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[RP] Découverte à trois ...

Anya.
C'est un temps gris, maussade malgré l'avancée d'un mois de Mai qui ne voit pas le bout de nez d'un printemps emmitouflé dans sa frilosité.

Le lilas a enfin fini par fleurir ... peut être pour accueillir comme il se doit le petit être niché au creux des bras d'Anya, et la petite brune se réjouit de humer ces bouquets de fleurs odorantes .... lilas mauve, fleur préférée qui donne un sens à celle des ses vêtements, couleur qu'elle assume avec ferveur même devant certains sourires un tantinet ironiques.

Les pieds se tordent sur les pavés des ruelles menant aux fortifications, mais les jambes se font légères en grimpant les marches pentues qui mènent en haut de l'enceinte pour découvrir enfin ... l'océan !


Viens vite Pan .....

La petite troupe est arrivée depuis peu .... mais leurs amis sont déjà repartis sur Thouars, les laissant un moment seuls pour découvrir La Rochelle ... sans nul doute que Pan et Anya les retrouveront bientôt .... ils sont une famille dorénavant.

Mais pour le moment, le couple se repait de leur nouvelle vie à trois, même si Amaury, du haut de ses dix jours de vie, ne semble même pas troublé par la proximité de l'océan.

Mais Anya est happée par le spectacle devant ses yeux ... par une eau bien différente de celle de Montpellier, plus hargneuse, plus odorante .... et en un mot, bien plus vivante. Les lames se brisent au pied de la muraille et Anya pointe son doigt vers l'emblème de cette ville maritime
... regarde mon chéri, là c'est la Tour St Nicolas et la Tour de la Chaine qui lui fait face est nommée ainsi car on tend une chaine entre les deux tours fermant ainsi l'accès au port .

Il y avait un château ici avant tu sais .... le château Auclair, mais symbole d'un pouvoir absolu il a été détruit voilà déjà bien longtemps !

Elle ne sait pourquoi, son regard ne quitte pas l'océan, subjuguée par la majesté de cette eau mouvante, pourtant grise et dont l'odeur est forte et entêtante. Mais le regard se perd vers l'horizon sans fin et elle sait la brunette que désormais, entre la méditerranée qui l'avait pourtant enchantée, et cette immensité qui se dessine face à elle, elle a fait son choix .... Pan, ne sois pas jaloux mon amour mais ... je suis amoureuse de l'océan ... pour toujours !
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Panperdu
Protégée par les îles de Ré, d’Oléron et d’Aix, La Rochelle, la « ville blanche » des anglais, était l’un des ports les mieux abrités de toute la côte Atlantique, ce qui n’empêchait pas le trio de devoir parfois précipitamment reculer du bord des remparts s’il ne voulait pas être éclaboussé par les vagues qui avaient réussi à franchir le pertuis d’Antioche.

A l’horizon, le ciel et la mer se confondaient. Ton Gris sur gris, strié de blanc. Au large, à coup sur c’était la tempête, d’ailleurs les marins ne s’y étaient pas trompés, leurs navires étaient restés sagement à l’ancre à osciller au gré de la houle en attendant que ça se calme. Les plus gros à quai avaient doublé leurs amarres et au mouillage les rondiers le suroît vissé sur la tête vérifiaient continuellement qu’ils n’allaient pas déraper. On a beau se savoir à l’abri, il ne fallait rien négliger quand l’eau et le vent avaient décidé de concert de se déchaîner.

Une main enfoncée au fond de la poche de son manteau, l’autre entourant la taille d’Anya, Panperdu se laissait fouetter le visage par le vent et les embruns, savourant l’odeur de l’iode qu’il avait crue oublier et le contact du sel qui s’accumulait dans les rides de ses paupières et sur ses lèvres. Le petit crachin qui tombait du ciel était bien négligeable face à la fureur de l’océan. L’océan qui lui avait manqué, lui qui était pourtant un fils de la montagne et des forêts. L’océan qu’il avait découvert pour la toute première fois à Montpellier et qu’il avait déjà maudit maintes fois en rendant son déjeuner.

Hochant la tête, Pan suivait des yeux les descriptions d’Anya, gravant les noms et les images au fond de sa mémoire, se plaisant à imaginer les flottes croisées appareiller pour la Terre Sainte, le siège de la ville tour à tour par les français et les anglais, l’ancienne forteresse siège de l’administration de toute une région.

Panperdu emprunta Amaury des bras de sa mère après s’être assuré qu’il ne dormait plus. Quelques gouttes glissaient sur son visage, mais il ne s’en plaignait pas. Le calant sur sa hanche, Pan le laissa porter le regard sur la mer. Voyait-il quelque chose ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, ses yeux bougeaient au rythme des flots.


- Ma Chérie, je ne suis nullement jaloux de l’océan, car je ressens pour lui le même attrait que toi. Mais regarde : je crois qu’Amaury est aussi envouté que nous. Nous ne pourrons plus jamais nous en éloigner !

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Panperdu
Quittant les remparts de pierre, le trio descendit les escaliers, puis remonta les ruelles en s'écartant des charrettes à bras qui projetaient la boue sur le promeneur qui tardait à s'écarter. Pffff, c'était bien la peine de s'être fait rincer quelques minutes plus tôt !

- On va faire un tour sur la plage avant de chercher une auberge ? j'ai envie de voir de près à quoi ressemble la marée !

En longeant les murs ils tombèrent vite sur une poterne ouverte sur la campagne environnante. Le vent semblait avoir légèrement faibli et si le crachin persistait, au moins il ne se transformait pas - encore - en trombes d'eau. Bien vite ils se retrouvèrent au milieu des tâches de bruyère, dernier rempart contre le sable. Encore quelques pas et ils purent laisser leurs traces sur le sable dur et mouillé. Pan s'approcha plus près de l'eau.

- C'est quoi ces pieux plantés là-bas ? C'est pour marquer la hauteur de l'eau ? Et puis il y a une drôle d'odeur, comme si... comme si...
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Panperdu
Les jours défilaient les uns après les autres mais le temps semblait vouloir obstinément rester au gris. Mais où était donc passé le printemps ?

Anya, sans doute épuisée par l'accouchement avait dû s'aliter pour reprendre quelque force. Néanmoins ses seins gonflés ne s'étaient pas taris et elle restait disponible pour nourrir Amaury à chaque fois qu'il réclamait sa pitance. Malicieusement, elle avait laissé à Pan la charge de s'occuper de changer et nettoyer ses langes.

Entre la vase qui stagnait au fond des canaux aux heures de marée basse et cette corvée, Pan ne savait pas ce qui était le pire. Mais il s'en accommodait tant bien que mal. Avait-il le choix ?

L'auberge où ils étaient descendus était confortable et un feu d'enfer brûlait dans la cheminée de la petite chambre. Il fallait bien ça pour un bébé de quelques semaines et une femme clouée au lit. Mais Pan avait besoin de s'aérer aussi. Heureusement La Rochelle et ses environs offraient de nombreux points d'intérêt.

Ce matin, Amaury chaudement emmitouflé dans un repli de son manteau, les deux hommes de la maison étaient en train de déambuler au milieu des cabanes de pêche. La barque de Pan lui manquait, il se demandait s'il pourrait donner un coup de main à l'occasion pour se familiariser avec les méthodes et les prises du coin.

Assis sur un panier retourné un homme ouvrait d'une main experte des coquillages avec son couteau avant d'en ingurgiter le contenu. L'aspect n'était pas très ragoûtant et Pan fit la grimace, ce qui n'échappa pas au consommateur qui esquissa un sourire.


- Tu veux goûter mon gars ? Fraîchement pêchées de ce matin !
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Anya.
Finalement l'air de l'océan agissait sur Anya comme une goulée d'alcool avalée trop vite et qui vous fait tourner la tête ... un peu comme si cet air chargé d'iode la rendait saoule sans avoir bu.

Pourtant, la petite brune aurait apprécié de gouter cet alcool local importé de la ville de Cognac et acheminé par bateau sur cette jolie rivière nommée Charente ( dont Henri IV dirait plus tard qu'elle était "le plus beau ruisseau du Royaume") et qui se faufilait au milieu des marais insalubres de la Haute Saintonge.


Les relents de vase à marée basse auraient soulevé le coeur du plus solide estomac et Anya évitait les sorties en dehors des marées hautes dont le vent engendré chassait un peu la pestilence des canaux, et apportant avec lui l'odeur plus agréable des embruns du large.

Elle feignassait à la taverne, assise mollement dans un fauteuil tiré pour la circonstance près de la fenêtre, tandis que Pan s'en était allé promener avec Amaury.

Pourquoi donc rester ici ? pourquoi ne pas les rejoindre ? pourquoi donc cette fatigue ? l'allaitement sans doute ... le bébé étant un affamé chronique ! pourtant Anya sourit ... leur enfant était un solide petit homme ! bien vivant, souriant déjà un peu à la vie et subitement .... ses deux hommes manquèrent à Anya et la cape fut vite posée sur les épaule, l'escalier vite dévalé et la porte Du Perrot (future Grosse Horloge) fut franchie.


C'était étrange, elle cheminait dans les ruelles comme si elle l'avait toujours fait et elle eut tôt fait d'arriver aux cabanes de pêcheur, sachant bien que c'était là que Pan viendrait, dans cet environnement qu'il appréciait et qu'il voulait sûrement faire découvrir à Amaury.
Citation:
Tu veux goûter mon gars ? Fraîchement pêchées de ce matin !

Anya s'approcha doucement et eut le temps de voir la grimace un peu dégoutée de Pan et elle sourit en regardant les coquillages ... ce sont des huitres mon amour, mes parents en paraient notre table au moment de Noël !

La famille d'Anya avait les moyens de faire acheminer ces coquillages destinés malgré tout aux tables de fête ... mais elle pouvait comprendre la moue de Pan en contemplant cette chair molle et un visqueuse que l'homme consommait pourtant avec plaisir.

C'est très bon tu sais, goute tu verras ... les huitres ont le gout de l'océan ... sans le parfum de la vase ! ... dit elle en riant.

Elle caressa la tête du bébé tout en regardant le pêcheur .
... voilà bien longtemps que je n'en ai point dégusté, je peux ?

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Panperdu
Pan accueillit son « épouse » avec un grand sourire et un baiser, heureux de l’avoir là, près de lui, et surtout heureux de la voir s’arracher à la torpeur qui l’avait envahie et qui l’inquiétait.

- Mais bien sur ma p’tite dame, avec plaisir. Attendez, je vous en ouvre quelques unes.

L’homme gratta les coquilles pour les nettoyer sommairement puis en quelques gestes précis il les ouvrit et les tendit à Anya qui en avala le contenu d’un coup comme une habituée avant de jeter le coquillage vide sur une pile. Gloups !

- Bon, ça ne me donne pas envie mais je ne veux pas mourir idiot. Voyons ce que ces … « huitres » ont de si exceptionnel pour qu’on les achemine à travers les royaumes à grands frais.

Le pêcheur lui tendit la première et Pan réprima un haut le cœur. Mais comme Anya le regardait le sourire en coin, il se dit qu’il fallait en finir.

- C’est quoi ? De l’eau de mer ? Faut que je la vide d’abord, non ? Et il faut tout manger ? Il n’y a pas une partie à écarter ? Pas de blague, hein !

- C’est toi qui vois mon gars. Moi je trouve que ça donne du goût. Après il y a d’autres façons d’accommoder, mais le meilleur c’est comme ça, tout cru et juste sorti de l’eau.

Allez. Une… deux…

Il avala l’huitre d’une traite. La consistance lui laissa une drôle d’impression dans le gosier, mais il était indéniable que le mélange d’iode et de sel n’était pas désagréable du tout au palais.


- Franchement, avouez que ce n’est pas beau à regarder, mais j’avoue que ça a du goût. Finalement j’en veux bien une autre !

Une claque dans le dos accueillit cette déclaration et l’homme les invita à lui tenir un peu compagnie en leur désignant quelques ballots pour s’asseoir. Pan en profita pour tendre Amaury à sa mère avant de prendre une leçon sur l’ouverture des huitres. Tout comme pour les poissons dont la découpe variait selon l’espèce, il y avait une technique pour ne pas s’acharner dessus en brisant tout.

- Gaffe mon gars, faut pas y aller n’importe comment sinon tu casses la coquille et tu te retrouves avec des morceaux dans les dents au moment d’avaler. Sans compter que tu te seras coupé au passage !

Plus facile à dire qu’à faire, c’était un vrai coup de main à prendre, mais avec un peu d’obstination le quatrième ou cinquième essai fut le bon.

- Et puis si t’as de la chance, qui sait tu peux même tomber sur une perle ! Ça vous plairait pas ma p’tite dame ? Un beau collier de perles !

Pan regarda Anya qui hochait la tête alors que ses yeux s’éclairaient. Et tout d’un coup il eut honte de ce qu’il était, songeant à tout ce sur quoi elle avait fait une croix en le suivant sur les routes.
D’un autre côté des petits instants comme celui-là étaient quand même bien agréables, pas de chichi ni de couverts en argent, juste à la bonne franquette directement des mains du producteur.

Ils remercièrent l’homme pour son accueil non sans lui promettre de repasser à l’occasion.

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Anya.
Tu vois que c'est délicieux Pan !

Anya n'avait pas dénigré son plaisir, écrasant la chair gouteuse entre sa langue et son palais pour en apprécier plus encore son léger gout de noisette ... un pur bonheur !

Certaines choses lui manquaient peut être de son ancienne vie ... mais des choses futiles qui ne remplaceraient jamais le bonheur qu'elle avait trouvé près de Pan. L'argent et la notoriété n'étaient rien pour l'indépendante brunette,qui, toute sa jeunesse avait refusé les apparats, les fanfreluches et les dorures de la bonne société. Son plaisir à elle avait été de galoper dans les bois, cheveux au vent, habillée comme un garçon et de se baigner nue dans ce recoin du Domaine ignoré des autres.

Nous reviendrons vous voir avec plaisir Messire ....

Mais Amaury ronchonnait et les seins douloureux d'Anya lui rappelèrent qu'il était l'heure de le nourrir.

Il nous faut trouver une taverne mon chéri ... ton ogre de fils commence à se rebeller contre son estomac vide !

Et quelques minutes plus tard, ils s'installaient dans un coin d'une taverne bruyante et joyeuse que même les cris d'Amaury n'arrivaient pas à surpasser, et le dos tourné à la salle, Anya avait vivement ouvert son corsage et offert son téton à la bouche affamée et un tantinet brutale du glouton .... doucement, tu as tout ton temps !

Que dirait sa mère en la voyant dans cette situation et que penserait son père en contemplant sa fille allaiter son enfant ? sûrement ferait il une moue de désapprobation en lui disant que les femmes de la bonne société monnayent les bons soins d'une nourrice pour cet usage qui leur était réservé. Et sa mère aurait surenchérit ... ce n'est pas digne de ta condition ma fille !

Anya avait parlé tout haut sans s'en rendre compte, mais elle sourit en regardant son enfant téter avec vigueur .... c'était une joie sans nom de lui offrir ce qu'elle avait de meilleur pour lui ... son lait ! et brusquement elle leva la tête vers Pan .... je suis heureuse comme je ne l'ai jamais été !

De sa main libre, elle essuya une larme qui coulait sur sa joue et suivit des yeux un plateau qui passait, bien garni de verres pleins à demi d'un liquide ambré .... du cognac !

Son père s'en faisait livrer par tonneaux, et si elle en avait déjà vu la couleur, il était interdit aux femmes d'entrer dans le petit salon où les hommes dégustaient entre eux le divin breuvage. Encore un usage de cette bonne société qu'exécrait Anya et qui reléguait les femmes aux travaux de broderie ou aux niaiseries d'un bavardage totalement inintéressant.

La chemise refermée, Amaury repu et endormi, la brunette fit les yeux doux à son homme .
.. que dirais tu si nous goutions ce breuvage ? je promets de n'en boire qu'une petite lampée et ne pas revenir pompette jusqu'à l'auberge !

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Panperdu
Leurs pas les avaient conduits du côté des quais où les tavernes se bousculaient au milieu des entrepôts et des grandes maisons de commerce. Pan avait naturellement choisi un établissement ouvrant sur la rade toute proche dont la clientèle ne se résumait pas à des matelots et des filles faciles. Après tout, c'était quand même une sortie "en famille"

La journée était bien avancée mais avec ce temps la grande salle restait sombre malgré les nombreuses chandelles. Comme il s'y attendait, on croisait des clients de tout milieu et de toute origine et leur entrée passa inaperçue. Un gaillard chauve avec des bras larges comme des troncs d'arbre était accoudé au comptoir mais ses yeux planaient tour à tour sur la porte puis sur les tables. Le patron peut-être, mais surtout il représentait le service d'ordre. Il leur jeta à peine un regard même s'il avait enregistré leur présence.

Le trio choisit une table libre un peu en retrait des habitués pour laisser un peu d'espace à Amaury. Alors que Pan s'apprêtait à faire signe pour deux belles "mousses" Anya attira son attention sur le cognac.


- Du Cognac ? C'est un petit vin non ? Pas avec ça que la tête va nous tourner, tu ne préfères pas une bière ? Bon, bon d'accord, attends je demande. Hep ! Vous pouvez nous servir deux verres de ça s'i'ou plait !

Pan fit la moue quand il vit la dose qu'on leur versa.


- C'est bizarre cette couleur de caramel. * snif * j'espère que le vin n'a pas tourné.

L'air ravi Anya faisait tourner son verre dans sa main, humant les arômes qui s'en exhalaient. Plus impatient de passer à un autre vin qui semblait plus classique et plus prometteur Pan engloutit une bonne rasade d'un coup.

- Waaaaaaaaooooouuhhhh !
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Anya.
Qui peut donc résister à une petite brunette si jolie .. pas l'homme de sa vie en tout cas, et il fut posé en peu de temps deux verres bien garnis sur leur table.

Si Anya avait une forte envie de gouter au breuvage , elle n'en demeurait pas moins méfiante, réchauffant entre ses mains le contenu du verre comme elle l'avait vu faire par son père, fleurant du bout de son petit nez les effluves envoutantes ..
. Ce n'est pas du vin mon chéri mais un alcool ..... fort !

Trop tard, le téméraire en avait avalé une longue rasade et Anya émit un sourire devant son Waaaaaaaaooooouuhhhh ! ... qui voulait tout dire !

Anya porta le verre à ses lèvres et en aspira doucement une petite lampée et l'avala, avant d'ouvrir de grands yeux ... on aurait que la flamme d'une bougie descendait tout droit à son estomac et les larmes montèrent à ses yeux avant qu'une petite toux ne déchire un tantinet sa gorge.

Très fort même !

La brûlure se dissipa et une autre lampée pas si vite avalée répandit dans sa bouche un arôme subtil rehaussé qui donnait à cette "eau de vie" tous les talents d'un alcool plus que royal. Les yeux fermés elle "goutait" des saveurs mêlées de miel, de cire et de pêchez et abricots ... comme un été qui se dévoile entre la langue et le palais.

La tête tournoyait, les yeux rouverts brillaient déjà de mille feux et Anya finit doucement son verre ... elle était tombée amoureuse du Cognac.

C'est bon ! ... dit elle simplement .... mais je crois qu'il nous faut rentrer, je suis un peu fatiguée mon chéri.

Ne pas dire qu'elle était un peu ivre, ne pas dire que cette chaleur en elle en amenait une autre encore plus divine quand elle regardait les yeux de Pan .... le Cognac était sournois et délivrait chez Anya des envies bien plus cachées.

On rentre à l'Auberge ?

Ce petit sourire qu'elle arborait en le regardant trahissait ses émotions et elle se leva maladroitement en lui tendant Amaury .... je crois que je vais tenir ton bras pour rentrer ! cette promenade m'a épuisé ! ... petit mensonge mais Dieu qu'elle les aimait tous les deux.
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Panperdu
La première émotion passée, les premières larmes essuyées après le feu qui avait tout dévasté entre sa bouche et son estomac, Pan se précipita pour avaler un pichet d'eau. C'était du gâchis, certes, et un regard appuyé d'Anya marqua sa désapprobation alors qu'elle prenait du plaisir à retracer le petit rituel qu'elle avait vu son père suivre des années auparavant.

La deuxième lampée fut par contre appréciée à sa juste valeur. Ce n'était pas un petit vin, loin de là, c'était même plus qu'une simple eau de vie. Les fûts de cognac - qui trouveraient un jour une deuxième vie en faisant vieillir le rhum des Antilles pour le plus grand plaisir des amateurs - avaient libéré tout leur tanin et donné de véritables lettres de noblesse au breuvage.

Pan s'imagina enfoncé dans un fauteuil, les pieds étendus devant un bon feu à faire tourner le liquide ambré dans son verre pour le réchauffer avant de le siroter pour achever un bon repas. Le luxe à l'état pur. Qu'il approchait déjà ici au fond d'une taverne du port et qu'il appréciait à sa juste valeur.

Les yeux d'Anya pétillaient de joie et de bonne humeur. Elle avait goûté à ce qui lui avait été interdit, et maintenant que la boisson lui montait à la tête elle aspirait à rentrer. Pan aussi avait les sens émoustillés, et il régla rapidement la note sans chercher à récupérer sa monnaie afin de parachever avec délice cette journée ponctuée d'agréables découvertes.

Ils faillirent heurter une bandes de gamins du port au visage marqué de bleus, signe d'une récente bagarre, puis bras dessus, bras dessous ils marchèrent rapidement en louvoyant tels des marins en virée jusqu'à leur auberge. L'air frais leur faisait du bien.

Amaury qui s'était depuis longtemps endormi dans les bras de sa mère rejoignit le berceau mis à disposition par la femme de l'aubergiste pendant que Pan laissait courir ses doigts sur son aimée qui le bordait, profitant qu'elle ait les mains occupées pour déboutonner un à un chacun des boutons de sa robe, écartant les cheveux de son cou et posant les lèvres sur chaque partie de son corps qui se dénudait devant lui.

Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle se retourne vers lui, l'air faussement irritée, et qu'ils basculent tous les deux sur le lit.

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Anya.
Border Amaury, bien plus longuement qu'il n'était utile puisque que l'enfant dormait déjà depuis un long moment ... rien que pour le plaisir de sentir les mains et la bouche de Pan allumer en elle un incendie ravageur dont la boisson n'était plus l'élément premier.

Son corps frissonnait à chaque lacet défait, à chaque bouton quittant sans regret la boutonnière qui le gardait prisonnier ... et les yeux fermés, Anya arborait une légère moue faussement irritée alors qu'elle se retournait vers lui . Les yeux s'ouvrirent et elle se colla contre Pan avec un demi sourire qui voulait tout dire.

Il l'entraina sur le lit et Anya, un peu empêtrée par sa robe totalement inutile désormais, la fit glisser le long de ses hanches pour apparaitre totalement nue. Le sang battait à ses tempes, et ses doigts frémissaient tandis qu'elle défaisait la chemise de Pan ...


A chaque fois, Anya vivait le moment comme un instant magique où tout disparaissait derrière leur envie ... cette envie qui accompagnait chaque jour leur amour. Il n'y avait plus rien, plus de tabou, ni de fausse pudeur chez Anya, et même sa maternité n'avait pu entamer le désir qu'elle avait de lui. Il était bien loin le temps où la petite donzelle, assistant par hasard aux ébats adultères de son père avec une chambrière, avait pris en dégout cet acte qui lui semblait répugnant.

Ce qu'elle vivait avec Pan, c'était un acte d'amour, une osmose des esprits comme des coeurs ... un partage des sens, une communion des corps. Il était son Autre, son Ame soeur .... toute sa vie, avec Amaury désormais !

Ce fut elle qui le déshabilla, elle qui l'attira, elle qui rougit de ses audaces, elle qui n'était plus ivre de Cognac, mais ivre de lui !


Je t'aime ..... et le murmure contre sa bouche se transforma en un doux gémissement qui lui fit fermer les yeux.
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