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Ce RP est le socle sur lequel je bâtirai cette marionnette. Il est à noter que pour accroître le défi, j'ai décidé de me contraindre à écrire tous mes dialogues en vers, hommage à Edmond Rostand et son œuvre qui me fait rêver.

[RP] Errance, errance, errance... Douceur d'espérance

De.cyrano
[Paris - 16 jours plus tôt]

Errance, errance, errance... Douceur d'espérance. Sur les pavés de la grande cité, un géant cheminait. Sa chevelure mi-longue aux reflets dorés tentait vainement d'harmoniser un profil bien laid. L'homme, en effet, avait beau arborer une moustache bien pourvue, on ne pouvait pour autant que prêter attention à son nez. Celui-ci, long de deux pouces au moins, volait la vedette aux beaux yeux noisettes. Mais l'homme était massif et peu nombreux étaient ceux qui l'auraient défié.
Pour cause, l'homme était connu de moult citadins. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, tous avaient ouï son nom : Savinien de Cyrano.
Celui dont la légende disait qu'il avait combattu et vaincus cent hommes à la fois. Certes la réalité avait du être toute autre, mais les petites gens de la capitale étaient crédules et la grande gueule du Cyrano avait terminé de les convaincre.
Bref, l'homme était une légende.
L'ennui voyez vous, c'est que les légendes dérangent, elles suscitent les passions. Du grand sire narcissique au petite gens téméraire, la légende nuit. Jalousie et orgueil ne faisant pas bon ménage, on en vint rapidement à désirer la mort pour celui qu'un jour on appela héros.

C'est ainsi qu'en ce beau jour d'avril, Cyrano, dans les rues cheminait. Dissimulés dans l'ombre, quatre yeux le guettaient.


- Allons y ! lancèrent les deux premiers
- Il en a déjà tué cent comme toi !
- Comment le saurais-tu ? Toi qui fuis tout combat !
- Il est des choses qu'on sait, il est des choses qu'on sent
Et cette fois-ci l'ami, je crains la mort devant.

- Piètre pleutre que voilà ! En garde mon bon seigneur !
Pour vous, pauvre Gascon, le glas sonne sur l'heure !


Le bougre s'était lancé au devant du géant, l'épée au clair. La mine menaçante autant qu'il le pouvait, il dévisageait maintenant son futur adversaire. Cyrano, surpris d'abord, sentit bien vite l'amusement le prendre. Dans le silence qui pesait, l'assaillant tressaillait. Devant la mine assurée du Gascon, il entonna :

- Dégainez votre épée, si vous n'avez point peur :
Je suis ici l'artisan de votre malheur !


Le Cyrano remuant de toute part, dénoua avec grâce les attaches de son mantel. Il décoiffa son feutre et le jetant à terre, répondit la voix haute et le ton fier :

- Messer, si vous tenez tant à croiser ma lame,
Je vous accorde dix vers, puis je vous fendrai l'âme.


De son fourreau jaillit l'estoc, et du Cyrano de prendre ses appuis.

- Puisque vous vous pensez bretteur de profession,
Laissez moi vous offrir une ultime leçon.
Qu'il soit su Messer, que dans l'art de l'estocade,
Rien n'est plus à craindre qu'une douloureuse plantade !


Mélant le geste à la parole, Cyrano fendit l'air, assénant un coup d'estoc vers son ravisseur. Le bruit des métaux s'entrechoquant retentit tandis que l'autre parait.

- La hâte est l'ennemie. L'alliée ? la précision !
Travaillez votre style ! Point trop d'agitation.


Les attaques du géant se faisaient plus rapides et plus violentes tandis que l'adversaire, chancelant, reculait sous les coups. Le bougre, paniqué, se saisit du bras de Cyrano :

- Sont-ce là vos manières ? Sommes-nous en ballade ?
Et moi qui vous pensais en quête de bravade !


D'un coup sec du pommeau, il brisa la prise avant de repousser du pied son assaillant qui manqua de s'écrouler.

- Dix vers je vous laissais, pour tenter de faire mouche,
Sachez Messer, qu'à la fin de l'envoi...


Prononçant ces mots, il levait sa lame avant de l'abattre sur la garde fébrile de son opposant. Les épées se choquèrent mais l'une d'elle vacilla, laissant le chemin libre vers le crâne du malfrat...

- Je touche !

L'adversaire s'écroula et le Cyrano entreprit d'essuyer son épée. La rengainant, il dit comme pour lui même :

- Dans l'art du verbe, comme celui de l'épée,
La nature favorise les plus disciplin... AH !


Il beugla de douleur tandis qu'une fine lame pénétrait son dos. Le second assassin s'était enfin lancé et la dague à la main, venait le terrasser. L'accompagnant dans sa chute, il murmura :

- Vous vous trompez Messire, et je vous dis pourquoi :
L'ennemi le plus dangereux est celui qu'on ne voit...
Je vous ai tué messire, et l'on dira de moi,
Que je suis le géant qui vous laissa pantois,
Qu'à ma simple vue vous vous glaçâtes d'effroi...
De tous vos ennemis, j'étais le plus adroit.
Sournois, me direz vous ? Je vous laisse aux abois
Et vais me faire de suite, acclamé comme un Roi !


Le malfrat laissa choir Cyrano et s'enfuit en courant, le laissant dans la boue, mourant.




Ceci est un RP fermé pour le moment qui servira de base à cette nouvelle marionnette. Elle s'inspire, vous vous en doutez du célèbre personnage d'Edmond Rostand. Je posterai demain, une suite à ces mots et vous pourrez alors vous joindre à moi si vous le désirez. Les vers sont une contrainte que je me donne, il ne vous sera pas exigé d'en faire de même Encore que si vous le désirez, j'en serai le premier ravi !

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De.cyrano
[Paris - 10 jours plus tôt]

Six jours plus tard, Savinien rouvrait lentement les yeux. Enveloppé dans d'épais édredons, il tenta un instant de se redresser. Sa blessure le lança, il se rallongea... L'air était lourd dans cette petite pièce sombre. Les volets était fermés et pour seul clarté, une mince bougie se consumait. Le cadre était affreusement impersonnel. Sur un tabouret, une tulipe se mourrait dans un vase depuis longtemps vidé. Pas une tenture, ni même de rideaux, juste des murs salis et un petit broc d'eau. Aucune saveur ne parfumait la pièce hormis celle nauséabonde du moisi et de la poussière...

- Est-ce le paradis chéri par tous ces clercs ?
Je rêvais de senteurs, de couleurs, de lumières...
Ou alors du Soleil, m'aurait-on éconduit ?
Pour que je reste ici, dans la ruine et la nuit.


Des bruits se firent entendre derrière la porte et bientôt, celle-ci s'ouvrit. Dans l'embrasure se dessina la silhouette d'une femme bien en chair. Elle s'avança vers le malade et sursauta en le voyant bouger.

-Vous voilà réveillé ! Mais pouvez-vous bouger ?
Je m'en vais de ce pas, quérir le bon Le Bret.


Ne laissant pas même le temps à Cyrano de rétorquer, elle disparut par là où elle était entrée.

- Et comment, par le Ciel, voudrait-elle que je bouge ?
Moi qui souffre ce calvaire, transpercé de mille gouges !


Le temps passa vite avant que des bruits ne retentissent de nouveau dans le couloir. La porte bientôt se rouvrit laissant entrer un ami de longue date.

- Ah ! Bon Henry ! Libère moi de mon ennui !
Ouvre ces volets, puisse le ciel être gris...


- Il est bleu, Savinien, il est bleu et respire
Lui seul pourrait, je crois, échapper à ton ire...
Mais il me faut, Ami, te conseiller prudence,
Car ce revers subi, n'est pas sans conséquence.


- Parle, Le Bret, dis moi... Dis moi ce qu'il se dit
Sur les marchés et places, de la vile Paris.


- Partout l'on rit de toi, et l'on maudit le nom
Du monstre circaète, fauché par un aiglon,
On renie la légende, et l'on crie au parjure,
Je crains fort pour ta vie, en dehors de ces murs...
Je t'ai trouvé une fois, à genoux dans la fange,
Et t'ai confié aux soins du plus noble des anges,
Hélas si par vengeance, tu cédais à l'orgueil,
Il me faudrait sous peu, me résigner au deuil.
Paris t'a rejeté, et Paris te croit mort,
Pitié, choisis l'oubli, à ta vie de cador.


- J'entends là tes paroles, mais n'en comprends le sens,
J'ai vu le jour Gascon, mon sang réclame vengeance !
Ce couard, ce lâche, qui dans mon dos frappa
Trouvera par ma main, son chemin au trépas.
Dis-moi Henry, dis-moi, où il me faut chercher
Pour passer ce malfrat au fil de mon épée !


- Après t'avoir laissé, par jactance il pécha :
Des halles jusqu'à la Grève, son exploit il narra
Si bien que dans Maubert, échauda des bretteurs
Qui de sa belle légende, voulaient voir la teneur...


- Tu dis donc que ces hommes m'ont ainsi dérobé,
Ce sang qui pour autant, de droit me revenait !


- Je dis qu'ils l'ont tué, et que tu es vengé
Je t'implore à présent, de vouloir te ranger.
Rassemble tes affaires, quitte la capitale :
Elle ne saurait ces jours, ne t'être que fatale...
Va, vole, cours, chante et danse, fais le deuil de Paris
Tu me dis ton Ami, et je te veux en vie.


- Et où donc m'en irai-je, puisqu'il me faut partir,
Puisque de cette ville, je me suis fais bannir ?



[Bruges - Aujourd'hui]

C'est ainsi que dix jours plus tard, le Gascon pénétrait en capitale Flamande, loin des malices et vices de Paris, qu'il lui restait pour longtemps interdits... Après avoir échangé ses adieux, il avait pris la route du Nord, là où son nom restait encore secret. A pieds, il franchit la porte sud, l'allure fière sous son feutre rouge...
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