Marzina
Elle attendait encore et encore, reprenant des forces. L'ovate lui avait dit qu'elle pourrait bientôt se mouvoir correctement, mais il faudrait encore un peu plus de temps pour qu'elle récupère un semblant de force. Peu importe, les on dit annonçaient la fin de la levé de ban pour bientôt. Ce qu'elle allait faire ensuite? Elle ne savait pas encore. D'humeur nostalgique, tout ce qu'elle faisait lui rappelait des souvenirs à la fois tendres et douloureux. Notamment les longues plages blanches de Quiberon, avec le bruit apaisant des vagues, qui lui rappelaient tant ce moment particulier qu'elle avait vécu avec Ailvin à Hennebont. Pourquoi repensait-elle à lui en particulier en ce moment? Elle ne savait pas vraiment. C'est à Dol qu'elle devrait penser, mais c'est Thornton qui réveillait en elle la nostalgie. Aimer l'ennemi avec passion, c'était encore ce qu'elle avait fait de mieux dans sa vie, de plus exaltant, sa main tremblait encore de cette vive émotion rien qu'à y repenser.
L'un de ses hommes la tira de sa rêverie silencieuse.
"Une lettre Votre Altesse. De Sa Grace Iella je crois."
Elle leva un sourcil, contrariée.
"Qui, qui s'est trompé?! Si elle était duchesse et qu'on ne m'a pas prévenue, des têtes vont tomber, je vous le dis moi!"
Elle prit alors la missive des mains de l'homme d'un geste sec, et la parcourut des yeux.
"Ah, au moins, elle ne semble pas être duchesse."
Elle se gratta l'arrière de la tête. Décidément, cette fille semblait bien singulière. Un sourire revint se dessiner sur les lèvres de Marzina. Elle retrouva quelque dynamisme.
"Ah! Décidément, elle me plait! Elle sait se faire attendre, Morvan a fait un très bon choix! Et elle est bien éduquée pour une pauvresse! Je veux lui donner sa chance dans la vie. Morvan, soyez heureux, je vais faire un cadeau à votre promise!"
Elle reprit sa plume de paon et écrivit.
A Graziella toute simple,
Votre lettre si naïve mais emplie de sincérité a su toucher mon coeur.
Vous semblez m'avoir en admiration, et Morvan ne tarit pas d'éloges à votre égard.
Asseyez-vous, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer, un beau cadeau à vous faire!
Etes-vous prête?
Bien, alors je vous l'annonce: c'est décidé, je vous engage comme dame de compagnie!
Je ne peux imaginer l'immense joie que cela doit créer en vous! Remettez-vous prestement, ce n'est que les débuts de votre entrée dans le grand monde! De grands voyages vous attendent, de belles rencontres!
N'en oubliez pas pour autant ce pauvre Morvan, qui vous aime tant!
Faites vite votre paquetage, je vous attends. Nous partirons rapidement, pour Kiberen ou Vannes, je ne sais encore, mais bientôt!
A galon,
Son Altesse Marzina de Montfort Penthièvre
PS: Laissez tomber l'aquaponey, je vous en achèterai un vrai.
Non, elle n'avait pas franchement saisi le principe de l'aqua-poney.
Un autre homme entra dans la tente pendant qu'elle faisait partir le pli.
"Son Altesse, Madame la Vicomtesse vous fait dire qu'elle arrivera bientôt."
La blonde se surprit à se sentir affolée à cette annonce. Il faut dire que cela faisait un moment qu'elle n'avait plus reçu, même si ce n'était que dans une tente pour un levé de ban. Elle demanda à ce qu'on amène quelques biscuits et des fruits pour la vicomtesse, puis fit réajuster sa coiffure. Elle n'avait plus les belles tenues d'avant, ses finances ayant sensiblement baissé avec la mort de son paternel, mais elle tenait à rester digne de son rang et des deux noms qu'elle portait.
On annonça finalement l'arrivée d'Annaell de Kermeur, et Mathilda s'avança pour aller l'accueillir. La blonde lui attrapa le bras d'un geste vif, l'arrêtant dans son élan. A l'étonnement de tous, elle prit ensuite appui sur elle pour se lever, et s'appuya le plus naturellement qu'elle puisse sur un meuble non loin afin de rester debout pour accueillir la vicomtesse. Alors qu'elle entrait, la princesse tenta un pas prudent et discret pour aller vers elle, mais ses jambes tremblaient encore beaucoup trop et peinaient déjà à la maintenir debout. Elle préféra alors s'en tenir là, plutôt que de s'étaler lamentablement devant son hôte.
Elle se contenta donc à regrets d'un sourire qui se voulait accueillant, mais qui était un peu faiblard, dû à la concentration dont elle faisait preuve pour rester debout.
"Madame la Vicomtesse, vous êtes ravissante. J'espère ne pas vous froisser en vous disant qu'on m'avait décrit votre délicatesse, et qu'on ne m'a pas menti."
Cela faisait longtemps que la blonde n'avait vu une belle chevelure noire, qui semblait être un trésor rare.
"Degemer mat en tout cas, je suis ravie de vous accueillir ici, même si j'aurais voulu faire mieux que ce que je vous offre là. Vous devez être étonnée, et je le conçois. Mais mon plus jeune frère m'a parlé en bien de vous, et m'a donné envie de vous connaitre. Cela doit faire longtemps pour lui, et pour vous aussi, mais pour moi, cette discussion semble avoir eu lieu hier!"
Elle esquissa un sourire, elle préférait prendre à la légère son sommeil de plusieurs mois, cela ne servait à rien d'en déprimer. Mathilda prit la bouteille de chouchen et celle de prunàvampi et les présenta toutes deux délicatement à Annaell afin qu'elle fasse son choix. La blonde en profita pour s'asseoir, car elle sentait que ses jambes ne tarderaient pas à flancher. L'éducation d'Elfyn ne permettait pas qu'on affiche aucune faiblesse que ce soit. Face à elle, elle reprit donc:
"Auriez-vous par hasard quelques nouvelles de mon jeune frère Arzur? Je l'ai cherché en Bretagne, mais sans succès."
Autant commencer par ce qu'elles avaient en commun, ce serait plus facile d'engager la conversation.
_________________
L'un de ses hommes la tira de sa rêverie silencieuse.
"Une lettre Votre Altesse. De Sa Grace Iella je crois."
Elle leva un sourcil, contrariée.
"Qui, qui s'est trompé?! Si elle était duchesse et qu'on ne m'a pas prévenue, des têtes vont tomber, je vous le dis moi!"
Elle prit alors la missive des mains de l'homme d'un geste sec, et la parcourut des yeux.
"Ah, au moins, elle ne semble pas être duchesse."
Elle se gratta l'arrière de la tête. Décidément, cette fille semblait bien singulière. Un sourire revint se dessiner sur les lèvres de Marzina. Elle retrouva quelque dynamisme.
"Ah! Décidément, elle me plait! Elle sait se faire attendre, Morvan a fait un très bon choix! Et elle est bien éduquée pour une pauvresse! Je veux lui donner sa chance dans la vie. Morvan, soyez heureux, je vais faire un cadeau à votre promise!"
Elle reprit sa plume de paon et écrivit.
A Graziella toute simple,
Votre lettre si naïve mais emplie de sincérité a su toucher mon coeur.
Vous semblez m'avoir en admiration, et Morvan ne tarit pas d'éloges à votre égard.
Asseyez-vous, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer, un beau cadeau à vous faire!
Etes-vous prête?
Bien, alors je vous l'annonce: c'est décidé, je vous engage comme dame de compagnie!
Je ne peux imaginer l'immense joie que cela doit créer en vous! Remettez-vous prestement, ce n'est que les débuts de votre entrée dans le grand monde! De grands voyages vous attendent, de belles rencontres!
N'en oubliez pas pour autant ce pauvre Morvan, qui vous aime tant!
Faites vite votre paquetage, je vous attends. Nous partirons rapidement, pour Kiberen ou Vannes, je ne sais encore, mais bientôt!
A galon,
Son Altesse Marzina de Montfort Penthièvre
PS: Laissez tomber l'aquaponey, je vous en achèterai un vrai.
Non, elle n'avait pas franchement saisi le principe de l'aqua-poney.
Un autre homme entra dans la tente pendant qu'elle faisait partir le pli.
"Son Altesse, Madame la Vicomtesse vous fait dire qu'elle arrivera bientôt."
La blonde se surprit à se sentir affolée à cette annonce. Il faut dire que cela faisait un moment qu'elle n'avait plus reçu, même si ce n'était que dans une tente pour un levé de ban. Elle demanda à ce qu'on amène quelques biscuits et des fruits pour la vicomtesse, puis fit réajuster sa coiffure. Elle n'avait plus les belles tenues d'avant, ses finances ayant sensiblement baissé avec la mort de son paternel, mais elle tenait à rester digne de son rang et des deux noms qu'elle portait.
On annonça finalement l'arrivée d'Annaell de Kermeur, et Mathilda s'avança pour aller l'accueillir. La blonde lui attrapa le bras d'un geste vif, l'arrêtant dans son élan. A l'étonnement de tous, elle prit ensuite appui sur elle pour se lever, et s'appuya le plus naturellement qu'elle puisse sur un meuble non loin afin de rester debout pour accueillir la vicomtesse. Alors qu'elle entrait, la princesse tenta un pas prudent et discret pour aller vers elle, mais ses jambes tremblaient encore beaucoup trop et peinaient déjà à la maintenir debout. Elle préféra alors s'en tenir là, plutôt que de s'étaler lamentablement devant son hôte.
Elle se contenta donc à regrets d'un sourire qui se voulait accueillant, mais qui était un peu faiblard, dû à la concentration dont elle faisait preuve pour rester debout.
"Madame la Vicomtesse, vous êtes ravissante. J'espère ne pas vous froisser en vous disant qu'on m'avait décrit votre délicatesse, et qu'on ne m'a pas menti."
Cela faisait longtemps que la blonde n'avait vu une belle chevelure noire, qui semblait être un trésor rare.
"Degemer mat en tout cas, je suis ravie de vous accueillir ici, même si j'aurais voulu faire mieux que ce que je vous offre là. Vous devez être étonnée, et je le conçois. Mais mon plus jeune frère m'a parlé en bien de vous, et m'a donné envie de vous connaitre. Cela doit faire longtemps pour lui, et pour vous aussi, mais pour moi, cette discussion semble avoir eu lieu hier!"
Elle esquissa un sourire, elle préférait prendre à la légère son sommeil de plusieurs mois, cela ne servait à rien d'en déprimer. Mathilda prit la bouteille de chouchen et celle de prunàvampi et les présenta toutes deux délicatement à Annaell afin qu'elle fasse son choix. La blonde en profita pour s'asseoir, car elle sentait que ses jambes ne tarderaient pas à flancher. L'éducation d'Elfyn ne permettait pas qu'on affiche aucune faiblesse que ce soit. Face à elle, elle reprit donc:
"Auriez-vous par hasard quelques nouvelles de mon jeune frère Arzur? Je l'ai cherché en Bretagne, mais sans succès."
Autant commencer par ce qu'elles avaient en commun, ce serait plus facile d'engager la conversation.
_________________