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[RP] Beaumont - Renart mais pas goupil !

Eldwin


Eldwin aimait écouter sa soeur parler des vignes. Il la sentait passionnée par ce qu'elle disait. Et surtout on sentait qu'elle aimait s'occuper de cette partie du domaine. Comme si cela donnait un sens à sa vie en quelques sorte. Bien sûr il écoutait plutôt distraitement les propos de Della. La bonne marche du domaine, et donc des vignes, était une chose importante, mais ce n'était pas ce qui préoccupait Eldwin en cet instant. A l'évocation de la toiture du château Eldwin trouva le lien qui lui permettrait d'amener la conversation sur le sujet dont il souhaitait parler à sa soeur. Répondant non de la tête à Della il lui fit signe de ne pas lui monter les livres de comptes.

Ce ne sera pas nécessaire, merci Della. J'étudierai cela plus tard. Néanmoins je rejoins ton avis concernant la réfection du toit. Nous ne sommes pas encore en danger mais il est vrai qu'il vaut mieux prévenir, avant que l'hiver nous assiège.

Il se tut, un court instant, hésitant, avant de se servir de la perche tendue par sa soeur.

Mais il faudrait aussi rénover la chapelle Saint-Hubert. Et je ne compte pas lésiner sur les moyens. Elle n'a pas servi depuis très longtemps. Et puis il faudra ensuite la consacrer de nouveau ...

Nouveau silence du Renart. Eldwin baissa les yeux sur ses mains, puis, ayant chassé toute trace de faiblesse de son regard il releva la tête et posa son regard froid et dur sur sa soeur. Il était temps d'aborder les choses sérieuses. Délicatement et doucement, mais sûrement et avec fermeté.

Della ... Je me pose des questions à ton propos. Et ce depuis que nous nous sommes retrouvés, à Lyon. Nous nous connaissons très bien l'un comme l'autre mais nous avons été séparés longtemps et après nos retrouvailles je n'ai pas voulu tiré de conclusions hâtives ... Mais cela fait maintenant longtemps. Je dois bien l'avouer je t'ai observé, et je t'ai fait observé en quelque sorte. Mais ne m'en veut pas, je l'ai fait pour ton bien.

Eldwin se tut. Il n'avait pas de doutes sur ce qu'il avait découvert, même s'il n'en connaissait pas tous les aspects, cependant il souhaitait entendre la vérité de la bouche de Della. Et puis il était prêtre, il ne tolérait pas l'hérésie ... C'est donc un peu malgré lui qu'il poursuivit d'un ton quelque peu autoritaire.

Dis-moi ce qu'il t'est arrivé Della ! Tu étais une jeune fille tout à fait merveilleuse. Eduquée comme nous dans les saints préceptes d'Aristote. Tu as séjourné dans un couvent où tu ne peux pas avoir ignoré les vérités divines que le Prophète à révélé aux hommes. Et pourtant aujourd'hui je te sens tellement différente. Tu fuis les lieux saints et les serviteurs de Dieu et Son peuple. Pourquoi te détourner ainsi du chemin de la Vraie Foi ? Que t'est-il arrivé Della ?!

Sa dernière question il l'avait accompagné d'une geste de la main frappant sur son bureau avec la paume. En apparence, malgré ce geste, il semblait seulement un peu agacé. Mais à l'intérieur il bouillait de savoir ce qu'était devenue sa soeur. Il n'accepterait jamais qu'un membre de sa famille aussi proche de lui, et aussi cher à son coeur, puisse se révéler être hérétique.
Della
Ainsi donc la petite voix s'était trompée et Eldwin paraissait intéressé par les comptes rendus du domaine. Je me détendis.
Parlant des travaux à réaliser, il ajouta la chapelle. Soit, c'est vrai qu'elle tombait un peu en désuétude et j'avoue humblement que son sort ne me préoccupait pas énormément.
Pour Eldwin cela avait de l'importance, je n'en disconvenais pas et je trouvais normal qu'il ait à coeur de faire à nouveau consacrer le lieu. C'est vrai que la chapelle en elle-même était un joli bâtiment et que c'était peut-être triste de la laisser ainsi. Eldwin voudrait sans doute que ses enfants y soient baptisés comme nous l'avions tous été.
D'ailleurs, le sujet pris une tournure assez dangereuse...

Je frissonnai lorsque mon frère releva sur moi son regard. Lui et moi avions parfois de ces regards qui laissaient perplexes celui à qui nous les destinions.
Cette fois, c'était pour moi, encore.
Et l'avalanche commença !
J'appris d'abord que j'étais surveillée. Ce qui ne me plut mais alors là, pas du tout ! Je voulus répliquer mais Eldwin continua sa diatribe. Et l'accusation tomba, comme un couperet !
La main d'Eldwin frappa le bureau et c'est comme si j'avais reçu cette gifle, cela me fit le même effet, la douleur en moins.

Si j'avais pu me voir, j'aurais vu une petite fille, enfoncée sur sa chaise, le cou rentré entre les épaules, à la frontière des larmes.

Eldwin avait raison, sur toute la ligne.
Elevée dans une foi aristotélicienne, baptisée et entrée au couvent, j'avais pendant la plus grande partie de ma vie été assidue à la religion. Oh, même si certaines choses me passaient au-dessus de la tête ou que je n'adhérais pas à toutes les prières, en sage fille de la noblesse, je m'y pliais.
Puis, vint le jour où je je m'enfuis du couvent et ce fut le début de ce que mon frère appellerait la descente infernale.
Par une rencontre, j'avais quitté tout précepte aristotélicien et m'était tournée vers ce qu'il me semblait être la seule croyance possible, la religion ancienne. Priant désormais la Déesse Mère, j'étais devenue païenne. Adepte des pratiques de cette religion, j'avais même appris le secret des plantes qui font voyager et il m'était arrivé plus d'une fois de lire les flammes et les cendres.
Si Eldwin avait fait fouiller ma chambre, il aurait trouvé divers objets tels que un boline gravé(*), un athamé(*), un pentacle de bois et un calice.
Depuis mon retour à Beaumont, ces objets n'avaient pas quitté le sac dans lequel je les avais rangés. Etait-ce cet endroit qui avait repris ses droits sur moi ? Peut-être.
Peut-être n'avais-je fait que chercher ailleurs ce dont je ne pouvais me passer, la sécurité.
Pourtant, je n'avais pas réussi à mettre les pieds dans une église, c'était vrai. Jullius m'avait demandé plusieurs fois de l'accompagner mais je n'y arrivais pas. C'était au-dessus de ce que j'étais capable de faire. La religion ancienne gardait sur moi, une emprise réelle et je voyais Aristote comme un philosophe, rien de plus. Mes prières, je les adressais toujours à la Déesse et aux dieux anciens.

Quelque part, au fond de moi, je savais que le moment présent allait arriver.
Eldwin ne pouvait rester indifférent à ma non-foi. Il avait été inquisiteur, il était à cheval sur les principes, le couperet ne pouvait que tomber à un moment ou à un autre.
Je devais me défendre...


Je ne fuis pas tous les serviteurs de Dieu. Tu es là, tu es mon frère et pourtant, tu as prêtre, tu veilles sur moi...
Oh, piètre défense et argumentation, je me rendais bien compte.
Et puis...Je...n'ai pas le temps !
Voilà, je suis occupée toute la journée...les vignes, le travail, le château, l'intendance...tout ça demande une attention de tous les instants...chaque jour, à chaque moment, je suis là...pour Beaumont...Comment veux-tu qu'en plus, je m'occupe de l'église ?

Je tentai un mince sourire mais il s'effaça avant même qu'il ne fut dessiner.
J'étais la gamine qu'on venait d'attraper la main dans le pot de confiture, je n'avais plus qu'à assumer.

Tu viens de dire toi-même que notre situation s'améliore...nos finances se portent bien...mon travail se ressent-il de mon absence à la messe ? Je ne serais pas plus efficace parce que j'aurais partagé le pain de l'office !
Défense quasi puérile que je tentai en désespoir de cause.

(*)Boline : petite serpe
(*)Athamé : dague rituelle

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Eldwin


Eldwin vit bien la réaction de sa soeur. Tout d'abord surprise par la tournure que prenait la conversation il put ensuite lire de la colère sur son visage, puis de la peine, ou du remords. Lorsqu'il eut terminé elle était toute penaude, comme un enfant grondé après une bêtise. Ah ses premiers mots Eldwin sut qu'il avait touché juste. Les arguments de sa soeur pour le convaincre étaient ... pitoyable. Il fallait bien l'avouer.

Della. Ne cherche pas de veines excuses. Du temps tu peux en avoir, deux heures, en moyenne, par semaine, est loin d'être trop pour t'empêcher de continuer ton travail, surtout lorsqu'elle le dimanche matin tous les ouvriers du domaine sont eux à la messe.

Eldwin se leva. A vrai dire il ne savait pas quoi faire. Il avait eu des doutes, les avait confirmé, avait décidé d'en parler avec Della mais ne savait pas ce qu'il adviendrait ensuite. Gagnant sa fenêtre, c'était devenue une habitude, il contempla l'horizon et poursuivi.

Notre situation est tout à fait respectable oui et elle s'améliore de jour en jour. Mais là n'est pas vraiment le problème. Bien que ... crois-tu que l'on continue d'acheter nos productions si elles sont issues d'un nom déshonoré ? Car c'est cela le plus grand mal Della. Le déshonneur de notre famille d'abriter en son sein des hérétiques et des païens. Je ne peux condamner toute notre famille. Je ne peux te condamner toi ! Tu es ma soeur. Te voir te perdre sur des chemins obscures, bien loin de la Vraie Foy et des Vérités Divines, me fait peur et me fait mal. Ton âme égarée finira aux Enfers si tu ne retrouves la la voie de la Raison Della.

Il se retourna vers elle, s'approcha un peu, et la regardant droit dans les yeux, lui parla sans aucune dureté à présent évanouie, mais avec beaucoup de tendresse.

Abandonnes tes croyances obscures et reviens dans la Lumière au sein de la grande famille aristotélicienne Della. Je ne te demande pas d'être une incroyable dévote. Mais reviens aux vraies croyances et valeurs de notre famille. Ne t'éloigne pas de l'Amour du Très-Haut et de l'Amitié aristotélicienne.
Della
Dans l'attitude d'Eldwin, je devinais aisément son trouble à lui aussi.
Nous étions proches, nous l'avions toujours été même aux pires moments de nos folies respectives.
Du plus loin de mes souvenirs, ce frère était là et mon amour fraternel trouvait sa priorité chez lui.
Ca, il ne l'ignorait pas non plus. Pas plus que moi, je ne pouvais ne serait-ce qu'un seul instant, le détester.

La tentation était grande, pourtant, de la rébellion. Comme il serait facile de me lever et de partir, encore, laissant Eldwin planté là, au milieu de ce bureau. Il ne lui aurait pas fallu longtemps avant qu'il ne me maudisse, me voue aux pires destins.
Parce que derrière tout amour, il y a son contraire.
Mais j'avais déjà fui, une fois.
Et j'étais rentrée...J'avais besoin de ma famille pour me sentir bien et vivre en toute sérénité.
J'avais déjà fait tant de sacrifices. Le dernier me ravageait encore le coeur et m'étreignait l'âme.

Et si je baissais les yeux et les bras, et si je laissais Eldwin m'imposer sa religion, aurais-je encore le courage de me regarder ?
J'étais sur une lame, en équilibre précaire et quelque soit le côté que j'allais choisir, j'allais y perdre des plumes et des libertés.

Les aînés, dans toutes les familles nobles, ont toujours ce pouvoir de plier les autres aux conventions. Je le savais. C'était ainsi, on n'y changerait rien.


J'observais Eldwin tourné vers la fenêtre. J'avais remarqué qu'il adoptait cette position lorsqu'il ne maîtrisait pas totalement la situation.
Il savait que je pouvais refuser, que j'en étais capable.
Mais l'étais-je réellement ?

Il avança vers moi, je soutins son regard. La tendresse et la douceur de sa voix me firent frémir. S'il était resté tourné vers la fenêtre, tout aurait été joué différemment.
Liens du sang qui se parlent, sans même avoir obtenu l'autorisation de n'importe quelle conscience. Il savait avant même que je n'ouvre la bouche, ce que j'allais dire.
Il allait remporté la victoire...trop facilement !

Non ! Je ne me laisserais pas mettre à terre ainsi !
Sans lâcher son regard, ma voix prit possession de l'espace nous séparant, calmement.

Je ne peux pas. J'ai...perdu la foi, cette foi dont ton habit porte les odeurs, je ne l'ai plus ou je ne l'ai jamais eue, comment savoir ?
Ma religion n'est pas plus obscure que la tienne ! Suis-je vilaine ? Est-ce que je comporte mal ? Est-ce que je suis violente ou est-ce que je manque de charité ?
Crois-tu que je ne donne pas aux pauvres ? Sais-tu que les cuisines sont ouvertes aux mendiants ? Est-ce toi qui l'as fait ? Me prends-tu pour un démon ? Crois-tu que ma vie soit un tissu de péchés ?
Tu parles de vraies croyances...Est-ce qu'il en existe seulement, des vraies croyances ?


Je ne m'étais pas emportée, je n'avais pas élevé la voix.
Et je continuai de même...
A chacune des paroles prononcées, je me sentais coupable

Mais...mais tu parles de notre famille...Et tu as raison, une fois encore, toi, Eldwin-le-Sage. Mon ton changea un peu, devint raillerie pour cette seule parole. Je repris, sans laisser le temps à Eldwin d'ouvrir la bouche, respectueusement, cette fois. Notre famille risque de souffrir, à cause de moi. Si l'on apprenait que Della de Volvent est païenne, l'opprobre serait jeté sur nous. Et ça...ça n'arrivera pas. Pas à cause de moi.
Je me levai enfin, quittant le doux réconfort de mon siège, je me tins face à Eldwin, ravalant jusqu'au dernier de mes arguments.
Que veux-tu que je fasse ? Vas-tu me trouver un confesseur pour que j'abjure la foi qui est la mienne au profit de cette fameuse amitié aristotélicienne ? Ou...Au fond de moi, je suppliais que ce ne fut pas son choix...vas-tu me renvoyer au couvent ? Je restai droite et digne dans ma défaite mais je ne pouvais imaginer quitter encore Beaumont pour des murs de cloître triste, j'avais besoin de cette terre et de ses fruits, pour vivre.
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Eldwin


Ses yeux plongeant dans ceux de Della Eldwin attendait une réponse. Il ne doutait pas qu'elle allait céder. Car après tout qu'avait-elle comme solution ? Et lui ? Et puis il ne pouvait en être autrement. Après un instant de flottement, elle lui répondit enfin, calmement. Et alors tous les espoirs d'Eldwin s'envolèrent au fur et à mesure qu'elle parlait. Elle n'avait plus la foi, elle insinuait même ne l'avoir peut-être jamais eu, foutaises ! A toutes ses questions il aurait pu éclater en une colère noire. Il aurait pu être plus méchant, avec de simples paroles, qu'il ne l'avait jamais été avec elle ou personne d'autre. Mais la colère l'avait abandonné. Il était tout simplement déçu par sa soeur, presque dégoûté ...

Il baissa le regard, ne voulant plus la regarder. Elle qu'il aimait tant mais qui en cet instant n'était qu'une étrange pour lui. Elle poursuivi, évoquant leur famille, les conséquences de ses croyances et termina en lui demandant ce qu'il voulait qu'elle fasse. La forcer ? Eldwin se contenta de secouer la tête. Il était dur, sévère, attendait beaucoup des autres, même des plus jeunes, affectionnait le respect, des règles, des personnes, mais il restait homme, et surtout il restait aristotélicien. Il ne pouvait forcer sa soeur à avoir la Foi. Cela devait venir d'elle.

Il releva la tête, la regarda, d'un regard empli de toute la déception qu'il avait en cet instant et sans dire un mot il tourna le dos à sa soeur une nouvelle fois. Joignant ses mains derrière son dos il approcha de la fenêtre, droit, fier, comme il l'était en permanence depuis qu'il avait reçu la lourde tâche de représenter, protéger et diriger sa famille. Il se contenta alors de quelques mots, dits à mi-voix, d'un ton abattu, comme lorsqu'un grand général voit son armée défaillir et doit se résigner à sonner la retraite.


Laisse-moi, je souhaite être seul ...
Della
Je m'étais préparée à tout ou du moins, je le croyais.
Mes réponses auraient suivi ses questions, mes arguments auraient continué la discussion qui serait devenue dispute et...au final, Eldwin m'aurait quand même mise dans sa poche. Je me serais remise à l'étude des textes du Livre des Vertus et j'aurais confirmé cette foi qui au demeurant, restait celle de mon éducation.

Sans que rien n'eût été joué ou répété d'avance, c'est ainsi que, inconsciemment, mon esprit avait projeté les événements.

Mais le voile que je vis dans le regard de mon frère balaya en une fraction de seconde chacun des plans établis en mon être.
Je tendis une main vers lui, j'avais envie de le toucher pour m'assurer que ce qui se déroulait là, devant moi, n'était pas un rêve. J'étais anéantie d'un seul regard...Le sol se serait ouvert sous mes pieds pour m'engloutir dans le plus profond des néants que j'aurais moins souffert qu'à l'instant présent.
Mais je ne pus toucher Eldwin...il se retourna, me tourna le dos.

Cette image du frère qui se détourne de sa soeur parce qu'elle l'a tellement déçu, tellement découragé, me brisa...Je n'étais plus rien à ses yeux.
Et sa voix, sa voix aussi brisée que moi me fit l'effet d'un coup de poignard.
Je n'étais plus rien, plus personne. Mon frère que j'aimais tant venait de me dire en un regard combien je le décevais.

Il est surprenant de constater comment un être humain peut passer de l'état d'anéantissement total à celui d'ouragan prêt à ravager la terre entière.
C'est exactement ce qu'il se passa.

Eldwin venait, par son attitude et ses mots, de me rejeter, de me sortir de notre famille. Je ressentais ça comme un abandon. Oui, il m'abandonnait, me laissait tomber, me renvoyait à l'état de sale gamine, il me reniait !

Mon sang eu le temps de faire au moins trois tours avant que ma colère n'explose, terrifiante, sans que je ne puisse rien y faire.

Je serrai les poings.

Ah non ! Non non non ! Ne te retourne pas ! Regarde-moi ! Et dis-moi en face que tu me hais !
Vas-y ! Ose dire ce que tu penses ! Ne te gène pas ! Personne ne t'entendra, à part moi ! Jette-moi dehors aussi, si telle est ta volonté mais ne te détourne pas !
Je n'aurais plus su m'arrêter, cette fois, j'étais tellement blessée que je ne craignais plus rien, même pas mon frère.
Renie-moi, brûle-moi sur un bûcher, fais savoir partout que je suis une sorcière mais fais ça en me regardant !
C'est trop facile...Regarde-moi !

La colère me dévorait, aidée en son oeuvre par une immense tristesse, un dépit qui ne devait plus avoir de fin.
Je tremblais de tous mes membres, mon coeur battait à tout rompre, mes tempes faisaient écho aux battements désordonnés, je cherchais un souffle que mes paroles déchaînées avaient accaparé.
Je souffrais et je cherchais à faire aussi mal à mon frère qu'il venait de le faire avec moi, sans même me rendre compte que les larmes avaient envahi le regard que je tenais pour rude.
Oeil pour oeil, dent pour dent...passage obligé, en mon inconscience, pour rétablir l'équilibre...Attitude ridicule aux yeux de certains mais qui mène le monde, malgré tout.

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Eldwin


Croyait-il qu'elle allait le laisser là, seul, à ruminer de sombre penser ? Peut-être l'avait-il espérer, cela aurait été plus facile pour lui. Mais pourtant il connaissait bien sa soeur, il aurait du se douter qu'elle ne s'en laisserait pas compter pour autant. Cependant il ne s'attendait pas à une telle tempête de colère. Et en réponse à cette colère, c'est la colère qui commença à remplir Eldwin. "Regarde-moi !" A ces mots Eldwin fit volte-face et affronta le regard et le visage plein de colère de sa soeur. Lui, pour sa part, présentait un visage froid, dur, sans aucune expression. Il savait contenir ses émotions même s'il bouillait à l'intérieur.

Alors qu'elle était ravagée par la colère et la tristesse, des larmes commencèrent à couler des yeux de Della. Pour autant Eldwin n'éprouva en cet instant aucune tendresse pour sa soeur. Elle l'avait tant déçu par ses paroles, et elle ne faisait qu'aggraver son cas, à ses yeux, en cet instant. Ses paroles irréfléchies blessèrent Eldwin. Comment pouvait-elle imaginer un seul instant qu'il puisse lui faire ou lui vouloir du mal ?! Elle qui partageait son sang ! A présent très en colère contre elle il s'avança, contourna le bureau et assena alors une forte gifle à Della. Et c'est d'un ton acerbe qu'il s'adressa à elle, la voix contenu, bien que sa colère ne demande qu'à éclater à son tour.


Tais-toi donc petite idiote ! Comment oses-tu t'adresser à moi sur ce ton ?!

Se reculant quelque peu il la toisa de toute sa hauteur et de son visage vieillissant aussi sympathique que celui d'un mort. Et c'est cette fois ci d'une voix plus forte et moins maîtrisée qu'il s'adressa à elle.

As-tu si peu confiance en mon amour pour toi pour que tu puisses croire que je te jette au bûcher pour tes croyances hérétiques ?! Petite sotte ! Je préférais mourir que de voir un membre de ma famille traîné sur la place publique et se faire lapider ! Surtout toi ! Mais pour qui me prends-tu ?!

Il secoua la tête, sa colère retombant quelque peu à présent. Sa déception, elle, restait et persistait, et ce serait le cas encore longtemps certainement. Même si Della faisait amende honorable ses paroles avaient blessées Eldwin au fond de lui. Peu de personnes pouvaient toucher en plein coeur cet homme que l'on disait insensible et froid. Mais Della, elle, savait très bien le faire. Il se retourna une nouvelle fois, fit quelques pas de long en large dans le bureau puis se retourna vers sa soeur. A présent il s'en voulait de son geste. Poussé par la colère il n'avait pas réfléchi et avait sûrement blessé sa soeur, comme elle avant avec ses paroles. Il se rapprocha d'elle. Et de nouveau la voix et le regard plein de tendresse pour elle, tenta de calmer les choses.

Je te prie de me pardonnez. Je ne voulais pas te frapper. Mais comprends-moi Della. Je ne peux supporter de te voir te perdre ainsi dans des croyances impies. J'ai beau t'aimer je ne pourrais supporter plus longtemps de te savoir égarée. Tu dois trouver la Lumière. Je ne peux pas t'y forcer mais je peux t'y aider.

Il s'approcha alors d'elle et prit ses mains dans les siennes, la regardant, à la fois plein d'amour pour elle, plein d'espoirs, lui demandant pardon du regard et en même temps très sûr de lui. Il l'aimait d'un amour fraternel inconditionnel. Mais il ne pourrait pas supporter de la savoir plus longtemps toujours adeptes de ses pratiques et croyances païennes.
Della
J'avais réussi ! Eldwin se retournait et me faisait face. Une face froide, dure de n'avoir pas de sentiments écrits en lettre de colère. Et ce regard, regard des Renart, capable de glacer jusqu'aux sangs sans sourciller. Regard que je maîtrisais tout autant. Regard que je ne baissai pas, malgré le brouillard des larmes enragées de détresse et de fureur. Regard que je tins jusqu'au moment où la colère d'Eldwin se matérialisa par cette gifle !

La gifle claqua et résonna en moi comme l'eut fait un roulement de tambour, mon coeur se souleva et mes jambes manquèrent de faillir. Tout et plus encore était arrivé.
Ma main se posa dans un geste apaisant sur ma joue en feu et la voix d'Eldwin tonna comme pour un bouquet final d'un feu d'artifice allumé par nos deux colères.

Je restai là, plantée, me tenant toujours la joue qui me rappelait à l'ordre, bien mieux que la petite voix intérieure de ma conscience. J'étais passée de l'état d'anéantissement à celui de l'ouragan colère pour terminer dans celui de l'abasourdissement.

Les mots prononcés me rassurèrent, mon frère m'aimait...encore et au moins autant que moi, je l'aimais.
La culpabilité commença doucement à me gagner.
C'était moi qui l'avait mis hors de lui pourtant, je n'aurais su expliquer mais il me semblait que ce passage était obligé. Que cet affrontement entre lui et moi était un mal nécessaire. Comme si nous étions en passe de prendre ou reprendre chacun une place que nous avions plus ou moins perdue, une place qu'il nous fallait reconquérir au prix d'un duel fraternel.

Chacun sait qu'il n'y a pas de heurt plus fort que celui qui voit se mesurer deux amours. Ce heurt peut faire des dégâts parfois irrémédiables mais peut aussi voir se lever les graines de l'entente retrouvée.
Cette dispute était prometteuse, dans notre cas. C'est ce que je ressentais au bout de cette joue brûlante.

Enfin, la tempête passée, lorsque Eldwin me prit les mains, que son regard cette fois, disait son amour pour moi, ce fut l'embellie.

Et je laissai couler les larmes...

Aide-moi, Eldwin...Montre-moi le chemin, fais-moi goûter à nouveau à la Vraie Foy. J'ai besoin de ton aide pour y arriver.
Un timide sourire se fraya un chemin au travers de l'eau de mon regard devenu humble presque suppliant, demandant non pas de la pitié mais une main à saisir pour me sortir d'un aveuglement qui n'avait d'autre raison que la rébellion devenue inutile et surtout imbécile.
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Eldwin


A présent totalement en pleurs sa soeur lui demanda de l'aider pour revenir sur le droit chemin. Eldwin aurait pu réagir comme il faisait souvent, jouer son grand vainqueur suffisant offrant faussement généreusement son aide. Mais cette fois ci, c'était différent. Il désirait vraiment venir en aide à sa soeur. C'était donc un grand soulagement qui l'habita en entendant les paroles de sa cadette. Et aussi une grande joie de savoir qu'il allait pouvoir apporter la paix à son âme, et aussi la sienne, tourmentée depuis qu'il avait découvert les égarements de Della. Il lui rendit son sourire, légèrement, puis lâcha ses mains, lui fit signe de s'asseoir et retourna à son fauteuil lui-même. Regardant sa soeur fixement il expira longuement, comme pour évacuer tous les choses mauvaises qu'il avait eu en lui avant.

Bien ... Heureux devoir que tu souhaites te repentir ...

Il se tut, ne sachant que dire. Il n'avait pas réfléchi à la suite. Il avait préparé ce qu'il souhaitait dire à sa soeur. S'était plus ou moins attendu à ce qu'elle réfute ses paroles, qu'une petite joute verbale, qui en était venu aux mains finalement, s'ensuive entre eux. Mais il n'avait pas réfléchi à la suite, ce qu'il devait lui dire à présent qu'elle acceptait de renoncer aux ténèbres pour rejoindre la Lumière. Il posa une main sur le bureau, délicatement, cette fois ci. Et il fit alors tapoter ses doigts les uns après les autres, réfléchissant. Après quelques petits instants il arrêta, regarda sa soeur de nouveau et continua.

Bien ... Avant tout je souhaiterais savoir dans quelles croyances tu t'es fourvoyée durant ce temps ou nous n'avons plus été en contact.
Della
Je me calmai tout autant que je voyais Eldwin s'apaiser.
J'étais heureuse, très heureuse même qu'au final, nous nous en sortions sans nous haïr lui et moi. L'amour, la haine...parfois tellement proches.
Je venais de céder une part de ce qui m'avait semblé être la liberté durant mes trois années d'égarement. Cela me paraissait normal de quitter un à un chaque des droits que je m'étais donnés maintenant que ma place dans la famille était en voie d'être redéfinie. Je séchai mes larmes.

J'observai mon aîné, décryptai chacun de ses gestes, de ses regards, de ses attitudes.
J'attendais la suite, imaginant mille choses que j'allais devoir accepter. Je n'ignorais pas les contraintes liées à la Vraie Foy mais j'étais prêtes à m'y plier de bonnes grâces puisque tel était mon choix.
Eldwin entama la mise à l'épreuve.
Je pris un temps de réflexion pour chercher les mots pour expliquer.


Je...le culte de la Déesse Mère et des dieux anciens...la religion dite ancienne ou encore païenne de racine celtique.
J'ai appris l'art des plantes et...
Je baissai le regard, histoire d'éviter "le" regard de Volvent...celui de la divination.
Je jouais machinalement avec mes mains tentant de ne pas faillir. Je ne voulais pas mentir et surtout plus décevoir mon frère mais il y avait certaines choses dont je n'étais pas capable de parler parce que pas assez loin dans mon initiation.
Par contre, je n'ai jamais été qu'une simple adepte et je n'ai jamais participer à aucune fête païenne. J'ai quitté l'enseignement avant d'avoir de pouvoir y participer.
J'espérais que ce fut un point positif, dans la situation où je me trouvais.
Si j'avais renoncé à continuer les enseignements druidiques, c'était pour rejoindre la Bourgogne. Peut-être avais-je été sauvée malgré moi...

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Eldwin


Alors que Della se calmait visiblement elle sécha ses larmes. La conversation allait pouvoir continuer sur des tons plus tranquilles, assurément. Elle ne répondit pas immédiatement, réfléchissant, visiblement. Eldwin se demanda alors si elle allait mentir. Puis il chassa rapidement cette pensée. La chose était trop sérieuse, et elle avait certainement conscience, pour qu'elle se joue de lui.

Et puis finalement elle répondit. Il n'avait eu aucune idée de ses croyances. Depuis qu'elle était revenu elle n'avait apparemment pas pratiqué. La maisonnée, qui l'avait espionné pour le compte du Renart n'avait rien remarqué, même pas les femmes de chambres. Elle avait donc adhérer à cela. La religion ancienne. Il se souvenait avoir étudié, il y avait longtemps, des textes faisant le récit de l'extermination des druides et autres prêtres païens aux premiers siècles de leur ère, alors que les romains avaient rejoins le culte aristotélicien. A l'évocation de la divination Eldwin ne réagit pas, mais n'en pensa pas moins. S'imaginer que l'on pouvait voir des choses du passé ou de l'avenir était tout simplement impossible et grotesque pour lui. Et pour sa part, cela s'expliquait par ce qu'ingurgitaient les personnes avant de s'adonner à la divination. Des plantes rendaient l'esprit fou. A ses derniers mots il hocha la tête, satisfait. Au final elle avait juste adhérer quelque peu à cette religion, elle n'y avait pas fait un très grand chemin vu ce qu'elle lui disait.


D'accord, très bien. Merci de ta sincérité Della. Ma foi, pour le moment, je pense que nous allons en rester là. Nous reparlerons de tout cela plus tard. De toute façon tu es baptisé, tu fais partie de l'Eglise. Tu dois seulement réapprendre à vivre dans la Vertu et le Bonheur. Je ne te demande qu'une chose, reviens à la messe, régulièrement, si ce n'est tous les dimanches. Pour le reste nous verrons, petit à petit.

Il se tut avant de prendre un regard interrogateur.

Des choses à ajouter ?

C'était là une bonne chose de faite et pour le moment Eldwin ne pouvait et ne voulait rien faire de plus. Sa soeur devait revenir à la messe, entre les lectures du Livre des Vertus, les sermons, les prières, réapprendre, doucement, à être une aristotélicienne. Et cela seul le temps pourrait le faire, pas un claquement de doigts. Et puis pour l'heure il avait aussi d'autres choses à préparer, des projets qui mijotaient sur le feu et qu'il ne fallait pas laisser brûler ...
Della
Un dernier hoquet me secoua que je tentai de dissimuler au mieux. C'est que le chagrin ne s'en allait pas aussi facilement.

Apparemment, la seule sanction actuellement était de devoir aller à la messe. Mais non, ce n'était pas une sanction, je me trompais...Les offices religieux me seraient une voie pour réapprendre à vivre en aristotélicienne, selon les préceptes de la Vraie Foy. Il me faudrait juste m'obliger à être attentive et à vraiment écouter les lectures et les sermons au lieu de bayer aux corneilles.
Je demanderai à Jullius de m'aider aussi dans ce chemin de reconversion. C'est que le petit bonhomme s'y connaissait en Ecritures ! Cette pensée me réconforta.

Bien, je me rendrai aux offices religieux, c'est promis. Et au besoin, j'imagine que tu pourras aussi me guider.
Un petit soupir ponctua ma phrase avant que je réponde par la négative d'un mouvement de tête à la dernière question de mon frère.
Je supposai l'entrevue terminée.


Puis-je me retirer ?
Je récupérai mes livres de comptes, j'avais encore à terminer certaines choses.
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Eldwin


Bien sûr, tu pourras compter sur moi.

Comprenant qu'Eldwin en avait fini et que tout s'arrêtait là pour le moment Della commença à ranger ses affaires après lui avoir signifié qu'elle n'avait rien à ajouter pour sa part. Alors qu'elle demandait à se retirer Eldwin se leva. Non sans noter les progrès de sa soeur. Elle n'entrait plus ne sortait d'une pièce comme une furie, elle prenait le temps de respecter certains usages, simples, qui pour certains paraissaient superflus mais ne prenaient que quelques secondes et n'avaient jamais tué un homme.

Tu le peux. Il ajouta, désignant les livres de comptes qu'elle tenait dans les mains. Rapporte-les moi un autre jours, j'aimerais les étudier même si je suis sûr que tout va très bien grâce à toi.

Il était heureux que les finances de Beaumont soient au beau fixe et s'accroissent. Ses projets nécessitaient d'importants investissements, et la fortune familiale héritée à la mort de son père commençant à s'essouffler quelque peu il était heureux que le vin de Beaumont commence à se faire de nouveau un nom et soit apprécié des grands de ce monde. Et puis si tout allait bien il aurait très bientôt une source de revenue qui ne le fatiguerait pas trop, au contraire, ce sera pour lui un plaisir ...
Della
Quelques jours après la gifle.

Le Livre des Vertus trônait comme un prince sur mon lit. Ouvert sur le chapitre de l'Eclipse dont j'avais entamé la lecture l'avant-veille mais sans parvenir à conclure. Il faut dire que j'avais eu à faire.
Quelques soucis dans un vignoble, deux ouvriers blessés lors du renversement de la charrette ramenant la commande de tonneaux et pour couronner le tout, la pluie qui s'était mise à tomber dru, menaçant de faire s'écrouler un morceaux du toit de l'aile droite !
Mais là, j'étais prête à m'y remettre !
Un plateau garni d'un pichet de bon vin, une grappe de raisins et quelques galettes...Tout ce qu'il fallait pour faire passer l'Eclipse !

Je venais de grimper sur mon lit, de déposer avec précaution mon plateau garni et enfin le fameux livre sur mes genoux, bien calée entre trois ou quatre oreillers.

    Je marchai donc sur un pont rayé de six couleurs, en destination de la lune, sous un ciel d’encre vide de toute étoile. Le trajet me sembla durer une éternité. Mais, alors que je commençais à désespérer de la distance qui me restait à parcourir, je perdis l’équilibre. En effet, les bandes de couleurs qui constituaient le pont que je traversais se mêlèrent en une seule et unique lumière blanche. Celle-ci, telle de l’eau, s'abattait sur la surface de la lune en une cascade laiteuse. Je m’effondrai pathétiquement au sol et, fortement agacé, me relevai, essuyant la poussière de mes vêtements.

    Tout autour de moi, je voyais un brouillard blanchâtre peu engageant. Il faisait...

Toc toc..Dame Della ? Il vient d'arriver un messager, pour vous.
Enorme soupir...Mais ce n'était pas dieu possible ! Encore dérangée ! Le ciel ne devait pas vouloir que je la lise, cette foutue Eclipse !
Sans bouger, je lançai un :

De quoi s'agit-il ?
Après tout, ce n'était peut-être qu'une futilité que je pourrais refiler à Pierre, le secrétaire de mon frère que j'avais tendance à accaparer comme mon secrétaire.
C'est un certain Jacquot qui dit venir de Chambéry, envoyé par un sieur du nom de Loctavia.
Loctavia...Loctavia...Ce nom me disait quelque chose, mais quoi ?
Oh ! Loctavia...Mais oui, ça y était, ça me revenait !

Vite, je sortis de mon lit.
Vlan, le plateau se renversa, envoyant pichet, fruits et galette valdinguer !
Je jurai en silence, rageai de ma maladresse en attrapant un châle que je jetai sur mes épaules pour venir ouvrir la porte à Pierre.
Celui-ci leva les yeux au ciel en apercevant les dégâts de mon saut du lit.
Je lui décochai un autre regard qui en disait long sur ce que je pensais !
Décidément, celui-là allait bien avec Eldwin, tiens !
Où est-il ce messager ?
Pierre m'indiqua l'entrée, en bas des escaliers.
Vite, il fallait que j'intercepte ce bonhomme avant qu'Eldwin ne le rencontre...


Le lendemain.

J'en avais rêvé toute la nuit. Pas moyen de trouver un sommeil réparateur, ce nom me trottait dans la tête...Il avait répondu à ma lettre. Il avait ainsi confirmé ce que j'avais bien cru comprendre, il était notre frère !

Je n'aurais su dire exactement ce que je ressentais, tiraillée que j'étais entre la colère envers mon père et l'excitation procurée par cette révélation.
Bien que je ne nourrissais pas une grande affection pour ma mère, j'étais peinée de ce que mon père lui avait fait...un enfant dans le dos !
Pourtant, il ne fallait pas mettre de côté que jusque là, j'étais la seule dépositaire de ce secret, ce qui me procurait, je l'avoue, un certain plaisir.
Ouille, devrais-je me confesser, pour ça ?
Je ris...

Je riais et pourtant, je savais qu'il fallait que je parle de ça avec le chef des Renart...Eldwin !
Après tout, ce Loctavia était son frère à lui aussi !
Ce qui me faisait...trop de frères !
Pourquoi étais-je restée la seule fille en vie ?

Je relus une fois encore la lettre que Jacquot m'avait laissée.
Aucun doute n'était possible...

Je pris donc mon courage à deux mains. Ah ! Que n'en avais-je quatre !
J'emportai mes livres de comptes que Eldwin avait demandé à voir, j'emportai la lettre et je me rendis auprès de mon frère, un tantinet curieuse de voir comment il allait réagir, lui, le Sage !

Comme l'entrevue était d'importance, je frappai à la porte du bureau.

Eldwin ? Si tu avais un peu de temps, j'aimerais te parler...
Je n'entrai pas, cette fois, tenant à ne pas mettre mon frère de mauvaise humeur...
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Eldwin


Aujourd'hui il ne faisait rien. Etrange, pour lui, qui était toujours affairé. Il ne lisait même pas. Assis dans son fauteuil il somnolait presque, pensant et réfléchissant à moult choses, importantes ou non. Cela allait de savoir ce qu'il mangerait au prochain dîner, à la réussite capitale de B.O.U.M. aux prochaines élections ducales en passant par l'organisation mentale d'une chasse prochainement, ses chiens manquant quelque peu d'exercices. C'est donc pour une fois avec plaisir qu'il entendit toqué à sa porte. Cela signifiait pour lui quelque chose d'intéressant à faire. Etonné en entendant la voix de sa soeur il répondit malgré tout, assez fort pour qu'elle entendre.

Entre Della !

Eldwin n'était pas dupe, sa soeur avait beau changer, s'améliorer, ce comportement était étrange. Néanmoins plutôt que de se demander ce qui nécessitait de la part de sa soeur tant de précautions pour lui parler il la regarda entrer dans le bureau, lui sourit un peu et l'invita à s'asseoir en face de lui. Voyant qu'elle tenait les livres de comptes dans ses bras il se dit que peut-être certains chiffres n'étaient pas bon malgré les bénéfices que rapportaient les vignes de Beaumont. Il resta silencieux, laissant sa soeur s'installer et initier la conversation.
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