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Leandre de Valfrey, Maeve Alterac, Eloy d'Azayes... Trois enfants, trois futurs chevaliers, trois voyages qui se préparent. Retrouvailles, adieux, et d'autres choses...

[RP] Et au milieu, une rouquine...

Maeve.
Voilà quelques semaines maintenant qu'ils sont arrivés à Sémur. Quelques semaines bien chargées qu'elle n'a qu'à peine vu défiler. Entre l'arrivée mouvementée, le retour de la fille prodigue et de son chevalier, la rencontre avec Gabrielle, Gaspard, Gaborn, les trois "G" qui avaient chamboulé sa vie de petite fille à sa maman... Et puis la mort d'Arthur, ce grand frère qu'elle n'avait que peu connu, mais dont la disparition faisait pleurer sa mère, et donc attristait Maeve. Sans compter l'arrivée de Rexanne, la visite d'Eloy, ce jeune garçon, presque adulte, qui lui avait appris à grimper aux arbres...
Et puis l'absence de Leandre qu'elle ne croisait plus. Elle avait été un peu malade, la rouquine, et s'était repliée sur le château bourguignon quelques jours, et quand elle avait repris la route des tavernes de la ville, elle n'avait pas réussi à mettre l'azur sur le petit brun ébouriffé qui l'avait ramenée saine et sauve de Normandie. De plus en plus souvent s'esquissait sur le minois enjoué de la petite Alterac une pointe de tristesse, ou de déception, allez savoir...

Tellement de choses s'étaient produites... Muad qui les avait rejoints également, mais qui était malade, interdiction de l'approcher pendant quelques jours, et là aussi c'était un coup dur pour l'enfant. Elle avait rencontré Son Altesse Armoria aussi. Mais c'était un peu bizarre, parce qu'elle n'avait pas arrêté d'éternuer et de pleurer, tout le temps de la visite princière, alors que ça c'était calmé rapidement ensuite, à tel point qu'on avait réduit les soins à lui prodiguer.
Tellement de choses s'étaient produites, mais malgré tout cela, le moral de Maeve restait au beau fixe. Les petites amertumes et légères déceptions, l'absence de certains, l'omniprésence d'autres, rien ne parvenait à ôter des lèvres juvéniles le sourire qui les parait par habitude.

Sautillante et peu farouche, elle avait entrepris de visiter les abords de la ville, ayant enfin terminé la visite complète de Louhans, et celle un peu moins exhaustive de la ville. Un air de rien flanqué sur le visage, c'est qu'il faudrait pas qu'on la remarque trop, sous peine d'être chaperonnée dans la minute, elle déambule et bulle, les pensées évaporées, le soleil jouant dans les reflets roux de ses boucles libérées de tout carcan. Plutôt guillerette, et pour autant pas totalement oublieuse, elle observe comme toujours ce qu'il se passe, les rassemblements, le marché, la fontaine, les murailles, qu'elle franchit avec un clin d'oeil pour le garde avec qui elle est déjà venue discuter, et qui, mais cela elle l'ignore, la surveille de loin quand elle se lance dans ce genre d'escapades. D'un signe discret, il lui indique un sentier qui file à travers la végétation, suffisamment large pour être passant, suffisamment étroit pour qu'elle envisage un trésor au bout du chemin.
Son épée en bois d'olivier est solidement accrochée dans l'étui que lui a confectionné sa mère. A sa ceinture, une petite fronde, et dans ses poches, ses coquillages, bien entendu. Chantonnant un air joyeux, elle s'engage sur le sentier, comptant les cailloux de taille respectable, faisant attention aux bestioles qui pourraient se cacher dans les hautes herbes qui le bordent.

Nul trésor ne l'attend au bout du chemin, ni même un dragon ou un breton, juste l'Armançon. Et c'est déjà pas mal me direz-vous. Elle en ignore le nom, mais depuis Dieppe a développé une réelle passion pour l'eau. Et se rappelle les mots d'Arthur à Moulins, au bord de l'Allier, quand il lui avait confié aimer venir y méditer, s'y reposer. L'atmosphère se prête effectivement au vagabondage des pensées, et sans s'en rendre compte, elle ôte ses chausses, ses bas, relève légèrement jupe et jupon, et après quelques pas chatouilleurs dans l'herbe humide de la berge, elle jette son dévolu sur une souche qui trainait par là, pratique. Balançant ses pieds d'avant en arrière, menottes en appui sur les côtés, elle suit des prunelles le cours d'eau.
Et sous son crâne quelques questions qui trainent... Leandre a-t-il vu déjà la rivière ? Et que fait-il donc ? Et Gabrielle, va-t-elle lui en vouloir encore d'être partie sans la prévenir ? Et Gaspard, court-il toujours après ses dragons ? Et Eloy, a-t-il eu l'autorisation de sa maman pour les suivre ?
Les suivre... Dans ce long voyage. Marie-Alice lui a expliqué, il faut le faire. Mais quitter Sémur, ce n'est pas si simple... Et... Et si elle ne revoyait pas Leandre avant de partir ? Et si elle ne pouvait pas dire au revoir ? A cette simple pensée, le sourire né des précédentes s'efface, sans qu'elle sache vraiment pourquoi.

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Leandre
Quel formidable pouvoir que celui du narrateur. Il est capable de passer d'une histoire à une autre, sans avoir terminé la première, alors que la seconde raconte en partie une de ses conséquences. Peu importe, tant que ça ne gâche pas le plaisir du narrateur en question. En l'occurrence, le narrateur vient de décider que le récit en cours se déroule le lendemain des retrouvailles de Leandre avec son père.

Ce qui explique que la nuit fut très dure pour le jeune impérial, puisque des cernes plus grandes encore que ses yeux ornaient ces derniers à son réveil. Les paroles qu'avaient eu son père la veille n'avaient pas vraiment été des plus réconfortantes. Effectivement, la punition fut pire que n'importe quel châtiment corporel : le comte de Beaufort avait pris la douloureuse décision d'amener son fils avec lui quelques jours en Franche-Comté (les raisons de ce voyage resteront secrètes, vous attendrez la suite de l'autre récit, bande de curieux). Si Leandre n'avait encore jamais été dans ce comté, terres natales de son père, c'était pour un motif précis. Jontas n'avait jamais voulu que son fils, tout aussi bâtard qu'il pouvait être, puisse côtoyer l'engeance malsaine et méprisable qui ternissait le resplendissant territoire que fut jadis la Franche-Comté de par la bassesse de ses actes et le déshonneur dans lequel elle se vautrait quotidiennement. Et ça ce n'était pas Leandre qui l'avait inventé. L'enfant avait pu le lire de la plume de son père bon nombre de fois et il avait retenu facilement cette suite de mots qui l'amusait plus qu'autre chose. Mais là... maintenant qu'il était question de mettre les pieds dans le comté en question, son sourire avait complètement disparu de son visage.

Leandre s'était promis de ne plus jamais faire de rêve - ni de cauchemar, tant qu'à faire. La nuit fut peuplée de choses pires que tout. Pires que les bretons, les loups-garous, les gros codiles géants, les anglois, le Duc de Normandie, les armées du Domaine Royal, les dragons et même les rats. Plongé dans ses songes, le jeune garçon avait vu de drôles de bêtes, ignorant qu'elles se nommaient "dahuts", qui se baladaient dans le paysage montagneux du massif jurrassien ; mais aussi des sortes de monstres géants avec une couronne sur la tête. Un l'avait profondément horrifié, puisqu'il était de couleur mauve et s'était trouvé avachi dans un trône bien trop petit pour lui. Il avait attendu que Jontas s'agenouille devant lui pour lui arracher la tête avec ses tentacules immenses. Et quant au jeune Valfrey, il se fit enlever par le comte Max de Mazière qu'il avait rencontré en taverne, afin de subir moult sévices dans les caves de son château. Lorsqu'à son réveil Leandre évoqua ces images à son père, ce dernier se contenta de lui répondre : "Et tu n'as encore rien vu."

Conforté dans son aversion pour la Franche-Comté, et désireux de ne jamais y aller, Leandre s'était contenté de grignoter un morceau de pain en guise de déjeuner, puis avait pris la poudre d'escampette pour rejoindre son endroit favori. Les mains dans les poches, il prit donc la direction de l'Armançon, afin de pouvoir s'y reposer, et peut être tremper ses pieds dans le cours d'eau, au vu du temps ensoleillé qu'offrait le printemps à la Bourgogne.
Il lui fallait trouver un moyen de ne pas mettre les pieds dans ce comté qui l'effrayait tant, et pour cela il était nécessaire de réfléchir. Quoi de mieux que cette berge où il aimait aller ? Le calme et le silence que lui offraient l'endroit serait assurément propice aux meilleures des idées et autres plans tordus. Car pour le moment, la seule idée qu'il avait était de se casser une jambe et de devoir être soigné à Sémur. Autant dire qu'il avait surtout toutes ses chances de se faire casser la deuxième jambe par le comte de Beaufort en guise de châtiment et d'être ensuite traîné de force chez les monstres franc-comtois, pour peut-être leur servir de pature. A cette pensée, le corps entier de l'enfant frissonna, et il préféra chasser immédiatement de son esprit ce genre d'idée idiote. Fort heureusement, car se profilait la silhouette de l'exact inverse d'un hypothétique monstre. Cette silhouette, il l'aurait reconnu entre mille, couplée à la chevelure de feu si caractéristique à...
Maeve !

Instinctivement, il avait crié son nom, alors que la fillette n'était plus qu'à une dizaine de mètres de lui. Elle ne semblait pas l'avoir immédiatement vu, toute plongée dans ses pensées qu'elle était, et surtout tournée en direction du cours d'eau. Le chevalier servant se retint de ne pas se précipiter vers sa princesse : la voir tomber dans l'eau aurait pu être drôle mais peut-être dangereux. Comment ça leur escapade, et surtout les remontrances qui s'en suivirent, lui avait mis un peu de plomb dans la tête ? Si peu... La peur de la Franche-Comté n'était déjà plus qu'un souvenir lorsqu'il s'arrêta non loin de Maeve, un sourire aux lèvres qui ne cachait en rien sa joie de la revoir, et les poings sur les hanches, comme triomphant et fier.

Alors comme ça on vient se promener sur les bords de la rivière plutôt que de venir me voir ?
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Leandre Lazare de Valfrey
Chevalier servant de sa p'tite princesse
Maeve.
Elle n'entend pas le premier cri, couvert par le bruit de l'eau, perdue qu'est l'enfant dans les méandres de ses pensées, quasiment existentielles, telles que: les coquillages de Guyenne sont-ils plus jolis que ceux de Dieppe... Est-ce qu'Anthelme les accompagnera pendant le voyage ? Pourquoi ce nuage a-t-il la forme d'un moustique ? Tout cela fait tourner les méninges, et lorsque Leandre arrive près d'elle, que sa voix lui parvient enfin, elle sursaute, manquant tomber de la souche, boucles qui virevoltent alors qu'elle lui adresse un sourire plus que large.

Il est là ! Il est là et il sourit, et il se tient juste à côté. Plus rapidement que je ne saurais l'écrire, elle saute au bas de la souche, et lui claque un bisou sonore sur la joue, toute à sa joie de le revoir. L'attitude du jeune Valfrey amène un rire dans sa gorge qu'elle laisse immédiatement s'enfuir en une suite de notes joyeuses. Minois amusé qui tente de se faire plus sérieux, presque boudeur.


Alors comme ça on vient se promener sur les bords de la rivière plutôt que de venir me voir ?


Manifestement c'est pareil pour toi !
Tu ne pouvais pas savoir que j'étais ici !
Et tu n'es pas venu me voir une seule fois au château...


La moue un peu triste ne s'éternise pas sur le visage de la jeune Alterac qui récupère immédiatement son sourire. Qu'importent les dernières semaines s'il est là maintenant ? A cet âge, les souvenirs et la notion du temps sont tout relatifs, et maintenant qu'ils sont réunis, elle se moque des jours qui viennent de s'écouler.

Tu vas bien quand même ? T'as été malade ? Moi je l'ai été un peu... Mais ça va mieux.
Pas comme Muad qui n'est toujours pas très en forme.
Tu restes un moment ?


Et même s'il n'en avait pas eu l'intention, l'espoir qui brille dans les prunelles azurées de Maeve ne peut que le convaincre de s'attarder un peu. Sans vraiment lui demander, elle se rassied sur son siège improvisé qui surplombe l'eau, l'entrainant à sa suite. Une fois perchés sur ce qu'il reste d'un arbre qui avait du être majestueux, étant donné la largeur de la souche, Maeve se saisit de la main de Leandre, le regard de nouveau tourné vers l'Armançon.

je suis contente de te voir. Surtout que...

Soupir. Maeve n'a pas envie de le dire. Elle, si contente habituellement à l'idée de prendre la route, traine étrangement les pieds. Inconsciemment, elle sait qu'elle ne pourra pas faire comme à Dieppe et convaincre Leandre de l'accompagner... Elle se doute que maintenant qu'ils ont retrouvé tous deux leurs parents, ils ne pourront plus passer leurs journées ensemble, seuls au monde, sur les routes. Brin de nostalgie pour une gamine de huit ans qui garde en tête son premier périple et celui qui l'avait protégée tout au long du chemin.

Tes parents sont arrivés ? Ils ne t'ont pas trop grondés ?
Maman a oublié de me donner ma punition tu sais...
Et Anthelme va bien, il est aux écuries de Louhans, je vais le voir tous les jours.


Elle babille, la rouquine, elle ne s'arrête plus. Tellement de choses à raconter sur ces derniers temps, et puis c'est un peu comme si elle voulait prendre de l'avance sur les semaines et mois à venir. La question principale est encore repoussée, elle n'est pas prête à envisager le départ alors qu'elle vient juste de revoir son chevalier. Alors elle parle, elle raconte, propos décousus, comme l'est le cheminement de ses pensées qu'elle débite sans y prendre réellement attention, souriant ou grimaçant selon les réponses de Leandre, menotte qui sert celle qu'elle étreint.
Quelques confidences seront échangées à voix si basse que personne n'en saura la contenance, à part les deux récipiendaires de ces secrets d'enfants. Comme en Alençon, comme en Orléans, sur la route, quand ils avaient partagé anecdotes autour de petits feux de camp à leur image.
Elle lui confie ainsi la mort de son frère, l'arrivée de Gaspard et Gabrielle, la promesse qu'elle avait faite à Arthur d'en prendre soin, son malaise parce qu'ils sont orphelins et pas elle... Elle lui murmure aussi les gros mots qu'elle a appris ces derniers jours, la visite de la Princesse, le bain au vinaigre qui pique les yeux, et comment elle a appris à grimper aux arbres.


C'est Eloy qui m'a appris. Il était venu rendre visite à Maman mais elle était un peu fatiguée, alors on est allés dans le parc.
Maman aussi elle s'inquiète pour toi tu sais.


Un "aussi" en aveu... Marie-Alice n'est pas la seule à s'en faire pour le jeune Leandre.
Et cette question qui s'esquive. Encore... Tant pis, ce sera pour tout à l'heure. D'abord, elle profite de cet instant volé au temps et à leurs familles, cette petite bulle où elle est de nouveau la p'tite princesse de son chevalier servant. Et si tout va bien, pourquoi donc troubler immédiatement cette quiétude ?

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Leandre
Pareil pour lui, pareil pour lui... C'était vite dit. Lui ne venait pas se promener, mais réfléchir. Quoi que la petite Alterac n'avait pas vraiment l'air de se balader non plus, campée comme elle était sur une souche énorme. Celle qu'il utilisait d'ailleurs, lui aussi, pour se perdre dans la contemplation des fluctuations de l'eau de la rivière, durant un temps qu'il ne maitrisait pas forcément. Pas que c'était des plus intéressants, mais il était toujours amusant de constater qu'il y avait de la vie sous l'eau, que l'on pouvait voir son propre reflet en se penchant correctement - s'il y avait du soleil - et plus divertissant encore, qu'un caillou pouvait rebondir plusieurs fois à la surface de l'eau avant de couler. C'est ce qu'on appelait faire des ricochets et Leandre trouvait cela vraiment distrayant. Il fallait cependant choisir correctement son caillou, lui donner une bonne impulsion, un angle parfait et la chance se chargeait du reste. Enfin ça, c'est ce que pensait le jeune impérial. Mais revenons donc à notre souche et à nos enfants.

Donc, Maeve avait elle aussi trouvé cette souche confortable, du moins assez pour s'y installer. Normal après tout, ils avaient les même goûts, que ce soit leur passion pour la chevalerie ou leur choix de souche, tout semblait y passer. Leandre se laissa emporter par la fougue de la demoiselle qui les mena justement au bord de l'eau, assis sur ce que le jeune garçon avait toujours considéré comme sa propriété. Il n'eut même pas le temps de répondre aux premières interrogations, qu'immédiatement d'autres suivirent. Même si les paroles ne prêtaient pas à sourire, il ne put s'en empêcher, heureux de retrouver la joie de vivre de Maeve et son extraordinaire capacité à enchaîner les phrases plus rapidement que ce que le cerveau du Valfrey ne pouvait assimiler. Mais avec de la concentration et de l'entraînement c'était possible, pour preuve Leandre lui répondit, en s'assurant qu'il n'omettait rien.


Tu sais... Je viens souvent ici. C'est silencieux et magnifique à la fois, je m'y sens bien... Mais je ne t'y ai jamais vu.

Une once de déception était perceptible dans les derniers mots. Comme s'il avait inconsciemment espéré de la croiser sur la berge de l'Armançon pendant toutes ces journées. Peut-être bien... Il sentit la pression de la main de Maeve dans la sienne et se tourna vers elle avec un sourire jusqu'aux oreilles cette fois.

Oui, je vais bien, et non je n'ai pas été malade. C'est juste que... Il détourna son regard vers le cours d'eau. Je ne voulais pas vous déranger, toi et ta mère. Elle a déjà fait beaucoup pour moi. Et puis j'avais peur de gêner les autres de notre âge. D'ailleurs, j'ai déjà rencontré Gabrielle, et je crois qu'elle ne m'apprécie pas vraiment. Je ne sais pas pourquoi...

Il soupira en repensant à cette rencontre en taverne, où la jeune fille était partie après un certain temps, en colère et énervée.
A son tour, Leandre serra de ses doigts ceux de Maeve, comme pour se rassurer : elle, n'était pas énervée après lui, même si elle n'avait pas vraiment de raison de l'être, si ce n'est ces absences de nouvelles de la part du Valfrey. Mais le sourire rayonnant de la fillette ne corroborait pas cette dernière supposition.


Quant à mes parents... Nouvelle hésitation, nouveaux doutes. Mon père est bien arrivé oui. Ma mère, elle, est semble-t-il malade. Je ne l'ai pas vu.

Volontairement, l'impérial oublia la question sur les réprimandes. Une de ses conséquences n'était pas très gaie, et pour le moment seule leur joie de se retrouver importait, même s'il savait qu'il ne pourrait ne pas en parler une fois que Maeve aurait terminé de lui raconter en détail les derniers évènements qui eurent rythmé son quotidien.

La mort de son frère tout d'abord. Leandre n'en avait jamais entendu parler. De toute façon il ne connaissait que peu les proches de Maeve, excepté sa mère. Lui n'avait jamais eu le malheur de perdre quelqu'un de sa famille. Au sens euphémique, du moins. Car il avait bel et bien perdu ses parents durant de longues années, le temps qu'il fut élevé en Normandie, loin de son comté natal.

Puis, l'arrivée de Gaspard et de Gabrielle. Le jeune garçon confia à son amie qu'il trouvait le nom de Gaspard plutôt amusant, même s'il ne savait pas pour quelles raisons. Inutile de préciser qu'il connaissait déjà Gabrielle, il lui avait dit peu de temps auparavant.

Les gros mots appris. Même s'il savait que c'était mal, il ne put s'empêcher de rire lorsque Maeve les prononça à voix haute. Cela lui évoquait obligatoirement la duchesse Belialith, non pas parce qu'elle correspondait aux gros mots en eux-même, mais parce qu'elle fut une des premières qui leurs en apprit.

La visite de la princesse retint son attention. Lui aussi avait eu la chance de la rencontrer, à Dieppe. Son pendentif-canard l'avait particulièrement attiré, et le fait qu'elle lui eut parlé en personne n'avait pas arrangé les choses concernant le comportement de Leandre vis-à-vis de la noblesse. On lui avait d'ailleurs souvent reproché d'en faire un peu trop... Le garçon n'avait pas compris et n'avait même pas cherché à comprendre.

Le dernier fait marquant de sa vie, selon elle, fit hausser un sourcil à Leandre. Il n'avait jamais entendu parler d'un Eloy, et le fait qu'il puisse apprendre quelque chose à Maeve en son absence suscita en lui un sentiment encore inconnu jusqu'alors, mais qu'il ne tarderait sans doute pas à découvrir complètement. Serrant de plus belle la main de la rouquine, Leandre lui chuchota, comme si le dénommé Eloy les surveillait présentement :
C'est qui Eloy ? Un garde du domaine où que vous vivez ? J'ai jamais vu de garde grimper dans les arbres moi...
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Leandre Lazare de Valfrey
Chevalier servant de sa p'tite princesse
Maeve.
Les deux enfants partagent émotions, secrets et rires. Comme ils le font depuis bien longtemps maintenant. Maeve était très jeune quand elle était arrivée à Dieppe. Elle peinait encore à se hisser sur les chaises, elle babillait plus qu’elle ne causait, ses grands yeux bleus découvrant le monde à travers ses menottes fouineuses qui amassaient nombre de trésors. Elle avait passé quelques années en Normandie, y travaillant sa culture religieuse avec Muad, collectionnant les coquillages, découvrant l’autonomie et l’indépendance, aussi.

Et Leandre. Dès qu’elle l’avait vu, elle l’avait trouvé très beau, le futur chevalier. Impressionnée par son épée en bois, elle avait immédiatement engagé la conversation avec Louve et lui. A chaque nouvelle rencontre, un nouveau fait d’arme, comme lorsque Pitt lui avait appris que Leandre avait tué un gros rat. Elle avait alors écarquillé les yeux pendant plusieurs minutes, bouche bée devant tant de dextérité et de courage. Et puis ils avaient les mêmes gouts pour les choses simples comme les balades au bord de l’eau, les combats à l’épée en bois, les chevaliers, l’équitation, les escapades à travers la France, les feux de camps et les gros mots.

Après quelques jours sans le voir, elle savoure les instants qu’elle sait hélas trop courts, bientôt il lui faudra prendre la route et partir. L’impatience du voyage, pendant lequel elle sait qu’elle verra son père, qu’elle retrouvera sa sœur, qu’elle apprendra avec Gaborn à se battre, laisse place à une sorte de tristesse qu’elle s’explique sans vraiment la comprendre.
Et puis chasse de sa tête les pensées néfastes qui viennent affadir son sourire, préservant toute son attention pour ce que raconte le jeune impérial. Quand il aborde le sujet Gabrielle, la petite rouquine a des explications à fournir.


Tu sais, Gabrielle est adorable… Mais très possessive. Et elle préfère sa famille à tout le reste.
Moi aussi, mais… tu vois quoi. Faut aussi rencontrer d’autres gens… je lui dirai de ne plus être désagréable avec toi.


Puis il la questionne sur Eloy. Elle s’étonne de n’avoir pas été plus précise, et sourit en lui racontant l’arrivée du jeune d’Azayes à Louhans, comme elle avait cru de sa fenêtre que c’était lui, comme elle avait couru, pour finalement être déçue à l’arrivée, comme elle avait quand même été polie. Et comme elle avait emmené Eloy aux écuries, puis au bosquet.

Non, ce n’est pas un garde. Répond-elle sur le même mode, même si elle ne comprend pas vraiment pourquoi soudain ils chuchotent. Eloy d’Azayes qu’il s’appelle. C’est un auvergnat à ce que j’ai compris. Il a treize ans, c’est presque un adulte, mais il s’amuse encore comme un enfant.
Il m’a appris à grimper aux arbres, et il arrête pas de rougir quand il me regarde. Il est un peu étrange mais très gentil tu verras ! Il va voyager avec nous, si sa mère le lui permet.


Voilà, le mot est lâché… Voyage. Un instant les prunelles azurées fuient leur vis-à-vis, ne voulant pas voir dans les yeux de Leandre l’écho de ce qu’elle ressent. Peut-être n’aura-t-il rien entendu ? Peut-être que de ne rien ajouter ôtera à la nouvelle sa réalité ? Dans un soupir elle se résigne à faire au petit Valfrey la dernière confidence, la plus couteuse.

Nous… Nous partons bientôt. D’abord le Berry puis le Limousin voir Papa et enterrer Arthur, et après la Guyenne pour Gabrielle. Avant de passer en Poitou et de revenir…
C’est un très long voyage que nous allons faire. Et je dois y aller, je ne veux pas quitter Maman, et puis je veux voir Papa.
Mais… C’est un peu dur de te laisser ici.


Minois qui se relève, Maeve force un sourire sur ses lèvres et tente de décrire les bons côtés.

Et puis je ne serai pas seule, il y aura Gabrielle, et Gaspard, Rexanne, notre gouvernante qui n’en est pas une. Et puis Eloy aussi qui tient à nous accompagner, comme ça j’aurai des gens pour m’amuser.

Les menottes resserrent leur étreinte, sans même s’en rendre compte. Leurs regards rejoignent l’Armançon et les herbes qui se font emporter par le courant. Côte à côte. Et puis elle continue, d’une voix plus basse, aux accents presque suppliants.

Tu m’écriras hein ? Moi je t’écrirai…

Elle a confié sa peine, au tour de Leandre. Quand on vous disait qu’ils faisaient tout pareil, ces deux-là…
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Eloy_dazayes
Mais comment faire...
La fugue ? Pas question ! Quoique....
Mentir ? Un tout petit mensonge de rien ? Possible....
Insister vulgairement ? Ca c'était déjà en cours en fait....
Et pourtant... Pourtant malgrès sa bonne volonté, ses lettres incessantes, sa mère ne répondait favorablement à sa demande...
Allait il pouvoir partir avec Maeve et Dame MarieAlice ?
C'etait son souhait le plus cher... Mais à première vu pas celui de sa mère...
Mais bon, il etait décidé, et il ferai comme il avait décidé...
Car il faut bien l'avouer, Eloy etait têtu comme une mule !

En attendant, depuis qu'il avait rencontré Dame MarieAlice et sa charmante fille Maeve, son quotidien avait bien changé !

Fini les grasses matinées les doigts de pied en éventail à regarder les mouches voler et à compter leurs petites crottes déposées sur les murs blanc de sa chambre...
Fini les petits déjeuners à l'heure où certains déjeunaient et le regardaient buvant un grand bol de lait bien frais avec des morceaux de pains pis du fromage le plus puant possible...
Fini les lancers de crottes de nez de son lit et après voir laquelle avait été le plus loin... D'ailleurs beaucoup de disparues dans ce jeu là... Paix à leur ame, à mes crottes de nez...

Tout ça, FINI !!!
La faute à qui, à quoi ?
Ben euh... Non on va pas le dire !
Si ? Ben en fait il avait envie d'être un peu plus grand sans l'être trop, pis on lui avait quand même expliqué qu'un cheval, ce n'est pas qu'un steak sur pattes, ça sert aussi, et même en priorité, à se deplacer d'une ville à une autre, voir d'une bêtise à une autre...
Et donc, s'il voulait partir en voyage, ben fallait qu'il s'y mette, malgrès sa peur panique pour ces bêtes là...

Oui, car c'est pas un regard azur à vous noyer dedans, pis une peau aussi blanche qu'un petit nuage virevoltant dans un ciel d'été, sans oublier un sourire à faire fondre le plus vil brigand et des cheveux aussi flamboyants qu'un feu en pleine nuit qui font tout ! Faut pas croire !
Ca vous permet pas de faire le beau sur un cheval tout ça.... Ou alors dans vos rêves...
Ah ça, dans ses rêves, il t'en pourfendait du Dragon sur son beau destrier blanc !
Pis il t'en sauvait de la Princesse, pas de celle qui veut faire de sa demeure une maison de retraite, non, celles jeunes qui attendent leur Prince Charmant !
Mais en fait, devant un cheval, ben il était aussi doué que devant une fille qui lui plaisait le petit Eloy, il etait mauvais ? Ridicule ? Les deux cumulés ? Oui, surement....
Mais il se soigne ! Siiiiiiiiiiiiiiiiii !

Et oui, en cachette, il s'etait mis d'accord avec des pallefreniers qui lui apprenaient à vaincre sa peur des chevaux en l'echange de quelques écus, et les progrès étaient remarquables, enfin, c'est ce qu'on lui disait, faut dire aussi qu'il démarrait de loin...
A présent, il arrivait à aller au trot, sur un cheval normal, normal veut dire pas noir avec un air bête à bouffer du foin, comprendo ?
Bon, il est vrai qu'il prefere un bon vieux percheron à ces purs sangs arabes ou espagnols, mais ça reste quand même un cheval le percheron !
Pis c'est beau, c'est robuste, c'est un peu têtu... C'est l'equivalent d'Eloy en cheval ! Non ?

Enfin, bref, Eloy s'accordait un de ses moments qu'il adorait...
Après une petite baignade dans la rivière où pour une fois pas un paysan était venu lui dire "Tu vas choper la mort à t'baigner la d'dans, elle est froide ! Tu vas être aussi bleu que l'sang d'un noble" Ni le gloussement de la fille du meunier quand il sortait nu comme un vers de l'eau et qu'il allait se secher au soleil, enfin, bref, ça se passait bien !
Un brin d'herbe dans la bouche, le soleil qui le rechauffait tranquillement, il etait bien...

Mais bon, tout ne dure qu'un temps, et il avait d'abord entendu un peu de bruit, sans y porter attention, il etait suffisement éloigné du chemin pour être tranquille, puis une voix inconnue, et enfin, une seconde qui lui fît penser un instant qu'il était dans un rêve, avant de se rappeler que le "machouilli d'herbes des champs" ne venaient qu'exceptionnellement le rejoindre dans ces moments là....
Oui, pas de doute, la petite voix, c'etait bien Maeve.... Mais l'autre alors !
Au flot de paroles que lançait Maeve, elle devait le connaître et pas qu'un peu ! Car si au premier abord Maeve pouvait paraître une jeune demoiselle réservée, après, son flot de paroles pouvait être aussi long et continue qu'une messe du dimanche... En moins soporiphique, il fallait bien l'avouer tout de même....

Il décida donc de s'approcher doucement, caché dans les hautes herbes, et comme il etait vetu, il se décida à avancer doucement, non pas en rempant histoire de ne pas trop se salir, mais en s'abritant derrière les herbes folles...
Il entendait des bribes de conversations...

C'est Eloy qui m'a appris. Il était ...visite à Maman ... fatiguée, alors ...le parc.
Maman ..pour toi tu sais.


Ah ca c'est Maeve, il en etait sur... Mais l'autre... Qui cela pouvait il bien être...

C'est qui Eloy ? Un garde ... domaine .. vivez ? ..jamais vu ... garde grimper ... arbres moi...

J't'en foutrai moi un garde, va aller apprendre à nager celui là moi j'vous le dis... murmura t il en ronchonnant.

Eloy continuait à s'approcher, ils n'etaient surement pas loin d'eux car il les entendait plus nettement, il voulait se lever d'un bond, mais suffisait qu'un des deux ait un truc dans les mains, et il risquait de le prendre sur la tête... Donc doucement, il s'en retourna après avoir entendu des propos de Maeve... Et puis ils s'etaient mis à chuchoter, il devait être repéré, il devait fuir et vite...

Non, ce n’est pas un garde.

Il rebroussa chemin et retourna d'où il vennait, il s'assis un instant, remis ses idées dans l'ordre : jeter, eau, noyer, fier, grand, fort, faire semblant.
Puis après une reflexion intense d'au moins trois secondes, il décida de faire semblant de prendre le chemin, et d'aller voir qui etait le garçon avec Maeve... Même s'il avait bien un doute....
Ca devait être Leandre... Leandre... Ce prénom que Maeve a à la bouche autant de fois que les mots "viens", "attention" et "bêtise"....
C'etait le fameux pourfendeur de rats ! Rats qu'etait gros comme un petit chien y parait ! presqu'à croire qu'il etait armé d'une dague empoisonnée quand on écoutait Maeve, mais bon....

Eloy marcha donc sur le chemin, et un brin d'herbe dans la bouche, il avança en direction des deux...
Il avait décidé de "faire semblant de rien", enfin, même s'il avait hate de voir le fameux Leandre....

Au fur et à mesure qu'il avancait, et pourtant il n'y avait pas des kilometres, il sentait son coeur s'accelerer et son sang bouillir, mais il se contenait, enfin, il avait décidé de faire ainsi....

Il regarda vers le bord de l'eau devant lui, les deux lui tournaient le dos, ils étaient assis l'un à coté de l'autre, Eloy fût presque déçu de ne pas voir une licorne dans le dos du jeune garçon, Eloy pensait qu'il en avait déjà une, mais bon....

Salut Maeve ! Fais attention, si tu tombes je n'irai pas te chercher ! Pis elle est froide, tu peux me croire !

Eloy sourit, il vit les deux têtes se tourner vers lui, et il s'approcha.

Je peux venir ? je ne dérange pas ? Tu me présente non ?

Il regarda le jeune garçon, à la description, sur que c'etait Leandre...
Il eut une envie soudaine mais passagére de l'etrangler, allez savoir pourquoi, mais vite refreiné par son envie de ne pas trop déplaire à Maeve non plus...
Puis Eloy s'arrêta, les regardant, tout sourire, il eut envie de fuir, mais le petit sourire de Maeve, et les yeux de poissons rouge de Leandre en le regardant lui firent comprendre qu'il devait attendre, et voir....

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Maeve.
Après midi d’un presque été qui se fait déjà sentir. Deux enfants, sur une souche large comme une table de taverne. Vous les connaissez… Leandre et Maeve. Le chevalier et sa princesse, le Valfrey et l’Alterac, le p’tit brun et la jolie rouquine.
Pas la première fois qu’ils sont ainsi assis côte à côte, à partager leurs secrets, à lier leurs menottes, à chuchoter des choses de leur âge, à rire aux éclats ou à grimacer de concert.
Pas la première fois non… Ils ont traversé une bonne partie de la France ensemble. Ils ont encouru le danger des armées normandes, ils ont compté les coquillages de la jeune fille, ils se sont entrainés à l’épée en bois du jeune garçon. Ils ont ri, ont eu peur – mais ne l’avoueront jamais parce qu’un chevalier, selon eux, ne doit pas connaitre ce sentiment signe de faiblesse – et s’entendent plus que bien.
Pas la première fois…

Mais peut-être la dernière. Dans l’esprit de Maeve, le voyage que sa mère compte entreprendre va durer des siècles, au moins ça. Imaginez… le Berry, le Limousin, la Guyenne, le Poitou, avant de rentrer. Des semaines, des mois, des années… Elle n’arrive pas à visualiser, à imaginer le temps que cela représente. Beaucoup. Beaucoup trop même.
Leandre aura surement le temps de l’oublier, de partir ailleurs, de s’ennuyer, de devenir chevalier, sans elle… Elle ressent déjà la peine qu’elle aurait si quand elle revenait, il ne la reconnaissait pas.
Si ce lien tissé entre eux à coups de sourires et de confidences venait à s’effilocher. Les parents soudain lui paraissent comme des êtres sans cœur qui ne se rendent pas compte du mal qu’ils peuvent occasionner par leurs décisions égoïstes… Et puis elle se rappelle… Les parents ont toujours raison. Surtout sa mère. Marie-Alice, elle le sait, ne part pas ravie, pas par choix, mais par obligation.
Maeve s’en veut d’en avoir voulu ne serait-ce que fugacement à sa maman. Mais reste partagée entre le devoir, oui, à huit ans, déjà, une notion familiale chez les Alterac, l’envie impérieuse de rester avec le petit Impérial, et le désir de retrouver son père. La tristesse flirte avec l’enthousiasme dans une poitrine trop petite encore pour gérer la profusion d’émotions contradictoires.

Elle attend donc pendue aux lèvres de Leandre une promesse qui la rassurerait. Qu’il lui écrive, pour qu’il ne l’oublie pas. Pour avoir des nouvelles aussi. Pour éviter qu’il s’ennuie, pourquoi pas. Mais il n’a pas le temps de répondre. Bruits de broussailles. Sursaut. Voix s’élève. Sursaut. Minois qui se tourne vers l’arrivant, froncement de sourcils avant de reconnaitre le jeune homme qui s’avance vers eux. Quand on parle du loup… Il en sort des bois, c’est le cas de le dire.

Le temps de se remettre de sa surprise, la petite Alterac plaque un sourire sur ses lèvres. Elle l’aime bien Eloy, même si elle ne le connait pas depuis très longtemps. Même s’il fait froncer les sourcils de Marie-Alice qui le trouve trop grand. Trop grand pour quoi, ça elle n’a pas bien saisi. Ou elle qui était trop petite. Elle n’a pas tout compris. A vrai dire, elle s’en est plutôt désintéressée rapidement. Dès que ça touche à des sujets de grands de toute façon hein…


Salut Maeve ! Fais attention, si tu tombes je n'irai pas te chercher ! Pis elle est froide, tu peux me croire !
Je peux venir ? je ne dérange pas ? Tu me présente non ?


Un regard vers Leandre, retour sur Eloy, entrouvrir les lèvres, sourire, froncer un sourcil, défroisser la mine, se redresser, sourire plus franchement. Elle presse la main de Leandre dans la sienne pour attirer son attention.

Bonjour Eloy ! je ne compte pas tomber, mais ça fait plaisir de voir que tu me laisserais couler …

Moue plus amusée qu’offensée. Elle est bien sur sa souche, pas l’intention d’aller tester la température de l’Armançon.

Tu te souviens que je t’avais parlé de Leandre ? Et bien c’est lui, Leandre Lazare de Valfrey, mon chevalier. Tournant la tête vers le jeune impérial. Et je te parlais d’Eloy à l’instant, et le voilà qui arrive. Eloy d’Azayes, un invité de Maman, et qui m’appris à grimper aux arbres.

Sourire sur lèvres enfantines, petite rousse entre deux jeunes bruns. Et de les trouver changés un peu… L’attitude moins détendue de Leandre, le sourire un peu crispé d’Eloy. Les prunelles azurées font des aller-retour, se demandant ce qu’ils ont donc.
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Leandre
Pendu à ses lèvres et plongé dans l'azur de ses yeux. Une expression de la béatitude qui correspondait parfaitement à Leandre. Ah il est certain qu'il avait certainement l'air très bête avec ce sourire niais qui pourtant lui allait si bien dans ce genre de situation. A nouveau, une foule de mots se bousculèrent pour s'échapper des lèvres de la petite Alterac. Mais cette fois, il n'avait eu aucun mal à en comprendre la signification : entre un presque-adulte jouant encore à l'enfant qui était devenu le nouvel ami de Maeve et le fait qu'elle parte en voyage, qui plus est avec lui... Le sourire du Valfrey n'en était plus vraiment un désormais. Le regard ailleurs, elle lui expliqua. Il comprenait parfaitement ce besoin de retrouver son père, l'ayant lui-même vécu. Et puis, après sa mère que Maeve avait retrouvé, il en manquait toujours un à l'appel. Sauf que cette fois, l'impérial ne ferait pas parti de l'aventure...

Il s'apprêtait à lui répondre. Lui dire qu'il ne voulait pas qu'elle parte. Oublier l'espace d'un instant que pourtant il devait quitter la Bourgogne et Sémur, lui aussi. Mais la rassurer tout de même, évidemment qu'il lui écrirait. A quoi bon savoir écrire si on ne le faisait pas ? Il lui aurait ensuite dit qu'il comprenait. A lui aussi, un être cher lui manquait, et il serait bien parti à sa recherche si son père ne l'emmenait pas ailleurs. Et puis enterrer Arthur... Il ne savait pas vraiment en quoi consistait le fait d'enterrer quelqu'un, même s'il se doutait que ce devait être important. Encore un principe cher à l'aristotélisme, sans doute. Et comme la rouquine l'avait souligné, elle serait bien entourée durant ce voyage. Il lui aurait dit qu'il ne s'en ferait pas pour elle, et que ce qu'il craignait le plus c'était qu'elle l'oublie, lui, son chevalier.

Et enfin, il aurait finalement expliqué que lui aussi devait s'en aller. En Franche-Comté, puis ailleurs, il ne savait encore où. Sur un champs de bataille, pour apprendre à faire la guerre, comme lui avait dit son paternel. Il ne savait même pas si les pigeons sauraient aller là où serait Maeve jusqu'au lieu où lui se battrait. Il découvrirait plus tard que si, heureusement.

Tout cela, le jeune Valfrey l'aurait dit de vive voix si Eloy, qui n'était pas un garde donc, ne serait pas intervenu.

Immédiatement, Maeve l'avait salué en citant son nom. La pression de la main de l'enfant dans celle de Leandre le fit se retourner, curieux et contrarié à la fois. Il était bien gentil de partager son endroit avec sa princesse, mais de là à ce que tout le monde vienne pour discutailler, il n'était plus vraiment d'accord. Pourtant il n'y avait pas son nom, ni sur la souche, ni ailleurs. La présentation était parfaite, aux yeux de Leandre en tout cas : lui était le chevalier de Maeve, et Eloy l'invité de Marie Alice. Et même si ce dernier a appris à l'Alterac à grimper aux arbres, la différence entre les deux descriptions est flagrante. Petit sourire narquois du Valfrey, qui tenta un
Bonjour Eloy. sans grande conviction.

Il le dévisagea quelques instants, détaillant sa tenue, les traits de son visage et sa prestance. Ainsi il était noble et fils de bonne famille, lui aussi. Il était surtout plus vieux que lui, presque en âge de prendre épouse. Leandre déglutit sa salive, se tourna vers Maeve, puis de nouveau vers le nouvel arrivant. Un duel silencieux s'était engagé, les regards se soutenaient mutuellement, sans raison particulière aucune, si ce n'est cette capacité qu'avaient les enfants à provoquer les autres. Il fallait préciser que les deux semblaient vouloir absolument entrer en rivalité. Pour les beaux yeux de Maeve ? Sans aucun doute, mais ils n'avaient certainement pas les même idées derrière la tête.

Sans quitter l'Azayes des yeux, le jeune impérial entreprit de détacher son épée en bois de son dos, concentré comme il le pouvait. Faire deux choses à la fois n'était pas chose aisée. Et trois n'en parlons pas. Pourtant il réussit à lui adresser la parole de nouveau, tandis qu'il s'était mis debout.


Alors comme ça, c'est toi l'Eloy qui va accompagner Maeve dans son voyage ?
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Leandre Lazare de Valfrey
Chevalier servant de sa p'tite princesse
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