Alienor_vastel
[Mai 1461 - Sainte Ménéhould, Auberge des Petits Cailloux]
Une légère grimace s'afficha sur le visage de la blondinette à la réponse à sa prime question. Réponse dont elle n'avait retenu que ce "Dame" qui avait une fâcheuse propension à la chafouiner.
Consciente que sa moue pouvait être mal interprétée, comme une distance hautaine avec son interlocutrice, ce qu'elle ne souhaitait pas, elle se hâta d'expliquer à mi-voix et avec un petit sourire complice, alors qu'elles se dirigeaient vers la salle après que la jeune femme ait accepté sa proposition de partager table et repas
Je vous en prie, Aliénor suffira. Ajoutant dans un petit rire J'ai toujours la sensation, lorsque l'on m'appelle "Dame", que l'on s'adresse à une vieille rombière !
C'est vrai quoi, du haut de ses dix-sept années, elle avait bien le temps de s'entendre qualifier de la sorte !
S'asseyant, elle jeta un bref regard en direction de la porte qui lui faisait face, mais celle-ci restant close, ses pervenches revinrent vers la jeune femme. Cette dernière observait les lieux, et son attitude, gênée, embarrassée, étonna Aliénor qui se demanda alors si elle avait fait quoi que ce soit pour la mettre mal à l'aise. Certes, elle avait toujours vécu dans une certaine aisance, fille de nobles et noble elle-même, mais jamais elle n'avait fait usage de son statut pour prendre les gens de haut. Si elle pouvait parfois se montrer arrogante, froide ou dédaigneuse envers quelqu'un, la raison n'en était pas qu'ils ne se fournissaient pas chez le même tisserand ou qu'elle avait la chance de ne pas avoir à travailler pour gagner sa vie, elle ne s'attachait pas à cela, mais en réponse à un comportement qui lui avait déplu, et pour l'heure, ça n'était pas le cas. Bien au contraire, la jeune femme semblait comme perdue, et face à cela, son envie était de l'aider plutôt que de l'envoyer balader.
Elle la laissa tranquillement à son examen des lieux, ne voulant la désorienter davantage pour l'instant en lassommant de questions et de bavardages. Chaque chose en son temps.
Ce fut la jeune femme qui la première brisa le silence après que la tavernière ait déposé devant elle de quoi se sustenter, en se tournant de nouveau vers la petite blonde.
Comme je disais, je mappelle Shandra et à ce quon ma dit Messire Aimelin, pourrait maider, enfin
Eh bien, enchantée de vous connaître, Shandra, et bienvenue à Sainte et aux "Petits Cailloux" ! Ainsi que l'a dit cette brave Lucienne, Aimelin devrait rentrer bientôt, vous pourrez ainsi lui expliquer votre souci.
Mais attendez, je vais vous montrer un instant je l'ai là... !
Et pendant que la jeune femme fouillait ses poches et en sortait des objets divers et variés sous le regard amusé d'Aliénor, la blondinette après avoir émis un petit Désolée je commence tant que c'est chaud, j'ai trop faim ! en profita pour satisfaire son appétit-fallait qu'elle mange pour deux paraissait-il et elle ne s'en privait pas- en se saisissant d'un morceau de pain qu'elle fit tremper dans la sauce du ragoût avant de le porter à sa bouche pour le savourer, passant sa langue sur ses lèvres pour en recueillir les quelques gouttes qui s'y étaient attardées.
Un sourire s'afficha de nouveau sur son visage en voyant Shandra brandir enfin un morceau de papier tel un trophée avant de remballer caillou, lacet et ficelle qui l'avaient précédé.
Posant les coudes sur la table, le menton appuyé sur ses doigts entrelacés, elle écouta les tentatives d'explications de la jeune femme, opinant du chef ça et là en signe d'acquiescement, avant de s'exclamer avec un franc sourire.
Ah ! C'est donc vous, la "passagère" de Célénya ! Elle nous a effectivement parlé de vous, du fait qu'elle vous avait rencontrée sur le chemin et vous avait proposé de vous joindre à elle et ses compagnes de voyage. Il est toujours plus prudent de voyager en groupe, l'on ne sait jamais qui l'on peut croiser sur les routes.
En effet, elle est repartie en direction de l'Artois et...
... et tout cela ne lui expliquait pas pourquoi elle voulait voir Aimelin. Mais si Célénya avait adressé Shandra au jeune homme, il devait y avoir de bonnes raisons et en définitive elle n'avait pas besoin d'en savoir davantage. Et elle ne regrettait pas l'impulsion qui l'avait poussée à lui proposer de rester l'attendre ici avec elle, au moins la jeune femme serait sure de ne pas le rater lorsqu'il rentrerait.
Son regard s'attarda sur le papier poussé vers elle, hésitant à en prendre connaissance. Mais curieuse un jour, curieuse toujours, elle termina néanmoins de le faire glisser vers elle, et ses pervenches parcoururent les lignes qui y étaient couchées.
S'attardant sur une phrase qui donnait tout leur sens aux hésitations de la jeune femme, à ses doutes exprimés sur le fait qu'elle croyait ne connaître personne ici.
Les yeux toujours fixés sur le contenu de la missive, elle murmura... "votre quête de la mémoire" avant de relever le visage pour observer Shandra avec davantage d'acuité.
Si je comprends bien... vous cherchez à vous souvenir... de quoi elle n'en savait trop rien, tout ceci était réellement bien confus... et Aimelin pourrait vous aider pour ce faire...
Les sourcils légèrement froncés, elle ne quittait pas son vis-à-vis du regard. Un déclic venait de se faire dans son esprit, le prénom sous lequel la jeune femme s'était présentée ne lui était pas inconnu, à double titre.
Tout d'abord pour l'avoir lu dans le journal de sa défunte mère qui avait côtoyé une dénommée Shandra au Comité des Fêtes avant que celle-ci ne lui en confie les rênes. Aliénor était trop jeune alors pour l'avoir connue, mais cette époque de la vie de la dame de Pomponne était marquée par l'insouciance et la légèreté, bien loin de l'image que sa fille avait gardée de la femme triste et résignée qu'elle était devenue par la suite.
Et puis surtout, cette même Shandra, Aimelin lui en avait aussi parlé. L'amie avec laquelle il avait partagé des bons moments, et des plus dramatiques, ici à Sainte-Ménéhould, celle avec qui il avait quitté la Champagne pour rejoindre les terres béarnaises où il s'était installé. Celle dont il était sans nouvelles depuis longtemps, et qu'il pensait morte comme tant d'autres de son passé champenois.
La coïncidence était décidément troublante. Quelles étaient les probabilités pour que ce soit justement cette Shandra-là qui se trouve à l'instant présent face à elle ? Infimes... Coïncidence, hasard ou autre chose, elle n'aurait sur le dire, et se rendant compte que son attitude pouvait ajouter au malaise de la jeune femme, elle se reprit et un sourire bienveillant vint alors remplacer son air déconcerté.
Célénya a eu raison de vous adresser à Aimelin. Il a vécu en Champagne il y a quelques années avant de partir pour le Béarn puis de revenir il y a deux ans. Il a de nombreuses relations, et je suis certaine qu'il pourra vous orienter vers des personnes susceptibles de vous aider dans... votre quête.
Elle s'avançait un peu, quoique connaissant son fiancé elle ne doutait pas qu'il acquiescerait à la demande. Pour l'heure, il suffisait d'attendre son retour, qui en outre répondrait aux questions qui venaient d'assaillir la jeune fille après ce qu'elle venait d'apprendre.
Et son regard se détourna un instant de Shandra pour se porter vers la porte qui venait de s'ouvrir.
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- "Une coïncidence n'est qu'une explication qui attend son heure" - Kate Atkinson
Une légère grimace s'afficha sur le visage de la blondinette à la réponse à sa prime question. Réponse dont elle n'avait retenu que ce "Dame" qui avait une fâcheuse propension à la chafouiner.
Consciente que sa moue pouvait être mal interprétée, comme une distance hautaine avec son interlocutrice, ce qu'elle ne souhaitait pas, elle se hâta d'expliquer à mi-voix et avec un petit sourire complice, alors qu'elles se dirigeaient vers la salle après que la jeune femme ait accepté sa proposition de partager table et repas
Je vous en prie, Aliénor suffira. Ajoutant dans un petit rire J'ai toujours la sensation, lorsque l'on m'appelle "Dame", que l'on s'adresse à une vieille rombière !
C'est vrai quoi, du haut de ses dix-sept années, elle avait bien le temps de s'entendre qualifier de la sorte !
S'asseyant, elle jeta un bref regard en direction de la porte qui lui faisait face, mais celle-ci restant close, ses pervenches revinrent vers la jeune femme. Cette dernière observait les lieux, et son attitude, gênée, embarrassée, étonna Aliénor qui se demanda alors si elle avait fait quoi que ce soit pour la mettre mal à l'aise. Certes, elle avait toujours vécu dans une certaine aisance, fille de nobles et noble elle-même, mais jamais elle n'avait fait usage de son statut pour prendre les gens de haut. Si elle pouvait parfois se montrer arrogante, froide ou dédaigneuse envers quelqu'un, la raison n'en était pas qu'ils ne se fournissaient pas chez le même tisserand ou qu'elle avait la chance de ne pas avoir à travailler pour gagner sa vie, elle ne s'attachait pas à cela, mais en réponse à un comportement qui lui avait déplu, et pour l'heure, ça n'était pas le cas. Bien au contraire, la jeune femme semblait comme perdue, et face à cela, son envie était de l'aider plutôt que de l'envoyer balader.
Elle la laissa tranquillement à son examen des lieux, ne voulant la désorienter davantage pour l'instant en lassommant de questions et de bavardages. Chaque chose en son temps.
Ce fut la jeune femme qui la première brisa le silence après que la tavernière ait déposé devant elle de quoi se sustenter, en se tournant de nouveau vers la petite blonde.
Comme je disais, je mappelle Shandra et à ce quon ma dit Messire Aimelin, pourrait maider, enfin
Eh bien, enchantée de vous connaître, Shandra, et bienvenue à Sainte et aux "Petits Cailloux" ! Ainsi que l'a dit cette brave Lucienne, Aimelin devrait rentrer bientôt, vous pourrez ainsi lui expliquer votre souci.
Mais attendez, je vais vous montrer un instant je l'ai là... !
Et pendant que la jeune femme fouillait ses poches et en sortait des objets divers et variés sous le regard amusé d'Aliénor, la blondinette après avoir émis un petit Désolée je commence tant que c'est chaud, j'ai trop faim ! en profita pour satisfaire son appétit-fallait qu'elle mange pour deux paraissait-il et elle ne s'en privait pas- en se saisissant d'un morceau de pain qu'elle fit tremper dans la sauce du ragoût avant de le porter à sa bouche pour le savourer, passant sa langue sur ses lèvres pour en recueillir les quelques gouttes qui s'y étaient attardées.
Un sourire s'afficha de nouveau sur son visage en voyant Shandra brandir enfin un morceau de papier tel un trophée avant de remballer caillou, lacet et ficelle qui l'avaient précédé.
Posant les coudes sur la table, le menton appuyé sur ses doigts entrelacés, elle écouta les tentatives d'explications de la jeune femme, opinant du chef ça et là en signe d'acquiescement, avant de s'exclamer avec un franc sourire.
Ah ! C'est donc vous, la "passagère" de Célénya ! Elle nous a effectivement parlé de vous, du fait qu'elle vous avait rencontrée sur le chemin et vous avait proposé de vous joindre à elle et ses compagnes de voyage. Il est toujours plus prudent de voyager en groupe, l'on ne sait jamais qui l'on peut croiser sur les routes.
En effet, elle est repartie en direction de l'Artois et...
... et tout cela ne lui expliquait pas pourquoi elle voulait voir Aimelin. Mais si Célénya avait adressé Shandra au jeune homme, il devait y avoir de bonnes raisons et en définitive elle n'avait pas besoin d'en savoir davantage. Et elle ne regrettait pas l'impulsion qui l'avait poussée à lui proposer de rester l'attendre ici avec elle, au moins la jeune femme serait sure de ne pas le rater lorsqu'il rentrerait.
Son regard s'attarda sur le papier poussé vers elle, hésitant à en prendre connaissance. Mais curieuse un jour, curieuse toujours, elle termina néanmoins de le faire glisser vers elle, et ses pervenches parcoururent les lignes qui y étaient couchées.
S'attardant sur une phrase qui donnait tout leur sens aux hésitations de la jeune femme, à ses doutes exprimés sur le fait qu'elle croyait ne connaître personne ici.
Les yeux toujours fixés sur le contenu de la missive, elle murmura... "votre quête de la mémoire" avant de relever le visage pour observer Shandra avec davantage d'acuité.
Si je comprends bien... vous cherchez à vous souvenir... de quoi elle n'en savait trop rien, tout ceci était réellement bien confus... et Aimelin pourrait vous aider pour ce faire...
Les sourcils légèrement froncés, elle ne quittait pas son vis-à-vis du regard. Un déclic venait de se faire dans son esprit, le prénom sous lequel la jeune femme s'était présentée ne lui était pas inconnu, à double titre.
Tout d'abord pour l'avoir lu dans le journal de sa défunte mère qui avait côtoyé une dénommée Shandra au Comité des Fêtes avant que celle-ci ne lui en confie les rênes. Aliénor était trop jeune alors pour l'avoir connue, mais cette époque de la vie de la dame de Pomponne était marquée par l'insouciance et la légèreté, bien loin de l'image que sa fille avait gardée de la femme triste et résignée qu'elle était devenue par la suite.
Et puis surtout, cette même Shandra, Aimelin lui en avait aussi parlé. L'amie avec laquelle il avait partagé des bons moments, et des plus dramatiques, ici à Sainte-Ménéhould, celle avec qui il avait quitté la Champagne pour rejoindre les terres béarnaises où il s'était installé. Celle dont il était sans nouvelles depuis longtemps, et qu'il pensait morte comme tant d'autres de son passé champenois.
La coïncidence était décidément troublante. Quelles étaient les probabilités pour que ce soit justement cette Shandra-là qui se trouve à l'instant présent face à elle ? Infimes... Coïncidence, hasard ou autre chose, elle n'aurait sur le dire, et se rendant compte que son attitude pouvait ajouter au malaise de la jeune femme, elle se reprit et un sourire bienveillant vint alors remplacer son air déconcerté.
Célénya a eu raison de vous adresser à Aimelin. Il a vécu en Champagne il y a quelques années avant de partir pour le Béarn puis de revenir il y a deux ans. Il a de nombreuses relations, et je suis certaine qu'il pourra vous orienter vers des personnes susceptibles de vous aider dans... votre quête.
Elle s'avançait un peu, quoique connaissant son fiancé elle ne doutait pas qu'il acquiescerait à la demande. Pour l'heure, il suffisait d'attendre son retour, qui en outre répondrait aux questions qui venaient d'assaillir la jeune fille après ce qu'elle venait d'apprendre.
Et son regard se détourna un instant de Shandra pour se porter vers la porte qui venait de s'ouvrir.
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