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[RP] Tout cela doit rester entre nous

Della
Un matin, un messager apporta un pli à l'Intendant de Hauterive.
Il avait pour ordre d'attendre réponse.

Citation:
    Cher Haldor.

    Bonjour.

    J'aimerais vous entretenir d'une entreprise délicate. Pour ce faire, je souhaite vous rencontrer en toute discrétion, sans aucun témoin.
    Vous connaissez mieux les alentours de Hauterive que moi, je vous fais confiance.
    Votre jour et votre heure me conviendront.

    D.

_________________
Haldor
[Tour Sud, dans son bureau]

      « Maître, les affaires vont au mieux.
      « Bien !
      « Mais vous pourriez être plus souple, le peuple vous en serait reconnaissant…
      « L’essentiel est qu’il produisent. Je ne suis pas sévère, je suis Juste !
      « Tout de même… Il n’y aura bientôt plus assez de gibets pour…


    Le pauvre Ranulph fut intérrompu dans sa plaidoirie par un messager.
    Il portait à sa main un pli qu’il remit à Haldor.
    Le Ténébreux sursauta presque, perdu dans sa contemplation du mont Saint-Sulpice.
    Il prit le pli, le parcouru rapidement, opina du chef et retournant à son bureau, il prit plume et morceau de vélin vierge pour y coucher ces quelques mots.

    Citation:
    Baronne,

    Je vous donne rendez-vous dans la grotte. Vous la trouverez facilement.
    On y accède en barque, elle se trouve au pied de falaise, sous le fort.
    L’endroit est lugubre et humide, l’on y accède du fort que par un passage dont je suis le seul à avoir le secret. Les gardes même ne le connaissent pas. Je l’ai trouvé tout à fait par hasard.
    Là, nous sommes sûrs qu’il n’y aura aucun témoin…

    Respectueusement,


    H.


    Puis il rendit le pli au messager, retournant à la contemplation de Hauterive tandis que Ranulph parlait dans le vide.

_________________
Della
[Seignelay, petit salon de la Baronne.]

Citation:


Je vous donne rendez-vous dans la grotte.

- Tiens, il y a une grotte, à Hauterive ?

Citation:


Vous la trouverez facilement.

- Je l'espère.

Citation:


On y accède en barque, elle se trouve au pied de falaise, sous le fort.

- C'est ça, facilement ? Hé ben dis donc...Je la trouve où, moi, la barque ?

Citation:


L’endroit est lugubre et humide

- Brr...très réjouissant !

Citation:


Là, nous sommes sûrs qu’il n’y aura aucun témoin…

- Ca, c'est bien. Je savais que je pouvais lui faire confiance !

[Hauterive, galère.]

Heureusement qu'elle avait mis des braies !!
C'est que manoeuvrer une barque n'était pas aussi simple qu'il pouvait bien y paraître !
Cela lui rappela des joutes navales, en plein hiver, un très mauvais souvenir !
Elle frissonna rien que d'y penser.
Il n'était pas l'heure de faire mémoire mais bien de tenir les rames et de ramer donc de façon à ce que cette fichue barque aille dans la direction qu'elle voulait lui donner !

Han, un coup par ci.
Han, un coup par là.
Et à chaque fois, de larges éclaboussures qui mouillent la Renarde de haut en bas !
Et voilà maintenant que sa cape glisse sur le côté, qu'elle tente d'en rattraper le pan tout en maintenant le cap et l'allure...En vain, la voilà qui semble faire demi-tour au milieu de l'eau...

Palsambleu ! Mais va donc tout droit, espèce de coquille de noix !

Et han, qu'elle tire sur la rame à droite.
Et han, qu'elle tire plus fort à gauche - pour se remettre dans la bonne direction.
Et qu'elle rumine et vocifère entre ses dents contre le monde entier, avançant malgré tout enfin vers la grotte.

S'arranger pour que la barque se range gentiment le long du bord : fait.
Ramasser les rames dont on aura encore besoin : fait.
Sortir de la barque : fait.
Attacher la barque : fait.

Trouver Haldor : en cours.

Haldor ? Ha-a-a-l- dor, où êtes-vous ?
Houhou...Haldor ?
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Haldor
    Le Ténébreux attendait dans une petite cavité près de ce qui servait de port sous-terrain.
    La Baronne ne pouvait pas voir l’étendue de la grotte, ni même la lueur de la torche qui éclairait les quelques caisses et le tonneau servant de table où il attendait patiemment l’heure du rendez-vous.
    Il venait souvent ici pour réfléchir. C’était sa cachette, là où seul Ranulph savait où le trouver, bien qu’il ait interdiction de venir l’y trouver.

    Soudain il entendit la barque arriver, le bruissement des vaguelettes s’écrasant contre la roche du rivage.
    Il l’entendit l’appeler et le jeune Lefebvre von Stern se décida à sortir de sa tanière, torche éclairant son visage grisâtre et de marbre.
    Et de sa voix caverneuse il lança :

    « Le Bonsoir, Baronne.

    Un semblant de sourire se laissa apercevoir l’espace d’un instant derrière ses traits sévères.
    Il ajouta :

    « Avez-vous trouvé facilement ? Que puis-je pour vous, Baronne ?

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Della
Enfin, une lumière apparut, Haldor ! Ou plutôt la torche que portait Haldor...Haldor est aussi une lumière dans le coeur de Della, mais cette lumière-là n'éclaire pas au sens propre dans l'obscurité. Soit.

Trouver facilement ? Grand dieu non ! Et heureusement, sinon cela voudrait dire que n'importe qui pourrait être ici, à nous écouter.

Rappelez-vous que par moments, Della présente quelques troubles de persécution qui la font douter de tout et de tout le monde !

En présence d'Haldor, elle se sentait cependant rassurée et prête à lui confier sa vie ou ses noirs projets.

Ainsi donc, après avoir reluqué par dessus son épaule pour être certaine que personne ne l'a suivie, elle entraîna Haldor un peu plus loin dans la grotte où les gouttes d'eau chantaient en tombant sur le sol érodé.

Une fois qu'elle pensa être assez loin, elle posa sa main sur le bras de son Intendant et parlant à mi-voix :

Haldor, mon ami, j'ai cru comprendre, avec cette affaire de belladonne, que vous aviez quelques entrées dans des milieux que j’appellerais...douteux.
Se rendant compte de ce qu'elle venait de porter comme jugement, elle se reprit et serra un peu plus fort le bras de l'homme.
Surtout, ne prenez pas ça mal...surtout pas...je n'ai aucun jugement à avoir...
Large sourire avant de continuer.
Seulement voilà...si...je dis bien si je devais engager quelques personnes peu scrupuleuses, pour un travail...comment dire ?...un travail délicat...pourriez-vous me dégoter ces personnes ? Discrètement, bien entendu !
Les mots étaient sortis avec hésitation, Della n'était pas à l'aise avec ce genre de commerce. Elle retint son souffle un instant, pour écouter...mais il n'y avait que le "Ploc ploc ploc" des gouttes...Personne donc ! Ouf. La Renarde releva le col de sa cape.
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Haldor
Le jeune homme rit d’un rire rauque aux premières paroles de Della avant qu’elle ne l’entraîne plus loin encore dans la grotte.
Le secret devait être grand, la discrétion de mise.
Le Ténébreux n’était pas peu fier de la confiance que la Baronne lui accordait.

« Ne craignez rien, Baronne. Je vous écoute, personne d’autre que moi ne connait cet endroit…

Et il écouta…
Les premiers mots lui firent plisser légèrement le nez.
D’un autre côté, elle n’avait pas tort.
Il attendit qu’elle ait terminé avant de prendre à son tour la parole.

« Oh vous savez, je ne connais guère de monde. Mais j’ai peut-être une idée. Vous semblez me faire confiance, Baronne ; alors je vais vous conter le secret de ma fortune.
Feu mon père n’était pas un riche négociant. Il régnait en maître sur la pègre de Trondheim. Sa fortune à sa mort était toujours immense, mais son notaire m’apprit qu’il léguait tout à son apprenti : un jeune rouquin que l’on appelait Le Renardeau. Je n’héritais de sa fortune qu’à la condition que ce Renardeau soit aussi froid que ces eaux.
J’ai fait appel à une spécialiste que j’ai rencontré par hasard. Je logeais alors dans une auberge à la Cour des Miracles.
Quelques jours plus tard je présentai au notaire la tête de l’apprenti et son index portant une chevalière frappée d’un R, dans un petit coffret sur un coussinet de velours.

Aucune émotion ne transparaissait sur son visage aux traits sévères.
Il laissa un moment de silence avant de reprendre.

« J’aurai pu me charger moi-même de son cas, mais il se montrait trop méfiant envers moi.
Tout cela pour vous dire que je saurai vous trouver la personne qu’il vous faut, je puis peut-être moi-même me charger de l’affaire…
Mais j’ai besoin que vous m’en contiez plus à ce propos… de quoi s’agit-il ?
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Della
Les yeux de Della s’agrandirent alors qu'elle écoutait le récit d'Haldor...

Un roux...Elle grimaça. Justement, l'objet de son affaire pourrait bien aussi être roux...Coïncidence ?

Les roux sont une nuisance pour les yeux des gens honnêtes !

L'image de la rouquine se promena devant ses yeux, la narguant, roulant des hanches, attirante comme le diable ! Son regard devint couleur acier, elle rageait. De fait, elle avait serrer un peu plus le bras du Ténébreux à qui, se sentant encore un peu plus en confiance après sa confession, elle répondit, toujours prudente :

La Cour des Miracles...peut-être est-ce me bon endroit en effet pour trouver les gens dont j'aurais besoin...Elle se tut, repensa à la proposition d'Haldor de faire lui-même le boulot...Il serait imprudent que vous trempiez là-dedans, on vous relierait à moi et...Et il valait mieux pas !

Bon, il fallait en dire un peu plus, c'était évident, surtout que la tâche ne serait pas plaisante...

Il s'agirait d'un enlèvement.

Silence.
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Haldor
    Le Ténébreux resta de marbre lorsque Della fit une remarque qui ne lui plut guère à propos des roux.
    C’est que son cœur et son corps était tiraillé par deux jolies rouquines…
    Il s’étonna puis se ravit que la noble dame ne fut pas plus gênée par rapport à l’histoire qu’il lui avait conté.
    Il avait eût peur de faire mauvais genre. Peut-être était-ce le cas, peut-être par cet aveu gagnait-il un peu de sa confiance.
    Le fait est qu’elle déclina son offre.
    A la réflexion, le grand brun en conclu qu’elle n’avait pas tout à fait tort.

    « Oui, vous avez raison Baronne…

    C’est alors qu’elle répondit à son attente.
    Il en sut enfin plus à propos de l’affaire dont il s’agissait : un enlèvement !
    Voilà qui plut au Ténébreux et un sourire malsain se laissa déchiffrer derrière ses traits durs.

    « Un enlèvement… Je vois.
    J’ai besoin de plus de détails. De qui s’agit-il ? L’affaire sera-t-elle corsée ?

    Puis il se tut, laissant la Baronne répondre à ses questions.

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Della
L'obscurité empêcha Della de distinguer le sourire qui se dessina sur les lèvres d'Haldor, l'empêchant ainsi de se rendre compte du plaisir qu'il éprouvait à l'idée d'un enlèvement. Elle-même en étant encore outrée, même si cela venait de sa propre initiative.

Haldor posait des questions, il voulait des détails. Normal. Ces détails étaient difficiles à prononcer, pour la Renarde car si elle était convaincue que cet enlèvement était la solution au problème, elle n'en demeurait pas moins très contrariée.

L'affaire risque d'être délicate, oui, en effet. La personne à enlever ne sera pas en mesure de se défendre mais...elle ne sera sans doute aisée à approcher, elle sera probablement sous la surveillance de...d'une autre personne qu'il faudra éloigner, duper, amadouer, peu importent les moyens ! Lorsque cette personne aura été enlevée, il ne faudra surtout pas lui faire de mal, mais il faudra l'amener ici, à Hauterive...

Pour un début, c'était bien, même si sa gorge se serrait.

Il y eut un bruit, elle leva la tête, comme une biche le ferait au fond de la forêt. Si quelqu'un était là ?

Haldor ? Qu'est-ce que c'était ?
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Haldor
    Le jeune homme resta silencieux tandis que Della lui contait les modalités de l’affaire.
    En apparence, l’affaire ne devrait pas être si corsée.
    Mais le Ténébreux avait trainé dans tant de coups tordus qu’il se méfiait des affaires faciles à première vue.
    Il lui fallait plus de détails. Une question lui vint en tête…

    « La personne à amadouer… Peut-on la réduire au silence, ou ne faut-il pas lui faire de mal à elle aussi ?

    Il réfléchissait, il avait déjà quelques idées en tête, mais il se devait de prévenir la Baronne…

    « Vous savez, lorsqu’on embauche, l’on ne sait jamais sur qui l’on tombe vraiment. Pour ce genre d’affaire, j’ai une personne de confiance mais elle est très occupée.
    Je vais devoir recruter à la Cour des Miracles, mais la plupart ne sont pas des tendres. Mais l’affaire n’est pas impossible et je ferai en sorte que votre ennemie arrive saine et sauve à Hauterive.

    Mais il lui manquait un détail, et de taille !

    « Si je puis me permettre, Baronne… de qui s’agit-il ? »

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Della
Réduire au silence...Hmm...ça lui plaisait ! Elle répondit avec un peu trop d'enthousiasme :

Oui oui, l'autre, on peut la...faire taire, il n'y aucun souci à cela !

L'idée de savoir celle-la hors de la circulation lui était par trop agréable...pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? A cause de l'objet de l'enlèvement, évidemment !

Haldor parla d'amie à emmener à Hauterive, Della sourit...elle avait été tellement peu loquace sur qui devait être enlevé que Haldor en faisait une femme...Elle rit, un peu.

Ce n'est pas à proprement parlé une "amie". C'est...Ouille, ça, c'était difficile à dire...c'est un garçon...un bâtard...un gênant bâtard ! Voilà, c'était dit...enfin pas tout encore...garçon, bâtard, cela restait vague...
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Haldor
    « Les Bâtards sont toujours gênants…

    Un gênant bâtard… ces mots firent plisser le nez du Ténébreux.
    Lui-même en était un, un bâtard parmi tant d’autres laissé par son père.
    Mais le plus important était la mission.
    Il ne s’agissait pas de décevoir la Baronne !

    « Bien, je pense qu’il sera plus aisé de réduire au silence celle qui l’accompagne…
    Quant-au rejeton, soyez sûr qu’il ne lui arrivera rien. Il sera en sécurité à Hauterive.

    Mais c’était bien peu pour faire un plan, pour recruter.
    Il lui des détails, toujours plus de détails.

    « Vous ne m’avez toujours pas dit qui ils sont, et où ils se trouvent.
    J’ai besoin de ces informations.
    Je partirai à Paris dès ce soir pour recruter…

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Della
Rhaaaaaaaaaa ! Il insistait le bougre,il voulait savoir !!
Comment aurait-il pu faire autrement, pour mener à bien cette délicate entreprise ?

Della sentit ses joues s'enflammer et inconsciemment, elle empoigna le tissu de sa cape et elle le tritura, pour dissiper son malaise.
C'est d'une voix étranglée qu'elle souffla :

Ils seraient à Azincourt...Il s'agit de Rosalinde d'Pommières, celle que l'on peut faire taire et son fils...celui à amener à Hauterive...

Et la suite...? Vas-y, crache le morceau !

C'est le fils bâtard de mon époux...
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Haldor
    Le jeune homme écouta la suite, toujours droit et de marbre.
    Pas le moindre commentaire ne sortit de ses lèvres pincées.
    Il se contentait d’opiner du chef, notant dans un coin de sa tête chacune des informations.

    « Ce bruit… ce n’était qu’une pierre qui a roulé.

    Ce fut sa seule réponse.
    Ce fut sa manière de lui dire qu’il acceptait la mission.

    « Je me charge de cette histoire. Ranulph fera préparer le coche, demain je serai à Paris pour recruter.

    Ses prunelles brumeuses plongèrent dans le vide.
    Il semblait réfléchir.
    Il releva alors la tête et la fixant, d’une voix assurée, il ajouta :

    « Soyez certaine que cette mission sera un franc succès. »

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Della
Un poids énorme quitta ses épaules lorsque Haldor lui fit la réponse qu'elle espérait : il se chargeait de tout. Elle n'en avait pourtant pas douter un instant mais de l'entendre dire, elle respira...

Ne vous mettez pas en danger, surtout ! Restez prudent et anonyme, le plus possible.

Dès que l'enfant sera à Hauterive, vous en prendrez soin, il ne doit rien lui arriver de fâcheux mais il ne doit jamais savoir non plus qui est son père. Confiez-le à un couple de la mesnie, qu'il grandisse dans la simplicité de la vie qui sera la sienne.

Ouh...Della avait même pensé à ces détails...bigre, rudement bien organisée, la blonde !

Prenez des fonds de Hauterive et payez suffisamment la main qui enlèvera l'enfant, qu'elle ne parle jamais !


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