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[RP ] La charrette de ma dame est avancée !

Lebarbu
Gênes encore !

Toujours autant de mains qui s’agitent et de doutes dans leurs traductions.
Plus il observe et plus le barbu se dit que ce n’est pas un langage de signes, pas réellement, mais un accompagnement des mots.
Aely et Lona lui ont aussi dit que l’Italien avait une réputation à défendre, une réputation……tactile dirons-nous. Et bien qu’il veille, plus ou moins discrètement, il sait aussi que sa belle sait parfaitement mettre les distances quand il faut. Il se demande aussi si elles n’en rajoutent pas un peu, juste histoire de le taquiner connaissant son caractère méfiant et protecteur…….elles en sont capables, croyez-moi !
Mais dans le doute……..il surveille les paluches autochtones. Et garde les siennes au plus près de sa Aely.


Le voyage continu, les villes pour le moment se suivent et se ressemblent. Toujours la mer d’un côté et le reste de l’autre. La mer…toujours la mer qu’on voit danser………………….
La troupe s’est agrandie, nous voici maintenant six à parcourir la botte, Lona ayant retrouvé son biscuit. Je dois vous prévenir que c’est un têtu biscuit. Têtu et très amoureux, ce qui pousse à faire des choses inconscientes parfois.
Donc nous avons retrouvé Kikou, qui lui a retrouvé Lona et Louise-Anne.
Et nous voici, tous, avec comme objectif de rejoindre Venise.

L’Acanthe ne quitte pas sa toute belle tant qu’il le peut, il se sent perdu loin d’elle en ces contrées. Perdu et vulnérable…..mais ça le peu de fierté qu’il a le presse de ne pas l’avouer.
Alors parfois, pour faire le brave, il embarque leur progéniture ou la mouflette pour un périple à travers le dédale pavé des marchés locaux. C’est bien les marchés, on y passe inaperçue sans trop de difficultés avec ce monde. Un avantage.

Mais aujourd’hui il va taquiner la poiscaille, depuis un moment déjà il ne l’a pas fait, depuis qu’ils ont débarqué et remis les pieds sur terre à vrai dire.
Louise-Anne occupé à découvrir la vie de famille, Aely lui ayant fait comprendre qu’elle ferait de l’administratif aujourd’hui et connaissant son homme, lui avait conseillé de faire autre chose.
Le barbu s’était alors résigné à ressortir la canne à pêche.


- Buongiorno signore! Ci sono pesci oggi?*
Voilà que ça recommence, le François pêcheur entre dans un autre monde. Mais le monde de la poiscaille est peut-être universel, on se comprend peut-être assez vite. Au secours mon amour !
- Si ! Si ! Lui montrant sa prise
L’autochtone le toise, surpris certainement d’une réponse si courte.
- Italiano ?
- Francese !
- Francese ! Benvenuti in Italia amico. Sei qui da sola?*
- Grazie mille ! Puis la barbe est grattée, il essaie de déduire, traduire le dialecte…….sola….solo….seul ? Pourquoi pas !
- Con mi amore y….notre enfant petito fait le geste de bercer y ami…….amico !
- No petito !!! Bambino ! Si dice bambino Souriant
- Bambino….Grazie ! Y mi amore si dice ? Le barbu répond au sourire et essaie d’apprendre, il aimerait épater sa toute belle.
- Moglie o Donna ! Lei parla Italiano ?
- Mi Donna ? Si, si….heu !.....parla italiano Il n’y croit pas lui-même, le voilà qui tape la discute. C’est assez simple comme discussion, mais il est certain qu’elle serait fière de lui sa Aely si elle l’entendait.
- Bene ! Bene ! Digli : Ti amo il mio amore ! Capisci ?
- No ! No….capisci !
- Amore…amor….amo ! Capisci ?
Il croit saisir la nuance
- Amore….amour ! y…...amo……aimer ? Ti amo…..hannn !!! Capisci Offrant la paluche et son sourire à son professeur d’un jour.
- Grazie mille amico !
- Di niente ! E buona giornata.
- Grazie ! Le barbu le salue chaleureusement et s’empresse de remballer son attirail, s’efforçant de retenir la leçon.


Après être passé par la charrette il part en quête de sa petite famille et ne met pas bien longtemps à les retrouver. Apercevant ses merveilles sur un muret de pierres, Kundera dans les bras de sa mère.
L’Acanthe sait ce que représente ce voyage pour son attachante, il connaît son histoire et voit bien que le passé refait surface peu à peu. Mais il ne sait pas quoi faire, pas vraiment. Parfois il se dit qu’il vaut mieux la laisser seule, parfois il se dit qu’elle a besoin de lui toujours à ses côtés, mais il sait aussi qu’elle sera se faire comprendre si d’aventure il devenait trop présent, qu’elle avait envie de se retrouver seule.
Elle a besoin de revenir sur ses terres et le barbu est heureux d’être là…..avec elle, sur les traces de son passé, de son histoire, de sa vie.
Partager l’histoire de sa belle est peut-être le plus beau cadeau qu’il puisse lui faire.

Il s’approche doucement, se met à leur hauteur……..remarque les larmes qui coulent. Il caresse de sa paluche légère le visage nostalgique pour essuyer les rejets lacrymaux et dépose le mouflet dans le panier.

- Aely !
Elle relève la tête, renifle un coup c’que t’es belle quand ton p’tit nez se retrousse comme ça et plante ses yeux dans ceux de son homme.
Lui, dépose un baiser furtif et la prend dans ses bras, la serre tout contre lui. Sans un mot, ils sont parfois superflus ou le deviennent.
La belle se blottit au creux des bras pleins de douceur, il a toujours l’impression qu’elle devient minuscule quand elle fait ça.
Comme une petite fleur fragile risquant le moindre souffle que l’Acanthe enveloppe de son amour. La brunette se fait écureuil. Ils restent comme ça un long moment, lui pourrait rester des heures avec sa promise tout contre lui.

- J’suis là mon amour ! Avec toi…….avec notre enfant…..


Bonjour monsieur ! Il y a du poisson aujourd'hui ?
Français ! Bienvenue en Italie l'ami. Vous êtes seul ici ?
Laely
Aux portes de Venise

Aely en a les larmes aux yeux de cette imbécilité du sort. Meurtrie par ces destins qui tournent court. Aux portes de Venise.

Elle lève les yeux au ciel, hausse les bras et les fait retomber sur ses cuisses, tente par tous les moyens de baisser la garde de la méfiance des douaniers de la République de Venise. Mise sur la fibre du cœur. Elle voudrait travailler pour eux. Essayer quelque chose en leur faveur pour simplement entrer dans la ville et se recueillir un instant dans cette cité qui avait tant aimé sa mère. Mais quoi ? Comment ?

Alors la brune envoie des missives, au préfet, aux douaniers, à la princesse même de Venise..et c'est elle qui répond en premier...
Ils l'obtiennent ce fameux sésame. Le droit d'entrer dans cette Sérénissime République. Le droit aussi de se rappeler.

Et puis d'autres nouvelles pleuvent. Venise est assiégée. L'armée régulière lutte contre deux armées franches. Y aller c'est mettre en péril toute leur petite compagnie, ses amis, sa famille...pour une simple prière à une maman ; cela en valait-il la peine ?
En l'espace de quelques instants, voilà Aely pleine de vie, de grâce, belle, saine et décidée se transformant en femme cassée. Il n'existe pas d'autres épithètes : cassée, comme un godet est cassé, comme une ambiance est cassée...au propre comme au figuré...

Elle éclate en sanglots, jusqu'à ce qu'un messager aux armes de Venise lui livre un drôle de paquet.


- La Signora Aelyenor, al nome del principessa Katied, devo rimettervi questo. Mi incarica di dirvi di non correre di rischi inutili. Siete i benvenuti nella nostra Repubblica, ma la sua Altezza non potrà rispondere della vostra sicurezza.*

Il s'inclina très courtoisement, avec cette célérité purement italienne, puis la brunette déplia lentement le petit paquet. Une enluminure de sa maman avec les mots suivants :

L'è meno che si possa fare per voi di offrirvi questa miniatura che rappresenta la fedele riproduzione della statua di vostra mamma che ha segnato tanto la nostra città.
Lei che ha fatto tanto per il nostro popolo.**


Aely est bouche bée, riant, pleurant, piétinant...puis le premier moment de stupéfaction passée, elle tomba à genoux, regarde ses amis et leur murmure.

- Soyez gentils, laissez-moi seule un instant. Toi aussi mon Acanthe, laisse-moi seule s'il te plaît.

Elle a besoin d'être seule Aely. Seule. Même si elle se sent de trop. Elle guigne le néant. A quelques pas de la frontière entre le Duché de Modène et la République de Venise une femme effondrée pleure un drame hors du commun. Ses amis eux, demeurent près de la charrette, sans se décider à grimper s'apprêtant à la rattraper au cas où l'envie de tomber par terre lui viendrait, comme ça...on ne sait jamais !

La brune caresse l'enluminure. Un travail de maître, elle reconnaît bien sa mère affichant cette moue rebelle qui la caractérisait si bien.



Et puis elle sèche ses larmes et sourit. Elle sourit en repensant au vélin qu'elle avait reçu il y a quelques années en arrière de sa génitrice...




Ma fille chérie,

Venise me met l'âme en fête. Je m'imagine être une femme sans nom, sans titre, sans rien quand je longe ces vieux palais superbes et agoniques, pleins de limon et si vaseux que pour un peu, voire pour beaucoup, j'ai bien envie de chevaucher vers toi et t'emmener ici pour nous consacrer éternellement à cette ville étourdissante.
La foule est compacte, les gens se suivent et se ressemblent, composant une population rieuse qui trouve le moyen de gesticuler malgré sa compression.
Assise sur un pont parmi tant d'autres, je regarde ces merveilles d'architecture dont les frontons se mirent tant mal que bien dans l'eau verte. les embarcadères avec leurs lanternes...vénitiennes, les fenêtres pourvues d'énormes grilles en fer forgé rouillé, les portails à demi pourris du bas et crépis de vase malodorante. Et ces toits qui tanguent, moutonnent, se séparent, se retrouvent, ces merveilleux toits ocre, chargés de tuiles romaines, ces toits sur lesquels on a aménagé des bouts de terrasse, simplement pour ne pas se perdre de vue, et ces espèces de jardins minuscules, bourrés de plantes exubérantes...

Mais il est temps pour moi de repartir. Mon passé me rattrape à grands pas. Je dois rendre des comptes à l'Inquisition. Sais-tu comment celle-ci a surnommé notre famille ? Les gueux...ils nous nomment ainsi, gueux ! Qui est sans doute un des termes les plus méprisants de la langue française.
Ne t'en fais pas ma petite fille de chair, un jour viendra où, à bout de souffle, le cœur au bord des lèvres, nous quitterons les sommets éternels, leurs neiges pour dévaler les pentes tel un flux de flammes. Nous, le petit peuple nu qui n'avons plus rien à sauver, ni maison, ni champ, ni famille, à qui on a ôté jusqu’au plus profond de l'âme, nous dévalerons ces pentes avec nos vies en avant, désespérés mais redoutables...


Lorsqu'elle avait revu sa maman, la veille de sa mort, leurs doigts entrelacés entre les barreaux de sa geôle, celle-ci se consumait. Sa souffrance l'a brûlée, l'a emmenée au loin. Elle ne pouvait plus tendre la main pour que Aely puisse la retenir.

Alors ces mains orphelines accueillirent les larmes d'Anna.

Les derniers mots de sa mère résonnent encore dans sa tête. Une simple réflexion...

" Ne pleure pas celle que tu vas perdre ma fille, au contraire, réjouis-toi de m'avoir connue..."

Alors Aelyenor lève sa main droite et applique le signe de croix sur la représentation de sa maman. Cela ne pourrait pas lui faire de mal. Pourquoi la bénédiction d'une fille envers sa défunte mère n'aurait pas les mêmes vertus que celle de Sa Sainteté ? Le pape lui il les file en chapelets ses bénédictions avec en prime ses postillons. Elles ne peuvent pas être empreintes de pensées protectrices réelles. C'est son salut militaire la bénédiction du pape, toc en long, toc en travers et basta !
Alors que celles d'Aely elles lui partent de ses tripes et de son cœur...elle n'avait jamais béni sa maman de son vivant, ou plutôt si, mais en cachette. Toujours ce sale orgueil, qu'on appelle le respect humain pour se donner des raisons d'être lâche dans ses hardiesses spirituelles.

Elle rangea précautionneusement l'icône de sa mère dans son sac, puis se retournant vers ses amis leur dit.


- On s'en retourne. Millau nous attend...



*Madame Aelyenor, au nom de la princesse Katied, je dois vous remettre ceci. Elle me charge de vous dire de ne pas courir de risques inutiles. Vous êtes les bienvenus en notre République, mais son Altesse ne pourra répondre de votre sécurité.

**Le moins que l'on puisse faire pour vous est de vous offrir cette enluminure représentant la fidèle reproduction de la statue de votre maman qui a tant marqué notre ville. Elle qui a tant fait pour notre peuple
Lebarbu
Si près……ce n’est qu’un au revoir Venise !

Elle s’était pourtant démenée la brunette, y avait laissé beaucoup de temps et de force. Ecrivant missive sur missive pour avoir cette autorisation d’aller plus loin, de toucher au but de ce voyage, de retrouver un peu de sa mère.
Un espoir avait surgi et une mise en garde est venue assombrir le visage de la belle.
Le barbu sait l’importance que cela avait pour l’Aely, il sait donc la déception qui s’empare d’elle en ce moment, il voudrait la prendre dans ses bras, la serrer contre lui mais il s’éloigne à sa demande, ne sachant pas quoi dire.
Emportant Kundera qui trottait à quatre pattes autour de sa génitrice, il laisse la maman se recueillir seule un instant.

Il la regarde sa femme, dans sa houppelande noire qui la rend plus belle encore, qui lui donne une intensité, une profondeur d’âme qui trouble l’Acanthe un peu plus quand elle plonge son regard dans le sien.
Il la regarde, leur enfant tout contre lui.
Il a bien tenté de le poser le mouflet, de lui laisser un peu de liberté, mais à peine au sol qu’il se précipite vers la mère qui pleure la sienne.
Il ne sait pas, comprendra plus tard…….que sa grand-mère était une Dame formidable. Il connaitra l’histoire de cette fille et de cette mère, une histoire qui est la sienne maintenant. Une histoire dont il fait partie.

Le silence envahit les environs, pas un bruit ne se fait entendre. Même Lona en reste silencieuse aux côtés de Kikou et de la mouflette !
Le barbu a l’impression que les oiseaux se recueillent in petto……que les fameuses mains Italiennes ne s’agitent plus autant pour accompagner les mots. Qu’en voyant l’Aely signer l’icône, les mamas passantes en font de même avec cette dévotion qui n’appartient qu’à elles………..Que les poules ne jacassent plus et que les coqs débombent le poitrail.
Il en a l’impression……….le temps s’arrête et lui ne la quitte pas du regard. Il aimerait tant pouvoir faire quelque chose……chasser cette armée, trouver une solution pour emmener sa toute belle à Venise. Mais il est là, impuissant face à ce coup du sort, impuissant pour combler le désir de sa femme.

Alors il serre leur marmaille dans ses bras qui observe la brunette de ses petites billes et tend ses mimines vers elle

- Plus tard quand tu s'ras grand on t’expliquera Kundera, maman te parl’ra d’ Anna, ta grand-mère. Mais pour l’instant elle a b’soin d’être seule, tu verras….ça arrive aux grands parfois….parce que la vie est vacharde par moments.

Et puis la belle se retourne, comme un signal, la vie reprend.
L’Acanthe a l’impression d’entendre les oiseaux piaillaient à nouveau, les passants retournés à leurs occupations, les torses se bombaient au passage des ondulantes. Seule Lona ne dit toujours mots et renifle des larmes dans les bras de son biscuit.
Le barbu rejoint l’Aely au plus vite, lui tend Kundera qui ne tient plus, il a besoin de la chaleur maternelle. Peut-être qu’il sait qu’elle aussi a besoin de lui, de son enfant, de le sentir contre elle, le respirer…….elle lui offre toute son affection et le couvre de baiser.
L’Acanthe essuie les larmes de la promise et enlace ses merveilles.

- On r’viendra Aely, j’t’en fais la promesse !

Il sait, voit la tristesse de la belle, la ressent dans ses tripes le barbu. Il sait....mais ne sait pas quoi dire ou faire.
Si ce n'est être là à ses côtés, toujours pour elle..............
Lebarbu
Fornovo….avant Venise !


En rentrant de promenade la petite famille se risque sur le marché, Aely ayant des envies de flâneries féminines part du côté des fripes laissant la marmaille aux bons soins du père.
- Tu gardes Kundera mon Acanthe ! Je vais voir les étoffes. Je vous retrouve à la charrette !
Elle se réserve du temps rien qu’à elle la brunette et elle a bien raison. De toute façon l’Acanthe ne s’intéresse aux atours que si sa toute belle les portes.

Les achalandages regorgent de couleurs, d’odeurs, de parfums. De choses qui restent encore un mystère….
ça se mange vraiment ça ?
- Ooooh !!! Un peu spécial…….ça bouge dedans ! C’est normal ?…..ça a l’air…..Casu marzu…....faut s’habituer peut-être.
- Non non Kundera ! Tu peux pas goûter ça, oui c’est rigolo ça bouge tout seul mais tu manges pas ça ! Et si t’es malade c’est moi qui vais m’faire engueuler.

Plus loin un objet attira l’attention de l’homme.
Un petit bracelet, simple bracelet fait de perles de bois. De l’olivier ou du figuier peut-être, un arbre fruitier sans doute.
Un simple bijou pour trois fois rien, une pacotille de presque rien….presque, mais pas pour lui. Peu importe le prix pourvu qu’on y mette de l’amour dans le geste.
Et puis l’Acanthe n’a jamais cru que le plus onéreux des présents rendait forcément heureuse la bien-aimée, il n’est pas du genre à couvrir d’or sa Aely et ne le sera jamais.
Il la couvre de bien d’autres choses……de l’essentiel dans un couple…..l’essentiel quand on aime…….l’essentiel, en tout cas il l’espère !
Il le regarde, l’ausculte de tous sens sous le regard intéressé du mouflet.

- Tu crois qu’ça plaira à maman ?
La menotte de Kundera s’accroche à la barbe paternelle tandis que l’autre se tend vers l’objet
- Tu l’trouves beau toi aussi !
Les petits gazouillis de l’enfant sont comme une approbation pour le père et les menottes tirant maintenant sur la pilosité faciale avec les petites mirettes plantées dans les siennes, c’est comme s’il lui disait « mais oui elle sera contente maman ! »

S’il hésite ce n’est pas de l’acheter, mais de savoir comment faire et puis sa timidité, sa gaucherie n’aidant pas, il tente la simplicité.

- Buongiorno ! Tendant l’objet vers la vendeuse
- Buongiorno signore ! un bel gioiello .... per la vostra signora? Conoscenza, saggezza y fertilità !*
Il opine, mais ne comprend pas, se grattant la barbe, aidé en cela par le mouflet. L’Italienne lui parle, certainement du prix, elle fait des gestes et lui montre aussi un plus petit bracelet. Mais le barbu le repousse après hésitation, se disant que Kundera qui met un peu tout ce qu’il trouve dans sa bouche risque d’avaler une perle de bois.
- No ! No bambino ! Juste....Hum.....mia moglie.
Puis il sort deux poissons et les propose en échange. Affaire conclut, c’est pas si difficile finalement.
- Arrivederci !
- Arrivé derchi !

L’enfant et le père repartent vers la charrette, le bracelet trônant dans la main du petit.
Il ne lui reste plus qu’a trouvé le bon moment pour lui offrir, il a déjà sa petite idée là-dessus. Mais les événements de Venise ont bouleversé son projet.....



*Bonjour monsieur ! Un beau bijou....pour votre dame ? Connaissance, sagesse, fertilité
Laely
Deuxième partie : le retour

Pour qu'il y ait deuxième partie, il faut obligatoirement qu'il se soit passé quelque chose au cours de la première, compreso ?
Il y a tellement de grimoires qui ne renferment rien...



Une révélation qui va bouleverser toutes les vieilles théories et les réputations que l'on accorde aux Italiennes. Dans l'ensemble elles ne sont pas sensationnelles (sauf la princesse Katied). Certes, elles ont des yeux qui feraient fondre toute la glace du Grand Nord, des cheveux noirs et lustrés, mais globalement c'est médiocre. Elles ont des sourcils gros comme des brosses à chevaux, du poil aux jambes et aux pommettes, si bien qu'elles ressemblent plus à un cactus qu'à la Vénus de Milo. Ça et là, on distingue un beau brin de fille comme Lona ou ma pomme, d'où l'inconvénient pour Kikou et Acanthe de nous voir munies d'une cour tout ce qu'il y a de plus fringants.

Ils sont déprimés nos mâles.

Aely pousse un gros soupir. Il y a des plaisanteries d'un goût douteux. Entreprendre un voyage en Italie en plein été pour baiser les pieds d'une maman statufiée, puis mourir à quelques toises de Venise, fallait convenir que cela en était une.
Mais l'Italie est une terre accueillante. Les villages sont noirs de monde. Il y a du peuple dans toutes les tavernes, on y mène une existence très différente de chez nous.
on ne se lasse pas de contempler tout ce va-et-vient, tous ces visages, toutes ces fringues colorées qui composent une sarabande et qui, malgré leur mauvais vin au goût de pierre chaude, la fatigue et la déception aidant, envoûte la brunette littéralement.

Fin du voyage. Vintimille, dernière étape avant de fouler à nouveau les terres du Royaume de France et revenir dans notre Rouergue.
Le barbu de la brune se laisse piloter dans les rues de bas quartier, Kundera dans ses bras. Il longe les étals en plein air, se laisse enchanter par des artisans qui œuvrent dans les ruelles, sursaute aux marchands de fruits hurlant leur marchandise pendant que Kundera écarquille ses petits yeux devant les petits autels illuminés échafaudés de bric et de broc devant des échoppes vendant des enluminures religieuses.

Inouï.

Acanthe laisse le charme agir. Il se fait embobiner pense Aely en le voyant acheter discrètement un petit bracelet en souriant à son fils.
C'est son dada...Aely le soupçonne d'être un idéaliste. Enfin, il est comme ça.
Lona, Louise-Anne et Kikou se sont fondus dans une auberge pendant que la brunette regarde les lumières du petit port scintiller comme la Voie Lactée.
Un vent léger court au ras des flots, la mer est tiède et calme, l'air sent l'ambre et la terre chaude.
A l'abri des regards indiscrets, envieux et concupiscents, elle se laisse glisser dans l'eau salée pour quelques brassées, et sentir le soleil hâler un peu plus sa peau.
Enfin, paresseusement allongée en arc de cercle, elle glisse ses mirettes sur le bleu azur de la mer, avec au loin, un halo de brumes de chaleur couronné de vapeurs ténues (purée, qu'est ce que je m'exprime bien aujourd'hui !) Et puis tout doucement, Aelyenor perd de plus en plus la notion du temps, des mesures, et ses éclairs de lucidité sont vite happés par son néant...dodo.

Quand elle revient à elle, il y a un rossignol qui fait ses gammes un peu plus loin. Il s'égosille à dire que la vie est belle et qu'il va faire voler les plumes à sa rossignolette avant pas longtemps.

Les pensées de la jeune femme se remettent en alignement.


- Merdum...faut rejoindre les autres, ils doivent s'inquiéter.

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle remet un peu d'ordre dans sa tenue et s'engouffre dans la ville ocre.
Il y a moins de monde. Elle pousse une beuglante légère, non pas pour vérifier la solidité de ses cordes vocales, mais pour ameuter la population compatissante...Quand bien même sa voix serait aussi puissante que le tocsin, remuerait-elle le petit doigt pour voir ce qui se passe ? Sans doute. Du moins elle l'espère.

C'est le hennissement de Héphaïstos qui la guide vers la charrette.

Aely a retrouvé son sourire qu'elle avait condamné depuis quelques jours et saute dans les bras de son homme.


- J't'aime toi...comme je vous aime tous. Allez zou ! Demain le Royaume de France.
Lebarbu
Arrivederci lo stivale (Au revoir la botte)

Il est temps de quitter l’Italie et de revenir sur les terres Rouergates. Ils y reviendront, tenteront une nouvelle fois de conquérir Venise.

L’Italie c’est un marché perpétuel, tout y est mis en valeur. Toutes et tous se mettent en valeur. C’est à celui qui attirera le plus l’attention de la flâneuse qui passe, grands sourires et bagou légendaires sont leurs meilleures armes. Pour un discret comme le barbu l’Italie a de quoi surprendre.
L’autochtone se pavane….beaucoup….il se pavane devant l’Aely, même lorsque celle-ci se trouve dans les bras de son homme.
Au moins il ne se cache pas. Sincérité ? Culot ? Confiance en soi ?
Elle sourit, flattée sans doute de son succès et l’Acanthe veille, bougonne intérieurement, devine les conversations selon le degré d’empourprement de sa belle, selon les mimiques de son visage. C’est sans doute le prix à payer pour vivre auprès d’une merveilleuse, mais tant que sa main tient la sienne………il est heureux !

La brunette a eu moins de soucis à se faire avec les Italiennes durant ce voyage. Son presque mari ne parlant pas la langue locale, les initiatives étaient fortement limitées ou alors vite repoussées par un barbu encore moins loquace qu’à l’accoutumée. Comme un bernard l’hermite rentrant dans sa coquille………..

- Scusate, no parlo Italiano !
Et puis entre nous, l’Acanthe trouve qu’elles parlent bien trop fort, un peu comme les poissonnières de Millau et d’ailleurs mais sans poisson à vendre.
C’est qu’il a les esgourdes sensibles, le tympan fragile.


Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage………….

Malgré ça, la botte est accueillante.
Vivante, très vivante et variée. Ce voyage laissera de bons souvenirs dans la caboche du barbu même si le but n’est pas atteint.
C’est ici que Kundera aura fait ses premiers quatre pattes aussi et c’est pas rien.

Plus tard il faudra dire au revoir à Lona et Kikou, serrer bien fort Louise-Anne, ils prendront la route prochainement pour rentrer.
Le barbu et la brunette profiteront de ces instants en toute intimité, de la fin de ce voyage avant un retour attendu à Millau.


La charrette est prête pour le départ et la petite famille s’offre une dernière promenade dans les ruelles étroites de Ventimiglia. Main dans la main ils arpentent le pavé, Kundera passant de bras en bras ou se prélassant dans le panier d’osier.
Elle est belle la vie pour le mouflet et il la rend belle à ses parents. Très belle !

Le bracelet dans la besace, Il avait attendu l’Acanthe, laissait retomber un peu la déception de Venise, l’avait couvé sa promise.
La brunette a une relation fusionnelle avec sa mère, je dis bien « a ». Il faut voir cette petite lueur brillait dans les yeux de la belle quand elle parle de sa mère, c’est émouvant pour l’Acanthe. Emouvant et presque mystérieux…..lui qui n’a pas connu cela.

J’aurais pu être un meilleur fils peut-être ! Mais c’était comme ça à la maison, un monde de silence avec peu d’affections pour combler le vide des mots. Mais c’est le passé, l’avenir lui me sourit….il est si beau mon avenir……..
En achetant le bracelet, il pensait lui offrir là-bas, devant la mémoire de sa mère. Il voulait promettre à Anna d’aimer et de tout faire pour rendre sa fille heureuse, de ne jamais lui mentir et de toujours…….toujours être à ses côtés.
Mais il n’avait pas pu.
Alors au détour d’un jardin plongeant dans la Méditerrané, avant de quitter la botte, il lui passe les perles de bois au poignet. Il est un peu penaud, comme s’il lui offrait le plus grandiose des bijoux. Mais ce n’est qu’un simple bracelet comme on en voit partout.

- C’est juste un souv’nir d’notre voyage Aely…….et……. la serrant tout contre lui…….J’t’aime ma toute belle !
--Lablondine
Elle avait arpenté les routes de long en large, parfois assise à l'arrière de la charrette, les jambes ballantes, parfois, souvent, pendue au bras de son homme, son petit bout de fille accrochée à sa main, ou à la main de son père...

Son père... plus rien ne pouvait retirer le lien qui s'était créé, petit à petit, entre Louise Anne et Kik... rien... L'enfant l'avait élu à ce rôle quand en Italie ils avaient marché, toute l'équipe, jusqu'à une Venise qui n'avait point voulu d'eux... trop risqué...

Lona avait été triste pour Aely, sa belle amie. Les combats qui faisaient rage entre les armées franches ne laissaient aucune chance de passer sans être embroché... Lona avait déjà vécu l'embranchement dans son état, non qu'elle avait peur mais après elle aurait sans doute eu à vérifier le "jamais deux sans trois" et elle n'aurait sans doute plus voyagé sans regarder derrière elle à chaque bruit étrange... ou simple brindille sous le sabot d'un cheval.

Ils étaient tous revenus à Ventimille et ils prévoyaient le retour pour Millau, à la conquête d'un autre projet qui tenait les tripes de la Blonde, à moins que ça ne soit l'enfant qu'elle portait qui lui tordait les dites tripes....
Elle avait dit aurevoir à Léandre, lui promettant son aide. Elle l'avait une fois de plus prouvé en écrivant au comte de la République de Gênes... elle passerait pour la râleuse, qu'à cela ne tienne. Le projet qu'ils avaient ... ils y travaillaient depuis des mois et quand tout semblait enfin prêt à être mis en place, les Italiens prenaient peur .... peur ou autre chose qu'elle n'aurait su décrire... toujours est il qu'elle attendait avec impatience, la réponse à son courrier...

Aely et Acanthe avaient pris la route avec quelque avance.... Lona, Kik et Louise Anne suivraient à quelques lieues derrière eux... Brignoles se dessinait au loin, ils avaient marché sur les côtes escarpées de la Méditerranée, s'étaient arrêtés dans les criques, avaient mis Louise au repos. Ils s'étaient eux aussi assoupis aprés quelques tendresses.... Les routes s'ouvraient encore devant eux, Lona s'épanouissait semaine après semaine. Elle était heureuse... quoi ? elle ne faisait que le répéter ? oui mais après tout, ne faut il pas dire la vérité quand elle éclaire votre chemin ....
Laely
Sur le chemin du retour...

La petite caravane s'était scindée en deux. Lona, Kikou et Louise décidèrent de rester un peu plus longtemps à Ventimille pour profiter de l'accent chantant Italien, pendant que l'Acanthe, Aely et leur enfant préférèrent rentrer rapidement.

Fallait dire que la brunette se sentait lasse, très lasse. La déception sans doute mais pas que. D'étranges bouleversements dans son corps se faisaient ressentir. Les mêmes que lorsqu’elle attendait Kundera.

Alors...enceinte à nouveau ? Cela était fort probable.

Toujours est-il que la petite caravane poursuivait son voyage de retour sans mot dire, juste la tête d'Aely posée sur l'épaule de son homme, Kundera jouant à l'arrière avec le chat...

Le voyage jusqu'à Nîmes se poursuivait sans encombre, Aely plongée dans ses pensées...


" Si un jour quelqu'un vous demande le moment où Acanthe et Aelyenor auront été les plus heureux, sans hésiter, répondez leur : partout sur les chemins. Si ce même curieux insiste et veut savoir pourquoi le bonheur s'est épanoui pour eux en ces endroits, soyez compatissants, car la curiosité est un tourment, et l'être en quête de vérité est aussi mal dans sa peau que celui qui fait de la rétention d'urine.

Alors expliquez-lui qu'ils ont eu l'extraordinaire bonheur de se connaître d'abord, de s'aimer ensuite.Racontez-lui qu'eux deux c'est flamboyant. Tellement sublime qu'ils auraient pu arrêter leurs vies, parce-que le reste à côté ce n'est que du vent, de la poussière et du rien !

Oui, dites-lui tout ça. Dites-lui bien. Tout ! Que la planète Terre a cessé de tourner chaque fois qu'ils se sont aimés et qu'après cette Terre s'est perdue dans les tréfonds de l'Univers, là où le temps ne ressemble plus à ce que nous en savons, ni les gens à ce qui tant nous débecte.

Dites-lui aussi que lorsqu'ils se serrent l'un contre l'autre, leurs cœurs cognent comme des tambours, parce-qu'ils sont alignés sur la même heure pour battre de concert.

Dites-lui que ces deux êtres se sont aimés dans le sauvage bonheur, bestial parfois, lumineux souvent, mais toujours sincère.

Dites-lui aussi...qu'ils ont fait l'amour à la langoureuse, dans la paille, sur une table, dans leur charrette, sur la plage, dans un bateau, près des rochers. Que rien n'était sale, que leurs ébats furent aussi fervents qu'une prière d'espérance. un flot d'amour continu, lent, doux et musical. Que leurs étreintes étaient encore mieux que les rêves, que leurs gémissements étaient des cris d'amour qui traversaient les toitures des auberges pour arriver aux oreilles des anges qui ne s'en remettaient pas, que leurs mains coulées entre leurs cuisses témoignaient de ce sentiment de propriété qu'ils affichaient, qu'ils n'ont jamais rien connu de plus formidable qu'eux-mêmes, qu'ils ont exprimé ce qu'il peut y avoir de plus intensément secret en eux.

Oui ; et les deux amants ne le nieront jamais mais le publieront. Ils ont uni leurs deux sexes pour remercier le ciel de s'être rencontrés.

Un hymne à l'amour...malgré le froid ils ont transpiré, et après chaque envolée d'étoiles sont restés inertes fondus l'un dans l'autre.

Dites-lui également que leur amour est fanatique, totalement engagé. Qu'ils en chialeraient parfois. On ne peut pas voir dans le noir, mais qu'il touche leurs visages et il comprendra..."


De temps à autre elle jetait un regard tendre vers son fils et caressait son ventre qui protégeait un deuxième fruit de leur amour...

Le soir, elle s'endormait dans la charrette, les yeux plantés dans les étoiles, pendant que son homme faisait le plein de victuailles et de boissons dans chaque village traversé.
Et là, elle s'endormait, heureuse, une pensée vers son amie Lona, pour ses amies de Millau, Donnolae et Cleo, ses bras tendus pour quémander la protection de son barbu...
Lebarbu
Sur le chemin de la route !


La charrette s’ébranle entre l’Italie et Millau,
le voyage touche à sa fin et la petite famille rentre à ses pénates. Là où ils se sont façonné un petit nid, où tout a commencé, où ils ont couvé un amour naissant pour laisser éclater aux yeux de tous leurs sentiments.
La charrette s’ébranle sur les chemins caillouteux qui défilent sous les sabots d’Héphaïstos, le canasson sera choyé de retour au bercail. Il l’aura bien mérité pour les avoir menés sans jamais rechigner à la tâche.

La botte s’éloigne peu à peu et les villes se ressemblent toutes. Le calme y règne, ce qui n’est pas pour déplaire au barbu, seuls quelques voyageurs de passage s’aventurent au-dehors.
Il peut profiter de sa petite famille…..loin des occupations et préoccupations qui les attendent à Millau.

La Brunette profite de ces instants privilégiés pour lui annoncer la nouvelle……
la bonne nouvelle….en plein milieu d’une conversation dont le sujet initial m’échappe déjà et ne vous concerne sans doute pas.

- Je suis enceinte mon Acanthe !

Il faut bien quelques secondes à l’heureux père pour réaliser que bientôt ils seront quatre. Elle aurait pu prendre un chemin détourné pour lui faire comprendre, le taquiner un peu, lui dire qu’il faudrait peut-être penser à agrandir la maison, acheter plus de langes….qu’il faudrait en profiter maintenant parce que d’ici peu de temps…..se serait ceinture sur les effusions corporelles dont ils ne se privent pas.
Mais non ! Elle il va du tac au tac, ne prend pas les gants qui souvent habillent ses paroles, elle lui annonce cela en plongeant ses jolis yeux dans les siens puis se laisse couler dans ses bras.
C’est fragile le palpitant d’un taciturne malgré les apparences et il vacille légèrement sous le poids de l’émotion.

- C’est vrai ? Vraiment vrai ?
Et l’Acanthe sourit, en s’y penchant on pourrait même apercevoir au coin de l’œil un rejet lacrymal……la belle des champs fait de sa vie un bonheur permanent.
Cette fille a ceci de joli, cet amour qu’elle dépose sur ma vie……

La petite sœur ou le petit frère de Kundera prend forme dans le dedans de l’Aely, son petit ventre s’arrondira d’ici peu et le reste aussi. La petite famille deviendra un peu moins petite pour le plus grand bonheur des parents et la marmaille grandira sous leurs regards attendris et protecteurs.



Le soir, après une courte escapade de ravitaillement, il retrouve sa toute belle et le mouflet. Lui dort à mimines fermées, elle, accueille son homme tendant ses bras entre lesquels l’Acanthe se glisse aussitôt pour la serrer tout contre lui…..pour se serrer tout contre sa Aely, pour sentir sa peau sous ses doigts, sa respiration dans son cou…...il l’enlace et ne la libérera qu’au petit matin.

Tu t’endors dans mes bras et me viens l’écho d’un air si beau…..c’est ton cœur qui bat…..ton cœur qui bat !

Le réveil est beau et doux, Kundera commence déjà à se manifester, les prémices de pleurs arrivent aux esgourdes du père. Lentement il se désenlace, surtout ne pas la réveiller, elle a besoin de repos et en aura besoin, il y veillera dans les prochains mois. Mais la connaissant il sait d’avance qu’il ne pourra pas la forcer à l’inactivité, surtout à Millau.
Ce matin il s’occupe du mouflet…..Changement de lange et petit nettoyage, il a appris et applique à la lettre les consignes. Lui a appris à son fils à taper des mains sur l’eau,
ça fait rire le petit, ça mouille le père……mais le barbu n’a pas pensé que si c’est très marrant à l’extérieur, le petit continuera certainement ce petit jeu une fois rentré à la maison et que ce sera beaucoup moins drôle pour les parents.
La toilette faite, il lui donne la pitance sous le regard endormi de la mère. Puis griffonne quelques mots qu’il dépose sur le pucier avant de s’offrir une promenade à la fraiche.





J’étais comme une araignée solitaire espérant qu’un jour le bonheur se prendrait dans ma toile……..sans vraiment trop y croire….
Une araignée farouche qui fuyait à la moindre vibration suspecte.
Un jour ta patte s’est posée sur un fil, délicatement, si délicatement que je n’ai pas essayé de m’échapper…..de t’échapper…
--Lablondine
Accrochée au bras de son tendre, tenant par la main sa fille, Lona sentait se rapprocher l'objectif. Les tavernes, elle ne les fréquentait pas... ils avaient pris le parti d'avancer, aussi vite que possible, ne s'arrêtant que pour de courtes haltes.

Certes, le ventre de Lona commençait à se faire un peu plus lourd jour après jour, mais rentrer à Millau était devenu leur leitmotiv.
Il était hors de question que leur enfant naisse ailleurs que dans la ville qui avait vu naître l'amour qu'elle partageait avec Kik.

Elle espérait trouver une ville animée, vivante tout au moins. Retrouver la taverne de son père, y refaire couler les tonneaux de bière et autres breuvages...

Elle soupira.

Mes amis, comme vous me manquez....

Elle regarda la lune, haute dans le ciel. Elle écouta frissonner les arbres et les imita, resserrant un peu plus son châle. La journée avait été chaude mais la soirée se faisait fraîche. à moins que ça ne soit la fatigue qui s'insinuait...


Mon ange, et si nous faisions halte avant Montpellier ?

Elle se lova au creux de son épaule et rapprocha Louise Anne pour qu'elle en fasse autant.

3 jours, et ils verraient les remparts de Millau. 3 jours et tous seraient réunis...
Acanthe
L'espinasse terminus....tout le monde descend !

Les remparts de Millau sont en vue, l’Aely s’est endormie sur l’épaule de son homme, enlacé par son bras.
Kundera, leur bonheur à quatre pattes, dort à l’arrière de la charrette balloté par les chemins rocailleux. Et l’Héphaïstos doit déjà sentir le repos enfin venu, le vert des pâturages, les trots et galops en liberté.
Passant délicatement une paluche sur la joue de l’assoupie

- Aely !!! On arrive….on rentre à la maison….

Encore quelques centaines de mètres et le couinement des roues se fera entendre dans les ruelles Millavoises.
Encore quelques centaines de mètres et le voyage prendra fin……Enfin et si vite en même temps.
Que de souvenirs jalonnent ce voyage, un voyage avec ses merveilles et leurs amis.

La promise ouvre un œil et puis les deux, très vite un sourire complète le joli tableau. Millau c’est leur vie, leurs amis, ils s’y sont rencontrés lentement, ont appris à se connaitre en douceur, s’y sont aimés avec passion et s’y aimeront encore.
Ils rentrent un peu plus nombreux, bientôt un petit être, un second petit eux agrandira la famille.
Chacun leur tour, l’un des parents jette vers l’enfant à l'arrière un œil attendri et protecteur.

La porte de la ville est franchie et le quartier de l’Espinasse vite atteint, le jour se lève à peine sur Millau et les voilà chez eux.
La brunette descend de charrette, respire un grand coup et rejoint son barbu d’homme pour lui déposer un petit baiser fripon.

- Tu videras la charrette ? Je m’occupe de Kundera et je t’aide
- Prends ton temps ! T’en fais pas, j’la viderai…..

L’Aely prend le mouflet avec délicatesse et rentre dans la demeure pendant que l’Acanthe commence à vider la charrette. Et on en met des choses dedans, la brunette a fait « quelques » achats dont une grosse partie pour la mairie.

- Commence à ranger Aely si tu veux ! J’descends l’reste et j’libère Héphaïstos…..

Le canasson retrouve le pâturage, il sera choyé plus tard, puis l’Acanthe rentre à la tanière auprès de ses merveilles.
Un regard vers la charrette…..cette charrette qui aura vu naitre leur enfant……..qui gardera tant de souvenirs.....qui un jour les emmènera une fois de plus vers d'autres horizons

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Lona
Ils étaient rentrés... leur maison, leur ville, leur chez eux... Louise Anne avait retrouvé son toit, son nid, et malgré quelques cauchemars de l'enfant, bien vite consolée par son père, rien ne venait entacher leur retour.

Ils regorgeaient de projets, une cloison à abattre, une vie politique à envisager... la vie souriait...

Il était encore tôt ce matin où une faille s'est ouverte dans le coeur de Lona, une faille qui laisserait sans doute une cicatrice...

Un coursier s'était présenté alors qu'elle finissait d'étendre les vêtements qu'elle venait de battre au lavoir... Elle prit le courrier, le décacheta... il émanait de sa soeur, elle souriait... sourire qui rapidement s'affadit... Elle tomba sur ses genoux, froissa le vélin ....


Non .... ne ... non .... c'est injuste.... elle n'avait pas le droit non ... pas Zoé ... Non .... Pas elle...


Les larmes dévalèrent son visage, elle renifla bruyamment... Elle posa une main sur son ventre, se releva ... Elle essuya ses larmes d'un revers de manches et partit à la recherche de son homme, de ses amis, et de sa fille, Louise Anne...
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Aelyenor

Ce retour en nos bases, nous le dédions à Athanasios, illustre et émérite philosophe ivrogne grec (1441 ? - ? bis au fond de la cour). Qu'il ne voit ici qu'un simple récit imprégné d'humour et d'affection.

Cette page pour une fois sacrifie au conventionnel. Ne serait-ce que pour rassurer les confrères. Si Lona, Acanthe et Aelyenor ne faisaient que du Lona, de l'Acanthe et de l'Aelyenor, ils finiraient par en prendre ombrage (les confrères). Fatalement. Ils nous réputeraient intolérables, pestiférés, littératurcides ! Notre œuvre au pilon et nous au pilori, ils finiraient par exiger. Ils nous catalogueraient aphteux, effrayants, affligeants, vomitifs. Le pire c'est qu'ils risqueraient bien de l'obtenir notre interdiction de séjour.

Donc, la sagesse est dans la convention, le classicisme, la raison dans la routine, l'honorabilité dans le déjà-vu. Ainsi hâtons-nous de rouler sur des chemins bien tracés, pour démontrer que nous savons être sages malgré nos vagabondages. On rentrera dans le rang, on ne foutra plus de points de suspension au bout de chaque phrase comme nous le faisons. Ça attire trop l'attention. Non, on ne mettra que des points d'exclamation ! Ce fameux point qui ne courbe pas l'échine comme l'accent circonflexe, qui ne rampe pas comme le tiret, qui ne remue pas la queue comme le point virgule, qui n'est pas caca de mouche comme le point et qui ne fait pas le dos rond comme le point d'interrogation.

Pourtant, j'ai une requête à faire. Sur ma tombe, comme épitaphe, je veux trois points de suspension. Dieu me reconnaîtra. Juste pour ma satisfaction posthume. Ces trois points de suspension qui montreront la route à suivre à ceux qui n'auront pas peur de fendre la foule pour venir me rejoindre.

Amen.


Millau, le 26 juillet au soir

Aelyenor somnole sur l'épaule de son Acanthe, indifférente aux villages qu'ils traversent.

- Aely !!! On arrive…on rentre à la maison….

La voix douce et attentionnée de son homme la sort de sa léthargie. La lumière de cette fin de journée l'enchante. Faut être idiot finalement pour subir les mauvaises saisons alors que le Dieu Râ continue de se promener.
Aely a de curieuses pensées. Les hommes ne pensent pas au fait que l'été ne meurt jamais en ce monde. Ils disent qu'il est parti sans songer qu'il est probablement ailleurs et qu'il suffirait de le suivre dans ses pérégrinations.
La brunette en est certaine, dans quelque temps on prouvera qu'elle avait raison...


Gudrule. Elle est sur le pas de la porte qui les attend. Son visage de petit goret rose s'éclaire. Enfin - doit-elle se dire - ils sont de retour. Les aura-t-elle assez attendus ces galopins.
Brave Gudrule. Elle croit que le fait de les attendre au dehors ça brusquerait sans doute leur retour, ou plutôt que ça les protègerait. Mais peut-être est-ce vrai que l'anxiété des familles protège les siens ? Peut-être que leur tourment dégage de grandes ondes étranges qui s'étalent sur le monde en péril et vont emmitoufler les petits d'hommes ?

Aely veut bien le croire ça. Oui, elle veut bien. Dans la monstrueuse indifférence de l'univers, la seule île dont le sol ne foire pas sous nos pieds c'est l'amour.


- Ça s'est bien passé ?

- Oui...très bien, sauf que...

- Je sais, t'as pas pu te recueillir auprès de maman.

- Oui...

Aely sortit de son sac l'icône et lui tendit.

- On m'a offert ceci.

Les yeux de la Gud s'embrumèrent. Des larmes grosses comme ses poings ruissellent sur ses joues baleinesques.
S'essuyant d'un revers de manche, elle va embrasser l'Acanthe et le palpe.


- T'as forci. Un bel homme t'es d'venu.

Puis elle demanda.

- Et le petit ?

Soulevant la bâche de la charrette, Aely dévoile devant les yeux de sa soeur la petite merveille endormi, le chat dans ses bras.

- Il a grandi...

Oh oui il avait grandi. Un coup de bourdon envahit soudainement la brunette. Elle a envie de remonter le temps, rebrousser les saisons, s'attarder dans des instants retrouvés, regrimper les jours. Elle soupire.

- Et puis c'est pas tout.

- Quoi ?

- J'en attends un autre. Le bonheur quoi.

Gudrule ne dit mot mais intérieurement jubile. Elle s'empare avec précaution de Kundera ainsi que du chat et les transporte à l'intérieur.

- Commence à ranger Aely si tu veux ! J’descends l’reste et j’libère Héphaïstos…

- Je viens avec toi. Il existe des moments où on a pas envie que le voyage se termine...


Peu avant le retour de Lona et de Kikou

Acanthe et sa promise cheminent dans Millau, direction la taverne. Il n'y a pas grand-monde. Les vieux gisent dans leurs masures en des poses cachalesques, des nouveaux s'entre-baratinent, quelques bouilles inconnues les dévisagent au passage mais dans l'ensemble ils passent plutôt inaperçus.
Et puis c'est en entrant en taverne qu'ils font connaissance avec un certain Athanasios. Un grec. Il manie bien la langue. Il s'incline, s'efface et introduit d'abord Acanthe (Il est grec rappelons-le et surtout ne l'oublions pas...)
Il est agréable. En peu de temps il a obtenu ses galons auprès des deux amoureux. Pour fêter cette amitié et leur retour, Athanasios leur offre un breuvage de son pays. L'ouzo. Ça paraît innocent ce genre de chose, mais dès le deuxième on se sent tout bizarre, et à partir du troisième on a du chauffage dans la culotte.
Des idées coquines et nouvelles se bousculent dans la cervelle de Aely. Pas prudent de poursuivre à ce rythme, surtout dans son état. Elle refuse la quatrième tournée, écoute et se vaporise dans les bras de son homme. Moment choisi par Cleopatre pour faire irruption...

Manquait plus que Lona, Donnolae et Kikou.

Ce sont des gens comme ça qui nous font aimer un pays. L'orgueil de Millau c'était ses amis. Tant qu'ils auront du cœur à l'âme, l'Homme aura toujours un regard respectable à leur fournir...

Et puis c'est en sortant qu'Aely se désenivra. Lona cachait son visage et marchait à grands pas dans leur direction.


Lâchant le bras de son Acanthe elle se précipita au devant d'elle et l'obligeant à baisser les bras la regarda. Elle était en pleurs.

- Qu'y a-t-il ? Ma belle dis-moi ce qui se passe...
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Lona
Elle avait marché, sans doute l'air hagard, le visage strillé par les larmes. Elle avait pris la direction du bourg, les tavernes, boire un verre, deux peut être, s'enivrer... il était trop tot et émerger n'en serait que plus douloureux. Elle n'était pas de celle que l'on abat, elle était Lona, la blonde tornade. Elle était celle qui était la tête remplie de projets auprés de son homme, de ses amis et sa nièce n'aurait pas voulu la voir abandonner. Sa soeur non plus et même si c'est elle qui était en première ligne devant le décès de Zoé, elle aurait été capable de venir la secouer.

Lona se resaisit quand Aely l'a pris contre elle. L'étreinte de son amie la fit réagir. Elle releva la tête et naturellement, annonça la nouvelle...


Aely.... c'est Zoé... il est arrivé malheur....
Elle ... Elle est partie, elle ... s'est noyée dans la Dordogne... ma coccinelle....


Les larmes reprirent le chemin de ses joues mais ces larmes la étaient les dernières qui couleraient... Elle n'était pas de celle Lona, qu'on abat comme ça....
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Acanthe
C’est les gosiers nappés de breuvage peu local et des idées folichonnes s’attardant dans les têtes que le couple sort de taverne, l’Aely bien accroché au bras de son homme.
La brunette, raisonnable !?, s’est contentée de trois godets, l’Acanthe s’en est envoyé quatre derrière la lavallière.
C’est beaucoup mais ce n’est pas trop non plus, et rien qu’un de plus que la belle des vignes.

C’est au sortir de l’estaminet qu’ils aperçoivent Lona, à voir son air perdu, hagard, ils comprennent vite que quelque chose ne tourne pas rond. La joyeuseté laisse place à l’inquiétude dans les regards de la merveille et du taciturne, l’ouzo s’évapore, les esprits se désembuent en un instant.

Bien sûr il y a la dette du Rouergue et l’incertitude de l’avenir
Les enfants revenants de guerres et les conflits à venir
Mais….mais voir une amie pleurer !


L’Aely réagit la première, lâchant le bras aimé, elle se précipite vers Lona. Le barbu lui ne sait jamais ce qu’il faut faire dans ces moments-là. Ecouter, ça lui pose pas de problème, c’est même sa spécialité. Mais savoir quoi dire ou faire…..il a toujours l’appréhension de mal faire ou dire.
Il sait pourtant à la voir ainsi, il sait que quelque chose de grave s’est passé.
Il connaît son amie et bien souvent son épaule lui a servi d’épanchoir*….du temps où la vie ne souriait pas à la fille Clow.
Mais sa douleur cette fois semble bien plus profonde.

L’Acanthe s’avance lentement, essayant de capter des bribes de conversations. Et il en capte….rien pour le rassurer….bien au contraire.

-.... Zoé..... malheur..... Elle est partie ... Dordogne... ma coccinelle....

Zoé ! La petite Zoé ! C’est pas possible…..pas elle….c’était qu’une enfant…..

Levant un œil humide au ciel au cas où quelqu’un l’écouterait
- On n’a pas l’droit d’laisser mourir la marmaille ! Faut leurs laisser l’temps d’grandir.

Arrivé à leur hauteur il dépose une paluche amicale, l’espérant réconfortante, sur l’épaule de Lona. Sans rien dire de plus, parfois un simple geste, une présence suffit.
L’Aely aura les mots, lui le geste….


"Voir un ami pleurer" - Chanson de Jacques Brel chanté ici par Arno
*épanchoir - Pas certain de l'existence de ce mot avec le sens voulu ici.

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