Twa_corby
- C'est le jour et c'est l'heure, mets-toi en route voyageur.
Des terres inexplorées t'attendent et tu vas les connaître.
Tu t'es aventuré tant d'années sur les mers où tu as lu ta vie dans les lignes des cartes
Quel est ce désir qui fait tanguer ton cur ? Quelles sont les marées qui volent ton sommeil ?
Insoucieux des tempêtes tu as su garder ton cap
En route voyageur, c'est le jour et c'est l'heure.
-
(¯`._. Le Rouergue, Printemps 1461 ._.´¯)
Dans le vent tranquille souffle des impressions sereines.
Mon Péreilhe dallure trotte au pas de la confiance puisque son maitre Renard retrouve enfin le sourire.
Presque trois semaines de route, un peu moins. Plusieurs frontières, plusieurs rencontres. Des regards, des rires et des noms hantent encore mon esprit alors que je devine les premières maisons de lauze de Rodez.
Quelques fermes et des champs de fleurs maccueillent comme cette saison de printemps. Le ciel est clair et je vois ces grands nuages blancs qui se bousculent lentement comme de simples moutons dans un champ dazur.
Il y a au loin des chevaux qui galopent dans le vent et je dois resserrer les liens pour ne pas que le mien senivre despoir. Mais il est fidèle gaillard comme son frère laissé à une petite Perle. Une lignée peut-être moins combattante que les destriers des nobles chevaliers, mais une lignée aussi loyale et fière que le renard.
Je marrête au détour du chemin au moment où les portes de la ville apparaissent. Grandes et belles, faites de pierres propres et lisses, limpression m'oblige au sourire. Je me penche sur la tête du compagnon de route, lui chuchote des mots doux et lui coiffe la crinière. Puis, doucement, je sers les talons pour relancer la cadence au pas souple. Comme pour me répondre, le Péreilhe sébroue et ses nasaux soufflent.
Je ne sais pas cette sensation qui me prend les tripes bouscule un millier démotions. Je revois les mémoires de mon passé. Mes origines et ses histoires.
La région est partiellement liée à mon propre lien familial, de mes ancêtres Cathares ou bien de ma famille proche Elle aurait pu être de celle que je devais construire il y a trois années.
..Je me souviens.
Ce visage si pâle hante encore mon regard et les frissons me le rappellent à chaque fois. Depuis ce jour, le renard a conservé sa route comme un fantôme dans une plaine.
Il y avait cette renarde avec qui je me suis marié. Un mariage attendu pendant plus de six mois. L'indomptable que je suis avait effleuré un collier du cur au bout des doigts. Un mariage célébré avec mon plus grand sourire...
...Et la chute. Deux jours après. Un gouffre si profond dans lequel jai côtoyé la peine en majuscule.
La disparition de celle qui fut mon unique moitié a pour toujours bouleverser mon âme. Même si je ne suis pas mort Jai cessé de vivre.
Pour me défaire de cette douleur jai uvré dans des missions nombreuses aux quatre coins du Royaume alors que la colère épousait la tristesse dans chacun de mes actes.
J'ai traversé des terres en feu, affronté le Ponant et même joué le renard téméraire alors que seul, j'avais coupé la tête d'un de leur chef d'armée.
Ma vie était devenue floue et entrecoupée de peines et si mes sourires portaient la franchise de mes rencontres, je trainais une chaine bien trop lourde.
Le seul réconfort se situait dans le regard dune Blanche qui avait pour moi la compassion sincère que seule lamitié peut comprendre. Sans doute le seul repère qu'il me restait. Une lumière dans l'obscurité qui me permettait à chacun de mes pas de trouver un appui.
Le Rouergue donc, et une circonstance qui mattend. Celle-ci plus vivante et directement liée à ma présence icy lieu. Une Mandra en terre Occitane.
Il fallait que je revienne voir cette sur pour qui je suis le particulier de la famille. Un demi-frère discret tant dans sa représentation que dans léloignement.
Depuis des années déjà, je navais plus donné de nouvelles. Un isolement pénible mais nécessaire quun cousin nommé Corthos réussit à bousculer par la force dun sourire.
Après des années donc. Je viens donc pour la rencontrer de nouveau.
Elle me présentera sa famille, ses amis Sa tanière. Et je vais lui promettre ce que jaurai dut faire depuis des années Une présence.
Au soir de ma venue, le Péreilhe à lécurie et quelques courriers envolés, je cherche une place dans la première taverne. Il y a dans cette ville un sentiment de légèreté tant laccueil est agréable.
On mavait prévenu dun contraire coloré de gris et de cendre et pourtant, les places que je croise sont fréquentées comme les tavernes nombreuses.
Jentends des rires qui résonnent dans les ruelles bien avant le soir.
Le sac sur lépaule, je marque le sol de mes bottes usées et le son résonne dans les recoins comme le rire dun enfant qui semble senvoler à mon passage sous une fenêtre.
Comme pour laccompagner, je lui réponds en silence et celui-ci se fait plus fort encore Et je ris.
Cest avec ce même faciès que jentre dans ce qui sera mon premier lieu de rencontre.
Je lève la tête et aperçois lenseigne « Au petit Lieutenant » Un nom simple et pourtant remplit de définitions. Une fois dans la salle, lintérieur offre au client le choix des places jusquau comptoir.
Même si une cheminée éteinte rappelle que lhiver n'a plus sa place, on sent encore lodeur dune fumée imprégnée dans le bois des poutres.
Il y a cet homme habillé de vert qui ressemble aux autres. Il semble que chaque ville doit avoir son lot de consommateur et qui plus est, ce même type au sourire niais et son immense chope de bière. Il faudra un jour que jose le déranger pour lui demander sil na pas des frères tout ailleurs.
Après presque trois semaines de voyages. Le renard pose enfin sa patte
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