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[RP]Gooood Morning Sarlat !

Elwenn
Sarlat, enfin.
Le nom de cette bourgade avait été dans les bouches de tous durant si longtemps que l'approche du moment tant attendu avait un léger goût de délivrance. Évidemment la rousse ne doutait pas un instant de leur réussite, les Corleone ne connaissent pas l'échec, enfin si mais si peu!
Trois jours auparavant, vêtue de sa tenue rouge, celle des grands jours et qui annonce la couleur, la rouquine était arrivée en ville, capuche rabattue sur sa tignasse de braise en croisant la garde de nuit qu'elle ne s'attendait vraisemblablement pas à croiser sur le chemin qu'elle avait choisi d'emprunter pour s’immiscer dans la ville.
Profil bas, elle avait continué son avancée jusqu'à trouver l'endroit adéquat à cette dernière journée d'attente.
Mais un pigeon de mauvaise augure survola l'ensemble des troupes.
Si chacun marche de son côté lors de veille d'attaque il n'en reste pas moins qu'au petit matin, l'on sait qui est arrivé à bon port ou est porté absent et en l’occurrence, ce volatile justifiait l'étrange disparition du couple Corleone-MacDouggal durant la nuit.
Laell avait été emprisonnée, c'était une menace qui pesait dans les airs depuis des jours et des jours et il avait fallu qu'elle tombe à ce moment là.
C'était une mauvaise surprise sans vraiment l'être, ils étaient habitués à présent aux modifications de dernière minute, ainsi l'attente durerait encore et ce jusqu'à ce que les deux pièces maitresses aient regagné les rangs, il ne pouvait en être autrement.

Trois jours passèrent donc et au petit matin du Vendredi, elles arrivèrent.
La nuit tombée chacun se posta non loin de la mairie, Elwenn préféra s'armer simplement d'une fine dague parfaitement aiguisée acquise dans une ville précédente plutôt que de son épée. Ce choix avait été fait par mesure de sécurité, ils étaient bien plus nombreux que d'accoutumé et il n'était pas impossible que dans l'agitation la longue lame puisse blesser involontairement un allié, arme plus courte nécessite proximité et donc reconnaissance de la cible .
Le problème pour la rousse était les MacDouggal, en gros de chez eux elle ne connaissait que Sarah et Tynop, bien sur les autres elle les avait aperçu au mariage de ses deux cousines, mais la mémoire des visages n'était pas son fort et une bourde étant vite arrivée ... surtout avec elle, il allait falloir redoubler d'attention, mal de crâne en prévision.
Note pour elle même: ne pas trop réfléchir les jours prochains afin de reposer ses neurones restants.
Amalio lança les hostilités ce qui étira un rictus à la tachetée, les autres suivirent la danse, elle y compris.
Un ballet d'ombres et d'armes animait l'obscurité qui petit à petit était grignotée par la lueur de l'aube approchant.
Sournoise la Corleone n'avait pas épargné la vie de ceux qui s'étaient mis en travers de sa route, après tout elle avait annoncé la couleur n'est il pas?! De rouge et de sang, teinte qui lui sied à merveille en toute occasion.
A eux Sarlat, comme prévu.
Si certains laissaient entrevoir la satisfaction de cette victoire, il n'en était rien pour l'italienne, pensant déjà à la défense qu'il allait falloir tenir lorsque la nuit serait de retour car le clan avait pour habitude de restait un jour ou deux sur le lieu de leur méfait afin d'affirmer leurs forces et leurs pouvoirs.

Bien sur lorsque le jour disparu pour ne laissait place qu'à la pénombre, une tentative de reprise eut lieu et fut repoussée.
On ne déloge pas les Corleone, ce sont eux qui partent lorsqu'ils l'ont décidé.
Les bardes ne comptent ils pas les prises de mairies des Corleone par ici? Certainement que non sinon la populace aurait su et évité de tenter le diable pour ne finir qu'avec du vent en plus d'avoir pris une dérouillée.
Dorénavant ils savaient et si cela leur servirait de leçon restait à voir ...


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Cmyrille
Cmyrille trouvait la journée de la veille "particulière".
Déjà à l'heure de l'apéro de midi, tout le monde faisait la tronche en taverne, ce qui, en somme, ne changeait pas tant que ça des autres jours. Mais en plus ça chuchotait, ça faisait des secrets, des propositions partaient en l'air, de la suspicion partout. Joyeuse ambiance au moment d'ouvrir un chouchen de 10 ans d'âge...
Le soir venu, il avait donc à choisir son camp, et sa taverne, pour la soirée... Il choisit celle qui était pleine. Ca fait toujours de l'animation une prise de mairie. Y'a des nouvelles têtes, de joyeux drilles, de vrais raclure, des truands, des magouilleurs, des gens qui ne savent même pas où ils sont, des fanfarons, même parfois des gens bien. Bref, une probable bonne soirée en vue, même si le prix à payer le lendemain serait une tronche de six pieds de long de la part des locaux et quelques réflexions inappropriées.

Il rencontre donc la nouvelle mairesse, ma foi tout à fait agréable, ainsi que quelques convives appréciables. Mais hélàs il apprend qu'ils ne sont que ramassis de bêtise et de malhonnêteté.
"On se bat pour l'honneur!", "On a salit mon nom, je veux lui rendre son honneur", "Ces gens sont stupides, il leur faut une leçon"...

Misère, misère... Même pas un pour assûmer la seule vraie raison pour laquelle ils sont là, la cupidité. D'habitude on affiche toujours une raison bien pourrie pour faire croire à la populace qu'il y a une grande cause défendue dans cet acte du dernier recours mais quand on gratte un peu, tous savent que ce n'est que du vent et qu'ils sont là pour se gaver aux frais du citoyen. Mais là... Ils y croient vraiment... Tout se perd...
Même les brigands ne sont plus honnêtes envers eux-mêmes. J'vous demande dans quel monde on vit?

Finalement, comme souvent dans ce cas de figure, il sort de taverne tard, et rejoint les quelques pèlerins qui essaient de reprendre la mairie, prêtant main forte à quelques amis. Et s'en prenant plein la mouille toute la nuit pour pas un rond...

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Rochechouart,
tes rues ça pue,
ça sent les fleurs
du mal que t'as fait à mon cœur.
Aslynn
Des jours d'éternelle attente lorsque le crépuscule s'échappe dans le firmament d'une journée morne, sans but précis, sauf celui d'attendre que le temps passe et se meurt. Une sensation étrange, comme celui d'un manque évident qu'elle se voue à refouler depuis maintenant plusieurs semaines, pour mieux se concentrer sur une besogne plus réjouissante : la prise de Sarlat.
Bien que son parler se voulait un peu rustre pour la Lynn caractérielle, elle s'était faite accepter par ces Sarladais et Sarladaises. Après tout, ils avaient même été sympas avec elle, allant jusqu'à la soigner d'une escapade malencontreuse, où une ébène rencontre un larcin beaucoup plus puissant qu'elle. Les traces sur sa gorge étaient désormais du passé, ne laissant sur la peau pâle de la jeune femme qu'une ombre oscillant entre jaune pale et verdâtre. L’ecchymose s'effaçait, ne laissant qu'une sensation quelque peu désagréable lorsque les souvenirs s'égarent pour mieux songer à nouveau à l'enflure masculine. Quant à sa joue, elle devait se rendre à l'évidence que la barbière dénommée Pattricia avait su se rendre efficace. Non seulement elle l'avait soignée, mais avait recousu la plaie, ne laissant sur la pommette qu'une infime cicatrice. Amalio avait tout de même vérifié le travail de la barbière, ne faisant que grimacer légèrement, davantage de n'avoir pu exercer les soins lui-même que du travail effectué. Et même si il lui avait dit que ce n'était pas très joli, à l'heure actuelle, seule une ligne rouge surmontait la joue de l'ébène comme si elle y avait toujours trôner.

Définitivement, Sarlat c'était une belle ville. Plus que les sarladais, elle avait même trouvé un nouvel amant, Kenneth, avec qui elle aimait passer du temps, boire et oublier encore les tourments de sa vie acariâtre. L'attente du clan avait donc été moins chiante que prévue, surtout plus sensuelle qu'elle ne l'aurait imaginé.

Et enfin le clan était arrivé.

Lix, sa Lix... Amalio devait sans doute être dans les parages lui aussi. Tout le monde semblait être là, oui... Tout le monde. Même celui qu'elle n'aurait songé revoir avant un long moment, celui pour qui elle avait tenté de mettre fin à ses jours : son jumeau. Elle était consciente que tout serait à refaire, qu'elle n'aurait pas de seconde chance. Amalio avait été franc avec elle : si la mission échoue, elle se fera dévorer par les loups. Et quel loup...

Chacun affairait comme il se devait, les préparatifs allaient bon train, tous sachant qu'il n'y avait pas de directive précise pour la nuit, si ce n'était celle d'attendre, d'attaquer et de prendre la ville pour l'honneur d'un bafoué. Elle ne connaissait même pas celui pour qui le clan était ici, mais pour elle c'était encore autre chose Sarlat. C'était sa première attaque, sa première prise, sa première pêche. Sans doute que l'excitation devait se lire dans son regard clair, peut-être même la peur, car elle était consciente que son arme de prédilection pouvait être un atout comme un handicap. Au corps à corps, elle n'avait que très peu de chance de s'en sortir indemne si les assaillants n'avaient pas le dos tourné. Tuer pour tuer, étrangler pour elle c'était un art.

Une... Deux... Trois... Quatre heure enfin sonnent au clocher.

Les discussions féminines avec son binôme seraient remises à une autre fois. Ce soir, cette nuit, elle devait se concentrer et ne pas penser à celui qui fait battre son cœur tel un poison qui s'engouffre dans les veines, ne pas penser à ce même qui la rend malheureuse et irascible. La concentration était telle qu'elle ne répondit qu'un murmure lorsque Lix lui dit :


C'est l'heure d'y aller Lynn
Je suis prête.


Deux ébènes s'enfoncent alors dans la nuit, où seule la pénombre pourra faire sa loi. Elle sent cette agitation, cette foule austère tapie dans la nuit pour mieux surprendre la garde, la malmener et la tuer... L'heure est proche, l'attaque imminente.

Va sûr’ment y avoir un bon comité d’accueil, mais on va êt’ pas mal, donc ça d’vrait l’faire. L’tout c’est qu’tu fasses gaffe, t’as ni épée ni dague, donc t’plus exposée qu’les autres. M’enfin t’as d’la chance, t’as une belle hache pour t’soutenir, et une belle brunette pour t’surveiller. Allez.
T'en fais pas, t'auras jamais à t'retourner d'toute manière, j'serai toujours face à toi, derrière eux.


Ainsi sonne le glas d'une attaque sanglante où les Corleone et les Spiritu Sanguis se déchaînent, armes en main, pour mieux massacrer tous ceux qui oseraient se mettre sur leur passage. Un objectif, la mairie. Une envie, se fondre dans la masse pour mieux agir comme elle sait le faire, comme un chat que l'on ne voit même pas passer. La diversion de sa comparse est parfaite comme toujours, le balourd sans doute impressionné par le corps fluet de la brunette tenant une hache imposante. Lix est parfaite et sait donner le change. Et, sans se faire voir, Lynn avait déjà contourné le lourdeau et était prête à attaquer. Il suffisait qu'il avance encore de quelques pas... Féline jusqu'au saut qu'elle effectue de la branche sur laquelle elle s'était perchée, elle atterrit sur l'infortuné le renversant face contre terre. Un sourire mauvais sur le visage, corde en mains, elle enroule une fois, deux fois autour du cou du pauvre homme et tire. La corde tremble alors qu'il se débat, une main frappant le sol alors que l'autre tente désespérément d'écarter l'arme de strangulation, en vain. L'homme perd son souffle et les mouvements sont désormais plus lourds, le corps pris de spasmes. Encore un peu et ce serait terminé... Encore un peu... Les yeux se relèvent vers son binôme se battant non loin, sa hache brisant l'air avec une fougue qu'elle découvre tous les jours un peu plus. Dans la nuit noire, dans la fureur de l'instant, dans l'effort... Dieu qu'elle est belle la Lix.

Ils étaient supérieurs, ils étaient meilleurs. Tous avaient ce petit quelque chose à sa manière de se battre, d'ôter la vie. Ce fut vite fini. Le sang et l'odeur de ce carmin chaud était entêtant, mais tellement enivrant, régnait sur la place de la ville où elle sourit à l'acclamation


Corleone, hip hip hip ! Hourra !
MacDouggal, hip hip hip ! Hourraaa !
Pour Laell, hip hip hip ! Hourraaaaaaaa !


Enfin, ils avaient réussi. Les loups attendraient donc encore un peu pour celle qui s'était battue auprès de l'un d'entre eux. Vivre parmi les chasseurs était peut-être la chose la plus insolite qu'elle ait faite, encore que... Aimer un frère plus qu'il ne se doit n'était pas très glorifiant non plus.
Les brunettes rejoignent alors la mairie, ensemble. Elle se ressemblent, s'assemblent parfois pour mieux faire parler les bavards. Et il y en avait, mais surtout des bavardes!

La nuit touche à sa fin lorsque l'aube semble venir, emportant avec elle les premiers chants des volatiles perchés, toujours cachés peut-être de peur de se voir étriper par une lame encore au taquet. Le souffle est court alors qu'elles ont couru une bonne partie de la nuit et c'est sur les marches de la mairie que l'ébène prend place, posant sa corde à côté, tout en tapotant la marche pour inviter la belle à la rejoindre.
Cette nuit avait été la leur. Cette nuit avait été signe d'un renouveau, elle avait réussi, elle avait survécu. La nuit noire s'éclipse enfin pour laisser les premiers rayons du soleil éclairés la place repeinte de ce rouge puissant. Tout est opaque dans cette ville encore endormie malgré la bataille, tout sauf...


Hmm.. J'reviens.

Elle s'était levée sans vraiment donner l'explication nécessaire, elle n'avait pas à en donner. Libre était son mot d'ordre bien qu'elle appartienne au clan. Ainsi s'écarte le corps fin d'une ébène en phase de découvrir qu'elle n'était pas la seule "de Medici" au vu du poignard au sol, qu'elle connaissait par cœur.
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Jehan_le_blond


C'était sans doute la nuit que tout avait commencé. Sans doute, oui, mais tu avais encore du mal à comprendre ce qui s'était passé. Tu venais juste de rentrer de Périgueux, la tête encore pleine de ces verdicts sans queue ni tête, débités comme des planches d'un demi pouce. Le feu brûlait dans l'âtre, l'encre se répandait vite sur le parchemin que tu noircissais.

Les premiers bruits sont parvenus vers complies, sans que tu saches vraiment d'où ils venaient, si même ils avaient une quelconque importance. Et puis la nuit a pris une coloration particulière. En regardant par le fenestron, c'est un garde que tu vis se vider du contenu de son estomac au pied de ton bâtiment. Quatre à quatre, tu parcourais l'escalier pour te rendre au près de lui.


Oh là, mon brave... Qu'est-ce qui t'arrive ?
La mairie, mestre, la mairie...
Quoi la mairie ?
Tout ce sang, ce sont des fols, ce sont des...
QUOI LA MAIRIE ?
La ville a été prise, mestre, ils sont arrivés de partout... Ils ont tout massacré.


Tu n'avais pas écouté la suite, faisant simplement s'asseoir le brave homme sur le banc devant ton office. Tu courais déjà pour découvrir des corps, blessés, mourrants, des visages ébêtés.

Comment vas-tu, ma fille ?
Je... par aristote, si vous...
Viens ici, je vais te trouver à boire.


Il était trop tard, tu n'avais rien vu venir, tu n'avais pas été là... Mais il devait bien y avoir... P'tain, c'était quoi ce bordel, par le Livre des vertus !!!

Toi... Tu sais qui as fait ça ?
Des... Mac chose... savez, comme les sauvages de l'île, là... Ceux qui veulent plus qu'on pêche !!! M'étonnerait pas qu'ils soient mêlés à tout ça !!!


La gifle était partie plus vite que tu ne le voulais. Tu venais de taper sur un homme qui avait déjà une balafre sanglante plus longue que ton avant-bras en travers du poitrail. Tu ne savais pas trop comment te faire pardonner.

Ne répète jamais ça !!!

C'est léger comme excuse, certes. Mais il fallait soigner tous ces gens, les aider à s'organiser. Et tout à coup, tu t'es rendu compte qu'il n'y avait que toi... personne sur cette place.

Venez... venez tous jusqu'à mon office... On va... on va essayer...

Ainsi en avait-il été de la nuit.
Au matin, épuisé, tu avais regardé autour de toi. Rien. Rien du tout. Rien ne semblait bouger. Où était donc le maire ? Ou était donc les sauveurs de Sarlat, les habituels donneurs de leçons, les grandes gamelles du "je suis tellement meilleur que vous mon brave et je vais vous coller un procès" ?

J'avais cherché la si parfaite Prunelle, le non-moins indispensable Gerbeau, les glorieux maréchaux et même ce jean-foutre de William... Pas un, nulle part. Pas trouvés non plus de Pattricia, de Mariceleste, de tous ceux qui auraient soit disant donné leur âme pour Sarlat. Les tavernes étaient vides. Alors c'est encore plus inquiet que tu avais quitté la place forte par la poterne des nécessiteux.

Un instant tu marchais, le suivant tu courrais. Un tour aux Amazones, vide, et tu continuais ton chemin. Les Cordeliers se dessinaient maintenant... Tout était calme trop calme, bien trop calme. Du poing tu martelais la porte.


Hola, de la garde... Soeur Hélène-Astrid... C'est le Malville. Soeur... Hélène Adélaïde... C'est Jehan !!! Répondez-moi !!! Adélaïde... Ad.. Una, mortecouille, ouvre-moi !!! Una... je t'en prie... Pour l'Amour d'Aristote, Una...
Fleur_des_pois
Fleur, fidèle à elle-même en toute occasion. Belle, insolente, moqueuse, voleuse. Elle avait contribué à prendre cette mairie comme les autres, en souriant comme toujours. Son charme était indéniable, de même que le coup de matraque entre les deux yeux faisait mal.
Au matin, Sarlat était tombée, la si belle Sarlat. Vaillante à ce que l'on disait. Comme toutes les villes très peuplée, surtout vaillantes de bras cassés. Il y avait ici des grandes gueules, le genre à qui elle aimait offrir en souriant une infusion de cigüe. Il y avait des Ecossais à ce que l'on disait, d'autres que les employeurs. Elle n'en avait pas vu le bout du nez de toute l'attaque. Ah ça, valeureux, ces Ecossais, à coups sûrs ! Ca gueulait à droite à gauche mais quand il s'agissait de défendre... toujours la même chose. Prompt à la critique en revanche. Les MacDouggal devaient avoir les oreilles qui sifflaient ! Mais qui avait défendu la ville, en attendant ? Ca se comptait encore sur les doigts d'une main, mais ça se permettait de critiquer, bien entendu.


Bande de lâches, maugréa Gaia en s'avançant ce matin-là vers la mairie tombée aux mains des siens.

Elles les haïssait tous, ces bonnes gens bien pensants qui condamnaient sans prendre la peine de balayer devant leurs propres chaumières. Il n'y avait pas plus médisants que les anciens amis, et ici, la MacDouggal en comptait pas mal à ce qu'il paraissait. Mais n'était-ce pas parce que ces sarladais avaient dépouillés Manu que les Ecossais en étaient réduits à piller leur mairie ? Encore l'histoire du balayage. Foutus sarladais, voilà une joli lot qui n'avait pas volé l'attaque des Italiens. Trop imbus d'eux-mêmes, leurs chevilles devaient être rudement tassées dans leurs bottes.
Et pour mettre un peu d'ambiance dans cette lamentable cité, l'Ortie ne trouva rien de mieux à faire que de chanter un air de sa composition.


Nous sommes les Corleone
Nous sommes des voleurs des brigands
Et notre nom impressionne
Et l'fera encore dans cent ans.
On dit qu'nous sommes des démons
Ou les enfants du Sans-Nom
J'crois plutôt qu'on est béni
Puisque tout nous réussi.
Aucune ville n'est assez protégée
Pour nous interdire d'entrer.
Nous c'qu'on veut c'est votre or
Et c'est l'soir d'ssus on s'endort.
Vous pensez nous arrêter ?
Eh ma foi c'est beau d'rêver !
Menés par la terrib' Laell
Notre renommée ira d'plus belle !
Et c'lui qui nous stopp'ra
N'est point encore ici bas !
Ne craignez point pour vos vies
Mais pour vos économies
On vous prendra l'moindre sous
Et on vous r'merciera pour l'tout !
Et surtout n'oubliez pas :
Un Corleone ça n's'attrape pas !
Notre nom scintille
Comme tout l'or qu'on vous pille.
Car nous sommes les Corleone
Et vous, vous n'êtes personne.


Chanson terminée. Il était grand temps de se remplir les poches. Croisant Sybelle sur le chemin du trésor, elle ne put s'empêcher de lancer un commentaire.

Dommage que ta cousine sois presque morte, elle aurait adoré ça. T'as été parfaite, bella mia.
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Dame_bastet
Sa belle Cité .......Sarlat, aux mains d’Étrangers......
Et ce depuis 2 longues nuits et autant de jours.....

Oh, pas la peine de se demander leurs intentions, on les entendait assez brailler et annoncer à qui voulait les subir qu'ils étaient les nouveaux Meistres des lieux, que l'avenir devrait compter avec eux......
La rengaine habituelle des Usurpateurs de tous bords, imbus de leurs positions et de leurs « bons Droits », mais pourquoi alors avoir tant besoin de la force, de la violence et des armes pour défendre et instaurer ce qui est « Juste et Dû » ?
A les entendre, c'est presque la Justice Divine qui les aurait précédé et qui, actuellement, chanterait leurs louanges et leurs téméraire courage...... 

Qu'importe, dans sa vie, Dame-Bastet avait déjà connu bien des vicissitudes, sa Ville aussi .....

Le temps passe, les Gens passent, mais les cycles se reproduisent et toujours des envahisseurs tenteront de prendre ce qui leur apparaît comme Sacré, sous de fallacieux prétextes, avec de « Bonnes Excuses et les Meilleures Intentions du monde ».
Sacré comme la vie simple des gens simples, comme le temps qui coule sur son corps et ses nuits, comme la vie qui palpite au fond de son cœur et de son âme pour tous ceux et celles qu'elle aime, comme la Lumière des cieux et l'ombre nacrée des eaux profondes de son lac adoré ; comme la vue qu'elle a lorsqu'au lever du jour, son corps collé contre celui de l'Homme qui est sien et après leur montée essoufflée, elle admire son village en contrebas et l'horizon qui s'en dégage, dans les lueurs ouatées de l'Aube teintée de rose et de violine .......Voilà ce qui est Sacré pour elle......La Vie......

Et l'Harmonie.....Et justement, cette dernière venait à manquer singulièrement depuis ces dernières 48 heures.....

Un fin sourire étira ses lèvres, ses yeux bleu gris prirent une teinte un ton plus foncé, elle savait comment faire....Comme elle l'avait déjà fait par le passé et comme elle ferait à chaque fois qu'il le faudrait à l'avenir.....Une mécanique bien huilée, un ballet déjà répété, une succession de gestes précis et concis, quelques attitudes salvatrices à réaliser, et par delà, sa fierté et ses croyances à aiguiser, à affirmer, et surtout son cœur à fermer et ses muscles à solliciter......Les heures qui viennent seront décisives.......

Faire croire à l 'Ennemi qu'aucune réaction ne viendra, que tout est assoupi, qu'ils ont gagné et qu'aucune résistance ne leur sera opposée, qu'ils sont si forts et si beaux que les échines sont déjà courbées en face de leurs si jolis petit pieds, que leur parole est d'Or, que leurs vocalises sont acceptées comme paroles d'Aristote ou de culte, que leurs poils soient brossés dans le « bon sens », celui de la complaisance, que déjà nos âmes leurs sont dédiées et que nos corps leur appartiennent, qu'ils nous jugent lâches, couards, méprisables, qu'ils nous pensent leurs « choses », ... 

Qu'ils y croient ou pas, qu'importe, après tout ; pourvu que le temps soit nôtre......
Oui, le temps est mien, la vie est mienne et j'entends aussi que mon corps et ma ville me reviennent de droit et quoi que cela me coûte, cela sera.......

DB s'est habillée de manière mesurée pour sa sortie, elle se couvre de son mantel couleur de nuit profonde, sa cuisse droite est ceinte d'une fine ceinture et d'un étui dans lequel repose un joli coutelas bien effilé et dans sa botte s'est logé son jumeau, ouvragés tous deux de sigles que seule elle peut encore comprendre ; cadeau lointain d'une vie plus lointaine encore.....

Un dernier regard sur son âtre rougeoyante, une dernière pensée pour les bûches préparées tout à côté et qui lui serviront à se réchauffer une autre fois, une main qui saisit l'Oudjat d'or fin pendu à son cou et qui l'étreint, l'autre qui ouvre le loquet de la porte : et la voilà partie dans la pénombre de sa rue......

Première étape : chez Odradek, le reste suivra ......
Cette nuit, Horus est avec moi.....
Cette nuit, Horus sera au dessus de Tous et demain, tout renaîtra......
Tynop
[Samedi 1 Juin 1461, au matin]


Passé l'ivresse de la victoire, il était ensuite venu le temps de reprendre son sérieux pour défendre la mairie.Victoire écrasante, une fois de plus. Les assaillants s'en allèrent la queue entre les jambes au petit matin. Il passeraient la journée à grommeler dans leur coin pour peut-être revenir s'en prendre une la nuit d'après. Après tout, peut-être que certains aimaient ça. Pendant ce temps-là, la nouvelle mairesse et ses alliés avaient tout le temps de se servir dans les caisses. Dieu qu'il était bon de s'enrichir au profit des autres! Le voilà en train de vendre du blé qu'il n'a pas acheté, une barque qu'il n'a pas construite, et de balancer une carpe qu'il n'a pas pêché sur la tête de Sybelle, pour le plaisir. Oui, on ne joue avec la nourriture, m'enfin elle le méritait.


Il s'accorda une petite visite dans la taverne ou créchait le désormais ex-maire et ses amis déchus. Pas le temps de rester bien longtemps, visiblement il n'était pas passé inaperçu durant l'attaque, et les locaux l'air de plutôt mal le prendre. Plutôt flatteur! Et rien de tel pour le motiver à défendre la ville un jour de plus. Les locaux avaient beau parler, insulter et menacer à tout va, ce n'est pas avec leurs jérémiades enfantines qu'ils parviendraient à reprendre leur précieuse mairie. Tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était ruminer et maudire dans leur coin, pendant que le nouveau conseil municipal s'en mettait plein les poches. Jouissif. Ironie du sort, c'était par les armes que l'ancien maire avait pour la première fois glané son poste. Il avait ainsi achevé sa brillante carrière comme il l'avait débuté. Il avait tenu deux ou trois jours en tant que maire légitimement élu. Rien qu'à y penser, le sourire présent sur les lèvres du blondinet s'étira. Tel un chien battu, l'arrogant mais incapable ex-bourgmestre allait devoir ramper comme un chien battu auprès de son Comté pour réclamer de l'aide. En attendant, il pouvait continuer à se prendre rouste sur rouste chaque nuit.

Et puis globalement, mis à part les frustré éjectés de leurs fonctions, la population ne semblait pas vraiment mal réagir à ce changement de maire. Nombreux étaient ceux qui s'en foutaient pas mal. Certains passaient tout de même en taverne les remercier de l'animation. Plus surprenant encore, ils reçurent de la part de certains et certaines des félicitations et des demandes à rejoindre les pilleurs. Cela laissait le blondinet songeur. Bien sûr, la cupidité devait y être pour quelque chose. Mais cela témoignait aussi de la relative impopularité du précédent maire. Amusante. Oui, c'était le mot parfait pour définir la situation actuelle de la ville. Cette dernière était divisée entre ceux qui tentaient sans grande succès de reprendre la mairie, ceux qui, tel des girouettes, cherchaient à rejoindre les vainqueurs, et enfin ceux qui regardaient d'un air amusé le joyeux bordel provoqué par l'arrivée des Italiens, Ecossais et affiliés. Diviser pour mieux régner qu'ils disaient. C'était vrai. Trop peu avaient tenté de se révolter. Trop peu pour s'amuser, entendons-nous bien.Bien heureusement, le manque de combat était compensé par les mines tristounettes affichées par les loyaux.

Au matin, un soldat s'approcha de la mairie. Le vagabond le prit d'abord pour un retardataire ayant trop bu, arrivant après les festivités. Mais il se contenta de... Le blondinet ne comprit pas vraiment le but de son intervention. Il commença par leur dire bravo, mais sans les féliciter. Bizarre. Dire bravo à quelqu'un, n'est-ce pas le féliciter? Passons. Il débita ensuite un blabla sur la cheffesse Macdouggal. Visiblement il la croyait six pieds sous terre. A côté de la plaque. En deux phrases, le type avait déjà déblatéré deux énormités. La suite provoqua un léger rire chez le blondinet. Son nom mentionné par un type qu'il ne connaissait ni d’Ève ni d'Adam. Le début de la célébrité! Ensuite le soldat en enchaîna en expliquant fièrement la manière dont il avait été incapable de prévoir l'attaque. Après la réponse de Laell, il s'avança à son tour



Auxane, actuellement en train de pioncer à l'autre bout du Royaume, sera ravie d'apprendre que vous la suiviez. Je dois avouer qu'il est assez drôle de vous voir détailler les dates de notre présence dans votre accueillant Comté. Elle est pas mal, votre tactique. Vous suivez. Vous regardez nos déplacements, puis vous notez. Machin était ici à telle date, il est reparti tel jour. La seule critique que j'émettrais, permettez-le moi, c'est que c'est plutôt inefficace. Parce qu'aujourd'hui, vous avez pu noter, avec joie: Machin et ses copains ont pris la mairie. Zut. Alors vous pouvez continuer à rester là nous expliquer pourquoi vous avez été incapable de tenir votre mairie, vous pouvez chercher un coupable, expliquer que c'est la faute à truc, que fichtre, si vous aviez su, vous vous seriez méfié. Ou alors vous pouvez essayer de reprendre votre mairie, puisque vous avez l'air d'y tenir, et que je crois que vous êtes payé pour ça. C'est vous qui voyez. Mais faudra être un peu plus que la nuit dernière, je le crains. Bon courage à vous, en tout cas! Il vous en faudra, n'en doutez pas. Et à la nuit prochaine, donc!
Yanael
Sarlat. Pas si loin de Limoges, mais inconnu jusque là. Et pourtant... elle allait être le théâtre de retrouvailles, difficiles, lourdes de tensions, de reproches, de larmes, de cris, de coups... là où les jumeaux se retrouveraient enfin, rongés par cette séparation qui les avaient anéantis tous deux.

Sa faute à lui, et il le savait. Double peine, alors qu'il apprend qu'elle a été blessée sur la route. Lui qui lui avait toujours promis d'être là pour la protéger, avait failli. Et sa peine se transformer en rage, en haine, en cri déchirant la nuit alors qu'elle lui confie la corde à son cou...

Les heures qui s'en suivirent furent à leur image, de ce mélange d'amour haine dont ils ne peuvent se défaire, tant l'un sans l'autre est une notion qui les vide de leur sens profond, de leur essence, de leur étincelle de vie.
Elle lui avait promis de lui faire payer, et il savait qu'il paierait cher. Mais là où quiconque aurait pris la fuite, conscient de l'issue fatale qui l'attendait tôt ou tard, lui était resté, plus que jamais, pour aimer sa soeur comme la morale le réprouve.
Peu importe, les deux avaient tout vécu, tout subit, tout enduré ensemble, et c'est ainsi qu'ils finiraient.

La soirée était sombre, et c'est au parfum et à la silhouette fluette qu'il reconnut Lix au détour d'une ruelle.
Prenant son courage à deux mains, il abordait la brunette, sachant pertinemment qu'il n'en sortirait peut-être pas vivant, tant celle ci avait pris une place importante dans la vie de sa soeur.

Autant il n'avait jamais pu supporter qu'un autre la touche, pour des ébats bestiaux, où seul le corps et le plaisir égoïste et charnel régnaient.
Autant elle... elle le désarmait, car l'étincelle qui illuminait son regard dès qu'elle voyait Lynn trahissait ce qu'elles partageaient.
Et s'il avait bien compris une chose de cette affaire, c'est qu'il ne pouvait l'enfermer, et qu'il la voulait heureuse avant tout, son Autre.
Aussi, la discussion s'emportant sur des propos qu'il regretterait vite, prononcés sous le coup d'un chagrin incommensurable qui l'avait plongé dans un état de mal être encore jamais atteint, cette discussion prenait un tournant comme jamais il n'aurait pu l'imaginer.
Rassuré, il l'était, quant à la sincérité de celle contre qui il ne pourrait jamais rien, et qu'elle la protégerait elle aussi.

Ce qui ne l'empêcha pas de la suivre discrètement, alors qu'elle regagnait le campement des Corleone.
Son instinct lui guidait de rester vigilant, l'activité par trop discrète des membres lui laissait présager que quelque chose allait se passer.
Ainsi planqué dans un fourré, c'est sans réelle surprise qu'il observait la troupe se diriger vers la mairie sitôt 4 heures sonnées. Et de les suivre à distance, discrètement.

Sa main portée à sa ceinture, il constatait qu'il lui manquait un couteau. Celui qu'il avait laissé à son Double en taverne pour qu'elle s'entraine. Il ferait avec les deux qu'il lui restait, si le besoin s'en faisait sentir.

Silencieux comme un chat, de ce surnom qui les caractérisait si bien tous deux, il trouva un poste d'observation bien planqué pour tenir à l'oeil ce qui allait rapidement se dessiner comme une mêlée comme il en avait rarement vu jusque là, alors que les frère et soeur se cantonnaient à la cueillette sur route.

Lix tenait parole, protégeant Lynn, usant de ruse pour terrasser l'adversaire. Lynn s'en sortait bien, mais c'est une jeune Corleone qui allait rapidement se retrouver en difficulté quand un molosse armé l'agrippait par le bras, non loin de là.
Le tumulte couvrant les cris de la jeune enfant précipitait la scène vers une issue qu'il ne pouvait supporter regarder sans agir.
Il savait ce que Lynn risquait s'il était aperçu, et encore pire ce qui l'attendait lui si Amalio le voyait.

Qu'importe, il savait que ses jours étaient comptés, mais il ne pouvait faire autrement que de rester près d'Elle, et surtout d'intervenir. Glissant sa main à sa ceinture, il agrippe ainsi le couteau par la lame, et d'un geste vif, le balance avec la précision dont il était capable, pile entre les omoplates du géant, le faisant relâcher ainsi sa prise sur l'enfant qui s'échappait sans trop comprendre... l'instinct de survie des Corleone.

Et le garde de s’effondrer, tentant de dégager le couteau qui venait de lui déchirer la colonne vertébrale, parvenant tout juste en le faisant glisser de son corps meurtri à provoquer l'hémorragie qui lui serait fatale, l'arme blanche terminant sa course à quelques centimètres de ses mains.

C'en était à présent fini de l'attaque, le clan triomphant. Pour sûr, ils n'avaient laissé aucune chance aux défenseurs, et bien malgré lui, il devait admettre qu'ils étaient efficaces.
Aslynn se retrouvait assise aux côtés de Lix, non loin de la lame qui signait son forfait. Il restait planqué, sans pouvoir aller la récupérer, l'endroit étant trop exposé à la vue des vainqueurs qui allaient pouvoir se partager la gâteau.

Il devait donc attendre que la place se déserte pour ce faire, mais le sort en décida autrement... Chat avait vu la lame, et son air de curiosité avait vite fait d'anéantir toute idée de récupération discrète.


Bordel...

Et de ronchonner, discrètement, alors qu'il se retrouvait ainsi dépourvu de deux de ses lames, signant ainsi ce qu'il craignait signifier la perte de sa soeur, si elle venait à s'en confier au Corleone.
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Souffredoul
L'ancien s'était encore frité avec Mélie, cette gamine le rendait dingue. "Si elle était pas membre de la tribu, je te l'aurait déjà culbuté depuis des lustres et maintenant elle ronronnerait comme Iris !" Il sort donc de la cuisine passablement grincheux et entreprend le trajet que la vindicative avait sans nul doute pris. Passé la zone des roseaux, le poivre et sel s'approche de la crique, le loup vient à sa rencontre, quant à la buse elle pousse un de ses cris lugubres auxquels il ne s'était jamais fait.

Planté sur la pierre plate, le soldat guette l'onde et ses moindres frémissements, il sait qu'elle finira bien par remonter, mais quand... Ce sont les oreilles du loup et son regard fixe qui le guident, et c'est ainsi que Patt sort de l'eau dans une sorte de rire. Il frissonne, c'est un côté d'elle qui revient à la surface, qui peut être utile, mais qu'il n'apprécie par particulièrement. Elle l'aperçoit mais ne cille pas et sort de l'eau sans aucune gène. Il s'empresse d'enlever sa cape pour l'en couvrir lorsqu'elle arrive à sa hauteur.


- Alors ?
- Plaintes et gérémiades habituelles...
- Ca je m'en tape, ce que je veux savoir c'est la santé des nôtres !
- Pas de bobo, ils sont tellement nombreux que c'est le statu quo.
- Oui c'est vrai que je trouve cela toujours aussi frustrant de ne pas pouvoir trancher dans le vif.
- Sinon... j'ai trouvé Mélie à cran
- Tss... cessez donc de la reluquer avec vos yeux de merlan frit et d'aller peloter de la ribaude ritale et elle s'adoucissa peut-être.
- J'vois pas d'quoi vous voulez parler...
- Nous nous battons côte à côte depuis assez longtemps pour que je connaisse votre mode de fonctionnement. Une chance déjà que le Cerbère soit plus dans le coin, sinon ça serait encore pire !
- Ils partent toujours aujourd'hui ?
- Oui, je crains que le siège ne dure encore un peu, je ne veux pas les voir mêlés à tout ça
- Ils vont pas apprécier vous savez
- Ils iront au domaine, faut bien qu'à part me fournir en vin, ce titre me serve à quelque chose. Et puis comme Mélie les accompagnera, ça vous apportera un peu plus de sérénité et de concentration.
- Humphr ! Et Monseigneur... ?
- Il peste, fourbit ses armes et rêve de vengeance
- Pas vous ?
- Je vous rappelle que de ce côté là, Ari a toujours très bien fait les choses sans que j'ai à me salir, je n'ai pas d'orgueil déplacé, je laisse ça à ceux qui en ont besoin pour se sentir exister. Le temps fera son oeuvre comme à chaque fois. Rentrons !


Il avait attendu patiemment qu'elle se rhabille, ne pouvant s'empêcher de reluquer ses cicatrices témoins de leur passé commun, et ils reprirent le chemin inverse, elle calme et lui un peu déçu de voir la tribu se scinder en deux. Une image d'une brune aux yeux de nuit et au fichu caractère ne cessant de danser devant ses yeux jusqu'au retour aux Mures. "Fichues bonnes femmes !"
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Praseodyme
Au matin du troisième jour ...

... le soleil se leva, comme tous les autres jours. Rien de nouveau. Un coq se dressa sur ses ergots, gonfla ses plumes, et se lança dans un retentissant :


Coc ... coc ... coc ... cocorléoooooone !!!!

On dirait que ça commence à venir ..., songea Praséodyme.

Elle était assise sur le parvis, profitant de la douceur du matin pour casser une petite croûte, lard rance et cive blanche. Dans la nuit, une bande de gorets malfaisants avaient encore tenté de renverser l'Ordre établi par la Volonté du Très-Haut, et de Sa représentante sur Terre, Dame Laell la Très-Grande. Peine perdue, ils s'en étaient repartis la queue basse, comptant leurs horions et leurs humiliations.

Il allait bien falloir qu'ils comprennent qu'ils n'étaient plus chez eux, et qu'ils se plient à certaines règles. On en avait discuté, et certaines choses avaient été dites. En premier lieu, le bourg serait Ville Libre et ne s'appellerait plus Sarlat La Canéda, mais Sarah La Callahan, en l'honneur d'une des escossoises parmi les premières initiatrices de leur aventure. Ensuite, les habitants auraient le choix entre se faire passer au fil de l'épée, en commençant par le fondement et en remontant jusqu'aux amygdales, ou faire allégeance à la Divine et Grandiose Laell, nus, à plat ventre, avec une plume de paon enfilée dans le fion. Les Corléones, leurs alliés et leurs affidés seraient traités avec tous les honneurs dus à leur rang, Monseigneur par ci, révérence par là, avec tous les privilèges y afférant. Enfin, pour instaurer une vraie égalité dans ce pays, tout le monde (à part les Corléone, leurs alliés et leurs affidés), bourgeois comme gueux trimeraient comme des bêtes du matin au soir au profit exclusif des Corléone, de leurs alliés et de leurs affidés.


Un bon plan, se dit Praséodyme.

Pour elle, elle n'avait rien demandé de particulier, si ce n'est le vin à volonté sans supplément, et deux gros garçons porchers pour lui servir d'esclaves sexuels.

Car si c'était une belle truie, c'était aussi quelqu'un de simple.

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Una_agnes
[Vous avez demandé la police, ne quittez pas...]

Une fois Bastide partie, je m'étais remise à écrire. Plus mes registres évidemment, tout simplement parce qu'il était déjà difficile de me concentrer lors le calme régnait, alors maintenant, avec l'agitation que la nouvelle avait provoquée, aucune addition ne risquait désormais de tomber juste. Et puis, il fallait prévenir mère d'une façon où d'une autre. Le pigeon, c'était le plus sûr. Un message court suffirait.

Citation:
Sarlat|aux|mains|de|brigands:MacDougal|Corleone|Connaissez|vous?Jattends|instructions|pour|Cordeliers.


Ensuite, j'avais déambulé entre les cellules essayant de rassurer celle-ci qui paniquait, calmer cette autre qui voulait en découdre. Le couvent retrouvait progressivement un semblant de normalité, lors que l'ouragan germain revint à la charge. Bastide était de retour et avec elle un cortège de nouvelles.

- Atélaïte ! Foici la réponseu à vosse missifes... Enfin, euh... Fotr'frèreuh... La komtesse est... hmm... pas tré inetéressée...
- Montrez !

Citation:
De moi à toi ma soeur parce que tu resteras toujours ma soeur...
...Les liens du sang sont éternels et plus forts que les décisions des hommes...et des femmes.

Soeur chérie donc,

C'est de Villefranche-de-rouergue que je t'écris. Le clerc que j'ai mandaté a bien fait son travail cette fois et m'a renvoyé le message que tu m'avais envoyé à Bergerac. Non, je ne suis pas à la chasse du félon Yugan...même si j'avais que ça m'aurait bien plu. Comme tu le sais, j'aime toucher à tout. Non, non, je ne te parle pas de désir charnel ici, mais de ma propension à ne rien approfondir et butiner dans différents domaines. Je m'essaie au commerce (un peu) et à l'escorte (beaucoup).

Sinon, c'est le même clerc que j'avais mandaté pour envoyer un message de sensibilisation au vote pour l'élection comtal. J'essaie comme je peux de convaincre la population de s'investir dans la vie du comté...et je me fous totalement des échecs. Rien ne me fait peur. Donc, ce dit-clerc n'y connait rien en politique. Lui demander de faire la différence entre Sarlat et la Nouvelle-Calédonie, c'est au-dessus de ses capacités. La politique et la diplomatie, il déteste ça. Bref, tu peux oublier ce message qui ne te concernait pas vraiment.

Comme tu vois, je préfère toujours te tutoyer. Entre nous, le vouvoiement n'aurait effectivement aucun sens. Je ne devrais pas tarder à revenir en Périgord-Angoumois. Je n'y ferais sans doute que passer. J'ai d'autres activités qui m'appellent au nord du royaume cette fois. J'espère te croiser un jour. Il me plairait de t'expliquer que, en tant que future chef de clan, il te faut trouver un bon mari.

Je t'embrasse affectueusement,

ton petit frère Seurn.


Je ne savais même pas pourquoi je m'étais efforcée de lire la totalité de sa missive. Aucune information sur le pillage en cours, néanmoins. Il n'était visiblement pas au courant des agissements de sa traînée d'épouse ou bien il y était mêlé. Avec Soren, tout était possible et le silence de sa grande amie la comtesse, sachant que celle-ci n'était qu'une des éminences présentes de ceux qui avaient manigancé autrefois pour prendre le chateau, ne faisait que me conforter dans cette idée.

- Il n'y strictement rien à attendre de mon frère... je ne sais pas ce que j'espère encore.
- On né choissit pas sa familleuh... n'est-ce pas ?
- Certes. Allez vous reposer, Bastide, et ensuite vous reviendrez me voir pour nous organiser... Avez-vous croisé une armée ? Des gens d'arme ?
- Nein, meine Schwester. Seulement des va-nu-pieds... A plus tard...


Voilà. Rien. Je n'étais même pas étonnée. Le silence de la comtesse avait suffi à me convaincre que la situation était attendue, pour ne pas dire espérée. Je n'y avais prêté qu'une attention moqueuse, jusqu'ici. La Nouvelle Calédonie avait suffisamment à faire de son côté pour survivre et exister face à un voisin méprisant et parfois menaçant même pour s'occuper des démons qui rongeaient les entrailles de ce même voisin comté.

Mon esprit s'échappait. Je repartais à Hoy, je me souvenais des danois lorsqu'ils se manifestaient dans nos fermes, je me rappelais le feu qui nettoyait souvent les souillures qu'ils provoquaient. Les bûches s'effondraient dans la cheminée et je m'endormais.

C'est un roucoulement sur mon épaule qui me fit me réveiller. Le pigeon me caressait la joue de son bec.


Tu es déjà là, toi ?

Citation:
Ma fille,

Ce qui se passe à Sarlat ne nous regarde pas. Cela concerne le Périgord et je pense que la comtesse saura envoyer un émissaire infantile et aviné pour discourir avec les brigands comme elle nous l'a déjà prouvé. Le Périgord a suffisamment d'armées, de gens en armes et autres spécialistes de ces questions pour se débrouiller. A propos, qui est leur capitaine ? leur prévôt actuellement ? Question purement rhétorique : peu me chaut en effet.

Quant à connaitre les noms que tu cites, oui. Les Corléone sont une bande d'écumeurs connue depuis bien longtemps pour ne pas valoir grand chose. C'est eux qu'avait reliés mon secrétaire particulier, Josselin, à une époque. Que dire ? Rien justement. Ils sont sans intérêt. Et pour les MacDougall, la putain qu'a voulu nous imposer ton frère autrefois a suffi à me montrer à qui l'on avait à faire : des consanguins à n'en pas douter. Si tu tombais sur cette truie, égorge-la que nous en soyons définitivement débarrassée. Pour les autres, aucune importance. Leur destin est certainement déjà scellé.

Protège les Cordeliers, par tous les moyens, et protège ceux des Sarladais qui travaillent pour nous. C'est tout ce que je peux te conseiller. Nous rentrerons dès que nous le pourrons. Je te laisse décider.

Ta Mère


Ma Soeur ?
Ja... hmm... je veux dire Oui ?
Ché suis repossée... Ché réunit Mathilde, Fétide, Marguerite, Brunhilde et Gerhilde...
Ah ? Pour quoi faire ?
Pour aller aiter les Sarlatais... Puis faut ramener Cerpère, Kachon et la femme te Roparsse qui trafaille chez une poulancher... Et y'a missié Chéhan, ché l'ouplie pas none plusse...
Hmm... Et vous êtes toutes entrainées ?

Le sourcil de Blutsberg se releva tandis que ses lèvres se pinçaient, me faisant imaginer le pire.
Mouais...
Nousse défons y aller, Atélaïte... Mais fous, fous défez préparer la défense ici.
Je sais, je sais... Allez-y !


La grande germaine rompit le rang. Finalement, c'était à se demander si c'était des nonnes ou des soldates que nous hébergions aux Cordeliers. Je restais un instant seule à réfléchir aux propos de Mère avant d'accompagner les sœurs à la Porte principale.

Qu'Aristote vous protège et que Michel guide votre bras, mes soeurs...

Je n'eus pour réponse qu'une brouhaha digne d'un poulailler. C'était habituel dans un couvent, surtout le nôtre. Je les regardais s'éloigner tandis que le brouhaha se faisait plus distant, moins bravache, plus mesuré.
Je refermais la grande porte avant de m'en retourner vers ma comptabilité lorsque un nouveau brouhaha se manifesta.


Hola, de la garde... Soeur Hélène-Astrid... C'est le Malville. Soeur... Hélène Adélaïde... C'est Jehan !!! Répondez-moi !!! Adélaïde... Ad.. Una, mortecouille, ouvre-moi !!! Una... je t'en prie... Pour l'Amour d'Aristote, Una...

Il était écrit que la comptabilité ce jour-là attendrait. Un soupir et je me retrouvais à nouveau devant la porte.

Mestre Jehan, par Christos, ce n'est vraiment pas la peine de hurler !
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Rodrielle
On y est, on y reste.

Ils avaient bien fêté leur victoire, encore une fois. La cave de la Mairie (parce qu'il y en a toujours une) fut vidée, comme toutes les autres pièces. Chacun avait eu sa part en guise de remerciement pour avoir participé à cette belle prise, et tout le monde était content. D'un commun accord, les Corléo-Mcdouggal avaient décidé de garder la mairie encore quelques jours, histoire qu'ils retiennent bien la leçon. Alors ils s'étaient regroupé, chaque soir depuis leur prise, pour défendre leur nouvel hôtel particulier. Et ils la gardaient, cette foutue mairie, pour leur plus grand plaisir ! A croire que personne ne s'y intéressait vraiment, à cette bâtisse... Sauf peut-être le gueux qui était venu hurlé devant les portes.

L'italienne s'était levée et avait suivit Laell mais resta derrière elle, appuyée contre un mur en écoutant ce qu'il se disait. Tynop ne manqua pas non plus d'appuyer la brune Corleone et c'était au tour de la Tatouée d'en rajouter et de soutenir les deux jeunes. Juste un tout petit peu, histoire qu'ils s'énervent et qu'ils viennent encore plus nombreux.

L'intérêt que vous portez à nos déplacements ne serait-il pas un moyen subtil de nous prouver votre admiration ? N'usez pas trop des paroles, Saint-chien, elles ne sont pas utiles. Si vous devez vous justifier à quelqu'un, allez le faire ailleurs. Que vous ayez eu, ou non, des soupçons sur nos déplacements nous importe peu : vous avez échoué, point. En tout cas, au nom des Corleone, nous vous accordons le plaisir de nous voir encore quelques jours ici, histoire que votre mémoire ne vous joue pas des tours. De notre côté, nous fêterons à la fois notre victoire mais, juste pour vos beaux yeux, également votre échec.

Un signe de la main fut offert au Saint-Loup et l'italienne s'en alla vers Laell.

Il serait peut-être temps de te présenter comme ton rang le demande, Bella Ragazza. Tout l'honneur te revient.

Ou une façon indirecte de préparer la passation de pouvoirs. Il allait bientôt être temps.

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Enjoy
    Les premières lueurs du jour s'éparpillent au milieu des branches. Leurs lézardes ruisselantes de lumière viennent éblouir les pupilles endormies du garde en faction. Cela fait des années qu'il assure la sécurité au cœur du joyau Périgourdin. La cité des milles délices, l'antre des riches, la fierté de tout un peuple. Les lustres se succèdent avec leurs lots de poussière et l'assurance des mois passés. Les vautours règnent dans le giron de la Sarladaise jusqu'à convoiter ses bijoux et vouloir se repaître de ses faiblesses. Ainsi sont les hommes qui veulent le pouvoir en asservissant leurs semblables. Complots, manigances, ils se suivent au balcon avec la promesse de jours meilleurs ou bien en entretenant la légende de leurs propres craintes.

    Ce garde, banal en tout point, n'avait rien d'autre qu'une chaumière fumante et une femme atteinte d'une toux sévère. Plus les aubes se succédaient plus le crépuscule de sa compagne se faisait pressentir. Aussi pour ne pas la voir dépérir avec souffrance et sans soins, il gagnait son obole auprès du préposé à la défense. La milice assure le réconfort d'une place quotidienne. Au début, il tâtonnait avec la maladresse des inexpérimentés. Au fur et mesure, ce manque se mua en une forme de sur-confiance en soi et son excès de zèle. Le garde prenait un malin plaisir à corriger les mendiants et autres tire-laines d'une sévérité hors de propos. Rien ne l'inquiétait. Après tout, n'était-il pas le prédateur exclusif de sa zone de chasse ? Si bien que ses largesses devinrent monnaie courante et les badauds trouvèrent cela normal...

    Jusqu'au jour où dans le poulailler, le renard se fit surprendre par un loup.

    C'est là que débute l'épopée des Corleone gravée dans les mémoires du Royaume. L'histoire se déroule à une époque où les petits groupes de brigands lèchent les bottes des imposants et donc impotents. Une période où seules les légions attirent toutes les prunelles. Des armées composaient de gens qui prétendent haut et fort que personne ne les privera de leurs libertés, ni qu'on ne les asservira. Ceux-là même qui après une soirée arrosée sur leur vie de pillard sans foi, ni loi vont baisser leurs braies et courber l'échine devant leurs chefs de section, eux-même enchaînés au chef d'armée. Organisation en rangs serrés, marches au rythme des cors, interrogations et esprits d'initiatives aux oubliettes. Ces pseudos-rebelles-indépendants traînent la patte sous les coups de fouets. Les hordes pénètrent dans les châteaux sans presque aucune secousse et se glorifient du « trésor » récolté. Quelques malheureux deniers et une miche de pain. Une solde piteuse convenant à leurs maigres ambitions. Il s'agit donc d'une période trouble où les journalistes sont souvent issus des groupuscules brigands et font donc ainsi leur propre promotion. Même s'ils n'ont rien fait dans l'histoire. Ainsi il n'était pas rare de lire dans l'AAP des articles détaillants la prise d'une ville par les Corleone et vient s'y greffer à la suite les prochains événements en préparation pour le groupe du rédacteur. L'art et la manière de parler de soi sans rien faire. Toute ville pillée est alors un prétexte idéal pour se faire mousser.

    Malgré cette époque étrange des revendicateurs-asservis prônant la Liberté, il persistait un rassemblement, une famille : Corleone et Spiritu Sanguis. Sans armées, sans religion à promouvoir, sans lois si ce ne sont les leurs, ils prirent villes sur villes pratiquement sans écueil. Pas silencieux et gueules assombries par la fatigue installèrent leurs quartiers à Sarlat.

    La mustélide aux crocs affûtés devenait une douce louve. La braise s'était éteinte. La seule étincelle provocante était celle de son épouse. Le reste : la gloire, les prises, les écus, devenaient secondaires. Discrète et silencieuse en public. Plus bavarde dans les bras de l'être aimé. Tel était son lot quotidien. Son palpitant résonne à l’unisson de celui de son Autre. Et la tension de pré-attaque mourante ne se faisait présente que lors de leurs échanges charnels. Des ébats à la suite des moindres débats. Ou des occasions. Engranger les richesses comme on stocke la luzerne pour la saison hivernale.

    Laell payait l'addition particulièrement salée et ceci à la place de tous les autres ou presque. C'était son rôle. Porter la famiglia dans les heures de gloires et de déboires. Quant à la Bella, elle suivait. Fidèle, sereine, apaisée. N'émettant aucune objection ou aucun conseil. Elle savait pertinemment que l'ensemble était rôdé, les rouages parfaitement huilés. Et même si elle avait grandement participé à l'organisation de la prise de Sarlat, l'assaut serait laissé aux autres. La mustélide se contente de suivre le sillage des cris, des coups et d'achever les quelques récalcitrants soit pour un sommeil profond, soit pour les ôter d'aucune chance de réveil. Le repos éternel.

    Sa « cara mia » se dresse avec habitude sur le fauteuil doré. Les parts sont allouées, les marques de satisfactions sont échangées. Une forme de congratulation qu'elle ne partage pas réellement. Enjoy espérait un sursaut, Enjoy n'eut qu'une prise facile et déconcertante. Lasse, dépitée, elle choie aux côtés de la nouvelle mairesse. Sa quête de challenge s'estompe à nouveau.

    Restauration, contemplation. Les heures passent.

    Les Sarladais se pressent à la lourde brandissant leurs torches. Un soupir retentit au sein de la pièce, la Corleone se relève et va rejoindre le reste de la troupe. La révolte s'écrase sans éclat aux pieds des Italiens et affiliés. L'unique chose notable fut cette petite interaction avec un des locaux. Un mouflet. Le fils d'un des membres à la retraite de la Fédération des Anonymes qui Tentent d'Usurper leur Monde interloquant son paternel avec l'insolence de son âge : « Quand j'serai grand, j'serai un Corleone ! » Ce à quoi, la dite femme de la cheffe répondit d'un ton monotone : « La plus haute fonction d'un fils de la Fantoche est de transporter nos déchets à la rivière. Faut dire qu'ils n'ont pas assez de talents pour porter nos affaires alors ils ne peuvent viser plus haut... »

    Pour la paix des ménages, il vaut mieux qu'elle se taise.

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Amalio

    Nouvelle nuit de défense... nouvelle nuit passée sur les remparts, à narguer les assaillants, puis aux pieds des murs à repousser l'assaut à coups d'épée et de dague. Amalio faisait largement sa part du travail, tranchant dans le tas avec une brutalité crue, sans se soucier des conséquences pour ses ennemis. Il surveillait de temps à autre une petite silhouette maigrichonne aux cheveux courts d'un roux flamboyant... sa fille Arsène, qui avait à la main la dague italienne qu'il lui avait donnée la veille. Elle savait déjà obtenir sa fierté. Et, alors qu'il ignorait encore son existence quelques semaines auparavant, il était prêt à tuer celui qui porterait la main sur elle. Sa bâtarde, oui. Sa fille.

    Mais la gamine se débrouillait fort bien, ayant toujours vécu de ruse et de larçins. Quand tout fut fini, à l'aube, il partit à la recherche d'une autre rousse... sa rousse. Celle vers qui il revenait toujours. La seule qui savait lui manquer. Il la trouva au pied des remparts, et la surprenant par derrière, l'enlaça fermement pour enfouir son visage au creux de son cou et l'embrasser.


    Elwenn...


    Elle.

    Tu m'as manqué.

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Fleur_des_pois
Une nouvelle nuit à défendre la cité tombée entre leurs mains. Durant l'attaque, la Fée reprenait encore et encore les paroles de sa petite chanson. Elle n'avait jamais été très douée pour le maniement des armes. Son truc, c'était les poisons. Mais l'avantage avec les massues, c'était qu'on avait pas besoin d'apprendre à s'en servir. La Fée distribuait ses coups tout en chantant. Gaie comme un pinson. Même au cœur de la nuit. Même au cœur de la bataille. Une véritable Corleone.
Comme la veille ils n'eurent aucun mal à repousser l'envahisseur. L'envahisseur légitime, plus exactement.


Bande de bras cassés ! riait-elle en abattant de nouveau sa massue.

C'était la prise la plus amusante qu'elle ait vécu jusqu'alors. Les sarladais faisaient une telle mine... On aurait cru qu'ils venaient de se prendre le ciel sur la tête. Il y avait beaucoup de grognements. Mais comme souvent avec les chiens, ils grognaient mais ne savaient pas mordre. Même Dandelion, son chien à trois pattes, était plus hargneux qu'eux. Il croquait allègrement dans les derrières ennemis. Les chevilles n'étaient pas épargnées non plus. Et les habitants de la ville restaient fidèles à eux-mêmes quand le soleil se levait. On médisait sur « la raclure MacDouggal ». Mais on le faisait de loin. On maudissait l'engeance diabolique corleonienne. De loin, encore. Le clan écossais et surtout sa cheffe étaient trainés dans la boue. Toujours de loin.
Et Fleur riait encore. Probable qu'elle mourrait en s'esclaffant. Elle se gaussait du courage de mollusque des sarladais. Et qui donc, hormis un garde à moitié fou, était venu leur cracher au visage ?

Mais déjà, Gaia n'y pensait guère plus. La besace remplie d'or pesait son poids. Elle était riche. Merci Sarlat. Et en plus d'être riche, elle était invincible. Parce qu'elle était une Corleone. La vie rêvée était précisément celle que lui offrait son patronyme. Et puis, la politique n'était que l'autre nom désignant une troupe de voleurs. Alors pourquoi se priver ? Ils avaient au moins le courage d'afficher ce qu'ils étaient. Et ce qu'ils faisaient.


Vive Sarlat ! s'écria-t-elle du haut des remparts. Merci de nous remplir les poches !
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