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[RP]Vie seigneuriale d'un Prince fauché

Taliesyn_de_montfort
    La brise marine se faisait sentir, l'arrivée en bateau sur les côtes bretonnes prenait toute son importance à ce sentiment de retour chez soi.

    Un an était passé, un an de campagne militaire, de voyage de cour en cour. Le Prince, à défaut de voir un intérêt pour lui à la Cour bretonne, une rancune lié au nom de son aieul certainement avait préféré proféré aides et conseils aux monarques et altesses chez qui la bienvenue lui était souhaité.

    Des campagnes italiennes en tant que noble commandeur de forces mercenaires l'honorait d'un titre tout autre que celui de Prince, Condottiere.

    Là où sa réputation le précédait et ou on ne s'étonnait plus d'accoler le titre de Prince à Condottiere, il revint en Bretagne, loin d'être en terre conquise et parce qu'il s'était fait la promesse de relever Retz tel un phénix.



    -"Altesse !"

    Moins enclin à se retourner à se titre qu'aux autres du fait d'une habitude toute autre, l'accent chantant italien ou l'allemand guttural ne donnait pas la même intonation qu'un serf bas breton.

    La voilure était réduite depuis un moment, et le coursier accompagnait l'arrivée du bateau le long des quais jusqu'à se stopper définitivement à force de retenu par les bouts amarrés des mousses agiles à passer par dessus le bastingage pour harponner le bateau aux bites d'amarrages.

    Il n'y eut pas d'hésitation dans le regard du coursier à la vue du Prince, portant un doublet armant aux dorures impériales de Lotharingie, un stiletto en guise d'arme à sa hanche.

    Le pli remis comportait le sceau du Grand-Duc, ainsi sa venue était connue, ou serais-ce un intendant qui lui aurait routé ce pli lorsque quelques semaines plus tôt il annonçait son retour en terre bretonne.

    Décachetant, il lut la levée de ban signé de nombreux jours plus tôt, il prit encre et plume depuis la cabine du capitaine pour envoyer réponse au Grand Duc et instructions pour préparer son arrivée à Retz.

    Il ne bénéficiera pas d'un repos salutaire à l'issue de son retour, la guerre, toujours la guerre. A la différence que ses mercenaires napolitains, espagnols et portuguais ne seraient pas de la bataille cette fois-ci. Peu importe l'ennemi, il faudra d'abord qu'il ait fait la revue de ses effectifs à Retz avant de pouvoir anticiper quoique ce soit.

_________________
Yann_kamm
La marée était haute en baie de Saint-Brieuc et, de ce fait, le soleil printanier s’était dissimulé derrière un épais brouillard qui suivait le mouvement des marées. Gwilherm regardait le Duché1, amarré dans le port du Légué, voiles abaissées.

Voici déjà deux semaines que la levée du ban avait été annoncée en Bretagne, pour aller se porter au secours de l’allier poitevin, et concernait en premier lieu et en toute logique la noblesse, à laquelle il n’appartenait plus. Cependant, quand le baron de Plérin avait indiqué rassembler des hommes au départ de la cité briochine, le Harscouët s’était proposé avant de se voir refuser son départ par l’Amirauté, afin de parer à toute éventualité – peu probable – d’une menace navale durant la guerre ; il devait donc rester à proximité de son navire. Il était resté en Penthièvre, au cas où…

Comme prévu ou presque, aucune menace ne s’était fait sentir sur le plan maritime, mais le Bréhatin restait là, fidèle au poste. Aucune nouvelle ne venait de l’Amirauté et quand il partait à la pêche aux informations, rien n’indiquait un changement de situation. Il s’ennuyait quelque peu à attendre ainsi, sans doute comme une des ses amies proches dans le port de Brest, mais il ne pouvait que se satisfaire que les côtes bretonnes n’aient pas à souffrir d’un quelconque danger.

La ville n’était que peu animée ; seuls les derniers travaux d’agrandissement du port mettaient un peu de vie dans la cité au Griffon, ayant ramené quelques ouvriers pour un temps, qui se mélangeait dans les auberges sur le port aux marins de passages et piliers de comptoirs, l’odeur de soupe aux poissons autres mollusques embaumait les lieux et les habitués se plaignaient de n’avoir encore et toujours que des coquilles Saint-Jacques pour se sustenter. La vie suivait son cour, sans accroc, tristement pour ainsi dire.

S’il n’était plus Amiral depuis belle lurette, Gwilherm ne s’en tenait pas moins au fait des nouvelles liées aux questions maritimes, y compris celle portant sur les entrées et sorties de navires des ports bretons. Yann, page aussi fidèle que boiteux tenait informé son maître quand il estimait qu’une information pourrait l’intéresser plus ou moins. C’est ainsi que le Bréhatin fut mis au courant de l’arrivée imminente dans le port de Pornic, d’un navire impérial, avec à son bord – et c’est là que l’information était intéressante – le duc de Retz, Taliesyn de Montfort, fils aîné d’Elfyn et Prince de Bretagne, par voie de conséquence.

Le Harscouët n’avait pas croisé à de fréquentes reprises le jeune héritier, mais suffisamment pour en avoir une bonne opinion ; la première étant souvent la bonne. De plus, sans doute parce qu’il avait servi fidèlement Elfyn comme il estimait devoir le faire, il avait regretté que disparaisse quasiment totalement la voix des Montfort et surtout de ceux de la prime lignée. Ils avaient des détracteurs, certes, mais Elfyn était un des héros de la Bretagne « moderne », comme le disaient certains, mais il était de ceux qui n’ignoraient pas que cette Bretagne qu’ils connaissaient devait énormément à celle des siècles antérieurs… Pour tout cela, Gwilherm avait toujours respecté l’ancien souverain et ne doutait pas un seul instant que son fils, enfin de retour au pays, eut été élevé dans la même tradition et le respect des Anciens.

Étant cantonné à Saint-Brieuc où il ne pouvait se soustraire à cette attente sans doute inutile mais nécessaire, le Bréhatin ne pouvait envisager de se rendre en Retz pour accueillir le jeune duc, qui partirait probablement bientôt guerroyer en Poitou, à proximité immédiate de son Duché. C’est donc le jeune page boiteux qui fut envoyé comme émissaire sur le port de Pornic.

Lorsque les écus aux couleurs de Retz ornant les males du jeune prince furent sur le quai et que celui-ci eut posé pied sur la terre ferme de Bretagne, Yann s’avança de son pas claudiquant.


Hoc’h Uhelder, reketet eo deoc’h un distro vat en ho pro gant ma mestr, Gwilherm Harskoet (1), dit-il simplement, regard baissé, avant de transmettre une missive indiquant sensiblement les mêmes choses tout en ajoutant la satisfaction qu’avait le Bréhatin de savoir le Duc de Retz de retour sur ses terres.

_________________
(1 : Votre Altesse, mon maître Gwilherm de Harscouët vous souhaite un bon retour dans votre pays.)
Alen
Un messager vint donner missive au jeune prince, celle-ci portait le sceau de Rhuys:
Citation:
J'ai eu vent de vostre arrivée.

Je ne suis guère en Bretagne à cause de la levée de ban mais je serai bientôt de retour.

En attendant Rhuys comme Frossay ont portes ouvertes pour vous et vostre suite.
J'ai ouïe dire que vous aviez suivi un chemin que j'ai suivi naguère, je le sais formateur.

Bon retour en Bretagne.

Maël

d'ar Sul 5 a viz Mae 1461


Taliesyn_de_montfort
    Tandis que je finissais de lire un pli que l'on m'avait remis, avec le sceau du Morrigan, un valet aux motifs me rappelant quelqu'un sans parvenir à mettre un nom dessus se présenta à moi.

    "Hoc’h Uhelder, reketet eo deoc’h un distro vat en ho pro gant ma mestr, Gwilherm Harskoet"(1)

    Un sourire, le Prince appréciait cette attention, il n’espérait rien à son retour, il n'avait donné aucun signe de vie pendant un an complet, préférant le presque anonymat du champ de bataille. Affronter la mort avait été sa façon de faire son deuil, pas vraiment conscient de sa thérapie somme tout guerrière, même si l'on peut comprendre que fendre des cranes est un moyen de décompresser, le Montfort était prêt à affronter l'héritage de son père. Un héritage d'une terre désolée par l'escroquerie d'un administration ducale bretonne, un héritage d'une famille détruite par la haine mais aussi beaucoup par elle même, un héritage de relations de toutes sortes !
    Un sourire donc se dessinait sur son visage, le gueux pourrait témoigner, mais lisait-il aussi cette suffisance apparente du jeune prince, les réussites et être un trompe la morte n'avait pas appris l'humilité au Prince.


    "Demat Paotr, plijus eo bezan digemeret gant tud enorus evel da vestr. Penaos emaout anvet ar c'hamm?"(2)

    Attendant la réponse du boiteux, il lorgnait le fessier d'une jeune servante se chargeant de préparer les malles pour la forteresse de Pornic. Se grattant la barbe de trois jours inclinant de quelques degrés son regard pour accompagner le mouvement des courbes, il écouta d'une oreille distraite la réponse du serf qui ne l’intéressait que mollement par rapport à sa prochaine conquête.

    "Fiskal, Yann, berzit an Harscouët e vin tro Machikoul oc'h ober war dro ma dud pa vo echu ar brezel bihan mañ. Ma'z eus tu galvout peadra kroget gant Thoros ha aozet gant ur Brekilien ur brezel! Ne vin ket erru e Reoz e vo d'am sonj dija echu an eskemmou."(3)

    Se dirigeant vers la servante en face de lui, il frôle le boiteux, lui laissant quelques écus dans sa main.
    Avec ca, le tavernier t'en offrira au moins de quoi égaliser tes jambes jusqu’à temps que ton estomac flanche, pensa-t-il. Maintenant passons aux choses sérieuses...

    Cette dernière pensée suivit le mouvement de sa main agrippant le fessier de la jeune donzelle. Cela n'équivalait pas les putains de Florence, mais la mer avait été longue et l'envie ne se commandait pas. Finalement la cabine du capitaine allait servir une fois de plus avant de réellement regagner la terre ferme.

    _________________
    (1 : Votre Altesse, mon maître Gwilherm de Harscouët vous souhaite un bon retour dans votre pays.
    2: Salut bonhomme, il est plaisant d'être accueilli par des personnes aussi honorable que ton maître. Comment t'appelles tu boiteux?
    3: Parfait, Yann, préviens le Harscouet que je serai autour de Machecoul a m'occuper de mes gens quand sera terminée cette petite guerre. Si l'on peut appeler guerre ce qui est commencé par Thoros et organisé par un Brocéliande. Je ne serai pas arrivé à Rieux que cette escarmouche sera déjà terminée, m'est avis. )

_________________
Taliesyn_de_montfort
Quelques instants plus tard, sortant de la cabine

    Les braies tenant quasiment seule au bon niveau, le doublet armant délié laissant apparaître son torse à l'air vif, il toise du regard le mousse pubère qui frotte les planches du bateau. Ayant visiblement tout entendu au vu de l'état vaporeux du minot, il se refroque vulgairement comme un soudard l'aurait fait après avoir contenté, ou pas d'ailleurs, une putain au râtelier inconstant.

    Maintenant allégé de ce poids, nous pouvons aller faire guerre pour le bonheur de notre seigneur. Il n'en reste pas moins que ces bretonnes ne sont pas vraiment dévergondées, leurs maris ne doivent pas leur fournir grand réconfort, bien heureusement me voilà de retour.


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Plus tard, à Machecoul, Chateau du Prince

    La nuit avait été a chevaucher, il avait finit par abandonner ses hommes sur la route pour rentrer à bride abattue, il n'avait pas bénéficier d'une vrai couche depuis qu'il était partie d'Italie, et avoir dû repondre au ban pour s'offrir un aller retour pour la frontière poitevine sans combattre l'avait agacé. Les relais de postes étant encore actif, il bénéficia de chevaux frais pour enchainer le trajet durant la nuit. Le coq avait chanté depuis un moment, mais l'arrivée étant tardif, il s'était laissé à dormir plus que de besoin dans sa paillasse.

    Les effluves du repas avait finit par le réveiller, l'hiver s'étant rallongé dans cette partie de l'Europe, les appartements les plus proches des cuisines et des lieux de vies était prédestiné au couchage, pour profiter de la chaleur et ne pas avoir a entretenir l'ensemble du château qui fut vide de l'absence altière. Descendant en cuisine, une barbe méconnaissable traversant son visage, habillé de ce qui traînait de la veille, sentant le canasson, conséquence de sa course effrénée, bientôt plus que le cuisinier ne sentait le faisan qu'il avait vidé au matin même il s'assit sans qu'un mot ne passe ses lèvres à la petite table de cuisine ou les quelques domestiques avait fait leur repas peu avant lui.


    Voici mon seigneur pour vous, un faisan qu'un de vos garde à ramené pour vous hier matin, cuit par mes soins dans une venaison bien de chez nous, votre altesse

    J'oubliais qu'il n'y avait pas que les femmes qui avait un gout de rance dans ce pays...l'Italie me manque définitivement. Avec ca j'apprends que nous n'avons plus de chasseur mais que ce sont des gardes qui se charge de mon cellier.
    Je ne pouvais que me blâmer moi même. Machecoul avait toujours été le château de mon père, et je ne me voyais pas vivre en seigneur avec ceux qui avaient servis mon père. De toute manière, la plupart l'avait suivi à Nantes et y était resté. Par la même je pouvais remercier Thoros d'avoir été si fébrile, je ne me voyais pas combattre avec la bande de bras cassés me faisant office de garde. A cette pensée les images du capitaine de garde ivre mort à 11h du matin à rieux me fut pénible, d'autant plus qu'il portait les couleurs de Retz, l'ost fut une pépite du temps de mon père, mais tous étaient parti dans des ordres, compagnies ou a l'étranger vendre leurs compétences.
    Ne restait que les déchets qui furent certainement efficace... dans la jeunesse de mon père.

    Il faudrait mettre de l'ordre là dedans, d'autant que je n'ai plus une once d'argent, tout étant cadenassé auprès de l'administration fiscale qui me bloque mon héritage, et mes deniers ayant été dilapidé dans mes campagnes en Italie. Il faudrait que j'essaie de motiver une des compagnies mercenaires de Campobasso à joindre Retz, mais sans argent je n'irai nulle part.

    Il me faut un intendant ! Cette pensée me rejouit, plus que ma gamelle que je repousse, il me faudra aussi un vrai cuisinier, celui là ne vaut rien, le Marquis de Dol n'a rien fait ici à part échouer à Rennes. C'est intolérable !

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Marzina
Toujours à Machecoul

Une blonde affalée dans son lit, mode étoile de mer. Les avantages de dormir seule, on peut même dormir en diagonale si on veut! Les paupières clignotent sur les yeux noirs, avant que les pupilles ne finissent par faire le point une bonne fois. Elle se redresse, l'air hagard, les boucles en bataille.
Voilà longtemps qu'elle n'avait pas dormi à Machecoul!
Et de mémoire, c'est la première fois qu'elle s'y endort sans avoir pris une cuite préalable. Etrange. Elle a presque l'impression que sa chambre est différente du coup. Elle jurerait qu'il manquait un meuble, là bas, dans le coin...
En simple chemise de nuit, elle enfile une robe de chambre à manches amples et à galons d'or sur les bords. Sans prendre la peine de la fermer, elle déambule dans les couloirs du château pieds nus, trainant nonchalamment jusqu'à la cuisine en baillant. Elle y entra sans s'annoncer. Après tout, elle était chez elle.
Elle traine ses pieds sur le sol froid, aperçoit ce qui ressemble vaguement à son aîné, assis à la table. Levant la main en signe de salut, elle déclara d'un ton ensommeillé:


"Ave César!"

Sur ce, elle se laisse choir sur un banc face à la table et attrape fermement une cuisse de la volaille sur la table. Elle la porte à sa bouche sans plus de cérémonie et y mordit avidemment. Le réveil de sa longue maladie lui avait laissé un appétit d'ogre. Les joues arrondies tant sa bouche était pleine, elle fit un signe au cuistot qu'il y avait là bas, et à force de "hmm hmmm!" désignant la carafe, lui fit comprendre de lui amener du vin.
Elle déglutit d'une traite, attrapa la carafe et remplit à ras bord son verre de vin. Elle en but ensuite la moitié d'une lampée. Le tout se déroula dans un silence des plus religieux. Elle ne savait pas pourquoi l'ainé était aussi muet, mais le cuistot lui, c'était évident. Il reluquait ostensiblement ce qu'on apercevait lorsqu'un rayon de lumière rendait transparent le tissu de la robe de nuit brodée.
Sans paraitre s'en préoccuper, attrapant un nouveau morceau de viande, toujours avec les doigts et avec force appétit, la blonde finit par demander:


"Alors? Bien l'Italie?"

Hop, elle finit son verre de vin et le fait remplir à nouveau. Le cuistot est ravi de s'approcher, et ne se fait pas prier pour la servir généreusement.

"Au fait, tu sais où est le tableau qui était dans ma chambre? J'ai demandé à la valeterie, et personne pour me répondre, gast!"

Brandissant sa nouvelle cuisse de volaille vers son ainé, elle lui annonça:

"Du coup, faut que t'en rachètes un. Parait que les italiens sont bons pour ça! J'en veux un italien. Ah, et des draps en soie aussi. Ceux qu'on m'a mis sont rêches, c'est de la merde, sans vouloir t'offenser."

Un matin comme les autres à Retz, mis à part le retour du maitre des lieux.
Degemer mat.

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Taliesyn_de_montfort
    Dans les cuisines des Loges

    A la demande de Taliesyn un jeune commis parti chercher le bailli actuel de Retz. Un vieux borgne claudiquant, un garde reconverti certainement, le seul lettré d'ailleurs peut-être dans tout l'effectif très restreint que pouvait contenir le château. Ce dernier se présenta, cherchant a faire une courbette de loin la moins protocolaire qu'il ait connu. La présentation des comptes fut simple, le duché était ruiné, comme le savait déjà le prince, mais pas mal de tribut auparavant versé ne l'était plus, et que le bailli en était a vendre les meubles pour pouvoir payer les soldes. Beaucoup d'investissement n'ayant pas été fait dû au manque d'argent, l'entretien commençait à coûter énormément. Il y'aurait fort à craindre des parties de la forteresse qui ne furent pas chauffer pendant quelques hivers.

    La grimace trahissait l'angoisse du Prince. Ces campagnes italiennes ajouté à la mauvaise gestion et l'administration ducale de Rennes, qui n'avait pas remboursé les prêts qui lui avaient été fait avait ruiné le Duché. Il faudrait remédier à tout ca, et ca commencerait par mettre à la retraite l'effectif actuel. Mais aussi appeler les fieffés pour tenir compte de leur situation. Il faudra par la suite s'occuper de convoquer les intendants des cités non fieffés.


    Faites moi une missive pour convoquer chacun de mes vassaux et apporté moi la cire pour que je les scelles

    Je regardais le vieux borgne partir claudiquant et maugréant, manier la plume ne devait pas être son premier plaisir. Je soupirais à la vue du chantier pour remonter ce duché, et encore, ce n'était qu'un état des lieux fait dans une cuisine, je n'osais pas encore prendre les appartements de mon père. Peut-être que par là j'imaginais que ces responsabilités me tomberaient dessus. Hors je préférais largement le grand air à la bureaucratie.

    "Ave César!"

    Je regarde la morfale s'installer, d'un sourcil levé, circonspect. Etait-elle là depuis longtemps? Si on me donnais le choix je préférerais largement être à Quiberon que trainer ici, l'ambiance y est si... glauque et froide. Sans vie. Quoique ca soeur apportait un quelque chose... il faut dire que la dernière fois qu'il l'avait vu, elle dormait depuis un moment déjà, et personne ne savait dire si elle se réveillerait un jour...Alors forcément elle paraissait vivante. Je la regardais commençant à dévorer le plat que je n'avais pas touché, me rendant compte que mon regard s'était posé sur sa poitrine un instant, réveillant mes sens. Ca me fit repenser à la mégère qui gérait en tant que dame, qui avait du essuyer mes couches à ma jeunesse, il faudrait que j'en change pour une plus appétissante, la pensée de la mégère me refroidit suffisamment pour chasser mes pensées.

    "Alors? Bien l'Italie?"

    Lâchât-elle la bouche pleine, après m'avoir éclaboussé de cartilage graisseux arraché de la cuisse qu'elle déchiquetait avec appétit...

    Des guerres politiques, des gueux qui meurent pour leur suzerain, des putains comme attirés par tous les soudards et des promesses non tenues... des déceptions et de l'argent perdu, mais j'étais trop fier pour avouer ce qui sautait aux yeux, d'ailleurs ma sœur avait du s'en apercevoir, elle qui aime dépenser...et toi, bien dormi?,... après tout c'est à l'annonce de l'imminent réveil de sa sœur qu'il avait tout lâché en Italie, mais aussi parce qu'il ne pouvait plus continuer faute de fonds, ca lui procurait par ailleurs une belle excuse.

    "Au fait, tu sais où est le tableau qui était dans ma chambre? J'ai demandé à la valeterie, et personne pour me répondre, gast!"

    Ah... ca c'est le bailli, et visiblement elle se rend compte de rien. Ca me laisse le temps de rebondir, je voudrai pas qu'on dise de moi que j'ai ruiné le Duché de mon père.

    Je ferai fouetter l'impotent qui nous vole

    A moitié honteux, et énervé de l'être, il le marmonne plus qu'il ne le crie. Sa nervosité est palpable, en grattant sa barbe depuis le début de la conversation, la tête plongée vers la table, les yeux en direction de la gamelle, il les grattes tant et si bien que ses poiles seront peignés à force. Sa sœur reprend de plus belle, tellement que le frère se sent agressé par sa gêne.

    "Du coup, faut que t'en rachètes un. Parait que les italiens sont bons pour ça! J'en veux un italien. Ah, et des draps en soie aussi. Ceux qu'on m'a mis sont rêches, c'est de la merde, sans vouloir t'offenser."

    S'énervant dans ses paroles, plus contre lui même qu'envers sa sœur mais sans que cela soit forcément compréhensible vu que rien ne laissait à présager ca en dehors de la caboche du brun. Il se lève, tourne le dos à sa sœur comme pour aller chercher quelque chose dans un coin de la cuisine là où il n'y a rien à prendre.

    Marzina ! Beaucoup de choses vont changer ici, ne me crois pas si tu veux, mais bientôt on nous regardera avec respect qui nous est dû, pas comme des gueux vivant dans le coin chauffé d'un hameau délabré ! Tu les auras tes peintres italiens et tes draps soyeux, ces temps ont changé, je te trouverai tout ca ! Mais cesse donc d'agiter cette cuisse, bon sang !

    Il se retournait pour faire face à sa sœur pour tomber nez à nez avec le sourire incomplet du bailli gêné de se retrouver si proche du prince par son mouvement.

    Mon feigneur !, me tendant divers vélin avec une écriture horrible, ainsi que le bâton de cire et une bougie. Je scelle le tout rapidement, je vérifie pour voir si le nom de ma nièce est bien dans le lot, pour me rendre compte de la teneur de la missive :




    Nâubl vassô !

    Ôjour dui, vostre gran saigneur vous invitôi a vou prézenté prestâman dan son chastô.

    Machecoul,




    Mon dieu ! Mais, Gwendal ! Mais où avez vous appris à écrire?? Dans un long soupir je lui rends les missives, blasé et n'ayant pas la volonté de les écrire moi même, il faudra que je le remplace rapidement tout de même. Je n'attends même pas de lui une quelconque explication finalement, et ne peut être en colère contre un vieil homme qui a fait ce qu'il a pu pour tenir cette maison sans en avoir la compétence.

_________________
Gwilherm
[Saint-Brieuc]

Les nouvelles venant du Poitou étaient bonnes depuis quelques jours et l’on annonçait l’ennemi en déroute. Les Bretons avaient répondu présent. La Bretagne s’était montrée un allié digne et fiable. L’essentiel était là. Gwilherm, lui, n’avait pas participé à cette campagne, il était resté dans la cité des vallées, dans l’attente d’une éventuelle menace maritime, sans l’espérer toutefois tant parce qu’il ne se réjouissait jamais de savoir son pays en danger que parce qu’il n’aurait pas été aisé pour lui de constituer un équipage vu la discrétion des Briochins possiblement mobilisable.

Mais au bout du compte, la guerre s’achevait – si tant est que ce fut une guerre – et les perspectives de conflit maritime s’éloignaient de manière certaine, pour l’heure du moins. Le Duché1 allait pouvoir rester sagement au mouillage dans le port du Légué et le Bréhatin être plus libre de ses mouvements, la menace potentielle l’ayant contraint à rester sur le qui-vive…

Le Harscouët avait occupé ces derniers jours en se penchant sur le cadastre de la cité du Griffon car, à sa grande surprise, aucun n’avait été réalisé jusqu’ici. Il avait donc déambulé dans les rues adjacentes à la cathédrale-forteresse puis était descendu dans une vallée, celle de Gouëdic, pour arriver en Cesson avant de passer sur le port du Légué… La tâche n’avait pas été aisée mais il touchait au but. Quelque peu fatigué par la minutie de ce travail qui lui avait pris quasiment la semaine, Gwilherm avait regagné en cette fin de semaine son logis, une demeure à pans de bois, qui, sans être réellement luxueuse, n’était pas un taudis. Assis à sa table, près de l’âtre, pendant que de la bouillie d’avoine cuisait dans un pot posé directement sur les braises, il inspectait ses croquis, quand on frappa à la porte. Le Harscouët se leva pour ouvrir et reconnut la chétive silhouette du boiteux.

Yann était revenu de son voyage au sud de la Loire sans difficulté, si ce n’est qu’il n’avait cessé de repenser à la facilité avec laquelle le jeune Duc de Retz avait peloté – il ignorait ce qui s’était passé après, bien qu’il l’imagina sans nul doute – une jeune femme de ses âges environ. Le jeune boiteux, puceau de son état, était un homme comme les autres, avec ses désirs et ses pulsions, et il se trouvait frustré par son infirmité qui le condamnait à l’abstinence contrainte et forcée. La vie n’était pas toujours simple…

Gwilherm le fit entrer et ajouta une gamelle de plus sur la table. Ainsi ils profiteraient du repas pour discuter. Après quelques banalités sur le trajet, de la pluie et du beau temps, le Harscouët interrogea son jeune page sur l’échange, même bref, qu’il avait pu avoir avec le Prince. Il tut bien évidemment l’épisode de la jeune femme au fessier rebondi pour évoquer l’essentiel qu’il avait eu à retenir.


Laouen ’oa ar Priñs gant ar pezh ’moa da lâret dezhañ, mousc’hoarzhet ’neus... (1)
Ha setu tout ?! (2), coupa le Bréhatin.
N’eo ket met lezit ac’hanon echuiñ ma frazenn ! (3), répondit sèchement le boiteux qui n’appréciait guère être coupé, et Gwilherm le savait pourtant. ’Ba Machikoul ’vo an Dug evit ober war dro e dud... Ur sort pedadenn ’oa ma ’meus komprenet mat. (4)

S’il avait bien compris... Et puis quoi encore, il ne l’avait pas envoyé à Pornic pour qu’il comprenne tout de travers. Emichañs ’teus komprenet mat ! Petra ’oa bet lâret resis ? (5) demanda-t-il alors, pour éviter tout malentendu.
Le jeune homme chercha dans sa mémoire chaque mot précis et récita de ce dont il se souvenait.
Be...berzit an Harskoet e vin tro Machikoul oc’h ob... (6)

Gwilherm le coupa à nouveau, mais ce coup-ci Yann en fut plutôt soulagé car il détestait rapporter des paroles au mot près. Sklaeroc’h eo mod-se ! Trugarez Yannig ! (7), remercia-t-il avant d’aller remplir les gamelles de bouillie d’avoine.

La menace sur les côtes était donc dissipée, il venait d’achever le cadastre et le Duc de Retz avait donné fait informer le Harscouët qu’il serait en son château, forteresse essentielle de la défense de notre frontière sud au demeurant, à Machecoul. Après une réflexion de courte durée, il se décida à prendre la route le lendemain matin pour le sud Loire… On disait que le climat y était plus clément mais ça il s’en foutait pas mal, puisqu’il aimait la pluie. Se rendre en Retz était surtout l’occasion pour lui de s’aérer un peu la tête, de sortir de cette ville de Saint-Brieuc qu’il aimait beaucoup mais qui s’apparentait à ce moment là à un cimetière en pleine nuit.

Il prit donc la route du pays nantais, où il arriva le lendemain en fin de matinée, ayant préféré s’arrêter pour la nuitée dans une auberge non loin de Ploërmel. La place forte était imposante, ses murs épais, et les oriflammes jaune et noir s’agitaient au vent, annonçant que le seigneur des lieux était de retour chez lui.

Le Harscouët se présenta au garde, qui sentait le gros plant nantais à un mètre. Ce dernier lui dit de patienter le temps qu’il se renseigne.

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(1 : le Prince était content de ce que j’avais à lui dire. Il a souri...)
(2 : et c’est tout ?!)
(2 : Non mais laissez-moi finir ma phrase !)
(4 : Le Duc sera à Machecoul à s’occuper de ses gens… C’était une sorte d’invitation si j’ai bien compris.)
(5 :J’espère que t’as bien compris ! Qu’est ce qui a été dit précisément ?)
(6 : Prévenez le Harscouët que je serai à Machecoul à ...)
(7 : C’est plus clair comme ça ! Merci petit Yann !)
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Marzina
Oui, Marzina savait parfaitement qu'on louchait sur sa presqu'île presque parfaite, et qui serait parfaite quand ses hommes auront trouvé le moyen de détruire l'isthme, afin de la rendre totalement libre. La presqu'île avait cependant ses inconvénients, puisqu'elle menaçait grandement la blancheur d'ivoire de la peau de la princesse, ce qui était problématique en soi.
Elle l'écouta parler de l'Italie, des guerres, tout ca. Elle répondait parfois par un vague "hmmm hmmm" ou encore "formidable!", si ce n'était "ah! c'est fâcheux!". Ou l'art de la politique, enseigné aux dames. Faire semblant d'écouter. La guerre, elle n'aimait que la déclencher, ça c'était drôle. Y participer aussi, sentir son coeur battre à tout rompre, brandir son étendard telle une déesse de la guerre, et occire les malandrins en hurlant "Gast! tu l'as pas volé !". Elle sortit un instant de ses pensées rêveuses, regrettant de n'avoir pas été plus loin que Rieux, pour se ré-intéresser aux paroles de son frère. La technique ne fonctionne que si on écoute quelques mots quand même.


Je ferai fouetter l'impotent qui nous vole
"Bon d'accord, mais pas trop fort quand même."

Ou comment être bonne et généreuse. Elle se tourne alors vers le cuistot:

"Y'a rien d'autre? Nan parce que c'est petit quand même, une petite volaille comme ça pour deux."

Surtout quand elle est seule à la manger.

"Je suis pas sûre qu'elle était de la plus grande fraicheur en plus. Qui vous l'a vendue? D'ailleurs, qui est actuellement le fournisseur de notre cellier?"

Notre, voilà qu'elle s'approprie Machecoul, l'air de rien. Parler bouffe, quand y'a rien à manger. Un sujet qui remplit l'estomac, ou le creuse encore plus, ça dépend. Et puis il faut dire qu'elle gérait son propre domaine maintenant, elle agissait en véritable femme d'affaires, dépensant l'argent des autres plutôt que le sien.
Elle regarde Taliesyn se lever, et en profite pour glisser un:


"Profites-en pour ramener..."

Elle n'a pas le temps de réclamer un autre met délicat, parce qu'il s'énerve d'un coup, et elle, elle comprend pas vraiment où il veut en venir.

Marzina ! Beaucoup de choses vont changer ici

*Ah nan, hors de question que je lève le camp, je compte bien profiter encore du luxe de ce château!*

Ne me crois pas si tu veux

*Ok.*

Mais bientôt on nous regardera avec respect qui nous est dû, pas comme des gueux vivant dans le coin chauffé d'un hameau délabré !

Là, elle s'inquiète un peu, la blonde. Parce qu'il s'échauffe et tout, il raconte n'importe quoi. D'où on les regarde comme des gueux?! Où ça un hameau délabré?! Il parle de Quiberon là ou bien?! Nan parce que si c'est ça, frère ou pas frère, il va se prendre une gifle qu'il l'aura pas vue arriver! Les sourcils blonds se froncent, et le regard noir fusille son frère, si bien qu'elle s'attend presque à ce qu'il tombe raide mort.

Tu les auras tes peintres italiens et tes draps soyeux, ces temps ont changé, je te trouverai tout ca !

"Ah, quand même, j'y compte bien!"

Le regard noir a fait son effet, elle en est sûre. Elle retrouve donc l'appétit, satisfaite de son pouvoir ultime de persuasion.

Mais cesse donc d'agiter cette cuisse, bon sang !

"Mais je compte bien la manger, ne t'inquiète pas!"

Et elle joignit le geste à la parole, mangeant les plus beaux morceaux de chair, et laissant sur l'os assez de viande pour nourrir un pauvre pendant trois semaines, os dont elle se débarrasse en le jetant négligemment sur la table, persuadée qu'un valet viendra bien débarrasser à sa place.
Le reste l'intéresse peu, sauf quand elle est à nouveau témoin d'une crise de son aîné. Toute fière, elle s'empresse alors de le stopper d'une main tendue, avant de lui dire, le petit nez hautain bien haut:


"Attends un peu, je vais te montrer moi, ce que c'est que de la valetaille de qualité!"

Là, elle prend son inspiration, et avec une force insoupçonnée dans un si petit corps menu, se met à hurler:

"Morvaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan!"

Grand sourire fière sur les lèvres, elle invite de la main son frère à patienter. Arrive alors le dénommé Morvan, tout courant vers la cuisine. A la main, il tient ce qui ressemble fort à un faucon. Ou qui ressemblait à un faucon, plutôt. Maintenant, il a une aile qui pend lamentablement dans le vide, et un gros trou sanguinolent à l'endroit où devait se trouver son oeil gauche. Tandis qu'il le balance, laissant des gouttes de sang partout sur le sol, la princesse fait remarquer à son frère:

"Tu vois, il sait se nourrir seul."

Puis elle se tourne vers lui et lui ordonne:

"César a de la valetaille incompétente. Montre nous, mon bon Morvan, que l'éducation que je t'ai procurée a porté ses fruits, et que tu sais maintenant écrire parfaitement."

Il resta un instant figé, et elle eût peur qu'il ne comprenne pas. En vérité, lui aussi était en train de reluquer ses seins.

"Morvan?"

Il acquiesca à toute vitesse, remuant plusieurs fois la tête. Elle lui donna les instructions pour la lettre, et il se mit au travail. Cela lui prit du temps, mais il dessina des lettres très propres, et son écriture était très lisible. Marzina prit le velin, et tapa dans ses mains, ravie.

"Je suis tellement fière de toi, tu me fais honneur!"

Il sourit, visiblement ravi, tandis que Marzina tendait la missive à son frère pour le laisser admirer le merveilleux résultat d'une éducation parfaite.



Demat,

Si vous le voulez bien, avec tout le respect qui vous est dû, je vous serais reconnaissant de bouger votre séant séance tenante et de venir prestement baiser les pieds de votre suzerain si vous ne souhaitez pas qu'il fasse usage du droit de cuissage en représailles.

Sur ce, habillez-vous légèrement, je serais plus enclin alors à me montrer clément et à vous honorer dans la dignité de votre rang.

Ton suzerain et maître,


C'est ce moment-là que choisit un garde pour arriver et faire entrer sans prévenir le sieur, annonçant une fois qu'il l'avait fait entrer:

"Gwilherm de Harscouët."

La blonde, furieuse, referma bien vite son peignoir, tout en grommelant:


"C'est pas dans cet ordre là que ca se fait!"

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Gwilherm
Le garde était revenu bien vite face à son interlocuteur et vu la taille du château, il était peu probable qu’il ait fait annoncer l’arrivée du Harscouët auprès de son maître. Le fait est qu’il s’était contenté de rejoindre la salle des gardes, sise à la porte fortifiée, sur le côté droit de celle-ci, pour demander à ses compères, encore plus avinés que lui, si le nom de Harscouët leur disait quelque chose. Le temps de la réponse, une rasade de gros plant s’était écoulée dans son gosier, une partie dans sa barbe mal taillée et sur ses vêtements, chose qu’il tenta d’essuyer par un revers de manche pendant qu’un marmonnait, qu’à moitié sûr de son fait :

Harscouët, Harscouët… ouais…. Ça me dit quequ’chose… ça a un rapport ’vec les bateaux… Ah ouais voilà ça me revient, c’est l’Amiral ! avait-il affirmé, ayant des informations datant de plus d’un an en arrière, lorsque son seigneur était encore Grand-Duc de Bretagne. C’est ainsi que le garde, sentant encore plus la vinasse que quelques minutes auparavant s’était représenté devant Gwilherm en lui disant avec un peu plus de déférence, après avoir tenté de camoufler un reflux gastrique – un rot quoi ! – aussi discrètement que possible : blurp... Suivez-moi Amiral.

Le Bréhatin avait trouvé cela curieux comme dénomination mais s’était dit que c’était par correction, eu égard aux services rendus par le passé, qu’il avait cru bon l’appeler par cette fonction qu’il n’occupait plus depuis bien longtemps. Quoi qu’il en soit, il avait suivi le garde à travers la cour du château pour rejoindre le logis principal où était vraisemblablement le jeune Prince de Bretagne. Le froid était perceptible, les saints de glace semblaient avoir autant de pouvoir au sud de la Loire qu’au nord de celle-ci et les murs épais et gris de la forteresse étaient des auxiliaires efficaces de cette sensation, à plus forte raison dans le sombre escalier.

Ce bougre aviné qui le conduisait n’était visiblement pas au fait des us et coutumes et l’avait fait entrer dans la cuisine – lieu peu commun pour être reçu de surcroît – avant lui-même et donc avant d’annoncer son entrée. Un léger rayon de soleil illuminait la pièce, la réchauffant de ce fait, alors que le regard de Gwilherm l’embrassait rapidement. Le Prince et Duc des lieux était là, visiblement contrarié. La Princesse Marzina également, toujours aussi blonde, toujours aussi charmante que la dernière fois où il l’avait vue, il y a plus d’un an, presque dans une autre vie. Bien que pour des raisons de bienséance le Harscouët avait détourné bien vite les yeux, il avait tout de même, l’espace d’un instant, pauvre pécheur qu’il était, contemplé ce que le tissu laissait largement voir de la gorge princière. Après tout, si le Très Haut avait fait certaines femmes aussi belles, c’était bien pour une raison ! Que diantre !

Le garde, le regard sans doute absorbé sans gêne au même endroit, avait failli buter contre l’espèce de marche qui séparait la cuisine de la salle de réception et s’écrouler de tout son long ; il n’en avait rien été, par miracle et avait ainsi pu annoncer, à contretemps, l’arriver du Bréhatin. Le regard des deux Montfort s’étaient alors tournée immédiatement vers eux, Marzina ne manquant pas, à raison, de blâmer l’incompétence du garde. Attendant quelques instants avant de porter son regard vers elle, le temps qu’elle cache ces seins qu’on ne saurait voir, le Bréhatin fit un signe de tête respectueux et s’avança d’un pas dans l’exigüe pièce, courba l’échine et prit sa main pour y déposer un baiser, bien que ses lèvres, comme le voulait l’usage, ne touchèrent pas sa peau.


Le long sommeil dans lequel vous avez été plongée n’a en rien altéré votre beauté, Princesse, dit-il en relevant ses yeux gris-bleus sur la blonde. Marzina avait quelque chose dans le regard qui vous mettait à distance, témoignant de son inaccessibilité, ce qui n’était pas sans lien avec son rang princier, tout en ayant une lueur de malice certaine, comme l’ont souvent les jolies femmes qui sont sûres de leur pouvoir de séduction et n'hésitent pas à en faire usage. Ce regard n’était pas sans rappeler à Gwilherm celui d’une femme qu’il avait aimée, éperdument, au point de tout perdre… sauf la vie et il s’en était fallu de peu. Poliment, après avoir esquissé un très léger sourire à l’adresse de la baronne de Quiberon, il libéra sa main délicatement avant de se redresser pour se tourner vers le jeune Duc, à qui il savait pouvoir s’adresser en breton, contrairement à sa sœur, qui avait reçu l’éducation de précepteur n’employant que le français.

Hoc’h Uhelder, dit-il simplement, en signe de respect.
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Taliesyn_de_montfort
Dans les cuisines du logis

    Je regarde Marzina hurler après son valet, qui se pointe quelques instants plus tard accompagné du sourire fier de ma soeur et aussi de mon dernier faucon pèlerin qui valait une fortune... Étrangement, je ne m’énerve pas, c'est certainement du fait que ma soeur soit là, la seule avec qui rien ne me surprend, du moins c'est ce que j'essaie de croire parce que cette affirmation est mise à l'épreuve à chacune de nos rencontres.

    "Tu vois, il sait se nourrir seul."

    Tu noteras que celui-ci n'a pas du beaucoup se débattre du fait qu'il était déjà en cage dans la fauconnerie... Dois je m'attendre à voir mes chevaux en rôti bientôt? Pas sur que ca nous fasse une bonne publicité!

    Je regarde l'opportun, qui fixe la poitrine de ma sœur... Ca par contre, ca m'agace, et s'il n'avait été sous ma responsabilité il aurait mis un certain temps à voir le jour, les geôles de Retz étant certainement ce qui devait avoir le moins souffert de la présence d'un seigneur en ces lieux. Que je m'autorise à reluquer ma sœur est une chose, mais qu'un gueux le fasse je ne l'accepte donc pas, et je le fais savoir à Marzina, avec mon parler de soudard que je tends à masquer en noble présence.

    Maïa ! la déesse pas l'abeille ! il avait hésité avec une race de lapin plutôt fécond mais avait voulu rester dans le thème avec César! Y'a ton gueux qui veut téter !

    Une fois les choses remise à leur place, soit le gueux à sa gueuserie et les seins de ma sœur plus ou moins derrière le peignoir, je lis la missive rédigée par Morvan, et sourit en constatant qu'effectivement il n'est pas si mauvais que ca et qu'en certain point nous nous rejoignons. Je vais l'envoyer à ma nièce, vu qu'il y'en a qu'un exemplaire et que les autres sont déjà prêt à partir il ne faudra pas que je tarde à la transmettre au bailli cependant, avant que Morvan ne s'attaque aux pigeons. En espérant que Gwendal sache les envoyer correctement ... il faut définitivement que je me trouve un intendant qui ait de l'allure!

    "Gwilherm de Harscouët."

    Avec stupéfaction, je constate les dégâts, le Prince reçoit dans ses cuisines ! On me prévient de l'arrivée d'une personne estimable une fois qu'elle se trouve devant moi, et de surcroît ce dernier peut constater que la Maison de Retz ressemble plus à une petite famille bourgeoise qui cherche à survivre qu'une famille princière vivant dans le luxe... Je tente de rebondir et réagit comme je peux. Je congédie le soldat, qui sera fouetter pour servir d'exemple et fait signe des yeux à ma sœur de filer s'habiller, je sais pas si elle m'a compris. Je me tourne vers le brehatin, une main l'accompagnant dans son dos et l'autre en direction de la porte de service vers la grande salle commune. Je saute sur l'occasion, il a pu constater les dégâts par lui même et je ne connais pas assez de monde en Bretagne pour m'aider et ayant assez d'honneur ou de loyauté pour éviter de rependre ce qui se passe ici.

    Lavar din, c'hwi zo an hini a fell din, ur melestrerezh 'p'eus dija bet tu da verañ e-pas mare va zad? Pegwir en em gavan hep tud evit sikour arc'hanon kostez ar merer-beli.



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Dites, vous tombez à pic, vous avez déjà eu à gérer une administration à l'époque de mon père non? Parce qu'il se trouve que j'ai regrettablement quelques départs dont celui d'intendant bailli.

[Edit pour amélioration]
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Marzina
Elle avait ignoré exprès la remarque de son frère quant à Morvan. Oui, elle savait parfaitement qu'il était pervers, et il était l'homme de main qu'elle aimait le moins, mais elle ne pouvait pas le pendre pour ça, il était quiberonnais quand même, il ne pouvait être totalement mauvais ! Ce n'était pas une raison pour être aussi grossier ! En quoi ressemblait-elle donc à un crabe ?!* Il avait du recevoir un certain nombre de coups sur le crâne durant son séjour chez les italiens ! Elle avait bien un coté « pince » avec ses écus, voire « pince sans rire » même parfois, mais de là à la considérer comme un crustacé qui marche de coté et qui se mange, il ne fallait pas pousser !

« Quitte à m'appeler par un truc qui se mange, je préfèrerais encore un nom de sucrerie. »

Et de relever son petit nez hautain, avant d'être surprise par les manières courtoises du Bréhatin. A force de côtoyer les nobles français et cet ours irascible, sans parler de son frère ainé ici présent, elle avait oublié ce que pouvaient être ce genre de civilités. Ses joues se teintèrent légèrement, ce qui ne s'arrangea pas avec le compliment. Et pas de fanfreluche du genre éventail pour se cacher derrière. Tant pis, on mettra cette réaction de faiblesse sous couvert de la surprise. Ou des confidences qu'elle a stupidement lâchées dans sa dernière lettre, trop affectée qu'elle était par l'annonce du décès de celle qu'elle appelait affectueusement « sa femme ». Malgré le trouble, la gêne, appelez ca comme vous voulez, les sombres yeux de la blonde n'avaient pas dévié, question de fierté. Reprendre contenance, c'était la meilleure chose à faire, surtout avec son aîné dans la même pièce. Inspiration, concentration. Elle esquissa son sourire malicieux.

« Je pourrais vous retourner le compliment messire, vous avez encore la carrure du poste grand-ducal que vous aviez occupé jusqu'à...ce malencontreux...événement. »

Difficile de décrire ce qui s'était passé ce jour-là, de le qualifier, de lui donner un nom. Elle-même l'avait juste vu s'écrouler, et les personnes se précipiter tout autour. Difficile également de déchiffrer les paroles de la blonde. Parlait-elle de sa personnalité ? Son envergure ? Ou bien tout simplement de ses fortes épaules d'homme de la mer ? Elle seule savait réellement.
Toute encore dans la confusion des choses qui venaient de se dérouler, elle voit Taliesyn qui darde des yeux furieux dans tous les sens puis en sa direction. Accès de folie, de rage peut-être ? Rien de bien rassurant. Les yeux de Marzina trainant partout autour d'elle, elle cherche ce qu'il peut bien vouloir dire. Elle suit ses yeux jusqu'au bout de la pièce, voyant qu'il indique la porte de la salle à manger. Elle a peur de ne pas comprendre...assemble les pièces du puzzle, méthodiquement.


*On vient de manger. Un homme estimable vient nous rendre visite. Je suis une femme. Il me désigne la salle à manger. Gast, j'ai peur de comprendre ! Cet idiot de frère masochiste voudrait-il me faire signe de leur apporter à boire ?!*

Furieuse ! Elle est tout bonnement furieuse de ce comportement ! Ses lèvres se tordent en une moue furibonde, et ses yeux noirs fusillent son frère. En plus, le voici qui se lève, invite l'Harscouët à le suivre dans le salon, l'occultant complètement ! Elle croit déjà entendre ses pensées « Nous allons continuer la discussion entre hommes, devant une bonne bouteille ! Femme, va donc nous chercher à boire ! ».
Elle ne dit rien, fait silence, ca se paiera, et rapidement avec ça ! Elle tourne les talons, furieuse, martelant le sol de ses pas. Attrapant une bouteille de chouchen dans la salle à manger, elle la pose furieusement sur la table. Elle ramène alors de la cuisine une bouteille de vinaigre de cidre, ainsi qu'une bouteille de cidre. Elle versa du cidre pour combler le vinaigre déjà utilisé. Puis, elle interchangea les étiquettes des bouteilles de chouchen et de cidre. Morvan, en bon homme de main, l'avait suivi, ne comprenant pas où elle voulait en venir. Elle lui mit dans les mains la bouteille de vinaigre grimée en chouchen.


« Apporte donc ça à mon frère et à son invité. Indique bien à notre invité que c'est la meilleure bouteille du domaine. Et précise bien à mon frère que c'est à moi qu'il la doit. »

Oh oui, elle lui servirait sa bouteille, et il ne s'en remettrait pas ! Ou l'empoisonnement façon Marzina. Et comme il était hors de question de laisser trainer une bouteille de chouchen sans étiquette -on aurait pu la jeter par mégarde !- elle s'en saisit et partit se changer.
Elle la boirait seule, elle serait au moins en agréable compagnie ! Elle espérait que son frère apprécierait bien le grand cru qu'elle lui envoyait. Ca lui apprendrait à lui donner des ordres !




*Marzina confond la Maïa déesse romaine avec les maja, plus vulgairement appelés « araignées de mer ».

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Gwilherm
Dans le peu de temps qui venait de s’écouler, le Bréhatin avait pu remarquer les traits tirés du duc de Retz, qui devait avoir son âge, peut-être un peu moins. Son visage était bien sûr marqué par ces activités guerrières dans la botte italienne, mais comparé à celui de l’ancien Amiral, tanné et portant les stigmates des épreuves que le Très Haut lui avait apportées au printemps précédent, il avait le teint d’un ecclésiastique au réveil.

Le léger rougissement des joues de la princesse au teint opalin – qui n’en était qu’accentué par ses yeux noirs – ne lui avait pas échappé non plus. Cela ne l’enlaidissait nullement et il aurait presque osé lui sourire si l’agacement n’avait pas été aussi perceptible sur son visage et s’il n’avait pas eu peur de courir le risque de passer pour un vil courtisan de passage. Gwilherm avait sans nul doute un penchant pour les charmes du sexe faible mais n’y cédait que rarement, très rarement. Une fois seulement, pour une blonde – que lui n’avait jamais appelé « sa femme » mais avec qui il avait caressé l’idée qu’elle le devienne un jour, bien que ce fût probablement purement utopique –, pour celle qu’il appelait « Sa Blondeur », il s’était laissé submerger par le mirage. Dans cette histoire, il avait tout perdu, ou presque. Il s’était écroulé en pleine cérémonie d’anoblissement, dans le château de Nantes, empoisonné par celle que certains appelaient « la petite mort », et était prêt à être fauché par l’ouvrier de la Mort… Seul ce dernier s’était refusé à lui, le laissant porter des mois durant son fardeau et sa culpabilité, seul. C’était un malencontreux événement, on pouvait voir ça comme ça.

Et puis, comme toute chose, mêmes la pire, elle passe et le printemps revient toujours, parait-il. Même en Bretagne le printemps revient. D’ailleurs, peu à peu, Gwilherm retrouvait force et volonté mais de là à dire qu’il avait la même carrure qu’avant ce « malencontreux événement », c’était beaucoup. Et d’ailleurs quelle carrure ? Plusieurs sens pouvaient se cacher derrière ce terme et c’était très probablement pour ça que l’habile baronne l’avait choisi. Une réponse à tiroir, où il comprendrait ce qu’il voulait. Le compliment idéal… à retenir. Quoi que non, dire à une donzelle qu’elle a toujours la même carrure, c’est le genre de truc à se prendre un aller-retour illico...

Enfin bref, une Princesse venait de lui faire un compliment qui, bien que sans doute exagéré, flattait l’orgueil d’un Bréhatin dont la force et la volonté avait recommencé à croître au milieu de l’hiver. Un long chemin parcouru qui le conduisait désormais ici, aujourd’hui, à Machecoul, pour servir à nouveau la Bretagne, à nouveau par l’intermédiaire des Montfort. L’histoire est cyclique, allait dire un philosophe dans quelques siècles… possible oui.

À peine avait-il eu le temps de chercher à donner un sens aux quelques mots de la baronne, dont le regard furibond s’accentuait de plus en plus, que Taliesyn le dirigeait de manière subtile et énergique vers la salle de réception. Pourtant, cet empressement salutaire n’avait pas évité que le désordre régnant en cette noble demeure soit capté par le regard attentif du Harscouët. On était bien loin du temps où la Cour se rassemblait en ce château, quand le Grand-Duc voulait chasser ; il venait d’être reçu dans la cuisine, présenté à contretemps par un garde aviné devant une princesse certes des plus ravissantes mais dévêtue… Le faste d’antan n’était plus et le Duché de Retz n’était plus que l’ombre de lui-même. Pour autant, l’analyse brève du Bréhatin n’était pas dénuée d’espoir. Le Prince était désormais là et témoignait d’une énergie évidente. En deux temps trois mouvements, le Prince l’avait emmené vers un lieu plus convenable, laissant ainsi sa sœur en plan, et coupé court à toutes remarques – dont Gwilherm se serrait bien gardé de toute façon – en expliquant les raisons de ce foutoir, parce que s’en était un.


Lavar din, c'hwi zo an hini a fell din, ur melestrerezh 'p'eus dija bet tu da verañ e-pad mare va zad ? Peogwir en em gavan hep tud evit sikour ac’hanon kostez ar merer-beli.

Dans son dos, des bruits de pas bruyants raisonnaient sur les pierres dures et froides de la cuisine. L’éviction dont la blonde avait été victime n’était pas de son goût et elle le faisait savoir très ostensiblement. L’attention du Bréhatin était cependant captée par le mâle de la lignée Montfort.

Eñvoret dreist oc’h, Ho Uhelder... Amiral Breizh ’oan bet da vare ho tad. Neuze gouzout a ran merañ tud ha traoù, ma ’oa ar goulenn... (1)

Il n’avait pas fini sa phrase qu’un serviteur entrait, avec une bouteille en main.

La meilleure bouteille de la cave, précisa-t-il avant d’ajouter, en regardant le Duc, une attention de la Princesse Marzina.

Finalement, malgré son regard noir, elle n’était peut-être pas aussi furibonde qu’elle en avait l’air, songea le Harscouët, dont les lèvres effleuraient le verre de cristal que le serviteur lui remplissait. Quelques instants après, le teint verdâtre, il s’efforçait d’avaler cet odieux breuvage, pour ne pas recracher tout au visage de son hôte. Était-il possible que l’histoire se répète à nouveau ? Était-ce là du poison ou juste du vinaigre qui leur filerait la chiasse ? Quoi qu’il en soit, c’était dégueulasse. Gwilherm regarda son vis-à-vis, qui lui regardait le serviteur.

Hemañ a dapo e begement ! (2), pensa-t-il à mi-voix. C’était à la fois une réflexion et un souhait.

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(1 : Vous avez une excellente mémoire, Votre Altesse. J’ai été Amiral durant le règne de votre père. Alors je sais gérer gens et choses, si c’était la question.)
(2 : Celui-ci va se faire remonter les bretelles !)
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Taliesyn_de_montfort
Dans les cuisines, un court instant

    « Quitte à m'appeler par un truc qui se mange, je préfèrerais encore un nom de sucrerie. »

    Je dévisageais ma soeur, ne comprenant pas de quoi elle parlait, ou plutot ayant la crainte de comprendre son incompréhension. Bref, ma soeur était blonde, c'est une variable qui rajoutait du piment à sa vie, et à la mienne par la même. Mais bon, on n'en est pas à mettre du piment dans du cidre non plus, quoique? Je guide donc plus que je n'accompagne le Bréhatin vers des lieux plus propice à une visite.


Dans la grande salle

    J'hésite presque à faire faire un feu, les fenêtres trop étroites ne laissant pas le soleil darder ses rayons sur la pierre pour la réchauffer. Cette pièce sent le moisi, et le manque d’aération, je regarde avec tristesse les tapisseries d'un autre temps, un peu décrépi et avec tristesse fais une comparaison douloureuse avec les palais italiens...

    Eñvoret dreist oc’h, Ho Uhelder... Amiral Breizh ’oan bet da vare ho tad. Neuze gouzout a ran merañ tud ha traoù, ma ’oa ar goulenn...

    J'avais bien des idées, mais j'avais besoin d'aide, et mon espoir résidait dans la personne qui était en face de moi. Morvan vint se présenter avec une outre de cidre pour nous servir. Je suis agréablement surpris jusqu'a que je goutte la mixture et recrache tout sur les chaussures du valet.

    Dégagez moi le plancher avec votre vinaigre, si vous pouvez faire vos tours à ma soeur c'est son problème, mais disparaissez de ma vue avant que ma colère passe des mots aux actes, tout serf de Quiberon que vous êtes.

    Je prends le verre du Bréhatin sans plus de manière, pour le vider dans le foyer et partir quelques instants pour lui rapporter un vin de Guyenne qui restait de l'époque de mon père. Bienheureux que nous étions que Gwendal le vieux bailli considère le vin comme de la piquette de peu de valeur invendable. Je lui sers un verre généreux et reprend la discussion. Il ne serait jamais venu à l'idée au Prince que sa soeur était a l'origine de ce mauvais tour, pourquoi lui en voudrait-elle qui avait fait en sorte de ne pas offrir son impudeur à tout le monde.

    Je rebondis comme je peux, je voulais faire que le sous-entendu fonctionne de lui même, mais c'est raté. alors je tente une autre approche, enfin j’essaie...

    Ma'z pefe tu da chench traou aman e Raez, petra vefe da chench, penaos e vefe graet ganit? D'am sonj ho peus bet amzer de wellout penaos oa aozet an ti!

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Si vous aviez l'occasion de changer quelque chose à Retz, que changeriez-vous, comment le feriez vous? J'imagine que vous avez le temps de voir comment c'était organisé ici!
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Gwilherm
Le Bréhatin avait regardé le serviteur de Quiberon se faire renvoyer sans ménagement mais sans violence non plus – chose à laquelle on aurait pourtant pu s’attendre vu l’empoisonnement en règle auquel il venait de se livrer contre le Duc et son hôte – puis était resté sur son séant, le temps d’une brève absence du Prince, vite revenu avec un breuvage bien plus agréable en bouche, excellent même. C’était mieux qu’une compensation pour la mixture ingurgitée plus tôt.

Pebezh dudi ! (1) dit-il avant une seconde gorge.

Puis son regard se porta vers le Prince. Bien sûr que le Harscouët avait compris le sous-entendu qui lui était fait, une sorte d’appel du pied. Mais, élevé dans l’humilité, il n’était pas dans ses habitudes de s’imposer quelque part si on ne lui avait pas formellement fait la proposition, encore moins si celle-ci devait venir de l’héritier de la maison de Montfort. Il était respectueux de l’ordre et de la place de chacun dans la société. C’était la seule solution pour que les choses tournent rond et ainsi éviter le courroux divin, estimait-il, suivant les maximes peu progressistes de son pieux précepteur.

Pour autant, il ne se terrait pas au-delà du raisonnable et quand il estimait pouvoir servir son pays, il le faisait. Par devoir. Et quand on lui posait une question, il répondait. Par respect.


Ne oaran ket hag-eñ eo aozet an ti-mañ, just a-walc’h, salv respet deoc’h (2) , il se tut un instant, le temps de réfléchir. Evit kregiñ, ret ’vefe kavout arc’hant... d’am soñj ne oant ket bet paeet an tailhoù gant ho peizanted hag ho pourc’hiz abaoe pell ’zo. Pa ’vo graet an dra-se e c’helloc’h kaout palioù nevez, ho Uhelder. (3)

Il fallait faire les choses par étape, selon le Bréhatin, et la première passait par remplir les coffres. L’argent ouvre bien des portes en ce bas monde ; c’était une triste réalité dont il était bien conscient et sans nul doute que son hôte tout autant.

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(1 : Un délice !)
(2 : Je ne sais pas s’il y a une organisation justement, sauf votre respect.)
(3 : Pour commencer, il faudrait trouver de l’argent… Je pense que les impôts n’ont pas été payés depuis un moment par vos paysans et vos bourgeois. Quand ce sera chose faite, vous pourrez avoir d’autres ambitions, votre Altesse.)
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