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[RP] Beaumont - Renart mais pas goupil !

Della
Je ne me fis pas prier et j'entrai donc dans le bureau de mon frère.
Un rapide coup d'oeil sur la table de travail m'intrigua. Eldwin ne faisait rien ! Etait-ce possible ? Même pas un livre, même pas un parchemin...C'était inhabituel.
Je voulais être certaine de ne pas mal tomber.

Je ne te dérange pas ?
Mais l'invitation faite à m'asseoir me rassura. Je ne le dérangeais pas...peut-être même allais-je lui procurer de quoi ne pas s'ennuyer davantage. Il fallut que je morde ma lèvre inférieure pour empêcher le petit sourire moqueur qui menaçait de s'étaler de tout son long au milieu de mon visage. J'avais du mal à maîtriser ce côté canaille en moi...

Après avoir pris place, après avoir rendu son sourire à Eldwin...diantre, était-il malade ?...Je toussotai un peu pour me donner contenance et assurer ma voix.
Tendant les livres de comptes, j'entamai la conversation.

L'autre jour, tu m'as demandé à voir les comptes...Alors si tu en as le temps et l'envie, voilà. Tout est à jour.

Je gardai bien évidemment la lettre sur mes genoux et cherchai le courage de lui en parler en noyant un peu le poisson.
Tu verras que les finances sont bonnes et que malgré l'accident de la charrette, la perte des trois tonneaux écrasés ne sera pas trop grave. Il faut dire que c'est un ami de Sémur qui me les fabrique et il me les vend à un prix fort intéressant. J'ai veillé à ce que les ouvriers blessés soient aidés. Je leur ai fait porter de la nourriture, pour leur famille ainsi que quelques médications pour les aider à se rétablir.

Je laissais Eldwin ouvrir les livres et...je repris...sur le même ton.
Lorsque tu auras fini, il faudrait que tu voies ceci.

Je lui tendis alors la lettre de Loctavia en continuant...
Il y a quelques temps de cela, j'ai découvert qu'il se pourrait que nous ayons un...Je cherchai le regard d'Eldwin, non pas, comme je l'avais pensé auparavant pour y déceler une lueur furieuse ou étonnée mais bien parce que nous étions frère et soeur et que dans ces cas-là, la solidarité fraternelle était nécessaire. Enfin, lis, tu verras...
La lettre était sans équivoque...
Citation:


Chère Dame Della De Volvent,

Comment pourrait-on trouver audacieux et cavalier que vous preniez la peine et le temps de m'écrire lorsque l'on connaît votre condition et ce qui l'éloigne de la mienne... C'est un double honneur que vous me faîtes, d'une part en m'accordant votre attention, d'autre part en me révélant des vérités que j'ignorais et qui ne peuvent que me réjouir.
Permettez-moi de vous expliquer ma situation après que les personnes m'ayant élevé m'ont éclairé à ce sujet. Et veuillez accepter toutes mes excuses pour les peines que je pourrais vous infliger concernant feu votre père.
Dame Heliabel, la jeune femme dont vous avez retrouvé les lettres, s'est trouvée être la maîtresse de votre père il y a de cela 24 années. C'était une paysanne de Chambéry, une jeune fille plutôt simple qui aura attiré l'attention de votre père pas sa candeur et sa joie de vivre qu'on disait fort appréciées. Leur liaison, bien que plutôt brève, suffit à mettre cette demoiselle enceinte, et quelques mois plus tard, je naquit, fruit d'une union qui n'aurait jamais dû être mais que l'on ne pouvait plus ignorer. Votre père, durant tout ce temps, fut grandement bon pour ma mère. Il fit en sorte que sa maternité ne lui cause aucun tort, et s'engagea à prendre soin de mon cas, de manière indirecte certes mais fortement engagée.
Ainsi me plaça-t-il, en accord avec ma mère, auprès d'Hector et Valentine, deux paysans de sa connaissance qui désespéraient de n'avoir point d'enfant, et dont l'âge avancé laissait peu d'espoir à ce sujet. Il prit la peine de leur expliquer sa situation, ne leur cachant rien et faisant preuve d'une grande honnêteté. C'est ainsi que j'ai grandi, ignorant mes origines, au sein d'une famille que je croyais mienne et que je ne saurais renier aujourd'hui.
Voilà donc la médiocre réalité de ma destinée : suivant le chemin de mes parents adoptifs, je ne suis moi-même qu'un simple paysan. Conscient du trouble et du déshonneur que peut causer mon existence auprès des vôtres, je ne saurais vous demander de m'accorder plus d'attention. Sachez tout de même que j'aurais grand plaisir à correspondre encore avec vous, et à connaître les enfants de celui que je n'ose considérer comme mon père sans risquer de vous blesser, mais pour qui j'ai une très grande estime.

Dans l'attente de votre éventuelle réponse, veuillez donc recevoir, chère Dame Della, l'assurance de mon plus grand respect.

Messire Loctavia


Les secondes passèrent...longues et lourdes...
_________________
Eldwin


Eldwin prit les livres de comptes que sa soeur lui tendait et alors qu'elle lui parlait d'un petit accident de charrette et de ses conséquences il parcourut les lignes de chiffres l'écoutant distraitement. Bien entendu il lui faudrait y regarder avec plus d'attention mais tout semblait en ordre à première vue, comme le lui avait assuré Della. Après un petit silence sa soeur l'informa, d'un ton égal, qu'elle souhaitait lui montrer quelque chose. Intrigué il releva la tête et arrêta sa lecture, observant sa soeur, attendant qu'elle comble sa curiosité. Della lui tendit alors une lettre qu'il prit. "Qu'il se pourrait que nous ayons un ..." un quoi ? Eldwin était tout à fait intrigué. Et il n'avait toujours rien dit. Il déplia la lettre et la lut alors.

Des les premières lignes Eldwin fronça les sourcils. Sa soeur avait découvert quelque chose et ne lui en avait pas fait part. Et visiblement cela concernait son père. Son père ?! Que venait l'ancien renart dans tout cela ?! Il releva un instant la tête, et regarda sa soeur, ses yeux mélangeant étonnement, incompréhension et un certain agacement. Puis il reporta son attention sur la lettre et reprit sa lecture. En lisant que son père avait forniqué avec une roturière, durant ses voyages, qui avait engendré un bâtard une sourde colère s'empara d'Eldwin. Il lut le reste de la lettre distraitement et lorsqu'il eut terminé il laissa négligemment la lettre sur son bureau et se leva, gagnant la fenêtre, comme il le faisait souvent pour réfléchir et en l'occurrence pour se calmer.

Son père, Jules de Volvent. Ce grand homme qu'il avait toujours admiré, adulé, qui lui avait tout appris de l'art de la politique, de la stratégie, de la guerre. Lui qui lui avait montré comment devenir un meneur, un homme fort, un grand homme. Cet homme se révélait aujourd'hui aussi vil que tant d'autres. Certes il était courant que des nobles prennent maîtresses ou s'amusaient dans certains lieux peu recommandables. Mais il pensait que son père était au dessus de ces bassesses humaines. Et surtout il pensait qu'il aimé trop leur mère pour la trahir ainsi. Cette femme qui l'avait tant aimé, lui l'aîné, l'avenir de leur famille. Elle avait été plus là pour lui que tous ses autres frères et soeurs, c'était vrai, il prenait donc la trahison de son père comme une trahison contre lui.

Il se retourna vers Della, toute colère disparut, avec seulement une grande et amère déception. Sa soeur ne comprendrait peut-être pas. Eldwin avait toujours eu un rapport différent, privilégié, avec son père comme sa mère. Ainsi il prenait les choses beaucoup plus à coeur, les concernant, que les autres membres de sa fratrie.


Comment a-t-il put faire cela ?! Un bâtard ! Comment a-t-il put ainsi trahir notre mère ?!

Eldwin secoua la tête, dépité. Il regagna son fauteuil où il s'assit, décontenancé. Secouant de nouveau de nouveau la tête, n'arrivant pas à comprendre comment cela était possible, tout ce qu'il pensait de son père allant en contradiction avec une telle attitude.

Quelle honte pour notre famille ...
Della
Pendant que mon frère lisait, je sentis la peine et la déception prendre possession de lui.
Lorsque j'avais découvert les lettres, que je ne montrerai probablement pas à mon frère, je n'avais pas vraiment ressenti de tristesse. Plutôt de la curiosité.
Mes parents n'avaient jamais réellement noué de liens entre eux et moi, me laissant parfois cette amère impression que j'étais quelqu'un d'inutile, dont ils se seraient bien passés. Il faut dire qu'après mes frères et soeurs, j'étais arrivée comme un cheveu dans la soupe et que ma mère s'était dépêchée de me mettre en nourrice.
Pourtant, à travers ce que mon frère vivait, à cette lecture, je commençais moi aussi à me sentir en colère.
Non pas à cause de la trahison de mon père envers ma mère mais bien à cause de la trahison qu'il imposait à Eldwin.
Les rapports entre les membres d'une même famille sont ainsi complexes et tortueux à souhait...J'aimais Eldwin et je souffrais de sa souffrance.

Son amertume était palpable lorsqu'il se planta devant la fenêtre et si je n'avais pas craint de me faire rabrouer, je me serais levée pour le prendre dans mes bras et tenter de le consoler. Mais je n'imaginais que trop bien ce qu'il aurait dit...et je ne bougeai pas, serrant mes mains l'une contre l'autre.

Je cherchai son regard lorsqu'il posa la question de la trahison...Je ne savais que trop bien comment un homme pouvait trahir la confiance qu'une femme mettait en lui. Je me forçais à oublier le chagrin qui me dévorait lentement lorsque mes pensées osaient s'envoler mais la blessure était là, béante et purulente.
Les hommes, oui, je généralisais parce que je les pensais exactement tous pareils à l'exception d'Eldwin, ne se privaient pas de se moquer des femmes, c'était là la leçon que j'avais reçue et qui avait tendance à se matérialiser très souvent, trop souvent.

Il fallait que je trouve des mots pour apaiser le coeur de mon frère...le détourner de cette image de notre père.

Cet homme, ce Loctavia...il n'y est pour rien. Il semble être quelqu'un de brave. Peut-être...j'aimerais lui répondre, avec ta permission, bien entendu, pour lui parler de nous, nous sommes...Arf, ce mot qui à moi ne semblait en rien honteux, allait, je le sentais, rendre furieux Eldwin mais c'était évident...Il est notre frère, Eldwin. Nous devons être charitables envers lui. Mes lectures des Ecritures me servaient à quelque chose ! Même si je n'avais pas besoin de ça pour être charitable...
_________________
Eldwin


Sa soeur, comme réponse, lui parla du bâtard de son père. C'est ainsi qu'il le voyait à présent. Il était la preuve vivante de la trahison de son père, de sa faiblesse, de sa bêtise. Il représentait, pour Eldwin, la fracture de l'image de son père qu'il avait ressenti en apprenant sa tromperie. Il aurait pu songer à une erreur, ou pire, de fausses révélations, mais instinctivement il savait que la chose était vrai et il ne pensa donc même pas à contester la chose, cela aurait été stupide et vain. Leur frère ? Être charitable envers lui ? Eldwin était incapable de considérer cet inconnu comme son frère et de lui offrir quoi que ce soit en cet instant. Il ne connaissait rien de lui, sauf son prénom.

Néanmoins sa soeur avait raison. Par leur père il était un membre de leur famille. En tant que bâtard il n'aurait droit à rien, surtout que son père n'avait jamais fait mention de lui avant sa mort et n'avait pris aucune disposition pour cet enfant caché une fois qu'il aurait quitté cette terre. Mais il était malgré tout un membre de leur famille. Eldwin lui ne voulait rien faire, que Della se propose était une bonne chose, lui, n'avait pas envie de faire le premier pas.


Réponds-lui. Fais ce qu'il te plaît avec lui, personnellement , et je pense que tu peux le comprendre, je ne suis pas disposé à faire quoi que ce soit pour me rapprocher de ce bâtard.

Il avait presque cracher les premiers mots. Il ne savait pourquoi mais il était naturellement hostile à Loctavia, alors qu'il était peut-être un homme charmant et à la compagnie agréable. Eldwin savait que cela lui passerait, mais les choses étaient encore trop "fraîches" pour qu'Eldwin accepte ce demi-frère. A travers Loctavia c'est surtout à son père qu'il en voulait et c'est contre lui qu'il était en colère.
Della
Je hochai la tête dans un acquiescement passif.
Bien sûr que je comprenais. Le fils était trahi par son père, au travers d'actes anciens dont l'aujourd'hui portait la marque, indélébile et déshonorante.

Je répondrais à Loctavia, poussée par la curiosité mais aussi par un nécessaire besoin de réparer ce que notre père avait fait, pour atténuer la faute dont je savais qu'Eldwin souffrait.

Bâtard...ce mot était en lui-même une infamie, une honte.
Pourtant les Renart comptaient dorénavant un bâtard. Il faudrait faire avec.
Je me projetais dans un avenir qui n'aurait peut-être jamais lieu, imaginant ce frère tombé du ciel venir nous rejoindre, en Bourgogne...

Je pensai alors qu'il valait mieux laisser Eldwin, seul, un moment.
Cet homme avait les épaules larges mais la déception était lourde à porter.

Je me levai donc et pris la direction de la porte. J'allais poser la main sur la poignée lorsque je me retournai vers Eldwin.

Ne porte pas le fardeau qui ne t'appartient pas, Eldwin. Toi non plus, tu n'y es pour rien...
Un sourire de réconfort et d'encouragement...pour qu'il sache qu'il n'était pas seul.
A tout à l'heure.
Je quittai le bureau pour me rendre à la chapelle.
_________________
Eldwin


Eldwin observa sa soeur se lever et se diriger vers la sortie, se retourner, et lui dire quelques mots. Ces quelques mots lui firent beaucoup du bien même s'il n'en montra rien se contentant de hocher la tête alors que Della quittait son bureau. Il était vrai qu'il n'était responsable de rien. Il ne devait pas se sentir fautif pour les fautes de son père. Néanmoins aujourd'hui c'est lui était le Renart, celui qui dirigeait la famille de Volvent. C'était donc lui qui devait avoir la responsabilité de décider du sort de cet homme. Allait-il le reconnaître et ainsi l'intégrer officiellement à la famille ? Allait-il le le renier, alors même qu'il n'était pas encore un véritable renart ? Eldwin n'en savait rien, pour le moment il était toujours en colère, contre son père pour avoir ainsi trahis sa mère, et aussi un peu contre ce demi-frère, ce bâtard, qu'il ne connaissait pas encore mais considérait comme un rival, une gêne.

Et pourtant, resté seul, réfléchissant à la situation Eldwin prit une décision, même s'il ne savait comment il réagirait lorsqu'il rencontrerait ce fameux demi-frère. Il se leva et prit un lourd et imposant ouvrage dans sa bibliothèque, sur la couverture de cuir seul figurait le blason de sa famille. C'était dans ce livre qu'était inscris tout ce qui se rapportait à la famille, à l'un de ses membres. C'est dans cet ouvrage qu'il avait trouvé la preuve permettant d'identifier Oderay comme étant bien leur cousine. Il l'ouvrit à la page de l'arbre généalogique et ajouta alors Loctavia. Preuve que malgré ses pensées il acceptait officiellement ce bâtard en leur famille. Refermant "Le Livre des Renarts" il le remit à sa place et se posta devant la fenêtre de son bureau, observant l'horizon, perdu dans ses pensées.
Ganju


Ganju était vêtu de ses plus beaux habits, il arborait son mantel noir sur lequel étaient brodées les armoiries des Volvent et avait fait confectionner par Sid de nouvelles bottes. En effet aujourd’hui il allait revoir sa famille, et pas besoin de rajouter à sa longue absence, le fait qu’il ne vivait plus aux modes de son rang social.
Il était tendu, en effet, après le décès de ses parents, c’est son frère qui gérait la famille. Comment celui-ci allait il réagir à ce retour inattendu? Cette question avait trotté dans sa tête pendant tout le trajet, et elle ne cesserait de le faire que lorsqu’il verrait la dite réaction.

Il frissonna en entrant dans la cour de la demeure familiale, tant de souvenirs revenaient à lui en ce moment. Il vit au loin les prairies dans lesquelles il jouait gaiement, lors de son insouciante jeunesse à Beaumont, se roulant dans l‘herbe au grand désespoir de feu sa pauvre mère, qui essayait tant bien que mal de lui inculquer les savoir vivre qu’il se devait d’afficher.
La rivière qui le faisait tant rêvé, et qui, quand il était plus jeune, lui avait donné l’envie de devenir navigateur, rêve qu’il avait bien vite abandonné. Il s’était même promis de naviguer dessus un jour. Cette fougue qui l’avait habité durant son enfance le fit sourire.

Cette même fougue qui l’avait poussé, à la mort de ses parents à quitter le cocon familial pour découvrir le monde. Ses découvertes l’avaient mené jusqu’en Artois, où il avait vécu quelques années, mais cela était du passé. Maintenant il était là, et compter bien y rester, si bien sur, Eldwin l‘acceptait.
Il s’avança dans la cour, regardant, les yeux pétillants de nostalgie, les beaux murs de Beaumont. Il n’aperçut donc pas le seau qui traînait au sol, et se prit les pieds dedans. Il s’étala de tout son long, poussant un grand juron et se promettant de ne pas oublier de maudire sur vingt générations celui qui avait fait traîner cet objet.
Il avait l’air fin maintenant, lui qui avait fait l’effort de bien s’habiller pour faire bonne impression, et voila que pour un bête seau, il était aussi sale qu’un roturier.
Il se releva tout de même, et s’épousseta, tout en essayant de rester digne, mais son visage s’empourpra, de honte et de rage à la fois, entachant cette dignité.

Il continua d’avancer vers l’entrée de la bâtisse, faisant bien attention, cette fois, à l’endroit où il posait le pied. Et là une autre question lui traversa l’esprit, son frère allait il le reconnaître ou bien le prendrait il pour un gueux venu quémander un travail au domaine familial. Cette nouvelle interrogation eu un peu raison de sa détermination, et inconsciemment Ganju, ou plutôt Godefroy, puisque c’était son vrai prénom, ralentit le pas.
Eldwin


Les gardés postés à l'entrée du château, qui se trouvait juste après le pont permettant d'y accéder, avaient repéré depuis longtemps l'homme qui approchait. Dans la journée ils se contentaient de vérifier que les personnes allant et venant au château ne ressemblaient pas à des vauriens, ceux là étaient arrêtés avant de pouvoir pénétrer dans la cour du château. Mais l'homme en question n'avait rien d'un vaurien. Il était plutôt bien habillé, devait donc être de noble naissance, ou alors était un bourgeois bien riche. Et surtout, sur ses vêtements, apparaissait l'emblème de la famille de Volvent, que l'on retrouvait partout à Beaumont. L'homme devait donc être au service de la famille.

Eldwin était en son bureau lorsque Ganju arriva. Son bureau comportait deux fenêtre, l'une donnant sur la cour intérieur du château, très pratique pour observer les arrivants, et une autre sur les terres puis la forêt du domaine, plus agréable lorsqu'il souhaitait observer la nature pour réfléchir. L'été étant encore bien présent la fenêtre était ouverte pour laisser entrer la légère brise qui rafraîchissait l'air. C'est ainsi qu'Eldwin entendit quelqu'un mordre la poussière et surtout injurier la cause de sa chute comme un charretier. Eldwin aurait habituellement ignoré cela mais la voix qu'il entendit lui sembla ... familière. Il se leva donc de son fauteul, abandonnant son travail en cours et gagna la fenêtre donnant sur la cour.

C'est alors qu'il vit un homme, plutôt jeune encore, portant de beaux habits, à présent quelque peu poussiéreux, qui approchait à pas lents de l'entrée du château. La garde l'avait laisser passer et personne n'était encore venu l'accueillir. Se penchant un peu en avant pour mieux le voir Eldwin eut un mouvement de recul, son visage affichant l'étonnement, puis il se pencha de nouveau. Oscillant entre l'étonnement, la surprise, le doute et la joie il quitta la fenêtre, sortit de son bureau et gagna le vestibule où un serviteur s'apprêtait à accueillir le nouveau venu. D'un signe de la main Eldwin congédia l'homme et ouvrit une des deux grandes portes de l'entrée du château. Il s'avança sur le perron et fit alors face à l'homme.

Eldwin resta alors immobile, observant le jeune homme et posa alors alors une unique question, le visage presque souriant, le ton de sa voix mêlant une certaine angoisse, la peur de se tromper, et une grande allégresse, à la joie de retrouver ce jeune homme qu'il reconnaissait.


Godefroy ?! Est-ce bien toi ?
Ganju


Godefroy faisait face au deux lourdes portes qui obturaient l’entrée du château de Beaumont. Il s’arrêta un moment pour les détailler. Elles étaient faites de bois massif, et l'on pouvait observer le fer finement travaillé qui les ornaient, sûrement le travail d’un très bon forgeron.
Il regarda l’une des deux portes s’ouvrir, le cœur battant la chamade. C’était maintenant trop tard pour faire demi tour. Il s’épousseta une dernière fois, furtivement et fixa la silhouette qui apparaissait dans l'encadrement de la porte.


Il eu un petit sursaut de surprise en voyant Eldwin, en personne, sortir sur le perron. Ainsi, le Renart l’avait reconnu. Son visage était dur à déchiffrer, il semblait passer par beaucoup d’émotions à la fois, ce qui n’était pas fait pour rassurer Godefroy.
Il attendit donc que le Renart prenne la parole, pour savoir ce qu’il en était. Ce que celui-ci fit.

Godefroy ?! C’est bien toi ?

Cette question résonna dans l’esprit de Godefroy, premièrement parce que cela faisait longtemps que l’on ne l’avait pas appelé ainsi, le dernier à avoir prononcé ce nom était d’ailleurs Eldwin lui-même, lorsqu’il était partit. Deuxièmement, parce que cela faisait tout aussi longtemps qu’il n’avait pas entendu la voix de son frère.
Au bout de quelque secondes de silences il se décida à répondre.


Oui mon frère, c’est bien moi. Il y a fort longtemps que nous nous étions pas vu n’est-ce pas ?

Il montra le château d’un signe de la main, et ajouta.

Je vois que tu t’occupes bien du château… Père et Mère seraient fiers de toi, enfin je le pense.


Il décida de se taire, ne sachant pas si évoquer la mort de leurs parents était le meilleur choix pour des retrouvailles entre frères.
Eldwin


Aux premiers mots de son frère, confirmant son identité, Eldwin sourit légèrement. Alors qu'avec l'âge une certaine partie de lui devenait encore plus dur et intransigeante que d'habitudes une autre partie s'attendrissait, et cela ce remarquait par l'apparition de plus en plus familière d'un léger sourire sur le visage du Renart. En réponse à sa première question il hocha la tête, simplement. La dernière fois qu'ils s'étaient vu. Cela remontait à plusieurs années. Ganju avait suivi Thomas, lui aussi était parti de Beaumont. Mais ce n'était pas vraiment pour les mêmes raisons. Alors que Thomas avait fui des parents le délaissant au profit de leur aîné, Ganju lui était parti à la découverte du Royaume, encore jeune et insouciant. Comme Della, et au contraire de Thomas, il ne semblait pas avoir souffert du peu d'attention et d'affection de leurs parents.

Ses parents ? Fier de lui ? Sa mère peut-être, assurément, même, quoi qu'il fasse il avait toujours été son "adoré", comme elle le disait si bien quand elle était encore parmi. Son père par contre, éternel insatisfait, aurait sûrement dit qu'il pouvait encore et toujours faire plus. Et il n'aurait pas eu vraiment tord, il fallait bien l'avouer. Mais Eldwin avait encore le temps de faire plus. Il haussa légèrement les épaules.


Je ne sais pas. Enfin, quoi qu'il en soit le château est toujours debout, même si certaines parties méritent une réfection. En tout cas je suis heureux de te revoir, bon retour chez toi, mon frère. Mais ne reste pas là, entre, suis-moi.

Il lui fit signe de le rejoindre et d'entrer puis le conduisit jusqu'au salon où ils s'installèrent. On leur apporta, vin, eau et divers mets et Eldwin dit quelques mots à une servante avant de s'adresser à son frère.

Va chercher Della. Alors Godefroy, comment se fait-il que tu sois de retour à Beaumont, que deviens-tu ? La dernière fois que nous avons correspondu il me semble que tu étais en Artois, n'est-ce pas ?

Godefroy était plus jeune que Thomas, et d'une certaine manière plus proche d'Eldwin. Alors que la rivalité avait toujours été de mise entre Thomas et Eldwin, le premier convoitant la place du deuxième, c'est l'amour fraternel qui avait toujours été de rigueur entre Eldwin et son petit frère. Quand il était parti il était donc resté en contact avec lui, contrairement à Thomas qui était parti sans plus jamais donner signe de vie, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent, dernièrement, à Rome. Mais cela faisait à présent plusieurs mois qu'Eldwin n'avait pas eu d'échanges de lettres avec Ganju, il ne savait donc pas ce que ce jeune renard était devenu ces derniers temps.
Della
Ce que Eldwin ne vit pas, c'est la grimace que fit la servante à ses paroles concernant la quête de Della...et pour cause ! C'est que la blonde était...

Quelque part, entre les vignes.

Regarde Jullius...Tu vois, ce sarment, il faut le couper, juste un peu, ici.
Joignant le geste à la parole, d'un coup net, je sectionnai l'extrémité de la fine branche.
Par contre, celui-ci, il lui faudrait un peu de soutien parce que le poids des grappes risque de le rompre.
Jullius me tendit un lien, un grand sourire dévorant son visage.
Parfait !
Je liai soigneusement le sarment à son support.

Della, regarde, c'est Louizon, on dirait qu'elle te cherche.
En relevant la tête, j'aperçus effectivement la servante arriver vers nous...Qu'est-ce qu'on me voulait encore ?
J'avais de moins en moins de temps pour venir travailler aux vignes et pour une fois que j'avais réussi à m'y atteler, on me cherchait déjà !
Je soupirai profondément, essuyai mes mains sur le grand tablier qui recouvrait mes vêtements et allai à la rencontre de la brave Louizon qui me dit, un peu gênée, que j'étais attendue au château.


Quelques dix ou quinze minutes plus tard...devant les portes ouvertes du salon.

Encore une visite ! Qui cela pouvait-il bien être ? Je plissai les yeux afin de distinguer quelques détails de la silhouette qui se tenait à contre-jour et dont je ne pensais pas connaître l'identité.
Eldwin semblait en grande conversation...Pourquoi avait-il besoin de moi ? Un marchand cherchant un bon vin à exporter, peut-être ?
Cette idée me mit immédiatement de bonne humeur et je signalai ma présence par un
Hum hum...J'avançai encore, prête à saluer le potentiel acheteur...
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Eldwin


Une voix, féminine, qui s'éclaircit. Eldwin se retourne et découvre Della à l'entrée du salon. Il regarda sa soeur et ses yeux se posèrent sur ses vêtements, à hauteur de ses genoux. Elle semblait étrangement sale. Et vu le temps qu'elle avait mis pour arriver elle ne devait pas être au château mais encore une fois en train de s'amuser dans ses vignes. Il fronça légèrement les sourcils mais rapidement reprit un visage avenant. Ce n'était pas le moment de parler de cela, alors que son jeune frère était de retour à la maison. Et surtout cela n'aurait pas été nécessaire. Tant que sa soeur vivrait à Beaumont sans une vraie vie de famille il ne pourrait l'empêcher de s'occuper des vignes des terres familiales.

Ah Della ! Entre, viens voir qui nous arrive et revient à Beaumont !

Tout en souriant légèrement il montra de la main leur frère qui était assis à quelques mètres d'elle.
Della
Qui revient à Beaumont...?!
Y avait-il encore tant de monde qui pouvait revenir ?

Le sourire d'Eldwin me parut étrange...Il souriait rarement sauf à ses enfants...Alors, quelle pouvait être la raison de ce sourire-là ?

M'apprêtant à saluer respectueusement, comme une fille bien élevée devait le faire, le visiteur, me posant encore pas mal de questions et surtout, très curieuse, je fis encore deux pas...et le troisième resta en suspend.

Je restai figée, pétrifiée. J'aurais bien pu me frotter les yeux, comme le font les enfants, mais je me contentai de regarder ce fameux visiteur, des pieds à la tête, fixant enfin son visage, ses traits, ce regard...le même, encore...

Autant revoir Eldwin et Thomas m'avait emplie de joie, autant je devais me souvenir de Godefroid...
Godefroid...Oh, il ne me fallut que quelques secondes pour le reconnaître pourtant, la dernière fois que je l'avais vu était bien lointaine...Godefroid...Quelques rapides images défilèrent dans ma tête...Et enfin, un sourire naquit et mon regard s'alluma de contentement. Godefroid était rentré !

Un coup d'oeil à Eldwin, toujours souriant...et je quittai, l'espace d'une embrassade, le rôle de la jeune fille bien éduquée, pour serrer le visiteur !
Aussitôt...je repris une attitude digne en lançant un clin d'oeil à l'aîné dont le sourire avait du disparaître.

Hé bien, pour une surprise, c'en est une de taille !

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Ganju




Godefroy suivit son frère dans le salon. Il s’y installa, et observa les mets qu’on leur apporta, du vin surement de Beaumont, il avait aperçu les vignes en bon état en arrivant.


Va chercher Della.


Cette demande à la servante, venant de son frère le surpris. Alors Della était encore ici ? Il n’avait même pas pensé à cette éventualité. La revoir lui ferait le plus grand plaisir. Il se souvenait de sa petite tête blonde.

Alors Godefroy, comment se fait-il que tu sois de retour à Beaumont, que deviens-tu ? La dernière fois que nous avons correspondu il me semble que tu étais en Artois, n'est-ce pas ?


La nostalgie de la famille, vous me manquiez, tous autant que vous êtes. Hum, l’Artois…Quelques soucis m’ont obligé à quitter cette contrée. Mais c’est une longue histoire que je vous conterais plus tard.

La conversation continua ainsi jusqu’à l’arrivée de Della. Il sourit lorsqu’elle le dévisagea, mais ne manqua pas d’en faire autant. Elle était devenue une ravissante jeune femme, un peu sale mais plutôt belle. Ses long cheveux blonds mettaient en valeur ses beaux yeux bleu.

Il sourit lorsqu’elle s’emporta, et la serra furtivement dans ses bras. Il remarqua son clin d’œil à Eldwin, qui lui arracha un petit rire.


Je suis content de te revoir Della.
Eldwin


Eldwin fut à la fois étonné et touché par les paroles de son jeune frère. Il n'était pas habituel, dans leur famille, de faire état de ses sentiments, même si on n'en pensait pas moins. Mais il savait ce que cela faisait de retrouver les siens, la terre de son enfance, de ses ancêtres. Il avait ressenti la même chose en revenant à Beaumont. En évoquant l'Artois, que le Renart n'avait jamais visité, son frère éveilla des images d'une terre ravagée par l'hérésie dans la tête d'Eldwin.

L'attitude de Della lui fit lever les yeux aux ciels, mais malgré cela Eldwin souriait, légèrement. Il avait fini par se résigner. Il ne pourrait changer sa soeur de force. Et puis, il devait bien se l'avouer, il aimait le naturel de sa soeur. Après tout, en famille, les faux semblants ne devaient pas être de mise. Puis revenant à des considérations plus terre à terre Eldwin interrogea Godefroy.


Souhaite-tu t'installer à Beaumont ? Tu y es le bienvenu, bien évidement, comme je te l'ai déjà dit.
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