Agnesina_temperance
Ce livre aux pages vierges était un cadeau de départ.
Le remplir d'état d'âme, de récit de voyage et le noircir, c'est l'honorer.
Il est le secret d'Agnésina Tempérance.
La première page est ouverte et l'aventure peut commencer.
Les chemins, les chemins.
Ça use les chausses et les miennes ne sont plus rien.
Paix à leurs âmes.
Je marche pied nu sur les chemins et loin d'être agréable, je souffre. Mon chat, loin de faire attention à moi, faisait son bout de chemin à mes côtés. Ce chat, c'est mon compagnon de voyage. Le seul à avoir pu m'apprivoiser. Je ne sais pas ce qui m'a pris mais ce chat, je l'ai sauvé des mains des inquisiteurs qui voulaient le condamner au bûcher. Peut-être, était-ce une provocation de ma part ? Le geste du vol ? Tout ce que je me souviens, c'est que je les ai remercié avec un geste purement théâtrale avec le chapeau que j'avais à l'époque. Les religieux avec tout le respect que je leur porte et c'est purement ironique, un chat peut se montrer utile pour chasser.
S'il pouvait me trouver de quoi manger, je serais heureuse. Voilà des jours que je suis partie de la chaumière des paysans qui m'ont élevée. Ils étaient malades. Les années de travail au champ ont eu raison de leur santé. Leurs mots raisonnent encore dans ma tête : « Agnésina Tempérance, vous voilà une belle jeune fille. Nous devrions vous marier, vous envoyer au couvent ou bien vous garder près de nous. Nous ne le ferons pas. Nous sommes bien trop malades. Vous devez découvrir la vie, jeune fille. Nous savons que vous avez une éducation et que vous saurez la respecter. Vous rencontrerez des gens honnêtes. Vous rencontrerez des gens qui voudront vous faire du mal ou vous entrainer à faire des choses contre vos valeurs. Nous savons que vous saurez surmonter les épreuves et découvrir ce Royaume qui mérite dêtre découvert. » Découvrir la vie, découvrir la vie, ils en ont des bonnes.
Je suis arrivée à Limoges et j'avoue que dans les premiers temps, j'ai évité les gens. Je n'aime pas me mêler. Souvent les gens ont trop de familiarités entre eux et ça me dérange. Pourquoi les couples ont-ils besoin de partager leurs salives devant tout le monde ? Hypocrisie, dis-je. L'amour n'existe pas et même s'il existait. Le cur qui bat fort et tout ce qu'on raconte, est-ce si important ? Comme dirait le paysan qui s'est occupé de moi : «On ne vit pas damour et deau fraiche. Préfère un homme qui a de l'oseille qu'un homme qui n'en a pas.» Enfin, je suis sortie à Limoges un matin. En taverne. Limoges n'était pas exceptionnel le peu que j'en ai vu. Des gens entre eux. Tant mieux. Je n'ai pas cherché à m'intégrer non plus. Je n'aurais aucun remord lorsque, peut-être, je participerais à sa prise de mairie. J'ai bien le droit de rêver ?
Me voici en train de découvrir le Royaume avec mon chat. Il n'a pas de nom. C'est le chat sans-nom. Je devrais peut-être m'abstenir de le dire en taverne. Peut-être que si. Il serait amusant de voir la tête des gens. Dans ce Royaume, je compte bien faire des choses et j'ai même une liste.
Me faire baptiser et trouver une marraine aristotélicienne. Ne croyez pas que je compte aller au Paradis. Je crois que dans mon cas, c'est fichu car il suffit d'un brigandage pour devenir une très grande criminelle. Imaginez que je brigande le Roy de France qui aurait profité d'une halte pour arroser un arbre, ce serait fâcheux ! Me faire baptiser est important pour moi, parce que lorsque je serais devant Aristote, il sera hors de question qu'il me jette hors du Paradis pour l'Enfer. Je compte faire des réclamations pour voir le Tout-Haut. Je me suis toujours demandée s'il avait une barbe et s'il avait des trucs intéressants à voler.
Trouver un endroit pour cacher mon butin. Parce que gare à la personne qui oserait me voler. Chez les paysans, nous avons une drôle de conception de la justice. Tu as volé une chèvre, on te vole un mouton. Si quelqu'un ose me voler, qu'il se rassure, il n'aura pas de procès mais je l'attendrais, je reprendrais ma bourse et je volerais celle de mon voleur en compensation du dommage moral causé. Ce n'est que justice. Un voleur qui vole un voleur est-il un voleur ? Oui, un grand voleur. Je suis peut-être idiote mais j'ai une préférence pour les villes qui bougent, même si je n'y serais que pour déposer mon butin.
Découvrir qui je suis. La famille est importante, même si je ne risque pas de sauter dans les bras de mes géniteurs. Ce n'est pas mon genre. Ils m'ont abandonnés chez des paysans. Je ne sais rien sur eux, pour l'instant, mais je compte bien le découvrir. Les paysans ont refusés de m'en apprendre plus avant qu'ils soient morts. Voyons.
Ma liste est courte mais je pense que c'est bien suffisant comme ça. Il faut que je reprenne le chemin. Le chemin, ça use les chausses et il est fréquenté. J'ai vu quelques personnes mais discuter ne m'intéresse pas.
Le remplir d'état d'âme, de récit de voyage et le noircir, c'est l'honorer.
Il est le secret d'Agnésina Tempérance.
La première page est ouverte et l'aventure peut commencer.
Les chemins, les chemins.
Ça use les chausses et les miennes ne sont plus rien.
Paix à leurs âmes.
Je marche pied nu sur les chemins et loin d'être agréable, je souffre. Mon chat, loin de faire attention à moi, faisait son bout de chemin à mes côtés. Ce chat, c'est mon compagnon de voyage. Le seul à avoir pu m'apprivoiser. Je ne sais pas ce qui m'a pris mais ce chat, je l'ai sauvé des mains des inquisiteurs qui voulaient le condamner au bûcher. Peut-être, était-ce une provocation de ma part ? Le geste du vol ? Tout ce que je me souviens, c'est que je les ai remercié avec un geste purement théâtrale avec le chapeau que j'avais à l'époque. Les religieux avec tout le respect que je leur porte et c'est purement ironique, un chat peut se montrer utile pour chasser.
S'il pouvait me trouver de quoi manger, je serais heureuse. Voilà des jours que je suis partie de la chaumière des paysans qui m'ont élevée. Ils étaient malades. Les années de travail au champ ont eu raison de leur santé. Leurs mots raisonnent encore dans ma tête : « Agnésina Tempérance, vous voilà une belle jeune fille. Nous devrions vous marier, vous envoyer au couvent ou bien vous garder près de nous. Nous ne le ferons pas. Nous sommes bien trop malades. Vous devez découvrir la vie, jeune fille. Nous savons que vous avez une éducation et que vous saurez la respecter. Vous rencontrerez des gens honnêtes. Vous rencontrerez des gens qui voudront vous faire du mal ou vous entrainer à faire des choses contre vos valeurs. Nous savons que vous saurez surmonter les épreuves et découvrir ce Royaume qui mérite dêtre découvert. » Découvrir la vie, découvrir la vie, ils en ont des bonnes.
Je suis arrivée à Limoges et j'avoue que dans les premiers temps, j'ai évité les gens. Je n'aime pas me mêler. Souvent les gens ont trop de familiarités entre eux et ça me dérange. Pourquoi les couples ont-ils besoin de partager leurs salives devant tout le monde ? Hypocrisie, dis-je. L'amour n'existe pas et même s'il existait. Le cur qui bat fort et tout ce qu'on raconte, est-ce si important ? Comme dirait le paysan qui s'est occupé de moi : «On ne vit pas damour et deau fraiche. Préfère un homme qui a de l'oseille qu'un homme qui n'en a pas.» Enfin, je suis sortie à Limoges un matin. En taverne. Limoges n'était pas exceptionnel le peu que j'en ai vu. Des gens entre eux. Tant mieux. Je n'ai pas cherché à m'intégrer non plus. Je n'aurais aucun remord lorsque, peut-être, je participerais à sa prise de mairie. J'ai bien le droit de rêver ?
Me voici en train de découvrir le Royaume avec mon chat. Il n'a pas de nom. C'est le chat sans-nom. Je devrais peut-être m'abstenir de le dire en taverne. Peut-être que si. Il serait amusant de voir la tête des gens. Dans ce Royaume, je compte bien faire des choses et j'ai même une liste.
Me faire baptiser et trouver une marraine aristotélicienne. Ne croyez pas que je compte aller au Paradis. Je crois que dans mon cas, c'est fichu car il suffit d'un brigandage pour devenir une très grande criminelle. Imaginez que je brigande le Roy de France qui aurait profité d'une halte pour arroser un arbre, ce serait fâcheux ! Me faire baptiser est important pour moi, parce que lorsque je serais devant Aristote, il sera hors de question qu'il me jette hors du Paradis pour l'Enfer. Je compte faire des réclamations pour voir le Tout-Haut. Je me suis toujours demandée s'il avait une barbe et s'il avait des trucs intéressants à voler.
Trouver un endroit pour cacher mon butin. Parce que gare à la personne qui oserait me voler. Chez les paysans, nous avons une drôle de conception de la justice. Tu as volé une chèvre, on te vole un mouton. Si quelqu'un ose me voler, qu'il se rassure, il n'aura pas de procès mais je l'attendrais, je reprendrais ma bourse et je volerais celle de mon voleur en compensation du dommage moral causé. Ce n'est que justice. Un voleur qui vole un voleur est-il un voleur ? Oui, un grand voleur. Je suis peut-être idiote mais j'ai une préférence pour les villes qui bougent, même si je n'y serais que pour déposer mon butin.
Découvrir qui je suis. La famille est importante, même si je ne risque pas de sauter dans les bras de mes géniteurs. Ce n'est pas mon genre. Ils m'ont abandonnés chez des paysans. Je ne sais rien sur eux, pour l'instant, mais je compte bien le découvrir. Les paysans ont refusés de m'en apprendre plus avant qu'ils soient morts. Voyons.
Ma liste est courte mais je pense que c'est bien suffisant comme ça. Il faut que je reprenne le chemin. Le chemin, ça use les chausses et il est fréquenté. J'ai vu quelques personnes mais discuter ne m'intéresse pas.