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[RP] Le temps des lilas ...

Anya.
Thouars, petite bourgade charmante du Poitou, posée tel un bibelot sur un plateau surplombant une petite rivière nommée "Le Thouet", petit affluent de la fougueuse Loire.

Thouars, petite bourgade du Poitou .. calme ... trèèèès calme !


Le petit groupe avait posé armes et bagages dans un repli du cours d'eau et il suffisait de lever la tête pour apercevoir le village niché plus haut couronné par le clocher de l'église.

Anya se reposait de plus en plus sur Pan pour les corvées, son dos n'en pouvant plus de supporter cette charge ventrale qui l'emmenait vers l'avant et lui faisait perdre sa stabilité. Depuis longtemps, elle ne voyait plus ses pieds et se coucher sur le ventre relevait de l'impossible désormais
.... je suis énorme ... ronchonnait elle souvent et même si sa libido ne s'était pas mise en sommeil, bien au contraire au grand bonheur de Pan ... hum .. certains ébats se révélaient eux aussi quasiment impossibles.

Tout en rangeant leur petit campement, Anya pouffa gaiement, quand tout à coup, son ventre se durcit subitement, lui faisant serrer les dents tout en comprenant ce qui arrivait. Voilà déjà quelques jours que le terme était dépassé, que le bébé ne bougeait pratiquement plus et qu'elle sentait son ventre descendre si bas, que si ça continuait elle l'aurait sur les genoux.

Mais là maintenant non
..... les lilas ne sont pas en fleurs encore !!!!!

Tant pis pour les lilas, une douleur prit le relais de la précédente et Anya s'allongea, souffle coupé.

Pannnnnnnnnn .... le bébé arrive !

Mais où était il donc ? c'est bien les hommes ça, jamais là quand on a besoin d'eux !

Mon chériiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
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Panperdu
Pendant qu’Anya le cherchait désespérément, Panperdu avait déserté le campement et flânait dans les rues de la cité fortifiée à la recherche d’une activité quelconque. Pas de lac où pêcher, pas de mine où casser des cailloux, pas de bois à couper dans la forêt… les journées étaient looooongues, très loooongues.

Délaissant le marché de la place du Minage bien trop cher pour sa bourse, moyennant quelques piécettes de cuivre il avait pu visiter une partie du labyrinthe de galeries souterraines, de puits et de caves voûtées qui couraient sous la vieille ville pour tuer le temps. On aurait vite fait de s'y perdre quand on ne connaissait pas, et il apprit avec intérêt que les couloirs sillonnaient toute la ville et débouchaient à plusieurs endroits dans la vallée. D'ailleurs il croisa même pendant la visite une petite troupe chargée de ballots qui essayait de contourner le guet.

Cette escapade touristique achevée, il s’était aventuré jusqu’à l’abbaye de Saint-Jean de Bonneval sur l’autre versant de la vallée, toujours à la recherche d’un emploi. Les moines étaient pauvres – au moins en apparence, car en ces temps troublés il fallait mieux ne pas faire étalage de sa richesse – mais il avait été pris avec les autres journaliers.

Demain serait un autre jour, en attendant ce soir il rentrait avec quelques légumes et morceaux de lards qui agrémenteraient le souper et changeraient du poisson séché que Paimbohé continuait à sortir soir après soir d’on ne sait quelle réserve secrète. Et c’est sur le chemin du campement qu’il reconnut la voix de son aimée qui l’appelait en criant. Qu’est ce qu’il avait encore fait pour qu’elle hurle comme ça ?


- Oh là ! Me voilà flamme de mon cœur ! Et il accéléra le pas impatient de la serrer dans ses bras.
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Miana
La rousse était restée dans la roulotte de ses amis, pendant quelques jours, fiévreuse et grelottante, laissant à son Paim le soin de s'occuper des deux jumeaux.
Ce matin là, elle se sentait un peu mieux et se leva un peu chancelante, ayant un grand besoin de manger pour retrouver des forces.

Sa chevelure flamboyante en bataille, elle sortit la tête de la roulotte et entendit des cris. Elle reconnut immédiatement la voix d'Anya et descendit en vitesse de la roulotte.


Anya ?? Anya ?? ça va pas ?? t'es malade ??

Elle courut en direction des cris et vit, stupéfaite son amie allongée sur le sol, gémissante.

En un éclair elle comprit

Le bébé !!!!!!! le bébééééé arrive !!!! Branle-bas d'combat !! tous à vos postes !!

Les mains en porte voix elle hurla encore plus fort

PANNNNNNNNNNNN RAMENE TES MICHES !!!!!!!!! LE BEBE ARRIVE !!!!!!!

Elle se pencha sur Anya et lui caressa doucement le visage tout en lui adressant un sourire qu'elle voulait confiant et rassurant, se rappelant elle même l'horrible souffrance de l'enfantement de ses deux jumeaux

Allez c'est l'moment !! faut t'installer confortablement pour accueillir le p'tit bout, pas ici sur l'herbe.

Se relevant elle hurla encore plus fort

PANPANNNNNNNNNNN RADINES TOIIIIIII
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Sandino
…La rumeur d’une attaque imminente du village tenait en haleine tous les habitants, au point qu’une simple cavalcade d’enfants faisait se retourner plus d’une adulte lesquels sur leurs gardes, haussaient les sourcils d’interrogation avant de gronder la marmaille qui se dispersait alors comme une volée de moineaux pour se reformer un peu plus loin, le jeu étant toujours le plus fort chez les enfants, au mépris parfois des dangers.

Si les rumeurs couraient bon train, cela n’empêchait pas le monde de tourner ni Sandino de dormir quand l’occasion se présentait. Toutefois, au fait des rumeurs s’est avec en tête l’idée que l’ennemi est dans les murs que le bohémien se réveille en sursaut aux cris de Miana.


- Alerte !! Alerte !! les angevins !! Zézé !! Paim !! aux armes !!!

Cette fois complètement réveillé par ses propres cris qui résonnent encore dans sa tête, Sandino prend conscience qu’aucun ennemi ne menace et que c’est tout bonnement Anya qui accouche de son premier.

- ON se calme !! fausse alerte !! c’était pour voir un peu si vous étiez prêt en cas de réelle attaque, par contre Anya s’apprête à donner naissance à un nouveau membre de la kumpania !! donc je préconise que Pan tienne une des mains d’Anya et la lui tapote en disant « ça va bien se passer », que Mia lui tienne l’autre main en la lui tapotant aussi avec comme commentaire » T’inquiètes poulette moi j’en ai fait deux d’un coup comme qui rigole et en plus ils se bousculaient au portillon », Paim fait chauffer de l’eau, Zézé va chercher Cali et moi je m’occupe des jumeaux dans le vago et je termine le talisman du nouvé né en même temps, cosi va benne ? très bien andiamo tutti forza !! au fait n’oubliez pas de ne pas divulguer le prénom du petit d’homme avant qu’il ait son talisman !! capito !!
Zeze5
Les hurlements annonçaient l'arrivé prochaine d'un nouveau bébé. Les autres membres du groupe criaient les uns après les autres, à croire que ça allait changer les choses, quand ça doit sortir, ça sort.

Sandino donnait ces conseils avisés, comme si il avait passé sa vie à faire naître des enfants. Au moins ça évitait les bousculades. Zézé s'approche de Anya pour la rassurer ... enfin presque.

- Dis donc ! tu es sûre que c'est votre bébé qui arrive ?! non parce que on peut pas dire que coté parents vous soyez du genre à être à l'heure vu que vous avez manqué par deux fois le départ pour venir ici !

La seule réponse de Anya est :

- AAAAaaaaahhhhhhhhhHHHH !!!

Ce à quoi Zézé allait répondre par "BBBBBBbbbbbbBBBBB", mais s'abstient pour aller chercher Cali.
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Paimbohe
Alerte !! Alerte !! les angevins !! Zézé !! Paim !! aux armes !!! 

Pour le coup, le gros marchand failli s’étouffer aux cris de Sandino. Oh, pas qu'il fut surpris d'une attaque ennemie, d'ailleurs des ennemis, et, c'était dans l'air du temps. C'est, plutôt, que Paimbohé n'en était à tortorer que son deuxième jambon à l'os et que ce fromage de brebis lui faisait du charme.

La mort dans l'âme, il se leva et jeta un œil triste sur la meule de fromage. Il savait, à l'instant ce que ressentait un chevalier servant devant quitter la dame des ses pensées sauf que là, point de foulard à glisser sous l'armure. Mais bon quand faut y aller, faut y aller !

Combien ils sont ? Combien on est ? Deux ? Encerclons les !

En fait, il n'y avait pas plus d'angevins à l'entour que de deniers dans la poche d'un pochtron jeté, sans égard, à la porte d'une taverne.

C'est Miana qui éclaira la lanterne de tout ce petit monde.

LE BEBE ARRIVE !!!!!!! 

Ah ben voilà !

Faute d'angevins, on pourrait au moins dire dans quelques heures que c'est le moment où l'ange vint et c'était bien mieux comme çà.

Oublié donc, le fromage racoleur ! Il fallait s'activer. Un Bébé, çà méritait un accueil plus aimable qu'une troupe de soudards.

La marmite ? Mais oui bien sur !
Avec de l'eau ? Heu.... Combien de sel dedans ?


Le fameux récipient qui servait le plus souvent à cuire la soupe de truite angora, serait, encore une fois utilisée pour un autre usage mais c'était pour la bonne cause.
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Anya.
Inspirer ... expirer ! Inspirer ... expirer ! l'exercice avait au moins ceci d'avantageux c'est que tant qu'elle se concentrait sur sa respiration, elle ne faisait pas une fixation sur son ventre qui se contractait douloureusement ... enfin juste un peu parce que ..... AAAAaaaaahhhhhhhhhHHHH !!!

Anya avait entendu la voix de Pan qui arrivait sans se presser, celle "harmonieuse" et stridente de Miana ... avant de percevoir l'accent inimitable de Sandino, puis celle de Zézé qui essayait de la réconforter .... manquait plus que le marchand de poissons et la troupe serait au complet. D'ailleurs, il ne fallut guère longtemps avant que l'organe tonitruant de Paim ne se fasse entendre

... Tout le monde était là ? ... alors ... place au spectacle !!!!!


Mais au moins là, elle se sentait nettement moins seule et la panique du début laissait place à une certaine appréhension, bien sûr, mais aussi à un certain fatalisme ... pas la peine de serrer les jambes, le bébé sortirait quand même et dans la douleur.

Elle mettait un point d'honneur à arborer un sourire si crispé qu'elle savait bien que personne n'y croirait, et son dos qu'elle voulait redresser se rebellait en s'entêtant à rester à plat. Elle aurait voulu redresser la tête, retrouver ce brin de fierté qui l'avait toujours caractérisé, mais ce jour, la fierté s'en était allée. Elle se sentait vulnérable, faible et avait horreur de ça !


J'ai mal ... finit elle par murmurer en serrant les dents et en cherchant Pan du regard ... j'ai mal et je veux la main de Pan !

Pourquoi donc avait il fallu qu'Eve offre le fruit défendu à Adam qui l'avait accepté sans rechigner cet abruti ? et pourquoi donc le Très Haut avait il décidé que seule la femme serait puni de ce péché, alors que l'homme était tout aussi coupable.

Pauvres femmes sur les épaules desquelles reposait le poids du premier péché du monde !


Les pensées se bousculaient dans le désordre au fond de sa tête, relayées par des contractions très douloureuses, qui la faisaient se crisper entièrement. Et la phrase surgit comme ça , d'un coup et d'un ton autoritaire ... c'est fini ! je ne ferais plus jamais l'amour !

Depuis l'aube des temps, la souffrance faisait sûrement dire n'importe quoi aux femmes et Anya n'était pas en reste, et son regard attrapa celui de Miana ... je n'en veux qu'un Miana, si il y en a deux, tu laisses l'autre où il est !

Deux phrases idiotes l'une après l'autre, elle faisait fort la petite brune.
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Panperdu
Le ciel était bleu, quelques nuages moutonnaient dans le ciel et le soleil de la fin de journée réchauffait agréablement mon corps endolori par le travail.
Quand soudain un cri inhumain déchira l'air et mes tympans au passage, déclenchant la fuite de tout ce qui portait des plumes et des poils à des lieues à la ronde. Même un poussin sortit la tête de son œuf au fond de mon panier croyant qu'on lui sonnait l'heure de l'éclosion.

Ah, l'incomparable, la douce, l'inimitable voix de Miana.


- Hein le bébé ? Quoi le bébé ? Quel bébé ? LE BEBE ??????

Paf ! fin des œufs quand le panier s'écrasa au sol. Au diable la boustifaille !

Toute la compagnie était déjà sur le pied de guerre - oui, oui, on peut le dire, c'était une vision d'apocalypse qui se dessinait - pendant que Paim insensible à ce remue-ménage semblait préparer une soupe. Déjà Sandino commençait à s'éclipser tandis que les femmes soutenaient Anya qui se tenait le ventre.

Les bras ballants je restais à les regarder, mais personne ne faisait attention à moi.


- Euh... J'peux faire quelque chose ?


C'est vrai que dans ces moments là le futur papa se sentait un peu inutile...
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Paimbohe
Le  "Euh... J'peux faire quelque chose ?"  de Panperdu fit sourire le vieux roublard qu'était devenu Paimbohé. Même, çà le ramenait quelques temps auparavant. Lui aussi s'était demandé si, à ce moment précis, l'homme était encore d'une quelconque utilité.
Déjà, entre les « fait ci », et les » fait pas çà », fallait s'y retrouver  parce que, souvent, çà voulait dire : « Fait pas ci comme çà ! Ou bien, « mais fait donc çà comme çà ». Tiens, bien pire que d'aller à la bataille sous les ordres d'un chef ivre mort.
Alors Paimbohé interpella son jeune ami pour lui prodiguer quelques conseils.

Hey Pan ! Viens là quelques instants ! Je te vois tout émoustillé ! Attend, je vais te dire...
Mais non, elle pas mal... T'inquiète ! Quoi, elle a crié, ton Anya ? Normal ! Les filles çà hurle toujours avant d'avoir mal.
Tout à l'heure, oui, çà, elle va déguster, ta dulcinée, çà c'est certain ! Mais rassure toi, toi aussi !
Elle te tiendra la main, d'abord. Puis petit à petit, elle va serrer de plus en plus fort. Tu sais ? Comme quand on tord le cou à un poulet, tu vois ? Ben çà va faire pareil, sauf que là, c'est ta paluche à toi.
Bien sur, c'est le moment où elle va le plus hurler et toi, comme tu ne voudras pas l'inquiéter, ben tu pourras même pas en faire autant quand tu verras tes doigts devenir tout violet et tout mou. Tout çà parce que, à cet instant, c'est la maman qui compte le plus.
Attend, y a pire!
Après c'est ses ongles qui vont te labourer la peau! Si si, c'est comme çà!
Et toujours pas le droit de moufter, hein? En plus, c'est toi qui devra la rassurer, en lui disant que tout va bien!
Pour le reste, à toi de le découvrir! Mais, allez! Vas-y et courage !


Paimbohé sourit de l'air entendu de celui qui savait mais se ravisa.

Hey! Attend ! Encore un instant !

Il versa une bonne rasade d'un liquide légèrement ambré dans une chope qu'il tendit au futur papa.

Tiens ! Enfile toi ce godet de marc de Provence, cul sec, et file !

Du coup, par solidarité masculine, Paimbohé, s'en servit un également !
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Sandino
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…Tout à sa fabrication du talisman qu’Anya et Pan vont devoir accrocher au bras de leur bébé avant de dévoiler le nom qu’ils ont choisit pour lui à tous le reste de la Kumpania, Sandino n’en garde par moins un œil et une oreille sur les évènements qui se déroulent dans le camp.

Si l’agitation a baissé suite à la fausse alerte , les principaux protagonistes concernés par l’accouchement restent mobilisés, on attend Cali et son expertise de médicastre, on rassure la future mère et le futur père en lui promettant des heures inoubliables à venir, le tout accompagné d’une chope que Paim en spécialiste des affres de la paternité tend à Pan pour lui donner du cœur au ventre.

Délaissant un moment son travail pour se pencher à la fenêtre du vago, le bohémien interpelle Paim.


- hé Paim je connais pas ce Marc de Provence mais je veux bien de ton « Pousse-vago », vu la grimace que fait notre bientôt papa ça m’a l’air bien gouleyant ce tord boyaux !!

Toujours penché Sandino observe le chemin un instant puis se tourne vers le groupe de femmes.

- Ché !! Zézé !! mamma mia cosa fa la sorella tua ? elle est passée chez le barbier avant ou bien ?

.
Panperdu
Je ne sais pas ce qui était le plus effrayant. L'infâme mixture de Paimbohé qui me monta directement au cerveau pendant que mon système digestif se décomposait, ou bien la description de ce qui m'attendait d'ici à quelques minutes ?

- Wouaou ! C'est du costaud ! Pas une boisson de fillette. En tout cas je ne risquais plus de crier, mes cordes vocales commençaient à s'engourdir.

Le regard embué... par l'émotion... je tendis ma chope à Sandino d'un geste brusque et je pris la suite du cortège des femmes.

Sois fort me disais-je. Anya compte sur toi.

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Cali
Toute la petite troupe était revenue, Zézé et Sandino, Mia et Paim avec les jumeaux, et un autre couple dont Cali avait fait connaissance en taverne. Tous unis comme les doigts des pieds. C'est bien plus pratique surtout quand on a de la route à faire.
La Thouarsaise leur avait bien dit qu'ils arrivaient toujours au bon moment. Et ça n'avait pas loupé. Paf en plein conflit.

Tandis que Cali préparait son baluchon , finalement décidée à venir gonfler les rangs de l'armée "MOMENTANÉMENT" avec son compagnon et la troupe des joyeux drilles qui n'étaient même pas Poitevins, Zézé débarqua en lui annonçant l'arrivée imminente.... incessamment sous peu... ça va pas tarder... poussez pas derrière y en aura pour tout le monde.... d'un bébé!! Et on avait besoin d'elle.
Cali assura sa soeur qu'elle la rejoindrait sous peu, une fois son paquetage fini.


- J'arrive , j'arrive!

Dans un coin de sa forge la jeune femme retourna des cagettes de bois, trouva enfin ce qu'elle cherchait et se le colla sur la tête pour essayer.

- Aaaah! C'est quoi cette horreur?! On étouffe là d'dans!!

Elle eut beau essayer toutes les techniques, impossible d'enlever le casque qu'elle avait enfilé, sûrement coincé pas son chignon , ou pire, par sa tête. Quelle idée d'avoir voulu retrouver ce casque poussiéreux, reste d'une commande passée il y a bien longtemps.
Fulminant et se cognant à la plupart des obstacles qui faisaient exprès d'apparaître à son passage, comme les arbres, les fourrés, les chemins même pas droits, Cali arriva enfin au campement.
Déjà à moitié assommée, les cris et les braillements qu'elle avait entendu de loin l'achevèrent aussi sûrement que si elle avait collé sa tête dans la cloche du village annonçant les matines. Et même si en arrivant ça c'était calmé, dans sa tête les voix résonnaient encore.
Cali leva le doigt en l'air en les prévenant.


- Le premier qui rigole je lui botte le cul!!

Puis elle balança sa sacoche de médicastre parterre et s'acharna à essayer d'ôter le casque de sa tête.

- AAAAAAAH! Zézé , Sandino ?!! Enlevez-moi ce machin sinon je réponds plus de rien !!! J'y vois rien, j'y respire pas la d' daaaaans!
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Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Miana
La rousse ne savait plus où donner de la tête !

Elle regardait tout le monde tour à tour puis laissa un moment la main d'Anya pour se relever et, les mains sur les hanches, les joues rosies, les sourcils foncés, elle avança vers les trois hommes d'un pas rapide et se planta devant eux.

Non mais des fois ?? j'crois pas c'que j'vois là ?? V'êtes en train d'vous cuiter pendant qu'la p'tite Anya agonise ?? C'est pas possible ça !! Tous à vot'poste et en vitesse !!

Toi Pan au lieu d'te laisser aller à la boisson, vient vite soutenir ta femme ! Elle va mordre et griffer qui si t'es pas là j'te l'demande !!

Elle en profita pour lui asséner une tape sur la nuque au passage.

Toi Paim, ranges moi vit'fait cette piquette, c'est pas l'moment !! Pis c'était pas si terrible not'accouchement pffff !! juste des p'tites griffétounettes pendant qu'moi j'me tordais d'douleur.
Et pis l'en est où la bassine d'eau chaude ? hein ? HEIN ?? HEIN ??


Elle arracha une touffe d'herbe et la lui lança sans voir les morceaux de bois et une drôle de matière molle attachée à la touffe.

Pis toi Sandino, dépêches toi donc d'finir les talismans avant qu'le p'tiot ait trois ans hein ? ça va pas l'faire d'l'appeler Nafnaf Nifnif ou Noufnouf jusqu'à ses trois ans !! tssssss !!

Ses yeux lançaient des éclairs en regardant les hommes.

Elle revint vers la pauvre Anya, soulagée d'avoir dit ce qu'elle pensait à ces trois zozos, quand elle vit arriver un casque et quelqu'un qui gesticulait dessous.
Lorsqu'elle reconnut la voix de Cali, elle ne put s'empêcher de pouffer discrètement, n'ayant pas envie qu'on lui botte de derrière.


Ah te v'là toi !! ça t'va bien dis donc l'espère de latrine que t'as sur la tête !! mais enfin c'est pas là qu'ça s'met non plus !!

Sans faire un geste vers Cali, espérant qu'un des trois lascars allaient s'occuper d'elle et que ce serait l'un deux qui recevrait un coup de pied au derrière, elle se pencha vers Anya en lui tapotant la main.

T'inquiètes pas ma belle, vont s'calmer tous quand ça va arriver t'vas voir ! Pis si t'en veux qu'un et qu'y en a deux, ben moi j'veux bien t'en prendre un ! comment on va faire ? on f'ra pile ou face ??
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Anya.
Couchée sur son "lit de douleur", Anya entendait tout et n'entendait rien ... juste un son de corne de brume où se mêlaient des voix connues.

La main de Miana lâcha la sienne pour ajouter un son strident à la corne de brume qui lui vrilla les oreilles .... et la souffrance revint encore, comme une marée tellement lancinante qu'Anya avait l'impression de n'être qu'un fétu de paille lancée sur les rochers par un vent mauvais.

Elle voulait Pan, sa main, sa force ... même si elle savait bien que l'homme de sa vie devait être bien déstabilisé en ce jour.


Mmmmmh ! .... gémit elle en crispant les mâchoires pour résister à cette douleur sournoise qui l'envahissait, la tétanisait et la faisait se tordre ... mais soudain ... son esprit s'évada loin de cette souffrance pour en rattraper une autre bien plus insupportable et dans ce long couloir noir qui lui faisait face elle se mit à crier .... Non ... NOn

Elle avait cinq ans brusquement, sa main se tendait, ses petites jambes se tordaient de panique tandis qu'elle courait, courait, poursuivie par une domestique, vers une horrible vérité. Son coeur de fillette se tordait d'angoisse, et les larmes brûlantes brouillaient sa vue tandis qu'elle courait, cheveux emmêlés, vers une partie de son destin .....

Anya ouvrit les yeux, reprenant pied dans la réalité et regarda sans les voir ceux qui l'entouraient ... ses yeux cherchaient ceux de Pan et elle murmura ... pas cette douleur là, pas celle là !!

La contraction était passée et Anya, un peu soulagée, regarda Miana d'un air déboussolé et murmura ... des jumeaux, comme nous !... tout en sachant bien que son amie ne comprendrait pas.

Anya surveillait son corps, crispait d'avance ses orteils à la marée qui revenait et elle se débattit pour ne pas retourner dans le couloir noir .... pas ça ! Pan aide moi !
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Panperdu
Tiraillé entre les souvenirs de l'expérience vécue par Paim et les paroles qui les relativisaient de Miana, Panperdu oscillait entre s'enfuir en courant devant le branle-bas de combat orchestré par les femmes et rester auprès de la flamme de son cœur.

Ce fut la vision fugitive d'Anya qui décida pour lui et qui le jeta à ses genoux.

Les réflexes de milliers de générations de maris auprès de leur femme lui dictèrent ce qu'il devait faire : saisir sa main dans la sienne, créer une bulle où plus rien ni personne d'autre qu'eux deux n'existait plus. Prendre un linge propre qui traînait par là et essuyer délicatement le front de sa belle qui ruisselait déjà. Vriller ses yeux dans les siens pour lui montrer que quoiqu'il arrive il resterait là auprès d'elle.


- Ça va aller, je suis là. Tout va bien se passer.

Et serrer les dents devant la poigne d'acier qui lui broyait déjà les phalanges. Finalement Paimbohé n'avait pas exagéré ! C'était idiot comme commentaire, mais son esprit était embrumé et il ne voyait qu'Anya qui souffrait et il ne pouvait rien faire. Non, il ne pouvait rien faire.
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