Petit matin, l'enfant, après quelques pleurs, avait été délogé du douillet de son lit, trouvant place contre le sein nourricier, s'abreuvant à la source du lait maternel qu'il avait à offrir et ce, jusqu'à ce qu'il s'en détourne de lui-même, parfaitement repu. Comme à l'habitude, le sommeil ne tardait pas à venir le frapper à nouveau, bercé par les gestes simples, rythmés et tendres de Giulia.
Aux cents pas, berçant l'enfant, s'étaient soudainement mêlés ceux, bien plus lourds, de Judas. Inhabituelle présence à pareille heure du jour, mais aujourd'hui s'annonçait être une journée bien particulière. Quelques heures encore et sa progéniture, toujours endormie, ferait son entrée dans l'Église Aristotélicienne, devenant de manière concrète, Fils de Dieu.
Ses mains, dépossédant les bras de la nourrice du corps alourdi d'Amadeus, s'en étaient accaparées... Droit le plus total qui lui revenait, disparaissant sans plus attendre. Signe que bientôt, ils quitteraient les lieux occupés pour s'en aller vers d'autres, prêt à voir se dérouler la célébration.
Pour l'occasion, Giulia s'était activement préparée, optant pour le port d'une robe en velours. Après quoi, elle avait rejoint, à la suite de Judas, la chapelle Sainte Dwynai, appelant, à coup de carillons, au rassemblement.
La main signe son entrée dans la bâtisse après que son extrémité eut été sommairement plongé dans l'eau bénite. S'en suivit la montée de l'allée centrale, ses pas prenant direction des tout premiers rangs.
Repérée la place qu'elle occuperait, sur le banc situé juste derrière celui qu'occupait déjà Rosalinde et Judas. La silhouette bifurque, se faufile entre les rangs, prête à s'asseoir, mais pas avant d'avoir saluer Rosalinde et Léonard.
- Bonjour Rose.
Un salut discret, tandis qu'une main tendue vers l'enfant, par dessus l'épaule maternelle, venait finir sa course, du bout des doigts sur la joue de l'enfant qu'elle tenait.
Sourire échangé, Giulia assise, le regard court l'endroit. Restait à attendre que débute la cérémonie.
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A chaque vie son début et sa fin.
" Mon agonie sera sans doute très longue, peut-être sans fin. Mais qui sait où le soleil se cache, la nuit ? Qui peut dire où les hommes se rendent lors de leur dernier voyage ?"