Gypsi
Ou comment des retrouvailles miraculeuses, inespérées et inattendues pouvaient perturber au plus haut point une brebis galeuse. Un coeur troublé, un ventre noué, au moins autant que la gorge, des pensées qui se perdent pour une brebis qui semble perdre toutes ses connaissances. Pour une bohémienne qui semble perdre tous ses repères. Pour une femme que les évènements tourmentent. Parviendrait-elle jamais à être heureuse ?
Le temps passe. Mais le temps n'a pas passé assez refermer totalement les blessures. 3. 3 personnes chères à ses yeux. Dont 2, chères à sa vie. 1. Un disparu qui réapparaît. 1. Un amant éloigné qui s'efface, mirage lointain qui ne brille plus assez. 1. Une femme un peu larguée par la succession des évènements. Un peu paniquée au milieu de la foule de ses sentiments. Perdue de ne pas savoir, de ne pas comprendre. De ne pas agir. Il est si loin le temps qui les unissait. Pourtant entre jalousie et amour, son coeur balance. Comment tourner une page qu'on a soigneusement encadré et placardé au dessus de sa paillasse ? Ils l'y aideront surement, les deux amoureux... Brebis ferme les yeux et s'imagine une scène. Un tête à tête raté...
Et quand brebis rouvre les yeux, une larme roule le long de sa joue. Perdition. Un amant un peu loin qu'elle voudrait protéger. Une amie, une soeur qui n'accepte pas cet amant. Un premier amour qu'elle voudrait retrouvé. Une jeune chaste interposée. Elle devrait être heureuse de l'avoir retrouvé. Pourtant, elle n'a qu'une envie, celle de disparaître à nouveau. D'être seule, complètement seule. De changer de nom, de changer de vie, d'effacer tous ses souvenirs. Tempête sous son crâne. Elle aimerait que le vent emporte sa mémoire bien loin, et la noie sous une mer de glace. Elle voudrait que le vent l'emporte bien loin d'ici, dans un lieu où personne ne la connaîtrait. Mais elle n'a pas la force de lutter. Pas la force de les quitter. Pas la force de décider, de choisir. Alors la larme roule, témoin de sa faiblesse. Parce qu'elle fait mal cette retrouvaille. Peut-être plus qu'elle ne fait du bien d'ailleurs. Les paroles d'Exaël trottent dans sa tête : rien ne sera plus comme avant, le passé est derrière, mais "le fait de le savoir vivant...". Bêtises. Si rien ne sera jamais plus comme avant, à quoi bon le savoir vivant ? Après l'extase et l'enthousiasme du soir des retrouvailles, la rechute est dure.
La bohémienne accuse le coup et s'isole en taverne pour écrire. L'heure tardive assure l'isolement. Le parchemin reste vide. Les yeux sont rougis. Et la gorge toujours autant nouée. La plume se met enfin en action. Sans s'en rendre compte c'est à Steph qu'elle écrit. Lui seul comprendrait. Il souffrirait sans doute. Mais il ne la laisserait pas tomber. Elle avait besoin de lui. Elle aurait voulu pleurer dans ses bras, se soûler pour oublier, et rentrer en crabe avec lui chez eux. Mais elle était seule. Seule au milieu des couples. Seule pour affronter ce retournement de situation. Seule pour observer son premier amour et sa nouvelle compagne. Seule pour veiller sur Sulfura qui se blessait. Seule. Et elle n'avait plus la force de jouer les mamans, les protectrices, ni même les méchantes filles. Ni même la gentille fille. La brune souhaite redevenir un mirage à ce moment là. Celui qu'elle a toujours été...
* Guillaume Apollinaire : Le pont Mirabeau
Verlaine, Colloques Sentimentales, de Fêtes Galantes.
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- L'amour s'en va comme cette eau courante, L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure, Les jours s'en vont je demeure.
Le temps passe. Mais le temps n'a pas passé assez refermer totalement les blessures. 3. 3 personnes chères à ses yeux. Dont 2, chères à sa vie. 1. Un disparu qui réapparaît. 1. Un amant éloigné qui s'efface, mirage lointain qui ne brille plus assez. 1. Une femme un peu larguée par la succession des évènements. Un peu paniquée au milieu de la foule de ses sentiments. Perdue de ne pas savoir, de ne pas comprendre. De ne pas agir. Il est si loin le temps qui les unissait. Pourtant entre jalousie et amour, son coeur balance. Comment tourner une page qu'on a soigneusement encadré et placardé au dessus de sa paillasse ? Ils l'y aideront surement, les deux amoureux... Brebis ferme les yeux et s'imagine une scène. Un tête à tête raté...
- Dans le vieux parc solitaire et glacé, Deux formes ont tout à l'heure passé. Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé, Deux spectres ont évoqué le passé.
- Te souvient-il de notre extase ancienne ?
- Pourquoi voulez vous donc qu'il m'en souvienne ?
- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? - Non.
- Ah les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignons nos bouches ! - C'est possible.
- Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Et quand brebis rouvre les yeux, une larme roule le long de sa joue. Perdition. Un amant un peu loin qu'elle voudrait protéger. Une amie, une soeur qui n'accepte pas cet amant. Un premier amour qu'elle voudrait retrouvé. Une jeune chaste interposée. Elle devrait être heureuse de l'avoir retrouvé. Pourtant, elle n'a qu'une envie, celle de disparaître à nouveau. D'être seule, complètement seule. De changer de nom, de changer de vie, d'effacer tous ses souvenirs. Tempête sous son crâne. Elle aimerait que le vent emporte sa mémoire bien loin, et la noie sous une mer de glace. Elle voudrait que le vent l'emporte bien loin d'ici, dans un lieu où personne ne la connaîtrait. Mais elle n'a pas la force de lutter. Pas la force de les quitter. Pas la force de décider, de choisir. Alors la larme roule, témoin de sa faiblesse. Parce qu'elle fait mal cette retrouvaille. Peut-être plus qu'elle ne fait du bien d'ailleurs. Les paroles d'Exaël trottent dans sa tête : rien ne sera plus comme avant, le passé est derrière, mais "le fait de le savoir vivant...". Bêtises. Si rien ne sera jamais plus comme avant, à quoi bon le savoir vivant ? Après l'extase et l'enthousiasme du soir des retrouvailles, la rechute est dure.
La bohémienne accuse le coup et s'isole en taverne pour écrire. L'heure tardive assure l'isolement. Le parchemin reste vide. Les yeux sont rougis. Et la gorge toujours autant nouée. La plume se met enfin en action. Sans s'en rendre compte c'est à Steph qu'elle écrit. Lui seul comprendrait. Il souffrirait sans doute. Mais il ne la laisserait pas tomber. Elle avait besoin de lui. Elle aurait voulu pleurer dans ses bras, se soûler pour oublier, et rentrer en crabe avec lui chez eux. Mais elle était seule. Seule au milieu des couples. Seule pour affronter ce retournement de situation. Seule pour observer son premier amour et sa nouvelle compagne. Seule pour veiller sur Sulfura qui se blessait. Seule. Et elle n'avait plus la force de jouer les mamans, les protectrices, ni même les méchantes filles. Ni même la gentille fille. La brune souhaite redevenir un mirage à ce moment là. Celui qu'elle a toujours été...
* Guillaume Apollinaire : Le pont Mirabeau
Verlaine, Colloques Sentimentales, de Fêtes Galantes.
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