Solweig
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Un simple mot pour désigner quelqu'un. Net et sans bavures. Veuve noire ou blanche, qu'est-ce qu'on s'en fout. Veuve c'est bien, ça va droit à l'essentiel, d'autant plus lorsque l'on vous réduit à ce simple état. Y'a personne derrière, non non. C'est qui ? Personne, rien qu'une veuve. Ne reste plus qu'à se trimbaler la pitié du monde, des gens sur le coin de la gueule. Bien en évidence même, parce que ça creuse les joues, les cernes ; et ça courbe l'échine doucement mais sûrement. Ils vomissent leur hypocrisie, et Solweig hoche la tête.
Pour sûr qu'elle n'a pas toujours été veuve, la Solweig. Quand même pas. Avant d'adopter le noir, c'était la "femme de". Logique. D'ailleurs femme de qui ? D'un bourreau. Elle préparait les cordes de chanvre pour les futurs décédés, entre autres. Encore avant elle avait été cette adolescente gênante au regard critique, trop avide de vivre pour rattraper sept années perdues, dont on cherchait à se débarrasser. Et pour commencer sa vie, on l'avait faite malingre.
Pour résumer : on l'avait balancée dans la vie sans lui demander son avis, et depuis elle se contentait d'essuyer les tempêtes, d'en sortir vivante et d'attendre le noir. L'obscurité, pas la mort. Avant même d'avoir atteint la trentaine, Solweig Rowlan n'était déjà plus qu'un tas de raccrocs. Une pierre grossière.
Voilà.
* Titre du film de Cédric Klapisch
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- Veuve.
Un simple mot pour désigner quelqu'un. Net et sans bavures. Veuve noire ou blanche, qu'est-ce qu'on s'en fout. Veuve c'est bien, ça va droit à l'essentiel, d'autant plus lorsque l'on vous réduit à ce simple état. Y'a personne derrière, non non. C'est qui ? Personne, rien qu'une veuve. Ne reste plus qu'à se trimbaler la pitié du monde, des gens sur le coin de la gueule. Bien en évidence même, parce que ça creuse les joues, les cernes ; et ça courbe l'échine doucement mais sûrement. Ils vomissent leur hypocrisie, et Solweig hoche la tête.
Pour sûr qu'elle n'a pas toujours été veuve, la Solweig. Quand même pas. Avant d'adopter le noir, c'était la "femme de". Logique. D'ailleurs femme de qui ? D'un bourreau. Elle préparait les cordes de chanvre pour les futurs décédés, entre autres. Encore avant elle avait été cette adolescente gênante au regard critique, trop avide de vivre pour rattraper sept années perdues, dont on cherchait à se débarrasser. Et pour commencer sa vie, on l'avait faite malingre.
Pour résumer : on l'avait balancée dans la vie sans lui demander son avis, et depuis elle se contentait d'essuyer les tempêtes, d'en sortir vivante et d'attendre le noir. L'obscurité, pas la mort. Avant même d'avoir atteint la trentaine, Solweig Rowlan n'était déjà plus qu'un tas de raccrocs. Une pierre grossière.
Voilà.
* Titre du film de Cédric Klapisch
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