Gautier.de.kestel
Des tentatives de décompresser l'atmosphère puis à la fin de la lettre la mettre en rogne pour ne pas qu'elle s'inquiète de trop mais au fond une vive angoisse qui s'en ressent clairement, rien que dans sa manière de clôturer sa lettre.
Citation:
Elisabeth,
Votre aimé, Gautier.
PS : Il est possible que les maladies viennent des femmes arabes, je n'ai vu que des hommes malades...
- Les nouvelles ne sont pas aussi bonnes que la dernière fois et ma lettre ne sera pas aussi enjouée. Je t'écris avant de me coucher à la lumière d'une chandelle de peur de n'avoir plus la force de tenir la plume à mon réveil.
Certains éléments, remarqués depuis plusieurs semaines, ne me frappent que maintenant à la lumière de la vérité. Au retour, le bateau était complètement désert, vidé d'au moins les trois quarts de ses passagers. Je n'y avais pas prêté attention mais il est possible qu'on ne les ait pas laissé remonter à bord à cause de leur maladie.
Vois tu, de peur que le bateau reparte sans moi -car tout de même je tenais à rentrer, j'étais remonté à bord plusieurs jours avant les autres passagers. Il est donc possible que la maladie ne m'ait pas affecté tout de suite ni même que je l'ai remarqué mais à présent, impossible de nier les faits : nous sommes tous atteints.
D'abord une toux généralisée aux passagers, que je mettais sur le compte du froid revenu au fur et à mesure que nous naviguions vers le nord.
Ensuite une fièvre, les apparitions sur le pont se font plus rares.
L'atmosphère est palpable, tout le monde reste enfermé dans sa cabine.
Je ne vous voulais pas y croire, je ne voulais pas l'accepter. Seulement mon corps est à présent si engourdi que je suis à mon tour forcé de rester cloîtré.
La chose est certaine : un mal mystérieux nous a tous frappé. Ce dont je redoute le plus est d'être mis en quarantaine au port de Marseille. Alors nous aurions de grands risques de tous y passer aux portes de la civilisation. Tandis qu'à terre, je saurais trouver un médecin compétent.
J'enrage ! Je revenais, pour une fois la chance me souriait, bientôt la richesse m'appartenait. Maintenant je risque d'avoir bien du mal à vendre mes produits. "Des dattes contaminées ? Bien peu pour moi mon ami !".
Mais ne t'inquiète pas et surtout ne tente rien d'inconsidéré, ne descend certainement pas vers le sud et ne préviens pas Maureen. Je suis jeune et plein de force encore, on ne m'emportera pas si facilement !
Souhaitant malgré tout me parer à toute éventualité, sache qu'un testament et mes mémoires se trouvent dans le troisième tiroir de mon bureau en partant du haut, la clé se trouve dans un mécanisme dans la partie extérieur droite du bureau, tu le trouveras aisément j'en suis sur.
Une fois remis sur pied, je retrouverais ta fille.
Avec toute ma tendresse,
Prends soin de vous et des nôtres.
Votre aimé, Gautier.
PS : Il est possible que les maladies viennent des femmes arabes, je n'ai vu que des hommes malades...