Mahelya
- D'avant en arrière,
D'avant en arrière,
D'avant en arrière,
Tu as mal Petite Flamme, tu souffres tellement que tu préfère tuer ton âme. T'abandonner dans ton monde d'essences, de chiffres, de mots, de calculs. De combinaisons complexes qui stimulent ton Esprit et musèlent ton cur. Te souvenir que tu es vivante à défaut de le ressentir. Un Havre rien que pour toi, quiconque saint expérimenterait ton monde quelques instants deviendrait fou. Mais tu aimes la Folie, n'est-ce pas ?
- D'avant en arrière
D'avant en arrière,
Regardes Étincelle, ne serait-ce pas ton cur qui agonise à tes pieds. Regards Flamme et reconnait ses yeux. Tu as mal mais affrontes-le.
- D'avant en arrière.
Le Mouvement perpétuel sapaise. Le minois se relève mais les prunelles sont toujours vides. Ca fait mal ! Je sais ... Mais regardes-le. Vois qu'il t'aime. Vois qu'il souffre autant que toi. Reviens Rouquine ! Reviens auprès du tien. Tu ne veux Kyl et Kyl est là.
Le léger baiser déposé accompli pour de bon, le retour de son âme dans l'enveloppe charnelle et faible qu'elle voulait cependant quitter. Elle pleure, elle ne savait pas. Elle a mal, elle n'en a que bien trop conscience. Son palpitant en miette implore qu'on l'achève tant il suffoque à présent. Les émeraudes se posent sur le visage de Kylian. Il n'est pas à elle, ne l'a jamais été, et le cur esseulé bondi davantage, derniers soubresauts d'un noyé. Elle l'aime pourtant. Dieu sait combien son cur appartient au Ténébreux. Il lui parle mais elle ne perçoit sa voix que comme un écho lointain. Un écho du bonheur qu'elle a pourtant un jour effleuré du doigts.
- Immobile.
Le mouvement n'est plus. Son visage encadré par ses lourdes boucles flamboyantes enfin libérées n'est tourné que vers lui. Son attention est captivée par les paroles du Deschenaux. Son esprit encore embrumé peine à saisir le sens des paroles prononcées. Fier ? Comment pourrait-il être fier ? Elle est faible ? Elle n'est rien. Une mauvaise épouse, une mauvaise Mère, une mauvaise Comtesse ... Les iris se fond incrédules, mais son corps frissonnant ne résiste pas à l'affection dont il la gratifie. Alors évidemment elle répond volontiers au second baiser cueilli sur ses carminées. Elle est là ! Enfin et la main blanche et délicate glisse sur celle plus virile de son mari. Déjà elle s'accroche à ses mots pour ne pas retomber dans la catatonie.
- Immobile et attentive.
Le dernier baiser sapparente à la bouée. Dernier espoir de survie du noyé. Alors la Flamme s'y laisse entrainer. Si accroche comme si plus rien au monde n'avait la moindre importance. Pareille à une Condamnée à mort, elle exulte sur ses lèvres, toutes cette passion, tout cet amour, tout ce désir qui pendant de longs mois fut contenu, comme un dernier sursaut de vie. La silhouette maigrichonne se laisse glisser à genoux et le corps affiné se presse contre la carrure rassurante de Licorneux. Pour rien au monde le contact de ses lèvres sur les siennes n'est interrompu. Elle a besoin de lui pour vivre aussi surement qu'elle a besoin d'air pour respirer. Alors elle s'enivre jusqu'à plus soif et en quémande encore. Les bras - taillés dans les barreaux d'une cage à moineaux - se glissent autour du cou de son Aimé. * Encore. Étouffes-moi de toi ! *. Son baiser redouble d'intensité et tant pis si elle en oublie de respirer. La Vie c'est Lui, rien d'autre. Tremblante, en larmes, les griffes délicates, se plantent dans la nuque Du brun. * Fais moi vivre Kylian ! Fais-moi vibrer je t'en prie. Sans toi je ne suis plus. *. L'Amour la submerge et sans le moindre recule elle plante ses canines dans le charnues des lèvres prises en otage.
- Aimes-moi Kylian, je t'en supplie.
Voilà les seuls mots qu'elle autorise à rompre ce contact qu'elle avait désiré pendant des mois, des années, des siècles.
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