délivrance, et descendit de la charrette.

Je vous laisse à votre bonheur, tous les trois, je ... je... je vais ranger ça... Faire un tour... je ne sais pas.

Sa voix se perdait déjà. Elle passa aux cotés de l'équidé, serein, s'éloigna de quelques pas et laissa couler quelques larmes. Personne ne saurait dire si c était des larmes de joie... la fatigue serait la meilleure des excuses.
Caemgen
Une lettre pleine de taches d'encre, toute froissée avec des erreurs de ponctuation...

Citation:
Salut Papy barbu !

C'est le blondinet qui vous écrit pour vous donner des nouvelles de Millau.
Vous devinerez jamais qui c'est qu'on voit souvent au panneau d'information des pêcheurs ! le vieux grincheux ! et pas pour râler non non (enfin si peut-être un petit peu quand même). C'est lui qui file tous les bons coins.
Moi j'ai pas toujours le courage de bien remplir la carte alors je laisse juste un mot sur la panneau. Je suis un peu paresseux je crois.

Le village... bah la routine, on se debrouille même si notre forgeronne préférée nous manque. Le manque de bois se fait sentir, les artisans peuvent pas toujours travailler comme ils le voudraient. Mais on se laisse pas décourager pour autant, certains villageois vont d'eux-mêmes en chercher et j'hésite à participer à la prochaine expédition. C'est que j'y connais rien en bûcheronnage moi ! mais ça me ferait un peu sortir de Millau. Suis pas comme vous moi, je traverse pas des comtés entiers, je connais que mon petit village.
Je m'inquiéte pour Fulgar : ça fait 4 jours que je ne le vois plus et il est pas au monastère. Je frappe chez lui mais y a pas de réponse. J'espère qu'il n'est pas malade.

On va bientôt changer de maire... le temps passe vite... Ah, au fait, j'suis devenu douanier ! C'est rigolo comme boulot. Même si on trouve parfois des drôles de trucs le matin !
Les moutons ça va pas fort, sont tous malades les derniers temps. Je pense de plus en plus à changer d'orientation pour du blé. Le blé au moins ça tombe pas malade. D'autant que je viens de faire la demande au conseiller pour passer meunier ! je suis pressé de commencer, ça faisait longtemps que j'attendais ça. Du coup, je suis un peu ruiné. Mais bon, faut bien acheter l'échoppe. Je dors plus dans ma bergerie maintenant. Je me suis installé dans une maison près de l'église.
Ce qui m'empeche pas de rater tous les offices quand même !


Vous revenez bientôt ? comment va la dame ?

Cae

_________________
Anglophone
Lebarbu
La brunette perd connaissance et c’est le ciboulot du barbu qui s’emballe, inquiet il lance des regards d’appels à l’aide à Lona qui se penche sur la souffrante.
Mais la belle revient parmi eux pour le plus grand soulagement de la ventrière et du père. Il a le cœur solide le barbu, mais faut pas trop jouer avec quand même, c’est fragile un taciturne derrière sa carapace.

Il laisse la gent féminine s’étreindre, lui a le regard fixé sur le petit gigoteur.
Le petit, tout petit, minuscule bout d’eux. Des petits pieds, des petites mains, un petit nez……il n’a jamais rien vécu de pareil le novice papa.
Oooh !...............c’est beau……c’est bon……..c’est beau………..c’est bon…… !
N’en menant pas large pour autant, il reste sans un mot, sans un geste face à ce petit être qui le rempli pourtant déjà de bonheur.
Il voudrait tendre une paluche vers lui, la poser contre lui, à peine l’effleurer même, juste….un premier contact. Mais il reste pantois, ne détachant plus son regard de ce petit Kundera.


- T'en fais pas vieux brigand, je ne t'ai pas oublié.

Il faut bien les mots de la promise pour le sortir de ses songes, lui enlever cet air ahuri qui avait pris place sur son visage.
Se tournant vers la merveille, il prend la main tendue et sourit. Elle a les yeux aux reflets lacrymaux, ce goût salé quand il dépose un baiser. Lui ne dit pas un mot, à croire qu’il a définitivement perdu la parole.
Exprimer la colère est une chose facile, on crie, on hurle, on insulte parfois.
Mais le bonheur ? Existe-t-il un mot assez fort pour exprimer le bonheur que l’on peut ressentir dans un instant pareil ? Sans doute qu’un homme ou une femme de lettres aura trouvé un nom scientifique à poser dessus.

Pour l’instant il l’écoute, elle parle de grimoire, de dents qui font souffrir, de testicules qui descendent pas « c’est quoi ça ? », encore une chose qu’il faudra lui expliquer au barbu. Ca et le nombre de doigts, parce que l’Aely en débat et Lona s’en tamponne le coquillard, alors ça l’intrigue.
Et le grimoire « j’élève mon enfant » ! Il aimerait bien en trouver un, parce que questions pouponneries* il est loin d’être au niveau. Je dirai même qu’il a de grosses lacunes en la matière, avec les plus grands ça va, ils se débrouillent. Mais c’est plus facile, ils mangent, boivent, vont aux toilettes tout seul. Ils ne doivent pas faire leurs rots ou alors ils le font eux-même, et puis surtout il n’a pas peur de les casser en les prenant dans ses bras.
Il a tout à apprendre le père.


- Je t'aime mon barbu...
- Moi aussi Aely ! Moi aussi….
Les mains se tiennent, les regards en disent long et les lèvres se lient.

- ………vous êtes certains que c'est un garçon ?
Il opine du chef, Lona confirme. Pas moyen de se tromper sur la nature du genre, c’est un garçon avec ses attributs bien en place, quoique encore petits bien entendu.
Un futur barbu lui aussi sans doute, avec les quelques traits de sa mère on lui prédit de faire des ravages parmi le joli sexe.
L’Acanthe s’imagine déjà partageant des secrets d’hommes avec son fils, il lui apprendra la pêche, son métier de charpentier, Aely lui apprendra la vigne et la forge. Il lui apprendra aussi à ne pas trop emmerder ses voisins et à respecter les gens. Il lui racontera sa vie, il lui racontera………...
Souriant il répond à sa promise

- Oui oui ! On peut pas s’tromper, c’est un p’tit.

Lona dépose l’enfant dans les bras de sa mère avant de quitter la charrette.
Qu’est-ce qu’ils auraient fait sans elle ? A coup sûr le barbu aurait rameuté la ville entière et aurait dû laisser sa douce aux bons soins de ventrières inconnues.

- Merci Lona ! Dit-il en la serrant dans ses bras


Ils sont là tous trois depuis un moment, Aely est assise sur le pucier, le barbu s’est installé à ses côtés le bras enlaçant sa belle, un doigt effleurant la peau du nouveau-né.
Ils admirent l’enfant qui s’éveille et lui s’agite semblant chercher quelques choses.


- Aide-moi mon Acanthe ! Ma chemise…
Il déboutonne le haut de la chemise laissant libre les montagnes à lait, comme dirait petit Pierre.
Puis ils observent la minuscule tête chercheuse qui part en quête du mamelon maternel.

L’Acanthe regarde la scène, la mimine de la mère caresse la tête du petit, le petit tète le sein de sa mère.
Et lui a les pensées qui repartent loin en arrière, les souvenirs qui reviennent. Il repense à……avant eux, juste avant eux.
La première fois qu’il l’avait croisé dans Millau mesurant la distance qu’il y avait entre lui, le solitaire et elle, la merveille.
Ils avaient échangé quelques mots en taverne une autre fois. Et les sentiments l’envahirent sans qu’il ne cherche à les repousser étrangement, comme il avait pris l’habitude de faire depuis tant d’années.
Mais elle quitta Millau, trop vite, sans dire un mot. Le barbu gardait l’espoir qu’un jour elle reviendrait, qui sait !
Où est-elle ? Que fait-elle ? Est-ce qu’elle pense à moi parfois ? Sur cette dernière question son avis était sans appel, pourquoi penserait-elle à un taciturne comme lui ?
La vie s’écoula paisiblement et un jour la brunette refit son apparition, comme une illusion qui passe. Mais qui s’arrête et qui lui parle.

« Mon cœur mon cœur ne t'emballe pas
Fais comme si tu ne savais pas
Que l'Aely est revenue
Mon cœur arrête de répéter
Qu'elle est plus belle que jamais
L'Aely qui est revenue »*

Mais voilà, son cœur s'est emballé. A-t-elle point qu’il n’aurait pas été récupérable si jamais………

A force de………..de quoi je ne sais pas ! Mais ils devinrent proches.
Il avait mis ses sentiments de côté pour la garder près de lui, comme une amie. Il ne pensait pas…..non ce n’était pas possible que ce soit réciproque.
Proche, très proche qu’ils étaient devenus. Certains diront même, inséparables.
Et puis un jour le barbu lui demanda si elle voulait l’accompagner en voyage. Il devait ramener le Petitbonhomme à ses parents.
Sans trop réfléchir il lui avait proposé, comme une évidence. Sauf qu'à peine la proposition faite l’Acanthe se dit qu’il n’aurait pas dû, qu’elle penserait que……..
Mais elle dit oui, sans hésiter. Et les voilà partis tous trois sur les routes.
C’est sur le chemin du retour, un soir sur un feu de camp, qu’elle déposa ses lèvres sur les siennes pour lui souhaiter bonne nuit.
Souriante elle avait dit : « on se rapprochera un peu plus demain »
Et lui avait bafouillé un ridicule : « oui » incapable qu’il était de réagir.

Et aujourd’hui ils sont là avec cet enfant, fruit de leur amour.

Le père embrasse la mère, la serre tout contre lui et dépose une paluche délicate sur son fils. Il a le regard humide le barbu.

- J’suis tell’ment heureux Aely ! .....Il est beau ce p’tit bout d’nous !
Il a ton p’tit nez ! Non ?


pouponneries : Mot inconnu dans le dictionnaire, dommage je le trouve beau
*Adapté d'un texte de Brel, sauf que lui c'est La Mathilde qu'est revenue^^
Laely
Montpellier

Ne soyez pas outrés par certaines tournures de phrase. C'est juste pour faire ch...les puristes grammaticaluriens et les envocacobulés de frais en néologisant subjectivement comme j'en ai l'envie et le droit.
Je vous promets que je ferais un détour au hasard de nos pérégrinations pour me recueillir auprès de la statue de Saint-Taxe, bienheureux patron des enclavés de la littérature.



La satisfaction de l'Acanthe peut s'épanouir sans retenue. Elle le regarde un sourire attendri, semblant en extase par ce qu'il vient de créer.
La brune se met à genoux, s'assied sur ses talons et les regarde. Les regarde à s'en dégueuler les yeux. Pas même un échange de baisers, juste la main d'Aely sur le cou de son homme ; à peine se rendait-il compte qu'il avait en cet instant près de lui sa vie toute entière.

l'Acanthe il semble ressentir un sentiment de bonheur un peu teinté de ridicule. Se mettre à jouer les papa-gâteaux peut dérouter pour un homme ayant mené une existence emprunte de solitude et de réflexion. Il est attendrissant avec sa gaucherie et sa façon de se comporter en s'efforçant de chasser sa gêne. Mais la vie a opéré son entrée en scène, son entrée en cœur, et en ce moment il glisse dans la félicité l'Acanthe.


- Il est beau comme son père ce petit Kundera...

La brunette met à profit l'hébétude de son mari envers le petit bout venant de naître pour discrètement descendre de charriot et débarquer sans s'annoncer auprès de Lona affairée à prendre soin de la monture.
Surprendre le quotidien en cours d'élaboration...

Elle entoure de ses petits bras les épaules de son amie. Elle sent bon déjà l'iode et le sel marin.


- Si tu savais comme tu es bien présente dans notre histoire ma Lona...tu es devenue mon indispensable.

Elle la serre très fort et lui indique qu'elle va se rendre vers le bord de mer profiter de quelques heures de plénitude et annoncer la bonne nouvelle à sa sœur.

Quelques rochers plus loin, profitant des embruns elle déplie parchemin, s'offrant auparavant quelques pensées, la voyant d'ici sauter de joie dans les ruelles de Millau en lisant la missive.

Gudrule. Une fille de dix-huit ans. Énorme. N'ayant jamais peur des conséquences de ses bêtises ; c'est ce qui permet de l'apprécier d'ailleurs en comparaison à d'autres qui gâchent leur vie parce-qu'ils sont effrayés par les leurs.
Aely a toujours admiré sa maturité. Malgré sa connerie monumentale elle en a plus dans le chou que les professeurs d'université. Par rapport à cette jeune "éveillée", les grands penseurs passés et présents ont le cerveau en bronze. Normal. Ils ne veulent pas consentir à l'évolution de l'espèce.
Mouarf, que voulez-vous, faut pas leur en vouloir. Les érudits pour être intelligents ça leur a coûté de la volonté et de la sueur, alors, ils sont dégoûtés de savoir que Gudrule est née futée et qu'elle a récolté les fruits de leurs efforts. Ce qui prouve bien, quoiqu'on en dise, que les grands intelligents d'hier sont devenus les vieux cons d'aujourd'hui. Marrant. Aely se marre.

Une pensée pour les vieux abrutis qui pensent avec leur passé, une autre pour sa gredine de frangine qui a de l'intelligence jusqu'au fond de son estomac, car l'intelligence, la vraie, ça ne s'élabore pas, ça se digère.

Sur cette pensée ragaillardisante, le visage fouetté par la brise marine, elle commence à rédiger...




Ma petite sœur chérie,

Te voilà tantine ma chère Gudrule. Un beau petit mâle prénommé Kundera. Pas commun comme nom je te l'accorde, mais nous ne doutons pas que l'inscription de notre enfant sur le Livre des Raisons en appellera bien d'autres dans le genre.


Acanthe tu le verrais, il flotte dans un bonheur sans mélange. Ce bébé c'est du soleil. Il est tellement choucard si tu savais...fascinant, une nature ! Et pas pleurnichard pour un denier.
Il est calme, l’œil vif, la fossette prompte et mange comme un ogre
Tu verrais comme il me happe le téton, il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour deviner où se trouvait son intérêt. Faut voir comme il tire sur la mamelle le coquin. Un gourmet, je te jure !


Mon barbu il s'y consacre à bloc, tellement que j'en arrive à en devenir un peu jalouse. Il est inspecté sous toutes les coutures le bougre et Acanthe il fait le point fixe quinze fois par jour. parole ! Quand je le vois à l’œuvre je me dis qu'il aurait été criminel de ne pas le rendre père. Un mouflet ça lui manquait. Je l'ai compris.

Seule ombre au tableau, quand nous retournerons à Millau, au pays. Entre Toi et mon homme, j'ai peur que ce gamin confonde sa mère. Je vous connais tous les deux. Toi et tes cuisines nourrissantes et Lui avec son anxiété permanente, il va t'appeler "maman" le bambin, et lui "papa"...
Ah ça risque de s'égosiller au village. Je les entends d'ici chuchoter : Gudrule a eu un enfant avec le garde-pêche...Tu sais comme les gens sont méchants, ils trouvent toujours à dire, à médire, à contredire. Quand tu fais ils hurlent : "Regardez ils font !", quand tu fais pas ils s'outrent : "Regardez ils font pas !" Dans le fond faut les laisser dire. A bien y réfléchir ça rassure.

Voilà ma soeur, donne-moi de tes nouvelles. Qu'en est-il des vignes et des jardins ? De la petite Ixia ? Du pique-nique en Espalion ? De ton Louigi ?
Lona et Acanthe se joignent à moi pour t'embrasser. On ne t'oublie pas...Ah une dernière chose, si tu croises Donnolae et Mel, dis-leur que je je pense à elles souvent...très souvent.

Tu me manques ma Gud

Ta grande sœur Laelly.


Roulant le parchemin elle avisa un coursier et moyennant quelques écus lui remit le pli puis s'en alla humer l'air sain des plages du pays d'Oc.
Lebarbu
Quel magnifique tableau il a devant les yeux le barbu, ses deux merveilles sont là à portée de tendresse. La mère s’est assoupie et tient contre elle son enfant qui rejoint lui aussi les songes. Il dépose deux baisers, l’un sur les lèvres de sa promise et l’autre sur la tête du petit Kundera. Puis il s’installe devant la charrette, comme pour veiller sur leur sommeil, empêcher tout intrus de venir perturber cette quiétude qui gagne l’hippomobile.
Dans la journée ils iront peut-être chercher quelques fruits de mer pour le repas du soir. Lona veut manger des Clam’s au calme ! (ça va rester ça ^^)
Pour l’instant il en profite pour envoyer missives et volatiles.





Salutation Caemgen,

Ca fait bien plaisir d’avoir de tes nouvelles et d’en avoir de Millau par la même occasion.
Je voulais prendre la plume avant mais, comment dire ? Ma vie est un peu chamboulée ces derniers temps.

Aely a donné naissance à notre enfant il y a de ça 4 jours, un tout p’tit bout d’homme qui s’appelle Kundera.
Il est en pleine forme et découvre le monde qui l’entoure en se faisant discret pour l’instant. Il paraît que ça ne durera pas !
La mère se porte bien et récupère doucement, heureusement que Lona était là pour l’assister.
Et moi ! Ben…..je découvre le rôle de père. C’est pas simple, je sais pas trop comment m’y prendre, je suis parfois (souvent ?) dépassé par les événements mais j’essaie de faire face.
Il est tellement petit et fragile, j’ai peur d’y poser mes grosses paluches.
Aely est pleine de tendresse et d'amour pour ce petit être, il a de la chance de l'avoir comme mère.

Comme ça le blond est douanier ! Entre toi aux portes de la ville et Donno sur les remparts, Millau peut dormir sur ses deux oreilles je pense. Je garderai secret ta crainte des araignées pour ne pas donner l’avantage aux malveillants franchissant l’enceinte de la citée.
Félicitation pour ton échoppe et ta maison, il me tarde de venir voir ton installation. Dès notre retour, je me ferai bûcheron, la pêche est parfaite pour les rêveries et les penseries mais un peu d’exercice ne me fera pas de mal.
J’espère que tu as revu Fulgar, c’est inquiétant qu’il ne réponde pas.

Nous sommes à Montpellier pour le moment et attendons un bateau pour aller en Italie. Notre voyage se passe bien, nous n’avons fait aucune mauvaise rencontre sur les chemins depuis notre départ. Nous sommes chanceux.

Porte-toi bien Caem !
Aely et Lona t’envoient leurs pensées.

Acanthe.
--Lablondine
Montpellier... où tout peut recommencer...

L'aube s'était levée sur le port, Lona avait quitté sa couche depuis l'aubade des mouettes au soleil qui se levait dans le ciel dégagé.
En enfilant ses braies, et s'enveloppant dans un grand châle de laine, elle descendit vers la mer, laissant dans la charrette, ses amis et leur enfant.

Acanthe veillait sur eux, dans l'attente de la fameuse pêche dont il parlait depuis un soir en taverne.

Le vent soulevait quelques brassées de sable, Lona s'installa face à la Méditerranée. Les mouettes dansaient dans l'azur, guettant le banc de poissons qui ferait leur repas. Au loin, un voilier manoeuvrait... sans doute partait il découvrir avec son équipage, de nouvelles contrées, une ville lointaine peut être...

Il était un jour où elle avait fait partie d'un équipage, où les voiles d'un bateau les avaient entrainés à la découverte de la mer... Qu'en était il ? Que restait il sinon rien ... ? Que des questions auxquelles Lona obtiendrait réponse dans les jours à venir... du moins l'espérait elle.

Elle n'espérait qu'une chose aujourd'hui, que ces réponses qu'elle attendait la sorte de la phase d'anamour dans laquelle elle sombrait chaque jour un peu plus profondément ...
Elle pouvait vivre sans amour, si elle en faisait le choix, mais vivre l'anamour .... cela elle ne le voulait pas. Sa vie, c'était ses décisions... pas celles imposaient par les autres.

Elle glissa ses mains dans le sable froid, le laissant s'échapper comme le temps qui passe... Elle regarda encore fois l'azur... se releva avant de remonter la dune pour revenir vers le village. Ses cheveux flottaient au vent... bientôt c'est elle qui flotterait... d'une manière ou d'une autre...
--Gudrule
Pendant ce temps-là à Millau...

Franchissant les portes de Millau, son Altesse Gudrule était en train de terminer les restes du pique-nique organisé par Ixia, en s'enfilant un casse-dalle de brigand composé d'une miche de pain de trois livres et de filets de morue tapissés d'ail. La Délicate profitait d'un calme apparent pour dévorer son encas, lorsqu'une voix la héla.

- Donà Gudrule ?

L'annonce manqua de l'étrangler.

- Rheu rheu rheu...qui la d'mande ?

- Un pli pour vous Donà.

La bouche comblée, elle exécute une courbette en postillonnant des miettes aux puissants relents d'ail. D'un effort Gudruléen, l'Affamée s'expédie la bouchée en cours dans le gosier.

- M'ci bien.

S'essuyant les mains sur ses braies toujours à carreaux des Causses, elle s’empare du pli et le déplie.

- C'est d'ma soeur ! Hurle la Ravie. Elle est partie voyager avec son z'homme et la Lona, une blonde très blonde qui l'empêche de vieillir. Ouais...quand une rencontre une femme comme Lona on est obligé d'avoir les nerfs qui tétinent et les seins qui patinent. Enfin. En trois mots elle est belle.

L'autre attend une éventuelle obole à défaut d'autre chose. La Gud continue dans ses larmoiements, ses excitations et ses imaginations, et à force de pérorer, le pauvre coursier commence à dodeliner de l'équilibre depuis qu'il prend pleine face des bouffées d'air aillé. La Gud s'en aperçoit et en profite pour lui patouiller la géographie sous prétexte de le rééquilibrer.

Gudrule, héroïne de légende, ajoutant un étendard de plus sur sa route triomphale.

Quelques temps plus tard, l'ex-robuste coursier s'éloigne. Le cou violacé, les cheveux ébouriffés. Et puis le chemin l'escamote, à nouveau la piste, la poussière et le galop libérateur de sa monture.


La Satisfaite s'ébroue lentement, puis satisfaite soupire.

- Haaaaaaaaaa, en voilà un qui s'en rappellera.

Avisant le courrier, elle s'assit et lut.

- Tata ! Je suis Tata !!!

Elle embrasse le parchemin et entame un branle de l'ours à faire frémir les ursidés des environs, puis se hâte chez elle et s'active à répondre.



Ma Laelly adorée,

Ch'uis r'venue d'Espalion. On a fait une fête terrible ! De retour ch'uis passée par Rodez. Moui...pas grand-chose à voir, si ce n'est les endimanchés qui emmènent leurs lardons pour leur montrer comment c'est fait un conseiller. Tu connais hein ! Et tu sais à quel point ils sont civilisés ces bougres de bêcheurs, vantards, paumés et tout ça.
C'est vachement éducateur les voyages, ça t'permets d'vérifier coup con n'ail que les bonshommes sont tous pareils. Une vraie épidémie d'cloportes. Ça pense qu'aux écus, à s'pavaner et à blouser les copains.
Tiens, l'coursier qui m'a remis ta lettre il va avoir de quoi raconter. J'lui ai éduqué l'essentiel de mes rudimentaires amoureux.

Bref, passons à toi ma grande.

Alors ce beau mâle s'appelle comment ? Attends j'regarde. Kundera...drôle de nom non ? J'sens que j'vais l'app'ler Queue d'rat. Pardonne-moi ce léger retrait de lettres ma sœur *, n'y vois pas d'mal, j'vais l'aimer comme j'vous aime j'te jure ! Pis j'le vois d'ici ton Acanthe, les manches retroussées, les bras mousseux jusqu'aux coudes, fourbissant le p'tit gredin debout dans l'baquet. Ah j'veux pas rater les prochaines absolutions d'vot triton. J'suis sûre qu'il est bien foutu c'bandit. Un vrai p'tit julot ! J'suis persuadée qu'y a des hommes qu'ont pas un service trois pièces de son accabit, et qu'plus tard ça va d'venir un féroce massacreur de plumards.


Elle frotte un pleur puis reprend.



Enfin...ce que je sais ma Laelly c'est qu'on va s'aimer lui et moi. On va dev'nir doucement indispensables.
Gaffe à vous hein sur les ch'mins. T'en fais pas pour les vignes , j'vais y faire un tour c'tantôt. j'crois qu'il va être temps d'ébourgeonner. Pis si j'ai un moment j'irais aux jardins voir Maurice le poisson rouge.

Au fait, faut que j'te dise. Figure-toi qu'en r'venant d'Espalion, pendant que je pêchais la truite, j'ai trouvé des morilles. Ouais. Pis d'autres champignons qui y r'ssemblaient. J'y ai goûté. Juste un bout. C'est doux avec un léger arrière-goût d'épice. Marrant. D'un coup la rivière a fait des vagues et les taillis se sont mis à onduler. La terre est devenue bleue, le ciel tout rouge et vingt poiscailles se sont mis à danser autour de moi ; Mince ! j'ai même vu la lune dans les tons rose cochon, et puis après si tu savais, j'me suis marrée ! J'imitais le cri du loup et j'chantais des chansons bizarres du genre cantique tu vois, à la gloire de l'enfant "Zébu", pis y'avait plein d'lutins, des satyres, des Dianes chasseresses et de partout et même du Poitou, des Cupidons aussi...j'te jure ma soeur ça sentait bon l'Rouergue. Pis après j'ai eu l'impression de dormir à la verticale. Combien de temps ? J'sais pas, mais quand j'suis rev'nue à la normale, un mal de crâne !
Bref, j'en ai gardé un peu pour les faire sécher. J'vous ferai goûter quand vous r'viendrez.

Voilà c'est tout. Ben...


Et puis la Gudrule sent son cœur se serrer. Elle chiale. Pour de bon. Un vrai veau.



Ma chérie...tu sais à qui j'pense en c'moment ? A Maman. Si elle était encore là...mais non. Fallait qu'elle endosse les vacheries d'la vie m'man. Fallait qu'elle s'excuse de la misère humaine. La joue droite ça lui a pas porté bonheur tu vois. Beaucoup de gens se croient Chrétiens, alors qu'ils ne sont qu'Aristotéliciens. M'man c'était une vraie chrétienne. C'était ça sa nature.

J'vous aime tous.

Gud


* Quelle volupté de parler le français comme on veut ! Ça ne vaut pas le coup de traduire, croyez-moi.
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 7, 8, 9   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)