De.cyrano
[Paris - 16 jours plus tôt]
Errance, errance, errance... Douceur d'espérance. Sur les pavés de la grande cité, un géant cheminait. Sa chevelure mi-longue aux reflets dorés tentait vainement d'harmoniser un profil bien laid. L'homme, en effet, avait beau arborer une moustache bien pourvue, on ne pouvait pour autant que prêter attention à son nez. Celui-ci, long de deux pouces au moins, volait la vedette aux beaux yeux noisettes. Mais l'homme était massif et peu nombreux étaient ceux qui l'auraient défié.
Pour cause, l'homme était connu de moult citadins. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, tous avaient ouï son nom : Savinien de Cyrano.
Celui dont la légende disait qu'il avait combattu et vaincus cent hommes à la fois. Certes la réalité avait du être toute autre, mais les petites gens de la capitale étaient crédules et la grande gueule du Cyrano avait terminé de les convaincre.
Bref, l'homme était une légende.
L'ennui voyez vous, c'est que les légendes dérangent, elles suscitent les passions. Du grand sire narcissique au petite gens téméraire, la légende nuit. Jalousie et orgueil ne faisant pas bon ménage, on en vint rapidement à désirer la mort pour celui qu'un jour on appela héros.
C'est ainsi qu'en ce beau jour d'avril, Cyrano, dans les rues cheminait. Dissimulés dans l'ombre, quatre yeux le guettaient.
- Allons y ! lancèrent les deux premiers
- Il en a déjà tué cent comme toi !
- Comment le saurais-tu ? Toi qui fuis tout combat !
- Il est des choses qu'on sait, il est des choses qu'on sent
Et cette fois-ci l'ami, je crains la mort devant.
- Piètre pleutre que voilà ! En garde mon bon seigneur !
Pour vous, pauvre Gascon, le glas sonne sur l'heure !
Le bougre s'était lancé au devant du géant, l'épée au clair. La mine menaçante autant qu'il le pouvait, il dévisageait maintenant son futur adversaire. Cyrano, surpris d'abord, sentit bien vite l'amusement le prendre. Dans le silence qui pesait, l'assaillant tressaillait. Devant la mine assurée du Gascon, il entonna :
- Dégainez votre épée, si vous n'avez point peur :
Je suis ici l'artisan de votre malheur !
Le Cyrano remuant de toute part, dénoua avec grâce les attaches de son mantel. Il décoiffa son feutre et le jetant à terre, répondit la voix haute et le ton fier :
- Messer, si vous tenez tant à croiser ma lame,
Je vous accorde dix vers, puis je vous fendrai l'âme.
De son fourreau jaillit l'estoc, et du Cyrano de prendre ses appuis.
- Puisque vous vous pensez bretteur de profession,
Laissez moi vous offrir une ultime leçon.
Qu'il soit su Messer, que dans l'art de l'estocade,
Rien n'est plus à craindre qu'une douloureuse plantade !
Mélant le geste à la parole, Cyrano fendit l'air, assénant un coup d'estoc vers son ravisseur. Le bruit des métaux s'entrechoquant retentit tandis que l'autre parait.
- La hâte est l'ennemie. L'alliée ? la précision !
Travaillez votre style ! Point trop d'agitation.
Les attaques du géant se faisaient plus rapides et plus violentes tandis que l'adversaire, chancelant, reculait sous les coups. Le bougre, paniqué, se saisit du bras de Cyrano :
- Sont-ce là vos manières ? Sommes-nous en ballade ?
Et moi qui vous pensais en quête de bravade !
D'un coup sec du pommeau, il brisa la prise avant de repousser du pied son assaillant qui manqua de s'écrouler.
- Dix vers je vous laissais, pour tenter de faire mouche,
Sachez Messer, qu'à la fin de l'envoi...
Prononçant ces mots, il levait sa lame avant de l'abattre sur la garde fébrile de son opposant. Les épées se choquèrent mais l'une d'elle vacilla, laissant le chemin libre vers le crâne du malfrat...
- Je touche !
L'adversaire s'écroula et le Cyrano entreprit d'essuyer son épée. La rengainant, il dit comme pour lui même :
- Dans l'art du verbe, comme celui de l'épée,
La nature favorise les plus disciplin... AH !
Il beugla de douleur tandis qu'une fine lame pénétrait son dos. Le second assassin s'était enfin lancé et la dague à la main, venait le terrasser. L'accompagnant dans sa chute, il murmura :
- Vous vous trompez Messire, et je vous dis pourquoi :
L'ennemi le plus dangereux est celui qu'on ne voit...
Je vous ai tué messire, et l'on dira de moi,
Que je suis le géant qui vous laissa pantois,
Qu'à ma simple vue vous vous glaçâtes d'effroi...
De tous vos ennemis, j'étais le plus adroit.
Sournois, me direz vous ? Je vous laisse aux abois
Et vais me faire de suite, acclamé comme un Roi !
Le malfrat laissa choir Cyrano et s'enfuit en courant, le laissant dans la boue, mourant.
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Errance, errance, errance... Douceur d'espérance. Sur les pavés de la grande cité, un géant cheminait. Sa chevelure mi-longue aux reflets dorés tentait vainement d'harmoniser un profil bien laid. L'homme, en effet, avait beau arborer une moustache bien pourvue, on ne pouvait pour autant que prêter attention à son nez. Celui-ci, long de deux pouces au moins, volait la vedette aux beaux yeux noisettes. Mais l'homme était massif et peu nombreux étaient ceux qui l'auraient défié.
Pour cause, l'homme était connu de moult citadins. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, tous avaient ouï son nom : Savinien de Cyrano.
Celui dont la légende disait qu'il avait combattu et vaincus cent hommes à la fois. Certes la réalité avait du être toute autre, mais les petites gens de la capitale étaient crédules et la grande gueule du Cyrano avait terminé de les convaincre.
Bref, l'homme était une légende.
L'ennui voyez vous, c'est que les légendes dérangent, elles suscitent les passions. Du grand sire narcissique au petite gens téméraire, la légende nuit. Jalousie et orgueil ne faisant pas bon ménage, on en vint rapidement à désirer la mort pour celui qu'un jour on appela héros.
C'est ainsi qu'en ce beau jour d'avril, Cyrano, dans les rues cheminait. Dissimulés dans l'ombre, quatre yeux le guettaient.
- Allons y ! lancèrent les deux premiers
- Il en a déjà tué cent comme toi !
- Comment le saurais-tu ? Toi qui fuis tout combat !
- Il est des choses qu'on sait, il est des choses qu'on sent
Et cette fois-ci l'ami, je crains la mort devant.
- Piètre pleutre que voilà ! En garde mon bon seigneur !
Pour vous, pauvre Gascon, le glas sonne sur l'heure !
Le bougre s'était lancé au devant du géant, l'épée au clair. La mine menaçante autant qu'il le pouvait, il dévisageait maintenant son futur adversaire. Cyrano, surpris d'abord, sentit bien vite l'amusement le prendre. Dans le silence qui pesait, l'assaillant tressaillait. Devant la mine assurée du Gascon, il entonna :
- Dégainez votre épée, si vous n'avez point peur :
Je suis ici l'artisan de votre malheur !
Le Cyrano remuant de toute part, dénoua avec grâce les attaches de son mantel. Il décoiffa son feutre et le jetant à terre, répondit la voix haute et le ton fier :
- Messer, si vous tenez tant à croiser ma lame,
Je vous accorde dix vers, puis je vous fendrai l'âme.
De son fourreau jaillit l'estoc, et du Cyrano de prendre ses appuis.
- Puisque vous vous pensez bretteur de profession,
Laissez moi vous offrir une ultime leçon.
Qu'il soit su Messer, que dans l'art de l'estocade,
Rien n'est plus à craindre qu'une douloureuse plantade !
Mélant le geste à la parole, Cyrano fendit l'air, assénant un coup d'estoc vers son ravisseur. Le bruit des métaux s'entrechoquant retentit tandis que l'autre parait.
- La hâte est l'ennemie. L'alliée ? la précision !
Travaillez votre style ! Point trop d'agitation.
Les attaques du géant se faisaient plus rapides et plus violentes tandis que l'adversaire, chancelant, reculait sous les coups. Le bougre, paniqué, se saisit du bras de Cyrano :
- Sont-ce là vos manières ? Sommes-nous en ballade ?
Et moi qui vous pensais en quête de bravade !
D'un coup sec du pommeau, il brisa la prise avant de repousser du pied son assaillant qui manqua de s'écrouler.
- Dix vers je vous laissais, pour tenter de faire mouche,
Sachez Messer, qu'à la fin de l'envoi...
Prononçant ces mots, il levait sa lame avant de l'abattre sur la garde fébrile de son opposant. Les épées se choquèrent mais l'une d'elle vacilla, laissant le chemin libre vers le crâne du malfrat...
- Je touche !
L'adversaire s'écroula et le Cyrano entreprit d'essuyer son épée. La rengainant, il dit comme pour lui même :
- Dans l'art du verbe, comme celui de l'épée,
La nature favorise les plus disciplin... AH !
Il beugla de douleur tandis qu'une fine lame pénétrait son dos. Le second assassin s'était enfin lancé et la dague à la main, venait le terrasser. L'accompagnant dans sa chute, il murmura :
- Vous vous trompez Messire, et je vous dis pourquoi :
L'ennemi le plus dangereux est celui qu'on ne voit...
Je vous ai tué messire, et l'on dira de moi,
Que je suis le géant qui vous laissa pantois,
Qu'à ma simple vue vous vous glaçâtes d'effroi...
De tous vos ennemis, j'étais le plus adroit.
Sournois, me direz vous ? Je vous laisse aux abois
Et vais me faire de suite, acclamé comme un Roi !
Le malfrat laissa choir Cyrano et s'enfuit en courant, le laissant dans la boue, mourant.
Ceci est un RP fermé pour le moment qui servira de base à cette nouvelle marionnette. Elle s'inspire, vous vous en doutez du célèbre personnage d'Edmond Rostand. Je posterai demain, une suite à ces mots et vous pourrez alors vous joindre à moi si vous le désirez. Les vers sont une contrainte que je me donne, il ne vous sera pas exigé d'en faire de même Encore que si vous le désirez, j'en serai le premier ravi !
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