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[RP] Un p'tit test pour un voleur sincère...

Praseodyme
L'arrivée de nouveaux arrivants détourna l'attention de la rousse, et Praséodyme fût du même coup reléguée au dernier rang de ses soucis. Elle ne s'en formalisa pas, mais n'ayant aucun goût pour la vie en compagnie, elle commençait à se demander ce qu'elle faisait dans cette curieuse réunion de famille. Qui diantre pouvaient bien être cette troupe de gens parfumés ? Des nobles ? Probablement point. Des nobles ne l'auraient point conviée à se joindre à leur intimité. Ce n'étaient sûrement pas des brigands, du moins pas de ceux qu'elle avait pour habitude de fréquenter. Des conspirateurs ? Peut-être bien, mais que pouvaient-ils bien vouloir d'elle ? Elle en était là de ses réflexions lorsqu'une des filles l'interpella avec suffisamment de mépris dans le ton pour qu'elle perçoive la distance que l'autre souhaitait placer entre elles. Elle ne s'en formalisa pas non plus, paysanne elle était, certes, il n'y avait là point d'insulte, même si l'intention pouvait y être. De toutes manières, Praséodyme avait une façon bien à elle d'abolir les différences de classes sociales, quelques nobles ou prélats n'étaient plus là pour en témoigner.

L'invitation à boire était bien venue, quoi qu'il en soit.


Point de refus ! , répondit-elle simplement.

Praséodyme tira son capuchon en arrière, découvrant un touffe de cheveux blondasse drus comme du crin de cheval, surmontant son profil de rapace, l'arrête recourbée du nez rejoignant sa bouche édentée, lui faisant comme un bec. Elle laissa tomber sa cape. Dessous, elle était vêtue en guerre, d'une vieille cotte rouillée, souvenir de la campagne de la Royne contre les Bretons, et d'une paire de jambières en fer qu'elle avait retirée à un cadavre après les combats d'Amboise. Les bretons sont par chance gens de petite taille, et l'attirail la seyait convenablement. Elle se demanda sur le coup si ces gens n'étaient point des bretons. Peut-être bien que si, à en croire la couverture à carreaux sur le mur. Elle portait également une lourde paire de bottes fourrées, qu'elle avait pris sur une nobliote détroussée un peu après le dernier solstice. Mais elle ne portait ni épée ni hache, attirail inutile dans ses occupations quotidiennes, tout juste bon à attirer l'attention sur soi lorsqu'on ne fait point la guerre. Elle posa son volumineux fessier sur le bout d'un banc, empoigna un gobelet, le remplit au premier tonnelet d'un liquide brunâtre à l'odeur acre et le vida d'un trait.

RRRhhhâââ !!! Mort de Diou !!! C'est du raide !!!

Elle se resservit un gobelet qu'elle sécha d'un coup.

Fils de la Pute Mère, pour le coup ça va tuer mes vers !

Elle allongea le bras une troisième fois, et s'enfila une troisième lampée. Elle éructa bruyamment.

On dirait un peu la gnôle que faisait mon vieux, avec des cosses de glands et des fânes de betteraves. En moins goûteux, toutefois.

Puis elle s'absorba dans la contemplation ... de rien. Elle resta là à regarder dans le vide, attendant que quelqu'un lui dise quoi faire.

[Edit : ortho]
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Tynop
Décidément, nouveaux arrivants se cumulaient, chacun comportant son lot de surprises. Le rendez-vous prenait des airs de réunion de famille, et le vagabond commençait à se sentir un peu à part. Quasiment toutes les personnes présentes semblaient unies par le sang ou par l'alliance. Bientôt deux d'entre elles pourraient l'être des deux façons à la fois.

Il venait de porter le verre de Whisky à ses lèvres quand une première personne fit irruption dans la salle. Tout en restant assis, il la salua d'un signe de tête lorsque leurs regards se croisèrent, attendant qu'elle ait porté son attention sur quelqu'un d'autre pour l'observer d'une manière plus poussée. A vrai dire, la pauvre donzelle avait plus d'attributs masculins que n'en avaient certains jouvenceaux qui avaient déjà croisé la route du Blond. Elle était de petite taille, avait les épaules larges, un regard torve, et pour couronner le tout, l'épilation ne semblait pas être l'une de ses activités favorites. En somme, elle avait un physique ingrat et ne semblait pas vraiment faire le moindre effort pour tenter de remédier à cela. Sa carrure impressionnante était toutefois prometteuse et se révélerait plus que probablement utile pour la tâche qui les attendait. Il était même fort possible qu'elle soit capable de terrasser le blond si jamais ils venaient à être opposés par un duel, mais le vagabond se gardera bien de ne jamais révéler cette pensée. Son nom était imprononçable pour lui, d'autant plus avec la manière de parler qu'avait la bougresse, aussi le blondinet tourna les yeux vers Sarah, non seulement pour la dévorer du regard, mais aussi dans l'espoir que le surnom qu'elle attribuerait à la nouvelle arrivante puisse être retenu plus facilement. Et il ne fut pas déçu puisqu'elle l'affubla du sobriquet de paysanne avant de l'inviter à se servir.

Et une autre personne, encore une femme, fit son entrée d'un pas assuré. Elle semblait avancer en terrain connu, déjà connaitre les lieux. Elle salua la maitresse des lieux ainsi que l'homme de manière chaleureuse avant de se contenter de hochements de têtes pour les autres. Les quelques boutades qu'elle lança suffirent à lui attirer d'emblée la sympathie du vagabond. Elle détendait l'atmosphère, et il en avait grandement besoin. De plus elle était loin de la vision qu'il s'était faite de ses probables futurs compagnons de route. Il s'attendait à des hommes taillés dans le roc, surarmés, peu enclin à la parole et encore moins à la plaisanterie, mais plutôt prompt à débarrasser votre corps de votre tête à la moindre parole de travers. A la place se tenait un jeune femme jeune rousse plutôt mignonne, mais qui ne paraissait pas taillé pour le combat. Toutefois Tynop savait bien qu'il ne fallait pas se fier aux apparences.

Puis ce fut au tour d'Enjoy de s'introduire, cette dernière n'étant pas venue seule. Enjoy et ses formes plantureuses, Enjoy et son visage fin, enfin débarrassé des diverses bosses, plaies et ecchymoses qui y avaient élu domicile la première fois qu'il l'avait croisé, et dont il s'était tant moqué. Il ne put retenir un léger sourire à sa vue. Il avait apprécié découvrir les Corleone lors de son séjour à Sémur, et avait partagé plus d'un mot et d'une pinte avec Enjoy. La jeune femme qui l'accompagnait paraissait avoir environ le même âge que la Corleone, et partageait bien des caractéristiques physiques avec sa voisine, comme un air de famille. Les deux n'avaient pas vraiment l'air à l'aise. Décidément, cela semblait récurrent en ces lieux. Et c'était d'autant plus surprenant que la Corleone ne l'avait pas habitué à cela mais s'était bien au contraire montré fière et avait arboré une confiance en elle-même qui pouvait être considéré comme de l'arrogance, au point que le Blondinet lui avait plusieurs fois demandé comment allaient ses chevilles.

Tout fut enfin clair dans l'esprit de Tynop lorsqu'Enjoy fit les présentations. L'identité de sa compagne révélé, l'air hésitant qu'elles affichaient était enfin expliqué. Il but une nouvelle gorgée pour éviter de rire, tandis qu'il observait avec un certain amusement les diverses réactions. Car il avait le privilège d'être déjà au courant. Si les personnes présentes étaient choquées de cette annonce, elles avaient pour l'instant toutes la politesse de ne point le laisser paraitre. La première à briser le silence qui suivi la déclaration fut la jeune rousse qui les avait précédé, en lançant de nouvelles boutades qui parvinrent à faire rire l'espace de quelques instants le blondinet. Elle lâcha dans la même tirade son prénom, qui n'était autre que Sybelle. En un mot ou en deux, Tynop n'avait aucune idée de la bonne manière de l'écrire. Il aurait même pu prendre cela pour une autre plaisanterie si elle avait lâché un "je suis Sybelle" en guise de présentation.

Le regard du blond se tourna vers sa sauvageonne d'Ecossaise. Si une moue apparu brièvement sur son visage, elle laissa bien assez vite place à un sourire, tandis qu'elle leur souhaita la bienvenue. Si les Corleone avaient quelques inquiétudes quant à la réaction des MacDouggal, elles devaient plutôt être agréablement surprise, puisqu'au lieu de regards furieux, emplis de mépris ou de dégoût, on leur parlait déjà de mariage. Surprenant. Tynop se gardait bien d'émettre un quelconque jugement sur le drôle de couple que pouvait former les cousines. Puis il se doutait très bien que si jamais il avait un jugement, ni Enjoy ni Laell n'en auraient cure. Les seules réactions qui devaient importer pour elles étaient celles des Macdouggal. De toute façon il avait lui-même baigné dans des relations peu recommandables voir punissables aux yeux de l'Eglise, et savait que si jamais il y avait un paradis, il n'y aurait pas sa place. Néanmoins il se sentait quelque part privilégié d'assister à cette scène, de pénétrer d'une certaine manière dans l'intimité de deux familles, lui, le vagabond que tous les autres ne connaissaient pas ou peu. Et la tournure que prenaient les évènements était loin de lui faire regretter sa décision. Il y avait là des personnes tolérantes, et parmi elles, il en connaissait et appréciait déjà deux. Et encore parmi ces deux, il y en avait une pour qui il avait bien l'impression d'éprouver des sentiments.

C'est d'ailleurs cette personne qui s'avançait vers lui, pour passer son bras autour de sa taille. Le "blondinet" esquissa un léger sourire, quelque peu gêné. Sarah avait apparemment changé d'avis, probablement motivée par l'annonce d'Enjoy, et avait décidé de ne pas cacher leur relation naissante au reste de sa famille. Le geste toucha Tynop, qui passa à son tour son bras sur la hanche de la belle. Il lança un vague sourire à Enjoy. Il trouvait la situation amusante. Jusqu'à présent personne n'était au courant pour Enjoy et sa cousine, pas plus que pour la sauvageonne et le blondinet. Toutefois Tynop savait déjà pour les Corleone, et Enjoy n'y était pas pour rien dans le rapprochement entre le vagabond et l’Écossaise. Il décida de sortir de son mutisme:


Et bien bonjour à tout le monde. Donc moi pour ceux qui ne savent pas encore,c'est toujours Tynop. Je vais en profiter, puisque c'est l'heure des présentations, et apparemment aussi des révélations. Il regarde Sarah en souriant, se demandant si elle ne va pas lui en vouloir, avant de porter à nouveau son attention sur le reste de l'assistance. Voilà, à défaut d'être mon cousin, vous pouvez considérer Sarah comme ma compagne. Toi aussi d'ailleurs, Sarah, si tu veux, tu peux te considérer comme ma compagne. Ce serait même mieux, d'ailleurs, tout compte fait.
Un sourire en coin, puis il reprend
Un autre couple souhaiterait révéler son existence peut-être? Non parce que c'est l'occasion, là. Autant tout faire d'un coup, comme ça on pourra passer à ce pourquoi on est tous là. Enfin moi je dis ça... Je dis ça, quoi.

Un nouveau sourire, et il finit son verre d'une gorgée. Il ne savait vraiment pourquoi il venait de faire cela, mais il l'avait fait. Après tout pourquoi pas. Cela allait peut-être énerver son Ecossaise de compagne, mais il avait fait cela pour la débarrasser du fardeau qu'elle semblait porter et ne pas avouer. Et il n'aimait pas être un fardeau. Soit elle allait dans son sens et tout allait pour le mieux, soit il se mangeait une torgnole, voire un coup d'épée et l'aventure s'arrêtait pour lui dans ce sous-sol. Au moins, il serait fixé.
Syuzanna.
Quelque part, perdu dans l'immensité du ciel et de la terre, les dieux devaient avoir décidé que ce jour leur serait consacré. Peut-être que Syuzanna avait été moins rigoureuse dans ses prières ces derniers temps, et pour se rappeler à son bon souvenir, ils s'amusaient à distiller leurs noms dans les conversations de famille.
Lorsque la petite paysanne débarqua dans le sous-sol, la rousse eut comme un hoquet de stupeur et ne put retenir un malheureux « Par Lug ! ». De sa vie, c'était bien la première fois qu'il lui était donné de contempler une mine aussi peu gracieuse que celle de Praséodyme. Se rendant compte trop tard de sa grossierté, elle tenta de faire passer le tout sous un sourire engageant. Mais la chose était faite et il était trop tard pour y remédier.


- La rouquine. C'est moi, effectivement. Vous avez l'oeil. Une ombre de sourire pseudo-amusé passa sur son visage. Syuzanna MacDouggal.

La rousse allait lui proposer bock de whisky et place assise lorsque Sybelle fit son apparition. Toujours semblable à elle-même, elle sautillait de-ci de-là tel un oiseau pressé, le visage auréolé de mèches enflammées. Et comme de coutume la plus jeune de la troupe râlait haut et fort à propos de rien, faisant une montagne d'une motte de terre. Des pommes ? Et quoi encore ? Qu'en avait-elle à faire, de la disparition des fruits ? Voilà bien une préoccupation toute « sybellienne » songea Syuzanna, amusée malgré elle.

L'Ecossaise s'apprêtait à poursuivre la conversation dûment entamée avec Praséodyme lorsque deux autres personnes firent leur apparition dans la pièce souterraine. La vue de sa soeur fit bondir le coeur de Syuzanna. C'était toujours un réel bonheur de voir sa puînée, qu'elle aimait tant. Elle s'amusa un instant en songeant que finalement, sans qu'elle ait pu le deviner à l'avance, elle se livrerait comme la brune, au pillage de mairies. Chose qui encore quatre mois avant lui aurait paru impossible. Mais cela, c'était avant de constater que ces maudits Français ne respectaient pas sa famille. Et rien n'était plus important pour Syuzanna que la famille. Qui avait le malheur d'égratigner l'un des siens risquait fort de se prendre tout le Clan sur le coin du nez. Et les rares témoins qui pouvaient encore en témoigner n'auraient fait que confirmer cette brutale réalité.

La rousse s'apprêtait à aller donner l'accolade à sa soeur lorsque celle-ci annonça tout de go que la demoiselle présente à ses côtés était certes sa cousine, mais également sa compagne. « Par Dagda ! » s'exclama-t-elle, surprise. Si une minute avant Syuzanna n'avait pas pris le temps de bien examiner la jeune femme, elle le prit avec une attention accrue. L'air de famille était bien présent, et brusquement elle en fut jalouse. La dénommée Laell avait plus de ressemblance avec Cait' qu'elle-même. Sans doute l'effet de la brune chevelure. Syu se força néanmoins à retrouver la raison. Et tâcha de considérer la situation dans son ensemble. Sa soeur tant aimée... amoureuse d'une femme ? De sa cousine ?
Lentement, elle tourna la tête vers un Duncan décidément dépassé par la situation. Il ne s'était pas encore remis du spectacle de son épouse torturée. Il semblait plus protecteur que jamais envers elle, et chaque fois qu'elle s'en rendait compte, une bouffée d'amour pur lui nouait l'estomac. C'était l'amour. Et si Cait' de son côté, ressentait la même chose pour Laell, qui semblait bien le lui rendre... était-elle vraiment en mesure de la condamner ? Après tout, on avait bien marié des cousins et cousines ensemble pour renforcer les alliances, songea-t-elle.

Syuzanna reporta son attention sur sa soeur, la détaillant des pieds à la tête. Cait' attendait quelque chose d'elle, la rousse le savait. Sa mémoire lui envoya en vrac, les souvenirs tumulteux de leur enfance passée si loin d'ici. Sa soeur avait toujours été sa meilleure amie, également. Elle se plut à imaginer la réaction de leur père. A coup sûr, il aurait scandé très haut que cette « anormalité » venait de Syndia. William, qui avait été si dur avec elles. Pour faire d'elles ce qu'elles étaien aujourd'hui. Qui avait eu deux fois le coeur brisé par les deux seules femmes qu'il avait aimé.
L'Ecossaise secoua la tête, et fit un pas en avant. Son regard ambré chercha celui de sa puînée.


- Père dirait sans doute que tu ne faciliterais pas la pérrenité de notre nom, commença-t-elle d'une voix hésitante. Et moi, je dis que je suis là pour ça.

Franchissant les quelques pas qui la séparaient de sa soeur, Syuzanna passa un bras autour du cou de sa cadette pourtant plus grande qu'elle. L'accolade fut brève mais chargée de sens. Elle n'était toujours pas extrêmement démonstrative - exceptée avec Duncan quand ils étaient seuls mais cela se réfère à une autre partie de la personnalité de la rousse - mais elle ne doutait pas que Cait ait parfaitement compris le message.
S'intéressant de plus près cette fois, à Laell, Syuzanna lui sourit légèrement. Venir ici après tout, revêtait d'une certaine forme de courage. On pouvait être habitué à la verve piquante et la pratiquer soit-même, mais c'était tout autre chose, quand on tombait dans un nid d'Ecossais bouillonnants de colère.


- Laell Corleone... je suis toute prête à être enchantée de te connaître. Mais les ronds de jambes c'est pas vraiment mon truc. Moi, c'est plutôt le Scotch. Alors si tu veux bien, nous ferons connaissance autour d'une pinte. Elle désigna la tablée où végétait silencieusement une Praséodyme qui semblait fortement apprécier le contenu des tonneaux. Viens donc t'assoir.

Il lui faudrait du temps sans doute, pour s'habituer à cette idée étrange. Contre nature. Mais si sa soeur avait choisi cette femme entre toutes, alors elle apprendrait à s'y faire, et à apprécier la jeune femme.
Prenant place elle-même en face de la paysanne au visage fort laid, elle servit à tour de bras des chopes de scotch.


- Faisons comme notre amie Praséodyme ! Buvons et décrassons-nous le gosier.

L'annonce de Tynop lui fit lâcher le bock qu'elle tendait à Duncan. Le liquide précieux se répendit malencontreusement sur les genoux de son époux, et elle grimaça légèrement. Puis se tournant vers le couple tout juste déclaré, elle ouvrit de grands yeux et fixa un instant Sarah. Et tout ce qu'elle trouva à dire fut :

- Tu te mets au blond toi aussi ? Fais gaffe, ils ont un peu tendance... à devenir chiants à la fin.

Un fin sourire flotta sur ses lèvres ourlées, avant qu'elle ne frappe la table du poing.

- Bon ! On est ici pour causer amour ou pour prendre une mairie, dites-moi ? Si on commençait enfin à parler de la raison de notre présence ici ?
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Laell
Les derniers mètres avalés, la porte se dessina clairement. Un chien montait la garde. Un regard vers sa Brune, elle n'avait pas l'air plus assurée que l'Italienne. Ainsi ses craintes étaient fondées. Qu'elle en ait parlé ou non, l'Ecossaise s'attendait au pire tout comme elle. Une respiration plus intense que les autres marqua le seuil, comme pour permettre à Enjoy de se redonner courage.
Dans ce lieu inconnu qui l'avait pourtant fait rêver depuis des jours, espérant y recevoir bon accueil, leurs pas résonnèrent dans un silence troublant. Un escalier s'offrait à elles, d'un pas décidé la Pois Cossaise s'y engagea, suivit de près par Laell. La porte fut ouverte, libérant ainsi la vision de l'Italienne sur les personnes présentes. Bien trop de monde à son goût. Une seule tête connue. Aucun n'avait l'allure d'un brigand, sauf peut être celle ci là bas, avec son faux air de Grayne. Enjoy l'avait prévenu, les MacDouggal étaient honnêtes et de la bonne société pour la plupart. Un sentiment de ne pas être à sa place monta en elle. Elle arrivait vêtue de ses habits habituels, de noir et de rouge, sa cape sur les épaules, poussiéreuse de la route, la hache à la ceinture. Seul son bouclier manquait à son attirail. Elle ne venait pas se battre mais son arme ne la quittait jamais.
Son regard fit le tour de la salle. L'endroit était propre, une odeur agréable flottait dans l'air. Sans aucun doute, elle aurait fait demi-tour si elle n'avait su les raisons de sa présence. Elle resta un peu en arrière d'Enjoy, même si elle voulait se montrer assurée et fière, son regard trahissait la tempête qui agitait ses certitudes. Elle sentait les yeux se tourner vers elles quand Enjoy ouvrit la bouche, quelques mots inconnus de l'Italienne qui ne chercha pas à les comprendre. Puis sa main se glissa dans la sienne, l'incitant à faire un pas en avant.

Je vous présente ma cou... Seconde de silence, qui dura une éternité pour la brune ...ma compagne et cousine, Laell Corleone.

Adrénaline qui s'empare d'elle, sa main se serre légèrement autour de celle de sa future femme. Les dés sont jetés. Gorge qui se serre, s'attendant au jet de pierre. Instant de stupeur, avant la première réaction. Une rousse, plus jeune qu'elle à première vue. Sans doute de la famille puisqu'elle réagit.

Et c'est maintenant seulement que tu nous la présentes ? Heureusement que Syuzanna et Sarah ont eu cette drôle d'idée, sans ça je sens qu'on aurait pu attendre jusqu'à Samain pour rencontrer Laell !

Elle ne savait pas ce qu'était Samain, mais se dit que ça devait être loin. Puis son regard se posa sur elle, il n'était ni inquisiteur, ni méfiant. Ce qui surprenait la Corleone. Peu étaient ceux dans sa famille qui l'avait accepté si facilement.

J'sais pas c'que vous lui trouvez à celle-là, parce que c'est une sacrée emmerdeuse, mais en tout cas vous êtes bienvenue dans la famille. Oh et moi, c'est Sybelle. Vous voulez un truc à boire ? J'vous aurais bien proposer de manger une pomme, mais y'en a plus nul part ici.

La réflexion lui tira un sourire. Oui Enjoy était une emmerdeuse, piquante et mordante mais elle était Elle. Elle se présenta, Sybelle, la cousine donc. Le couple avait souvent parlé de cette famille qu'elles ne partageaient pas et Laell avait fini par retenir les noms et les liens qui les unissaient à son Ecossaise. Le vouvoiement l'inquiéta quelque peu, elle n'avait pas l'habitude qu'on la traite ainsi et elle trouvait que ça instaurait une distance qu'elle n'aimait pas, mais elle s'adapterait, après tout, ça lui paraissait trop facile. Peut être cette réaction n'était elle dû qu'au fait qu'ils avaient besoin d'eux. Elle acquiesça à l'offre de boire un coup, sans pour autant mot dire. Elle craignait toujours les réactions des autres. Une seule avait réellement de l'importance à ses yeux. Celle de Syu. Sa propre soeur les avait rejetées et elle savait le mal que ça faisait. Elle espérait qu'il n'en serait pas de même pour Enjoy.

Puis un homme brun au fond réagit à son tour d'un simple "Bonjour". L'Italienne chercha dans son regard une quelconque désapprobation, mais n'arriva pas vraiment à définir les pensées de l'homme qui semblait chercher sa façon d'agir dans la réaction de la rousse qui se tenait à ses cotés.

Une voix connue se fit entendre, la Corleone tourna les yeux vers sa propriétaire, Sarah. Elle s'avance vers elles, sourire aux lèvres. Jusqu'ici tout va bien, mais l'important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage*.

Contente de vous revoir à toutes les deux. Mais allez-y, entrez, n’restez pas sur le pas de la porte. Après tout, z’êtes ici chez vous. Oh et, si mariage il y a, j’compte sur vous pour m’inviter, paraît que j’deviens presque sociable ces derniers temps.

Oui mariage, il y aurait, mais l'Italienne laisserait Enjoy aborder le sujet quand elle penserait le moment venu. C'était leur principal sujet de conversation en ce moment mais pas celui de leur présence ici. Sarah alla rejoindre un blond un peu plus loin. Sans doute Le blond dont lui avait parlé sa Brune, celui de Sémur, celui du bouclier. Le regard de la brune se posa sur lui alors qu'il prenait la parole. Tynop, c'était bien lui. Il était dans les bras de Sarah, parfait, elle n'avait rien à en craindre.

Enfin la dernière rousse s'avança vers elles. S'arrêtant aux mots d'Enjoy. Lâchant un "Par Dagda !", encore un mot inconnu de l'Italienne, mais au ton employé, elle sut qu'il n'était pas des plus positif. Son regard se posa sur elle, se sentant détaillée, elle comprit instantanément que celle qui lui faisait face était sa futur belle soeur. Inconsciemment la main de Laell se raffermit sur celle de sa Brune. Son coeur battait en ses tempes, la réaction tardait et l'inquiétude la submergeait. Elle aurait voulu trouver une chose à dire, briser l'attente d'un bon mot. Puis la rousse détourna le regard vers le brun avant de revenir le déposer sur Enjoy, la regardant de la même façon qu'elle avait observé Laell quelques instants plus tôt.

Père dirait sans doute que tu ne faciliterais pas la pérrenité de notre nom. Et moi, je dis que je suis là pour ça.

Comment le prendre ? Mal, était la première idée de Laell. Et si Syuzanna réagissait comme Enaell ? L'Italienne fixa ses noisettes sur celle qui leur faisait face, guettant toute réaction. Puis une embrassade presque furtive des deux soeurs lui apporta sa réponse. Elle n'irait pas vomir elle au moins. Un léger sourire lui fut adressé, auquel elle répondit avec la même légèreté.

Laell Corleone... je suis toute prête à être enchantée de te connaître. Mais les ronds de jambes c'est pas vraiment mon truc. Moi, c'est plutôt le Scotch. Alors si tu veux bien, nous ferons connaissance autour d'une pinte. Viens donc t'assoir.

La réponse lui en décrocha un franc. Elle appréciait l'idée d'accepter d'être enchantée, sans pour autant dire l'être. Elle même avait l'habitude de répondre qu'elle ne l'était pas encore quand un inconnu le lui disait. Enfin, elle retrouva sa contenance, ouvrant la bouche pour la première fois depuis qu'elle avait remit son cheval en route.

J'te garantie pas qu'tu l'sois, mais je te rejoins sur l'idée d'se connaitre avec une chope à la main.

Gardant la main d'Enjoy dans la sienne, elle prit place autour de la table, rangeant craintes et doutes. On ne l'avait pas rejetée dès les premiers instants, elle pourrait leur montrer ses talents de Corleone. La réaction de la Rousse aux paroles du blond, lui fit penser que le sujet avait juste été éludé. Soit, elle lui laissait l'occasion de se faire connaitre avant de décider si elle approuvait ou non. Ce qui convenait parfaitement à la Corleone pour qui cette réaction semblait bien plus normale que celles d'acceptation et d'enthousiasme qu'avaient eu les autres juste avant.

*citation de "La haine"

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Enjoy
    L'appréhension fut rapidement estompée par les réactions consécutives de la cadette, de la sanguinaire, puis de sa soeur aimée. Une accolade brève mais pleine de sens. Toutefois elle trouvait cela presque trop facile. Pas que son envie eut été de devoir batailler ou d'en venir à déverser un venin acide envers sa famille. Mais cette acception avait un arrière goût de sujet qui s'étiole vaguement pour céder aussitôt la place à un autre. La furette comprenait bien les enjeux. Que le moment n'était pas à sombrer dans les marques de faiblesses. Et bien que le printemps était à leurs portes, les amours naissants ne devaient pas les faire dévier de la raison de leur présence. Aucune embûche, aucun écueil ne pourraient se mettre en travers de leur chemin. Bien qu'elle eut apprécié les propos tenus par les membres de son clan. Étrange sensation que la validation de cette relation contre nature. La faisant passer au second plan. Et ceci dans le seul but de ne pas froisser ce précieux renfort. Stratégie ou Sincérité ? Finalement elle délaisse l'aspect purement calculateur, pourtant légitime, de son esprit. Ne pouvant remettre en question la parole donnée.

    Prenant une place aux côtés de Laell, non loin de la « Paysanne ». Lâchant la main de l'Italienne, lui adressant un regard soutenu par des sourcils froncés. Signe qu'il faudrait qu'elle retrouve entièrement son aplomb qui la caractérise si bien. Les deux étaient vraiment complices et avaient développé une façon de communiquer qui déstabiliserait quiconque. N'ayant pas omis la présence du Blondinet. D'ailleurs, elle est venue avec ce fameux bouclier qui trône près de sa monture. La définition du Tynop se teinte de surprises. Drôle, attachant, loin des stéréotypes. La mustélide aurait pu mettre en cause le bien fondé de sa participation. Le trouvant bien trop « couard » pour ce genre d'expédition. Mais l'homme possédait une chose très rare, celle de dissimuler à merveille ses intentions. Alternant entre le limpide et le nébuleux. Ce qui, au fond, avait tendance à la rendre suspicieuse à son égard. Peut être jouait-il un double jeu ? Si tel était le cas, ses attributs lui serviraient de corde pour la potence. La taupe grillée est un mets des plus exquis.

    A cette évocation ses onyx détaillent la caboche peu reluisante de la corpulente. Un esprit de déduction fort brillant aurait pu dire qu'elle a la descente facile... Chose qui lui déplaît légèrement. A part Laell, personne ne peut se pinter et être apte le jour J. Elle le sait pertinemment et c'est une des raisons qui la met souvent en rogne. Entre les paumés, les tachés et les noyés du bulbe, la liste prenait des ampleurs considérables. N'ayant confiance en personne mise à part ceux de ses familles. Et encore était-elle bien exigeante pour les juger avec sévérité dès lors qu'ils leur faisaient prendre du retard ou pire. Froncement de museau certain afin de gratifier leur hôte de son désaccord vis à vis de cette attitude. Qui ne tarde pas à prendre la forme d'une parole à l'attention de sa soeur.


    Tu embauches des ivrognes ?

    Dit-elle en croisant le regard de la « Paysanne ». Dans l'attente que cette dernière rétorque ou bien éprouve le sentiment qu'une absence de réponse est plus adéquat. Ses prunelles scrutent les moindres détails de la pièce. Un feu crépitant assure un éclairage chaleureux avec le concours de chandelles. Le chardon trônant sur le manteau de l'âtre lui arrache un petit sourire, se tortillant sur sa chaise afin d'observer le reste de la décoration. Sobre mais offrant une ambiance conviviale avec ce tartan aux couleurs des Macdouggal. Venant caresser la peau de mouton qui lui sert d'assise, elle fend l'air pour rompre le silence une nouvelle fois.

    Bien que ce fut confirmé par missive, sachez que nous répondrons présents.
    Nous formerons une alliance lors de laquelle nous vous laisserons les lauriers de la revendication.


    L'usage du "Nous" et du "Vous" assure une différenciation entre les deux familles. Bien qu'étant le liant et ayant répondu à l'appel de Sarah afin d'assurer cette Vendetta pour les siens. La mustélide ainsi que Laell, endossaient les rôles de porte parole de la famiglia. Loin l'idée de les spolier. Là encore la discussion avait été âpre avec l'Italienne. Aurait-elle pu se dévoiler davantage mais avant sa soif de curiosité devait être étanchée. Retournant toute son attention vers la femme au faciès disgracieux.

    C'est qui ?

    Vous n'avez pas dû la dénicher dans un bordel. Où alors un pour aveugles ou déshérités qui partagent leurs couches avec les chèvres.
    Et encore, cela serait faire insulte à ces braves bêtes...


    La concernée risque de ne pas apprécier. Peut être même que les autres y trouveraient à redire. Ceci dit, la confiance s'acquiert en passant certaines étapes. Et sa soeur voulait aborder la prise de mairie, sans aucun doute que son envie serait assouvie. Puis cela lui permet de leur montrer comment elles travaillent. Pour l'instant, rien ne peut laisser présager que leur hôte, s'enfilant verre après verre dans le cornet, était digne d'intérêt. Même si son aspect lui confère une certaine forme de légitimité et un petit côté roublard. D'une de ces gueuses qui a longuement crapahuté. Ou peut être n'est-elle qu'à ranger dans le placard des imposteurs ?

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Manu.
Fredonnant un petit air triste à souhait, le barbu ressasse inlassablement ses sombres pensées. Il est parti sans Childe, chose qu’il fait de façon extrêmement rare. Depuis qu’il l’a rencontrée, c’est elle qui lui insuffle la force d’avancer, elle qui le motive à donner le meilleur de lui-même afin d’être autre chose qu’un sale coureur de jupons alcoolique. Mais des fois, l’absence de sa fille est trop difficile à supporter pour qu’il reste auprès de Childesinthe sans risquer de la blesser, de prononcer des phrases qu’il regretterait aussitôt. Il est comme ça le MacDowell : impulsif et beaucoup trop impétueux. Si ça avait été une autre femme, du genre de celles qui ont partagé sa couche ces derniers mois, il se ficherait bien de ses états d’âme mais là, il s’agit d’ELLE. Il la respecte et, sans oser se l’avouer, il éprouve des sentiments pour elle. Forts, trop pour qu’il puisse se permettre de la perdre. Alors quand sa fille lui manque à un point insupportable, il se casse. Il n’aime pas faire subir ses absences à celle qui partage désormais sa vie mais c’est toujours mieux que ses crises de colères. Pour occuper son esprit et oublier que cette chienne de Lacienda lui a volé sa fille, soit il court sans but soit il rejoint ce qui peut s’apparenter à son chez-lui. La Tour MacDouggal, un petit bout d’Ecosse en France, le seul endroit où il se sente bien. Aujourd’hui c’est la deuxième option qu’il a choisi car il sait ce que sont en train de fomenter les siens. Une prise de mairie. Belle revanche pour lui, le fier Écossais dont l’honneur a été sali par une montagne d’imbéciles méprisants et méprisables.

Le sous-sol lui a dit sa sœur. Va pour le sous-sol donc. Il s’accorde quelques minutes interminables pendant lesquelles il fixe l’océan qui s’étend aux pieds du surplomb rocheux avant de se décider à s’engouffrer dans la Tour. Il est chez lui donc il ne risque pas de se perdre, ni n’être un intrus. Se baissant pour ébouriffer Touffu, il trace sa route jusqu’au fameux sous-sol, siège d’une réunion des plus répréhensibles. Il préfère rester quelques temps en retrait, dans l’embrasure de la porte afin de détailler les environs et les différents protagonistes. Décor chaleureux qui lui arrache un sourire, on est loin de l’aménagement lugubre auquel il s’était attendu. Quant aux personnes présentes…Sa sœur est la première qu’il remarque : toujours aussi belle et fière. Pour lui elle est le roc sur lequel il a envie de s’appuyer car même si elle a traversé de nombreuses épreuves, elle a su garder la tête haute, rester forte et il ne l’en admire que plus. Ses deux rousses cousines, magnifiques elles aussi, à croire que c’est de famille, ainsi que Duncan époux de l’une d’elles. Il y a aussi un blond inconnu, étrangement proche de sa sœur, ainsi qu’une femme qui a l’air d’avoir un sacré penchant pour la bouteille, plus une autre, brune et assez discrète. Et puis il y a la belle Enjoy, encore une cousine, qui est accompagnée d’une jeune femme brune plutôt jolie et habillée d’une façon qui lui plaît. Guerrière ou brigande ou bien les deux. Vient alors le moment des révélations.

C’est le bordel dans la tête du barbu, même le gros bordel. C’est quoi c’est conneries ?! D’abord sa cousine qui couche avec une de ses cousines. En somme, ça peut être un poil excitant du fait que ce sont deux femmes et qu’elles transgressent un interdit mais deux cousines ? Ahem. Il n’a même pas le temps de s’attarder sur cette révélation-là que le blond nommé Tynop en fait lui aussi une. Une de celle qui fout une sacrée claque. « Vous pouvez considérer Sarah comme ma compagne », ah non, non, je crois pas, non ! C’est quoi ce délire ?! Manu ouvre de grands yeux, fermant et ouvrant la bouche comme un poisson trop vite sorti de l’eau, et ce, à plusieurs reprises. Son Autre, son Unique et ce…blond ? Il ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec cette loque de Seurn. Putain, si le Tynop en question est Danois en plus d’être blond, ça va barder. L’Ecossais s’avance d’un pas rapide et déterminé vers Ellana –parce que oui, pour lui, elle gardera toujours le prénom qu’elle a eu à la naissance- et Tynop avant de toiser ce dernier de haut en bas puis de bas en haut. Il ne veut pas croire que ces deux-là forment un couple et surtout il n’ose imaginer les paluches de ce blond sur le corps parfait de sa sœur. Possessif ? Peut-être. Protecteur ? Oui. Sourcils froncés, il continue son inspection jusqu’à ce que ses yeux s’arrêtent sur un détail. Un gros détail même. Il a sa main sur la hanche d’Ella mais elle, elle ne le repousse pas, elle a même glissé son bras autour de sa taille. Ils sont…enlacés. Comme un couple.

*TILT*

C’est quoi ça ?!

Le « ça » est volontairement appuyé par un barbu qui ne peut s’empêcher de détailler encore et encore ce blond qui s’est accaparé le cœur de sa sœur. Ouh il n’aime pas ça, mais alors pas du tout. Il n’a pas l’habitude de partager sa Précieuse, encore moins avec des hommes dont il ne sait rien. Secouer Tynop comme un prunier lui apparaît comme une belle alternative mais c’est le regard de sa sœur qui l’arrête et son sourire. Elle est heureuse. C’est évident. Comment a-t-il pu passer à côté de cette tendresse qui a envahi son regard et de cette douceur qui se lit sur son sourire ? Voilà bien longtemps qu’il ne l’avait pas vue ainsi, depuis bien trop d’années il ne lisait que de la souffrance dans les yeux de son Autre quant à son sourire –lorsqu’elle en esquissait un- il était soit mélancolique, soit uniquement là pour le rassurer. Elle est heureuse. Enfin. Peut-être finira-t-elle-même par quitter cette Horde de fadas Sanguinaires. L’Ecossais a beau être têtu comme une bourrique –dixit sa sœur-, il sait reconnaître quand il a tort. Frapper Tynop alors qu’il est sans doute à l’origine de ce bonheur retrouvé ? Non. Surtout que pour le coup, c’est Ellana qui risquerait de lui foutre une torgnole. En revanche il n’est pas prêt d’accorder sa confiance au « Blondinet » et il compte bien le lui signifier.

Ecoute-moi bien mon p’tit gars parce que je le répèterai pas deux fois. Si tu fais le moindre mal à Ella, enfin, Sarah, j’te foutrai une branlée qu’t’es pas prêt d’oublier…et j’espère vraiment que t’es pas Danois.

Sans lui laisser le temps de réagir, il dépose une bise sur le front de sa sauvageonne de sœur avant de rejoindre le reste du groupe. S’emparant d’une chope qu’il remplit de whisky, il dépose une bise sur la joue de chacune de ses cousines, saluant le reste de l’assemblée d’un signe de tête. Lorsque Enjoy se met à critiquer la buveuse tout en insistant sur son faciès disgracieux, le barbu se met à rire. Il a décidément bien fait de venir car de quelques révélations et quelques piques, sa famille lui a ôté du moins provisoirement, la perte de sa fille. Quand il retrouve enfin son sérieux, il adresse un regard réprobateur à sa cousine mi Italienne mi Écossaise, souriant tout de même d’un air taquin.

Enjoy, laisse-la picoler tranquille tant qu’elle reste apte à parler stratégie. C’est pas pour demain la prise, si ? *il se tourne ensuite vers le buveuse, toujours aussi souriant* N’vous inquiétez pas, elle est pas si méchante qu’elle en donne l’air. Sauf quand elle est en présence de traitres, mais vous n’en êtes pas une, n’est-ce pas ? *petite mise en garde à peine dissimulée avant qu’il enchaîne sur les présentations*J’suis Manu MacDowell.

Et puis, parce qu’il est comme ça, il ne peut s’empêcher d’enchaîner sur une plaisanterie faite d’ironie, qu’il lance à Enjoy.

Eh ben, j’savais pas que tu faisais dans la consanguinité, sinon j’aurais tenté ma chance avec toi. *et le voilà reparti dans un nouvel éclat de rire*. Mais je dois reconnaître que tu as bon goût, Laell –c’est ça, hein ?- est vraiment très séduisante.

Toussotant pour signifier le passage à un autre sujet, un peu plus sérieux cette fois-ci, il darde sur l’assistance un regard teinté de solennité.

Bien, maintenant que nous, enfin, vous avez défini les conditions de l’alliance, c’est-à-dire coup MacDouggal/Corleone avec statut de prise MacDouggal, on pourrait peut-être en venir au plan d’attaque, non ?
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Praseodyme
Praséodyme commençait à s’ennuyer ferme, au milieu de cette réunion de famille. La famille, ça faisait belle lurette qu’elle n’en avait plus, et elle préférait de loin la compagnie de gens de son espèce à celle de la belle société. Le prochain à rentrer serait un curé, elle était prête à le parier, qui allait entreprendre de leur chanter la messe ; ça commençait à bien faire. D’autant qu’à les entendre s’épancher sur leurs histoires de cul, elle se mit à douter sérieusement de leur capacité à voler quoi que ce soit, fusse une petite cuiller en vermeil dans leur propre vaisselier. Et que comptaient-ils donc piller ? Leur propre tour. Praséodyme savait que ce genre d’entreprise est fort risquée, et qu’il n’est pas bon de la mener avec n’importe qui. D’autant que le gain est rarement à la hauteur des espérances, plus on est de fous, moins on rit, le souvenir du pillage de Muret, au printemps dernier, était encore vivace dans son esprit. Les plus gros voleurs, ce sont les bourg-mestres et les nobles, ils n’ont pas de difficultés majeures en cela, puisqu’on leur donne la clef du coffre. En brigandant seule, elle s’était fait des plus de mille écus, parfois, et personne n’était venu porter plainte, vu que les cadavres ne parlaient point. Elle se dit que si cette affaire menaçait de tourner en eau de boudin, elle lèverait ses gounelles à poignée et prendrait le large au plus vite.

Elle regardait fixement une des filles, l’air absent. Celle-ci venait d’avouer à la Compagnie qu’elle aimait le gigot à l’ail. Pourquoi pas, après tout, chacun ses goûts ? Bien que Praséodyme préférât de loin la virile rigidité de son compagnon de route, le bel Olaquétal, qui était certainement né sous la protection du dieu Pryape, vu ses capacités impressionnantes. La mijaurée se sentit-elle observée. Toujours est-il qu’elle lança quelques réflexions à la cantonade, mais qui lui étaient adressée à elle en priorité. Mauvais point, si elle ne s’adressait pas directement à Praséodyme : cela dénotait un manque certain de courage et de franchise, mais vu son profil de fouine, il n’y avait rien de bien étonnant en cela. Inquiétant, par contre, car les gens peu francs du collier sont prompts à tourner casaque au premier danger. Cette fille serait à surveiller, et ne pas la laisser traîner dans son dos …

Pour tromper l’ennui, elle sortit de sa besace un bout de lard rance et deux cives blanches que lui avait remis Olaquétal. Les navarrais sont friands de ces petits oignons qu’ils croquent le matin au réveil, pour se parfumer l’haleine. Elle sortit un poignard de sa botte gauche, une petite lame triangulaire qu’elle gardait en plus de sa miséricorde, et qui servait à manger, et aussi pourquoi pas dans un corps-à-corps un peu serré. Elle découpa un peu de lard, se mit à le mastiquer lentement, le jus gras et salé coulant au fond de sa gorge. Elle étendit le bras de nouveau, empoigna son gobelet et se servit de la bière. Elle continuait à fixer la mijaurée, tout en pensant aux mots qu’elle venait de prononcer. Bordel ! Qu’est-ce qu’elle y connaissait aux bordels. Cela rappela à Praséodyme les soirs de bataille, lorsque les survivants rentraient au camp, tellement soulagés d’être encore entiers que ça leur faisait pousser une trique inflexible. Elle repensa à ces moments avec un brin de nostalgie, car nombre de ces hommes braves étaient maintenant en train de pourrir dans des fosses communes, et ils n’avaient plus grand-chose de raide, mis à part leurs ossements. Et pourquoi avait-elle parlé des chèvres ? Les brigands des montagnes et les paysans aiment bien les chèvres, car outre qu’elles donnent du lait, elles permettent, sans faire trop de manières, aux hommes dépourvus de compagne de se satisfaire plaisamment. Bien que tout le monde vous dira que rien n’égale un petit veau, aux naseaux bien humides, et qui par pur réflexe vous caresse par en dessous les pudenda de sa langue rappeuse. Un vrai régal, à ce qu'il paraît, et ces animaux sont bien plus agréables à vivre que les femmes, dit-on, car ils ne s’offusquent de rien, que vous les baisiez bien ou pas. Elle essaya d’imaginer Olaquétal en train de se satisfaire d’un veau. Cette idée la fit sourire, ce qui se traduisit sur son visage par un rictus hideux, elle eut un gloussement et la salive grasse dégoulina de ces commissures de peau lisse, inondant son menton. Elle s’essuya machinalement du revers de la main, essuya aussi la lame de son couteau sur la peau de mouton, et le planta dans la table.

Le rictus était passé, et elle continuait à fixer la fille de son regard de bovin, qui n’exprimait rien d’autre que l’absence de sentiments. Elle aurait pu lui dire tout ce qu’elle avait ressenti à l’écoute de sa diatribe, mais elle n’en fit rien. Elle n’aimait pas parler aux gens, et encore moins aux gens qu’elle n’aimait pas.


Tu causes de qu’est-ce que tu sais pas, ma sucrée, se contenta t’elle de répondre, d’un ton égal, soufflant vers la fille un nuage parfumé à l’oignon.

Tu fermerais plutôt bien avantageusement ta gueule.

Elle n’exprimait aucune colère. Juste une évidence. Elle reprit une lampée de bière.
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Syuzanna.
Tout ceci commençait à tourner au vinaigre, songea Syuzanna en lorgnant les personnes présentes. L'un rattrapait difficilement l'autre et les insultes commençaient à pleuvoir comme de la grêle sur le toit d'une cabane en bois. Laquelle cabane risquait à tout moment de s'effondrer sous l'averse.
Insulter les gens - finement ou grossièrement - ne lui posait pas de problème, elle-même ne se privant pas pour dépeindre des portraits peu flatteurs des gens qu'elle n'aimait pas. En temps normal, la rousse aurait sans aucun doute laissé courir, tout en assistant au spectacle ô combien intéressant, de deux femmes se chamaillant. Surtout si l'une des protagonistes était sa soeur. Mais l'heure n'était pas aux piques acérées et aux sous-entendu plus que douteux. De plus, ici, ils étaient à la Tour, et la seule règle qui prévalait sur toute autre était qu'elle commandait. Elle était après tout la fille aînée de William MacDouggal, lui-même descendant direct du glorieux Farlane O'Brien. Petite-fille de la courageuse Marsaili O'Conner, dont le Clan tout entier à son époque, avait été sauvé grâce à son intelligence hors du commun. Et c'était en pensant à ses ancêtres vénérés qu'elle abattit le poing sur la table avec tant de violence que les chopes tremblèrent sur le bois poli.


- Caitriona !

C'était un fait assez rare, lorsqu'elle nommait sa soeur de son prénom entier. Elle l'appelait d'ordinaire Cait', plus affectueux et intime ; ou Joy bien que cela soit plus rare. De plus, le ton de sa voix ne laissait planer aucun doute, et le regard qu'elle lui lançait aurait pu se traduire verbalement par un désagréable « boucle-la », en version épurée.
Syuzanna savait fort bien - ou du moins l'imaginait-elle - que chez les Corleone, la verve piquante était une marque de fabrication qu'ils consommaient sans modération jusqu'à régurgitation. Et ce que sa soeur faisait dans son Autre Famille ne la regardait pas, puisqu'elle respectait son intimité, comme toute bonne soeur aînée l'aurait fait. Mais là, Cait' n'était pas chez les Italiens, mais chez les Ecossais, et il y avait d'autres règles. Dont l'une des plus importantes était d'au moins ne pas trucider les alliés pendant qu'ils en avaient besoin.


- Tu t'oublies, reprit-elle un ton plus bas mais non dénué de fermeté. Cette femme s'appelle Praséodyme et elle est là pour nous aider à prendre cette saloperie de mairie. La rumeur l'a ammené ici, et l'ennui pourrait bien l'en faire partir. C'est tout ce dont tu as besoin de savoir. Alors tu ranges ta langue de vipère et tu causes utile.

La vérité était aussi qu'elle ne savait pas grand chose sur leur « collègue » et qu'elle n'avait pas envie de creuser la question. Avec une mine comme la sienne, et un regard tel que celui-ci, il était fort à parier qu'à défaut d'être honnête, elle serait au moins loyale non pas aux MacDouggal, mais à la somme monstrueusement indescente qu'elle gagnerait à la suite du pillage.
Ses traits se détendirent sensiblement, et le froncement de sourcils affiché un instant auparavant disparut bientôt. Reprendre sa soeur n'était pas pour lui plaire, mais quand il le fallait... Et rappeler son statut légitime de par sa naissance, de cheffe de famille n'était pas complètement pour la chagriner, surtout depuis qu'elle arborait son ventre rond.
Tournant le regard vers Manu, elle acquiesça impercéptiblement la tête, satisfaite. Lui au moins, semblait aussi pressé qu'elle de commencer à parler de l'affaire qui les avait tous mené ici aujourd'hui. C'était après tout pour lui qu'ils étaient là.


- Bien, fit-elle une fois le calme revenu dans le sous-sol. Vous savez tous pourquoi nous sommes-là. Même si certains ignorent encore quelle ville nous allons prendre. L'Ecossaise jeta un regard cirulaire et s'arrêta sur Laell et Enjoy. Pouvez-vous nous dire aujourd'hui combien de Corleone prendront part à l'affaire ?
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Laell
Un homme sorti de l'ombre derrière elles, s'adressant directement au blond, le menaçant comme l'aurait fait n'importe quel frère avec le compagnon de sa soeur. Quelques moqueries lancées par sa Brune envers la gueuse, rattrapées au vol par son cousin. Puis il tourna les yeux vers elles, les gratifiant de quelques mots, d'un sourire, l'Italienne lui répondit. Elle lui aurait bien rétorqué un "trop tard" ou toute autre petite pique qui lui serait venue, mais ce n'était pas encore le moment. Plus tard, on s'y amuserait.
La Corleone sourit en coin en attrapant sa chope, la sifflant après l'avoir levée comme à son habitude, tandis que la gueuse répondit. La table trembla sous le poing de Syu. Laell décrocha un grand sourire. Il lui arrivait régulièrement de reprendre Enjoy quand elles étaient entourées de bonne gens et appréciait de voir qu'elle n'était pas la seule.

Le temps de l'observation passa. Enfin on en vint à l'important. Le nombre.

Nous s'rons 16 peut être 17 Corleone. D'autres viendront ptet s'ajouter, mais nous travaillerons avec eux avant. Hors de question d'vous amener des bras cassés.

Son regard s'était raffermit, assurance et fierté retrouvées au changement de sujet. Elle n'était pas à l'aise avec les sentiments mais quand enfin on parlait mairie, son naturel revenait au galop. Elle fixait Syuzanna. Si elle était la chef des MacDouggal, Laell l'était officieusement pour les Corleone. Elle le savait et en profiterait pour renforcer son rang ici même.

Comme l'a dit Enjoy, nous r'vendiquerons cette prise en votre nom. Nous sommes là pour venger votre honneur et uniqu'ment. Cependant, l'honneur n'est pas la seule motivation d'certains d'entre nous, ils d'manderont bien sûr leur part du butin, mais j'pense qu'y a aucun soucis là d'ssus.

Un instant elle s'arrêta, jetant un oeil à sa chope cruellement vide, la reposa devant elle avant de revenir planter ses noisettes sur la rousse.

J'aimerai toutefois participer à l'organisation. Comme tu l'sais, notre famille pille d'puis des générations. Et il m'semble que ce n'soit plus l'cas d'la votre. J'irai à la mort si l'faut mais j'aimerais autant éviter. J'pense pouvoir vous apporter plus que d'simples bras.

Elle s'adossa à sa chaise, croisant les bras. Elle n'avait pas envie de faire décoration et le faisait savoir. Elle suivrait dans tous les cas, pour l'honneur des MacDouggal mais sans aucun doute qu'elle serait déçue par cette famille s'ils préféraient croire que leur inexpérience pouvait suffire dans une aventure telle que celle là.

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Auxane
Présentation néanmoins rapide mais elle avait été faite avec le Blondinet de Sarah. En tout cas une chose était sur c'est que la plupart se connaissait déjà ici. Elle prit la choppe que la brune lui tendait et en goutta le breuvage.

Au lieu de papoter, Auxane préférait se délecter de certains vins ou liqueurs enfin ce qui lui passait sous la main, après tout il ne fallait pas jouer les fines bouches parfois.

Auxane remarqua une phrase lancer par le fameux Tynop quand il disait à Sarah que si elle voulait elle pouvait se considérer comme sa compagne. Donc, le premier avis de la brune était juste, un homme aurait réussi à la dompter. Il aurait user de malice ou de ruse pour l'amadouer ou tout simplement Sarah aurait bien une faiblesse qui est la gente masculine .. mystère mystère qu'est cette Sarah. En tout cas elle a plus d'une dague dans sa manche la cocotte, entre les ptits cachées au domaine de la Horde et la un homme caché sous son lit ! allez savoir ce qu'elle peut dissimuler encore. La nattée se demandait comment Sarah faisait pour se laisser manier par un homme, elle, elle préférait plus se faire couper la langue que de subir ceci et puis quoi encore !!

La troupe allait entrer dans le vif du sujet, enfin même si des idées ici et là étaient exposé, la nattée ne pipa pas un mot et préféra écouter tout en regardant les différents interlocuteur. Elle bu une gorgée de temps à autre et triturant le bout de sa natte de l'autre main en faisant mine de réfléchir.

Il fallait rester attentif car toute information est cruciale, il suffirait juste un petit grain de sable mal placer pour que tout foire en un rien de temps. Auxane ne doutait pas de ses capacités mais des autres ... il fallait être prudent, elle ne savait pas ce qu'ils valaient les uns des autres, la seule personne dont elle connaissait la valeur c'était Sarah.

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La faim justifie les moyens ... et moi je crève la dalle ..
Sarah_callahan
Lorsque le Blondinet prend la parole, la brune ne peut s’empêcher de tressaillir en entendant sa définition de leur relation. « Vous pouvez considérer Sarah comme ma compagne ». Avalant difficilement sa salive, elle darde sur son compagnon –mot qu’elle va devoir apprendre à utiliser- un regard empreint de colère alors qu’un grognement monte de sa gorge. Cette réaction est due à sa nature sauvage et quelque peu associable poussée à l’extrême depuis qu’elle a rejoint les Sanguinaires. Elle se sent faible, présentée comme la moitié d’un tout. Elle n’aime pas se sentir dépendante de quelqu’un d’autre et pourtant c’est ce que la notion de couple implique. Ça lui fait peur, elle tremble à l’idée de souffrir à nouveau. Mais l’homme qui se tient à ses côtés a su, jour après jour, percer la carapace qu’elle s’était forgée. Petit à petit, il a brisé les remparts qu’elle avait élevés pour protéger son cœur meurtri par de trop nombreux départs : des morts mais aussi des abandons. Grâce à lui, elle revit doucement et pour cela elle lui en sera éternellement reconnaissante. S’il n’avait pas lui-même avoué qu’ils étaient bien plus que des amis, elle ne l’aurait sans doute jamais fait. Alors, chassant toute trace de colère, elle lui adresse un sourire radieux, à la fois tendre et serein. Elle a confiance en lui et elle s’apprête à rebondir sur sa déclaration lorsqu’un bruit de pas lui fait tourner la tête.

A vrai dire, elle n’avait même pas besoin de sa vue pour savoir que c’est son frère qui s’avance, elle a tout appris de lui, elle sait au son de sa voix et à l’éclat de ses prunelles ce qu’il peut ressentir ou penser. Le seul homme qui a toujours été là pour elle. Sauf que sa démarche est loin d’être calme et ses yeux reflètent une colère qu’elle a souvent vue mais certainement pas quand il marchait dans sa direction. Impact dans 5, 4, 3, 2, 1…

C’est quoi ça ?!

Et m*rde ! Elle est du genre à se foutre totalement de ce qu’on peut penser d’elle. Elle se moque bien de passer pour une sale peste arrogante et insolente, allant même parfois jusqu’à provoquer des gens qui l'insupportent. Mais là c’est différent. Il s’agit de Manu. Le seul dont l’avis lui importe. Et c’est là que débute l’attente. Les secondes se transforment en heures lorsqu’elle dévisage son barbu adoré. A la mort de leurs parents, le lien qui les unissait s’est fait plus fort, indestructible. Aucun des deux n’a élevé l’autre, ils se sont élevés mutuellement. Sans lui, elle serait morte avant d’avoir passé le cap de l’adolescence. C’est leur amour qui les a sauvés, les poussant à se battre pour survivre. C’est lui qui lui tenait la main lorsqu’elle s’est rendue pour la première fois sur la tombe de sa fille, lui qui a écouté ses sanglots déchirants lorsqu’elle s’est agenouillée sur cette terre péronnaise, devant cette tombe, insignifiante aux yeux du monde mais qui lui apportait une souffrance incommensurable. Il a été fort, bien plus qu’elle ne l’avait imaginé. Ce jour-là, aucun d’eux n’a parlé mais elle, elle a pleuré. Pas lui. Il n’a pas versé une seule larme et c’est grâce à sa force qu’elle, la femme qui était devenue dans un court laps de temps, veuve et sans enfant, a trouvé le courage de se relever et d’avancer.

Par la suite, elle a choisi une vie qui divergeait totalement de l’ancienne. Bien loin de l’épouse dévouée et de la maman comblé, elle s’est transformée en une implacable meurtrière. D’abord brigande puis pilleuse et enfin mercenaire jusqu’à ce qu’elle tue même sans se soucier d’une possible récompense. Elle écumait les routes sans but ni destination, tuant pour venger sans relâche la mort de sa fille. Elle en voulait au monde entier de la lui avoir prise : elle aurait pu passer outre la perte de son mari si sa fille avait été à ses côtés. Elle n’accordait jamais son amitié, ne se confiait jamais et blessait tous ceux qui avaient le malheur de l’approcher, même si les téméraires faisaient partie de sa famille. Manu avait évidemment essayé de la raisonner et puis il l’avait laissée partir. Elle se souvient du jour où elle avait lu de l’acceptation dans son regard, il tolérait ses crimes sans broncher parce qu’il savait qu’elle avait besoin de cette phase de violence avant de penser à se reconstruire. Mais jamais il ne l’avait réellement abandonnée, il était toujours là, quelle que soient les emmerdes dans lesquelles elle s’était laissée entrainer. Son Autre.

Toi tu es mon autre:
La force de ma foi,
Ma faiblesse et ma loi,
Mon insolence et mon droit.
Moi je suis ton autre,
Si nous n'étions pas d'ici
Nous serions l'infini.*


Elle a tellement peur qu’il rejette le Blondinet car elle éprouve des sentiments pour cet homme et qu’il la rend heureuse. Si son frère ne veut pas de lui, que fera-t-elle ? Elle prie intérieurement pour ne jamais avoir à choisir car elle ne pourrait pas vivre sans son Autre mais elle lui en voudrait éternellement de la priver d’un bonheur enfin retrouvé. Et en vouloir à Manu est une chose qu’elle n’a aucune envie d’expérimenter car elle, elle ne pardonne pas. Jamais. Alors elle attend, anxieuse. Et, après d’interminables secondes, elle voit enfin le regard de son frère changer d’expression. Acceptation. Intérieurement, son cœur déborde de joie mais extérieurement seul un sourire vient étirer ses lèvres, toujours la même fierté caractéristique des MacDouggal. Elle ne peut retenir un rire amusé lorsqu’il menace très clairement son compagnon d’une branlée et qui dit branlée chez un Écossais énervé dit une chance sur deux de ne plus pouvoir marcher. La bise qu’il pose sur son front représente beaucoup pour la sauvageonne, journée riche en rebondissements que voici. Tournant la tête vers le Blondinet, elle délaisse sa taille pour entrelacer ses doigts aux siens, direction la table. Non parce qu’à un moment, faut se mettre à bosser quand même.

Entrainant le vagabond à sa suite, sa main toujours dans la sienne, elle prend place à table, écoutant les différentes remarques. Elle esquisse plusieurs sourires : un aux paroles cassantes d’Enjoy, un autre aux taquineries de son frère et enfin un autre au coup de colère de Syu. La rousse a raison, c’est pas franchement malin d’assassiner verbalement une alliée potentielle mais ce n’est certainement pas Sarah qui se permettrait de donner des leçons de bienséances à sa cousine italienne. Déjà qu’elle-même n’a toujours pas intégré le principe du vouvoiement et qu’elle ne voit pas pourquoi il faudrait retenir les prénoms des gus qu’elle ne fait que croiser, alors reprendre quelqu'un sur la politesse, ehm. C’est au moment où Laell prend la parole que les choses prennent une allure plus sérieuse, fronçant les sourcils dans un intense moment de réflexion, Sarah ne peut qu’acquiescer aux paroles de l’italienne. Elle connaît la valeur de celle-ci pour avoir déjà pillé une mairie en sa compagnie, elle a confiance en sa droiture.

J’pense qu’effectivement t’es l’une des mieux placées pour causer stratégie. Sois sans crainte, tu n’feras pas office de porte-écus.

Puis, englobant de son regard inquisiteur toutes les personnes présentes, elle reprend d’une voix qui ne laisse aucune place à la plaisanterie.

On fait comment pour passer le plus inaperçus possible ? On s’pointe tous…où vous savez…et on attend quelques temps pour faire comme si on profitait du décor, quitte à passer pour des benêts ? Ou on fait plusieurs groupes dans plusieurs villes différents et l’jour qui précède l’attaque on s’pointe tous à la fameuse ville ?


*Toi tu es mon autre - Lara Fabian

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Sybelle
La présentation du blond a fait sourire Sybelle qui aurait bien répondu qu'elle était follement amoureuse d'elle-même si le ton n'avait pas commençait à monter au même moment.
S'asseyant discrètement à la table, Sybelle observe les autres, réfléchissant à ce qui se joue ici. Habituellement, les disputes ne la dérangent pas, bien au contraire : elles font toujours des spectacles divertissants. Mais là, ça ne lui plaît pas du tout. Sa famille toute entière – ou presque – va prendre part à cette prise de mairie et en les circonstances actuelles la discorde c'est la mort. Et plus probablement la mort des siens puisqu'ils sont nombreux et peu habitués à se battre du mauvais côté de la loi contrairement à Laell ou cette Praseodyme. Mais dès lors que Syu' tape du poing, les tentions s’apaisent quelque peu et les gens commencent à discuter utile.

Comment organiser la prise de la ville ? La rouquine n'en sais strictement rien. Son truc à elle c'est de danser sur des fils dans des déguisements chatoyants, pas de réfléchir logistique. La seule chose dont elle est sure, c'est que quand elle, elle veut être discrète elle se montre en pleins jour. Selon elle, si il est compliqué de se cacher dans l'ombre, il est facile de ne pas se faire remarquer en pleins jours, ou tout au moins, de ne montrer que ce qu'on veut bien donner à voir.

Bien plus silencieuse qu'à son habitude, la renarde observe tour à tour les personnes présentes. Elle ne les connaît pas tous, mais elle veut croire qu'ils sauront les aider, que cela soit par appât du gain ou bonté de cœur. Réagissant aux paroles de Sarah, elle interroge du regard la compagne de sa cousine qui apparemment est la plus expérimentée d'entre eux.


Le plus discret ne serait-il pas de faire tout ceci à la fois ? Une partie des effectifs arrivant au compte-goutte dans la ville et s'organisant en groupe à la dernière seconde pour ne pas se faire remarquer et des groupes encerclant l'objectif qui se pointeraient tous en-même temps au moment M ? Demande-t-elle posément, bien qu'elle ne sache absolument pas si ce qu'elle dit est totalement stupide ou pas. Qu'en dites-vous Laell ? Et toi Syu' ?

Tournant la tête vers sa cousine, elle attend qu'elle donne son avis, car si elle est tout à fait prête à obéir à Laell, considérant son avis comme juste, il n'en demeure pas moins que c'est à la cheffe de clan que son allégeance va.
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Syuzanna.
C'était grisant de se retrouver assise-là, à réféchir au meilleur moyen de prendre une mairie. S'enrichir - de manière légale ou non - n'avait jamais été l'une de ses préoccupations. L'argent n'avait jamais eu d'attrait sur elle. Il était pratique certes, mais elle n'était pas obsédée par le reflet doré d'une pièce au soleil. Et même si elle s'apprêtait à vider les caisses d'un village, le fait qu'elle s'enrichisse potentiellement ne lui donnait pas envie d'accélérer les choses. Retrouver l'honneur bafoué de Manu dans la bataille, voilà ce qui la motivait, en plus de l'idée de se venger de son ancien époux de malheur. Et de la mère de celui-ci, bête comme une bétrave.

Laell ne tarda pas à exposer quelques points importants. Assurance fut transmise par Sarah à l'adresse de l'Italienne mais l'Ecossaise se doutait que la compagne de sa soeur attendait son assentiment, à elle. Chose qu'elle ne fit pas dans l'immédiat. Une question venait de lui traverser l'esprit, et elle laissa Sybelle s'exprimer.
Qu'aurait fait son père à sa place ? Nul doute qu'il aurait livré bataille pour venger son frère si celui-ci s'était vu insulté et dépouillé de ses biens. Mais aurait-il fini par devenir brigand lui-même ? Aurait-il plongé les mains dans l'or ? Et aurait-il poursuivi ce genre d'actions, une fois l'honneur retrouvé ?
Issue d'une famille à l'orgueil démesuré dont l'honneur était l'une des choses à laquelle il tenait le plus, Syuzanna se demandait soudain si voler était l'option idéale. Puis lui vint cette triste constatation qui l'assombrissait toujours. William était mort. Douggal était mort. Et Farlane avant lui. Son père, grand-père, et arrière grand-père avaient tous été des hommes pétris de fierté qui ne s'étaient jamais laissés marcher sur les pieds. Ils tenaient à leur réputation bien plus qu'à leur femme. Et si Dowell avait été insulté comme Manu le fut, William aurait pris les armes et aurait pourfendu tous ceux qui avaient osé médire de son cadet. Et oui, il aurait emporté le butin, pas pour la richesse que cela lui procurerait, mais simplement pour apauvrir l'ennemi.


- Je ne comptais pas t'exclure de l'organisation, Laell, fit-elle enfin en dardant son regard sur elle. Tout au contraire. Je suis novice en ce domaine et ton savoir nous mènera à la réussite, j'en suis convaincue.

Avant de relever les justes propos de sa jeune cousine fluette, Syuzanna tint à préciser quelque chose.

- Ta famille peut bien prendre l'intégralité du trésor de Sarlat, exceptée la part qui revient à Manu, celle-là même qu'on lui a dérobée. Avec peut-être un petit surplus mais cela, c'est à mon cousin de voir. Je laisse ma famille libre de prendre ce qui l'intéresse. Mais pour ma part, je ne veux rien. Ou si peu que cela compte pour rien. Le reste vous appartient.

Peut-être cette déclaration allait surprendre, mais la décision était prise. L'argent ne comptait pas, contrairement aux vivres. Le paradoxe de la brigande honnête, sans doute. Un léger sourire étira ses lèvres, puis elle poursuivit, reprenant les arguments de Sybelle.

- Je suis d'avis de procéder au compte goutte. Si je parviens à me faire réembaucher à la maréchaussée, je vous préviendrai de mes tours de garde, pour que vous arriviez ces jours-là. Ainsi je pourrais effacer vos noms des rapports. Nous avions les programmations deux semaines à l'avance, ce qui permettra de s'organiser. Une fois sur place, optons pour la discrétion. J'ignore si les villageois savent que ma soeur est à moitié Corleone, mais mis à part avec Cait' et toi Laell, peut-être aurions-nous intérêt à faire semblant de ne pas nous connaître ? Le Prévôt a avec lui deux maréchales qui lui seront fidèles jusqu'à la mort et je pense qu'elles me surveilleront de près au début, à la demande du Prévôt. Et si elles me voient en compagnie de toute une famille de brigands, je crains qu'elles ne lui en fassent part.

Assoiffée par sa tirade, elle avala une large lampée de Scotch, grimaçant agréablement sous le feu de l'alcool embrasant sa gorge.

- Mais tu t'y connais mieux que moi pour ce genre de stratégie, Laell. Et peut-être as-tu une idée plus sûre à nous proposer ?

De nouveau, elle posa les yeux sur le beau visage de l'Italienne. Bien que l'idée qu'elle puisse s'adonner aux plaisirs saphiques avec sa propre soeur l'incommodait quelque peu, elle n'en laissait rien transparaître. Elle avait marqué son acceptation des faits et ne reviendrait jamais en arrière, toutefois, il lui fallait plus qu'un demi-bock de Whisky pour digérer la nouvelle dans son intégralité.
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Praseodyme
Praséodyme tentait de suivre la conversation, mais celle-ci allait bien trop vite pour elle, et elle avait du mal à comprendre ce qui se disait. Un mot échappé la frappa soudain. Sarlat ! Voilà donc où elle avait déjà croisé cette rouquine. Lors d'un match de soule auquel elle avait participé - pourquoi donc ? - sous les couleurs des brigands de Genève, contre une équipe de lourdeaux en jupette à carreaux, de la même couleur que la couverture sur le mur.

Elle se racla bruyamment la gorge.


Sarlat ...

Son regard vide remonta se planter dans les yeux de la rousse.

C'est bien de Sarlat qu'on cause, s'pas ?

Elle connaissait un peu le coin. Elle s'était établie en Rouergue au début de l'hiver, et avait brigandé aux bornes du Languedoc, du Toulousain et de la Guyenne, et avec ses gains avait pu se payer un logis à elle à Rodez, où elle remisait ses surplus. Le Périgord faisait partie de ses objectifs à terme, elle avait étudié les lieux, mais ne s'y était point encore rendue. L'occasion fait le larron ...

... Sarlat, c'est pas un mauvais choix, à cause de la frontière qu'est toute proche. On peut se regrouper à l'extérieur, à Tulle, ou à Cahors ou Marmande sans inquiéter les gens du Périgord. Même si on inquiète ceux de Guyenne ou du Limousin, ce n'est pas bien grave. Après on peut sauter sur Sarlat en un ou deux jours, selon. Il faudrait savoir si il n'y a pas d'armée en faucheuse à la frontière, ou si de gens de notre troupe ne sont pas connus comme indésirables.

Elle regarda la rousse derechef.

Tu pourras savoir ça, à la maréchaussée, s'pas ? Tu peux aussi savoir le nombre de défenseurs, il faut qu'on soit double d'eux, plus un homme. Dis nous pour les miliciens et les groupes autour de la ville.

Il faut aussi prévoir d'avoir avec nous un vieux avec beaucoup de charisme pour faire le bourg-mestre, pasque si un vieux de Sarlat avec plus de charisme se révolte avec nous - ben oui, il a le droit - on l'aura bien profond dans le petch. Moi j'ai rien comme charisme, je sais pas si vous aviez remarqué. Je me demande aussi si les vagabonds peuvent se révolter. Pas certain, mais c'est une question à creuser, vu qu'il y en a un bon paquet ici ... Sinon, il faudra attaquer tôt et ensemble, mais ça, vous le savez.


Elle n'avait jamais parlé autant de sa vie entière. Elle avait soif et mal au crâne. Elle se resservit une rasade de bière.

Une autre phrase l'avait mise mal à l'aise, et une petite alarme tintait dans un coin de son cerveau surchauffé.
"Ta famille peut bien prendre l'intégralité du trésor", avait dit la rousse. A ce qu'elle savait, elle ne faisait pas partie de la famille, ni des uns, ni des autres. Elle aurait tout de même intérêt à se méfier de ces pèlerins, histoire de ne pas se brûler les doigt à leur sortir les marrons du feu.
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Tynop
Moins pire que prévu. C'était ce que Tynop estimait des diverses réactions suite à son annonce. Certes aucun n'avait manifesté de la joie ou quoi que ce soit, m'enfin ils n'avaient pas non plus sorti les armes pour le dégager d'ici. La compagne en question lui avait même sourit, de ce sourire qui le faisait chavirer, lui donner envie de l'enlacer, de l'embrasser passionnément. Il se retint toutefois, ce n'était ni le lieu, ni le moment.

La maitresse des lieux lâcha son verre sous l'effet de la surprise, en déversant par la même occasion sur son pauvre compagnon qui semblait quelque peu désorienté depuis les arrivées successives, ne sachant plus vraiment où donner de la tête. A vrai dire le vagabond ne s'était pas non plus attendu à tant de monde, et apparemment les Corleone étaient venu pour parler au nom de leur famille, ce qui signifiait qu'ils seraient encore plus nombreux.
En tout cas, malgré ce geste de surprise, la rousse ne semblait pas trouver quelque chose à redire de son annonce, mis à part une petite boutade qui fit sourire le blondinet.

Sourire qui s'estompa aussi vite qu'il était apparu, lorsqu'un homme fit son entrée. Les poils abondaient sur son menton de la même manière qu'ils semblaient déserter celui du blond. Le barbu en question ne juge pas utile de se présenter, préférant à la place se poser juste devant lui, pour le détailler telle une bête. Tynop en profita pour faire de même, d'une manière toutefois plus discrète et moins provocatrice. Les signes de familiarité ne trompaient pas, bien qu'il n'ait alors jusqu'à présent jamais rencontré l'homme en question, tout laissait à penser qu'il s'agissait du frère de celle qui se tenait à ses côtés, notamment la façon qu'il avait de regarder le blond. Une animosité non feinte et non dissimulé. Qu'on lui donne une épée à cet instant précis, et nul doute que le barbu se ferait une joie de s'en servir sur lui. L’incompréhension, aussi, exprimée à haute voix. Le blond se demanda un instant si par le mot "ça" il désignait le couple, où simplement lui. Dans le deuxième cas il s'agirait d'un provocation, et alors même, que faire? En plus de paraitre beaucoup plus costaud que ne l'était le vagabond, cet homme avait une réaction on ne peut plus légitime. Surtout après ce que lui avait raconté l'Ecossaise sur les évènements l'ayant conduit à devenir celle qu'elle est aujourd'hui. Le blond regretta un instant d'avoir annoncé cette union récente, ici, de cette manière, et sans avoir auparavant demandé l'approbation de la sauvageonne. Une dénégation de la part de cette dernière, et son frère se ferait une joie de le tailler en pièce, et ce ne seront surement pas les autres personnes dans la pièce qui l'en empêcheront.

Puis le regard du barbu délaisse un instant le blond pour se poser sur sa sœur, pour s'adoucir quasi-immédiatement. Tynop se demanda un instant s'il ne ferait pas mieux de retirer sa main de la hanche de la brune, mais cela pourrait être interprété comme de la peur ou de la lâcheté, et si le frère était comme la sœur, alors jamais il ne pourrait gagner la confiance et le respect du barbu. Les pensées semblaient se bousculer dans la tête du barbu, comme elles se bousculaient dans la tête du blond. Tout était allé tellement vite. Il y a encore un mois, il errait seul sur les routes, avec pour seule raison de vivre l'envie de poursuivre la route, et aujourd'hui il était là, entouré d'inconnus, à préparer l'attaque d'une mairie. Décidément la vie était pleine de surprise. Le blond espérait simplement que le barbu ne lui ferait pas regretter d'être venu. Il savait à quel point son frère comptait pour elle, et il se doutait fortement que si jamais ce dernier en venait à lui imposer de choisir, cela mettrait un terme à leur idylle.


Ecoute-moi bien mon p’tit gars parce que je le répèterai pas deux fois. Si tu fais le moindre mal à Ella, enfin, Sarah, j’te foutrai une branlée qu’t’es pas prêt d’oublier…et j’espère vraiment que t’es pas Danois.

Voilà la menace. Il fallait s'y attendre, mettre sa fierté et son arrogance de côté, encaisser sans rien dire. Aucun doute quant au fait que l'Ecossais n'hésiterait pas à la mettre à exécution, et il y prendrait même probablement un malin plaisir. Aucune raison de jouer les stupides et de s'en offenser. Après tout les deux hommes partageaient le même but: voir Sarah heureuse. Son frère ne cherchait qu'à la protéger. Et puis au final ce n'était pas vraiment méchant, le barbu ayant terminé sa phrase parce que la vagabond interpréta comme un trait d'humour, même si cela restait encore à prouver. Le blond s'efforça de soutenir son regard, non pas par affront, mais pour prouver qu'il n'était pas un pleutre indigne de sa sœur, ou en tout cas s'efforçait de ne pas en être un. Il ne lui laissa pas le temps de répondre. De toute manière qu'aurait-il pu répondre? Ce n'était pas des paroles mais des actes qu'attendait l'Ecossais, il ne servait à rien de se lancer dans une tirade pour déclarer à qu'il n'oserait jamais faire du mal à sa sœur, non pas par crainte d'une quelconque branlée, mais simplement parce que la rendre heureuse le rendait lui aussi heureux. Les mots sont du vent, seuls les actes prouvent la valeur d'un homme. Alors le blondinet hocha simplement la tête, pour faire comprendre que le message était reçu.

L'homme alla ensuite s'assoir, balançant quelques plaisanteries au sujet du deuxième couple, se présentant pour la première fois, permettant au blondinet de confirmer ce qu'il pouvait jusqu'à présent simplement supposer. Une légère reproche sur le comportement de la Corleone vis-à-vis de la "Paysanne", reproche repris par la cheffe de famille, avec plus de virulence cette fois-ci. Car le ton était monté entre les deux femmes, l'une aussi belle que l'autre était repoussante. Quelques insultes échangées. Tynop avait déjà vu Enjoy agir d'une manière similaire en taverne. Si sa lame était aussi aiguisée que sa langue, alors la mairie était d'ores et déjà prise. Les mots sont du vent, mais même le vent peut blesser. Toutefois si telle était l'intention de l'Italienne, son but ne semblait pas atteint, la paysanne ne se laissant pas le moins du monde impressionner. Tynop se serait bien débarrassé d'un second bouclier pour voir l'échange se poursuivre, mais la rousse ne partageait pas son avis. D'un ton autoritaire, elle fit cesser la discussion. Le blondinet n'avait jamais vu Enjoy se faire reprendre, encore moins d'une telle manière, aussi guetta-il la réaction de la Corleone, tandis que sa désormais compagne l'entrainait prendre place avec les autres.

On était entré dans le vif du sujet, enfin. Entre une quinzaine et une vingtaine de Corleone seraient de la partie. Deux fois plus que ce que s'était imaginé le blondinet. Il repensa un instant à ceux avec qui il avait déjà échangé à Sémur. Il se rappelait vaguement d'Enaell, qu'il avait eu le malheur de désigner par le sobriquet de déserteuse, s'attirant par là les foudres d'Enjoy et de sa cousine Elwenn. Il avait aussi aperçu Amalio, une fois. Le frère d'Enjoy si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, ou encore un cousin. Ils seraient probablement de la partie, si les Corleone étaient autant à participer, à moins que la famille ne soit encore plus tentaculaire que ne se l'était imaginé le blond.

Tandis que l'on commençait à s'épancher sur la meilleure façon de ne pas attirer l'attention une fois en ville, le blondinet se demanda pourquoi il n'avait pas eu droit à un interrogatoire ou quoi que ce soit de la sorte, histoire de voir s'il était digne de confiance ou non. Était-ce le fait qu'il se soit présenté en tant que compagnon de Sarah qui lui épargnait cette épreuve? Possible, mais alors comment expliquer que la paysanne n'ait pas fait non plus l'objet de quelques questions? Elle ne semblait pas vraiment appartenir à une des deux familles, s'était ramené en se contentant de se présenter. Oui, elle avait l'allure d'une brigande, gueuse, brutale... le déguisement parfait si on désirait s'infiltrer dans une bande de pilleurs de mairie.Il était certes possible qu'elle connaisse très bien l'une des personnes présente ici, mais le vagabond en doutait. Seule Enjoy avait, à sa manière certes, tenté d'en savoir plus sur elle, et elle s'était fait calmer par la dénommée Syuzanna. Pourtant la méfiance de la Corleone paraissait légitime à ses yeux. Elle l'avait lui-même déjà assailli de questions quant à ce qui le poussait à s'engager dans une telle équipée, et bien que le blondinet ait fait tout son possible pour dissiper ses doutes, il était fort peu probable qu'elle lui fasse confiance. Et il devrait en être de même pour tous les autres. Pourquoi si peu de méfiance à son égard? Certes on ne lui avait pas révélé le nom de la ville, mais il le saurait tôt ou tard, et alors rien ne l'empêcherait d'alerter les autorités.
Enfin il n'allait pas s'en plaindre, même si plus de prudence à son égard l'aurait quelque peu rassuré. Si lui, quasiment inconnu de tous, était capable de s'embarquer avec eux, la moindre taupe le pourrait aussi.

Et finalement Sarlat. Le mot était lâché, la ville annoncée. Le voilà désormais au courant, si toutefois la paysanne avait raison. Cela pouvait aussi très bien être une ruse, dans le seul but de s'informer du nom de la ville pour pouvoir préparer au plus tôt les défenses. La réaction de ceux qui étaient au courant était à guetter avec la plus grande attention. Les mots sont du vent, et ils pourraient mentir, que ce soit en confirmant ou non ce qu'avait avancé la paysanne. Aussi fallait-il scruter les réactions, les éventuels signes de stupeur, d'étonnement, de décontenance. La seule personne dont Tynop était sûr qu'elle savait était la rousse, la cheffe de famille. Le frère de Sarah devait aussi plus que probablement savoir, après tout il s'agissait apparemment de venger son honneur. Laell aussi, n'engagerait pas les Corleone sans être au courant du moindre détail. Enfin celle qui l'avait entrainé ici, qui l'avait en quelque sorte recruté, connaissait le nom de la ville. Tant de réactions à analyser en si peu de temps pour tenter de discerner le vrai du faux

Il avait bien envie de reprendre un verre, mais il devait conserver les idées claires. Après tout, il était un novice, il n'y connaissait rien et il devait donc bien ne rien rater de ce qui se dirait. Se taire et écouter.


[HRP: Edit: avant dernier paragraphe rajouté suite au post de Praseodyme]
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