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[RP] Beaumont - Renart mais pas goupil !

Keltica
Il faisait froid ce matin-là, quand Keltica arriva devant la demeure de Beaumont où vivait son amie Della. Mais quelque chose de plus froid encore s'immiscait dans l'air ambiant, et Keltica s'arrêta devant les grilles, hésitante. Son instinct lui disait de ne pas faire tinter la cloche, et pourtant son bras se leva et tira le fin cordon , faisant retentir une légère mélodie argentine.

En attendant l'arrivée de quelqu'un, Keltica rajusta la petite couverture dans le couffin qu'elle portait, souriant tendrement vers les petits babillages...

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Elinor.
L'automne avait peu à peu déplumé les arbres de leur verdure pour parer la cour d'un tapis de feuilles aux tons jaunes et orangés. Le vent froid de cette fin de saison s'amusait à les faire virevolter en une danse tourbillonnante que la jeune fille aimait à observer. Savourant la brise sur son visage, Elinor interrompit sa marche et ferma les yeux quelques instants pour écouter le doux bruissement des feuilles autour d'elle. Elle aimait le sifflement du vent dans les branchages et le froissement de la végétations sous ses bourrasques. Au loin, elle entendit sonner les cloches de la chapelle, où elle s'était rendu un peu plus tôt pour honorer la mémoire de son oncle et de son père. Ils avaient rejoint le Très-Haut il y a peu et leur disparition était encore très douloureuse pour Elinor.

Une autre cloche sonna soudain, bien plus proche que celles de la chapelle. Surprise, la jeune fille rouvrit les yeux et tourna son regard en direction de la grille d'entrée. Une femme se tenait là avec dans ses bras ce qui ressemblait à un couffin. Curieuse de cette visite, Elinor se dirigea vers elle pour l'accueillir.


Bonjour Dame, je suis Elinor de Volvent. Je ne crois pas vous connaitre. Que puis-je faire pour vous?
Keltica
Un instant détournée des lieux pour ne plus penser qu'au petit être dans son couffin, Keltica retint un sursaut quand une voix s'éleva près de la grille ; ce n'était pas celle de Della... Elle releva son visage et vit une charmante jeune fille qui s'avançait vers elle.

Bonjour Damoiselle ; pardonnez-moi d'arriver ici sans m'être faite annoncer... Je m'appelle Keltica, je suis une amie de Dame Della de Volvent, et j'étais venue lui rendre une visite amicale...

Plus elle parlait, et plus elle avait l'impression de ne pas être à sa place ; une atmosphère particulière entourait le domaine, et Keltica se maudit intérieurement de ne pas avoir retenu sa main, ni choisi un autre jour.

Si... si Dame Della est absente, ou occupée, ce n'est pas grave du tout...
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Elinor.
L'inconnue redressa brusquement la tête en entendant la voix d'Elinor et parue légèrement surprise, ce qui confirma sa première impression; elle ne l'avait pas aperçue alors qu'elle se tenait à quelques pas en retrait, sous les arbres de la cour. Un peu gênée d'avoir ainsi effrayé la femme et son enfant, la jeune Volvent esquissa un sourire qui se voulu rassurant, mais en l'écoutant se présenter elle eut le sentiment que la visiteuse était toujours mal à l'aise. Peut-être avait-elle peur de déranger la famille en cette période de deuil. C'était compréhensible, mais un peu de compagnie ne pourrait que leur faire du bien et chasser leur peine durant quelques instants.

Ma tante doit être dans son bureau, plongée dans une montagne de parchemins. Elle est très occupée depuis que... depuis qu'elle a du reprendre les rênes de la famille.

"Depuis que mon père est mort", pensa-t-elle avec un pincement au cœur. Ses yeux se voilèrent légèrement. Combien de temps lui faudrait-il encore pour qu'à cette pensée elle ne ressente plus cette vive douleur au fond de ses entrailles? Détournant le regard vivement elle se força à chasser les larmes qui pointaient le bout de leur nez. Se tournant à nouveau vers la jeune mère elle lui adressa un sourire chaleureux en se frottant les mains l'une contre l'autre.

Brrr! Ce qu'il fait froid! Venez! Suivez moi! Il ne fait pas bon de rester trop longtemps dehors par un temps pareil, surtout avec un nourrisson. Allons nous mettre au chaud!

D'un geste elle invita Keltica à la suivre jusqu'à la demeure familiale.

Ma tante sera surement heureuse d'avoir un peu de visite, et puis, si elle ne daigne pas lever le nez de ses parchemins, ce qui m'étonnerait grandement, nous partagerons toutes les deux une tisane pour nous réchauffer. Qu'en pensez-vous?
Keltica
Sans presque se faire voir, Keltica fronça les sourcils ; de ce que la jeune fille lui disait, Della devait reprendre les rênes de la famille. S'était-il passé malheur ? Décidément, elle se maudissait de plus en plus, d'arriver au mauvais moment !!

Pourtant elle suivit la jeune fille, la nièce de Della d'après ce qu'elle comprenait, qui l'invitait à la suivre.

Oh oui, je serais enchantée de revoir Della, si bien sûr je ne la dérange pas, sinon, je serais ravie de faire votre connaissance !

Keltica lui rendit son charmant sourire, et la suivit d'un bon pas, serrant très fort contre elle sa petite princesse chaudement emmitoufflée. Sur leurs pas, les feuilles dorées déjà tombées crissaient doucement, tandis qu'elles cheminaient...
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Elinor.
Alors qu'Elinor refermait tout juste la porte derrière l'amie de Della, son secrétaire arriva au grand galop. Légèrement essoufflé, il salua poliment les deux arrivantes et se tourna vers la tête blonde de la famille pour lui annoncer que sa tante l'attendait dans son bureau depuis un petit moment déjà. La jeune fille lui lança un regard curieux, mais il n'en ajouta pas plus à ce sujet et sembla attendre sur les directives à suivre. Devait-il conduire Keltica dans le salon? Accompagnerait-elle Elinor jusqu'au bureau de Della? La jeune Volvent hésita légèrement quant à la démarche à suivre, puis lui répondit ce qui lui semblait le plus approprié étant donnée la situation.

Pouvez-vous annoncer à ma tante que Dame Keltica est ici pour la voir? Je serais dans le salon en sa compagnie.

Le secrétaire acquiesça en silence et s'éloigna à grand pas en direction du bureau. Elinor se tourna vers la jeune maman et lui adressa un sourire bienveillant avant de la mener jusqu'au salon où la famille avait l'habitude de recevoir les invités. Lui désignant un siège libre elle lui fit signe de s'installer.

Mettez-vous à l'aise, Della ne devrait pas tarder. Elle sera surement heureuse d'avoir de la visite.

Avant de s'asseoir, Elinor se défit de son col et de sa cape, qui commençaient à lui donner chaud et à lui faire rosir les joues. En contraste avec le vent froid de l'extérieur, il régnait une douce chaleur dans la pièce où une flambée crépitait joyeusement dans l'âtre.
Della
Toc toc toc.

Je relevai la tête et poussai mes documents sur le côté, prête à accueillir Elinor.

Pourtant, lorsque j'invitai à entrer, je ne vis que le visage de Pierre, une petite moue ennuyée lui tiraillant les traits.


Un problème, Pierre ?

Non, ma damoiselle. Damoiselle Elinor me demande de vous prévenir d'une visite. Dame Keltica est au salon.

Ah...Hé bien, dans ce cas, j'arrive.

Je refermai la porte du bureau et je traversai le petit couloir pour me rendre au salon où ma chère Elinor avait fait entrer mon amie.
Je notai avec plaisir qu'Elinor avait agi d'excellente façon, en maîtresse des lieux...ce qui arriverait un jour lorsqu'elle aurait elle aussi sa demeure, un époux et des enfants. Je me sentis fière d'elle.

J'étais aussi très heureuse de revoir Keltica qui depuis notre dernière rencontre avait mis au monde son enfant.

Quelle délicieuse surprise, Keltica !
Bien le bonjour !


J'approchai du fauteuil où elle était installée, l'enfant dans ses bras et lui fit une amicale accolade avant de me pencher sur l'enfançon, pour l'admirer.
Comme à chaque fois, mon coeur fondit devant les airs poupins du bébé.

Elle est magnifique, Keltica. Vraiment magnifique.
Délicatement, je caressai d'un doigt la joue rebondie avant de sourire à mon amie.
Comment allez-vous, êtes-vous déjà remise de la naissance ?

D'un geste, j'engageai Elinor à nous servir un verre de vin, cela ferait du bien...à toutes les trois.
Je pris place moi aussi, devant la cheminée.


Vous avez rencontré ma nièce ainsi donc...
L'on m'offrait une parenthèse, un moment de simple et belle amitié à partager avec ma nièce et mon amie...Je choisis de profiter de cela, repoussant à plus tard, la discussion avec Elinor.
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Keltica
Emmenée par Elinor, Keltica s'installa dans le salon accueillant, posant à ses pieds le couffin de sa fille, puis la prenant dans ses bras pour lui enlever son petit manteau.

Merci beaucoup de votre accueil, Damoiselle, comme je n'ai pas prévenu de mon arrivée... Della et moi avions parlé de nous revoir, mais sans préciser de date et...

Justement Della entra à cet instant, et Keltica se leva pour lui faire une bise amicale.

Bonjour à vous mon amie !! Comme vous le voyez, je suis venue pour tenir ma promesse, pour vous présenter ma fille, ma petite Sophie...

Keltica sourit avec une indicible fierté quand son amie se pencha pour cajoler légèrement Sophie, qui, égale à elle-même, babillait joyeusement.

Merci pour elle, Della... Oui j'ai fait la connaissance de votre nièce, tout à fait charmante, comme sa tante, dirais-je !! Oh pour moi, tout va bien, j'ai eu un passage à vide après la naissance, à cause de certains faits, mais c'est loin à présent, je suis comblée !

Devant le tendre regard de Della, Keltica sourit et souleva le bébé.

Voudriez-vous la prendre dans vos bras, Della ? Elle est sage, rassurez-vous !

Son sourire s'accentua en voyant Sophie tendre les bras, comme elle faisait chaque fois qu'elle quémandait une petite cajolerie...
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Ingeburge
[Si le post pose problème, je demanderai sa suppression.]


[L'Artemisium]


Essayer de reprendre pied. Cela passait par solder le passif, liquider les missives qui s'étaient inexorablement entassées, retrouver petit à petit les habitudes du quotidien. Se forcer à manger, consentir à dormir, accepter de quitter le refuge qu'était sa chambre.

Les missives donc... Et celle par laquelle elle allait commencer réveilla la douleur de son cœur meurtri. La lettre parlait d'un décès et ne pouvait que renvoyer à la perte qu'elle venait de connaître. La nouvelle de la mort d'Eldwin, elle l'avait sue mais la relire, maintenant, dans son état...

Elle passa une main sur son front migraineux et elle rédigea ensuite un court billet, elle ne pouvait faire davantage :

Citation:

    A Della de Volvent, Châtelaine de Beaumont,
    Salutations et bénédictions.




    Ma dame,


    La nouvelle du décès de votre frère m'a été par vous connue tant ces dernières semaines nous nous sommes mis ne retrait des affaires romaines. Je ne savais donc pas qu'il était souffrant et espère que ses derniers jours lui ont permis de connaître un peu de réconfort.
    Merci d'avoir pris la peine de me prévenir alors que vous devez avoir mille choses à considérer.

    Ayant moi-même perdu une sœur et plus de proches que je ne l'aurais voulu, je sais combien les mots peuvent sembler dérisoire en regard de la douleur qui est celle de ceux étant en deuil. Ces mots pourtant, je vous les envoie, en toute sincérité et vous prie donc de recevoir ces condoléances tardives, elles sont aussi en tard qu'elles sont sincères.


    Que le Très-Haut vous garde.

    SA Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
    Duchesse de Bourgogne.






Le reste du courrier attendrait.
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Della
Voudriez-vous la prendre dans vos bras, Della ? Elle est sage, rassurez-vous !

Avant même que je ne puisse répondre, la petite Sophie me tendit ses bras, dans une invite tout à fait impossible à refuser. D'ailleurs, je n'avais pas l'intention de refuser...
Cela faisait plusieurs années maintenant que les enfants jalonnaient ma vie. Les enfants des autres. Je commençais doucement à me dire que pour moi, la joie de porter la vie et de la confier au monde, s'éloignait de façon irréversible.
Pourtant, je n'en éprouvais pas de peine ou de regret. Telle était écrite ma voie et le Ciel savait très exactement ce qu'il voulait de moi.

Ce qui me faisait chavirer à chaque fois qu'un enfant prenait place entre mes bras, c'était cette douceur si particulière de leur être, ce parfum qu'aucune huile ne pouvait égalé et ce regard franc et sans détour qu'il posait sur le monde.
Une fois encore, je fondis devant les yeux rieurs de Sophie et je redevins moi-même cette enfant réclamant tendresse et attention.

Relevant le regard vers Elinor, après avoir "bavarder" comme il se devait avec Sophie à coup de re et cre, je lui souris de façon qui dut lui paraître énigmatique...Il me fallait en lieu et place de son père, la marier...

Je chassai cette pensée pour revenir vers Keltica.

Elle est à croquer, absolument !
Et j'ai moi aussi quelque chose à vous montrer...


J'appelai Pierre, mon secrétaire et l'envoyai chercher une des bouteilles dédiée à la petite Sophie, non sans lui dire de manipuler la précieuse avec délicatesse.
Pendant son absence, nous devisâmes, entre femmes...comme seules les femmes savent le faire, de tout mais pas de rien.

Enfin, Pierre revint et présenta à Keltica et à Elinor une bouteille d'un vin qui serait particulièrement prometteur.

La petite Sophie a sa propre cuvée.

Je souris encore à l'enfant.
Lorsqu'elle sera en âge d'apprécier et de recevoir un tel présent, ces bouteilles seront à elle...

Alors que je laissai Keltica et Elinor discuter et revenue près de la fenêtre, j'aperçus un messager, pas banal...aux armes de la Duchesse.

L'on me porta rapidement le pli qu'après m'être excusée auprès des dames, je lus...Les mots d'Ingeburge sonnaient souvent justes et semblaient pesés toujours pour ne pas, par des détours fallacieux, noyer son véritable message. Là encore, la simplicité des mots et la sincérité de leur expression me toucha.
Je soupirai discrètement, tentant une fois encore de tourner cette page de la présence rassurante de mon frère à mes côtés.

Et je revins auprès de la jeune maman qui semblait rayonner de bonheur et de ma nièce à qui je n'avais toujours pas annoncé la bonne nouvelle...

Au fait, Elinor, j'ai une nouvelle pour toi. Je pense que tu seras heureuse de l'entendre et la présence de mon amie ne m'empêche pas de te la dire...Veux-tu savoir ?
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Keltica
Keltica sourit à la tendresse déployée par son amie pour cajoler sa petite Sophie, qui appréciait visiblement les câlins en souriant et en laissant éclater de joyeux rires déjà empreints d'une douce malice...

Quand Della fit apporter une des bouteilles dédiées à Sophie, ainsi qu'elle l'avait promis dans une précédente lettre, Keltica la regarda avec reconnaissance.


Merci beaucoup mon amie, lorsqu'elle pourra le comprendre, Sophie sera heureuse de voir ce beau cadeau... et je suis largement touchée de celui-ci également, merci vraiment, Della !!

La jeune mère contempla son ami avec le bébé, et songe qu'elle aurait vraiment tout d'une maman tendre et attentionnée, à voir la délicatesse et la tendresse qui se lisait dans les yeux de Della quand elle couvait du regard Sophie... Mais elle resta silencieuse, puisque Della semblait avoir nouvelle à annoncer à la jeune Elinor, avec qui Keltica venait de bavarder agréablement...
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--Elinor.


Toujours assise dans son fauteuil, Elinor attendait l'arrivée de sa tante, lançant quelques sourire à la dame. Elle était restée bien sagement assise, regardant et observant, Della et Keltica se retrouver et la petite Sophie se faire offrir sa cuvée !
La jeune Volvent ne manqua pas à son devoir, durant le temps qui passa, elle resta à sa place, heureuse de voir dans le regard de sa tante une lueur de fierté.

Elinor fut pourtant bien surprise lorsque l'on s'adressa à elle, et c'est un peu impatiente qu'elle fit son plus beau sourire et inclina la tête.


Oui, j'aimerai savoir cette nouvelle !

Sourire aux lèvres, elle attendit ...

Della
Inutile de laisser ma nièce dans l'attente.
Ma chère Elinor, Béatrice a décidé de te prendre comme dame de compagnie.

Elinor attendait cela depuis longtemps et j'étais certaine que la nouvelle allait la réjouir.

Elle te fera appeler très bientôt, cela nous laisse un peu de temps pour que je t'explique certaines choses.
Un petit clin d'oeil à Elinor dans un sourire chaleureux.

J'étais fière d'elle comme l'aurait été son père.

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Della
Les jours, les semaines s'en étaient allés poussés par le vent des heures, inexorablement.

Ce matin-là, la neige avait déposé un voile blanc sur la Bourgogne, déposant sur les branches une douceur virginale.

Nous approchions de la saint Noël, à grands pas et de la fête familiale qui allait l'accompagner.
J'avais envoyé à chacun des membres de la famille, une invitation, espérant bien en revoir le plus grand nombre.
Trop de temps et trop d'événements nous avaient disséminés aux quatre vents de l'oubli. Il était l'heure de faire revenir tous les Renarts à la Renardière, le château de Beaumont.

Ce serait sans doute pour moi aussi, la dernière saint Noël que je passerais ici.
Devenue Dame d'une seigneurie de "ma" Duchesse, il me faudrait, dès le printemps, investir cette terre et la faire fructifier. Ma vie serait là-bas...
Beaumont serait entre de bonnes mains, normalement, du moins, je l'espérais, attendant encore que décision soit posée à ce propos.
Ne rien brusquer surtout, juste attendre.
La patience était devenue compagne de mes journées, que faire d'autre lorsque tout autour de vous vous dit qu'il fat patienter ? Rien sinon se morfondre, ce qui était hors de question !

D'ailleurs, que faisais-je encore en habit de nuit, à pareille heure ?
Diantre, c'est que j'avais à faire, ce matin !

Je sortis des couvertures pour crier aussitôt :

Aeliiiiiiiissssssssss !!!
Il fait un froid de canard ici !

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Della
La saint Noël s'éloignait à grands pas et avec elle, la douce oisiveté.
Le temps était revenu aux affaires.
Certaines avançaient vers une issue favorable, telle celle concernant la seigneurie de Beaumont et d'autres stagnaient, telle celle de la chapelle de cette même seigneurie.
Bon an, mal an, c'était ça, la vie !

Assise devant ma table de travail approchée le plus possible de la cheminée, plume, encrier et vélins à portée de main, j'avais le projet d'écrire à ma Duchesse concernant un projet qui me tenait à coeur : marier Elinor.

Cette douce enfant, devenue dame de compagnie de Béatrice, avait atteint un âge auquel il devenait raisonnable de l'unir à quelque noble personnage.
Bien entendu, le mariage pouvait encore un peu attendre mais la promesse, elle, ne devrait pas trop tarder, de peur de me retrouver avec une Elinor trop vieille et...moins innocente qu'elle ne le devrait.

Il y avait une famille, proche de feu Eldwin mais point trop de moi, qui comptait en ses rangs, un jeune homme qui, me semblait-il, serait un parti idéal pour ma délicieuse nièce.
Certes, il était encore sur le pas de l'enfance mais il avait un caractère qui prédisait de grandes choses et la bienveillance dont il était l'objet, de par sa famille, serait gage de bonne vie.
Il n'était point trop laid, avait un brin d'humour et ne manquait pas de confiance en lui.
Oui, il devrait faire un bon époux...du moins, l'espérais-je.

Pour ce projet, il me fallait l'avis et les conseils avisés de ma Duchesse, Noble parmi les nobles. Je souhaitais aussi avoir son assentiment puisque Elinor était sa dame de compagnie.

Je fronçai les sourcils, mordillai le bout de ma plume, cherchant l'inspiration...


Citation:
Votre Grâce,
Ma Duchesse,
Chère Béatrice.


Je pouvais me permettre ceci, nous étions amies, elle et moi.

Citation:
Permettez que je vous souhaite une délicieuse année pendant laquelle vos voeux les plus beaux mais aussi les plus fous seront exhaussés.


Je connaissais un de ces voeux...qui s'il se réalisait, serait pour moi et pour Elinor, quelque chose de fantastique, nous projetant dans un univers impitoyable, certes, mais tellement extraordinaire...Puisse le Ciel exhausser ce voeu...

Citation:
J'espère que vous avez passé une très bonne saint Noël, entourée de personnes que vous appréciez.


Béatrice était souvent seule. Elle craignait la foule, le monde, les inconnus...Près d'elle, seulement des gens de confiance et connus...

Citation:

Elinor me dit qu'elle adore être votre suivante et qu'elle apprend, grâce à vous, tant de choses qu'elle est surprise d'en découvrir encore de nouvelles.
J'ose croire qu'elle vous satisfait en tout et qu'elle vous fait honneur, à tout moment.


Béatrice était un vrai puits de savoirs. Apprendre à ses côtés était un plaisir, une soif inextinguible. Elinor avait bien de la chance et j'entendais qu'elle le comprenne et serve Béatrice au mieux. Dans le cas contraire, elle aurait à m'entendre !

Citation:
C'est à son sujet que j'aimerais vous entretenir, justement.
Elinor atteint l'âge d'être promise.


Ouille, Béatrice ne manquerait pas de me faire remarquer qu'il me faudrait, moi aussi, songer à me marier...Mais n'était-ce pas de son ressort, comme convenu avec Eldwin ? La mort de celui-ci ne cassait pas les décisions prises antérieurement...Héhé...Cette façon de penser m'arrangeait bien, d'accord. Et cela me permettait d'avoir bonne conscience en faisant taire la petite voix qui me rappelait de temps à autre que je finirais par coiffer sainte Catherine, à ce rythme-là...Soit !

Citation:
Aussi, aimerais-je recevoir vos bons conseils sur une éventuelle promesse d'engagement.

Vous connaissez la Duchesse d'Amboise. Elle a comme protégé, un jeune garçon répondant au nom de Grimoald de Montmorency. Je l'ai rencontré, quelques fois, déjà, ce jeune homme.
Il semble bien éduqué et profite pleinement des bons soins de Ellesya qui ne manquera pas, je le suppose, d'en faire un seigneur ou un chevalier, lui-même ayant des projets nobles et charitables ainsi qu'un grand respect pour autrui.
Ainsi donc, il m'est venu à l'idée que ma chère nièce Elinor pourrait être engagée vis à vis de ce jeune Montmorency. Ce avec, bien évidemment, la bénédiction de sa Grâce de la Louveterie et la vôtre.
Si promesse il y avait, cela ne vous enlèverait pas Elinor, du moins, pas de suite, puisque ces gens sont encore jeunes et auraient besoin d'un peu de temps pour se connaître. Car même si leurs parcours respectifs se ressemblent quelque peu, de par leur éducation et les protections dont ils bénéficient, il ne leur sera donné de s'apprécier qu'après quelques échanges épistolaires et quelques rencontres.
Mais je tisse là, déjà, de trop lointains desseins et préfère attendre votre avis sur la chose avant que de déjà commander la robe nuptiale de mon adorée nièce.

Je sais que vos conseils seront les bons et bienvenus.

Puisse le Très Haut vous bénir, ma chère Béatrice t vous garder en sa protection.

Respectueusement,

Della de Volvent
Dame de Railly,
Pour vous servir.


Voilà...d'une traite...sans hésitation...cela me paraissait bien.
Je relus, attentivement et fus satisfaite.

Lettre scellée sera portée auprès de ma Duchesse, dans la journée.

Je me levai, laissai là le travail et me postai devant la fenêtre, laissant mon regard caresser ces terres si chères à mon coeur, me battant encore contre la petite voix..."sainte Catherine...sainte Catherine..."
Bah, il me restait encore quelques années...Et je souris !


EDIT : ortograf
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