Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >   >>

[RP Juin –Fermé-]Soirée privée, cartons d’invitations exigés

--Dacien2
Pas de bonne humeur ce soir là. Dacien n’avait pas envie de faire attraction juste pour le plaisir des yeux et encore moins seulement acte de présence. Mais voilà, le patron était le patron. Alphonse avait fermé l’Aphrodite pour cette nuit-là à la demande d’un client qui venait de se marier. Qu’est-ce que c’était que ce bordel……Le marié avait peur que sa nouvelle femme ne lui donne point satisfaction? Pour cela, le personnage poussait la jeune épouse dans les bras de l’Arrogant. Pauvre garçon, il ne se doutait pas de ce qu’il risquait…

Mais….Oui, pour cette soirée là, il y avait un mais. Le Flamand avait prévenu Dacien d’être raisonnable, de garder ses distances et de tenir ses mains tranquilles. Le client qui avait réservé le Bordel ne voulait aucune exagération ni aucun dégâts sur les dames dont l’Arrogant allait devoir s’occuper pendant quelques heures. Alphonse lui avait soufflé aussi, comme quoi, de ce qu’il avait compris, il devrait distraire la mariée. Hein? Quoi? La plaie…..Comment pouvait-il donner besogne de la sorte au seul courtisan en activité dans ce lieu de débauche pur et dur. Le Fier allait devoir rester sage avec deux femmes à portée de mains. Cela était criminel, vraiment.

Dacien arriva enfin au salon. Donc, comme je le signalais, il n’était pas d’humeur joviale mais, pour son patron et pour la réputation de l’Aphrodite, il ferait un effort. Alphonse était auprès de deux dames bien charmantes sous toutes les coutures. Et vue les tenues qu’elles avaient, deux bonnes femmes certainement de bonne société qui allaient peut-être se croire tout permis, usant de mots charmants, peut-être déconcertants ou encore sauvages. Les pauvres….Qu’allaient-elles subir avec lui…..Ses rétines croisèrent celles de son patron. Un gentil sourire se dessina sur le visage de l’Arrogant. Non, ce genre de jeu ne l’amusait guère. Faire le pantin juste pour distraire n’était pas son amusement favori.
Bref! Il fallait s’avancer. Il arriva auprès des deux dames. Une commissure s’étira en silence laissant apparaitre un visage plutôt courtois, charmant, charmeur aussi, tout le contraire de son humeur de cette nuit. Un arrêt à la hauteur du Flamand. Dacien se pencha à son oreille et d’une voix souple, un ton enjoué mais tout à fait sérieux.


Vous me le paierez, soyez en sûr Patron.

En insistant bien sur "patron". Oh que oui qu’il lui rendrait la monnaie de sa pièce. Il ne savait pas encore quand ni où mais, il savait que le Flamand n’aurait pas d’autre choix que de lui accorder une faveur pour son plus grand plaisir.

Deux brunes. Voilà qui aiguisa l’œil du Fier. Un regard sous toutes les coutures chacune leur tour. Bon d’abord, l’une des deux avait l’air….disons….plutôt désappointée. Le lieu certainement. Elle ne devait pas s’attendre de se retrouver dans un Bordel tel que celui-ci après un mariage. Et l’autre brune semblait plus joviale. Ou alors, elle ne connaissait point, n’avait encore jamais entendu parler de l’Aphrodite. Bon, il fallait les emmener dans la pièce prévue pour ces dames somme toute charmantes néanmoins qu’il ne fallait toucher qu’avec les yeux. Dacien s’avança un peu plus près encore vers elles.


Bonsoir Mesdames. Je me nomme Dacien. Votre hôte pour cette soirée.

Il tendit ses deux bras, un de chaque côté afin que les brunes s’y pendent le temps d’arriver à l’Initiée. Un regard noir vers le patron. Pour lui, il verrait plus tard la sentence.

Si vous êtes prêtes, nous y allons. Je vous conduis à votre divertissement de ce soir.

Enfin, tout dépendait pour qui hein! Ils quittèrent tous trois le salon et arpentèrent les couloirs de l’Aphrodite jusqu’à arriver à la porte de l’Initiée que l’Arrogant ouvrit.

L_aconit
[Juste avant de rentrer, bien accompagné ]

De surprise en... Surprise. Et parfois d'une seule l'on se contenterait, vraiment.


Hum... Rose.

Léger salut, réitéré au borgne qu'il connait désormais depuis les missives Rosali-Judéenne pour être le nouveau jouet de la rousse. Jaloux Judas? Un brin. Comme à chaque fois qu'il sent l'amie trop heureuse pour être lucide sur les maux de l'amour et leurs conséquences... Mais bref. Le soir n'est pas aux machinations vengeresses, encore moins aux esclandres. Rose est conviée, une femme parmi les hommes et les catins... Le brun aux longs filins noirs se questionne sur le programme réservé par Sabaude à ces deux là... Les roux sont si tordus, entre eux.

Coupé dans ses réflexions il se retourne sur sa guide, apparition bienvenue. Frayner s'amuse. Voilà qu'avant lui deux hommes sont menés comme deux moutons par une bergère tandis que lui se ferait accompagner par deux brebis à lui tout seul. Le Duc marquait des points. Il l'observe; elle menue, elle mutine. Son masque est joli. Cela tombe bien, le sien aussi. Il ne la salue pas, ce n'est pas de convenance, mais ses lèvres se contentent de le faire dans un étirement léger.

Le langage des puterelle est bien le plus vieux dialecte au monde... Et quel homme de ce monde ne saurait le déchiffrer? L'enjoleuse en sus du minois a le verbe joli, et sous ses gestes lorsqu'elle prend son bras Frayner reconnait qu'elle est en représentation optimale. Combien te paye-t-on pour y mettre tant d'art, poupée de soudards? Mystère... C'est la seule chose absconde qu'elle semble lui accorder d'ailleurs. Se laissant diriger le bras prisonnier Judas n'a rien de réticent.


Eve, je vous le confie ici et maintenant, je crains de ne l'être autant que vous.

Avant de disparaitre dans le giron de la Mauve, avalé par l'Aphrodite, Judas ne manqua pas d'adresser un regard amusé à Rose. Qui sait s'il ne se retrouveraient pas de façon innatendue...
_________________

(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Brunehautdartois
Ne pas s'agacer de la façon du patron de lui prendre son carton, comme ci elle avait pour habitude de porter une robe de mariée pour le plaisir.
Si Sabaude avait annoncé son arrivée, il devait bien deviner qui elle était.
Mais un sourire vient orner son minois malgré tout, faire bonne figure, après tout le tenancier n'y était pour rien dans cette histoire, il n'était que l'hôte d'une surprise organisée.


Bonsoir Monsieur Tabouret, sauriez vous justement me dire si l'organisateur se trouve en ces lieux, car il a une promesse à tenir à défaut d'être là pour m'accueillir.

Mais à sa question sans doute n'aurait elle de réponse puisqu'à la suite arrivait, déjà, ce qui ressemblait à un courtisan.
Son visage se tourne vers Alyra à qui elle n'avait adressé un mot de tout le voyage, elle ne devait être rassurée de se trouver là, sans trop savoir non plus pourquoi.


Il semblerait que le sieur Dacien soit là pour nous divertir, amusons nous donc en attendant, je surveillerais.

Car dans son esprit il était bien entendu hors de question que le dénommé Dacien pose un seul doigt sur elle ou ne serait ce sur les lacets qui retiennent son corsage.
Son regard se porte ensuite sur leur guide à toutes deux, il n'est pas désagréable à regarder mais de là à rivaliser avec celui à qui elle venait de dire oui pour la vie, il en était bien loin.
Mais à défaut de l'avoir lui à son bras, elle se saisit malgré tout de celui offert et le suit à contre coeur, sa seule hâte connaitre la suite des réjouissances prévues.

_________________
Sabaude
Tout vient à point à qui sait attendre. La lumière rouge... Droit comme un I sur sa selle, le jeune marié contemple l'entrée avec le sentiment que la sienne est attendue. Par qui ? Lui-même en guise de scellé sur cette soirée qu'il a voulu pour quelques-uns de ses invités.
L'extravagant von Frayner dont la rencontre a fait remonter à la surface ses instincts et besoins d'insouciance.
Lug, le passager pas si clandestin d'une quête ducale et amicale.
Alyra la fragile et discrète.
Luckys, un garçon pris en affection, rappel de ses premiers pas en Alençon.
Rosalinde, levé de soleil sur prairie enrubannée de brume.
Nicolas, singulier, Nicolas quoi !
Et la mariée, l'artésienne devenue trop alençonnaise à son goût.
Non, pour eux il n'y aurait pas de retour au bercail après s'être bien rempli la panse lors du banquet, à laisser choir le corps et l'âme perclus de bons sentiments sur des couches trop molles. Le goupil n'a aucune envie de suivre le compassé programme d'une journée qui est celle de tant d'autres.

Devant lui ce qu'on appelle communément un bordel. Il aurait tout aussi bien pu les mener sur une embarcation normande ou dans un périple en foret. Le premier lui aurait coûté la peau des fesses et le second ne garantissait pas son propre retour. L’évasion des sens, le charnel en habit de dentelle, la provocation, l' inapproprié, voilà ce que le cavalier a commandé. Besogner sa dame quand tout le monde s'y attend, sourires convenus et libidineux au coin des lèvres des invités au moment de quitter Moulicent ou de gagner leur chambre ...Non! Il n'a pu s'y résoudre. Pour une pucelle peut-être se serait-il laissé convaincre, mais pas pour une femme d'expérience déjà maintes fois honorée. Il l'a mènera plus tard ailleurs, dans un lieu et un moment qui n'appartiendra qu'à eux.

L'attente prend fin, il ne devrait revoir aucun d'eux avant plusieurs heures, il peut désormais paraître sans crainte. Au bruit du cuir délaissé il oppose le claquement de ses bottes sur le sol et s'arme d'une avenante nonchalance en se présentant, carré purpurin entre l'index et le majeur.


- Sabaude Renard, grand mécène de cette soirée cul...turelle.
Alphonse_tabouret
Dacien était intervenu avant qu’Alphonse n’ait quoique ce soit à dire à la mariée, son nez froncé et ses prunelles vives, lui permettant d’exposer juste à son regard un sourire courtois dont nul secret ne saurait forcer le dessin.
Il avait regardé les dernières hôtes disparaitre dans le couloir avant de pousser un soupir, s’appuyant à la porte dans une pose moins raide, se réjouissant que les courbettes soient presque finies. Celui qui manquait, s’il nécessitait une certaine politesse, ne demandait autant de tact que les brebis qu’il avait mené dans l’antre du loup, celui qui manquait était l’auteur de toute cette mise en scène. Reprenant naturellement ces allures de chat en patientant devant la porte, Alphonse n’eut pas le temps de s’attarder dans quelque pensée que ce fut car, les heures d’arrivées des uns et des autres savamment étudiées laissaient désormais à Sabaude le loisir d’enfin se présenter.


- Sabaude Renard, grand mécène de cette soirée cul...turelle.

-Messire, bienvenue à l’Aphrodite, Alphonse Tabouret, votre Intermédiaire auprès de vos convives
. Le carton fut saisi en même temps que le buste s’inclinait doucement. En affaires, il était bon de savoir cadrer les choses, lui avait appris son père et tant que cette soirée ne serait pas finie, il était au service de son hôte. La poignée de main et la transaction allant avec achèverait définitivement la commande aux petites heures du matin, pour l’heure Sabaude était donc autant client que complice. Ne restez pas sur le perron, nous allons vous faire servir quelque chose à boire.

Sa mine s’égaya d’un air amusé tandis qu’il refermait la porte derrière eux, précédant l’homme pour les mener au bar du salon. Tous les clients de la soirée avaient été menés à l’aveugle dans les couloirs de la Maison Haute et Sabaude ne ferait pas exception… Chaque chose en son temps en somme…

-Tous vos convives se sont présentés et tous sont actuellement occupés dans des chambres appropriées, selon vos désirs. Votre femme a demandé après vous. Il me semble qu’elle espère vivement vous trouver une fois sortie de l’amusement qui lui a été réservé… Le sourire du flamand s’aiguisa tandis qu’il s’asseyait au comptoir, invitant son hôte à faire de même. Si d’aventure vous souhaitiez converser avec elle en toute discrétion, nous saurons vous trouvez un endroit à l’abri des regards… Ce genre de retrouvailles pouvaient être délicieusement vives dans l’empoignade, le jeune homme n’en doutait pas une seconde au vu du regard noir de la mariée et de la nonchalance de son époux . Souhaitez-vous boire quelque chose ?

L’air affable d’Alphonse ne s’effaçait pas, au chaud d’un secret connu de l’exécutant et pas du maitre de cérémonie. Sabaude aussi, avait sa chambre réservée… Après tout, n’avait-il donné pas ce carton rouge, passe-droit des délices les plus exotiques que ‘on pouvait offrir ?
_________________
Sabaude
"Je m’appelle Alphonse Tabouret. Je suis né un jour dans une clairière, tête toute ronde et bras fil de fer. Le Monsieur qui était avec moi est parti, du coup je suis tout seul. Pas grave, je vais le retrouver. Tu m’accompagnes sur le chemin de ma vie ? On va bien s’amuser, tu verras."

- Ne pas rester sur le perron, oui, vous avez raison. J'étais... ailleurs.

Pourquoi avait-il pensé cela ? Les lieux sûrement.... Ses premiers pas au Louvre furent étrangement plus fermes que ceux étouffés dans ce couloir à la soudaine semblance de premier rendez-vous. Une profonde inspiration est prise, ce n'est qu'une maison de plaisirs après tout. Oui, un bordel. Espace clos de débauche dans lequel il pénètre pour la première fois de son existence. Rien d'insurmontable, non rien. D'un doigt il tire sur le gilet devenu gaine oppressante, et yeux clos reprend discrètement contenance. Il n'a rien d'une donzelle et a affronté pire. Du nerf Renard!

- Si mes convives sont tous occupés, épouse comprise, je peux me détendre avec un verre. Deux seront certainement les bienvenus tout bien considéré.

Contenance apprivoisée il prend le temps de détailler son guide. Intermédiaire certes mais employé ou maître des lieux ? Il aurait du questionner Carys plus avant sur sa rencontre et ses impressions.

- Vous êtes nombreux à jouir dans les lieux? A jouir des lieux voulais-je dire?

La bouteille en fait...Surtout si les invités s'évadaient de leur chambre avec de mauvaises dispositions à son égard. D'un geste de la main il balaya la question maladroite.

- Laissez. J'ai du oublier ma désinvolture sur le perron. Un tel endroit est nouveau pour moi contrairement aux apparences.

Rire.
Alphonse_tabouret
Le chemin de la vie tel qu’il l’avait pris ne l’avait pas préparé à ça, il en avait vaguement conscience tout en rejetant cette idée de fatalité qu’il s’acharnait à gommer depuis quelques semaines. En fuyant le toit familial, Alphonse était bien parti de sa clairière, ce petit village perdu dans les Flandres où il était roi et prisonnier à la fois, à la recherche d’un grand Monsieur qui avait tout des apparences de la liberté, toujours trop grand pour être regardé dans les yeux, toujours trop loin pour être rattrapé, et les méandres sans cesse empruntés au travers de ses pérégrinations, jetés par la vie sur le chemin de cailloux blancs qu’il avait cru suivre, l’avaient entravé si souvent qu’il s’était éloigné, en même temps qu’il s’était rapproché de son but.
Après tout, « peu importe la destination, seul compte le voyage » (*) se répétait-il non sans une once d’amertume au coin des lèvres, songeant parfois qu’il aurait aimé un voyage plus court, moins ardu, qui plus est quand la destination restait aussi hasardeuse. Depuis ce baiser échangé sur les remparts champenois avec la Petite Déesse à cheval, son orgueil avait été mis à mal et il supportait de moins en moins de ne rester que le laquais de la Di Favara. Bientôt il ferait un choix auquel même lui n’aurait pas pensé devoir se soumettre et qui le pousserait de nouveau vers la Liberté qu’il cherchait avec autant d’ardeur, mais pour l’heure, il restait attaché, la corde au cou, à ce lieu où flânaient autant les souvenirs que les perspectives faussées de son avenir, et aux jupons parfumés de la blonde duchesse...

Glissant derrière le bar dont il avait provisoirement libéré Adryan, le flamand esquissa un sourire en entendant son hôte buter sur les mots et finalement pousser la sincérité jusqu’à l’aveu :


Laissez. J'ai du oublier ma désinvolture sur le perron. Un tel endroit est nouveau pour moi contrairement aux apparences.
-N’ayez crainte Messire, si elle ne revient pas d’elle-même, nous irons la chercher une fois que nous aurons bu quelques verres à votre audace…, répondit-il en posant un verre devant Sabaude, choisissant un vin d’Espagne aux parfums délicats mais délicieusement entêtants… Et il en faut de l’audace pour envoyer une fraiche mariée s’amuser dans un bordel. Son sourire s’effila, amusé. J’ignore encore si vous avez agi avec la plus incroyable des créativités ou la plus parfaite inconscience… Il faudra nous tenir au courant… nul doute que les employés seront curieux de savoir si vous finirez avec les honneurs ou quelques coups de pieds dans les cotes… Il poussa un verre plein devant Sabaude tout en se servant le second, habile et entrainé à ce genre de taches. Et pour répondre à votre question, les habitants qui jouissent dans ces lieux, reprit-il volontairement en posant la bouteille pour se saisir de son verre, sont au nombre actuel de six… Il faut rajouter à cela le personnel de maison… Entre les hommes de main, les domestiques, le barman et moi-même, vous devez allonger la liste d’une dizaine de personnes supplémentaires. Il leva son verre et le tendit face à celui de son hôte : Une ruche entièrement à votre service ce soir… Le bruit du verre tinta entre les deux hommes, et le flamand, l’air de rien, attarda ses prunelles amusées dans celle de Sabaude une fois la première gorgée de vin avalée, filant au travers de sa gorge asséchée par les courbettes effectuées. Dites-moi, Messire, vous avez l’air d’aimer les surprendre les autres… Qu’en est-il de vous-même ?

(* proverbe)
_________________
Sabaude
Le verre est regardé pour ce qu'il est, une invitation à détendre l'esprit et à délier la langue. Les traits étirés par un sourire accompagnent le doigt sur le contour du contenant et un premier jet de réponse.

- L'audace est précieuse à tout homme qui ne veut céder son âme à Dame Convenance. Timide et nous voilà seul au salon à fumer la pipe devant l'âtre, trop hardie et c'est à coups de bâton que nous sommes chassés. Certains diraient que la mariée n'est plus si fraîche; l’intéressée, perdue dans les affres féminines le soutiendrait mêmement. Le constat doit être banni et le périple commence ce soir.

Soumis à ses serments, libre de ses pensées indociles, versatile du travail à l'amusement, il ne saurait s'adonner à la naïveté. Le majeur délaisse ses cercles pour se joindre à ses comparses sur la joue du seigneur dont le menton trône sur une paume.

- Si les employés doivent me panser ils sauront à quoi s'en tenir. Croyez-moi les honneurs ne figurent pas sur la liste des possibles. L'incompréhension requalifiera peut-être l'acte en facétie.

Ses prunelles passe du vin qu'il réduit d'un tiers à celles de son hôte.

- Sans surprise la vie est fade, donc oui j'aime l'être. Cependant le prudent ne saurait totalement laisser l’inattendu inapprivoisé s'il peut l’empêcher de trop ruer une fois sa nature exposée. Et vous même Alphonse? Que faites vous ici à l'Aphrodite? Vous surprenez, vous assouvissez, vous enivrez pour vous assurer que le client ne saura fuir avant d'avoir payé?

Le rire compatissant finit en plongé dans les parfums que seul le raisin sait exprimer.
Alphonse_tabouret
Sabaude devisait, et fort bien, amusant malgré lui le flamand qui s’était préparé à devoir courtoisement occuper leur hôte jusqu’à ce que sonne le dernier rebondissement prévu de la journée avant d’enfin pouvoir aller rejoindre le cœur de son antre et ses précieux chiffres annihilant jusqu’à la moindre particule d’imagination ou de dérive de l’esprit. Il refréna de lui-même l’humeur amusée qui venait effleurer ses lèvres d’un sourire et de mots prêts à rebondir, se souvenant des leçons enfoncées dans son crane durant des années d’apprentissage servile. Un contrat en cours ne subissait aucune familiarité… Pour la première fois, avec une presque curiosité, l’idée le traversa que si le patriarche était un commerçant de génie à défaut d’un père, il se pouvait que parfois, dans de rares occasions, il n’ait pas toujours raison…
L’idée fut balayée en une seconde, sans plus s’y attarder, sans se douter que la graine était désormais là, lovée aux creux d’un tumulte qui n’en finissait pas de la pousser à avancer. Malgré la colère, le dégout, la répulsion et la damnation de ce sang commun dans leurs veines, Alphonse restait froidement lucide. Son père était un esthète dans ce qui touchait aux affaires et tant qu’il s’attacherait aux règles les plus élémentaires de la transmission de ce savoir, lui non plus, ne pourrait pas se tromper.
Il aurait aimé attarder la discussion, prendre quelques instants lui aussi, à deviser, tranquillement, mettant de côté ce décors où tout criait qu’il était de service pour s’abandonner au hasard d’une palabre, à une légèreté dont il croyait encore que sa fonction le privait.


-Tel que vous me voyez Messire, ici, je suis comptable, répondit-il à Sabaude en croisant son regard. Si les catins sont libres de leurs tarifs et perçoivent directement le fruit de leur prestation, il n’en reste pas moins toute une maison à faire tourner. J’ai bien peur que mon travail soit bien moins alléchant que celui que vous imaginez… Son sourire disparut un instant au profit d’une gorgée de vin avant qu’il ne reprenne d’un sourire contrit où se tissaient des bribes d’amusement. Je passe ma journée dans les chiffres, les rendez-vous et les livraisons. C’était au fond, la plus stricte vérité, seule la véritable perspective des deux maisons permettait de mettre en relief toute la profondeur des propos. Un éclat dans le miroir attira son attention. Le temps avec Sabaude, compté dès lors qu’ils avaient été seuls, venait de prendre fin. Se redressant , offrant une expression doucement espiègle à leur client, le jeune homme reprit : Je suis également celui qui est chargé de vous offrir quelque chose au nom du personnel de la Maison haute. Si jamais vos invités n’appréciaient pas leur cadeau à leur juste valeur, nous tenions à vous faire savoir que nous, ne doutons pas de l’intention et de ce qu’il vous en a couté. Considérez ce qui suit comme un remerciement à la confiance que vous nous avez témoigné... ou les honneurs, dus à l'audace.

Derrière Sabaude, le cliquetis discret de petites perles résonna à la façon d’un chant nouveau, tout juste perceptible, tandis que des pas feutrés venaient s’ajouter aux accents bruissant des tissus.
_________________
Azadeh



Fut-elle émergée des eaux bleues aux entrailles de raisins, on l'eut dit soeur déesse des sirènes pour l'ivresse de sa présence et l'ondulation miroitante de sa démarche, lesquelles donnaient déjà à croire que l'on se trouvait à demi noyé dans une onde joueuse soumise à sa volonté. Toutefois si elle évoquait irrésistiblement les azurs méditerranéens, ses légendes envoûtantes et ses mythes fatals, plus encore faisait-elle brûler le feu implacable d'un soleil tyrannique sur l'océan doré des déserts orientaux, plus encore elle en susurrait le charme fatidique de nuits infinies mêlées de secrets, de menaces, de plaisirs réservés aux dieux ou aux héros, et dont une seule suffisait sous l'empire des étoiles pour que mille autres s'ensuivent emportant la victime égarée mais séduite vers les destins les plus redoutés aussi bien que les plus intenses

Elle serpenta jusqu'à lui, telle une créature surgie des plus lointains passés, issue d'une époque où les femmes se mêlaient librement au génie des serpents sans que la faute y soit encore conçue, mais seulement le pouvoir, la connaissance et cette science que toute femme recherche sur le coeur des hommes, et qu'ils ont pris goût de nommer poison.

Ventre nu plongeant sous le tissu léger d'une jupe rouge parée d'or sous laquelle se devinait le dessin des jambes, gorge serrée dans la délicatesse d'une soie amoureuse, manches dénudant les épaules, se rattachant aux poignets qui offraient au désir cette double envie d'une main aventureuse sous l'étoffe qu'un regard pourrait suivre, elle le salua d'un mouvement de tête qui parut presque un défi d'orgueil, puis un sourire ravageur lui illumina le visage


Messire, les dieux m'ont enjoint de m'intéresser à votre sort, vous êtes mon protégé pour cette nuit... Je suis Azadeh...

Voix de délice et d'incandescence dont l'exotisme de l'accent en se faisant voyageur paraissait impossible à déterminer mais très propre à guider à la perte. Comment décrire l'effet complexe que la fille d'un Persan et d'une Égyptienne, portée par la naissance à savoir le grec, le latin, et puis le français par les suites d'un enlèvement, pouvait transporter dans les couleurs de son intonation ?

Elle prit d'abord soin de remplir son verre, puis


Mon champion voudra-t-il d'abord que j'enchante ses yeux d'une danse, ou bien préférera-t-il pour ses oreilles les plaisirs délicats d'une histoire, pour son corps ceux d'un massage ou encore... pour son âme... ceux d'une voyance ?
Sabaude
Tabouret tu te fais chaise à bascules! Oh que ce sourire en coin et cet air de "Allez messire, vous goûterez bien vous aussi à nos plaisirs"... d'offrir ne sont pas pour lui plaire. Aux tintements le verre est saisi d'un geste ample et aérien, lui même pivote pour accompagner la fin de course en demi cercle et faire face à son " cadeau".

- Alphonse, vous jouez avec le feu! Si la mariée venait à montrer le bout de son joli nez vous n'auriez plus qu'à faire la comptabilité sur des ruines fumantes.

Et encore il est peut-être en deçà de la vérité. Plus le présent approche plus sa gorge se noue. On a pas idée de lui envoyer pareil...pareil... une que le Judas n'aura pas! Et lui non plus ! Détourner le regard, y parvenir à demi, céder au spectacle.

- Si je suis votre protégé, je suppose que je n'ai à craindre d'une colère divine.

Mais qu'en sera-t'il de celle de la mariée...? La tête est secouée pour retrouver ses esprits. Ce n'est pas la réponse qu'il aurait du formuler. Et encore moins celle qui suivra. Jamais il n'a vu telle beauté, il faut dire que l'exotisme en Alençon consiste en quelques tendrons encore vierges et puceaux naïfs se piquant de politique comme des bout-en-train bon pour la rôtissoire. Ne pas oublier les voyageuses artésiennes. La bouche est pâteuse, le verre vidé en quelques traits.

- Je prends le tout sauf le voyance! La danse, l'histoire et le massage seront assez. Si vous enchantez aussi bien que le vin enivre me faudra-t-il craindre quelques philtres?

A ne pas sortir souvent de son trou, le regard bute et devient captif. Tabouret est maudit sur bien des générations sans le savoir. Si elle le laisse faire il prendra une main, y déposera un baiser chaste et se présentera en tant que Sabaude. Le prénom suffirait.
Azadeh
La main gracieusement offerte à la galante attention, c'est avec un sourire aussi conquis qu'incendiaire qu'Azadeh condescendit, de l'exquise hauteur où splendide d'une féminité sauvage elle donnait fascinante preuve d'instant en instant par sa respiration et le battement de ses cils, de la réalité tangible, chaude et vivante de son incarnation parmi les humains, à incliner vers Sabaude son buste et sa voix, de l'un répondant à sa requête par la courbe du corps, qui offrait comme ultime assentiment une vue saisissante sur les délices bombés de sa poitrine qu'un simple souffle sur le nœud qui la compressait tendrement eut suffit à libérer toute entière aux plus folles attentions ; de l'autre tel le prolongement de l'interminable supplice pour le regard, livrant la mélopée de ses intonations, rieuses enténébrées, de soleil et d'envoûtements pour lui susurrer

Pas de voyance ? Le gentil(*) Sabaude me cède tout sauf son âme ? Je crois bien que je vais en être inconsolable... et délicieusement vengeresse.

Se redressant avec langueur sur cette promesse joueuse, Azadeh se tourna de profil de façon à le priver en première revanche des paysages plus tôt contemplés, puis elle vint souffler autour de lui quelques chandelles pour ne conserver de lumières que les plus intimes, les plus propices à étendre ensuite l'indiscrétion de leur aura sous les tissus, à faire danser les ombres les plus suggestives du feu obscur de la convoitise
.
Regard revenant se consumer dans le sien

Nul philtre, mon beau Messire, je propose à vos yeux un voyage de périls et de ravissements tel que le Grec Ulysse n'en a pas connu.

Souriante d'assurance orientale et de provocation féminine, elle leva lentement les mains comme au préambule d'un sortilège, commença de faire cliqueter les sons clairs des sagattes (*) entre ses doigts et sous le rythme tintant s'éprit des mouvements ondulants d'une danse langoureuse qu'enchantaient de sonorités liquides comme de fines cascades où les nymphes seraient venues abandonner le secret de leur nudité, les parures dorées de ses manches et de sa jupe. Hypnose lente des gestes et des postures, Azadeh dansa sur les mystères du monde comme portée par un cantique dévolu au culte de la beauté. Chaque pas, chaque mouvement des hanches, chaque position de la main composaient une nouvelle figure plus délicate que la précédente, plus savoureuse, d'une complexité si fluide que l'accomplissement ne laissait de surprendre et de ravir à chaque fois. Creux des hanches, ligne de fuite le long de la cuisse, courbe devinée de la chute de rein, satiné de la poitrine, mais plus encore, finesse de la cheville dans la légèreté d'une jambe un instant avancée, grâce du dépliement du bras ouvrant le délié de la main jusqu'à la délicatesse des doigts, magie de la silhouette, incandescence de l'iris. Aucun instant n'était abandonné avant que de parvenir à une apothéose dont la succession secrétait une fresque tissée de douceur, de violence, de joie, de supplique, de cruauté et d'amour, toute la tragédie humaine, son destin , sa chute et son salut transfigurés par le corps féminin dans le conte érotique de la vie. La danse d'Azadeh était un poème, une incantation, un rêve de la femme en offrande au plaisir des dieux.

L'Orientale acheva son ensorcellement juste avant l'instant brûlant qui devait voir la danseuse emportée par l'homme au sacrifice.
Le temps d'un battement de cils, elle eut pour lui un sourire très intime comme à la suite d'une confidence dont le partage imposait un lien. Puis elle se rapprocha, sa hauteur de défi se dissipant au profit d'une présence plus caressante.


L'aventure vous a plu ? Je vous ai évité pour la sauvegarde de votre âme, la fréquentation des sirènes et de Circé.

Son sourire passa de la taquinerie à la gourmandise.
Serait-ce maintenant le moment choisi pour un massage ?


* : "gentil" dans le sens bien sûr de "noble", "gentilhomme"
* : sagatte : castagnettes orientales constituées de paire de petites cymbales.
Sabaude
Pas un mot ne franchira ses lèvres jusqu'au déhanché final. Nonchalamment appuyé d'un coude sur le comptoir il a regardé ou plutôt contemplé, appréciateur. S'il aime à faire croire parfois qu'il s'en drape, la naïveté est de ses atours inutiles qu'il a depuis longtemps jeté aux orties. Aux charmes féminins il ne saurait succomber, il est déjà envoûté par son artésienne. Cependant il aime jouer. A la caressante présence il se redresse, oppose la sienne. Ses lèvres effleurent des carmines et une joue qu'il suit comme une dune jusqu’à fleurter avec l'oreille et saisir deux poignets qu'il rapproche pour en poser les mains sur ses épaules.

- La traversée fut de ces voyages exotiques qui laisserait bien des naufragés assoiffés. Des Tantales dérivant sur un radeau d'envie. Merci pour les sirènes, je vais faire attention pour la suite. Quant au massage c'est en effet le bon moment. Si vos doigts s'"expriment" aussi bien que vos hanches et votre ventre, le délassement qui m'attend force mon intérêt.

Pirouette pour faire signe que deux verres de vin seraient les bienvenus. Souriant il revient au face à face.

- Ne vous aventurez pas au delà de la ceinture. Il y a des périls plus grands qu'une rencontre avec Circé. Présentement il est derrière une des portes de l'Aphrodite.
_________________
Alphonse_tabouret
Azadeh était un bijou, une perle orientale façonnée d’on sait quoi par on ne sait qui, et dès lors qu’elle apparaissait dans une pièce, on se moquait bien du Dieu Unique, venant à espérer que les dieux impies qui savaient faire les femmes à cette image-là ne s’empressent de peupler à nouveau les croyances des hommes. Alphonse l’avait déjà vue à l’œuvre, et connaissait les multiples qualités dont la courtisane savait se paraitre pour égayer les hôtes qu’elle choisissait de ferrer et quand son nom avait été proposé par l’une des catins pour réserver à Sabaude la surprise qu’il méritait, c’était un sourire de chat satisfait qui avait peint le visage du flamand.
A son entrée, le comptable s’était tu, ravi d’être l’un des témoins privilégiés des danses qui enflammaient l’imagination des clients croisant son chemin et à la remarque de Sabaude quant à la mariée, s’était contenté d’un rire léger et d’une main sur le cœur dans un air autant amusé qu’angélique, assurant à son hôte qu’être en vie lui suffirait amplement à alléger sa peine.
Son verre de vin avait erré à ses lèvres conquises d’un sourire de dégustation quand les bras d’Azadeh avaient commencé à animer l’air, quand ses voiles avaient semé des arabesques de couleurs sur le cuivre de sa peau, portées par les encens savamment choisis dans la pièce où l’orientale écorce de l oranger amer venait se mêler au tendre de la rose et quand les roulement onctueux de sa chair avaient œuvré, précis, aériens, pour les seuls yeux de Sabaude et du comptable, discrètement retranché derrière le comptoir où officiait d’habitude Adryan.
Un soupir lascif s’échappa des lèvres du flamand lorsque la catin eut fini son envoutement et laissa quelques instants aux charmes de la méditerranée pour quitter ses tempes avant de remplir à nouveau les verres de vin, comme on le lui demandait, en amenant un troisième pour régaler la courtisane si d’aventure l’envie lui venait.

Azadeh savait qu’elle avait bien des pièces ou des recoins dont elle pouvait se servir pour gagner un peu d’intimité avec son client et le délasser avec toutes les délicatesses de son savoir, mais elle était aussi prévenue du mariage récent de leur commanditaire et de sa possible retenue.

-Je ne nous vois point partager le massage mais vous avez toute ma gratitude pour m’avoir fait profiter de la danse, glissa-t-il en avançant le verre de Sabaude vers lui dans un sourire amusé. Permettez que je m’éclipse quelques secondes pour aller chercher une autre bouteille… Les envies du marié ne regardaient que lui et il était hors de question pour Alphonse d’être le garde-fou de quoique ce soit… L’excuse du départ fut lancée sans qu’il n’espère une seconde tromper Sabaude sur le moment légitime de solitude qu’il lui accordait, et dans un hochement de tête courtois annonçant un retour prochain, le jeune homme s’esquiva, laissant les verres pleins sur le comptoir.
_________________
Azadeh
L'orientale offrit de grands yeux à ceux de Sabaude lorsqu'il vint la saisir et goûter en esthète le velouté de sa peau. Arrogance mêlée d'invitation, le noir d'encre alchimique de ses iris parut abriter des trésors de merveilles que le pétillement du regard incitait à rêver empli de joyaux de plaisir répandus en abondance pour le privilège réservé des plus fins initiés. Azadeh battit des paupières emportant ses secrets dans le ravissement d'un sourire, penchant la tête comme pour emprisonner la sienne à l'effleurement de l'oreille. Elle ne retint toute fois son hôte que par le son de sa voix pour le remercier de ses compliments.
Laissant le temps aux hommes d'échanger leurs propos, elle eut une œillade complice à l'adresse d'Alphonse en réponse à la satisfaction qui se lisait sur son visage, puis remerciant d'un signe de tête pour le verre proposé mais sans approcher, tint ces mots à Sabaude


Nul péril, beau messire, que celui guettant votre âme d'être trop savoureusement bercée. Je n'ai aucun besoin de défaire vos liens pour en tisser d'autres, qui vous tiendront savamment captif aussi longtemps que vous le désirerez.... si d'aventure...

Elle se versa alors sur les mains quelques gouttes d'une huile sèche dont l'odeur d'essence de plantes se fit aussitôt envoûtante, puis contournant Sabaude, l'entourant d'un sourire charmant de malice, elle parvint dans son dos

… vous vous sentez capable de résister...car on ne saurait faire plus beau voyage qu'Ulysse sans faire à son tour l'épreuve des femmes pélagiques.

d'où elle vint glisser de part et d'autre de chacune de ses oreilles ses doigts écartés dans sa chevelure, faisant douce emprise sur le cuir du crâne qu'elle soumit aux lentes oscillations tendrement pressantes des pulpes digitales, retirant puis ramenant ses mains dans un effet de ressac et de houle délicate pour emmener les sensations dans un mouvement de langueurs voyageuses..


… les Grecs, confia-t-elle à l'oreille d'une voix enchanteresse où les accents d'Orient tintaient d'une musique délicieuse, après bien d'autres eurent grande raison de craindre les sirènes comme de tous les sens, c'est bien l'ouïe le plus faible. L'oreille n'a pas de paupière, on ne peut cesser d'entendre, et c'est là, la magie première de toute histoire...

Azadeh fit une pause avant d'ouvrir sa narration, ne cessant d'envahir la chevelure de Sabaude de la sorcellerie de ses doigts bienfaiteurs.


Il y avait dans la belle ville de Cordoue un certain Messire Enrique Duc de Velasquez dont le tempérament eut passé pour tout à fait épouvantable et propre à jeter sa famille entière dans la honte, s'il n'avait possédé encore par dessus tous les excès qu'il ne semblait jamais fréquenter en assez grands nombres une fougue exubérante qui forçait dans son audace sans limite l'estime de ceux qui le haïssaient et enlevait jusqu'à l'admiration celle des autres. Aussi bien disait-on plutôt du beau seigneur qu'il était « terrible », mot que les femmes ne prononçaient jamais sans quelques frissons secrets, lui ajoutant souventes fois celui d'indomptable avec des yeux soudain rêveurs. Noceurs, sacreur en diable, suborneur de fillettes, terreur des pères de famille, buveur impénitent, joueur invétéré, le Duc ajoutait à cette série de distinctions les effets d'un caractère querelleur, duelliste, d'une insolence sans borne qui lui eût valu bien des jours en prison si les hommes de loi avaient moins craint d'affronter sa faconde assassine au tribunal pour essuyer ensuite le mépris de leur femme au foyer pour l'atteinte portée à leur coqueluche et le ridicule reçu en retour.
Or il s'en vint au cour d'une de ces soirées où le seigneur après avoir semé un long tapage à travers la ville et avant que de s'en aller éprouver le mariage d'un notable quelconque ou bien d'infester l'un des jardins de sa présence entouré de ribaudes, qu'on lui adressât subitement un défi encore inouï. A la table de jeu où il se trouvait alors, la chance s'était acharnée à lui complaire, les cartes s'étaient si bien jouées de ses adversaires qu'elles les avaient abandonnés en des mains calamiteuses, et que ses gains sur le tapis avaient pris l'allure d'un butin monticuleux. Les regards noircis des convives par la défaite et le lot de railleries que Vélasquez ne manquait pas de distribuer à chacun en jetant des poignées d'écus pour recommander à boire s'étaient faits rôdeurs de la cagnotte trônant au milieu de la table à l'expression de leurs pairs dans l'infortune, lorsque soudain l'un d'eux avait su faire renaître des sourires satisfaits de représailles vindicatives en défiant le messire que toute dorée que fût sa réputation de bravoure, il n'engagerait pas le magot sur la table dans le pari de passer la nuit dans le cimetière arabe.
« Sacremort du Grand Diable !, fut la réponse de l'intrépide, non seulement j'y passerai la nuit mais j'y chanterai les plus inconvenantes des ballades licencieuses et vous pourrez m'entendre par delà le mur ! ».
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)