Euzen
Il lobserva encore un temps. La lutte qui sopérait en elle, pour le control de ces émotions, était plus que devinable. Comment, pour une femme, aurait-il en être autrement ? Quelle y parvienne déjà à ce point, força un peu ladmiration du jeune seigneur. « Les deux surs semblent avoir le cran en commun » Il acquiesça mentalement au propos de sa conscience. Cest quà ces yeux (son il), les femmes ne sont que des êtres fragiles qui, pour leur équilibre personnel, ont un besoin compulsif dexprimer, verbalement et physiquement, ce quelles ressentaient, dextrapoler leur sensation intérieur. Comme pour tout, évidemment, il y avait des exceptions, il en connaissait, mais comme le nom le dit : Ce sont des exceptions. Le parfait exemple, imageant cette croyance du borgne, est bien sur son actuelle belle-mère qui, pour un oui, un non ou même un simple silence, était capable de partir dans la pire des crises de compréhension. Point positif, sa jeune interlocutrice semblait avoir plus de retenue. « Guère difficile, il faut dire » Oui, aussi.
Quittant son étude, il masqua un sourire : Elle approuvait son idée. Bien. Parfait. Ainsi, non seulement, il pourrait prendre le temps du voyage pour enquêter sur elle mais également, un temps indéterminé une fois à Limoge. Et laffaire de sa sur et leur cousin ne se reproduirait car cette fois, lui ainsi que tous ces domestiques seraient mis au courant. Lui, Agos, Esther, Gaspard, les deux gamins, tous. Onze il lépieraient en permanence, rien ne pourrait lui échapper.
A ça second réponse, le borgne abaissa un peu le goulot de la bouteille quil tenait toujours et lentement, le liquide bordeaux remplit le gobelet. Stoppant au trois quart, il en fit autant pour le siens avant de reposer la petite dame-jeanne et, se saisissant du premier verre, le tendit à la triste créature assise non loin.
- Tenez. A Limoge, il vous faudra apprendre à boire plus, leau, comme dans toute ville, ny est pas conseiller sauf si elle a été reposé ou bouillit ou mélanger à un alcool doux au préalable.
Leau avait la réputation de rendre malade, surtout en hiver quand les eaux de pluie lavent les rues noir de crasse et pollue les puits aux alentours. Elle prenait alors une teinte tirant du jaune au marron parfaitement ragoutante et lodeur sy joignait souvent. Bref, totalement déconseillé. Parler de chose aussi futile et banale pouvait paraitre incongru mais cela lui fit du bien. Son esprit, toujours braquer sur la nouvelle et les conséquences quelle pourrait avoir, ne demandait quà trouver une échappatoire. Durant cette réflexion, son il sétait posé sur le verre dont il sétait munit pour lui-même et, à la suite des questions de la jeune femme, se leva de nouveau pour se poser sur elle encore une fois. La ressemblance avec sa sur le troublait encore. Aphélie Plus il y songeait, plus il lui était difficile de la savoir morte. « Ni songe pas, pas encore. » Décidément, il était bien en accord avec lui-même parfois.
Chassant la réflexion dun geste mental, il se concentra sur sa réponse. Cela lui pris quelques secondes et une petite gorgée de vin avant de prendre la parole.
- Delle ? Hum Eloan est une enfant lesprit très vif et limagination fertile mais à linstar de sa sur, Louise, sa santé est à surveillé. Elles sont plus fragiles quAbigail. Jai lespoir de leur trouver un bon précepteur bientôt, un homme cette fois, les précédentes nétant que des idiotes seulement bonne à leur donner de mauvais exemple. Quant à son entourage
Une nouvelle gorgée fut avalée et une petite pause fut prise. En parlant, son regard sétait perdu sur un point connu de lui seul et son ton, à la mention de ces anciennes employées, sétait quelques peu durcit.
- Eh bien, il y a donc moi, ma fille ainée, Abigail, mes deux cadets, Come-Alexandre et Louise-Ella, tout trois présents ici. Je devrais dire mon épouse mais elle na guère eu loccasion de la côtoyer Tout comme mon père et ma belle-mère, la peu vu. Mes surs un peu plus, surtout lainée des trois. Il y a bien les Montbazon-Navailles en général, aussi, mais jai la préférence pour quelle ne les fréquente pas tous, certain sont ... Bref. Autrement, elle est baptisée et a donc un parrain et une marraine : Nathan Sidjéno dAmbroise, le futur époux de lune de mes cousines, et Ange de Montbazon-Navailles, une autre cousine.
Restait la question de Comment, à laquelle il navait pas répondu. Son regard quitta son observation lointaine et se fixa sur le visage de la rouquine. Cet examen, il le pratiquait souvent sur les deux plus jeunes de ces enfants, cherchant les ressemblances parentales en eux. Son fils était un véritable bonheur sur ce point-là, le borgne ayant eu le plaisir de constater que ces iris, bleu sombre à la naissance, séclairaient doucement, se rapprochant lentement du bleu azur de sa mère alors que le duvet châtain de ces premiers jours avait déjà laissé place à celui blond de ces deux parents. Louise linquiétait plus. Ces cheveux, bien que plus claire auparavant, ne létaient pas autant que ceux de son frère et offraient même de doux reflets roux parfois, détestable du point de vue de son père, alors que ces yeux tiraient sur le vert. Sils restaient clairs, elle les tiendrait de lui. Sils faisaient plus sombres, il pourrait de nouveau maudire la sauvage Mais à linstant même, son examen navait aucun rapport avec les jumeaux et se faisait en sens inverse. Ce nétait ladulte quil cherchait dans lenfant mais lenfant dans ladulte. Et à présent, il réalisait à quel point Eloan tenait de son sang maternel.
- Elle nest pas rousse mais pas blonde Elle possède plutôt un joli entre-deux dont les variations sont multiples selon les lieux et les lumières. Elle a mes yeux, à présent je peux le dire, ils sont vert mais autrement, je crois je pense quelle tient beaucoup de sa mère
Pourquoi avait-il hésité sur la dernière phrase ? Parce que la vérité nétait pas facile à dire, ni à assimiler. Lautre retenant lun, il avait dû se reprendre. Oui, plus de doute, Eloan ressemblait à sa mère et donc, à sa tante
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