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[RP]Gooood Morning Sarlat !

Jehan_le_blond


Elle est là, devant toi ses yeux si gris, si beaux, si profonds te regardent de ce regard si plein de défi qu'elle te lance comme pour te rappeler qui elle est et qui tu es, toi, surtout. Elle est là, devant toi, si grande, si forte, si fine, si fragile et tu es rassuré, au point de te broyer les mâchoires à trop les serrer, par manque de sommeil et excès d'inquiétude, lorsqu'elle a le mot le plus malheureux qu'on puisse avoir.

Mestre Jehan, par Christos, ce n'est vraiment pas la peine de hurler !
Mestre Jehan ???


Il t'a fallu un pas, un pas seulement et tu la couvres de ton corps sur le pan dormant de la porte. Ta bouche écrase déjà la sienne, violente, froide, méchante et sans pitié, sans même lui laisser le loisir de protester, sans même te laisser le loisir de réfléchir à ce que tu fais. Combien de temps ? Certainement pas assez pour te rassasier de son odeur de muguet, de son goût de fraise, charnue et douce. Certainement trop pour oublier d'un coup, faire comme si rien ne c'était passé. Alors encore bouleversé, tu essaies d'en revenir à...

Mestre Jehan... est désol... Regarde-moi !!! P'tain, Una...

Tu plonges tes yeux dans les siens à la recherche de son pardon, de son affection, du souvenir de tout ce que vous avez partagé ou de tout ce que tu a souhaité partager avec elle sans même jamais en rêver. Tu plonges tes yeux dans les siens à la recherche de sa reconnaissance : « eh oui, Una, c'est moi, Jehan... et j'existe ! »

Mestre Jehan hurle s'il le veut, Una, je hurle si je veux... tu ne comprends donc pas pourquoi ?

Ton pouce effleure délicatement sa machoire. Non, forcément, elle ne peut pas comprendre et ce n'est pas tes minables petites attentions qui vont leur faire comprendre. Arrête d'être minable, c'est tout ! Tes bras la décollent de la prison de bois, suffisamment pour glisser les bras dans son dos et la soulever. Elle est si légère, si fluide , elle aurait très bien pu se briser sous la pression de tes mains de gueux. Elle est là où tu avais toujours révé qu'elle soit.

Il faut qu'on parle, Una, il faut qu'on parle tout de suite... Il faut que... c'est important.

Et sans attendre, tu files vers l'hospital. Il doit être vide à l'heure qu'il est, mais qu'importe. C'est encore là où elle sera le plus en sécurité, ou tu seras le plus en sécurité car n'importe laquelle des soeurs peut à tout instant y entrer. Tu la poses assise au bord d'une table sans la dégager de tes bras.

Una ! Sarlat vient de tomber... J'aimerais... Non, je veux... J'exige que tu ne bouges pas d'ici en attendant que tes parents ne rentrent... C'est clair ? Tu vas fermer l'hospiral, en attendant que tout redevienne normal et on va poster des sentinelles sur la route de Périgueux, à une demi-lieue... D'accord ? Je ne supporterais pas... si jamais... Tu m'as compris, cette fois ? Je vais y retourner pour faire sortir nos familiers... Promets-moi...

Promets-moi, mon amour... et tu promettras le soleil pour le lui donner.
Soren
[Je ne donne pas long feu à nos tragédies, à nos adieux…*]

Vincere vel Mori…Vaincre ou mourir. Cette phrase reste ancrée dans mon esprit depuis le départ de Villefranche-de-Rouergue. Vaincre ou mourir. En cet instant, cette devise… celle de ma famille… prend tout son sens. Dans la vie, il y a des choses que personne ne peut nous voler. Personne. La famille en est une. Même si celle-ci vous évite. Durant le voyage qui nous a mené dans le Rouergue, j'ai réfléchi. Les messages qui me parvenaient de Sarlat m'avaient un instant surpris… Un peu. Les Corléone, je les ai peu fréquenté. La première? Blake Cameron Corléone. Ça remonte presque à un an maintenant. Elle cherchait des hommes de main en tout genre. Mère m'avait mis en garde. Elle ne connaissait pas Blake…mais le nom seul suffisait à l'éloigner. C'est le conseil qu'elle m'a donné. Le problème, c'est que moi, je ne juge jamais sur un nom. Jamais. J'avais retardé ma décision. Si j'étais élu aux comtales, vadrouiller pour faire des escortes ou autre type de travail serait devenu obsolète. Et je fus élu.

La deuxième Corléone qui croisa mon chemin fut la demi-soeur de Syu. Je l'ai rencontré par hasard. Une rencontre fortuite entre une branche et une rousse. Je ne sais d'ailleurs laquelle des deux s'en est sorti le plus mal. J'avoue que ça m'a un peu secoué de savoir que Syu avait de la famille de ce côté-là. Car si Blake ne semblait pas forcément attirée par les rapines, les meurtres, les pillages et autres joyeuses sauteries de ce noir monde, il faut bien reconnaître que la soeurette m'avait laissé un goût de ne-la-mets-pas-dans-ton-lit-celle-là.

Savoir que les Corléone avaient pris part à l'attaque de Sarlat ne m'étonnait guère. La guerre trainait avec elle son lot de racailles et de charognes, d'individus assoiffés de sang et d'or. Les Corléone avaient la réputation d'être autant envieux de l'un que de l'autre. Mais MacDouggal… MacDouggal et Corléone ensemble? La fameuse demi-soeur avait-elle réussie à contaminer le reste de la branche? Au fur et à mesure que les renseignements me parvenaient, je me faisais une meilleure idée de l'affaire. Manu! Mais bien sur! Manu…Celui qui n'a jamais digéré qu'on le prenne sur le fait pour ne pas avoir payé ses impôts sur la taverne qu'il avait ouvert! Manu…Celui qui prenait ses rêves pour des réalités. Celui qui pillait le corps des femmes. Viens Manu...Viens mon ange retracer le ciel. J'irai crucifier ton corps*. Manu...Celui qui se prétend un MacDouggal...

Durant tout le trajet du retour, je me suis enfermé dans un mutisme des mauvais jours, celui qui précède un déferlement de haine. C'est ma façon de faire. J'intériorise mes sentiments pour mieux les focaliser sur mon objectif. Entre Cahors et Sarlat, je n'ai pas ouvert la bouche. J'ai chevauché devant, tout mon esprit concentré sur le MacDowell et sur le geste que je m'apprêtais à poser. Avant de partir, j'ai glissé un message à Baptiste. J'ai confiance. Je sais qu'il fera ce que je lui ai demandé. Et lorsque les premiers contreforts de la ville se sont découpés sur l'horizon, deux coups de talons sur les flancs de ma monture m'ont permis de quitter le groupe. J'ai adressé un dernier regard à Anne… dernier…Ouais! J'espère tout de même que ce n'est pas le dernier. Le destin en décidera. Mais en pareille situation, mieux vaut ne pas éterniser les au-revoir. Après, cela devient compliqué.

A quoi je pense maintenant que je franchis la porte de la ville? A ces derniers jours justement. A ces derniers instants. Tout ceci n'a strictement aucun sens. Les informations que Ricco m'a transmis me laissent à penser que le barbu tyrannique a complètement perdu la tête, sans doute trop pourchassé par ses multiples maitresses. Le spectacle qui s'offre à moi est désolant : portes défoncées, bancs retournés, vitres brisées. Le soleil se lève sur Sarlat la Canéda. Un soleil froid, à vous glacer les entrailles aussi surement que l'enfer lunaire. Partout des traces de luttes. Là, un mur tâché de sang. Ici, le corps inerte d'une femme qui ne devait pas courir assez vite. Faut dire qu'avec deux mioches dans les bras, on court moins vite. Forcément. Un vent frais vient me gifler les joues. Ça n'est pas un temps à mettre un danois dehors. La mâchoire est crispée, mes traits tirés par le voyage de nuit et le manque de sommeil. Ou alors est-ce simplement l'envie de vomir devant un tel spectacle? Ça n'a aucun sens. On ne pille pas une ville pour s'être fait prendre pour des impayés d'impôts! Ou alors il est complètement fou! Ouais…je sais! Je me répète. J'essaie de me convaincre que les raisons données sont le reflet de la vérité. J'essaie…et je n'y arrive pas. Seule la folie peut justifier un raisonnement pareil.

Ma lame fait un bruit métallique lorsqu'elle glisse de son fourreau.


- MacDoweeeeeeeellllllll!!!!!

MacDowell…et pas MacDouggal. Ce nom, il ne mérite pas de le porter. Il l'a bafoué, roulé dans la boue. Il l'a trahi. Ma tête ne dévie pas d'un pouce. Mon regard lui, balaie la gauche et la droite. Ma poigne se raffermit sur la garde de mon épée. Elle exprime toute ma détermination et l'envie d'en finir avec lui. Définitivement! Le silence est pesant. Il contraste avec ce que l'on imagine d'une ville en guerre. Oui. En guerre! Seules mes bottes qui martèlent le sol résonnent dans les rues avoisinantes. Les habitants ont du fuir les lieux. Ou alors ils restent calfeutrés chez eux, à l'abri des pillards. Mais peut-on vraiment être à l'abri de ce genre d'individus dans une ville comme Sarlat-La-Canéda? Violeurs et égorgeurs doivent s'en donner à coeur joie.

- Buaidh no bas MacDowell! La devise des MacFadyen… et des MacDouggal de ta cousine! Tu m'entends MacDowell? Vaincre…ou mourir? Tu sais au moins ce que ça veut dire?

Un cri sur la gauche. Je me retourne vivement, l'épée remontant instinctivement, garde relevée. Mes yeux scrutent l'endroit à la recherche de l'origine du bruit. Là? Là-bas? C'est seulement après que mon esprit décortique le bruit. En combat, tu n'as pas le temps de réfléchir. Si tu réfléchis…tu es mort! Un corbac! La vue confirme bientôt le raisonnement de l'esprit. Oui, c'est simplement le cri d'un corbac qui vient de s'envoler à tire d'ailes. For fanden Seurn! Tu es si nerveux que ça? Il te tape sur le ciboulot le barbu sans honneur? Toi, tu es en manque d'alcool c'est sur! Ma foi, puisque tu y penses, une petite bière avant le début des hostilités, ça ne ferait pas de mal!

- Tu te caches comme les rats MacDowell? C'est ça ton sens de l'honneur? Comme de piller cette ville avec tes nouveaux petits amis parce que tu t'es fait prendre la culotte baissée à forniquer dans l'étable avec je ne sais quelle donzelle au lieu de payer tes impôts? Ça baiser ou payer, il faut choisir! Toi, tu as choisi le plaisir, alors maintenant, assume au lieu de te cacher derrière les Corléone! Piller une ville à cause d'un impayé d'impôts, seul un esprit malade comme le tien peut avoir ce genre d'idée!

C'est provocateur? Oui. Vulgaire? Oui. Quand on veut quelque chose, mieux vaut parfois en faire trop…que pas assez!

- Ce que tu as fait MacDowell, ça n'a rien à voir avec l'honneur. Ça s'appelle du pillage. Dans l'échelle de mes valeurs à moi, c'est à l'opposé de l'honneur. Si tu avais vraiment voulu régler un litige d'honneur, tu aurais agi honorablement. Tu sais ce que tu aurais du faire MacDowell? Provoquer en duel celui que tu estimes responsable de cette tâche à ton honneur! Un duel à mort! J'ai connu une dame qui a eu plus d'honneur que toi MacDowell! Elle s'appelait Albanne de Castral-Roc! Elle, elle mérite le respect! Pas toi!

Et maintenant, assez tergiversé! L'estocade finale!

- J'ai connu une MacDouggal le barbu! Celle qui portait ce nom ne se serait pas abaissé à un acte aussi vil! Elle, elle avait le sens de l'honneur! Alors, si maintenant, il t'en reste un grain de maïs, tu vas accepter ce que je vais te proposer! Je te retrouve dans la lice du village. Toi contre moi. Un duel…mais un duel à mort! Il doit y en avoir au moins un qui n'en ressortira pas vivant. Tu m'entends MacDowell? Celui qui perd a la tête tranchée par le vainqueur! Et je te garantis que si j'en sors vainqueur, la tienne ira orner la porte Sud de la ville, plantée sur une pique…histoire que chacun sache ce que l'on fait aux pilleurs de ton genre! Mais attention MacDowell! C'est toi…et toi seul que je veux!


* Librement inspiré de Tryo - serre-moi
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_cantor
- Mais pourquoi ????
- Parce que les ordres c'est encore moi qui les donne !


Mini-elle a ses poings serrés sur les hanches et jette un regard peu amène à sa mère que pourtant il vénère. Son petit menton pointu à l'identique est relevé, défiant l'autorité maternelle, et les jades en tous points étincelants laisse deviner les prémisses d'une bataille rangée, bien peu équilibrée. Mais les prunelles de la rousse n'étincellent pas de colère, il croit y lire même un peu de fierté quand elle s'accroupit devant lui et lui caresse la joue.

- Tu es mon fils, la prunelle de mes yeux, et même si du haut de tes bientôt dix ans c'est un camouflet que de te faire partir pour te protéger, je le ferai tout de même. Vous êtes tous trois ce que j'ai de plus cher aux monde, il est hors de question que vous vous retrouviez à la merci de ces bouseux sans honneur. Je ne peux prendre le risque que certains d'entre eux tentent de venir s'en prendre aux Mures et que vous y soyez.
-Mais à Chinon...
- Oui... Chinon... vous avez là-bas été des plus braves et l'Angevin s'en souvient encore, mais vous étiez entourés de soldats et de murailles, ici nous sommes à l'extérieur du village et je ne supporterai pas de vous savoir en danger.
Comment pourrais-je me battre le coeur vaillant si il se serre en pensant à vous à chaque instant ?
- Mais je veux... 'fin on veut t'aider Maman...
- Je sais... et je suis fière de vous pour cela, mais ma priorité est de vous préserver.


La copie conforme de la môme au loup sait très bien que c'est peine perdue de discuter, mais il ne peut s'empêcher d'avoir peur. Ça faisait la deuxième fois qu'ils seraient séparés depuis que leur futur papa était entré dans la danse. Ça ne lui plaisait pas du tout ces changements, Maman les emmenait toujours à la guerre, " 'fin pas loin en tout cas..."
Il se blottit dans ses bras quand elle l'attire contre elle, serrant ses poings de rage de se sentir encore trop petit pour prendre ses propres décisions. Son frère et sa soeur sont déjà dans le coche, Lucie ravie d'aller au château de sa mère, là-bas au moins elle était traitée en princesse, et Floris puni, attendant désespérément que sa mère lui pardonne sa dernière frasque.

Cantor se dégage doucement des bras maternels et se redresse, renvoyant un regard brave à sa génitrice. Il pose crânement sa main sur son épée miniature et s'essaie à sourire, pas très réussi le sourire il faut bien le dire.


- C'est pour ça que tu as fait vidé les Mures, pour que les brigands ne puissent rien voler ?
- Oui... J'ai fait vider les Glycines également afin que Mari retrouve sa maison intacte.
- Mais... si ils brulent tout par vengeance ?
- Nous reconstruirons plus grand et plus beau. Tu dois tenir pour acquis une chose mon petit ange, la vermine passe et le Périgord-Angoumois reste. Nous reconstruirons ce qui aura été détruit et nous avancerons comme nous l'avons toujours fait.
- Il y en a qui vont encore dire des méchancetés sur toi Maman...


Étonné, il regarde sa mère qui éclate de rire et lui ébouriffe sa tignasse rousse.

- Encore une leçon mon fils, depuis que je vis à Sarlat, j'ai été insultée et accusée de tellement de choses que l'on pourrait en faire faire un livre aux moines de Cadouin.
Tout ce que j'ai toujours fait, je l'ai fait au service de mes congénères, de mon Comté et de mon Royaume.
Ceux qui critiquent ou bavassent à tort et à travers, sont rarement ceux qui agissent, alors avant que leur paroles ou pensées ne m'atteignent, Ari aura refait le monde des milliers de fois.
- Heu... c'est quoi la leçon j'ai pas compris Maman...
- Agit selon ton coeur et laisse parler les hyènes.
- Heu... maman... c'est quoi un hyène ?
- Erf ! Désolée... alors d'abord c'est une, pas un, et c'est un animal, genre chien errant très très laid avec des taches. Et on m'a rapporté que cet animal est un charognard qui vit dans les pays très chaud et qui bouffe du cadavre. Cette bestiole aurait comme cri une sorte de rire sinistre.
- Hum... Je comprends mieux l'allusion.
- Il va vraiment falloir que je vous fasse éduquer correctement.
- Oh nan Maman pas les études encore !
- Tss... allez assez perdu de temps, rejoint ton frère et ta soeur dans le coche, le temps que je vérifie que tout a bien été vidé de la maison.


Cantor traverse le couloir du vestibule et sort par la porte donnant sur la cour, Souffre gère le déménagement gigantesque et le petit garçon grimpe afin de s'asseoir près de Lucie.

- C'est vraiment bizarre la maison toute vide, sans meubles...
- Il est clair que ta mère ne leur laisse que les murs à bouffer à cette vermine.
- Elle va dormir où Maman ?
- Bahhh, la connaissant, dans une grange quelconque, ou encore aux Amazones. Elle tient beaucoup à protéger l'auberge de Mari, ils se retranchent là-bas quand ils ne sont pas à leurs multiples fonctions ou à tenter de reprendre la mairie.


Sa soeur hoche la tête, quant à Floris, il reste muré dans un silence buté. "ce que ça peut être idiot un garçon amoureux pfff !"
Mais déjà leur mère les rejoint pour un dernier câlin et les instructions de dernière minute. Puis le lourd et long convoi se met en route, petit à petit la silhouette si faussement frêle de sa mère s'amenuise sur le chemin où elle les a suivis...

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Praseodyme
Au matin du quatrième jour …

… le soleil venait de se lever, et l’ami Rick O’Ray, un irlandais établi à Sarah La Callahan depuis quelques lustres, vint voir Praséodyme pour partager avec elle son petit déjeuner, savoir une bouteille de Tullamore Dew à peine entamée et des cahouètes.

Praséodyme, qui ne crachait pas dessus, attrapa la bouteille par le goulot et rejetant la tête en arrière, s’en enfila une solide lampée par la corgnole.


Ahhhh !!! Milladiou, y'a pas à dire, de bon matin, ça tue les vers !

Et elle éructa puissamment dans l'air frais du matin, descendant en vol la bonne douzaine de mouches bleues qui lui tournaient habituellement autour.

Un paon, qui venait d’inventer la roue, passa devant eux en poussant son cri si harmonieux :


La …ell !! La…ell !!

La nuit avait encore été un peu agitée. Suivant un rituel bien établi, la même bande de peigne zizi était venue pour tenter, une fois de plus, de reprendre la mairie. A force de voir toujours les mêmes têtes, des liens avaient fini par se créer, et des dialogues à s’établir.

Ah, le bon soir, Done Pattricia, comment allez-vous, ce jour d’hui ? et vlan, un grand coup de morgenstern par les côtes flottantes, Tiens, Messer Toutefrayeur, les enfants, ça pousse, la varicelle du petit dernier ?, et bing, une volée de fléau d’armes en travers de la gueule, Mais c’est cette chère Plumenoire, et la récolte, ça a donné cette année ? , et paf, un revers de flamberge sur les endosses. Ehhh, Done Trucmuche, il fait encore un peu frais pour la saison, j'espère que vous avez mis une petite laine !, et pif, un coup de miséricorde dans les parties charnues.

Au bout d’un moment, vu leur état piteux, on était obligé de s’excuser d’être obligé de briser là, et on leur conseillait gentiment de s’en retourner d’où ils venaient, soigner leurs blessures, surtout celles de leur amour-propre. On leur souhaitait la bonne nuit, en leur donnant rendez-vous pour le lendemain, même heure, même endroit.


Allez, bonne fin de soirée à tous. Et surtout, n’hésitez pas, la prochaine fois amenez des amis, s’il vous en reste. Plus on est de fous …

Y a pas à dire, les prises de mairie, ça resserre les liens d'amitié, et ça met un peu d'animation dans les bourgades endormies ...

[édit à la demande de Masceline]
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Fleur_des_pois
Fleur adorait les pillages. Surtout quand ils se passaient aussi bien qu'ici. Les rumeurs ne mentaient pas. Sarlat était riche. Très riche. La Fée avait déjà pu dépenser une partie de ses gains. La nouvelle chemise qu'elle portait lui seyait. Quant au reste de sa fortune... Il se trouverait vite dépensé. Oui décidément, Fleur adorait les pillages.
La brune fut dérangée dans la contemplation de son or. Par un discours haineux à l'attention de Manu. Tiens, mais oui ! Où était-il, celui-là ?

Sautant au bas du muret sur lequel elle avait pris place, Gaia s'approcha à pas aériens de la source du vacarme. Un homme. Seul. Blond. Armé. En colère. Tiens tiens, cela devenait rudement intéressant. L'Ortie plongea la main dans sa besace de cuir vert. Avala une gorgée d'alcool brûlant d'une gourde en peau de chèvre. Puis s'avança d'une démarche dansante vers l'inconnu à la voix puissante.
La Fée croisa les bras. Sourcil gauche arqué, signe de curiosité. Elle secoua doucement la tête. Et ne trouva rien de mieux à faire que de s'approcher encore. Ce bougre avait bien dit ne vouloir que Manu ? Aussi ne risquait-elle rien.


T'as raison, c'est bien. Faut exprimer sa colère, ou sinon on devient à moitié fou.

Il était blond. Comme Tynop. Mais contrairement à Tynop, celui-là ne l'intéressait pas. Trop colérique. A coup sûr il se laissait envahir par ses émotions. Or, Fleur aimait jouer avec ses proies avant de les croquer. Comme un chat avec une souris. Mais tout de même. Il l'intriguait, et elle avait pitié de lui.

Si t'attends une réponse, c'est que tu crois encore aux contes de fées, mon vieux. Je l'ai pas vu, ton Manu. Et je suis là pour lui. Enfin... parce qu'il a passé commande.

Passer commande. Exactement la même chose que quand on réserve une pièce de viande chez le boucher. C'était un commerce comme un autre. Et le commerce, l'Ortie connaissait, puisqu'elle vendait des poisons.

Et pis... Réfléchis deux secondes. T'es où, là ? A Sarlat. Qui est... ? Envahie par les Corleone. Ouais. On creuse encore. Le Manu, si tu lui coupes la tête, la tienne tombera juste après. D'abord parce que la moitié de sa famille est là. Ensuite, parce que les trois quarts de la mienne sont là. Et pas de bol pour toi, depuis qu'Enjoy s'est mariée avec Laell, bah on peut dire qu'on forme tous une grande famille. Tu vois ? Et on touche pas à la famille.

Léger haussement d'épaule. Elle n'y pouvait rien, c'était comme ça. Fleur préféra tendre sa gourde à l'Inconnu.

Allez, bois un coup, et après on ira chercher le Manu, d'accord ? C'est quoi ton nom ? Moi, c'est Fleur-des-Pois. 'Fin non remarque, c'est un peu compliqué. Mon vrai nom, c'est Gaia. Gaia Corleone. Donc t'as le choix, tu m'appelles Fleur, ou Gaia. Les deux me vont.

Il pouvait l'envoyer bouler au sol. Il pouvait même lui passer le fil de son épée au travers du corps. Mais Gaia n'avait pas peur. Elle ne craignait rien. Et puis, ce jeune homme arrivait en retard. La partie était perdue d'avance. Il était en colère. Était même belliqueux. En résumé, il avait besoin d'un petit remontant. Et de se changer les idées.

Allez, sois pas bête. Viens. On va parler, toi et moi, en cherchant le MacDowell.
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Cmyrille
La veille, encore une soirée "particulière" en taverne. Rencontre d'un "viquinegue", fin de soirée en tête à tête avec une sarladaise, bonne biture et reprise de mairie.
Ce qui devenait gênant avec la tournure routinière de la rengaine. Mais bon, il s'était quand même pointé à pas d'heure devant la mairie, rejoignant un petit groupe d'irréductibles. En son fort intérieur il savait pertinemment qu'ils n'obtiendraient pas de soutiens et que cette mascarade durerait jusqu'à ce que les routiers décident de plier bagages. Mais il y retournait quand même chaque soir.

Les soirs s'empilant il commençait à se demander s'il faisait ça encore par principe, pour le plaisir, par amitié ou juste parce qu'il préférait ça à taquiner le goujon. Toujours est-il que ce soir là il n'y mit pas autant de conviction que les deux soirs précédents, et, bataillant ferme avec un quelconque écossais ou italien, il prit un violent coup d'épée par la gauche, qu'il ne para que par miracle, et surtout un prompt réflexe. Son bouclier s'écrasa sur sa cuisse sous la force de l'impact.


Ventrecuit de cornebouc!!!

Il recula de quelques pas pour se désengager, le temps de retrouver les sensations. Jetant un œil à droite, puis à gauche, il s'aperçoit que dans le feu de l'action il s'est esseulé. Il prend donc son épée à son coup et, boitant bas, s'éloigne dans une petite rue adjacente à la place de la mairie.

Je l'aurai un jour... Je l'aurai...
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Rochechouart,
tes rues ça pue,
ça sent les fleurs
du mal que t'as fait à mon cœur.
Lubna
Troisième jour à ne point dormir!
Cela tombé bien ses derniers temps elle avait des insomnies

A l'heure dite elle alla rejoindre le groupe des habitués
Arff les fourbes ils en embauché de la milice en plus!
Pour sur des brigands ca garde pas une mairie gratos!

Avec le temps ils partiraient!
Avec le temps sur une route pas loin ils se feraient tous détrousser de tout leurs larcins
Avec le temps ils se feraient embrocher par les armées
C’était sur
Avec le temps! Mauvaise tactique d’être rester...

La blonde en avait vu certains la nuit, puis reconnue au marché le matin, même que fissa elle avait été voir une portraitiste qui lui avait fait de belle tête à bruler!

Et Seurn qui se pointe pas content du tout!

Ben oui elle le comprenait!

Elle se dirigea vers lui et à voix basse, calmement

Seurn laisses donc! ce type est une fiote jamais il n'acceptera de te combattre en lice. Il finira avec ses compères à être embroché plus tôt qu'il ne le pense
Amalio

    Journée d'travail pour le médecin Corleone... la nuit passée à taper le sarladais pour reprendre la mairie n'avait pas été beaucoup plus difficile que les autres, mais il avait encore quelques plaies à recoudre et un peu de sang à éponger. Dans le petit campement de fortune installé dans la mairie, Amalio était penché sur un homme allongé sur une table, dont le torse dénudé était déjà parcouru de quelques cicatrices. L'aiguille de l'italien allait et venait dans la chair de l'épaule, ouverte par un généreux coup d'épée reçu en pleine nuit.

    Bouge pas, jte dis ! J'ai pas qu'ça à faire, alors laisse-moi finir sans remuer.

    L'homme grogna tandis que le médecin Corleone recousait la plaie vive. Avec une bonne trentaine de personne à se battre chaque jour, Amalio n'avait pas franchement le temps de s'ennuyer. Du milieu de la nuit jusqu'au début de l'après-midi, il gérait le flux des petits bobos et des grosses blessures. Certains étaient renvoyés sans formalité, lorsque leur état ne justifiait pas qu'il perde de temps avec eux. Fort heureusement, les sarladais n'étaient guère nombreux à faire de véritables adversaires, et il y avait finalement assez peu de blessures sérieuses à opérer. La plus délicate de la journée avait été celle d'un jeune gars écossais à qui on avait percé la cuisse d'une lance, laquelle s'était brisée en heurtant le mur derrière le garçon, projetant des petits bouts de bois dans la blessure. Amalio avait passé trois bonnes heures à l'opérer, après l'avoir endormi avec une bonne dose de belladone.

    Quand enfin il eut fini de s'occuper de celui-ci, il était déjà presque six heures du matin, et il avait foutrement mal à la tête. Cependant, quand il fit appeler deux écossais pour venir chercher leur jeune gars et l'emporter dans leur campement, il constata qu'il n'avait plus de grosses blessures à soigner pour la matinée, et il expédia rapidement les soins les plus importants à donner aux autres. Ensuite, il envoya chier les autres, leur dit de se démerder tout seul pour foutre une rasade d'alcool sur leurs plaies, et partit se coucher au campement. Il était près de onze heures et demi du matin quand il s'endormit enfin, sourd à la vie qui fourmillait autour de sa tente au campement.

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Odradek
D'abord il a fallu sortir sa vieille épée du coffre dans lequel elle dormait depuis longtemps déjà. Une arme à l'équilibre remarquable, forgée jadis par Dyonisos_Emuvillain. La lame peine à sortir du fourreau. Un peu de graisse ne fera pas de mal.
Elle est ébréchée par les combats. Bretagne, brigands, armée des vilains, Lion de juda... Des taches de rouille la parsèment, qu'il a fallu enlever grâce à un chiffon humide couvert de cendre.

Le bouclier, lui aussi fruit du travail du divin forgeron, est martelé par les coups parés. Combien de fois lui a t il sauvé la vie ?

Les lourdes bottes, son manteau élimé de soldat – meilleur compagnon contre la fraicheur nocturne quand Elle n'est pas là avec sa chaleur animale – complètent la tenue.

Deux soirs de suite l'assaut a été donné. En vain, la mairie n'a pas été reprise.

Comme toujours, les soudards fanfaronnent. Leur mépris des villageois éclate en quolibets. Pourquoi faut il qu'ils se sentent obligés de donner une base d'idéal à leur action ? L'attrait du butin et le plaisir de l'humiliation sont leurs seuls motifs. Seuls quelques uns, plus réalistes, plus cyniques, le revendiquent ouvertement.

Alors il a fallu revêtir à nouveau la tenue du combat. Plus lourde, plus difficile à manier qu'avant. Le bras n'a plus sa force, le souffle est plus court, les jambes moins agiles. Une fois de plus il a fallu battre en retraite.
Jadis, le peuple de Sarlat assemblé, avec les Emuvillains en première ligne aurait envoyé tout ce joli monde cul par dessus tête dès le premier assaut. Mais ça aussi c'était avant.

Au moment de la retraite, sous la grêle de flèches et d'injures qui s'abat sur le petit groupe des vaincus, il court aux cotés de sa Dame.

Autour de lui, les paysans en déroute. Et il les trouve admirables. Ce ne sont pas des guerriers, ils ne sont pas fait pour ça. Leur univers est borné par leurs champs, ou leurs échoppes. Leur pas est lent comme celui de leurs bêtes quant ils les mènent paître. A la guerre ils vont armés de leurs outils de paix : fourches, faux, bâtons.

Il les croise souvent lors des longues promenades qu'il fait avec Dame Bastet. Il voit leurs traits rudes, leur corps fatigué. Âpres au gain, il sait pourtant leur générosité et leur amitié sur laquelle ils ne reviennent jamais.
Jour après jour ils affrontent une vie dure, avec un courage que les pillards n'auront jamais. Celui de batir, jour après jour un monde meilleur pour leurs enfants. Leurs mains calleuses arrachent à la nature les pauvres richesses de toute une vie. Celles là mêmes qui disparaissent par la rapine en quelques instants.
Mais ils retourneront à leur labeur et rebâtiront l'édifice. Ils modèleront les paysages et lui donneront un visage humain. Face au silence déraisonnable du monde, ils forment la communauté des hommes. Enchainés à la terre et pourtant plus libres que n'importe quel vagabond ou seigneur.

Il boucle son ceinturon et lève le regard vers Celle qui est là. Lui aussi, la chaîne invisible qui la relie à Elle le rend libre. Ils seront encore ensemble ce soir. Et il sera heureux.

Peinant à soutenir le regard lumineux de Dame bastet, il lui offre son sourire le plus doux.


Y retournons nous, mon amour ?
Soren
[Apocalypse Now*****]


Dans la famille MacDowell-MacDouggal-Corléone, quand on demande le barbu tyrannique, on obtient une fleur. Drôle de troc me direz-vous! Reprenons la scène voulez-vous? Ça aurait pu s'appeler Rencontre du troisième type*…mais c'est une fille que j'ai en face de moi. Ou encore…. Mignonne, allons voir si la Rose**… Mais je ne connais pas de rose brune.  Hum… Paris brule t-il?***… Pas de chance, on est à Sarlat, dans le comté du Périgord-Angoumois, province du royaume de France. Alors non! Finalement, le seul résumé qui s'appliquer vraiment à la situation présente, c'est le jour le plus long****. Ainsi donc, Manu envoie des filles en réponse à mes vociférations? Remarque, je reconnais sa patte. Il a le bon gout de les choisir jolies au moins. 

Dans la vie, on a parfois de mauvais réflexes. J'ai connu un jour un pauvre maçon qui, pour se protéger d'une pierre qui tombait d'un édifice en construction n'a rien trouvé de mieux à faire que de s'accroupir. Tout ce qu'il y a gagné, c'est un instant de vie. Un court instant de vie. Mon mauvais réflexe du Jour? Baisser la garde de mon épée. Pourquoi? Parce que c'est une fille? Parce que le seul danger que mon esprit peut imaginer, c'est le barbu tyrannique? Allez savoir! 


- Seulement à moitié fou? Eh bien! Je crois qu'il faut passer à l'étape des présentations pour éviter toute mésentente supplémentaire! Je suis Seurn, celui à qui Manu écrivait pour demander des explications sur mes relations avec sa cousine pendant qu'il essayait d'organiser d'organiser son emploi du temps avec quatre de ses anciennes maitresses présentes à Sarlat. Remarque…Il a raison. Ça permet de garder la forme parait-il? Si je l'envie? Pas vraiment…Quand on regarde une dame comme un morceau de barbak, on ferait plutôt pitié. Tu vois? Ce n'est pas seulement à moitié fou que je suis. C'est…complètement!

Une gamine. Une vulgaire gamine. Mais pourquoi tu lui parles Seurn? Tu avais dit Manu et juste Manu! Sans compter qu'avec tous ces palabres, la pluie commence à tomber. Une pluie fine et pénétrante, aussi fatigante que l'absence du barbu! Ça y est, je vais encore finir trempé moi! Décidément, ces derniers temps, ça devient une bien mauvaise habitude. Un danois, ça se déguste frais…mais pas trempé!

- Ça va peut-être te paraître ridicule, mais quand on est scandinave, on croit forcément aux contes de fées. Ça fait partie de notre force…et parfois de nos faiblesses, il est vrai. Alors comme ça, Manu se serait déjà débiné? Trop peur de se faire mordre les fesses par les forces armées quand il tournerait le dos? Ou avait-il rendez-vous avec une gueuse dans la ville voisine? Il ne pouvait plus contenir ce qu'il avait entre les jambes? A ce point? Je le savais chaud…pas priapique!

Et après, on va dire que c'est moi qui déblatère sans cesse. C'est qu'elle a la langue bien pendue la gueuse! Elle n'a pas froid aux fesses. Remarque, vu qu'elle est supériorité numérique avec toutes les ombres environnantes face à  moi, elle a raison de ne pas avoir peur. Mais manifestement, elle a encore des choses à apprendre.

- Quand on joue à ce petit jeu, comme quand on joue à la guerre, la première erreur à éviter, c'est de ne pas connaître son adversaire. Si tu crois que j'ai peur de perdre la tête, tu te trompes. Et puis, comme je te l'ai déjà dit, j'ai déjà perdu la tête! Ceci dit, j'aime entendre ce que tu racontes. Ça me confirme que toute cette histoire d'honneur bafoué, ça n'est que du vent! DU VENT! Comme celui qui se lève! La journée va être moche! Sale journée pour mourir. Autant pour Manu, pour toi… que pour moi! Tant qu'à mourir, autant que ça soit sous un soleil infernal…ou à la rigueur pendant la pire des tempêtes de neige! Tu aimes la neige? Moi, je l'adore! C'est si délicat d'apparence et pourtant, c'est capable de te mordre les chairs jusqu'à te faire crever! Ainsi donc les Corléone ne respecteraient pas le résultat d'un duel judiciaire? Et il est où le soit-disant honneur des Corléone? Au fond de leur con ou de celui de leurs fesses?

Une voix. Cristalline. Féminine. La garde reprend aussitôt une position défensive, prête à s'interposer. L'instinct. Celui d'une bête traquée. Celui d'un homme qui joue à l'extérieur, sur un terrain qui jadis était le sien. Les muscles se détendent aussitôt lorsque j'aperçois la frimousse qui vient de prendre la parole. Sa blondeur! For fanden Lub, tu ne pourrais pas prévenir avant de passer dans le coin. C'est que j'ai la lame facile en ce moment moi!

- Qu'il finisse embroché ne m'étonne guère Lubna. Quand on consomme les femmes comme il le fait, nul doute qu'à la fin, on finit ainsi. Au sens propre et au sens figuré. Mais là, tu permets? On me prend par les sentiments.

Une gourdasse? Venant d'une Corléone qui vient justement d'avouer sa forme particulière d'honneur. Ça pourrait autant être de l'alcool qu'un concentré de mal ardent! Tu sais, tu devrais lui demander de boire en premier? Ça serait la moindre des précautions élémentaires en pareille circonstance beau blond?

- On voit que tu sais parler aux danois toi!

De toutes façons, j'en avais besoin. Luae a tort encore fois. L'alcool, à doses raisonnables, aiguise les sens, ça échauffe le sang, et ça permet de placer des gestes qu'on n'oserait pas placer en tant normal. Et elle va en avoir besoin autant que moi! Alors, ne bois pas tout danois! Laisse-lui en donc un peu. Elle en meurt d'envie aussi. Mourir d'envie? Voilà une belle façon pour mourir!

- A la tienne Etienne, fille de la terre! Fleur des pois ne te convient pas du tout, alors si tu veux, je t'appellerai Gaia! Mais fais attention à ne finir en boue avec cette pluie.Ça attire les cochons, ils aiment s'y vautrer!

Pluie qui d'ailleurs prend de l'envergure. On dirait que le temps est mécontent. C'est…paradoxal. Décidément ici, il n'y a personne de totalement heureux on dirait.

- Alors…Manu? Il est où?


* Rencontre du troisième type - Un film de Steven Spielberg
** "Mignonne, allons voir si la rose" - un poème de Pierre de Ronsard
*** Paris brûle t-il? - Un film de René clément tiré d'un livre de Dominique Lapierre et Larry Collins
**** Le jour le plus long - Un film de Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, Gerd Oswald et Darryl F. Zanuck tiré d'un livre de Cornelius Ryan.
***** Apocalypse Now - Un film de Francis Ford Coppola.

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Fleur_des_pois
Un dialogue inattendu


Plus il parlait, plus elle souriait. Ce qui était plutôt paradoxal. Il l'avait insulté à quelques reprises. Il osait supposer les Corleone sans honneur. Cela étant, cette notion était assez nouvelle pour Fleur. Mais cela ne fut point sa seule insulte. Était-il déjà ivre ? Ivre de colère. L'Ortie grimaça légèrement. Si la vie lui avait appris une seule chose, c'était bien celle-ci. Ne pas montrer aux autres ses sentiments. Quoi de plus perturbant qu'un visage neutre ? Cela devenait semblable à du verre. Glissant. On ne pouvait s'agripper à une surface lisse.
La brune secoua la tête légèrement. Une blonde intervint, chuchotant on-ne-sait-quoi à l'oreille du bonhomme. Quel était son nom déjà ? Seurn ? La Fée attendit une accalmie pour pouvoir répondre.


En fait, ça ne me parait pas ridicule du tout. De croire aux contes de fées. Tu sais pourquoi on m'a appelé Fleur-des-Pois ? Parce que j'ai été retrouvé là, bébé, dans un cercle de pois de senteur. Et il y a une légende qui dit que les enfants abandonnés dans la nature appartiennent aux fées. Alors ceux qui m'ont trouvé m'ont baptisé comme ça, Fleur-des-Pois, avant de me confier aux nonnes. Et je suis une fille des fées, du coup. Si la légende est vraie. Mais on dit aussi que toute légende part d'un fait réel. On peut en conclure que finalement, les contes sont réels. T'en penses quoi ?

Reprenant sa gourde des mains du blond, Gaia l'agita sous le nez de son interlocuteur.

C'est moi qui ai fait cet alcool. Tu sais ce que c'est ? De l'ortie. Tu savais pas qu'on pouvait faire de la gnôle avec de l'ortie, pas vrai ? Les plantes, ça me connait. Je suis empoisonneuse.

Léger sourire. Narguer celui qui se demande s'il a avalé du poison. Activité plutôt distrayante. Mais la Fée mit fin aux éventuelles interrogations du scandinave. Débouchant la gourde, elle en avala une lampée.

Et pour Manu... Je le connais que de vue, moi. Je l'ai rencontré au mariage des cousines et devine quoi ? Il faisait tout comme toi. Il gueulait. Et personne ne m'envoie ici faire causette avec toi, Seurn. Et surtout pas le Manu. Tu le trouves lâche ? Tous les hommes le sont. Quant à l'honneur... C'est quoi l'honneur, hein ? Vociférer à travers un village en exigeant la mort ? Je crois que la conception de l'honneur diffère selon les familles. L'honneur des Corleone, je pense que ça tourne autour de la notion de famille, tu vois. C'est comme ça que je le vois, moi. T'insultes ma famille, je te démolis la gueule. En gros. Toi pour toi, l'honneur, c'est de respecter la loi, de pas sortir des rangs. L'autre c'est l'ennemi, et l'ennemi est méchant. Et on tue les méchants. C'est l'éducation, t'y peux rien.

Nouvelle lampée de gnôle d'ortie. Offerte ensuite à son vis-à-vis. Crochant le bras de Seurn avec le sien, elle l'entraina dans les rues de Sarlat. Il pleuvait. Alors que le matin encore, il faisait si beau. Les dernières pluies printanières, sûrement.

Et t'en fais pas, je vais pas me liquéfier dans tes bras, mon beau. C'est solide un Corleone, c'est robuste. Et je ne suis pas en glaise, je vais donc pas fondre, hein. Je me vois plutôt comme une sorte de joyau, pas toi ? Tu te vois comment, toi ?

Dialogue surréaliste entre une brigande et un sarladais. L'envahisseuse et l'envahi. Pouvaient-ils vraiment palabrer ainsi ? Parler du beau temps et de la pluie ? Difficile à croire mais cela y ressemblait assez. Finalement, on pouvait vraiment discuter avec tout un chacun.
Obliquant vers une ruelle à sa droite, le Lutin menait le scandinave hors de la place du village.


Tu connais mieux le coin que moi. Et je pense que tu connais mieux le Manu que moi. Alors s'il est encore là, tu penses qu'on le trouverait où ? Et je crois qu'il est casé l'animal. Donc sûrement pas avec des gueuses, comme tu dis. Tu sais que les gueuses, elles viendraient de ton village ? On est une troupe de brigands, pas une armée. On trimballe pas les putains dans notre sillage, et on en compte pas dans nos rangs.

Fleur s'arrêta net devant une taverne. Les Amazones. Quelque chose lui revenait.

Eh, y'a sa sœur quelque part ! Et sinon, y'a le compagnon de sa sœur ! On devrait les chercher, ils savent peut-être où le Manu se cache ?



Inspiré du titre du film Bilbo le Hobbit : un voyage inattendu

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Elwenn
Finalement la première raclée ne leur avait pas servi de leçon, ils étaient têtus ou bêtes ou peut être encore qu'ils aimaient avoir mal, allez savoir.
Toujours est il que cela distrayait nos visiteurs qui squattaient allègrement la mairie car mine de rien, ils avaient eu le temps de faire le tour du propriétaire plusieurs fois et les tentatives désespérées des locaux étaient un bon amusement pour certains et un bon entrainement pour d'autres.
Distribution de baffes et de baignes, sortie de lame pour les plus récalcitrants.
En somme de quoi se dégourdir!
La rousse précédée par la plupart des siens s'en était allée leur faire comprendre encore une fois qui étaient les maitres de la cité en lâchant un soupir.
Comprendraient ils ce coup ci? Boarff évidemment que non et le lendemain il faudrait de nouveau leur coller une branlée.

C'est à cette conclusion que la roussette pensait, plantée là où il y a peu les chiens aboyaient, réclamant leurs os enfin leur mairie en l’occurrence.
Au pieds des remparts, qui au soleil levant avait retrouvé son semblant de calme.
Un calme qui n'était qu'apparent car lorsque les mains de son amant s'enroulèrent autour de sa taille par surprise, la rousse sursauta en posant sa dextre sur la lame de sa dague rangée à la ceinture.
Puis un baiser mais elle ne desserra pas sa prise, au contraire elle referma celle ci autour un peu plus.
Bien sur qu'il lui avait manqué et qu'elle n'attendait que de le retrouver, il était parti depuis si longtemps lui paraissait il mais: il était parti!
Et il n'avait pas donné de nouvelles depuis, non, aucune.
Se retrouver seule avec le sentiment de ne pas compter.
Alors à la place de laisser exploser sa colère, elle serra encore plus fort jusqu'à sentir sa paume inondée d'une chaleur libératrice, seulement à cet instant elle lâcha le fer rougeoyant et cacha immédiatement sa main blessée.
Maintenant elle pouvait savourer ce moment.


Mio amore ...



Bien qu'il soit médecin, elle soignerait son entaille seule, à l'abri des regards.
Comment expliquer cela? En mentant? La rouquine était mauvaise dans ce domaine.


Hé bien je m'amusais avec un couteau et bziouup je me suis coupée comme ci je n'en avais jamais tenu un de ma vie.

Ahumm niveau crédibilité on repassera ...
La plaie n'était que superficielle, elle se dépatouillerait sans souci et puis elle n'avait pas le choix, au soir il lui faudrait être capable de tenir une arme à nouveau afin d'imposer leurs présences, ben oui, parce qu'ils reviendront les justiciers du patelin.

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Tynop

-Et donc ce que tu me fais fumer, là, ça doit me faire quel effet?
-Rien. Tu veux quelque chose qui fait planer?
-Ouais!
-Dans ma sacoche, la poche de devant, le sachet en tissu noir.


Minuit, en taverne. Pour la première fois de sa vie, le blondinet s'essaie à la drogue, gentiment prêtée par Amalio. Après avoir précautionneusement placé l'herbe que contenait le sachet noir dans la pipe, le voilà en train de tirer et de tousser grassement, sous l’œil moqueur du Corleone et de sa fille. Rapidement, les premiers effets se font sentir. Il se sent... confortablement engourdi. Après quelques minutes, il finit par tomber dans les vapes. Pour se réveiller quatre heures plus tard. Ouvrant péniblement les yeux, il se rend compte qu'il a dormi à même le sol dur de la taverne. Il se relève avec difficulté, et jette un coup d'œil par la fenêtre, ce qui lui permet d'être aux premières loges pour voir un type traverser ladite fenêtre et s'écraser contre la table.

Se frottant sa tignasse d'un air perplexe, il lui faut quelques secondes pour se souvenir que pour la troisième nuit consécutive, il avait une mairie à défendre. Seulement voilà, il ne sait pas exactement ce qu'il a fumé, mais il sait que l'effet est assez tenace. Tandis que la silhouette de la paysanne, visiblement responsable de la traversée de fenêtre du pauvre bougre, s'éloigne avec son énorme massue à la main, il décide de s'emparer quand même de sa rapière. Pas question de se battre. Dans l'état actuel, il est incapable de distinguer un allié d'un ennemi. Mais faut quand même qu'il se montre, histoire qu'on ne vienne pas lui reprocher de ne pas avoir été là. Il enjambe donc la fenêtre défoncée, se vautre pitoyablement sur les pavés extérieurs en manquant de s'embrocher avec sa propre épée. Un coup d’œil à gauche puis à droite. Visiblement personne n'a assisté à la lamentable chute. Ils sont trop occupés à se mettre joyeusement dans la gueule. Il traverse donc la cohue, en titubant et en brassant l'air de temps en temps avec sa rapière d'un air qui se veut menaçant, pour finir son périple devant la porte de la mairie, ou il décide de laisser tomber et de s'allonger paisiblement, suçotant son pouce, bercé par les clameurs de la victoire des pillards qui repoussent une fois de plus les assaillants.

Décidément, pas moyen de dormir plus de quelques heures, il est de nouveau réveillé, cette fois-ci par les hurlements d'un type qu'il avait déjà croisé en taverne. Grommelant, il décide de s'assoir et de s'étirer, pendant que l'homme continue à hurler sa haine. Légèrement amusé, il écoute l'autre blond enrager contre Manu. Il était bien curieux de voir la réaction du Macdowell. Il était toutefois hors de question que ce dernier périsse. Sarah ne s'en remettrait pas. Voilà que Gaia s'en va à la rencontre de l'énervé d'un pas léger. Ce qui donne l'occasion au blondinet d'admirer sa jolie paire de fesses. Et les voilà en train de discutailler comme deux bons copains. Décidément il n'y a aucune ardeur qu'un joli minois ne puisse atténuer. Finalement elle lui prend le bras et décide de l'emmener faire un tour.

Tandis que le nouveau et original couple passe devant lui, il entend quelques bribes de conversations. Lorsque Gaia le mentionne, il décide de déposer sa rapière au sol, puis de s'avancer vers eux, et, après s'être éclaircit la gorge:



Pas la peine de me chercher, je suis déjà là.

Adressant un sourire à l'autre blond, il lui laisse le temps de le reconnaitre avant de reprendre

Je suis le compagnon de sa sœur. Aucune idée d'où est Manu. A vrai dire j'en ai pas grand chose à faire. Par contre, que tu veuilles sa mort, ça me concerne un peu plus. Je vais pas jouer les héros ou quoi que ce soit. A vrai dire sa mort ne me ferait ni chaud ni froid. Depuis que je le connais, Manu a passé la moitié de son temps à me hurler dessus, me menacer de mort et tenter de mettre ses menaces à exécutions. L'autre moitié, il l'a passé a écrire des lettres à sa sœur pour lui dire qu'elle devrait avoir honte d'être avec un type comme moi.

L’amertume et la rancœur étaient présentes dans la voix du blondinet. Malgré la récente réconciliation, il n'avait toujours pas digéré les différentes humiliations que lui avait fait subir le barbu. La deuxième partie de la tirade est plus posée, plus neutre.

Tu dois trouver que je suis un sacré hypocrite pour défendre l'honneur de quelqu'un que je n'aime pas vraiment. A vrai dire ce n'est pas important, et là n'est pas la question. Ce n'est pas plus important que le fait qu'il se cache ou se désintéresse complètement de tes appels au duel ô combien chevaleresques. L'histoire qui a mené à tout ça, je ne la connais pas, Gaia ne la connait pas, et la quasi-totalité de ceux qui tiennent la mairie depuis maintenant quelques jours ne la connaissent pas. Qui a tort, qui a raison, on s'en tape. Ce qui a été démontré, la raison de tout ça, elle est très simple. Tu ne t'en prends pas à un membre de l'une des ces deux familles. Car autrement, les deux familles te le font payer. C'est ce qui t'as été démontré. C'est pourquoi il n'y aura pas de duel. Si on fait comme tu dis, tu remporteras le duel. J'en sais rien à vrai dire, je suis pas allé tâter les muscles de l'un ou de l'autre. Mais ce n'est pas toi qui fixe les règles. Tu as choisi tes armes pour le déshonorer, il a choisi les siennes pour te le faire payer: L'union et la solidarité de toute une famille, comme dit Gaia. Peu importe la cause, les raisons, on ne laisse pas un membre de la famille se faire trainer dans la boue. Parce qu'autrement, voilà ce qui arrive. T'as le droit d'en penser ce que tu en veux, que c'est injuste, traitre, lâche, pleutre, qu'il n'a rien entre les jambes, l'essentiel est que tu retiennes la leçon qui t'a été donnée. Parce que si tu ne la retiens pas, on sera obligé de revenir. Et on vient de vous montrer que vous n'étiez pas capable de nous arrêter. Tu ne règleras pas tout ça par un duel. Ce serait d'ailleurs la pire des choses à faire. Ta ville est aux mains de tes ennemis. Si tu venais à tuer l'un d'entre eux, ne penses-tu pas qu'ils seraient en mesure de le faire payer à ta ville? Tu vas me dire que ta ville le paye déjà. Sache que ceux qui en sont aujourd'hui maitres ne sont pas des enfants de chœur, et qu'ils sont capables de commettre sans scrupule de bien pires atrocités que celles que tu as pu voir jusqu'à présent. Je ne cherche pas à te menacer, seulement à te prévenir. Alors après, tu peux continuer ta recherche, chercher à te faire Manu. Tu penses vraiment que c'est la priorité? N'as-tu pas une ville à reprendre, des blessés à soigner?

Une fois la longue tirade achevée, le blondinet lui jette un regard empli de curiosité. Blond, scandinave. Il avait déjà entendu parler de cet homme. C'était donc lui. Il lui sourit de nouveau, montrant que sa démarche n'était pas agressive.


HRP: Edit pour vilaines fautes d'ortographe
Arsene
Il faisait nuit, la gosse était assise sur le parvis de la mairie, rongeant sur un morceau d'os, le peu de viande qu'il restait, attendant patiemment que les villageois viennent de nouveau pointer le bout de leur nez pour se faire casser la gueule.
On lui avait offert une dague, avec ça, elle pourrait faire des ravages. Néanmoins la garçonne rêvait d'une hache, un belle et grande hache, comme les vrais hommes !

La première fois, que dis-je les deux premières nuits, Arsène s'était glissé derrière un homme, beaucoup plus grand, beaucoup plus imposant qu'elle et en avait profité pour taper dans le tas, à l'abri de son bouclier humain. Il avait dégrossi le travail, tandis qu'elle frappait, ceux qui avait réussi à passer entre les mailles.

Cependant, cette nuit, la mioche, qui avait eu un goût de trop peu les fois précédentes, avait prit son courage à deux mains. Comme à chaque fois, les envahis étaient venus se révolter, même heure, même endroit ! Ils avaient le sens de la ponctualité au moins !

Le combat avait débuté, et la rousse s'était glissée dans la mêlée, dague en main, poing gauche fermé. Filant torgnoles et beignes à ceux qui s'approchaient trop près d'elle.

Une épée siffla près de son oreille et Arsène, distraite, chercha des yeux son propriétaire, c'était un homme qui traversait la mêlée en titubant, brassant l'air comme un idiot avec son arme.
Un des assaillants avait profité de l'inattention de la p'tite pour lui filer un châtaigne dans la bouche, elle répliqua avec un coup de genou dans les parties. Ah si elle chopait l'autre là avec son épée, elle lui planterai allègrement sa dague dans le bide ouais, pour lui faire passer l'envie de recommencer !


Au petit matin, alors que tout le monde en avait pour son compte, la gosse rejoignit le campement, fourbue mais fière d'elle, regagna la tente de son père, pour dormir du sommeil du juste.
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Sarah_callahan
[3 juin 1461 – Devant la mairie]


Depuis plusieurs jours, les tentatives de révoltes se succédaient et toutes s’achevaient par un échec pour les sarladais. Les pilleurs étaient bien décidés à garder la mairie et ils ne partiraient que lorsqu’ils l’auraient décidé. Certains restaient pour les écus et la gloire, la brune, elle, restait en l’honneur de son frère. Le nom de celui-ci –et son nom à elle par la même occasion- avait été traîné dans la boue et peu lui importait le pourquoi du comment. Quoi qu’il lui en coûte, elle défendrait toujours son frangin. Son Autre. Lui avait toujours été là pour elle, que ce soit à la mort de sa fille ou durant toutes ses années d’errances. Il lui avait tendu la perche plusieurs fois pour la sortir des ténèbres dans lesquelles elle se laissait entraîner mais à chaque fois elle l’avait envoyé se faire foutre. Elle était comme ça Sarah : trop arrogante et trop fière pour accepter de l’aide. Et pourtant, malgré les nombreuses disputes fraternelles, jamais elle n’avait cessé d’aimer le barbu. Alors, dès qu’elle avait appris pour son procès et pour le comportement hypocrite et incroyablement lâche de ces chiens galeux de sarladais, elle était rentrée. Laissant tomber mercenariats et brigandages, elle avait organisé la prise de Sarlat du début jusqu’à la fin sans jamais faiblir.

La Sanguinaire se plaisait à contempler leur fief, un sourire narquois aux lèvres. Ils avaient réussi et avaient tenu bon, gardant la tête haute sans se soucier des remarques des habitants. Remarques uniquement murmurées, cela va de soi. Ben oui, faut pas déconner…tout le monde courbe l’échine devant l’alliance MacDouggal/Corleone. Petite pensée pour la cousine Joy qui avait eu la bonne idée d’épouser la presque cheffe de la famille italienne. Mais passons, revenons-en à la satisfaction de notre sauvageonne, très vite entachée par la venue d’un blond tout ce qu’il y a de plus furax. Elle aurait ignoré l’énergumène si celui-ci n’avait pas commencé par hurler le nom « MacDowell ». Sourcils arqués, elle s’était retournée et la suite l’avait laissée bouche-bée. Non seulement le danois se permettait d’insulter son frère alors qu’il n’était même pas là mais en plus il n’avait strictement rien compris. Ah et il proférait des menaces à la con aussi.

Sans tergiverser plus que de raison, l’Ecossaise marche à grands pas vers le petit groupe nouvellement constitué. La tête haute, elle vient se placer en face de la loque danoise et, écartant son compagnon d’un mouvement du bras, elle fait face au MacFayden. Lippes qui se resserrent en un rictus mauvais, prunelles qui s’obscurcissent plus qu’à l’accoutumée. Mauvais signe. Depuis qu’elle est avec le Blondinet, elle s’est adoucie mais son Unique sera toujours sa priorité et elle ne laissera jamais personne l’insulter sans broncher. Au diable les risques qu’elle encourt et les désirs des autres. Manu est son frère, le seul homme qu’elle soit sûre d’aimer jusqu’à ce qu’elle crève. Sauf que, contrairement à ses habitudes, elle fait preuve d’un calme olympien. Elle meurt d’envie de refaire le sourire de l’ex-mari de sa cousine mais elle se contente de le toiser d’un air méprisant. Hautaine, elle reste stoïque en écoutant les paroles du Végétal et la tirade de Tynop, uniquement concentrée sur l’autre blond. Et, lorsqu’elle prend la parole, elle ne laisse rien voir de la haine qui l’anime, ses yeux parlent pour elle.

Je vois que tu n’as strictement rien compris mais ça ne m’étonne pas d’un danois qui se contente de suivre les ordres sans broncher. Peut-être qu’à force de trier la paperasse à la maréchaussée et de ramper devant tes supérieurs, tu as perdu ton sens critique… M’enfin, ce qui se passe dans ta petite tête ne m’intéresse pas. Je vais me contenter de t’expliquer la situation en priant pour que tes capacités intellectuelles apparemment plus diminuées que je ne le craignais te permettent tout de même de comprendre.

Sa voix ne tremble pas et ses mots ne sont pas coupés. Colère froide.

Maonaigh MacDowell n’est pas responsable de ce pillage, c’est moi qui ai mis tout ça sur pieds. Qu’est-ce que tu crois ? Penses-tu réellement que mon frère a suffisamment de temps à perdre pour corriger des abrutis infoutus de faire autre chose que de se cacher derrière des lois mensongères ? Lui était passé à autre chose. C’est MOI qui ai voulu ce pillage. Il ne m’a rien demandé, ne s’est même pas plaint d’une quelconque injustice. J’assume l’entière responsabilité de ce pillage. Mais tu sais pourquoi j’ai fait ça, MacFayden ? J’ai fait ça pour l’honneur des miens. L’honneur, tu sais ce que c’est ? Toi qui cries à qui veut l’entendre que mon frère n’en a pas.

Que ce soient les MacDouggal ou les Corleone, tous défendront leur famille. Chez nous c’est comme ça, tu touches à l’un, tu ramasses tous les autres sur le coin du museau. Si pour toi l’honneur c’est respecter les lois et ramper devant ceux qui les font, grand bien te fasse. Mais sache que jamais je ne respecterai un homme qui, en plus de courber l’échine, se sert des coucheries des autres pour les rabaisser. Oui, Manu a eu de nombreuses compagnes, oui encore il s’est bien amusé à passer d’une couche à l’autre. Mais qui es-tu pour juger, hein ? Toi le mari infidèle et lâche. Tu pointes du doigt le caractère volage de mon frère mais parlons de tes écarts à toi. Tu as épousé Syuzanna et après l’avoir allègrement trompé, tu t’es enfui dans je ne sais trop quelle ville du Périgord. Manu ne se serait jamais permis d’abandonner sa femme, lui. Oh et pour ta gouverne, sache qu’il aime sa compagne et qu’il lui est fidèle alors tu peux abandonner tes métaphores animales. Ou les garder pour alimenter tes fantasmes sordides, je m’en fous.

Une dernière chose, Eriksen, si tu t’avises de t’en prendre à mon frère, ce n’est pas seulement ta ville que je prendrai mais aussi ta vie.

Sur ces paroles, l’Ecossaise gratifie le danois d’un sourire goguenard et sans un regard de plus, elle tourne les talons. Dextre qui passe des boucles brunes au manche de sa dague avant qu’elle ne se décide à lancer une dernière pique par-dessus son épaule.

Au fait, au lieu de t’égosiller, tu devrais aller aider tes amis à essayer de reprendre la mairie. Paraît qu’ils y tiennent. Oh, et, j’allais oublier tâche de les entraîner un tout petit peu, ça devient vraiment pitoyable là. Pour un peu je me lasserai…

Et la sauvageonne de rejoindre le reste des troupes, toujours aussi assurée dans sa démarche.
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