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[RP ] La charrette de ma dame est avancée !

Aelyenor
Lodève - Millau

Je préfère te dire, lecteur de mon cœur, que certaines zones obscures ne seront point éclairées lors de l'étape ci-jointe de cette œuvre puissante. Ça ! ça n'appartiendra à tout jamais qu'à nous.

Sortant de la taverne municipale de Lodève, Aely portant dans ses bras la fillette de Lona Louise-Anne, se dirigent vers la charrette. Dans la carriole ça pionçait dur. l'Acanthe ronflait d'une manière particulière, très réservée. Sa bouche arrondie émettait un gentil bruit d'ébullition qui aurait donné du vague à l'âme à une bouilloire à tisane. Dans sa grosse poutoune de brave pêcheur il tenait fermement le panier d'osier posé sur son ventre où babillait Kundera, heureux d'être ainsi balloté vous pensez bien au rythme des inspirations de son papa.

Louise émit un petit rire innocent et spontané en virgulant le tableau. l'Acanthe, on aurait dit une jeune accouchée, pressant le fruit de ses entrailles en un geste d'infinie possession.
C'était beau comme une sculpture de Praxitèle* représentant Aphrodite nue...au point que les larmes envahirent les cils inférieurs de Aelyenor.


- Ça roupille là-dedans n'est-ce-pas Loulou...Tu sais, il y a peu, il n'aurait dormi que d'un œil ; mais depuis que...non mais tu crois qu'il se lèverait pour nous accueillir ?! Il a bien trop peur de déranger sa merveille !

La petite étouffa un petit rire coquin. A considérer le tableau, Aely pige combien ils sont heureux ensemble.

- Bouge pas Lou, je vais atteler Héphaïstos, après on essaiera de se trouver une place pour dormir.

Le travail achevé, la brune se gratta la tête. Ben maintenant comment faire pour se trouver un semblant de coin raisonnable pour s'allonger sans réveiller la nounou barbue ? Acanthe avait souscrit toute la soirée à la première formalité : occuper bébé et l'endormir, mais par contre sa fonction d'homme l'empêchait de souscrire à la deuxième : l'allaitement.

Avec d'infinies précautions, susurrant une comptine aux oreilles de son barbu, elle arrive ô miracle à le déposséder de SON BIEN ! C'est alors...le croirez-vous ? Un tableau d'une rare cocasserie s'étale sous leurs yeux ébahis. C'est le regard malicieux et sarcastique de Louise-Anne qui mit la puce à l'oreille à la jeune maman. Rien de plus intimidant qu'un visage d'enfant, et de plus impitoyable. Un enfant voit tout.
Aely suit son regard et ne peut dissiper son hilarité.


- Le chat !!!



- Oh non...le chat !!! T'en profites pour me ramener une greffière à la maison sans savoir où elle a traîné encore...

Spectacle trop mignon. Les deux minets ne bougèrent pas d'un iota à leurs regards indiscrets...s'en foutaient carrément. Enfin...les choses de la vie hein. On nous promet la neige comme on nous promet la lune mais les chats sont bien sages pour l'instant...Loulou adore leur bonne bouille, quand à Aely elle a du mal à croire que les chats, à l'instar des enfants restent aussi sages longtemps...

Non mais franchement. Ça la gêne...un peu que la fillette assiste à une scène pareille. Bon, c'est vrai que l'enseignement va vers la réforme et que bientôt on emmènera les mouflets en âge de marcher dans des maisons de ventrières pour leur inculquer très tôt que même à Bruxelles, les bébés ça nait pas dans les choux...mais quand même...

On était bien.

Puis voilà Lona qui rapplique, et une silhouette furtive derrière elle s'enfonce dans la nuit plus noire qu'un deuil.

Elle est belle Lona. Encore plus belle en cet instant. Aely lui montre le tableau bigarré de ce qui fut une charrette en d'autres temps et qui ressemble désormais à un étrange dortoir, lui sourit et lui soumet que ce serait criminel de troubler le sommeil du Seigneur et de ses acolytes. Lui propose de s'asseoir sur le banc du conducteur et que Louise s'assoupisse entre elles deux. La blonde mènerait la charrette pendant que la brune donnerait la gougoutte à Kundera.

Elles font.

Aely a les yeux fripons, et est curieux comme une tique. Elle se tourne vers son amie pendant que la chambrée itinérante entame les dernières lieues avant Millau et lui tire les vers du nez jusqu'au bout.

Dans la taverne Lodévoise, s'est-il passé l'insoupçonnable ? Toujours est-il que Lona a refusé catégoriquement de les quitter, déclarant qu'elle ne laisserait pas ses amis et son existence pour une rapière spadassine. Certaines filles sont brusquement touchées par la foi. Lona c'était par ses compagnons de route et d'infortune...


*Praxitèle était un sculpteur grec vivant aux environs de 400 avant J.C.

_________________


Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
--Lablondine
Les enfants dormaient à poings fermés bercer par le doux ronflement du barbu. Aely était assise, le sourire taquin aux lèvres quand la Blondine avait rejoint la charrette aux portes de Lodève. L'heure du départ pour Millau approchait. Comment retrouveraient ils leur ville ? Verraient ils leurs amis ? Lona verrait elle son père dont elle était sans nouvelle...

Elle laissait derrière, une drôle de surprises, une histoire qui lui était contée, mais à laquelle elle n'osait croire. Chat échaudé... Lona ne s'enflammait. Chaque chose en son temps, chaque temps à sa chose.

Elle parla, parla beaucoup avec Aely, revenant sur les confidences de la jeune femme, leur amitié, leur lien presque fraternel, un lien indéfectible qui les avait réunis.

De confidence en confidence, les portes de Millau se dessinent à l'horizon. Ils repartiront ce soir, le bateau ne tarderait pas à accoster... et puis Montpellier... là où tout peut recommencer.

La famille chat s'était agrandie dans la charrette... la famille "amitié" aussi... Partis à 4 les voila 5...

La journée s'étira, les malles furent déchargées, vidées, les vêtements lavés au ... lavoir, séchés, et remis dans les malles pour un nouveau départ. Nouveau départ, ce mot sonnait doux aux oreilles de la Blondine.


Laely
A Cleo, gestionnaire hors pair et surtout un cœur pur.

Certains trouveront dans cet épisode mon sens de la critique excessif. Je leur répondrais pertinemment : et alors ? S'il est des cas où l'on se doit d'appeler un chat un chat, il en est d'autres où on peut l'appeler minet.

Départ pour Montpellier imminent. Aely vient de coucher Louise-Anne et la recouvre de chaudes couvertures. la fillette de Lona désire avoir près d'elle le panier d'osier où repose Kundera. Déjà l'instinct maternel. C'est franchement attendrissant, et faudrait avoir de la bouse de vache à la place du cœur pour refuser la demande de Loulou.

C'est une fillette qui rêve de passer sa vie à côté des oiseaux, plutôt que de rêver qu'un jour elle aura des ailes. je vous laisse cogiter cette réflexion.




La brune regarde tomber la pluie.
Ça dégouline de partout. Le long de la bâche de la charrette, le long des murs de torchis des bicoques. Au loin un pochtron sort d'une auberge pour pisser le long des piquets à bourrins, ce qui ne plaît pas du tout à Héphaïstos qui lui fait savoir d'un long hennissement provocateur.
L'ivrogne sursaute et fait volte-face juste au moment où une vieille vierge sortant dont on ne sait d'où se radine. Voit le balancement inquiétant du soulard à l'attribut terre-neuvien et lui crie qu'il est répugnant.

La vie des fois elle t'a une de ces gueules...


Quelques instants auparavant au "Trou du fût Lodévois"

Le panier où repose Kundera est posé sur la grosse table de la taverne. Aely bien collée contre son Acanthe a le regard fripon qui demande et consume son barbu. La chaleur de ses bras se répand dans tout le corps de son homme.
Franchement l'Aely elle vaut son pesant d'épices. Elle est en train de lui coller des tas de remords et elle devine combien il ne peut s'empêcher de penser à tout ce qu'il ferait avec elle s'il lui était donné une heure d'intimité...

Et puis un larron fait irruption, s'installant au milieu des quatre compères. Il se présente comme étant en chantier...il se veut drôle et profère des calembours tombant à la flottille. Il est en voyage et sa femme est restée à la maison.
Aely se marre en douce, car enfin, qu'est ce qu'un homme peut faire de plus pour ses contemporains que de partir en voyage sans sa femme, lorsque plus est celle-ci est jolie ? Je vous le demande.
Et si elle n'est pas jolie et bien quand le bonhomme rentrera il recommencera à lui grimper dessus pour perpétuer l'espèce. Le chiare aura des petits frères et des petites sœurs qui grossiront elles aussi du bide à leur tour, parce-que c'est ainsi depuis le quaternaire et que c'est pas prêt de se terminer. Des marchands ambulants et des pétasses ! La voilà l'humanité à l'état pur.

Bon, à part cela il est pas désagréable. Il tente sa chance malgré tout et se fout des légitimes masculins serrant de près leurs promises. Accès interdit. Défense d'entrer.

Et puis il y a Lona et l'homme qu'elle avait entraperçu deux jours avant au même endroit. Il la tient sous son regard...fascinant. Mais pour l'instant son fluide doit être en rade car la blonde ne semble pas prêter attention. L'autre alors fait un effort suprême, s'incline sur sa main et lui catapulte un sourire crépusculaire.
Sûre qu'elle en est chavirée la Lona. L'autre, barbu également, dépose sa partie inférieure et charnue sur le tabouret voisin du sien et lui bonnit un compliment suave sur sa toilette, sa beauté, sa blondeur, sa coloration rouge de lèvres - qui deviendra rouge baiser avant pas longtemps - et la délicatesse de son teint.

Aely rit sous cape*. Lona gazouille, lui murmure des choses du genre : "ce ne serait pas raisonnable voyons". Puis c'est l'objection numéro deux : "Je ne vous connais pas que diable". Aelyenor anticipe les réponses du galant : "vous tourmentez pas mon lapin, je suis la discrétion assurée".

Alors Lona lui coule de la promesse dans les carreaux. Une drôle de petite voluptueuse son amie. Aely l'adore. Elle tient ses engagements. Et puis paf ! Une main frôlant l'autre, deux doigts qui se font des nœuds. L'affaire est dans le sac.

Il est temps pour la brune d'aller coucher les enfants. De plus la fatigue accumulée de ces derniers jours l'éreinte.
Récupérant Louise-Anne et son bébé, elle souhaite une bonne soirée à l'assemblée, précise toutefois que la charrette est attelée et qu'il serait plus prudent de partir avant que les chemins ne soient impraticables.

Un baiser à son homme. Rideau !


* Rire sous cape est très périlleux et cela nécessite un entraînement soutenu.
Certains téméraires ont essayé et sont morts d'étouffement. je conseille donc aux débutants de rire à la dérobée pour commencer, c'est la méthode qui prévaut chez les brigands.
Lebarbu
Dans la caboche d’un papa barbu !


L’Acanthe profita du fait que les demoiselles avaient moult choses à se raconter, des choses de dames, pour s’adjuger la garde de Kundera.
Mais faut pas le prendre pour un lapin de trois semaines le barbu, il se doute que le passager qui complète maintenant le trio occupera une grande partie des discussions. Il l’a bien vu dans le regard de Lona ! Ils leur laissera donc ces instants de confidentialités et profitera de l’air marin avec les enfants.
Emmaillotant le mouflet, bien bien comme il faut, il embrasse sa promise et embarque son petit monde.

- T’ viens Louise-Anne ! On va laisser discuter les grandes filles entre elles !

Les voilà parti pour le bord de mer, la côte sauvage. Kundera bien au chaud dans les bras du père et la petite tenant la main laissée libre. Après avoir fait passer un interrogatoire digne d’une enfant de quatre ans à l’Acanthe, Louise-Anne se mit en tête de faire un bouquet de fleurs pour sa maman. Juste là, devant eux un tapis de belles couleurs s’étalait.
Des taquineurs de poiscaille s’ébattaient dans le bas, des voiles perçaient l’horizon.



Me voici père !

Ce 8 mai 1461 un petit bout d’homme a vu le jour dans une charrette.
Un petit bout d’homme, un enfant, une bouille, un cœur qui bat.

Me voici père !

Ce petit corps fripé qui sort de dessous les jupes de ma belle et moi qui ne sais déjà plus quoi faire.
Comment fait-on pour être un bon père ?
Comment le prendre dans mes bras sans le casser ? Il semble si fragile, tellement fragile. Un poupon de porcelaine dans un monde d’éléphants.

Pour les dames ça semble simple, tellement naturel, ma Aely est pleine d’amour et de tendresse pour ce petit nous.
Il faut la voir s’occuper de lui, moi ça m’émeut, je trouve ça beau.
Il faut la voir protéger son enfant quand un inconnu s’approche………La mèreveille, et couve notre merveille !

Moi je ne sais pas vraiment comment m’y prendre, l’instinct de père a dû être oublié dans notre panoplie d’homme. Il avait pas prévu qu'un père voudrait s'occuper de ses enfants ?
Alors j’y vais à petits pas, délicatement, cherchant le regard approbateur de la mère…..qui veille.
Quand il gigote entre mes mains, je le berce, ça marche parfois. Sinon je le pose, le regarde et l’effleure du bout du doigt.
Quand il pleure……je panique. J’essaie de l’apaiser mais pourquoi tu pleures ? T’as mal mon fils ? Peur peut-être ? Faim ?
Non ! S’il a faim la mère n’est jamais loin. C’est ça l’instinct maternel.
Alors pourquoi tu pleures en fermant tes petits poings et en donnant des coups de pied ? T’es fatigué ?..........Si je savais !
Une paluche légère sur son petit corps, je lui parle……..je me demande si ça l’énerve pas plus quand je fais ça.
J’imagine Aely, Lona ou Louise-Anne m’espionnant et s’amusant de me voir désarmé face à ce petit Kundera.
Et puis les pleures cessent et sont remplacés par des sourires et des borborygmes. Enfin des gazouillis je crois que l’on appelle cela, ça fait plus…..enfant et mignon c’est vrai.

Je ne suis pas doué et maladroit, mais ma douce presque bientôt femme m’aime quand même. Je crois que ça l’amuse. Je t’aime aussi pour ça Aely !


- R’garde Kundera ! C’est des pêcheurs, comme ton papa. Un jour j’tapprendrai

J’ai appris à lui faire faire son rot et je commence à maitriser cette situation.
J’entends déjà ceux et celles qui diront que ça ne s’apprend pas, c’est si simple. Et tellement simple qu’il n’y a pas de quoi pavoiser de cela.
Eh bien ! Moi j’en suis fier, parce que si on m’avait dit il y a quelque temps que je ferai faire « le rot » à mon enfant je ne l’aurais pas cru. Alors j’en profite, je déguste ces instants.

Nous sommes trois, elle, lui, moi ! Moi, lui, elle ! Et la vie est si belle.
Dame Aelyenor, t’as déposé sur ma vie ta douceur et ton amour. Tu t’es posée entre mes bras et y a mis Kundera.
Et depuis……j’apprends. J’apprends à être meilleur, à être un mari et maintenant un père et j’en ai des lacunes à combler.
L’image que j’ai du pè….Arf ! Laisse-moi vivre ma vie le père, je ne serai jamais comme toi. Je serai celui que tu n’as jamais été !


- Louise-Anne ! T’éloigne pas trop, r’garde là-bas, y’en a d’belles. Tu les prendras en passant.

J’ai à peu près compris le principe fondamental d’un nouveau-né.
Il dort souvent, le nôtre est plutôt calme, s’éveille et fait de petits bruits qu’il accompagne de mouvements des bras et des jambes.
Ensuite il est grognon, c’est parce qu’il a faim je crois, c’est là que la mère entre en action.

C’est beau ! Pas seulement parce qu’elle se dévoile un peu, bien que…….................
Hum mouais ! Mes pensées s’égarent là. Comme quoi, malgré ma condition d’homme je peux penser à deux choses à la fois. Incroyable non !
C’est beau ! C’est beau parce que je comprends le lien qui unit une mère à son enfant. Elle l’a porté pendant neuf mois, l’a mis au monde dans la souffrance et l’allaite maintenant.
Elle lui offre la vie.
C’est bon ! A voir Kundera apprécier cet instant. Ca a quel goût ? Qu’est-ce qu’il mange après ? On mange quoi à un an ? A deux ans ? A trois ans ? Quatre ans, ça je sais petit Pierre a quatre ans et Louise-Anne aussi, mais avant ?


- Allez on rentre ! J’crois que Kundera réclame sa ration

Ah ! J’oublie un principe fondamental. Un nouveau-né est comme nous, il mange, digère et évacue. Notre petit sac à caca n’y échappe pas. Et là se profile à l’horizon………Le Lange !
Un jour ! Je le sais, bientôt peut-être.
Un jour il y aura l’épreuve du lange. Redoutable épreuve.
Bulles a bien essayé de m’enseigner cet art. C’était il y a quelque temps, en taverne à Millau avec un poupon en chiffon tout mou.
Je crois qu’au premier essai je l’ai étouffé, au deuxième il s’est retrouvé sur le ventre et je me suis fait remonter les braies (ou les bretelles !) par dame Bulles. Pas doué je vous dis.
Pourtant j’avais un avantage et pas des moindre, le poupon tout mou ne bougeait pas. Kundera, lui, est un petit gigoteur.


- Cueille des coqu’licots aussi, pour Aely. Tu lui offriras.

Me voici père !
Moi solitaire, ermite fut un temps, taciturne. Me voici père !
Kundera……fruit d’un amour partagé…….Me voici père !



Ils sont de retour à la charrette, les demoiselles prennent le soleil en papotant, la petite se précipite et offre ses bouquets. Sourires, rires, embrassades.
L’Acanthe observe la scène à quelques pas de là.


- Eh ! P’tit Kundera ! R’garde…comme elle est belle ta mère ! Tu pourras l’dire plus tard qu’t’as la plus belle maman du royaume.
--Lablondine
L'interprétation... comment se retrouver, un jour, démunie, parce qu'une phrase, une simple phrase est mal interprétée... Lona venait d'en faire les frais, mais même face à une erreur d'interprétation, l'amitié est plus forte que tout, et les mots sont corrigés.

FlashBack:

Ils étaient redescendus à Montpellier, en repassant par Lodève, où une surprise avait attendu Lona. Les secrets qu'elle avait confiés à Aely, ses sentiments naissants, celui qui en était l'objet les avait rejoints, à Lodève, là où ils s'étaient croisés avant de chacun, reprendre leur chemin.

Montpellier ... ville au tumulte, ville de tumultes où même une Lona tornade se perdait si elle sortait de son chemin habituel. Ils avaient essayé, elle le savait, mais n'avaient pu s'y faire et rester. Un courrier l'avait averti... le fameux courrier que Lona n'avait pas compris... Elle s'était emportée, oh pas beaucoup, Acanthe lui avait expliqué mais Lona avait pris peur... cette peur de l'abandon qui vous tenaille quand vos amis s'éloignent. S'il y en avait deux ... ils étaient ceux la. Aujourd'hui, tout était résolu, les confidences avaient envoyé grâce aux fidèles messagers.

Aujourd'hui...


Aujourd'hui, ils étaient arrivés, l'équipage de la charrette... et demain, Lona les aurait rejoint, mais pas seule. Il était avec elle, il l'accompagnait... elle avait le sourire, elle vivait...
Aelyenor
La philosophie c'est l'art de se compliquer la vie en cherchant à se convaincre de sa simplicité. En fait, la vraie philo c'est la connerie. De ce côté-là la brune en est parée. Elle peut voir venir...vous allez comprendre.

Montpellier. Montpellier et ses grouillements incessants, Montpellier ou la vie chère, Montpellier et ses tavernes bondées de couples chuchotant et aux regards désobligeants.
Rien de tel pour faire fuir Acanthe et Aely. Aussi lors de leur passage prolongé, décidèrent-ils d'alterner charrette et plage.

Le soir de leur départ, la brune entraîna sa petite famille à une promenade au bord de mer laissant gigoter leurs doigts de pied dans l'eau de mer encore trop fraîche.

L'heure du repas de l'ogre Kundera n'allait pas tarder, aussi décidèrent-ils de s'assoir un instant à l'abri du vent marin afin qu'Aely puisse allaiter son enfant.

Tout en se préparant à donner la pitance à son gourmand, Aelyenor, bien appuyée contre son barbu lui dit.


- Si nous profitions que Lona roucoule avec son "prince charmant", pour que tous deux nous discutions quelques instants.

Je t'avoue que j'ai l'impression de végéter à Montpellier. Certes la ville est très belle, animée, et les tavernes semblent bien remplies, mais en me promenant sur le port, je guette désespérément "l'Elisabeth", le navire du capitaine et ami de Lona, et à vrai dire je ne vois rien venir comme dirait ma sœur...oups.
Quand les bateaux ne se décident pas à arriver, on s'en va à pince ou en charrette mon ami. On suit le chemin de retour sans danger.

Si j'ai bien compris, Léandre, le capitaine du navire, doit se rendre à Rodez immédiatement en arrivant au port. Je réfléchissais un tantinet soit peu...


Mon ami, je m'ennuie à Montpellier. Lona je le pense file le parfait amour avec son guilledou, et j'ai souvent peur de la déranger en taverne lorsque je la vois, noyant ses yeux dans ceux de son tourtereau, espérant un nouveau départ sur la voie d'un Amour qui lui a fait cruellement défaut.

De plus, nous payons un écu chaque jour de taxe d'hôtellerie, même si nous dormons dans notre charrette. La vie y est très chère, peu faite pour une rustique comme moi.


Enfin, je ne peux m'empêcher de penser à Cléopatre. Notre maire est une femme dévouée et excellente dans la gestion de notre cité ; toutefois un peu esseulée et harassée par la lecture et l'évidence des comptes exsangues de Millau.
Alors je pensais que plutôt que de fainéanter sur les bords de plage, en attendant un navire qui j'espère n'est pas à la dérive ni en goguette, on pourrait retourner à Millau en attendant la certitude d'un départ. Ainsi, cela me permettrait d'aider Cleo, de lui fournir les deux haches que je n'ai pas terminé, mes deux barques et quelques denrées qui lui seront nécessaires.
Je préfère me rendre utile plutôt que de me prélasser lamentablement...même si j'ai besoin de moments d'intimité et de repos dans tes bras, en admirant notre enfant.


Aely, le regarda tendrement, amoureusement mais toutefois soucieuse, soucieuse de penser qu'elle se faisait l'effet d'une pique assiette, pendant qu'à Millau, certains se débattaient dans les affres d'un gouffre financier.

- Je t'aime mon Acanthe...et puis...je dois aussi te faire part de quelque chose qui me tracasse. Oh ne t'en fais pas, cela n'a rien à voir avec nous trois, non, seulement j'ai eu des nouvelles de la petite Ixia...va falloir que je t'en parle sous peu. Pas maintenant, regarde, hi hi hi, Kundera réclame sa pitance.

Adossée contre les rochers qui composaient la digue maritime, elle colla le bébé contre son sein. D'un coup les cris du petit ogre cessèrent.
Tout en le faisant téter elle posa sa tête contre l'épaule de son ami...


Millau

Le retour quelques temps au pays, et la lettre de Lona. Un pigeon, noir corbeau, pas beau du tout se pose sur son épaule. Il a une gueule pas possible, de celle qui veut se délecter de cadavres sur un champ de bataille. Crochu de partout le piaf, du bec aux serres. Un dépeceur quoi, un arracheur d'entrailles, un briseur de bonheur, la hantise des coeurs purs, vilaine odeur d'outre-tombe. le méchant pigeon quoi qui n'y peut rien sans doute mais quand on regarde sa ganache on prie pour qu'il ne nous tombe pas dessus. Ses serres de rapace raté enserrent l'épaule d'Aely, et un vélin...sinistre, tombe sur le bouquet de coquelicots de la jeune femme.
Y'a des moments où l'on regrette d'être nés, tellement pourrir la vie des gens c'est trop absurde. Et pourrir la vie des gens, c'était sa faute à Aelyenor...

La brune avait voulu rassurer la blonde en lui annonçant qu'elle partait pour Millau, sans même la rencontrer, juste une lettre qu'elle pensait jolie et surtout explicative. Cette lettre c'était seulement un éloge délicat de la souffrance. Souffrance de Lona mais aussi d'Aelyenor. Tout le prouvait, tout le démontrait. Fallait assumer. Pas simple. Aely pensait que ça lui ferait mal pour faire du bien. Raté.
La réponse de Lona n'avait pas tardé, suppliante, détruite peut-être, amère sans doute.

Aely croyant faire bien n'avait fait qu'ancrer un peu plus le doute dans la jolie tête de son amie.
Finalement, elle était comme tout le monde, elle n'avait fait qu'accentuer l'incompréhension chez quelqu'un au cœur en perdition en lui giflant des mots se voulant respectables et rassurants en matière de souffrance consentie.
Conclusion de la chose : Aely était revenue chez elle avec des pensées inquiétantes et des yeux tout mouillés.

La brune avait foutu un beau bazar avec plein de considérations philosophiques et au final très peu de concret. Elle avait voulu rassembler et ses tournures de phrases excluaient. Assume Aely.

Froissant le parchemin de sa douce amie elle cria.


- Lona ! Pardon ! Nous t'attendons, nous vous attendons. Pardonne-moi Lona...

Il fait un soleil noir pour écraser une douleur noire. Acanthe, il lui fallait Acanthe tout de suite, pour lui confier cette terrible messe des morts dont les mots mal définis d'Aely avaient réveillé chez Lona la peur atavique de renouer avec la mélancolie.

Avant d'aller retrouver sa petite famille, elle rédige quand même un pli de remords.




Ma Lona,

Je suis une gueuse des porches et des fossés, forcément ça laisse des traces. Je m'octroie de grands principes qui ne sont que des perches auxquelles j'essaie de m'accrocher quand j'ai besoin de me persuader que je possède une belle conscience rayonnante.
Rejoignez-nous vite, très vite. Je réclame ton pardon pour avoir perdu mon bon sens envers toi, tout comme mon savoir-vivre. Quoique le savoir vivre tel qu'on le pratique est la source de toutes les hypocrisies dont il sert d'humus au mensonge.
Je suis à plaindre, j'ai voulu paraître ce que je n'étais pas ou peu. Que je sois damnée de vous avoir donné de ma personne une idée non conforme à la vérité.

Pardonne-moi.

Aelyenor


Aelyenor n'était pas facile à décontenancer, mais en cet instant son self-contrôle prenait de la gîte.
Rapidement elle fixa à la patte de son pigeon le message, puis se hâta de rejoindre le bord du lac où ses deux hommes lui manquaient déjà.
Ils étaient sans doute loin de se douter de l'atrabile qui assaillait en ce moment la jeune femme.

Enchaînant les pas elle pense à demain. Demain ce sera la grande séance lacrymale. Bisouilles, étreintes ; t'es là ! Je suis là ! J'ai l'alarme à l'oeil...elle souhaitera la bienvenue à Sieur Kikou, ravalera sa fierté et s'excusera platement en la regardant.

_________________


Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Montpellier - Millau – Montpellier…….Millau !

De ce retour en la capitale Languedocienne on ne retiendra principalement que le mal-être qui envahit les tout jeunes parents.
Une journée à Millau puis un retour à Montpellier et le spleen qui s’installe, lancinant. Ca vous prend comme ça et vous fait voir le monde autrement.

Le barbu en bon taciturne qu’il est n’aime guère la foule, et foule il y a dans la capitale. Fuyant les tavernes quand à force de bruit et de mouvement les mots disparaissent, fuyant les ruelles quand le tumulte des commerçants et des chalands se fait oppressant.
Son petit havre de paix, son réconfort il le trouve auprès de ses merveilles, de sa petite famille.

C’est au bord de mer qu’ils retrouvent à trois, un moment partagé, un échange entre la mer et les étoiles adossé aux rochers abritant de la tramontane et d’un possible curieux profitant du tableau qu’offre une mère allaitante.
Le barbu se délecte de ces instants. Il a souvent l'envie féroce de kidnapper sa belle, quelques minutes, quelques heures, juste un peu de temps pour eux.


Je t'avoue que j'ai l'impression de végéter à Montpellier…………………..
Mon ami, je m'ennuie à Montpellier……… j'ai souvent peur de la déranger en taverne lorsque je la vois……….espérant un nouveau départ sur la voie d'un Amour qui lui a fait cruellement défaut.
…………… La vie y est très chère, peu faite pour une rustique comme moi.


Il sourit discrètement, peut-être un peu rassuré, peut-être aussi parce qu’il se dit qu’ils iront toujours dans la même direction.
Mon amour, c’que tu m’dis, j’le pense aussi. J’n'arrive pas à me faire à cette ville……

Il l’enlace, les serrant l’une contre l’autre
J’n'ai pas osé t'en parlé.....je sais j'aurais dû le faire. Mais depuis notre arrivée ici j’n'ai qu'une envie, en partir. Je pensais qu’tu te plaisais ici, je n'ai pas vu qu’tu t'ennuyais, j’suis désolé mon amour.
Et maint’nant qu’Lona est en pleine passion amoureuse, j’suis un peu comme toi. Je n’veux pas déranger, alors je passe vite fait dire bonjour et r’pars. J’pense d'ailleurs qu'elle doit m’trouver distant depuis Lodéve et que lui doit s’demander si j’l'apprécie.


Il en discutera un peu plus tard avec Lona, qui aura d’ailleurs du mal à comprendre ce point de vue. Mais le barbu se dit que les deux tourtereaux ont besoin de temps pour vraiment se connaitre, pour apprendre l’un de l’autre. Il se dit ça parce que quand l’Aely et lui se sont définitivement rapprochés, il avait envie de la garder pour lui et partager ces instants à deux.
A bien y réfléchir……il n’avait pas attendu le premier baiser pour ça !


J'ai découvert à Montpellier qu’j'étais encore sauvage parfois – laissant échapper un petit rire – j’me suis senti m’renfermer.

Il la regarde, l’embrasse….il l’aime sa belle des champs
………… Alors je pensais que plutôt que de fainéanter sur les bords de plage……… on pourrait retourner à Millau en attendant la certitude d'un départ. …….. Je préfère me rendre utile plutôt que de me prélasser lamentablement...même si j'ai besoin de moments d'intimité et de repos dans tes bras, en admirant notre enfant.

Retournons à Millau ! C'est là-bas qu'on doit être. Ici...........on r’viendra prendre le bateau.

Je t'aime mon Acanthe......je dois aussi te faire part de quelque chose qui me tracasse……….j'ai eu des nouvelles de la petite Ixia.........

Ca y est, le ciboulot du barbu s’active, il s’inquiète. Tracasse et Ixia, deux qu’il n’aime pas entendre dans la même phrase. La petite Ixia, l’adorable petite.
Ixia ? Qu'est ce.............

Pas maintenant, regarde, hi hi hi, Kundera réclame sa pitance.

Il se tait, saura plus tard. Passant son bras au cou de la promise il observe le petit eux se rassasier au sein de sa mère.
Je t'aime !
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Lona
"L'amitié, c'est comme le bon vin ... Plus ça vieillit, ça vieillit si bien ..." (A. R. Poète Normand avec qui je travaille ! )

L'amitié... ce sentiment profond que vous avez, au creux de vous, quand ils s'en vont, ce vide... immense qui d'un coup se remplit quand elle les voit.

Les voila à Millau, elle a vu la route défiler sans encombre, aux cotés de Kik, Louise Anne apaisée dans la charrette. Les portes de Millau dés potronminet, Lona qui se met à courir... courir vers quoi, vers qui ? ils dormaient sans doute tous à cette heure matinale. Kundera avait du réclamer sa pitance au cours de la nuit, laissant une Aely apaisée et endormie au creux de son barbu.

Plus tard en taverne, Aely s'était de nouveau excusée, Lona l'avait pourtant bien avant cela, déjà pardonnée.

La vie de Millau reprenait, petit à petit, ils y mettaient du leur. Ils s'installaient pour certains, travaillaient pour d'autres. Lona, elle... savourait.
Les nuages semblaient s'être estompés dans sa caboche de blondine et au jour le jour était sa devise.

Et bien qu'elle sache que certains lendemains ne seraient pas aisés, elle était heureuse, et entourée.

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--Gudrule
Millau

A Millau, avec mon amitié aussi immortelle que cette cité, et à vous amis(es) lecteurs(trices), en vous remerciant de lire cette prose peu conventionnelle.

Cette histoire est purement fictive, ainsi que tout le Saint Frusquin qui l'accompagne. Entre nous et les fesses d'Aphrodite, est-ce que la réalité serait assez sensée pour imaginer une histoire pareille ?


Faut vraiment avoir un marmot pour mesurer le degré de popularité des parents. Lorsque la petite troupe s'avance à l'orée de la vigne, Aely est toute émue de revoir sa sœur. Itou la frangine. La Gud mate le fréluquet qui gigote dans les bras de sa mère. Pour l'occasion elle a troqué ses braies rayées des Causses pour une tenue toute blanche, avec une chemise vraiment et très provisoirement blanche. Elle est belle comme une carriole repeinte.

- Salut la compagnie chevrote l’Émue. Alors c'est lui queue d'rat ? Il est beau ce voyou.

Elle tend timidement ses grosses paluches à saucisses, et Aelyenor dépose l'enfant dans les tréfonds graisseux des paumes de sa frangine.

- C'te crapule dis donc. Quand j'avise un téméraire pareil, le regret me vient de m'être acoquinée avec ce baudet de Louigi tiens. Certes il a reprit de la vigueur mais j'crois bien que l'accident a causé des dommages. L'est stérile j'crois bien. Arf, j'lui aurais bien tricoté une demi-douzaine de chiares. Juste pour le plaisir.

Elle frotte un pleur de la manche de sa chemise blanche. Effondrée qu'elle est Gudrule. Est-ce en pensant à ce qu'elle n'aura jamais ou bien le fait de tenir dans ses bras son neveu ? Nul n'aurait su le dire. Toujours est-il qu'elle représente en l'instant la statue copieuse, graisseuse et sanglotante de l'émotion. De quoi fendre l'âme du bourreau officiel de la Sainte Inquisition.

Tout le monde s'embrasse en écrasant une larme. Tout le monde y passe. Lona, l'Acanthe et même Kikou qu'Aely présente à sa frangine comme un être extraordinaire et surprenant. Le légitime à Lona qu'elle serre de très près.
Faut la comprendre cette petite, quand on est privé de dessert on s'en ressent.

Et puis soudain l'Illuminée, tenant contre sa fantastique poitrine Kundera, faisant craindre à la brune une catastrophe mammaire, dans l'hypothèse où le gosse aurait l'étrange idée de s'y engouffrer, change de teint, passe du rose cochon au violine cramoisi en s'adressant à son aînée.


- S'pèce de fumelarde éructe-t-elle. J'ai appris que vous repartiez ! J'te pardonnerai jamais d'n'être pas v'nue me voir avant, toi et tes greluchons. Voilà des jours que je me caille la laitance, je chiale tellement que tout ce que j'bouffe devient trop salé.

Aely s'avance près d'elle et caresse son épaule de matrone.

- Je ne savais pas que tu avais autant d'affection pour moi ma Gud.

- Bougre de raclure. J'pourrais crever que tu t'en apercevrais même pas. L'idée de te perdre ça m'empêche de respirer, comme si je me payais une fusion poitrinaire. Ça m'gache tellement la vie que même si j'devenais Reine Mère j'm'en foutrais. Meudâme Aelyenor donnerait même pas un denier pour ma couronne.

- Mais Gud...

- Tais-toi ! T'as pas plus de coeur qu'une fosse à purin. Ca m'dégoûte des enfoirées comme toi. Bien envie d'fou't le camp pour plus penser à l'ingratitude humaine.

Jamais on a vu une Gudrule comme ça. Dans une rage pareille. C'est de la vraie colère, de la colère noble, chaude qui s'écoule abondamment. Fallait laisser passer l'orage.
Elle se tait et pelote les fesses dodues de Kundera.


- Tu t'énerves, tu t'énerves et pour rien. Tu le sais que tu es ma sœur bien aimée, que si tu mourrais je me roulerais dans la poussière. T'as tort de m'en vouloir.
Je ne reste pas longtemps c'est vrai, mais je suis mandatée par Millau pour rapporter des denrées à la ville, et puis je ne serais jamais repartie sans t'avoir vue, sans te présenter ton neveu.


Elle écrase un pleur de son pouce aussi puissant qu'un marteau retombant sur une enclume.

- Enfin, l'essentiel c'est qu'vous soyez venus me voir. Merdum, allez, avant d'repartir j'vais vous préparer le repas. T'en fais pas pour les vignes, j'les ai palissées. Comme ça y'aura plus de soleil qui filtrera à travers les ramures. Sera un peu clairet l'raisin c't'année, mais normal avec toute la flotte qu'il y a eu.

Affaire classée. Trêve d'émotion. Manger quelque chose est une bonne idée.

l’Éprouvée réchauffe des restes qui auront tout à y gagner. La Gud est un génie de la cuisine, et quand on dit génie, c'est qu'elle a le don de cuisiner des choses hautement réchauffables. Parce-que comme elle dit, la nouvelle bouffe n'en déplaise aux notables, on peut pas lui faire accomplir un deuxième tour de chauffe. L'ancienne oui. C'est conçu pour ça.
L'ancienne cuisine elle est du terroir, elle fait le patrimoine. La nouvelle bouftance uniformise les Royaumes. Du nord au sud on bouffe du poisson cru, des légumes crus ou peu cuits, moins de viande à part du canard saignant.

Le pire c'est que Gud a raison. Tant pis pour les embonpoints latents se profilant à l'horizon dans des sauces bien concoctées. Tant pis si les artères se bouchent, on a qu'à souffler dedans pour déboucher. Vaut mieux crever d'une crise d'apoplexie grâce à une daube marinée que mourir d'apoplexie avec un chou-fleur mitonné à l'eau chaude. Non ?

C'est dans cette ambiance rassérénée, conviviale, larmoyante mais chantante que la soirée se passe et se termine.

On quitte Gudrule en lui promettant de revenir très vite.


- Je t'aime ma sœur.

Elle a failli perdre un être cher Aelyenor. Faut bien dire quelque chose n'est-ce-pas ? Ca s'appelle le respect humain. Une manière de tenir compte des autres, de leur bonne volonté, de leur pardon ou de leur compassion, sinon on passerait sa vie à se cracher dessus où à se montrer nos derrières...
--Lablondine
Millau... Millau et le soleil à l'envers... Millau et les promesses de demain, d'un avenir contre vents et marées...

Lona avait réglé les affaires courantes en revenant à Millau... Quelques jours ici et elle se demandait si l'idée de repartir était la bonne... Oui elle l'était, sans doute. Et puis ils partaient tous ensemble. Certes, Kik ne suivrait pas, mais elle non plus et tous les deux avaient décidé de faire le voyage prévu avant leur rencontre. Oui ils se manqueraient, mais ils s"écriraient...

Ils avaient savouré les jours ensemble. Lona avait préparé les bagages une fois de plus, avait embrasse Kik avant qu'il ne parte pour Montpellier, pour embarquer. Elle aurait du l'accompagner, mais ces hommes en avait décidé autrement. Ni Kik, ni Acanthe, ne voulaient la voir sur les chemins seule pour remonter à Millau...

Soupir....

Elle l'avait étreint, embrassé, puis il était parti.... Eux avaient attendu.
Lebarbu
Des trucs de filles ? Mais….quels trucs ? Arf ! Le saurais-je un jour ?


De passage à Montpellier avant de prendre la direction de Narbonne, les trois voyageurs se retrouvent en taverne.
Discussions autour d’un breuvage plus ou moins alcoolisé selon les envies, sourires, rires, chacun profite de ces instants. L’Acanthe profite, discrètement, de sa belle à ses côtés.
Et puis…..les deux dames se disent qu’elles se verront plus tard, des choses à se dire qu’elles disent.
Le Barbu tente un « Quelles choses ? » teinté de curiosité et d’innocence.
La réponse ne se fait pas attendre…. «Des trucs de filles ! »
Lui se fait bougon, un peu, prend la tête d’un caliméro se disant in petto « C’est trop injuste ! », la promise en rit.
Ton rire Aely……..ton rire est comme une fontaine à la vue d’un assoiffé !
Mais la barbe bougonne encore et mâchouille un « Mouais ! Des trucs de filles !»
« Des trucs de fille oui ! T’es pas une fille ? Alors…… » lui lance Lona. Cette phrase non finie, mais assez explicite, conclut l’intermède caliméronien.
Inutile d’en discuter plus longuement, l’Acanthe ne fait pas le poids. Il représente une minorité face à elles. La condition d’homme n’est pas chose toujours facile dans la charrette. Bon, c’est un peu exagéré, mais quand même…….

Toujours est-il que ce « C’est un truc de filles ! » ou la variante « Des choses de fille ! », il l’a entendu quelques fois depuis qu’ils voyagent ensemble.
Et à chaque fois, il reste planté là avec ses interrogations.

Que cachent ces mystères ? Des potins ? Quelques aveux ?
Quelle est la raison secrète de cet exil féminin ? Quelles choses ne doivent pas être sues par moi ?
Est-ce qu’elles parlent de moi ? En bien ?...........En Mal ?
D’un autre ?........qui ne laisserait pas ma toute belle insensible ? Plus beau, plus doux, plus…….que moi ?

Peut-être du biscuit à Lona qui vogue sur les flots ? De la dernière missive qu’il lui a envoyée toutes pleines de mots tendres ? Des papillons dans le ventre, du temps qui les sépare ?

Du blond là-bas qui a des jolies fesses ? De celles là-bas qui en a des pas jolies ?

Des enfants ? Kundera et Louise-anne ! Hum non ! C’est pas ça. A moins qu’ils soient malades et qu’elles ne veulent pas m’inquiéter ? Non non non ! De ça elles m’en parleraient.

D’un autre qui……Arf ! Tsss ! Enlèves-toi ça de la caboche………

Alors c’est quoi ces…………..« trucs de filles » ?

Elles parlent chiffons et cuisine ? J’ai un doute que ce soit si secret ces choses-là.



Il aimerait être une petite souris, une fourmi ou tous autres petites bébêtes pour pouvoir espionner ces dames.
A choisir, la souris lui convient bien et si vraiment il a le choix………un escargot ! On ne se méfie pas d’un escargot. On ne l’écrase pas, on le met dehors. Dans un coin ombragé avec de la verdure pas très loin.
Donc, il aimerait être un petit escargot pour voler au passage quelques bribes de ces « trucs de filles ! ». Pour savoir juste, par curiosité. Un petit escargot avec des esgourdes qui capteraient tous ces petits secrets de dames.
Un petit escargot qui se promènerait dans les jardins privés de son amour.

Et puis ! Elles pourraient avoir un peu de compassion pour lui. Lui n’a pas de « trucs d’hommes ! » à partager comme ça. Jamais il n’a dit « On en discut’ra plus tard, sans ces dames ! ».
Avec qui les partager ses secrets d’hommes de toute façon ?
Il a bien essayé avec le canasson, mais l’Acanthe qui murmure à l’oreille d’Héphaïstos doit souvent se contenter d’un monologue. Et comme en plus d’être barbu il est taciturne, la conversation tourne court.
Le chat ? Pas moyen, il se détourne aussitôt.
Il lui reste ce petit bout d’eux, sa deuxième merveille, son rejeton, son gamin. Kundera !
Mais….c’est un enfant, « infans » en latin, celui qui ne parle pas. Et effectivement, le barbu pourrait lui dire que la vache pond des œufs qu’il n’y aurait pas de contestations de la part de Kundera.
Il gazouille, sourit, pleure parfois. Il est adorable ce petit homme qui ne parle pas. Et ça n’empêche pas le père de le prendre à part parfois, entre hommes, et de lui raconter sa vie, de lui raconter la vie. De lui parler de sa mère, de lui dire combien il les aime.


Je lui dirai quoi à un autre homme ? Quelles choses je lui dirai que je ne dirai pas à Aely ? Ou à une autre dame ?

On se retrouverait entre hommes pour parler du dernier match de soule ? De l’arbitre qui mérite vraiment la potence ?
De nos dernières prises ? Des poissons gros comme ça !!! Du meilleur appât pour le brochet ?

De l’autre jour ! Du coup où t’as voulu mesurer ta force avec un plus grand que toi. Et ce que tu lui as mis le pauvre ! Enfin, je te le dis pas, mais y’en a qui dise que t’en menais pas large quand même. Même que t’aurais pleuré, mais ça je te le dis pas.

On parlerait peut-être de nos femmes respectives comme les hommes savent « si bien » parler des dames ? Tsssss, ça non !
Les charmes de ma mie j’en passe et des meilleurs, vos cours d’anatomie allez les prendre ailleurs, en spectacle je ne donne pas le corps de ma belle.*
Un jour je lui chanterai cette sérénade, elle le mérite bien !

Des autres dames alors ? Celles qui sont pas les nôtres ? Mouais, je vous dirai « elle est belle oui », mais je n’insisterai pas. Et n’en parlerai pas non plus en détaillant ses avantages.
Vous me direz « sois pas timide, t’as pas envie de la voir de près sa poitrine ! » avec ce sourire vicelard, et je ne vous dirai pas que j’aime ma femme, que les autres m’indiffèrent. Vous ne comprendriez peut-être pas cela.

Alors……..c’est quoi ces « trucs d’hommes » ? Ces trucs que je ne peux partager !



Brassens - Rien à jeter
Laely
Montpellier

" Des trucs de filles " : la suite...

l'Acanthe il a la curiosité effilée comme la broche d'une rôtissoire. Bien mal lui en prit. Il se prend de plein fouet un " ce sont des trucs de filles " de la part de Lona. La réponse de son amie et la tête de son barbu font exploser de rire Aely.

l'Acanthe fait une drôle de bouille. Lui, si investi d'une autorité nouvelle : la paternité. Rayonnant devant ce petit être qui semblait l'avoir marqué d'un signe mystérieux : le pouvoir d'être père.
On admirait cette flamme dure et claire qui écartait sa pupille, cette soudaine ampleur du geste, ce sourire nimbé dont son visage s'était ennobli, ce redressement de son épine dorsale auparavant arquée par les charges de charpente et aussi la surcharge pondérale.

On applaudissait le prodige qu'était l'Acanthe se faisant instantanément une autre idée de lui-même, s'élevant à l'intérieur de son âme.

On l'aimait Acanthe. Tout le monde l'aimait cet homme fragile certes, mais que son impétuosité admirable conduisait aux plus hauts sommets. Cet homme qu'une entaille saignait à blanc mais que l'orgueil semblait rendre invulnérable dans ses desseins.

Il est beau, noble, auréolé,satisfaisant et empreint, mais fier aussi. Difficile pour lui d'accepter d'être évincé parce-que des filles avaient des trucs de fille à se dire.
Il est fondant comme neige au soleil. Le papa gâteux bougonne, rumine et fulmine. Ce qui a pour effet de déclencher un fou rire inextinguible chez les deux jeunes femmes.


- Jaloux mon Acanthe ? Faut pas tu sais. Les hommes déjà ils gaspillent une somme de temps et d'énergie en jalousie, alors ne fais pas comme eux allez.
Les femmes ont des choses à se dire que les hommes ne pourraient pas comprendre. C'est comme ça.


Puis fronçant les sourcils elle reprend.

- Et puis dis ! Lorsque tu as rencontré le papa de Lona la dernière fois, vous vous êtes fait quelques confidences si je ne m'abuse, des trucs d'homme n'est-ce-pas ? Et le courrier d'Avana ? T'ai-je demandé ce qu'elle t'avait écrit ?

Elle lui sourit tendrement et caresse son cou.

- Va pas chercher le mal où il n'existe pas Acanthe. Je t'ai promis de t'épouser, tu m'as fait un enfant, c'est pas rien non ? Je t'aime vachement...

Une chose est certaine, tu as devant toi des femmes fiables. Peux-tu en dire autant de tout le monde ? Vous les hommes, pourriez-vous renoncer aux belles filles de rencontre ? Vous vous dites que vous n'avez pas le droit de profaner notre amour à nous, notre ferveur envers vous.
Mais qu'en sera-t-il plus tard ? Où serons les belles résolutions ? Impossible pour vous de ne pas regarder les belles fesses qui passent et d'imaginer des choses insensées...

Mon pauvre Acanthe...heureusement que nous avons des choses à nous dire. Ça permet de mieux vous connaître. Et puis nous on ne ment pas. Sauf par omission. Taire la vérité est moins contraignant que la travestir, car cela fait appel à la capacité d'oubli, alors que travestir la vérité oblige à des efforts de mémoire constants.


Elle lui donne un baiser, un très joli, presque chaste, puis lui prend des mains Kundera et le pose doucement dans les bras de Lona.

- Je te confie Kundera ma belle, juste le temps de dire deux mots à cet occidental occidanxieux.

Se retournant vers son homme, elle lui happe la main et l'entraîne en dehors de la taverne. Une fois à bonne distance de l'auberge, elle se plante devant lui, délace son corsage en le regardant dans les yeux, puis se tenant les hanches à deux mains lui murmure.

- Sale bougre ! Maintenant, surprends-moi.

Aura-t-il pigé ? Pour Aely, surprends-moi veut dire : "ne me fais pas l'amour bêtement, comme tout le monde. Invente."

Un véritable cas de provocation avancée. Alors de deux choses l'une, soit il l'envoie rebondir en la traitant de déviée sexuelle, soit...il invente.

Les défis, Aelyenor c'est sa nature.
Lebarbu
Montpellier - Suite
[Ou comment passer de Calimero à la félicité !]


Il avait écouté sa belle répondre à sa bougonnerie et elle n’avait pas tout à fait tort, comme souvent. Des arguments de poids pesaient dans la balance. Seul le passage sur les autres dames, ces jolies fesses qui passent, le fit réagir. Parce qu’il est du genre fidèle le barbu, très, pas moyen de lui déloger sa Aely de la tête, même plus tard il le sait.
Elle lui dépose un baiser qui a le mérite de lui faire esquisser un discret sourire. La fierté du bougon est tenace, un trop grand sourire maintenant annihilerait sa protestation.
Pour peu il aurait fini la journée dans la maison ronchonchon !


Il la suit au-dehors de la taverne, enfin…..se laisse entrainer plutôt. S’attendant à tout sauf à ce qui se produit sous ses yeux ébahis et émerveillés. Le lacet du corsage est défait et dévoile les éminences mammaires de la petite forgeronne. Quelle beauté ! Quelle tentation jaillissant devant lui ! A la portée de mes mains, les pointes de tes seins………

- Sale bougre ! Maintenant, surprends-moi.

Il est un peu décontenancé l’Acanthe, sortant de l’estaminet il pensait devoir user de mots et non de gestes. C’est qu’elle sait dérouter son homme la toute belle. Quand il vous dit que c’est une merveille sa petite femme !
Un coup d’œil à droite, à gauche et un peu partout pour s’assurer qu’il n’y ait un regard profitant de la scène dans les parages et le barbu dépose une paluche dès plus délicates sur la poitrine de sa belle, enveloppant un sein par mouvement caressant, passant de l’un à l’autre, effleurant leurs pointes du bout des doigts.
L’autre main se pose dans le creux de ses reins et l’attire un peu plus à lui, la serrant…….tout contre lui. Quittant le haut, découvert et maintenant écrasé contre le poitrail de son homme, la mimine se faufile sous les jupons de la promise. Ils s’offrent leurs lèvres, irrésistiblement. S’abandonnent dans un long baiser qui semble ne devoir jamais s’arrêter.

- Surprends-moi…….
Te surprendre Aely ! Te surpendre…..je suis pas doué pour ça moi. J’ai pas l’imagination fertile, ni l’expérience.
On va pas le faire là…..comme ça…..ici ! Pourtant….pourtant….j’ai envie de t’étreindre là, de suite. Mais non, ailleurs….il pourrait y avoir du monde à passer.
Comment te surprendre mon amour ?


Il a bien une petite idée, mais est-ce vraiment une idée surprenante ? Ca, il faudra attendre pour savoir.
Le barbu fait un rapide calcul. Kundera a eu la tétée il y a peu, ça leur laisse donc du temps pour offenser le très haut.

- J’espère être à la hauteur de tes désirs….ma p’tit sauvageonne !
- Ferme les yeux ! J’t’emmène dans l’plus bel endroit d’Montpellier….et….on verra c’qu’on y f’ra ! Il a le sourire coquin le bougre

Les paupières de la belle se ferment sur ses jolis yeux et, après avoir déposé un baiser sur chacun de ses seins, il l’emporte dans ses bras vers un ailleurs plus propice au jeu de la bête à deux dos.
L’Acanthe avait, durant leur précédent séjour dans cette ville, eu le temps d’arpenter et de découvrir les moindres recoins dissimulés à la vue des non curieux. Et ce petit coin de paradis il s’était mis en tête de le faire découvrir à Aely, certain que cet endroit lui plairait.
Il suffit de passer le pont, longer le bois et ils y sont.

- Garde les yeux fermés !

Devant eux s’étale un champ, un champ comme on en trouve que dans le sud, un champ qu’il faut avoir vu…..pour comprendre. Un champ de coquelicots !
Etait-ce ces fleurs si fragiles qui dansent au gré des vents ? Ce rouge si puissant dans un décor pourtant déjà coloré ? Cet olivier, certainement centenaire, qui surgit colosse au milieu de ces beautés précaires ? Ce coquelicot que sa belle aime tant ? Un peu de tout ça ?

Il progresse à pas de chat et s’enfonce peu à peu dans ce champ. La tête de la belle au creux de son épaule, abandonné aux bras de son barbu d’amant, il lui susurre à l’oreille quelques mots appris il y a bien longtemps. Les mots des autres remplacent les siens parfois absents.


- Cet amour, si violent, si fragile, si tendre, si désespéré. Cet amour beau comme le jour et mauvais comme le temps, quand le temps est mauvais. Cet amour si vrai. Cet amour si beau, si heureux, si joyeux et si dérisoire. Tremblant de peur comme un enfant dans le noir, et si sûr de lui comme un homme tranquille au milieu de la nuit……………………..Cet amour tout entier, si vivant encore et tout ensoleillé, c'est le tien ! C'est le mien ! Celui qui a été cette chose toujours nouvelle et qui n'a pas changé. Aussi vraie qu'une plante, aussi tremblante qu'un oiseau, aussi chaude aussi vivante que l'été. Nous pouvons tous les deux aller et revenir, nous pouvons oublier et puis nous rendormir, nous réveiller souffrir vieillir. Nous endormir encore, rêver à la mort, nous éveiller sourire et rire et rajeunir. Notre amour reste là. Têtu comme une bourrique, vivant comme le désir, cruel comme la mémoire, bête comme les regrets, tendre comme le souvenir, froid comme le marbre, beau comme le jour, fragile comme un enfant.
Il nous regarde en souriant et il nous parle sans rien dire………………………………..(Jacques Prévert – Cet amour)


Arrivé à bonne distance, c'est-à-dire assez loin pour ne pas être dérangé, il dépose son petit coquelicot à lui sur ce qui deviendra bientôt leur éphémère nid d’amours.
C’est une main tripotante qui se balade sur le corps étendu, remontant lentement le jupon, caressant le nombril.

Tu peux ouvrir les yeux Aely !

Les fleurs dansent autour d’elle et leurs parfums enveloppent les amoureux. Rien de tel pour enivrer les passions.
Et la passion ne tarde pas à se manifester, même……..qu’elle explose. Le corsage est jeté et la chemise suit la même direction.
La belle avait laissé le barbu sans force et sans répondant au jardin à Millau, cherchant sa respiration. Il a bien l’intention de l’emmener en pareil état aujourd’hui sa sauvageonne.
Ils s’embrassent, se pelotonnent et les chausses volent en différentes directions. C’est le désir ardent qui prend le dessus dorénavant et suivent bientôt le jupon et la braie. Ils en mettent un désordre dans ce champ.

Ma toute belle…….. !
L’Acanthe mène la chorégraphie des deux corps enlacés ne laissant pas une minute de répit à sa douce, qui de toutes évidences n’en réclame pas non plus.
Il la dévore de tous les sens (les cinq aussi bien entendu), la parcourt de haut en bas, de long en large.
Ne laissant aucun petit bout de sa peau échapper à ses lèvres gourmandes, à sa la………censure………La belle gémit, soubresaute, suffoque parfois, frissonne, soupir et laisse échapper de petits cris enthousiastes.Je sens que tu t'abandonnes Aely………

Le barbu lui fait réviser le kâma-sûtra en vingt leçons !...............Bon d’accord ! Quinze leçons…..quatorze……douze…..huit.....! En six leçons, mais croyez-moi qu’il y met du cœur à l’ouvrage. Et…..de l’amour aussi, de l’amour et encore de l’amour.
Le petit corps de la belle se cambre sous l’étreinte, exulte sous les caresses…..et libère un cri…….puis retombe alangui sur le parterre de coquelicot.

L’Acanthe observe sa merveille et se couche à ses côtés, la prenant dans ses bras. Mais sa paluche ne tient pas en place et continu, inexorablement, l’exploration de la peau si douce. Si bien qu’il ne lui faut pas longtemps pour redonner vie à sa belle, elle le regarde, le dévore des yeux avant de lui dévorer la bouche et de lui murmurer à l’oreille des mots dont elle a le secret.
Il lui laisse l’initiative de l’entreprendre à califourchon, puis reprend les commandes des ébats, c’est une intensive douceur qui s’empare d’eux et bientôt deux cris qui parcourent le champ.
Elle repose sur lui, à bout de souffle. Il sent son cœur battant la chamade, douce mélodie que ce battement...............Les respirations se font plus douces, les battements plus lents.

Mon amour ! J’suis pas encore vaincu cette fois…..j’en ai pas fini avec toi….pas encore…….!

Il la bascule sur le côté, cueille un coquelicot et lui caresse le corps de ses tendres pétales.
Ma reine des champs ! Ma belle des prés ! Comme un p’tit coquelicot, un....tout...p’tit....coquelicot !

Et le voilà qui l’embrasse encore, l’amour déshydrate et les lèvres de l’Aely sèchent comme un pétale au soleil. Le barbu les réhydrate à sa façon, les caressant du bout de la langue, les mordillant. La belle est sans défenses et il en profite « le sale bougre ».
C’est plus fort que lui, dès qu’elle découvre un petit bout de sa peau bien caché que seul lui peut admirer, il ne peut s’empêcher d’y poser ses paluches ou ses lèvres.
Alors imaginez quand elle est nue, offerte à ses mimines ! Et puis……les sourires de la merveille quand il s’égare à certains endroits en disent long sur les permissions qu’il a.
Alors il s’attarde sur ses seins, en fait le tour et des détours. Embrasse, effleure, amignonne et continue sur tout ce petit corps.
Il la respire, la goûte, encore et encore. Et il sent qu’elle se ravigote, lentement, bientôt elle l’agrippera et plantera ses ongles dans sa peau en lui disant

- Encore mon Acanthe !

Alors il s’épanche sur l’endroit où le dos perd son nom, y flâne, le couvre de caresses et de baisers. Puis il la couvre de tendresse et de douceur et…….elle lui sourit, lui balançant un regard qui ne peut tromper.
- Viens !
Il lui prend la main, s’assoit au sol et laisse la promise enlacer sa taille de ses jambes. Ils se partagent, les langues ne se lâchent plus, les bouches ne se reposent plus.
Ton souffle Aely !..........Ton souffle chaud dans mon coup…hummmm !
Tes soupirs, je les sens……..je les vis Aely

Il lui suçote les lobes d’oreilles, l’embrasse dans le cou, l’agrippe au creux des reins……………
Ils resteront comme ça un moment, leurs halètements se confondant en d’étranges accords. Sans un mot, les paroles deviennent gestes.


Plus tard, quand ils auront repris leurs esprits, il leur faudra retrouver les vêtements éparpiller, quitter ce champ et rejoindre le petit eux qui réclamera bientôt le sein maternel.
--Lablondine
Lona avait gardé au creux de ses bras, leur petit eux, Kundera, en sécurité pendant qu'eux deux s'adonnaient à elle ne savait quoi et ne voulait pas l'savoir surtout. Il est des secrets qui doivent le rester mais elle se doutait que le ciel et les étoiles seraient témoins d'étreintes tendres et amoureuses.

Puis l'heure avait sonné.... Ils avaient repris la route, quitté Montpellier, direction Narbonne, et retour... et c'est la que ça se complique ...

Jusqu'alors, tout se passait bien, la route défilait, les côtes méditerranéennes escarpées qu'ils longeaient... Leurs pas les avaient amenés jusque Narbonne... Une étape, quelques heures, non finalement, une journée d'arrêt. L'équipée prenait alors un peu de repos.

Lona avait pris une chambre dans une auberge, pour Louise Anne et elle. Les tourtereaux seraient tranquille et en famille. Même si plus les jours passaient, plus elle avait la sensation qu'ils faisaient tous partis d'une famille de coeur. Les amis... ceux qu'on choisit avec le coeur.

Eux n'en sortiraient jamais.

Béziers....

Que la ville était calme... rien, ou pas grand chose, n'en venait troubler la quiétude.... A peine quelques éclats de rire aux abords des tavernes. Aely, Acanthe et Lona, attablés comme souvent, échangeaient, discutaient, bataillaient le bout de gras sur la suite des évènements, et chacun avait rejoint pour la nuit ses pénates.

Lona avait été surprise de la soudaineté de la fatigue qui était tombée sur elle comme une chape de plomb s'abat sur vos épaules à l'annonce d'une quelconque nouvelle. Elle avait rejoint son édredon en prévision du départ prochain. Prendre un peu de repos pour ne pas fatiguer sur la route.... Elle se réveillerait d'ici quelques heures, avant que le soleil ne pointe le bout de son nez et ne fasse chanter le coq. Elle prendrait Louise Anne contre elle, encore enveloppée dans une couverture de laine épaisse, et elle rejoindrait la charrette... tout était orchestré... tout ... tout sauf ça !

Elle se leva en sursaut dans le lit, prise d'un léger tournis. Elle regarda par la fenêtre, le soleil était déjà haut dans le ciel et la ville s'animait.... Louise émergea de son sommeil, s'étira... et devant les yeux de sa mère, commença à s'inquiéter.

Lona l'attrapa, encore toute ensommeillée... descendit dans la rue et... réalisa...

Ils étaient partis... sans elles.... Les croyaient elles dans la charrette? ne se rappelaient ils plus qu'elles dormaient ailleurs....

Béziers et son calme...

Un nouveau tournis prit Lona et l'obligea à s'asseoir sur le rebord de la fontaine.


On partira ce soir ma puce, on partira ce soir et on les rejoindra...
Laely
A bord de l'Elisabeth

Je tiens à préciser que pour une fois, tout n'est pas fictif dans cet épisode. En effet, la brunette est à bord de l'Elisabeth. Je dois vous faire un aveu : ce bateau existe !
De ce fait, si ce barlu veut me faire un procès, qu'il y vienne. Les débats ne manqueront pas de sel...de mer.


Accoudée au bastingage de l'Elisabeth, Aely, fille préférée de feue Anna, regarde mélancolique le quai d'embarquement - lequel sert accessoirement de quai de débarquement pour les retours vers la mère patrie - sur lequel se presse une foule qu'un littérateur prétentieux diplômé qualifierait certainement de bigarrée mais qui en tout état de cause est sans contexte nombreuse.
Sur la plate-forme d'embarquement, la brune détaille les arrivants. Un ecclésiastique, une Dame frisant l'âge mûr portant robe parsemée de froufrous bariolés, un collier avec perle* distribuant des œillades gourmandes à quelque mâle. Un homme disparate, en haillons, croisant le regard dAelyenor sans l'atteindre, puis constatant qu'elle est jeune et belle et ayant sans doute le sens du raisonnable, retourne son dévolu vers d'autres exemplaires du genre féminin.

Tandis qu'il tâte son regard, Aely étudie à fond les environs. Point de Lona ni d'Acanthe.


- Ils sont où ? murmure-t-elle à l'intention de son fils qui, heureux comme un poisson dans l'eau se laisser bercer dans le hamac mis à sa disposition. Ah ils me la copieront tiens ! J'embarque et eux restent à quai. J'en connais une qui doit jubiler tiens d'avoir le barbu pour elle seule. Pas de risque d'être surprise.


Aelyenor était coincée à bord du rafiot, pas moyen de mettre pied à terre une fois embarquée. Pfff, elle s'en foutait la brune, du moins elle essayait de s'en persuader. le plus excitant dans l'adultère c'est quoi ? La peur d'être surpris non ? Enlevez cette peur, il reste quoi ? Une partie de jambes en l'air. Ouais. L'absence embellit ma pauvre Aely...
Et Lona ? Elle faisait quoi ? Complice de cette goujaterie ? Paraît qu'elle était sa conscience ! Tu parles ! Ben la conscience en ce moment la blondine devait s'en taper le coquillard.

Sur ces pensées peu engageantes, elle enlève son môme à la félicité du balancement du hamac et entame une promenade sur le pont ainsi qu'une visite du navire. Elle dégauchit le tavernier du mess.
Le mess c'est un petit coin tout ce qu'il y a de ravissant. Meublé de bois clair, cloisons repeintes de frais et sur les murs des enluminures de grands navires...pauvres marins perdus z'en mer...

Le tavernier il est aimable, courtois, commercial sans doute. Il la fait asseoir et lui prépare un breuvage de sa composition. C'est formidable ! Rien de conventionnel ni de commun avec ce qu'on peut écluser dans les tavernes sordides des villes. Au premier godet on se sent mieux, au second on se sent bien, au troisième on se sent plus. Du coup les idées noires de la brunette s'estompent. L'idée qu'Avana ressente de la quiétude à savoir être débarrassée d'une rivale et d'avoir du même coup l'Acanthe pour elle seule lui passe maintenant par-dessus le bras. Elle s'en tape. Normal, trois verres de cet élixir ça calme les nerfs.

Elle se fait accompagner par la suite sur le pont, abuse en lui demandant de la conduire à la cale histoire de s'assurer que son cheval possède toutes les commodités requises. Lui, il exécute un petit numéro d'homme galant jusqu'au bout style : "Vous êtes troublante" ; "un pas de plus et vous marchez sur mon coeur" ; "c'est la providence qui vous a placée sur mon chemin"...

Si l'Acanthe serait là il serait mort de jalousie. Ben oui, on peut être certain de l'amour que l'autre nous porte, subsiste encore et toujours l'incertitude des instants. Heureusement non ?

Bref, jusqu'à ce que, vaincu par la résistance inébranlable de la jeune femme, malgré l'alcool, il rend les armes et lui indique le chemin à prendre. C'est ce qu'on appelle un exercice d'alerte.

Suivant les explications du tavernier, elle s'enfonce dans les entrailles du navire. Des malles s'accumulent et s'amoncellent. Dans le fond de la cale, Héphaïstos, affolé par le fracas et le tumulte des marchandises que l'on entrepose, piaffe et commence à perdre son contrôle. Il sent qu'il se passe quelque chose, qu'il se passe...l'Italie !

Sa maîtresse s'approche, sa présence réduit l'équidé à plus de sérénité. Elle caresse l'animal et rallonge les courroies, passe ses mains dans la crinière du cheval, car Héphaïstos, flairant la liberté, veut se précipiter "fuori" (out, dehors...). Elle le rassure avec des paroles douces et apaisantes. L'autre, lui refile un coup de langue sur le visage. Il est mis en confiance, commence à avoir le sabot marin.


- Concordate ! ( d'accord ! faut se mettre dans l'atmosphère du moment.)

Une fois Héphaïstos tranquillisé, Aely, apaisée sur son confort et son alimentation, retourne à l'air libre, Kundera jetant des regards partout vers des odeurs, des bruits et des sens qu'il découvre.
Sur le dernier pont avant la passerelle, ils ont une vue plongeante sur les quais. Il y a des gens inconnus, des quais jonchés de malles, de détritus faisant ressembler l'endroit à des quartiers de ruelles pauvres.

Puis, morte de fatigue, d'inquiétude mais aussi de colère de se retrouver seule sans ses amis, elle file dans sa chambrée s'allonger dans son hamac.
Soudain, terrassée par l'épuisement elle s'endort comme on coule à pic.


- Lona et Acanthe doivent dormir...l'Acanthe il en écrase toujours après une nuit d'amour...

Tant pis, si la mer est mauvaise elle s'en apercevra.

* En vente chez Celsius dans toutes les bonnes boutiques. sic.
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