Ellana...
"En toute chose, c'est la fin qui est essentiel." Aristote.
Une fin ardemment désirée, néanmoins inquiétante pour la femme au sommet de la falaise, immobile à observer lhorizon du bleu à perte de vue, le paradis en dautres circonstances. Autrefois, il y a des années lui semblait-t-il, à peine quelques journées en réalité, assister à un tel spectacle laurait remplie dune joie toute enfantine mais désormais ce genre de sentiment lui était superflu tout comme les plumes ayant désertées le sommet de sa tête. Miroir de son âme il fut un temps, seulement lune delles bénéficiera dune jolie vie par la suite, reposant éternellement dans un endroit où personne ne pourra jamais lui faire de mal. Daprès la lettre froissée que lExplumée tenait encore au creux de sa main, la petite plume voguait joyeusement sur les eaux, prête à parcourir le monde. Les différents parchemins quelle avait choisi de conserver encore un peu après les avoir reçu gagnèrent lentement eux aussi le bas de la falaise et un regard dénudé de toute expression suivit le début de leur descente, avant que le vent ne les emporte ; il ne restait aucune trace de son passage sur la terre derrière elle, pour tous, elle était morte. Du moins pour le peu que ça intéressait, autant dire quil ny en avait pas tant que ça. Deux précisément, deux femmes aussi insupportable lune que lautre et qui malgré leurs défauts respectifs avaient tenté de la sauver, trop tard, lObstinée ne se sentait plus la force de changer davis.
Les bras reposant inanimés le long de son corps, la Bleue atrocement terne se prit à ressentir une infime pointe de peur face à limmensité du vide sétalant en contrebas, intimidée malgré elle vis-à-vis de cet adversaire tumultueux quelle rencontrait pour la première fois. Une histoire romantique, un véritable coup de foudre puisquelle sapprêtait à passer toute sa mort à ses côtés. Avant de franchir le pas décisif, celui qui lentrainerait immédiatement dans les flots après un court envol, Ella ferma les yeux. Cest à ce moment quelle libéra un à un plusieurs souvenirs, des souvenirs heureux datant dun autre temps qui défilaient dans sa tête avant de sévader enfin, entrainés par la multitude de coups de vent, à ce stade elle en était presque à regretter de ne plus avoir de quoi maintenir ses longs cheveux virevoltant inlassablement. Presque. Un regret tellement plus vivace sancrait vigoureusement au fond de son être, engloutissant tous les autres sur son passage un regret quelle ne supportait pas, un regret lui brulant le cur et les yeux, la consumant tout entière avant quelle ne se décide à lexpulser tout aussi violemment. Un cri déchirant retentit pendant de longues minutes et secoua locéan lui-même jusquà ce que la voix séteigne dans un profond soupir éreinté.
Après quelque seconde dun reposant silence, la main translucide vint à la rencontre dune joue le temps dune douce caresse, ce serait probablement le dernier contact dune insatiable rêveuse optimiste à qui un jour on avait promis de ne jamais la laisser seule face à la solitude quelle craignait tant. Le nez levé vers le ciel, la Scipio se trouvait sur le point de faire ce pourquoi elle sétait déplacée un soir glacial sans prendre la peine de se couvrir. Le nez levé vers le ciel comme elle aimait depuis toujours le contempler, certains y voyaient une attitude pieuse, dautres une envie de narguer les Dieux. Elle privilégia la seconde hypothèse tant et si bien quelle se prit à leur adresser un sourire sarcastique tandis quune jambe quittait lentement le sol. Pendant un instant le petit oiseau bleu allait avoir la chance de senvoler et avec encore plus de chance, voler assez loin pour ne pas heurter les rochers aperçus près de sa falaise en y montant puisque sa honte secrète serait de mourir salement, le corps difforme et sanglant, aplatie au bord dune plage.
Soudain, interrompant brutalement son action morbide, quelque chose séveilla en elle. Un long frisson accompagna cette découverte tandis quElla, sans toutefois séloigner du bord, observait les environs pour tenter dy discerner lorigine de cette...chose indéfinissable Il était impossible que cela vienne delle dans la mesure où elle ne ressentait plus rien, pour une fois son esprit était bel et bien vide. Mais alors que la Voix se réveillait, probablement alertée à la suite du cri, la tête sans plume se baissa lentement pour fixer son ventre et encore sous le choc, un faible murmure prit la forme dune question adressée à cette chose pour le moment inconnue.
Quest-ce que tu viens de dire ?
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Une fin ardemment désirée, néanmoins inquiétante pour la femme au sommet de la falaise, immobile à observer lhorizon du bleu à perte de vue, le paradis en dautres circonstances. Autrefois, il y a des années lui semblait-t-il, à peine quelques journées en réalité, assister à un tel spectacle laurait remplie dune joie toute enfantine mais désormais ce genre de sentiment lui était superflu tout comme les plumes ayant désertées le sommet de sa tête. Miroir de son âme il fut un temps, seulement lune delles bénéficiera dune jolie vie par la suite, reposant éternellement dans un endroit où personne ne pourra jamais lui faire de mal. Daprès la lettre froissée que lExplumée tenait encore au creux de sa main, la petite plume voguait joyeusement sur les eaux, prête à parcourir le monde. Les différents parchemins quelle avait choisi de conserver encore un peu après les avoir reçu gagnèrent lentement eux aussi le bas de la falaise et un regard dénudé de toute expression suivit le début de leur descente, avant que le vent ne les emporte ; il ne restait aucune trace de son passage sur la terre derrière elle, pour tous, elle était morte. Du moins pour le peu que ça intéressait, autant dire quil ny en avait pas tant que ça. Deux précisément, deux femmes aussi insupportable lune que lautre et qui malgré leurs défauts respectifs avaient tenté de la sauver, trop tard, lObstinée ne se sentait plus la force de changer davis.
Les bras reposant inanimés le long de son corps, la Bleue atrocement terne se prit à ressentir une infime pointe de peur face à limmensité du vide sétalant en contrebas, intimidée malgré elle vis-à-vis de cet adversaire tumultueux quelle rencontrait pour la première fois. Une histoire romantique, un véritable coup de foudre puisquelle sapprêtait à passer toute sa mort à ses côtés. Avant de franchir le pas décisif, celui qui lentrainerait immédiatement dans les flots après un court envol, Ella ferma les yeux. Cest à ce moment quelle libéra un à un plusieurs souvenirs, des souvenirs heureux datant dun autre temps qui défilaient dans sa tête avant de sévader enfin, entrainés par la multitude de coups de vent, à ce stade elle en était presque à regretter de ne plus avoir de quoi maintenir ses longs cheveux virevoltant inlassablement. Presque. Un regret tellement plus vivace sancrait vigoureusement au fond de son être, engloutissant tous les autres sur son passage un regret quelle ne supportait pas, un regret lui brulant le cur et les yeux, la consumant tout entière avant quelle ne se décide à lexpulser tout aussi violemment. Un cri déchirant retentit pendant de longues minutes et secoua locéan lui-même jusquà ce que la voix séteigne dans un profond soupir éreinté.
Après quelque seconde dun reposant silence, la main translucide vint à la rencontre dune joue le temps dune douce caresse, ce serait probablement le dernier contact dune insatiable rêveuse optimiste à qui un jour on avait promis de ne jamais la laisser seule face à la solitude quelle craignait tant. Le nez levé vers le ciel, la Scipio se trouvait sur le point de faire ce pourquoi elle sétait déplacée un soir glacial sans prendre la peine de se couvrir. Le nez levé vers le ciel comme elle aimait depuis toujours le contempler, certains y voyaient une attitude pieuse, dautres une envie de narguer les Dieux. Elle privilégia la seconde hypothèse tant et si bien quelle se prit à leur adresser un sourire sarcastique tandis quune jambe quittait lentement le sol. Pendant un instant le petit oiseau bleu allait avoir la chance de senvoler et avec encore plus de chance, voler assez loin pour ne pas heurter les rochers aperçus près de sa falaise en y montant puisque sa honte secrète serait de mourir salement, le corps difforme et sanglant, aplatie au bord dune plage.
Soudain, interrompant brutalement son action morbide, quelque chose séveilla en elle. Un long frisson accompagna cette découverte tandis quElla, sans toutefois séloigner du bord, observait les environs pour tenter dy discerner lorigine de cette...chose indéfinissable Il était impossible que cela vienne delle dans la mesure où elle ne ressentait plus rien, pour une fois son esprit était bel et bien vide. Mais alors que la Voix se réveillait, probablement alertée à la suite du cri, la tête sans plume se baissa lentement pour fixer son ventre et encore sous le choc, un faible murmure prit la forme dune question adressée à cette chose pour le moment inconnue.
Quest-ce que tu viens de dire ?
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