Gautier.de.kestel
Citation:
Très chère Rosa, centre de l'univers et ce qui s'ensuit,
- Salut !
D'un coup le monde s'est dispersé, sans un salut ni un adieu, et me voilà retrouvé tout seul à Dijon. Je suis revenu chez moi, évidemment, je n'allais pas payer la chambre indéfiniment pour faire la discussion à une bande d'abrutis irrécupérables qui compose la population dijonnaise.
Pourtant, il faut vous l'avouer, sans les cris ni les pleurs, sans les bières ni le Montrecul, sans quelques rousses ni quelques brunes, enfin sans tout ceci ni tout cela, je m'ennuie un peu. La guerre à cela comme qualité, l'unique d'ailleurs, de regrouper et de favoriser les rencontres, voir les re-rencontres. Bref, je m'ennuie.
Et que fais-je quand l'ennui me prend ?
J'entretiens les liens des rencontres qui m'ont diverties un jour, supposez vous ? C'est une drôle d'idée, disons le. Suis-je du genre à prendre des nouvelles des gens, moi ? Par politesse, gentillesse ou par simple désir de retour ? Jamais, parce qu'il faut soigner mon image de marginal, qui sors de sa grotte une fois l'an pour boire 4417 bières en trois jours. Pour que cette image soit gardée intacte et pure siècle après siècle, chez les enfants des enfants des enfants de mes arrières-petis-enfants, et plus loin encore, je vous demanderai donc de garder silence de tout cela. Personne ne devra se dire qu'un jour le Grand Gautier de Kestel (GGK pour les intimes) a écrit une lettre à quelqu'un par simple ennui et désir de prendre de ses nouvelles. Un homme légendaire tel que lui ne s'ennuie jamais, il médite. Un homme légendaire tel que lui n'entretient aucune correspondance, il ne fait que recevoir des lettres de ses admirateurs.
Je suppose que vous pouvez me comprendre, magnifique nombril du monde, puisque vous êtes un peu de ma race. C'est pourquoi, pour vous, et uniquement pour vous, je consens à prendre plume, présumant que vous entretenez la même théorie que moi au sujet des correspondances et que dans ces circonstances, si aucun des deux ne fait le premier pas, nous ne nous écririons jamais, ce qui serait une grande perte pour l'humanité.
Ah ! Je me dois avant toute chose de vous prévenir. Bien que nous soyons chacun de sexe opposé, il est évident que rien d'intime ne sera jamais envisageable entre nous. Il y a trois raisons à cela, je les mets dans l'ordre d'importance :
- La première est intellectuelle : Imaginez que vous obteniez un enfant de moi. Il serait incommensurablement supérieur aux autres et ne réussirait jamais à sinsérer dans la société. Une trop haute intelligence nuit, clairement. Vous savez, linsertion fut un des mes principaux problème de jeunesse. Je ne l'ai jamais résolu d'ailleurs, mais il n'en est plus question à présent : les gens m'admirent naturellement, nul besoin de m'intégrer à leur niveau. Nous ne pouvons décemment pas créer un enfant surhumain, il naîtrait trop avancé sur son temps et certainement très malheureux. Pensez vous dans votre vie à l'impact "bonheur humain" ? C'est une notion difficilement mesurable mais primordiale. Il s'agit du bonheur que vous créez autour de vous tout au long de votre vie. Croyez moi, si chacun pensait à cela, l'humanité vivrait en paix ! Conclusion : nous ne pouvons pas faire un enfant qui serait malheureux, mon rendement de bonheur baisserait de manière trop significative (nos enfants comptent triple dans le calcul, faites attention avec Léonard !).
- Deuxièmement, nous sommes tous deux mariés, un contrat est un contrat. Il ne faut jamais briser les contrats, ma parole est un des éléments possédant la plus haute valeur chez ma personne, je tache de la préserver. A prendre au sent littéral autant que figuré.
- Finito, je n'apprécie guère les vagins trop visités.
(Petite) parenthèse close.
Pour le reste, je ne sais réellement comment prendre des nouvelles de quelqu'un, n'en était pas habitué je vous le rappelle, alors je vais lancer, au pif :
J'ai eu beaucoup de mal à m'endormir hier, j'ai du compter jusqu'à 456 moutons, afin ce que mes pensées s'embrouillent dans ma tête et que je n'arrive plus à passer les dizaines. Et vous, votre sommeil va bien ?
Je crois qu'une larme de joie a glissé le long de ma joue tout à l'heure en voyant cela : c'est la première fois que mon fils répond au surnom que je lui ai donné, "ma grenouille", avant il m'ignorait, délibérément je crois, la révolte face aux parents commencetôt parfois vous savez ! Je lui avais surement manqué. Et vous, votre fils va bien ?
Je me suis beaucoup amusé durant mon procès mais il semble avoir moins plu à ma femme, qui m'en veut un peu je crois. Et vous, votre époux va bien ?
Mon cheval est malade, on tente de le soigner mais je crois qu'il ne verra pas l'été. C'est bien triste, il était, je pense, mon plus fidèle compagnon jusqu'à présent. Et vous, votre cheval va bien ?
Il me semble de bon escient dans ces circonstances de vous souhaiter un bon voyage, où que vous soyez, et une excellente santé, il serait dommage de ne pas voir les plus belles saisons de l'année. Sachez, évidemment, que vous pouvez compter sur un bon ami en la ville de Sémur. Pour éliminer votre mari, s'occuper de votre fils, trafiquer vos résultats à l'université des dragons et ce que vous voulez encore.
Parce qu'il y a toujours la charge positive et la charge négative qui s'égalisent, que je serai la première et vous la seconde, j'attends une réponse sans patience.
Que ma Chance et mon Bonheur soient un peu vôtres,
Gautier de Kestel,
Idole de foules.
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