Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 11, 12, 13   >   >>

[RP] Beaumont - Renart mais pas goupil !

Della


Citation:
Tout cela me taraudait !
Je fis envoyer un pigeon jusqu'à Beaumont, requérant la présence immédiate de Louis, mon fidèle messager
!


Louis n'arriva jamais. Il y avait bien trop de risques à se mettre en route, à ce moment-là et il resta à Beaumont. Il fit bien.

A Dijon, le calme était plat. Aussi plat qu'une de ces crêpes que l'on cuisinait les matins de fête.
Après avoir servi quelques jours sous les ordres du Colonel, après que je n'eus plus reçu de lui que des nouvelles militaires, après que j'eus dépensé jusqu'à mon avant dernier écu en hôtel et en pain, je me résolus à rentrer chez moi.
Dans le fond, je venais encore de prendre une bonne leçon : ne pas trop attendre d'autrui sous peine de déception.
Je quittai donc Dijon, un beau matin, croisant les doigts de ne pas me faire attaquer ni par les gentils, ni par les méchants ! Ils étaient aussi dangereux les uns que les autres, au final !
Oui, j'en revenais de mes belles théories sur les méchants et les gentils. Ca aussi, c'était un nouvel apprentissage !
Bref, ce court séjour, en capitale m'avait fait grandir un peu, encore. Peut-être m'avait-il aigrie aussi...qui sait ?

Je retrouvai Beaumont avec joie, bonheur intense de serrer Jullius dans mes bras !
Décidément, c'était mon unique havre, ce castel.

Quelques jours plus tard, je me repris à penser aux courriers trouvés au fond du grenier. J'avais mis ce problème de côté mais je devais éclaircir ça.

Il me serait difficile de retrouver ce frère mais j'avais envie de savoir, de le connaître, peut-être.

Et une fois de plus, je m'installai à ma table d'écriture.


Citation:
Messire Loctavia.

Bien le bonjour !

Pardonnez mon audace, nous ne nous connaissons pas, et il peut paraître cavalier de ma part, de vous écrire.
Pourtant, sachez que ceci n'a rien d'indécent ou de déplacé. Juste que j'aimerais vous entretenir d'une chose que je viens d'apprendre, par courriers anciens retrouvés.
Je suis Della de Volvent, fille cadette de la famille de Volvent, Bourguignonne par ses racines ancestrales.
Je vis à Beaumont, Castel de ma famille.
Il y a peu de temps, j'ai retrouvé, à Beaumont même, un coffret contenant nombre de courriers signés d'une certaine dame Héliabel, de Chambéry et datés d'il y a 23 années. Ces courriers étaient adressés à feu mon père, Jules de Volvent.
Bien que je respecte mon père et que je ne jugerai jamais ses actions, il me semble avoir pu comprendre que cette dame Héliabel aurait eu un fils, nommé Loctavia et qui serait le fils de mon père, dès lors, mon frère.
Donnez-moi de vous poser une question : êtes-vous ce Loctavia, mon frère ?

Soyez assuré, messire, que ma démarche n'a d'autre but que d'être moi-même assurée ou rassurée, pour ce qui est de ce que j'imagine.
Je vous promets la plus grande discrétion sur cette affaire et vous jure que nul, à part moi, n'est au courant ni de ma découverte ni de ma démarche envers vous.

J'ose espérer réponse, positive ou négative, mais réponse qui puisse m'apaiser.

Croyez, messire, en mon plus grand respect.

Della de Volvent.


Courrier serait confié à un cavalier qui couvrirait la distance en quelques jours, pourvu que le ciel veille sur lui.

_________________






















Della


Toute occasion est bonne à prendre.

Et voici que revenaient les élections.
Ce matin, on me fit porter un courrier, venant d'une des candidates...et là, j'eus une idée que je peux qualifier de lumineuse !
Puisque les politiciens cherchaient des voix, j'allais vendre la mienne au plus offrant.
Ce que j'avais entendu des programmes ne m'excitait guère. Et le seul parti pour lequel j'aurais bien voté parce que j'aimais bien leur tête de liste, n'avait pas encore proposé son programme, ce qui faisait du dit parti, un retardataire !
Donc...puisque tout cela ma paraissait bien terne, que m'importait de voter pour l'un ou pour l'autre, ils se ressemblaient tous.

Je fis donc porter à trois des têtes de liste, une petite missive, toute gentillette mais très suggestive.
J'attendais les réponses avec impatience.

Ah oui, vous allez vous demander pourquoi seulement à trois...Hé bien, c'est que...que...que...je n'avais plus assez de vélin ! Voilà !

Ah que j'avais hâte de voir lequel me répondrait le premier et surtout, me ferait la meilleure offre.
Une petite voix, au fond de moi, me parla, tenta de me dire que ce n'était pas bien du tout ce que je faisais là mais j'eus vite fait de la faire taire lorsque je pris connaissance des derniers relevés comptables de Beaumont. Le gouffre se précisait chaque jour davantage !

_________________
Keltica
Par un charmant courrier, Keltica avait entendu parler d'une jeune femme qui s'occupait de vignes et qui produisait, selon ses dires, un très bon nectar. Si elle n'était pas très portée sur l'alcool, surtout en cette période de maternité, Keltica ne pouvait refuser l'invitation aimable qui avait été faite par le vélin qu'elle avait reçu, aussi se rendit-elle sur les terres de Beaumont. Bien sûr, certains se diront que ce n'était que par désir d'élection, puisqu'à certains échos elle avait appris que plusieurs listes avaient reçu la même lettre ; mais Keltica avait déjà croisé la jeune femme au tribunal, elle avait été agressée avec un enfant sur les routes, et elle lui avait paru bien faible. Si en plus elle devait s'occuper de ses terres, la pauvre devait être bien fatiguée !!! Et puis les on-dits, Keltica les laissait s'échapper, elle n'avait absolument rien à se reprocher !!

Tout en pensant à tout cela, la jeune femme était parvenue aux portes du château de Beaumont. Son carosse -loué pour l'occasion, car faire du cheval en son état aurait pu être dangereux- s'arrêta, le cocher vint lui tendre la main pour descendre. Keltica releva la tête ; des vignes à perte de vue, et un magnifique château en leur coeur.


Dieu comme cela est enchanteur !!!

La jeune femme s'avança, mais au fur et à mesure de ses pas, elle s'aperçut qu'il manquait par-ci par-là quelques pierres, on voyait des fenêtres cassées. Faisant une petite moue, Keltica songea que la jeune femme n'avait pas menti dans sa lettre, et son bon coeur lui souffla qu'elle avait bien fait de venir. Devant la grande porte, elle inspecta sa tenue soignée, replaça une mèche d'un noir de jais derrière son oreille, et fit tinter la cloche.
_________________
Della
J'étais occupée à la cuisine, à préparer des confitures de fraise dont l'odeur embaumait la maison, lorsque j'entendis la cloche de l'entrée retentir.
Tiens donc, qui pouvait bien venir se perdre à Beaumont ?

J'essuyai mes mains sur mon tablier avant de l'ôter et de le jeter sur le banc pour venir ouvrir. C'est que je tenais encore beaucoup à ma présentation et ne voulais absolument paraître désobligeante vis à vis d'un visiteur.

Un rapide coup d'oeil par une petite fenêtre me fit voir un carrosse !
Oulà, ce n'était pas n'importe qui donc. Vite, une mèche rebelle remise en place et j'ouvrai enfin la porte sur...dame le Procureur !


Oh, quelle bonne surprise, dame Keltica...Soyez la bienvenue à Beaumont.
Mon cerveau fonctionna à grande vitesse. Allons voyons voir, dame Keltica pouvait être là pour deux choses : soit, il y avait une plainte déposée contre moi soit, c'était suie à mon courrier à propos des élections.

J'inclinai poliment le buste et m'effaçai pour laisser le passage au procureur.

Je vous en prie, ma dame, entrez donc.

Pour avoir déjà rencontré dame Keltica, je la tenais en haute estime. Elle honorait sa tâche de procureur et était fort sympathique, même autour d'une table de taverne.
Je suis honorée de votre visite, vraiment.
Si vous voulez vous donner la peine...

D'un geste de la main, j'invitai ma visiteuse à entrer dans ce que l'on pourrait appeler, un petit salon.
Meublée de quatre sièges à haut dossier, d'un grand coffre servant de table et de quelques étagères, cette pièce était agréable en été, bien au frais.
Je proposais un siège à dame Keltica.

Désirez-vous vous rafraîchir un peu ? Un peu d'eau ou de vin doux, peut-être. Je souris...même dans l'état de grossesse de la procureur, un petit verre de vin ne faisait pas de mal.
_________________
Keltica
En attendant que quelqu'un lui réponde, Keltica avait fait quelques petits pas, et sursauta quand le bruit de la porte se fit entendre, laissant place à Dame Della. Elle lui sourit, et fut tout de suite gênée de voir la jeune femme s'incliner devant elle, elle l'arrêta d'un geste doux.

Dame Della, je ne suis pas si importante que vous deviez vous courber devant moi, s'il vous plaît... Ne soyons pas si cérémonieuses, je vous prie, je ne suis là qu'en tant que simple connaissance, pas en tant que procureur ou autre fonction !

Le procureur sourit avec douceur, ses yeux verts s'éclairant de ce charmant sourire, puis entra dans la pièce que lui indiquait son hôtesse, prenant place un peu gauchement, n'ayant point l'habitude d'être ainsi reçue.

En effet, un petit verre d'eau fraîche serait le bienvenu, s'il vous plaît ! Je suis heureuse de venir vous voir en vos terres, et je vous remercie de votre charmante invitation. Je ne vous avais pas revue depuis le procès, et vous m'aviez paru à l'époque bien affaiblie... J'espère que vous allez mieux au moins ?
_________________
Della
Je me mis donc en devoir d'aller chercher une pinte d'eau bien fraîche ainsi que deux godets. Tant que j'y étais, je rapportai également quelques morceaux de pain et un pot de confiture. Le tout sur un plateau, bien entendu, n'étant encore munie que de deux bras.

Grâce au ciel, je vais mieux, oui ! Et Jullius aussi. Nous avions eu si peur, tous les deux ! Saleté de brigand...Je sifflai presque les derniers mots tant je détestais ces tire-laine et coupe-jarret !
ne grande chance que le maire de Mâcon aie pu m'aider !

Je présentai le pain et la confiture après avoir versé l'eau dans les godets.
Si le coeur vous en dit...pain frais et confiture du jour.

Les visites étaient rares, ici et j'en appréciai d'autant plus celle de dame Keltica.
Mais il ne fallait pas que j'oublie la raison de mon invitation !

Je suis ravie que vous ayez répondu à mon invitation, c'est un honneur.
Je vous ferais bien visiter le domaine mais...
Je ne savais comment dire...Peut-être est-ce que cela serait trop fatiguant pour vous...étant donné...Rhalala, mais qu'est-ce que j'étais gourde, parfois, moi ! Enfin...puisque vous attendez un heureux événement. Là, c'était dit, je devais être passée au rouge vif !
Je souris.
Mais si vous voulez, c'est tout à fait possible...Beaumont est tellement agréable. Il y a de nombreux arpents de vignes et aussi un peu de blé et à quelques lieues d'ici, nous avons encore un petit bois d'où nous tirons partie de notre gibier...Voilà, c'était parti ! Lorsque j'évoquais Beaumont, je devenais intarissable tant j'adorais ce domaine. Enfin, j'arrivai à contrôler mon débit de paroles et en profitai pour boire un petit coup.

Ma demande a du vous surprendre, sans doute...Voilà, c'était lancé, fallait assumer, je devais aller jusqu'au bout. Je baissai le regard sur mon godet d'eau que je fis tourner entre mes mains. Beaumont, c'est devenu ma raison de vivre, j'y consacre tout ce que je peux, tout ce que j'ai...Je suis prête à tout pour...Je relevai les yeux, embrasai la pièce du regard en tendant la main, montrant l'entièreté du castel. Pour que ce castel retrouve ses lettres de noblesse et redevienne un nom reconnu. J'en avais dit assez. Dame Keltica avait reçu mon courrier, il était assez clair, elle devait savoir de quoi je parlais.
_________________
Keltica
Tandis que son hôtesse partait chercher de l'eau, Keltica regarda autour d'elle les murs de la salle ; elle avait conservé un charme indéfinissable de sa splendeur d'antan, et autant l'avouer, l'endroit lui plaisait. Elle qui n'avait nulle ambition de grande demeure aurait apprécié le calme et la douceur de ce vieux château niché au creux des cultures...

Della revenait, un plateau sur les bras, qu'elle déposa sur la table, entre elles deux ; la jeune femme emplit deux godets, et lui en tendit un.

Merci beaucoup, c'est bien aimable ; cette chaleur au long de la route était difficile à supporter, mais on est bien au frais ici, c'est un bonheur !!

Keltica prit une gorgée d'eau avant de reprendre.

Je suis heureuse de voir que vous allez mieux, et que l'enfant qui vous accompagnait n'a pas trop souffert de l'attaque. C'est malheureusement monnaie courante ces derniers temps...

Quand Della lui proposa de faire quelques pas, Keltica sourit de voir la rougeur envahir le front de son hôtesse.

Ne soyez pas gênée, pour tout vous dire, je n'osais pas vous le demander, mais j'en serais ravie !! Vous en profiterez pour me raconter l'histoire de ce domaine !!

Keltica eut un malicieux sourire avant de poursuivre.

A vous écouter, il me semble que vous devez être fermement éprise de votre domaine, et je comprends toute la teneur de votre lettre d'invitation. Vous savez... Keltica se tut un instant, regardant la jeune femme face à elle ; Della avait été sincère, c'était à présent à son tour. Si je suis venue, ce n'est vraiment pas dans l'optique d'obtenir votre voix lors des élections ; il est vrai que la demande m'a surprise, mais cela n'est pas entré en ligne de compte. Je sais que cela peut être pour vous cette raison qui m'a poussée à entreprendre ce trajet jusqu'ici, mais il n'en est rien. Je suis venue par amitié, pour vraiment prendre de vos nouvelles et pour connaître ce domaine dont vous m'avez parlé si joliment dans votre invitation.

La jeune femme eut un instant de doute ; est-ce que Della allait la croire, ou penserait-elle qu'elle masquait la vérité sous des airs faussement amicaux ? Keltica répugnait au mensonge, et ce qu'elle venait de prononcer n'était que la stricte vérité de son coeur, et pourtant, elle savait que le doute pouvait s'insinuer dans l'esprit de son hôtesse...

Vous avez... vous avez raison de vous battre pour votre domaine, et je me doute qu'il a dû vous en coûter d'écrire l'invitation que j'ai reçue. C'est aussi pour cela que j'ai voulu venir ; vous avez mis votre fierté à l'écart pour faire cette lettre, et c'est une attitude que je respecte énormément. De fait... me voilà sur vos terres, en votre castel, et je ne souhaite rien en échange, que le plaisir de m'y promener en votre compagnie...Nous pourrons ainsi parler, qu'en pensez-vous ?

Cétait au tour de Keltica de devenir un peu rouge ; elle masqua son trouble en finissant son verre, l'air de rien...
_________________
Della
Tout le temps où j'écoutais dame Keltica, je sentis quelle femme douce et généreuse elle était.
Chaque mot, sa voix, son visage reflétaient une sincérité que je pensais rare chez des politiciens.
Ma récente aventure sur la place publique, m'avait montré des gens bornés et imbus d'eux-mêmes. Oh, pas tous, bien sûr, mais de nombreux.
Je baissai donc ma garde et me laissai envahir par ce sentiment précieux qu'est l'amitié.

Je n'accordais que difficilement ma confiance. Ma relative solitude en était le résultat, mes amis se comptaient sur les doigts d'une main et ça me convenait.
La franchise de dame Keltica me toucha et je rougis à nouveau lorsqu'elle vanta mes actions en faveur de Beaumont.

Secrètement, je remerciai la Déesse Mère d'avoir mis sur ma route cette personne à qui je voulais vendre une voix électorale et qui m'offrait son amitié. Amitié que j'acceptai sans condition.

Je me sentis soudain plus libre, plus sereine. Le poids de cette démarche venait de s'envoler !

Je souris...ravie et heureuse.

Hé bien, allons faire cette balade !

Je me levai, m'assurai que ma visiteuse n'avait pas de problème pour en faire autant...ça aurait été drôle, une naissance à Beaumont, tiens ! Je retins un petit rire à cette pensée. Puis, j'engageai dame Keltica à sortir du castel.

La chaleur était tombée, la fin d'après-midi amenait un petit vent rafraîchissant et l'on pouvait entendre les sauterelles et grillons chanter dans les hautes herbes.

Nous étions dans l'allée bordée d'anciens rosiers devenus parfois, un peu trop sauvages, lorsque je repris la conversation.

Je tiens à vous remercier, une fois encore. Pas seulement pour votre visite qui me fait grand plaisir mais aussi pour...Je marquai un temps d'arrêt, cherchant des mots...Pour votre amitié, pour ce que vous venez de me dire. Cela me touche, beaucoup...vraiment. Sachez que je suis fière et honorée que vous me comptiez comme amie.
Voilà, c'était dit. Moi qui n'étais pas à l'aise avec ce genre de discours, j'étais heureuse de l'avoir dit.

Pour détendre une atmosphère qui me semblait un peu lourde, je tendis la main vers une grosse plante de lavande.

Tenez, cette lavande a été rapportée par ma mère, il y a de cela bien longtemps, lorsque j'étais enfant. Elle me l'avait offerte et je me souviens encore de l'avoir plantée avec l'aide de Maria, ma chère nourrice.

Enfin, arrivées au bout de l'allée, la vue se dégageait sur une étendue que l'on aurait dit infinie, plantée de vignes, objet de ma fierté.
_________________
Keltica
Tout près de Dame Della, Keltica s'engagea sur le petit chemin ; les parfums du soir, les grillons qui chantaient, tout apportait une vague de sérénité, d'apaisement ; la compagnie de son hôtesse était des plus agréables, et Keltica se sentait parfaitement bien. Son regard passait sur chaque plant de fleurs, ses narines inspiraient leurs senteurs délicates, elle se mit à imaginer une nouvelle organisation de son propre petit terrain, où elle prendrait plaisir à se promener au bras de son époux, et où, plus tard, leur enfant jouerait, emplissant l'espace de sa vie fougueuse et d'éclats de rire...

Dame Della, je considère l'amitié comme un précieux cadeau, et je suis ravie de recevoir la vôtre, aussi naturellement que je vous offre la mienne. Vous n'avez pas à m'en remercier, je ne résiste jamais aux élans de mon coeur, ni de mon instinct ; sans vouloir vous flatter, du premier abord, vous m'êtes apparue comme une personne agréable, lorsque l'on s'est rencontrées au tribunal, malgré le peu de paroles échangées dû à votre état de faiblesse. De fait, j'ai eu envie de faire votre connaissance ailleurs que dans ces couloirs austères, et je suis donc d'autant plus ravie d'être ici !! Mais je crois que je suis en train de vous gêner par mes paroles, pardonnez-moi !!

Keltica avait vu la rougeur envahir le front de Dame Della, et elle sourit, sachant qu'elle aurait fait la même chose si les rôles étaient inversés. Pour ne plus gêner davantage la jeune femme, la future maman se tourna vers la lavande qu'elle lui présentait, se pencha pour en humer les parfums.

Mmmmm, j'aime cette odeur !! Il y a bien longtemps, lorsque j'étais enfant, je mettais un petit sachet empli de fleurs de lavande dans mon armoire, et j'en gardais un dans mon oreiller, pour faire de jolis rêves...

Keltica eut un sourire très doux en retombant dans ses souvenirs, mais l'expression de tristesse de ses yeux constrastait singulièrement, tout à coup... Elle sembla s'ébrouer difficilement lorsque, relevant la tête, elle vit la magnifique vue des vignes, qui s'étendaient très loin devant elles.

C'est... c'est merveilleux !!!! Tout cela fait partie de votre domaine ?? C'est immense !!!
_________________
Ingeburge
[A l'Artemisium]


Enfin.

C'est le premier mot qui lui vint à l'esprit quand elle aperçut les hautes grilles de l'Artemisium.
Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pu fouler le sol de son domaine... bien trop longtemps. Elle avait d'abord dû s'absenter pour cause de voyage vers l'Empire italophone. Après un passage obligé par la Savoie, elle était parvenue à Alessandria, Duché de Milan. Puis, de nouveau la Savoie, ses tracasseries et son manque d'hospitalité coutumier. De retour en Bourgogne, elle était passée par chez elle mais l'instant avait été trop bref, elle n'avait pu profiter de sa demeure car elle n'y était revenue que pour une confession au goût d'inachevé. Puis, à peine abreuvée de l'intimité corbignesque, elle avait pris la route pour la capitale du Royaume de France afin d'y célébrer un mariage d'anthologie... La Bourgogne ensuite, de nouveau mais pour un tour à la rencontre des fidèles bourguignons. Et ce voyage d'agrément s'était transformé en campagne guerrière avec le siège d'Autun qu'elle avait vécu et durant lequel elle avait défendu au mépris de ses vœux, de sa condition et de ses charges. Finalement, le siège avait été abandonné, avec la débandade dont tout le monde avait eu vent et elle avait pu s'échapper — Chalon, Mâcon, Bourg. Une fois la question de l'hérétique réglée, elle était définitivement rentrée à Mâcon où, telle une gamine prise en faute, elle avait été consignée. C'est que tant sa participation à la défense que son escapade vers la Savoie avaient déplu chez les " Romains ". Elle se conduisait donc pour le moment sagement, plus par envie qu'on lui fiche la paix que par goût de la docilité.


Enfin.

Les grilles furent ouvertes et, avant de les franchir, elle demanda à ce qu'on l'aide à descendre de cheval.
C'est qu'elle voulait le sentir ce sol bien aimé, elle voulait en goûter les moindres aspérités, les moindres saillies et elle se serait jetée à terre et aurait roulé avec délices si tant de gens ne s'étaient pas mis dans l'idée de la regarder. Elle salua ses gens venus à sa rencontre, s'enquérant des dernières nouvelles, ayant un mot pour chacun.
Mais son regard ne pouvait se détacher de la façade de la fière bâtisse qui se tenait au-devant elle. Elle se sentirait totalement en paix une fois à l'intérieur.
Pourtant, elle consacra sa première visite aux communs où, disait-on, l'attendait divers colis.

Elle s'y rendit donc, un peu intriguée et, à peine entrée, buta contre une caisse.
Ses sourcils se froncèrent tandis que ses lèvres laissaient échapper un léger cri. De toutes parts, des bras se tendirent, et on l'aida à s'asseoir. Elle se débattit tant qu'elle put, assurant à qui voulait bien l'écouter — personne donc — qu'elle avait été plus surprise que blessée.
Rien n'y fit et l'on daigna enfin l'entendre quand elle demanda comment, pourquoi cette caisse se trouvait là. On fit donc référence à ce qui était arrivé durant son absence, l'objet sur lequel elle s'était cognée en faisant partie. On lui tendit aussitôt une lettre cachetée; elle accompagnait la boîte qui avait été livrée.

La Prinzessin, retenant un soupir, s'empara du courrier et en prit connaissance. Une fois la lecture achevée, son regard clair se posa avec un intérêt accru sur la caisse et elle déclara simplement :

— Ouvrez-la je vous prie.

Ce qui fut fait prestement et Ingeburge put constater que ce qu'elle avait lut dans la missive se révélait exact. On lui présenta une bouteille qu'elle observa, son regard s'attachant plus particulièrement aux reflets rubis qu'elle pouvait aisément deviner.
Elle parcourut à nouveau la lettre puis demanda, puisqu'elle avait été si bien installée, qu'on lui apporte son écritoire de voyage.
C'est ainsi, que tant bien que mal, mais plus bien que mal tout de même, elle fit réponse à la personne qui lui avait offert ce vin. La chose fut menée avec diligence et Ingeburge put ensuite se consacrer aux autres colis qui lui avaient été livrés, espérant que la commande passée à Florence quelques semaines plus tôt avait été enfin honorée.

La réponse d'Ingeburge à Della, elle, fut tout aussi diligemment expédiée :

Citation:

    A Della de Vovent, Châtelaine de Beaumont,
    Salutations et bénédictions.



    Ma dame,


    Vous ne pouvez imaginer quel heureux étonnement fut le mien lorsque votre missive me fut mise en main et quel choc — littéral — fut le mien quand j'entrais en possession de votre précieuse livraison.

    Je dois avouer que je ne m'attendais pas, en prenant à nouveau possession de ma demeure, à une telle trouvaille mais j'ai eu là la preuve que parfois, les surprises peuvent se révéler agréable.

    Je n'ai pour l'heure, pas encore goûté à votre nectar mais croyez bien que je le ferai avec application, respectant à la lettre les préceptes de Sainte Boulasse et en émerveillant de ce que les hommes, je vous l'accorde bien volontiers, savent parfois s'entendre afin de faire fructifier les dons et les richesses que le Très-Haut, dans Sa grande bonté, a bien voulu leur accorder.
    Je ne manquerai donc pas pour sûr, de vous donner mon avis sur ce que vos vignes et vos pressoirs ont produit.

    Je profite de cette missive pour vous poser une question. Votre nom ne m'étant pas inconnu, je me permets de vous demander si vous n'êtes pas parente avec le Père Eldwin de Volvent. Si tel est le cas et que vous avez l'heur de le croiser avant moi, transmettez-lui, je vous prie, mes aristotéliciennes salutations.


    Que le Très-Haut vous garde.

    Son Eminence Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
    Cardinal-Archevêque de Lyon.




_________________
Della
Mon regard se promenait d'ouest en est, caressant, dorlotant, câlinant presque les vignes.

J'avais surpris le regard un peu voilé de mon amie, à l'évocation de la lavande. Le mien s'embuait lorsque je contemplais les vignes.
Derrière elles, il y avait un passé, parfois triste, parfois drôle, personnel aussi. Mon retour ici avait sonné la fin du passé et le début d'une nouvelle vie. Rien, absolument rien au monde ne pouvait m'arracher de Beaumont. Son sang, celui de la terre, du travail, de la sueur coulait dans mes veines, j'étais à cette terre, je lui appartenais.

J'acquiesçai d'un signe de tête à la question de Keltica avant de répondre.

C'est très grand, oui. Il y a de quoi donner du travail à beaucoup de monde. D'ailleurs, j'y travaille aussi...
J'aimais y travailler, même lorsque je revenais éreintée et couverte de poussière et de sueur, j'aimais le travail dans les vignes !

Beaumont appartenait à mes parents. C'est mon frère aîné, Eldwin, qui en a hérité. Mais le travail, c'est moi qui en suis l'unique héritière !
Je ris...et j'expliquai...Eldwin a accepté de me confier cette terre afin d'en faire un...grand cru. Les débuts sont prometteurs mais je pense qu'avec encore plus de ténacité, on devrait l'obtenir, ce grand vin !
Je ris, encore...Cette gageure me tenait en vie, me donnait la force d'aller de l'avant et d'oser...des actes un peu fous comme tous mes courriers, à gauche et à droite.

Dès que vous le pourrez, je me ferai une joie de vous le faire déguster. Si vous le désirez, bien sûr.
Pour quand est prévue la naissance de votre bébé ?



J'entendis du bruit, derrière moi, un pas de course.
Me retournant, j'aperçus Jullius qui courait vers nous.

_________________
Keltica
Tout en contemplant, émerveillée, l'étendue des vignes de Della, Keltica ressentait l'enthousiasme de son amie quand elle parlait de son domaine, son travail et le fruit de ce labeur.

Je ne doute pas du travail éreintant que cela doit représenter, pour vous et ceux qui vous aident !!

Elle l'écouta raconter les grandes lignes de la création du cépage, un sourire aux lèvres. Décidément, Della lui plaisait, dans sa combativité et sa volonté...

Dame Della, je vous admire, vous savez ; vous tenez votre exploitation d'une main de maître, même si cela doit être bien difficile, et j'ai envie de vous venir en aide. Je ne sais pas encore comment, mais je voudrais être avec vous, si vous me le permettez... Et de fait, je serais ravie de goûter à votre nectar !! Pour l'instant j'ai promis à mon époux de ne pas boire pendant ma grossesse...

La jeune femme retint un rire malicieux avant de poursuivre.

Mon bébé devrait naître durant le mois d'octobre... pour les vendanges, cela tombe bien n'est-ce pas ?

Elle laissa alors son doux rire emplir l'air, quand le son d'une course se fit entendre derrière elles deux ; en même temps que son amie, Keltica se retourna pour voir un bel enfant courir à leur rencontre.
_________________
--Jullius


Un gamin aux cheveux ébouriffés traînait dans la cuisine, attiré par l'odeur alléchante des confitures.
Un doigt plongea sur les bords de la bassine, c'est qu'il y avait de quoi se régaler et le gamin se régala !

C'est pile à l'instant où Jullius fermait les yeux de plaisir sur cette délicieuse gourmandise qu'une voix se fit entendre.
Un messager cherchait Dame Della de Volvent.

Jullius se décida à aller au devant de l'homme...impressionnant.
L'homme était grand, il avait un air important et tendit la missive en disant d'une voix forte qu'il fallait la remettre à la Dame de Volvent.
Le parchemin était scellé de sceaux tout aussi impressionnants. Jullius n'en avait jamais vu autant dans sa vie, courte, il est vrai.

Une fois sa salive avalée, Jullius assura l'homme qu'il allait de suite livrer le message.


C'est un Jullius essoufflé pas tant par la course mais plutôt par une certaine émotion, qui arriva à toute vitesse auprès de Della.

On a...déposé ça pour toi. Regarde tous les sceaux !

Il fallut quelques instants à Jullius pour s'apercevoir que Della avait une visiteuse. Tout honteux, il bredouilla : B...bonjour, ma dame. Pardon de vous interrompre.
Les yeux du gamin s'agrandirent attendant que Della ouvre le vélin.
Della
Je ne pus que faire de gros yeux à Jullius ! Il se présentait, presque en hurlant, comme un petit sauvage ! Je soupirai, j'avais encore du travail avec lui...

Excusez-le, Keltica, il semble bien exciter.
Montre-moi ça, Jullius.


Effectivement, les sceaux étaient impressionnants.
Ma curiosité était titillée bien que je devinai d'où venait cette lettre.
Cependant, je contins mon caractère et continuai ma conversation.


Octobre est un très bon mois pour naître, en effet. Je suis certaine que cet enfant sera en pleine santé.

Puis-je vous inviter à rentrer, nous goûterons ce fameux vin.

Je serrai le vélin dans ma main, fis un clin d'oeil à Jullius.
Merci, Jullius, je lirai ceci une fois rentrés...Accompagne-nous donc. Il y a des confitures à la cuisine.

La petite trace rouge au coin de sa bouche me disait qu'il en avait déjà goûté, de fait, il rougit et plongea le nez sur ses chausses.

Notre trio reprit la direction du castel.
Repassant devant la lavande, j'en cueilli quelques brins que je tendis à Keltica.


Cela vous fera un petit souvenir.

Enfin à l'intérieur, installées à nouveau dans la petite pièce confortable, après avoir servi cette fois, du vin de Beaumont dans chaque verre, je me permis d'ouvrir le fameux courrier...
Je souris. A cet instant précis, je devais être la plus heureuse des femmes de Bourgogne ! Son Altesse Eminence acceptait mon présent et promettait de goûter mon vin !

Je souris à Keltica.

De bonnes nouvelles !
Ce jour est un jour béni des dieux !

Je levai mon verre.
A votre visite, Keltica.
Merci encore, pour tout...

_________________
Keltica
La jeune femme sourit à l'enfant aux lèvres bien rouges.

Bonjour... Jullius c'est cela ?

Son regard était doux, comme chaque fois qu'elle voyait un enfant, et encore plus depuis qu'elle en attendait un elle-même. Discrètement, elle détailla le petit garçon, le temps qu'ils reprennent ensemble le trajet de retour, et se mit à penser que si elle avait un petit garçon, elle aimerait qu'il soit en aussi bonne santé et de bonne constitution que Jullius. L'enfant semblait plein de vie, il gambadait joyeusement, poursuivant quelques papillons, revenant à toutes jambes vers elles... Elle fut sortie de sa rêverie par Della qui lui tendait quelques brins de lavande.

Merci !! Je ferais comme lorsque j'étais petite, je vais coudre un petit sachet, mettre les fleurs à l'intérieur et le déposer dans la taie de mon oreiller, merci beaucoup !!

Keltica prit les brins et les porta à ses narines, ne pouvant résister à l'attrait de leur parfum ; des souvenirs d'enfance revinrent alors dans son esprit, mais elle les chassa vite, ce n'était pas le moment ; Della semblait enchantée de sa lettre et Keltica sourit de la voir si radieuse !

De retour dans la salle fraîche, les deux femmes et le petit garçon s'installèrent autour de la table. Della servit du vin, et Keltica n'osa pas refuser le toast qu'elle proposait ; après tout, Della l'avait invitée, et la politesse exigeait un retour ! Aussi, la procureur leva son verre et sourit :


A notre rencontre Dame Della, à notre amitié naissante, et à l'avenir de Beaumont !

Elle porta alors le gobelet à ses lèvres et ne but qu'une toute petite gorgée, mais cela fut suffisant ; le vin était doux, fruité, un vrai bonbon de délicatesse et de saveur !

Dame Della, je vous félicite ; votre vin est l'un des meilleurs que j'ai eu l'occasion de boire !!
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 11, 12, 13   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)