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RP - Le Blond, la Belle et la Brigande

Fleur_des_pois
    | Le 03 Mai à sexte |
      {Tulle, Comté du Limousin et de la Marche}


Elles avaient décidé de partir un peu sur un coup de tête. Aurillac dégageait comme un relent d'ennui profond. Pas un chat en taverne, ou celui-ci était mité. Les remparts de la ville exudaient la langueur. Et cela n'avait rien de très amusant. Surtout pour deux jeunes filles vives et hyperactives. L'idée avait donc germé dans l'esprit de la rousse. A moins que ce ne soit venu de la brune ? Qu'importait ! La question demeurait. Pouquoi ne pas partir ? Oh, pas très loin, il ne fallait pas perdre les autres de vue. Mais quelque part où le mot « s'amuser » n'était pas une légende. Sybelle avait alors proposé le nom d'une capitale. Limoges. Ce n'était qu'à trois jours d'Aurillac. Et d'après les dires de l'Ecossaise, c'était animé. Et la Fée de battre des mains et de faire ses bagages ! Pour le lendemain soir. Elles préféraient voyager à la fraiche. Et puis ni l'une ni l'autre n'avaient peur du noir.

Le trajet se fit sans encombre. L'Ortie parlait beaucoup, la Renarde n'en répondait pas moins. C'était cela, les joies de l'amitié. Elles avaient médit du blond Bertuccio qui deviendrait époux de la rousse dans une semaine environ. Cela leur avait pris un certain temps d'ailleurs. Puis elles s'étaient entretenues d'un autre blond, celui-là cher au coeur sybellien puisqu'il s'agissait de Darren, son frère. Et Gaia n'avait pas oublié de maudire son barbu de frère, l'inondant de noms plus charmants les uns que les autres.
Et cela, jusqu'à Tulle. Où elles avaient sagement attendu l'ouverture des portes pour aller dormir un peu, et boire beaucoup. Pas nécessairement dans cet ordre.

A sextre cependant, alors que la cloche de l'église sonnait les douze coups de la mi-journée, Fleur fut tirée de son sommeil ô combien réparateur. Les villageois s'époumonaient dans la ruelle derrière le « Pigeon Bourré » où elles logeaient. Que se passait-il ? Cela n'intéressait que moyennement l'empoisonneuse, qui quitta tout de même la tiédeur des draps pour se trainer jusqu'à la fenêtre. Elle jeta un regard endormi sur les bonnes gens en contre bas, avant de relever le museau vers le ciel. Celui-ci était couvert en partie, mais pour sûr, il ne pleuvrait pas aujourd'hui. Ce qui était loin de déplaire à la Fée.
Avisant la cuvette d'eau claire qu'elle avait commandé à l'aubergiste sitôt arrivée, la brune entreprit d'ôter sa tenue de nuit. Procéder à ses ablutions était primordial. Elle détestait sentir le furet. Toilette achevée, la brune enfila rapidement sa chaisne de tissu fin. Suivie d'une chemise blanche, d'une jupe bordeaux et d'un corset couleur d'or. Sa longue chevelure soyeuse fut brossée comme il le fallait. Un foulard vert passant sous la masse sombre fut noué dans les règles de l'art. Hors de question de paraître négligée !

On toqua à la porte. Fleur jeta un oeil à Sybelle, toujours couchée. Cela ne semblait pas l'avoir perturbé. C'était déjà ça. Sur la pointe des pieds, la Fée partit ouvrir.
Il s'agissait d'un jeune garçon, probablement d'une dizaine d'années. Il lui tendit un pli avant de s'éclipser en rougissant. Souriant à demi, la brune décacheta la missive.


Ah ! s'exclama-t-elle. C'est Tynop. Voyons ce qu'il me veut.

La lettre était courte, et sentait un peu la panique. Ou du moins une profonde interrogation. Sans plus tarder, la brune farfouilla dans sa sacoche, et en tira plume et encrier. Une réponse immédiate s'imposait.
Le gamin fut rappelé presqu'aussitôt, et le velin lui fut confié. Avec l'ordre de se bouger le derrière.


Debout, Sybelle ! lança Fleur de sa voix chantante. Il est temps de nous trouver boissons, vivres, et emplois ! Nous restons à Tulle jusqu'à demain. Tynop nous rejoint.



    | Le 04 Mai à tierce |
      {Toujours à Tulle}


Gaia était levée depuis prime. Sitôt debout, elle avait comme la veille, fait sa toilette. Puis sans réveiller Sybelle, elle était descendue. Son premier petit-déjeuner avalé, elle avait parcouru les rues de Tulle. Ils allaient partir le soir-même, et il leur fallait des vivres pour la route. La nuit à venir se passerait dans les champs. Par chance, Sybelle avait un poney. Il leur servirait pour la route à transporter les paquetages. Même s'ils voyageaient léger, cela serait mieux de pouvoir marcher les mains vides. Elle réserva donc quelques miches chez le boulanger, et deux brocs de lait à une fermière venue vendre ses produits à la ville. Ils ne seraient pas sans trouver quelques racines sur la route, pour améliorer l'ordinaire.

Trois heures s'écoulèrent ainsi. Un trio que le Lutin passa à flâner. Et à s'assurer qu'il y aurait assez de place à la mine pour les accuellir ce jour.
Revenant sur ses pas jusqu'au « Pigeon Bourré », Gaia se dirigea aussitôt vers le comptoir. Elle avait soif, certes. Mais également soif d'informations.


Est-ce qu'un blond, assez grand, est venu ici et m'a mandé ? Il répond au nom de Tynop.

La moue de l'aubergiste fut sa seule réponse. Blondin n'était pas encore arrivé. Ou bien la cherchait-il dans une autre taverne. Peut-être aurait-elle dû lui écrire de nouveau pour lui indiquer le nom de l'endroit où elles créchaient ? Se grattant la tempe, la brune décida de s'assoir sur le banc, devant l'auberge. Ainsi s'il passait, il ne serait point sans la remarquer.
Ce fut avec son second petit-déjeuner dans les mains que Gaia prit place à l'endroit pensé. Quitte à attendre, autant que cela soit un minimum agréable.



Titre RP inspiré du film « le Bon, la Brute et le Truand »
Sexte = midi
Tierce = 9h du matin
Prime = 6h du matin

_________________
Tynop
Plusieurs jours qu'il n'avait vu le visage de l'un de ceux avec qui il "voyageait" ces derniers temps. Du coup il avait décidé d'aller faire un tour au campement, voir ce qui pouvait bien se passer pour que personne ne montre sa trogne en ville. L'explication vint d'elle même lorsqu'il atteignit le camp. La moitié des "voyageurs" roupillait, et l'autre moitié avait déserté les lieux. Pas au campement, pas en ville... Sont passé où? Et, comme on se plait souvent à le lui répéter, le blondinet est curieux. Quand il se pose une question, il aime bien avoir la réponse. Et en l’occurrence, il ne trouva pas meilleur moyen que d'obtenir cette réponse auprès de la personne la plus à même de la lui fournir.

Fleur, ou Gaia, il ne savait plus très bien. Du coup, lorsqu'il entreprit de lui écrire, il préféra s'adresser à elle par un "vous". Une lettre plutôt courte, qu'on pourrait résumer en gros par: "Pourquoi je me retrouve tout seul dans ce trou paumé? Vous êtes passé où, tous?". Une réponse sous forme d'invitation plus tard, il pliait bagage et prenait la route pour Tulle. Non seulement il n'avait aucune envie de rester dans une ville morte, mais en plus la destination annoncée lui plaisait. Limoges. Il y était déjà passé il y a quelques semaines. Une ville animée, accueillante. Il avait croisé quelques personnes qu'il aurait grand plaisir à voir de nouveau. Et puis faire la route avec Fleur/Gaia et Sybelle ne lui déplaisait pas non plus. Si leur première rencontre avait été... originale, le blondinet avait plus récemment eu l'occasion de faire plus ample connaissance avec l'Italienne, et elle s'était révélée être loin de ce qu'il s'était imaginé d'elle au premier abord. Et puis ils partageaient un point commun, celui d'avoir subi les foudres de barbus. Quant à l’Écossaise, elle avait très tôt réussi à s'attirer la sympathie du vagabond, de par ses piques, sa vantardise, son humour. En fait, elle partageait de nombreux points communs avec sa nouvelle meilleure amie.

C'est donc le cœur léger, mais les paupières lourdes qu'il arriva à Tulle, après une nuit de marche. Pas question d'aller travailler aujourd'hui. Il allait se trouver un coin à l'ombre et somnoler tranquillement jusqu'à l'heure du départ. Mais avant, il lui fallait trouver les deux jeunes femmes. Là, ça devenait déjà plus compliqué. Il n'avait aucune idée de ce qu'elles pouvaient bien faire de leurs journées. Il se souvint qu'une fois Sybelle avait cramé à force de sommeiller en plein soleil. Mais au final ça ne l'aidait pas beaucoup dans sa recherche. Il n'allait pas se mettre à inspecter tous les coins ensoleillés de la ville. Il s'illumina soudain. Il partageait avec elles un penchant pour la boisson. Il lui suffisait donc d'aller se renseigner en taverne.

Il poussa donc la porte de l'un des établissements, la taverne du Loup Gris, bien entendu vide à cette heure matinale, et alla directement au comptoir. S'adressant au tavernier

-Bonjour. Pourriez-vous m'aider? Je cherche...
-Vous consommez?
-Ahem... Écoutez, il est un peu tôt... Mais auriez-vous vu...
-Vous consommez ou pas?*

-Bon... Bah une pinte, s'il vous plait.
-Et bien voilà, c'est pas si compliqué! Bon, vous cherchez quoi?
-Deux jeunes femmes. Une petite rousse, actuellement rouge comme une écrevisse, mignonne comme tout, et une brune...euh... bah plutôt mignonne elle aussi. Elles sont arrivées hier, je crois.


Les sourcils froncés dans une expression semblant démontrer tout l'effort que lui nécessitait la réflexion, le tavernier remplit une chope avant de la déposer sur le comptoir. Le blondinet posa un écu sur le comptoir, un brin impatient, avant de se saisir de la bière pour la siroter. Une fois la piécette récupérée, les lèvres fermées du tavernier se muèrent en un large sourire

-Une brune et une rousse arrivées hier, vous dites? Connais pas.


L'idée de fracasser la chope sur le crâne du tavernier traversa l'esprit du vagabond, mais il se ravisa. Ce serait gâcher de la bonne bière. Alors il vida la chope d'un trait et quitta l'établissement sans demander son reste, se jurant qu'on ne l'y reprendrait plus. Mais on l'y reprit aux "Zamours de toujours Trinette et Flolou!", au "Vestiaire", ainsi qu'à "La Claire Fontaine". C'est donc en titubant légèrement, et plutôt bien entamé qu'il aperçut Gaia assise devant la dernière taverne et alla à sa rencontre. D'un ton trahissant son léger état d'ébriété, il la salua


Vous êtes pas vraiment facile à trouer... pardon, à trouver. Marquant une pause du sourire typique de l'homme gêné par sa propre bêtise, il entreprend ensuite de poursuivre. Vous allez bien? Elle est où, Sybelle? Et depuis quand vous êtes une Corleone, vous? C'est nouveau, ça, non?

La dernière question n'avait pas vraiment de lien avec les deux premières. Mais cette question le triturait. Car oui, comme on se plaisait à le lui répéter, le blondinet est curieux.


* Réplique inspirée, pour ne pas dire pompée de Bref, épisode 20 (Bref, j'ai eu 47 minutes de retard)
Fleur_des_pois
Les rayons du soleil chatouillaient agréablement le visage de Fleur. La miche beurrée était depuis longtemps engloutie, et du lait, il ne restait qu'un demi bock. Ce serait une fabuleuse nuit pour voyager. Les étoiles ne seraient pas cachées par d'épais nuages. Et la lune éclairerait leurs pas. Se réveiller au milieu de nulle part ne serait pas désagréable. L'Ortie aimait les vallées verdoyantes et les bosquets d'arbres touffus. La nature, depuis toujours, semblait l'appeler. Fille des fées un jour, fille des fées à jamais, songea-t-elle.

Une ombre lui obstrua soudain la vue. Une ombre reconnaissable entre toutes. Auréaloée d'une chevelure dorée, il ne pouvait s'agir que de Tynop. Un sourire étira légèrement ses lèvres. Dommage qu'il lui ait préféré Sarah, finalement. Elle se serait bien entendu avec le blond, pour sûr ! Peut-être aurait-elle dû se montrer moins... directe ? Une moue légère vint gâcher son ravissant sourire. Non, cela ne pouvait pas être de sa faute. C'était ainsi.

Tynop avait la démarche quelque peu... vacillante. Et son intonantion, de même que ses propos, ne laissaient pas de doute quant à son état. Secouant la tête, Gaia se leva de son banc. Avec quelle bande de bras cassés faisait-elle route ? Sybelle dormait sans doute toujours, et Tynop était déjà rond, alors que sexte n'avait pas sonné.


T'as l'air aussi frais qu'un poisson de la semaine passée, Blondin, lança-t-elle sans prendre la peine d'être aimable. Mais installe-toi là, j'voudrais pas que tu me vomisses dessus.

Sans lui laisser le choix, la Fée l'empoigna sans douceur et le contraignit de s'assoir à l'endroit qu'elle venait de quitter. Et comme le banc pouvait sans peine accueillir plusieurs personnes, elle prit place à ses côtés.

J'suis peut-être pas facile à trouver mais toi, t'as l'air d'avoir parcouru sans peine le chemin des tavernes !

De nouveau, Gaia secoua la tête, faisant voltiger autour de son visage ses longues mèches brunes. Devait-elle répondre à sa maladresse ? Ou laisser couler l'affaire ? Non, décida-t-elle. Elle ne serait pas du genre à épargner les bévues des autres. Et puis, il s'agissait de Tynop. Elle l'aimait bien. Et qui aimait bien, châtissait en conséquence.

Sybelle est dans la chambre, elle doit encore dormir. J'ose espérer du moins, qu'elle ne s'attend pas à ce que j'lui apporte le petit-déjeuner au lit. Un autre sourire amusé passa sur les traits de Fleur. Amie ne rime pas encore avec boniche.

Et les rimes, elle connaissait ! Fleur faisait partie de la fameuse Confrérie des Troubadours. Depuis peu de temps, certes, mais cela faisait plusieurs saisons qu'elle s'adonnait à la composition de petites chansons.
Se reculant sur son assise, l'Ortie sa cala le plus confortablement possible contre le mur. Il lui fallait une position confortable pour narrer le pourquoi du comment. Surtout à un homme ivre.


Et sinon... « Cette histoire » comme tu dis, est la fois vieille et neuve. J'te préviens, je la raconterai pas deux fois, donc connecte-moi dans ta caboche tout ce qui doit être connecté, et écoute. On lui avait appris à ménager un certain suspense, aussi prit-elle le temps de se râcler la gorge avant de commencer. Je dois avoir à peu près seize ans. Et il y a tout ce temps, un couple de Corleone, Isabella et Salvatore, avaient une petite fille nouvelle-née, et un garçonnet de deux ou trois ans. La petite famille cheminait... un peu comme on chemine tous ensemble, tu vois ? Le même genre de promenade de santé. Vers quel but, je l'ignore. Toujours est-il qu'ils marchaient, et qu'un beau soir, il a fallu s'arrêter dans une auberge, le genre d'endroit qu'on trouve le long des grand'routes. Cette soirée-là, sans doute firent-ils connaissance d'une jeune femme. L'une de ces femmes qui ne peuvent enfanter, et qui convoitent les petiots des autres. Et sans doute que sous couvert de la nuit, tandis que le couple dormait profondément, cette jeune femme vint voler le bébé. Elle n'avait que quelques mois, quatre tout au plus.
La demoiselle prit donc la fuite dès son crime commis. Elle dut sans doute s'éloigner des chemins fréquentés, leur préférant de simples sentiers où elle serait sûre de ne point être vu. Mais avant l'aurore, réalisant l'horreur de son acte, elle fut sans nul doute prise d'un grand effroi. Et incapable de retrouver le chemin de l'auberge, déposa le bébé au milieu des pois de senteurs. Et s'enfuit en courant.
Un couple de pélerins vint à passer par-là. Ils trouvèrent l'enfant au milieu d'un cercle, mêlant fleurs et champignons. Tu sais sans doute ce que l'on dit sur ces cercles étranges ? On les appelle les ronds de sorcière. Et comme bien des gens, ces braves voyageurs étaient superstitieux. Aussi au lieu de garder le bébé avec eux, le confièrent-ils à un petit couvent perdu dans les bois, qui se voulait plus pur car éloigné de la civilisation. Le couvent de la Sainte-Mère Félicité.
Pendant ce temps, les parents de l'enfant disparue cherchaient en vain aux alentours. Confiant leur petit garçon à un couple d'amis... car ils craignaient pour sa vie... ils se mirent à fouiller chaque recoin de la région, s'en éloignant même parfois de très loin. Au bout d'un certain temps cependant, ils trouvèrent une piste. Une rumeur disant qu'une bébé aurait bien été trouvé au moment de la disparition de leur propre fillette. Ils se dirigèrent vers le couvent, plein d'espoir. Mais les dieux seuls savent pourquoi ils n'atteignirent jamais leur but. Ils disparurent à leur tour. Jamais ils ne revirent leur fils, et jamais il ne trouvèrent leur fille.


Assoiffée par son récit, Gaia but une longue goulée de lait, avant de reprendre.

Le fils grandit dans une maison joyeuse et aimante. Il ne manqua de rien, sans aucun doute. Il prit bientôt l'aspect d'un montagnard et oublia ses parents véritables. Il adopta même leur langue si difficile à comprendre, pour nous autres.
La fillette, elle, grandit dans ce couvent. Sans amour, bien entendu. Et souvent rejetée. Insolente, chapardeuse, elle était toujours prête à en faire voir de toutes les couleurs aux nonnes. Jusqu'à ses dix ans, où un guérisseuse l'adopta. Elle avait besoin d'une fille, d'une apprentie. Les religieuses s'en séparèrent sans émotion, et la réciproque fut vraie.
Avec Isolda, la fillette apprit le secret des plantes. Mais loin de se sentir une âme de guérisseuse, la petite fille préférait en secret, apprendre l'autre facette du métier d'herboriste. Elle ne soignait pas, c'était tout le contraire.
Isolda s'en rendit compte. Et la ficha dehors, après une correction monumentale. La jeunette n'avait que douze ans, mais elle sut s'en sortir. La Guérisseuse vivant à Paris, la demoiselle y resta. Elle substista comme le font les gamins des rues, en volant. Et en acceptant également de confectionner quelques potions pour ceux qui le désiraient, et qui étaient au courant de ses pratiques.
Cela dura jusqu'à il y a peu. Son chemin croisa celui d'une brigande renommée. Qui la prit sous son aile, jusqu'à ce que finalement, elles se rendent compte que par le plus grand des hasards... elle faisait partie de la famille de cette brigande. Comment s'en sont-elles aperçues ? En retrouvant les lettres, qu'Isabella et Salvatore avaient écrits à la famille. Les dates concordaient, les lieux aussi. Il y était précisément cité le nom du couvent. La Sainte-Mère Félicité.


De sa vie, Gaia n'avait jamais autant parlé à quiconque. Surtout sans que rien d'agressif ne transparaisse dans ses propos. Elle venait de raconter une histoire, son histoire. Et cela lui avait prit bien plus de temps qu'elle ne l'aurait soupçonné.

Les fleurs dans lesquelles le bébé fut abandonné, étaient des pois de senteurs, comme je l'ai dit. Ce qui lui valu son nouveau prénom. Fleur-des-Pois.

Gaia pencha la tête de côté, examinant Tynop. Elle ne trouvait rien de plus à ajouter. Il n'était pas assez bête pour ne pas comprendre qui était la fillette et son frère ainé.

Quant au fait que je sois difficile à trouer... Cela dépend de l'arme, Blondin, lança-t-elle sur un ton bien plus léger.

Etait-ce l'ombre d'un clin d'oeil, qui venait d'agiter sa paupière gauche ?
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Tynop
Bon gré mal gré, il obtempéra lorsqu'elle le força à prendre place à ses côtés. Il ne put s'empêcher de sourire à la réaction de la Corleone. Pour le tact et la politesse, on repassera. Elle était directe et ne se souciait guère de brusquer ou d'effaroucher. Il en avait eu un avant goût leur de leur première rencontre, à Sémur. A l'époque il avait tiqué, s'était offusqué et avait eu un échange vigoureux avec l'Italienne. Deux mois plus tard, il souriait. Car par ce comportement, cette manière de parler, elle ressemblait à Sarah. Ses mots étaient à la fois sincères et assassins. En revanche, il haussa un sourcil lorsqu'elle lui parla de sa crainte.

Ça va, je sais encore marcher, puis il en faut un peu plus pour me faire dégobiller. Mais si je sens que ça vient, promis, j'évite votre joli minois. Quoique ça vous aurait permis de goûter à ce que servent les différentes tavernes du coin sans vous déplacer.

Le léger sourire qui s'était formé devint narquois. Rien que pour ça, il ne regrettait pas d'être venu. Avec elle, il ne risquait pas de s'ennuyer. Il serait trop occupé à essuyer ses piques et à les lui renvoyer. Mais pour l'heure, il se contenta de se taire et de l'écouter. Sybelle pionçait. Visiblement, c'était le passe-temps favori de la rousse.

Amie ne rime pas avec Boniche, mais si mes souvenirs sont bons, à Sémur, Enjoy vous présentait comme son serf.

Oui, la phase "je me tais et j'écoute" avait duré peu de temps. Le temps nécessaire pour se remémorer de bons souvenirs. Tandis qu'elle prenait ses aises, il l'imita, étendant ses longues jambes devant lui. Il ferma les yeux quelques secondes, et déjà le sommeil le guettait. La nuit blanche et la matinée arrosée commençaient à se faire ressentir. Lorsque Fleur prit à nouveau la parole, il sursauta. Ah oui, c'est vrai, il lui avait posé une question. La moindre des choses était d'écouter la réponse. Aussi il rassembla ses forces pour garder les yeux ouverts et la regardait tandis qu'elle se... confiait? Plus le récit avançait, et plus il était surpris. Elle n'avait pas répondu par une boutade ou par une pique. Au contraire, elle lui racontait son histoire en détail. Une preuve de confiance, peut-être, voire d'amitié? Et quelle histoire.

Seize ans, et déjà des formes aptes à éveiller le désir chez n'importe quel homme qui n'aurait pas perdu la vue. A croire que c'était de famille. Nul doute, des hommes commenceraient bientôt à lui tourner autour. Restait à voir ce qu'elle en ferait.
Seize ans, donc, et un talent manifeste pour conter une histoire. Du début à la fin, il resta pendu à ses lèvres, comme un marmot écoutant son grand père lui lire un conte. Il se laissa emporter par le récit, chaque mot se transformant en une image dans son esprit. C'était comme-ci l'histoire se jouait sous ses yeux.

Ainsi elle avait été séparé de ses parents et de son frère à la naissance, et par le plus heureux des hasards, avait croisé la route d'Enjoy, pour finalement se rendre compte qu'elle était de son sang. Le monde était petit. Quelques points attirèrent l'attention du vagabond.
Tout d'abord la façon dont elle comparait son enfance à celle de son frère. Elle semblait jalouser le fait qu'il ait eu plus de chance qu'elle. Si ce sentiment pouvait paraitre légitime et humain, cela ne ressemblait pas à Fleur, ou du moins à celle qu'il côtoyait depuis peu. Mais il était vrai qu'il ne pouvait pas vraiment la connaitre en si peu de temps.
Et sans le dire clairement, elle lui avoua être une empoisonneuse. Le vagabond fronça légèrement les sourcils. Il allait devoir se calmer sur la boisson pendant qu'il voyagerait avec elle, autrement il risquait de devenir le nouveau cobaye de l'Italienne. Il ne pensait pas qu'elle pourrait le tuer, mais pour lui, elle n'aurait aucun scrupule à essayer sur lui des potions aux effets secondaires amusants... pour elle évidemment.

Loin de se morfondre dans un silence empreint de nostalgie, comme l'auraient fait la plupart des personnes venant de raconter l'intégralité de leur vie, elle rebondit sur la gaffe du vagabond. Lui qui pensait s'en être tiré à bon compte. Il aurait du se douter du contraire avec une telle interlocutrice. C'était de bonne guerre. Et elle avait parfaitement atteint son but: le gêner, le mettre mal à l'aise. Comme la fois où elle l'avait subitement embrassé. Cette fois-ci, il se ménagea pour ne pas rougir. La Corleone avait du charme, et savait le mettre en valeur par différentes postures et expressions. Il n'y a pas si longtemps, il serait rentré dans son jeu. Peut-être bien qu'il aurait dû le faire lorsqu'il avait eu l'occasion de goûter à ses lèvres. Mais aujourd'hui, il s'était engagé auprès d'une autre, avait multiplié les promesses, et surtout, s'était attaché. Il tenait à sa sauvageonne, souhaitait voir où cette histoire allait les mener, et savait que cela impliquait lui être fidèle, et donc de ne pas commencer à jouer avec Fleur, jeu qui pouvait s'avérer dangereux.

Ou bien il se faisait tout simplement des idées et s'imaginait des choses tout seul, interprétant mal les paroles et les gestes de celle qui se tenait à ses côtés. Après tout, elle avait peut-être juste une poussière dans l’œil. Du coup, il se lança à nouveau dans une pluie de question, toujours dans l'optique de satisfaire sa curiosité



Sacré histoire. Par contre, j'ai pas compris pourquoi votre frère voulait votre peau. Ah, et donc vous étiez empoisonneuse? Vous avez arrêté en quittant Paris?

Il marqua une pause pour lui sourire. Très important, le sourire. Surtout quand on noie quelqu'un sous une pluie de questions.

Et vous n'avez pas répondu à ma première question. Vous allez bien?Vous préférez que je vous appelle Fleur, ou Gaia?
Fleur_des_pois
Tynop était curieux. Mais il savait écouter. Et cela, c'était une qualité très appréciée de l'Ortie. Elle qui aimait autant apprendre que raconter les histoires, la capacité à se taire lors d'un récit était importante. Tournant les yeux vers le blond, Fleur ne put retenir un demi-sourire. Comment se faisait-il qu'un homme comme lui fréquente une femme comme Sarah ? Les mystères de l'attirance. Ou de l'amour. Malgré son caractère de laie grincheuse, Sarah n'avait finalement rien de particulier. Elle avait mis à l'ordre du jour les muscles plutôt que la réflexion. Peut-être qu'après tout, la maxime disant que les « contraires s'attirent » était véridique.

Pourquoi cet ours basique et primaire voulait me zigouiller ? Parce qu'il s'est mis en tête que nos parents l'ont abandonné à mon profit. En gros, qu'ils me préféraient à lui. Chose très vraie j'en suis sûre. Comment pourrait-on le préférer, lui, alors que je suis là ?

La Fée adressa à Tynop un sourire mutin. Des sept pêchés capitaux, il n'y en avait pas beaucoup dans lesquels elle ne se complaisait pas. Elle était cependant loin de désirer se racheter une conduite. Elle était comme les dieux l'avaient fait, et il ne fallait pas chercher à changer les créations divines. Sous peine de souffrances. Et si dispenser la douleur ne la gênait pas... souffrir elle-même, c'était autre chose.

Sinon, pour enfin te répondre. Oui, je me porte comme un charme ! Et, ajouta-t-elle en posant une main apparemment distraite sur la cuisse du blondinet, appelle-moi comme tu veux. J'suis les deux, Gaia la brigande, et Fleur l'empoisonneuse. Alors j't'en prie. Fais comme tu préfères.

Si elle avait conscience de ses actes ? Bien entendu ! Mais l'innocence de son large sourire pouvait prêter à confusion. Il n'y avait guère que quand elle dormait, qu'elle ne contrôlait pas ses gestes.

Et oui, j'ai été empoisonneuse. J'le suis toujours, d'ailleurs. Mais en quittant la capitale, j'ai... perdu mes acheteurs, fit-elle comme si elle parlait de vendre des petits pains. Mais je me tiens toujours prête à concocter quelques potions en tout genre. J'ai récemment empoisonné Sybelle, soit dit en passant. On s'est amusé à jouer aux énigmes. Elle a bien plus d'sang froid que les autres. C'est ce qui me plait bien, chez elle. On est pareille, toutes les deux.

Les doigts de Gaia glissèrent légèrement sur la cuisse de Tynop. S'approchèrent quelque peu de son genou. Fleur était ainsi. Elle jouait. Avec tout le monde. Tout le temps. Et toujours avec le sourire.
Quelle heure pouvait-il bien être ?, songea-t-elle en orientant le regard vers les rues encombrées. Elle n'en avait aucune idée. Mais Blondin avait tout de même cheminé la nuit durant. Et avait bu plus que de raison. N'était-il pas temps d'avaler quelque chose ? Et peut-être qu'un somme ferait du bien à Tynop. Quant à elle, elle devait envoyer quelqu'un pour réveiller Sybelle. La rousse dormait comme une marmotte. Quand elle ne buvait pas, ni ne cherchait querelle à quelque péquenaud.


Tu viens ? lança gaiment Fleur, en pressant légèrement le genou de son interlocuteur. J'te propose pas d'boire, j'pense que t'es d'jà assez imbibé comme ça, hein ? Mais tu serais p't-être pas contre manger un morceau ?
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Tynop
Il esquissa un sourire en réponse à celui qu'elle lui adressait après avoir descendu en règle son frère, en profitant au passage pour se jeter des fleurs. L'égo surdimensionné semblait être un trait commun aux différents membres de la famille Italienne. Ou bien était-ce de l'humour. A vrai dire, la capacité d'analyse du blondinet était beaucoup moins efficace lorsqu'il avait ingurgité quelques godets. Elle définissait Arthor comme "un ours basique et primaire", mais le montagnard en question semblait être une personne plus complexe. Ayant eu l'occasion de le côtoyer en taverne, le blondinet s'était aperçu que le barbu n'était pas vraiment une brute sans cervelle hurlant sans cesse, mais qu'il était au contraire quelque peu taciturne, tout en restant poli et amical. Il semblait toutefois être capable en un instant d'être atteint d'une rage incontrôlable, comme lors du mariage Corleone, le facteur déclencheur de cette dernière se tenant actuellement aux côtés du vagabond. Restait à voir si le frère et la sœur seraient un jour capables d'éliminer cette rancœur mutuelle. Il le fallait, sinon leur relation risquait bien de se terminer comme elle avait commencé, dans un bain de sang. C'était toutefois perdu d'avance que de tenter d'expliquer cela à Gaia. Et c'était compréhensible. Vous n'avez pas forcément envie de faire ami-ami avec quelqu'un qui essaye de vous tuer dès votre première rencontre. Le blondinet ne le savait que trop bien.

Ce qu'il ne savait pas, en revanche, c'est qu'une main viendrait gentiment se poser sur sa cuisse, tandis que la jeune femme continuait à lui parler, l'air innocent. Il décida de ne pas relever, mais, portant le regard au loin, un maigre sourire se dessina sur ses lèvres. Quelques mois plus tôt, une autre Corleone s'était amusée à jouer à ce même jeu avec lui. Ce qui le faisait sourire, c'est qu'elle avait eu exactement les mêmes gestes.Qu'elle avait elle aussi posé une main sur sa cuisse tandis qu'elle continuait de lui faire la conversation. Qu'elle avait elle aussi glissé une ou deux allusions tendancieuses dans cette même conversation. Qu'elle était elle aussi franchement séduisante, et savait mettre en valeur ses atouts. Deux personnes différentes, une même famille, un même don pour la séduction. Mais il ne devait, ne pouvait jouer à ce jeu avec elle, au risque de détruire une relation qu'il avait mis des mois à bâtir, une confiance qu'il avait eu le plus grand mal à acquérir.

Se massant la tempe, le vagabond fronça les sourcils. Le soleil tapait, l'ivresse faisait son œuvre, la fatigue l'envahissait, et l'accumulation de ces trois éléments provoquèrent l'apparition d'un mal de crâne. Il reporta son attention sur les propos de Fleur. Ou Gaia, vu qu'elle lui avait finalement laissé le choix. Déjà il avait une autre question à lui poser, mais il la laissa répondre aux premières. Il grimaça légèrement en apprenant qu'elle exerçait toujours comme empoisonneuse, cette idée étant loin de le rassurer. Rassuré, il l'était encore moins lorsqu'elle lui raconta tranquillement qu'elle avait empoisonné Sybelle, pour jouer. Drôle de jeu. Il se demanda comment lui réagirait si elle lui apprenait qu'elle avait versé un liquide mortel dans le verre qu'il venait de boire. Puis il tiqua, et sa respiration s'accéléra. Il n'avait toujours pas vu l’Écossaise , et elle venait de lui dire qu'elle l'avait récemment empoisonné. Mais surtout, elle n'avait pas précisé l'issue du "jeu", se contentant d'expliquer qu'elle avait eu du sang-froid. Se pourrait-il que...

Pas le temps de continuer à réfléchir qu'un autre jeu reprenait, puisque la main qu'il avait presque oublié commença à se balader le long de la cuisse du vagabond. Vers son genou, et pas dans l'autre sens. C'était déjà ça, mais il ne put s'empêcher de penser que Fleur se montrait de plus en plus entreprenante. Il posa le regard sur cette main qui le rendait si mal à l'aise, et distingua comme une marque sur le poignet de l'Italienne. Une superbe raison pour retirer la main de l'endroit où elle avait pris place, avant que le jeu ne dégénère. Saisissant avec douceur ladite menotte, il la souleva délicatement pour examiner de plus près l'intérieur du poignet, qui était en fait orné d'un tatouage. Une chouette effraie. Relâchant la main de la jeune femme, il lui sourit.


Allons manger, oui. La route m'a donné faim, et je déteste dormir le ventre vide.
D'un mouvement de tête, il désigna le poignet de la brune C'est joli, ce tatouage. Ça a une signification particulière?

Il se leva, s'étira, bailla, avant de reprendre.

Pour ce qui est de boire, dorénavant, je vais me méfier. Pas envie que vous glissiez quelque chose que j'ai pas forcément envie de boire dans ma boisson. A ce propos, vous n'auriez pas quelque chose contre le mal de tête, dans vos fioles?

Enfin vint la question qui le taraudait le plus, mais qu'il n'avait osé posé jusqu'à maintenant. Il plongea son regard dans celui de la Corleone, car il souhaitait observer la réaction de Gaia. D'un ton anodin, il lui dit:


Et dites-moi, votre jeu, avec Sybelle... Elle a survécu, au moins? Je veux dire... vous me dites qu'elle est en train de dormir, mais elle va se réveiller?
Sybelle
Alanguie sous les draps, ses longs cheveux roux étalés sur l'oreiller de plume formant comme un halo autour de son visage pâle, Sybelle rêve à demi. Cela ne lui arrive pas si souvent que cela de ne pas se lever le matin. La plupart du temps, elle aime se défouler, courir pour purifier son corps comme son âme, prier aussi... Mais plus son mariage approche et plus elle s'abandonne à ses chimères. Elle qui a toujours vécu dans le présent et seulement dans le présent, refusant à ses souvenirs douloureux de refaire surface et rejetant catégoriquement le moindre plan d'avenir (de toute manière, elle a toujours cru qu'elle ne réussirait pas à passer le cap des vingt ans) est si déprimée par ce mariage qu'elle rêve à présent, de ce à quoi aurait pu ressembler sa vie à trente ans sans Bertuccio.

Elle se voit devant une maison de pierre dont les murs sont envahis par le lierre, des rides aux coins des yeux à force de sourire alors que devant elle un homme qu'elle imagine aussi drôle que séduisant apprend à un petit garçon roux à se servir d'un arc. Et c'est totalement ridicule parce qu'elle n'a jamais ressentit le désir de posséder tout cela. Au contraire ! Les certitudes, elle les réduit en miettes à coups de pieds pleins de rage. Et plus encore, c'est cette stabilité, synonyme d'une liberté réduite qu'elle n'a jamais voulu, allant jusqu'à fuir dès lors que l'amour pointait le bout de son nez et ce juste par peur de se retrouver coincée dans une vie qui n'aurait pas été faite pour elle.

Mais voilà, coincée elle l'est. Et avec un homme qu'elle honnit. « Vous serez mienne, que cela vous soit insoutenable n'y changera rien. » Ces mots écrient par son fiancé se sont gravés dans son cœur, plus douloureux encore que la pointe d'une flèche enfoncée dans sa chair. Tout ceci la terrorise presque autant que cela la répugne. Mais elle est écossaise, elle est forte, elle est dure. Alors elle ne le montre pas. Elle joue son rôle de fille désinvolte et insouciante, traitant la situation avec un mélange d'humour et de bougonnerie qui lui va comme un gant. Et comme pour oublier, elle noie ses pensées dans l'organisation de la cérémonie, pinaillant sur le moindre petit détail si cela peut lui permettre d'oublier un instant celui à qui elle va lier son existence.

Toutefois, son petit voyage à Limoges en compagnie de la fleur italienne a le mérite de lui remonter le moral. Elle comme celui qui va les rejoindre dans la journée ont le mérite d'avoir des personnalités atypiques, rayonnantes qui réussissent parfaitement à la distraire de ses sombres pensées. En leur compagnie, elle se sent vraiment entourée d'amie et ce peu importe depuis combien de temps elle les connaît. Avec Gaia, elle partage l'ombre. L'une comme l'autre regorge de secrets, cachant une personnalité bien plus forte et dangereuse qu'on pourrait le croire – après tout, elles sont toutes deux meurtrières et ce, qu'importe les armes qu'elles choisissent. Le Blondinet lui, a tout de suite su s'attirer sa sympathie aussi. Aussi désinvolte, bavard et moqueur qu'elle, il n'en demeure pas moins une oreille attentive et, à n'en pas douter, une personne sur qui on peut compter. Et puis il faut dire aussi qu'il l'intrigue, car si il parle beaucoup, ce n'est que très rarement pour parler de lui. Que pense-t-il ? Que ressent-il ? D'où vient-il ? Quelle est son histoire ? Autant de questions qui demeurent sans réponses, car en fin de compte, des trois c'est peut-être bien lui le plus mystérieux.

Entendant des voix par la fenêtre entrouverte, Sybelle se lève pour épier les gens assis juste en dessous et qui se trouvent être Tynop et Fleur. Accoudée à la fenêtre, la peau de son visage doucement réchauffée par le soleil de cet après-midi printanier, la rousse écoute non sans curiosité la conversation de ses amis... Et elle s'en trouve vite fascinée. Décidément, la féline Corleone possède un talent sans pareil pour ce qui est de conter des histoires. Décidant de révéler sa présence en entendant le blond s'interroger sur son état, elle se penche un peu plus au-dessus d'eux pour qu'ils voient son visage et se met à sourire. Elle est très douée pour sourire d'un air enjoué. Très douée pour avoir l'air heureuse de manière plus générale. Si douée que les gens s'y trompent aisément.


Hé ! Bonjour ! Je suis là l'blondinet, bien vivante ! S'exclame-t-elle. On va manger où ? Vous m'attendez, hein ? J'en ai pour deux minutes à me préparer.

Et sur ces bons mots, elle s’écarte vivement de la fenêtre, se défait de sa chaisne blanche qu'elle balance au sol, fait sa toilette en quatrième vitesse, ne s'attardant que sur le brossage de sa longue chevelure rousse qu'elle relève en un chignon décoré d'un ruban de soie jaune et elle se rhabille prestement, optant pour le port d'une vaporeuse robe blanche lui donnant une allure primesautière. Chaussée d'une paire de bottines en cuir, elle oublie ses affaires et descend en courant pour enfin, arriver face aux deux autres. Observant d'un œil critique Tynop, qui semble avoir bien du mal à rester debout sans tanguer un peu, elle se poste à ses côtés, enfonce un doigt entre ses côtes et...

T'as bu sans nous ? J'exige réparation ! Et surtout, je veux du vin ! Et des pommes ! Et que ça saute !
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Fleur_des_pois
Si Fleur avait été une jeune fille romantique à qui un simple sourire donnait des vapeurs, sans doute que les doigts de Tynop emprisonnant son poignet l'aurait fait s'évanouir. Mais l'Ortie n'était décidément pas ce genre de personne. Son coeur de fait, ne battait pas la chamade, et elle respirait tout à fait normallement. Une lueur amusée passa dans son regard, tandis que ses lèvres s'étiraient légèrement en un sourire espiègle.
Le blond était curieux de tout. Un détail semblait piquer sa soif de tout connaître. Alors que de lui finalement, Gaia n'en savait que peu. Elle venait de lui narrer sa vie, sans que la réciproque fut vraie.
Et cela l'ennuyait, elle qui était si friande d'histoire. Et ce quelles qu'elles soient.


Il a bien une signification particulière, répondit-elle en tournant le regard vers lui. Je me le suis fait faire juste après avoir été admise au Cercle des Chouettes. Un petit... cercle religieux marginal. Dont Sybelle fait partie également, d'ailleurs, ajouta-t-elle dans un souffle.

Planait-il comme un air de mystère, dans ses propos ? Ou une invitation à poser davantage de questions ?
Tynop se leva, et Fleur en fit autant. Il n'était pas contre manger, mais ce avant de... dormir ? Avait-elle bien entendu ?


Tu veux aller t'coucher après ça ? Tu serais pas un peu tombé sur la tête, non ? On va tous aller travailler, oui. Quelques heures, au moins. On va passer deux jours dans la prairie, faut qu'on fasse le plein d'victuailles. A moins qu'tu t'trimballes avec ton pactole et dans c'cas, c'est toi qui va nous payer notre boustifaille.

Mais une autre question venait de franchir les lèvres du Blondin. Ce qui eut pour effet de faire éclater l'Ortie de rire. Et alors que le souffle lui manquait pour répondre, la voix de Sybelle retentit au-dessus de leurs têtes. Bien vivante, et aussi fraiche qu'un gardon. L'hilarité de la Fée ne s'en trouva qu'à peine diminuée. S'essuyant les paupières inférieures, trempées de larmes de joie, elle observa la mine de Tynop. Comment avait-il pu croire qu'elle aurait véritablement tué sa nouvelle meilleure amie ? Certes, son passif ne jouait pas en sa faveur mais...

Rassuré, Blondin ? J'fais pas d'mal... enfin du moins j'trucide pas... ceux que j'aime bien. On n'frappe pas la main qui vous nourrit, pas vrai ? Bah là, c'est pareil. Dans un sens. Tu vois ?

Sybelle apparut, bondissante telle une biche. Belle, comme d'habitude. Souriante, comme de coutume. Exigeante, comme toujours. Son menu laissait quelque peu à désirer. Du vin et des pommes ? Ce n'était pas assez. Et bien que Gaia eut déjà avalé deux petits-déjeuner, elle n'était pas contre l'idée d'en reprendre un. L'en-cas de onze heures * allait bientôt sonner.
Après une rapide remise en place des plis de son ample jupe bordeaux, la Fée se tourna vers ses compagnons. Elle avait retrouvé son sérieux, bien que ses yeux bruns brillent encore d'amusement.


A cette heure... Je s'rai plutôt d'avis de faire un tour au marché. On pourrait prendre quelques petits pains tout chaud, à l'étal de la Grosse Bertille. Et puis, il y a le Laitier, Merthin, qui vend ses brocs pleins d'un lait fameux ! Pour les pommes... je crains fort que ce ne soit pas la saison. Mais il y a les premières fraises, exquises ! Nous pourrions les manger avec la crème fraiche de Merthin.

Les trois heures passées à trainer dans le village lui avaient suffit pour retenir quelques noms. Il fallait dire que tout ce qui avait trait à la nourriture l'intéressait particulièrement. Depuis qu'elle brigandait, Fleur s'était considérablement enrichie. Et bien qu'elle dérobait encore tout ce qu'elle pouvait, la Fée dépensait allègrement sa cagnotte en plaisirs de bouche. Et en vêtements, il fallait l'avouer également.

Ensuite, poursuivit-elle gaiment, nous déjeunerons. A l'auberge, nous s'rons convenablement nourris pour pas grand chose. Ensuite, on devrait travailler quelques heures. A none, on s'arrêt'ra, on prendra une collation. Et juste après, nous r'tournerons sur le marché pour ramasser mes commandes de nourriture pour notre court séjour dans les champs. Et puis... il s'ra l'heure de partir. Ca vous va, comme programme ?

Il était amusant de constater à quel point Fleur pouvait être gaie. Empoisonneuse assez redoutable, voleuse et pilleuse. Elle ne mâchait pas ses mots. Provoquait, insultait, se moquait. Insolente, vénéneuse... Et pourtant, elle se comportait parfois comme si rien de tout cela ne la définissait, comme si elle était insousciante. La Fée était joyeuse, c'était inscrit dans son caractère. Peut-être était-ce parce qu'elle était entourée d'amis ?
Un petit chien noir et blanc estropié se glissa de sous le banc. Dandelion devait avoir perçu qu'un départ était imminent. Se penchant pour saisir l'animal, le Lutin déposa un baiser sur le museau de son fidèle compagnon.


On y va ?


* Peut-être aurez-vous fait le rapprochement vous-même, mais au cas où : le nombre de repas prit par Fleur est basé sur les 6 que prennent les Hobbits. (Un petit-déjeuner, un second-petit-déjeuner, l'en-cas de 11h, le déjeuner, le thé, le souper + quelques casse-croûtes en cas de petit-creux)
None = 15h

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