Maeve.
Voilà quelques semaines maintenant qu'ils sont arrivés à Sémur. Quelques semaines bien chargées qu'elle n'a qu'à peine vu défiler. Entre l'arrivée mouvementée, le retour de la fille prodigue et de son chevalier, la rencontre avec Gabrielle, Gaspard, Gaborn, les trois "G" qui avaient chamboulé sa vie de petite fille à sa maman... Et puis la mort d'Arthur, ce grand frère qu'elle n'avait que peu connu, mais dont la disparition faisait pleurer sa mère, et donc attristait Maeve. Sans compter l'arrivée de Rexanne, la visite d'Eloy, ce jeune garçon, presque adulte, qui lui avait appris à grimper aux arbres...
Et puis l'absence de Leandre qu'elle ne croisait plus. Elle avait été un peu malade, la rouquine, et s'était repliée sur le château bourguignon quelques jours, et quand elle avait repris la route des tavernes de la ville, elle n'avait pas réussi à mettre l'azur sur le petit brun ébouriffé qui l'avait ramenée saine et sauve de Normandie. De plus en plus souvent s'esquissait sur le minois enjoué de la petite Alterac une pointe de tristesse, ou de déception, allez savoir...
Tellement de choses s'étaient produites... Muad qui les avait rejoints également, mais qui était malade, interdiction de l'approcher pendant quelques jours, et là aussi c'était un coup dur pour l'enfant. Elle avait rencontré Son Altesse Armoria aussi. Mais c'était un peu bizarre, parce qu'elle n'avait pas arrêté d'éternuer et de pleurer, tout le temps de la visite princière, alors que ça c'était calmé rapidement ensuite, à tel point qu'on avait réduit les soins à lui prodiguer.
Tellement de choses s'étaient produites, mais malgré tout cela, le moral de Maeve restait au beau fixe. Les petites amertumes et légères déceptions, l'absence de certains, l'omniprésence d'autres, rien ne parvenait à ôter des lèvres juvéniles le sourire qui les parait par habitude.
Sautillante et peu farouche, elle avait entrepris de visiter les abords de la ville, ayant enfin terminé la visite complète de Louhans, et celle un peu moins exhaustive de la ville. Un air de rien flanqué sur le visage, c'est qu'il faudrait pas qu'on la remarque trop, sous peine d'être chaperonnée dans la minute, elle déambule et bulle, les pensées évaporées, le soleil jouant dans les reflets roux de ses boucles libérées de tout carcan. Plutôt guillerette, et pour autant pas totalement oublieuse, elle observe comme toujours ce qu'il se passe, les rassemblements, le marché, la fontaine, les murailles, qu'elle franchit avec un clin d'oeil pour le garde avec qui elle est déjà venue discuter, et qui, mais cela elle l'ignore, la surveille de loin quand elle se lance dans ce genre d'escapades. D'un signe discret, il lui indique un sentier qui file à travers la végétation, suffisamment large pour être passant, suffisamment étroit pour qu'elle envisage un trésor au bout du chemin.
Son épée en bois d'olivier est solidement accrochée dans l'étui que lui a confectionné sa mère. A sa ceinture, une petite fronde, et dans ses poches, ses coquillages, bien entendu. Chantonnant un air joyeux, elle s'engage sur le sentier, comptant les cailloux de taille respectable, faisant attention aux bestioles qui pourraient se cacher dans les hautes herbes qui le bordent.
Nul trésor ne l'attend au bout du chemin, ni même un dragon ou un breton, juste l'Armançon. Et c'est déjà pas mal me direz-vous. Elle en ignore le nom, mais depuis Dieppe a développé une réelle passion pour l'eau. Et se rappelle les mots d'Arthur à Moulins, au bord de l'Allier, quand il lui avait confié aimer venir y méditer, s'y reposer. L'atmosphère se prête effectivement au vagabondage des pensées, et sans s'en rendre compte, elle ôte ses chausses, ses bas, relève légèrement jupe et jupon, et après quelques pas chatouilleurs dans l'herbe humide de la berge, elle jette son dévolu sur une souche qui trainait par là, pratique. Balançant ses pieds d'avant en arrière, menottes en appui sur les côtés, elle suit des prunelles le cours d'eau.
Et sous son crâne quelques questions qui trainent... Leandre a-t-il vu déjà la rivière ? Et que fait-il donc ? Et Gabrielle, va-t-elle lui en vouloir encore d'être partie sans la prévenir ? Et Gaspard, court-il toujours après ses dragons ? Et Eloy, a-t-il eu l'autorisation de sa maman pour les suivre ?
Les suivre... Dans ce long voyage. Marie-Alice lui a expliqué, il faut le faire. Mais quitter Sémur, ce n'est pas si simple... Et... Et si elle ne revoyait pas Leandre avant de partir ? Et si elle ne pouvait pas dire au revoir ? A cette simple pensée, le sourire né des précédentes s'efface, sans qu'elle sache vraiment pourquoi.
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Et puis l'absence de Leandre qu'elle ne croisait plus. Elle avait été un peu malade, la rouquine, et s'était repliée sur le château bourguignon quelques jours, et quand elle avait repris la route des tavernes de la ville, elle n'avait pas réussi à mettre l'azur sur le petit brun ébouriffé qui l'avait ramenée saine et sauve de Normandie. De plus en plus souvent s'esquissait sur le minois enjoué de la petite Alterac une pointe de tristesse, ou de déception, allez savoir...
Tellement de choses s'étaient produites... Muad qui les avait rejoints également, mais qui était malade, interdiction de l'approcher pendant quelques jours, et là aussi c'était un coup dur pour l'enfant. Elle avait rencontré Son Altesse Armoria aussi. Mais c'était un peu bizarre, parce qu'elle n'avait pas arrêté d'éternuer et de pleurer, tout le temps de la visite princière, alors que ça c'était calmé rapidement ensuite, à tel point qu'on avait réduit les soins à lui prodiguer.
Tellement de choses s'étaient produites, mais malgré tout cela, le moral de Maeve restait au beau fixe. Les petites amertumes et légères déceptions, l'absence de certains, l'omniprésence d'autres, rien ne parvenait à ôter des lèvres juvéniles le sourire qui les parait par habitude.
Sautillante et peu farouche, elle avait entrepris de visiter les abords de la ville, ayant enfin terminé la visite complète de Louhans, et celle un peu moins exhaustive de la ville. Un air de rien flanqué sur le visage, c'est qu'il faudrait pas qu'on la remarque trop, sous peine d'être chaperonnée dans la minute, elle déambule et bulle, les pensées évaporées, le soleil jouant dans les reflets roux de ses boucles libérées de tout carcan. Plutôt guillerette, et pour autant pas totalement oublieuse, elle observe comme toujours ce qu'il se passe, les rassemblements, le marché, la fontaine, les murailles, qu'elle franchit avec un clin d'oeil pour le garde avec qui elle est déjà venue discuter, et qui, mais cela elle l'ignore, la surveille de loin quand elle se lance dans ce genre d'escapades. D'un signe discret, il lui indique un sentier qui file à travers la végétation, suffisamment large pour être passant, suffisamment étroit pour qu'elle envisage un trésor au bout du chemin.
Son épée en bois d'olivier est solidement accrochée dans l'étui que lui a confectionné sa mère. A sa ceinture, une petite fronde, et dans ses poches, ses coquillages, bien entendu. Chantonnant un air joyeux, elle s'engage sur le sentier, comptant les cailloux de taille respectable, faisant attention aux bestioles qui pourraient se cacher dans les hautes herbes qui le bordent.
Nul trésor ne l'attend au bout du chemin, ni même un dragon ou un breton, juste l'Armançon. Et c'est déjà pas mal me direz-vous. Elle en ignore le nom, mais depuis Dieppe a développé une réelle passion pour l'eau. Et se rappelle les mots d'Arthur à Moulins, au bord de l'Allier, quand il lui avait confié aimer venir y méditer, s'y reposer. L'atmosphère se prête effectivement au vagabondage des pensées, et sans s'en rendre compte, elle ôte ses chausses, ses bas, relève légèrement jupe et jupon, et après quelques pas chatouilleurs dans l'herbe humide de la berge, elle jette son dévolu sur une souche qui trainait par là, pratique. Balançant ses pieds d'avant en arrière, menottes en appui sur les côtés, elle suit des prunelles le cours d'eau.
Et sous son crâne quelques questions qui trainent... Leandre a-t-il vu déjà la rivière ? Et que fait-il donc ? Et Gabrielle, va-t-elle lui en vouloir encore d'être partie sans la prévenir ? Et Gaspard, court-il toujours après ses dragons ? Et Eloy, a-t-il eu l'autorisation de sa maman pour les suivre ?
Les suivre... Dans ce long voyage. Marie-Alice lui a expliqué, il faut le faire. Mais quitter Sémur, ce n'est pas si simple... Et... Et si elle ne revoyait pas Leandre avant de partir ? Et si elle ne pouvait pas dire au revoir ? A cette simple pensée, le sourire né des précédentes s'efface, sans qu'elle sache vraiment pourquoi.
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