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[RP] L'affaire du collier

Panperdu


« La porte la mieux fermée est celle qu’on peut laisser ouverte. »

(Proverbe chinois)


Debout sur la plateforme de la tour, Panperdu regardait le soleil qui se levait sur la mer, et qui annonçait une belle journée en perspective. Sa première journée de semi-liberté au service d’un maître qui ne cessait de l’étonner. Il s’enivra encore et encore de cet air de liberté défendue aux fragrances iodées, jusqu’à ce que le garde décide qu’il était temps d’y aller. Lui non plus n’était pas indifférent à ce spectacle, et sans doute était-ce la raison pour laquelle il l’avait laissé monter avant d’aller frapper à la porte du laboratoire.

Le laboratoire en question n’était qu’une cellule aménagée, assez semblable à celle dans laquelle on l’avait transféré la veille au soir si l’on faisait abstraction de la grande table qui disparaissait sous des montagnes de parchemins et des flacons de verre et des cornues alignés sur des étagères.


Hi hi, tu as donc accepté ma proposition ? C’est bien, c’est bien. Tu peux m’appeler Cornelius entre nous si tu veux, tu vois je suis un détenu tout comme toi. Je laisse l’appellation de « maître » pour nos geôliers et pour mes « clients »

Un détenu assez influent pour me soustraire à une peine dictée par le juge lui-même.

Hi hi hi, pas faux, pas faux. Mais on parlera de nous une autre fois. Viens, viens, je vais te montrer ce que j’attends de toi.

Il poussa la porte qui était restée entrouverte, puis trottina en me tirant par la manche jusqu’à une pièce située sur le dernier palier juste avant la plateforme. Comme j’avais pu m’en apercevoir un peu plus tôt, deux grilles verrouillaient l’accès aux escaliers. Un garde affecté à nous accompagner tira une clef de sa poche et déverrouilla la serrure avant de se mettre en faction à l’entrée.

Cornelius alluma une torche pour me dévoiler son atelier. Il n’y avait que quelques étroites meurtrières finement grillagées, à peine de quoi renouveler l’air. Pas question de s’éterniser ici ni tenter de s’échapper par là. Le gouverneur de la prison avait pris ses précautions.

Les murs disparaissaient sous une multitude d’outils, dans un coin un assemblage de bois et de toile hétéroclite à côté de planches, de poutres, de colle et on ne savait trop quoi encore. Et toujours des parchemins, des plans, des rouleaux par dizaines si ce n'était par centaines.


Ne me dites pas que c’est pour construire un moulin tout ça ?


Hi hi, non, non. Je bricole, j’invente, j’améliore principalement des armes qu’on me commande sur mesure ou des projets d’ingénierie. Il semble que mon cerveau ici soit plus utile que mes bras sur une galère, ce dont je ne me plains pas d’ailleurs.

Et moi dans tout ça ?

Moi je suis la tête, toi les bras. En ce moment un ami italien m’a demandé de lui concevoir une machine pour sauter sans danger dans le vide et atterrir un douceur. Nous en sommes à la phase de test, malheureusement mes derniers assistants sont morts pendant les essais et ils n’ont pas pu me dire ce qui n’allait pas. J’espère que tu pourras au moins revenir me donner ton impression, parce que là je piétine.

Hein ? Vous voulez que je saute dans le vide et que je vous rapporte avant de m’écraser où ça cloche ?

Voilà, tu as tout compris. Simple, non ?

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Fil_d_ariane


« Le visage du traître ne dois jamais trahir la noirceur de son âme »

(William Shakespeare)


En voyant Anya caresser les flancs du molosse, l’homme fut tenté de battre en retraite. Si le chien ne montrait pas les crocs, il ne se privait pas pour gronder sourdement et il ne le lâchait pas des yeux. Le message était clair : un geste inconsidéré et il se jetterait à sa gorge.

Habitué à dissimuler, il masqua son trouble sous un sourire enjôleur et abandonna l’idée de l’emmener dans une ruelle sombre comme il l’avait tout d’abord envisagé pour la suivre à la taverne qu’elle avait choisie. Au moins le chien resterait dehors, pour la suite il improviserait.


Belle bête que vous avez là, et imposant avec ça ! Un vrai garde du corps. Rassurez-moi, il ne dort pas avec vous ? Et il a un nom ?

Anya était comme un oiseau qu’il fallait apprivoiser, de peur qu’il ne s’envole. L’air de rien il commençait à tâter le terrain.

Je suis le ba… keuf ! keuf ! … Pardon, un chat dans la gorge. Je m’appelle … Lago ! A votre service dame Anya. Je suis enchanté de faire votre connaissance, même si j’en regrette les circonstances.

Entretemps ils s’étaient attablés et pendant qu’elle lui brossait brièvement ce qui était arrivé à Panperdu, il hochait la tête et prenait un air grave en sirotant sa tasse, faisant celui qui découvrait pour la première fois cette affaire. Il réfléchissait à ce qu’il pouvait lâcher sans se compromettre et attirer ses confidences.

Les prisons sont malheureusement pleines d’innocents tout simplement ignorants de leurs droits vis-à-vis de la loi. Je vous crois quand vous dites que votre mari n’a rien volé. C’est un collègue qui a suivi cette mascarade de procès, mais il y a des témoins. Puissants donc considérés comme dignes de foi. Qu’est-ce qui a pu les abuser dans ce cas ? Et pourquoi une peine habituellement réservée aux pires criminels ? Vous avez une idée ?

Il la fixa de ses yeux, se forçant pour prendre un air le plus neutre possible.
Anya.


Plus on apprend à connaitre l'homme, plus on apprend à estimer le chien !

(Alphonse Toussenel)

Amaury toujours serré contre sa poitrine dormait comme un ange, insouciant à ce que vivait sa mère et inconscient des malheurs de son père.

Le chien contre sa cuisse, Anya avait jaugé avec un sourire caché l'infime recul de l'homme et elle avait posé sa main sur la tête du chien qui continuait à grogner sans s'arrêter. Et à instant, elle se sentait incroyablement en sécurité !

Citation:
Et il a un nom ?

Un nom ? un nom ! ... l'homme voulait un nom pour LE chien et Anya ne laissa rien transparaitre du malaise qui venait de la saisir, songeant que si elle ne lui disait pas, il comprendrait que le chien et elle s'étaient rencontrés par hasard il y avait bien peu de temps.

Un nom ? un nom ... il fallait qu'elle en trouve un maintenant, tout de suite, sur le champ et tout en réfléchissant, elle caressait la tête du chien
... oui il est magnifique n'est ce pas ? et de très bonne garde qui plus est, mon fils et moi ne craignons rien tant qu'il est près de nous !

Les idées s'enchainaient dans la tête d'Anya tandis qu'elle faisait durer la conversation, faisant défiler des noms plus improbables les uns que les autres ... Foulcan ? non trop ridicule ! Médor ? bien trop commun ou alors Fendlabise ... mais là vu la vivacité de l'animal c'était un non sens.

L'animal grognait, émettant un bruit qui ressemblait à un orage qui gronde au loin ... un son de tonnerre !

Et soudain Anya se souvint d'un livre lu il y avait longtemps déjà, quand elle demeurait encore che ses parents, un livre qui traitait des Vikings, farouche peuple du Nord dont le Dieu du Tonnerre se nommait ...


Thor ... käften !

Pourquoi avait elle choisi de dire Käften au lieu de "tais toi" ? sûrement parce que le mot lu dans le même ouvrage historique lui avait semblé sec et autoritaire. Et bizarrement le chien comprit et se tut, il avait trouvé une maitresse qu'il s'était choisi et Anya savait que désormais il se ferait tuer pour elle et son enfant.

Il s'appelle Thor et il va rester devant la porte pendant que nous boirons tranquillement une tisane ! .... petit sourire ... et si il ne dort point avec moi, il n'est jamais bien loin ! .. Manière de rappeller à l'homme que le chien serait là, et qu'il ne bougerait pas d'un poil forcément.

Ils s'étaient attablés en plein milieu de la taverne et Anya était assise face à la porte, un peu gênée face à cet inconnu qui se mettait à sa disposition pour l'aider. Mais la méfiance était là et tout en le laissant commander, elle défit l'écharpe qui maintenait Amaury désormais réveillé et elle assit le bébé de cinq mois sur ses genoux, le laissant jouer maladroitement avec les lacets de sa chemise.

Elle avait raconté son histoire, l'accusation du vol d'un manteau en omettant bien sûr le fait qu'il était mouillé ... et en oubliant sciemment de parler du collier.

Les prisons ne sont pas pleines d'innocents Messire Lago, je ne suis pas naïve non plus .... mais Panperdu n'a pas volé de manteau, il l'essayait chez un tisserand, et je ne sais pourquoi cette femme blonde l'a formellement reconnu et fait condamner ! de plus c'était un manteau d'homme .... je comprends encore moins !

Elle le dévisageait, se demandant tout de même pourquoi son cas semblait l'intéresser, alors que chaque jour il en voyait des pires encore ! il ne fallait pas qu'il croit avoir affaire à une cruche, elle avait bien noté son hésitation quand il s'était présenté, ce qui avait rendu Anya plus méfiante encore. Et puis ces phrases toutes faites comme "A votre service dame Anya" ! ou encore "Je suis enchanté de faire votre connaissance" lui semblaient bien pompeuses envers une inconnue qui , d'ailleurs, n'avait jamais été flattée par ce genre de chose.

Elle lui retourna donc la question comme ça ... juste pour voir !

Et vous avez vous une idée ? Vous êtes Greffier, et avez certainement l'habitude et l'expérience de ce genre de choses ... alors peut être pouvez vous m'aider à trouver une explication ?

Elle le regardait, un air innocent sur le visage en attendant sa réponse, cachant au fond d'elle cette douleur latente qui la dévorait en songeant à Pan dans sa prison.
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Panperdu


« La plus grande chute est celle qu’on fait du haut de l’innocence. »

(Heiner Müller - Nous sommes cruels)


Penchés par-dessus le parapet de la tour, Panperdu et Cornélius regardaient la n-ième version de la machine anti-chute s'écraser dans les rochers. Deux fois déjà ce matin que Panperdu assistait à ce spectacle, deux fois qu'il se félicitait d'avoir convaincu son maître d'attacher un sac lesté plutôt que lui pour voir comment se comportait l'entrelacs de toile et de bois, deux fois qu'il avait prolongé son existence.

Visiblement ce n'est pas au point. Ou le bois casse dès les premiers mètres, ou la toile se déchire.

Moui, moui... Tu ne m'apprends rien, c'est ce que j'avais déjà remarqué vois-tu. Mais la toile freine bien la chute, j'ai déjà vu des insectes se servir de feuilles pour descendre d'un arbre preuve que le principe est bon. Et si je remplace le bois par du fer j'ai peur que ça soit trop lourd.

Peut-être, mais l'insecte ne pèse quasiment rien et la feuille est dix fois plus larges que lui.

Qu'as-tu dit ?


Euh... l'insecte ne pèse rien ?

Mais non, la feuille est beaucoup plus large que lui, c'est peut-être ça le truc. Finalement tu vas peut-être m'être utile. Vite au travail !

Déjà Cornélius dévalait l'escalier de la plateforme vers son atelier. Pan regarda ses doigts encore couverts du goudron et de la colle dont il n'avait pas réussi à se débarrasser depuis qu'il avait assemblé les premiers prototypes. Cet homme ne s'arrêtait donc jamais ?


Pan se pencha une dernière fois par-dessus le parapet et regarda les rochers battus par les flots où deux soldats se hâtaient de récupérer les débris de la dernière expérience. Ils devaient maudire Cornélius, eux qui devaient à chaque fois récupérer tout ce qui était récupérable et le remonter tout en haut de la grande tour !

PAN !


Voila, voila. J'arrive !

Et si contre toute attente ce projet aboutissait ? Pan devrait faire un essai en se substituant au sac. Il se retrouverait dehors, tout près des flots. Et alors...

J'arrive...

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Fil_d_ariane
Des questions, encore des questions, la conversation ne se déroulait décidément pas du tout comme il le voulait. Il progressait quand même un petit peu, il savait désormais pourquoi son mari avait été arrêté avec son manteau sur le dos. Il s’était trouvé tout simplement au mauvais endroit au mauvais moment, la faute à pas de bol.

Mais ce manteau, qu’était-il devenu ? Pouvait-il le lui demander de but en blanc sans qu’elle se méfie ? Non, non. Tant qu’elle ne se confierait pas à lui, il ne devait pas la brusquer.


Il étouffa un soupir, réfléchissant à ce qu’il allait lâcher.

De ce que j’en sais, la femme blonde à laquelle vous faites allusion est surnommée « la Marquise » et c’est ni plus ni moins que l’épouse du juge qui a condamné votre mari. Voici quelques jours elle a été agressée chez elle. Ca suffira, passons sous silence le vol. Une course poursuite a été engagée par la garde privée du juge puis les forces de police du comté se sont mêlées à la danse. La suite vous la connaissez, votre mari a été arrêté à la place du vol… de l’agresseur.

« Lago » lui laissa digérer l’information. Après tout elle aurait pu apprendre tout ça en allant au greffe du tribunal, autant le faire maintenant et éviter qu’elle évente sa couverture en s’enquérant de lui une fois sur place. Il hésita pour révéler la suite, mais il n’y avait pas d’autre moyen.

Je pense que c’est le manteau qui a trahi votre mari. Nul doute que l’agresseur le portait et l’a abandonné. Ah, qui sait où il est maintenant, peut-être que si nous le retrouvions nous pourrions découvrir un indice qui nous mènerait jusqu’à son propriétaire…et ainsi disculper votre bien-aimé.

Pour avoir assisté à d’innombrables compte-rendus d’enquêtes, vous n’imaginez pas tout ce qu’un bout de tissu peut nous apprendre !
Anya.


Il n'y a qu'une chose qui puisse rendre un rêve impossible, c'est la peur d'échouer.

Paulo Coelho
(l'Alchimiste)


Citation:
Je pense que c’est le manteau qui a trahi votre mari.

Bien sûr qu'elle avait compris que c'était le manteau qui avait "dénoncé" Pan, mais tout de même, Anya regardait ce Lago d'un oeil de plus en plus soupçonneux, sans le montrer vraiment bien sûr !

Pourtant les questions allaient bon train dans la petite tête d'Anya et sa méfiance naturelle la poussait à s'en poser justement ! Si agression il y avait eu, pourquoi donc ne pas parler du vol du collier ? et pourquoi donc ce Lago s'intéressait il donc tant à Anya ? c'était louche tout de même !

Mais Anya savait que si elle voulait en savoir plus, il allait lui falloir prendre des risques ! avait elle le droit d'en prendre seule avec un enfant en bas âge ? mais après une gorgée de tisane, elle décida qu'il fallait le faire, pour Pan et que pour leur enfant grandisse près de lui.


Ce qui m'étonne, c'est que cette femme accuse Pan juste à cause du manteau, ne l'aurait elle donc point vu ? il l'a agressé de nuit ? mais où ? l'a t-il donc blessée ? elle avait l'air pourtant en forme et bien virulente le jour du procès ... si on peut appeler ça un procès où le présumé coupable ne peut même pas s'exprimer !... elle releva la tête pour le regarder ... un peu comme si elle voulait justement qu'il se taise et ce pour longtemps ! mais pourquoi donc ?

Elle regarda Amaury qui jouait toujours avec les lacets de sa chemise, semblant faire fi de l'inconnu, et pendant ce temps elle réfléchissait à toute allure !

En relevant les yeux elle aperçut Thor par la fenêtre, assis sur l'autre côté de la rue, le regard fixé sur la porte et elle se décida brusquement.


J'ai le manteau !

Ce fut tout ce qu'elle avoua et ses yeux ne quittèrent pas ceux de Lago pendant qu'elle parlait ! allait il être intéressé ? elle guettait le moindre battement de cils, le moindre sursaut et continua lentement .... je pourrais vous le montrer ! mais qu'est ce qu'un vulgaire manteau pourrait bien nous apprendre ?

Amaury se mit à s'agiter soudain et Anya coupa court à la conversation ... je me dois de rentrer, mon fils a besoin que je m'occupe de lui !

Elle se leva et sortit un écu pour payer sa boisson, il était hors de question qu'un homme, quel qu'il fut, à part Pan bien sûr, lui offre à boire ne serait ce qu'une tisane ! et le regard noir qu'elle lança à Lago le dissuada de la contrarier ....

Anya n'était pas vraiment femme à s'en laisser conter, elle avait toujours été forte tête, indépendante et seul l'homme de sa vie, son fils et sa "Familia" avaient le don de la rendre douce.

Debout devant la table, Amaury dans ses bras elle regarda Lago .... je vous propose de nous retrouver ici demain à la même heure ... j'apporterais le manteau !

Elle ne lui laissa pas le temps de se lever ... à demain !

Les jambes tremblantes malgré tout, elle franchit sans faillir l'espace qui la séparait de la porte, la tête haute et le pas assuré.

Dès qu'elle fut dehors, elle prit le sens inverse de sa direction, allongeant sa route mais décidant de fausser compagnie à Lago si jamais l'envie le prenait de la suivre et quand Thor se fut collé à sa cuisse elle chuchota ..
. que personne ne me suive Thor ! veille !
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Fil_d_ariane
Le départ précipité d’Anya prit « Lago » au dépourvu, mais en acteur consommé il n’en laissa rien paraître et il inclina la tête en signe d’au revoir. Étant sensé reprendre son travail, il ne pouvait se proposer de l'accompagner. Pourtant, dès qu’elle franchit la porte, il régla sa propre consommation sans attendre la monnaie puis il se précipita sur ses talons en ayant pris soin de sortir par la porte de derrière.

Gast ! Le chien. Il l’avait presque oublié celui-là, qui restait en retrait pour couvrir le départ de sa maîtresse alors qu’elle disparaissait déjà au premier coin de rue. Connaissant la ville comme sa poche, il essaya de le contourner, de la devancer, mais à chaque fois il se retrouva face au molosse assis sur son séant, comme s’il l’attendait, qui retroussait les babines en le dissuadant de forcer le passage. Et puis ce qui devait arriver arriva : il perdit leur trace au milieu du labyrinthe des bas quartiers.

La peste soit avec ce maudit chien ! « Lago » frappa le mur de son poing de rage. Il lui fallut une bonne minute pour retrouver son calme et réfléchir posément. C’est en rebroussant chemin et en arrivant sur la place du marché qu’un sourire diabolique illumina son visage. Il avait sa petite idée pour la retrouver.

Sans hésiter, il mit en évidence sa bourse accrochée à sa ceinture et attendit, faisant semblant de s’intéresser aux étals. Quand une main crasseuse passa discrètement sous son bras, il la saisit de sa poigne d’acier puis il attira le voleur dans un coin plus discret en lui tirant l’oreille.


Tsss tssss ! Mauvaise idée mon garçon…

Hey ! J’ai rien fait m’sire !

Non… bien sur que non ! Ainsi ma bourse t’intéresse ? Ça tombe bien j’ai un marché à te proposer. Un marché qui peut te rapporter gros. Qu’est-ce que t’en dis ?

Il relâcha son étreinte, et quand le maraud loin de s’enfuir en courant ajusta sa chemise et lui demanda « quelle sorte de marché ? » il sut qu’il avait trouvé son homme…



Voila, elle est dans cette auberge au premier étage, la porte du fond. La fenêtre donne sur l’arrière cour. Je n’ai pas vu le chien, mais c’est bien ça. Une femme brune dont on n’a plus vu le mari depuis une semaine et accompagnée d’un chien énorme.

C’est bon, file et oublie cette affaire.

Il lui jeta sa bourse et son informateur disparut dans la nuit avec ses compagnons de misère. « Lago » avait eu une bonne intuition, personne n’échappait aux yeux des voleurs et des mendiants dans une ville.

L’auberge avait bonne réputation et en début de soirée il se mêla au flot des consommateurs, s’intégrant dans les conversations comme un habitué pour surveiller les allers et venues. Il n’eut pas à attendre longtemps pour voir Anya descendre pour le dîner.

Je te tiens mignonne.

La voie était libre pour une bonne demi-heure, ça lui laissait largement le temps de retourner la chambre. Prudent, il s’assura quand même qu’elle passait commande avant de sortir discrètement dans l’arrière-cour. Se hisser jusqu’à la fenêtre et la forcer fut un jeu d’enfant, il pénétra dans la pièce noyée dans l’obscurité.
Anya.


Le trop de confiance attire le danger !

Pierre Corneille
(extrait du Cid)

C'est le coeur battant à tout rompre et le regard sans cesse derrière elle qu'elle franchit la porte de l'auberge, et grimpa prestement l'escalier qui la menait à sa chambre. Quand elle lui avait avoué qu'elle avait le manteau, elle n'avait rien décelé dans son regard ou son attitude, mais Anya était bien placée pour savoir qu'un bon "comédien" ne fait jamais rien paraitre quand il joue bien son jeu.

La porte fut refermée, le dos appuyé contre elle et Anya reprit enfin son souffle ... elle n'avait vu personne la suivre, et le chien avait disparu, semblant avoir suivi son ordre. Thor avait dû faire largement visiter la ville à Lago, et avec un sourire, enfin, Anya s'assit sur le lit pour nourrir Amaury qui chouinait depuis leur arrivée à l'auberge.

Tandis qu'il têtait, il la regardait, communion intense entre une mère et son enfant, et pourtant Anya avait un peu honte de lui faire mener cette vie là en ce moment ... un enfant est fait pour avoir une vie calme et régulière, pas pour courir les rues.


Mais ce qu'elle faisait là c'était aussi pour lui, pour qu'il retrouve son père, et qu'elle retrouve cette sérénité qui la tenait toujours quand Pan était près d'elle. Le savoir dans cette prison la meurtrissait, brisait son coeur qu'elle avait cru vide avant de le connaitre et qui désormais n'était empli que de lui.

Amaury fut changé, bercé et couché dans le berceau qui l'accueillit déjà endormi.

Et pendant qu'elle faisait sa toilette avant de se changer, Anya repassait dans sa tête tous les évènements de la journée ... la rencontre étrange avec ce Lago, la conversation sur le fameux manteau et après avoir enfilé une robe propre et s'être coiffée, Anya sortit le vêtement de sa cachette.


Elle l'étala sur le lit, encore légèrement humide et sortit le collier de la poche où elle l'avait glissé, songeant à son "rendez vous" du lendemain qu'elle appréhendait déjà.

Les pierres furent encore une fois examinées, le fermoir plusieurs fois essayé et au final, sa première impression était la bonne ... il était entièrement faux. Le laisser dans la poche du vêtement était sûrement une très mauvaise idée et elle sortit de son bagage une petite bourse dans laquelle elle le déposa et qu'elle glissa à la ceinture de son jupon, l'attachant à l'aide d'un galon. La robe baissée ne laissait rien paraitre ... personne ne verrait rien !

Le manteau fut posé sur une chaise, et Any s'étendit sur le lit en attendant qu'Amaury se réveille afin qu'elle puisse descendre diner. Non qu'elle ait beaucoup d'appétit, mais il lui fallait être en forme, pleine de vigueur pour continuer ce qu'elle avait entrepris .... sortir Pan du trou à rats où cette femme blonde, fut elle Marquise ou femme de juge, l'avait fait jeter.


Elle somnola légèrement contre son gré, et quand elle s'éveilla Amaury gigotait dans son berceau.

Elle descendit l'escalier, le bébé dans un couffin, et s'installa à une table libre, dans la taverne bruissante de monde. Mais avant, elle avait aperçu le chien à l'angle de la rue, un peu en retrait ... et elle poussa un soupir de soulagement ... son garde du corps veillait.


Les effluves de bonne nourriture réveillèrent son appétit et elle sourit à la servante venant prendre sa commande .... je prendrais bien de ce ragout qui sent si bon, une part de tarte et une petite chope de bière je vous prie !

Quand l'appétit va tout va ? non bien sûr .... mais prendre des forces donne du courage !
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Panperdu


« Qu’est ce qui est le plus lourd ? Un kilo de plumes ou un kilo de plomb ? »


Pan l’avait pris pour un excentrique, un rêveur, un fou probablement qui avait trouvé le moyen de s’évader de sa prison quelques heures chaque jour, mais au terme de cette première journée de travail en sa compagnie il révisa son jugement. Cornélius était réellement un homme hors du commun doté de génie.

Tu doutes que l’on puisse trouver le moyen de se poser en douceur après s’être jeté dans le vide Pan, pas vrai ? Hi hi hi ! Non, non ne nie pas, je le vois bien à ta tête. Alors prends ce drap, oui oui, ce simple drap. Étale-le. Bien. Hep toi là-bas, descends de ton perchoir et viens donner un coup de main à mon assistant.

Bien, bien. Étendez le drap au maximum, qu’il fasse le moins de plis possible, et maintenant lâchez-le. Que vois-tu pan ?


Je vois le drap qui plane et qui va tremper dans la mer. Vous allez vous enrhumer cette nuit !

Insolent ! Mais ce n’est pas ce que je veux dire. Décris-moi sa chute.

Sceptique Pan se pencha à nouveau par-dessus les créneaux et s’efforça de disserter sur ce qu’il avait vu.

Hum. Le drap a tournoyé comme une feuille, le vent l’a poussé jusqu’à la mer et il est tombé dans l’eau où les gardes sont en train de le repêcher. ‘ Sont pas très contents d’ailleurs, j’en vois un qui s’est mouillé les chausses ! Hé hé !

Il a « plané » puis « tournoyé » bien, bien. Tu es observateur. Jette cette planche maintenant et dis-moi ce que tu vois.

En haussant les épaules Panperdu balança le bout de bois par-dessus son épaule et suivit la courbe de sa chute.

Je vois un bout de bois qui vient de s’écraser dans les rochers comme on pouvait s’y attendre. Dommage, j'ai raté les gardes.

Parfait, parfait, c’est le mot juste : la planche s’est « écrasée » en bas. Alors pourquoi à ton avis le drap est-il tombé moins vite que la planche ?

Pffff ! Aucun secret là-dedans, le bois est plus lourd que le tissu et il est tombé plus vite.

Les yeux de Cornélius pétillèrent et il se tût en souriant.

Non ?

Non. Tu pourras comparer quand on nous aura remonté tout ça, mais le drap et la planche faisaient exactement le même poids. Pourtant le drap a plané avant d’arriver en bas et il est tombé moins brutalement que la planche.

Donc… la vitesse de chute est indépendante du poids ? On pourrait freiner la chute d’un objet lourd ?

Tout à fait mon jeune assistant. Bientôt tu franchiras toi aussi ces créneaux et tu te poseras comme une fleur aux pieds des remparts. Et tu entreras dans l’Histoire. Mais allons, suffit pour aujourd’hui, il est temps de manger et de dormir, demain est un autre jour.

Plus tard, bien plus tard alors que la lune était déjà haute dans le ciel, Panperdu repassa cette journée dans sa tête. Oui, Cornélius trouverait la solution et lui Pan entrerait dans l’Histoire… en devenant le premier homme à s’évader de cette prison. Mais il lui fallait auparavant voir Anya, d’une façon ou d’une autre.
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Anya.


Il est parfois raisonnable d'être déraisonnable et une folie de l'être !

Elle trainait, sans aucune envie de remonter à la chambre, le jour trainait dehors aussi, prolongeant ses rayons de soleil obliques qui sonnaient envie de sortir de la fournaise de l'Auberge, pour longer les quais où la fraicheur devait s'installer.

Pourtant , était il bien raisonnable de sortir à cette heure du jour ? était il raisonnable de sortir avec son bébé dans les bras ? Mais depuis quelques jours, Anya mélangeait le raisonnable et le déraisonnable, et finissant son repas, elle entortilla Amaury comme à son habitude désormais, et héla la servante pour lui payer son repas qu'elle avait à peine touché.


L'air relativement frais de la rue lui fit du bien et effaça la légère, très légère ivresse provoquée par la chope de bière . Un regard vers le chien qui attendait ... un regard simplement, pas un mot, et l'animal vint prendre sa garde contre sa cuisse. Une complicité s'instaurait et Anya souriait du regard des passants, étonnés et un peu effrayés du gabarit du chien dont la tête dépassait largement sa taille.

Elle ne savait où aller et se dirigea vers le port, où les mouettes dansaient leurs farandoles au dessus des bateaux de pêcheurs ramenant leur cargaison de poissons ... Pan et la pêche ... Pan et la mer ... Montpellier ... leur maison sur la plage ... leur bonheur !

Elle s'assit un instant, regardant Amaury qui se fichait bien de l'odeur du poisson , et elle leva la tête pour apercevoir le haut de la tour qui servait de prison .... Pan dans sa geole ... Pan et l'isolement .
... Pan !

L'envie la prit là, de le voir ou tout au moins s'approcher du lieu où il était détenu et sans réfléchir, s'engouffra dans la première ruelle qui semblait y mener. Mais la ruelle était glauque et le soleil couchant dessinait des ombres un peu terrifiantes tandis qu'une faune étrange prenait possession des lieux. .... quelle folle de s'être aventurée ici, au milieu des catins, des voleurs et des mendiants ! Faire demi tour ne servirait à rien, il fallait avancer, le chien grognant sans arrêt sur ses talons, tandis qu'Anya marchait le regard baissé, entourant Amaury de ses bras pour le protéger.

Les filles la toisaient et se gaussaient ..
. hé une bourgeoise qui veut s'dévergonder ! et les commentaires des hommes étaient encore pire que les chansons paillardes du palefrenier de ses parents.

Une main qui saisit sa cheville et Anya se raidit en regardant le mendiant crasseux assis par terre et qui la toise ... allez putana ! vins là m'voir un peu !

Il n'a pas le temps de rajouter quoi que ce soit, ou juste un borborygme de cri quand la mâchoire énorme de Thor saisit son poignet qui émet un bruit craquant. La main lâche la cheville, et Anya s'enfuit en courant sans se retourner, pour se retrouver enfin sur la place du marché.

Le chien la rejoint, et le coeur battant encore d'appréhension Anya finit par retrouver la prison alors que le jour se couche,et elle reste là, le regard levé vers le haut de l'édifice ... le genre d'édifice dont il ne semble pas qu'on puisse s'évader et elle pleure de rage et d'impuissance à ne pouvoir rien faire.

La déraison était désormais sa raison !
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Fil_d_ariane
Ahhhhh, je savais bien !

Après quelques minutes de recherche, Lago avait fini par mettre la main sur le manteau qu'il connaissait bien pour l'avoir porté si souvent. La clarté de la lune et son toucher lui suffirent pour l'inspecter rapidement.

Comme il s'y attendait les poches étaient vides. Il soupira, dire que ça aurait pu être si facile si cette Anya et son Panperdu n'y avaient pas touché. Il l'aurait pris et hop ! il aurait disparu de leur vie. Parce que dans sa tête c'était clair, ils l'avaient trouvé et ils l'avaient gardé. Que ce collier ait pu tout simplement tomber ne lui traversa même pas l'esprit.

Sa demi-heure avait expiré. Ignorant qu'Anya était sortie prendre l'air, il se hâta de tout remettre à sa place et de franchir à nouveau la fenêtre en sens inverse. Les bonnes odeurs qui s'échappaient de la cuisine toute proche vinrent lui chatouiller les narines et lui rappeler qu'il était l'heure de manger pour lui aussi.

Assez pour ce soir, la journée avait été bien productive. Demain il viendrait frapper à sa porte en se prétendant envoyé par ce Panperdu et elle finirait bien par cracher le morceau... mais demain était un autre jour ! A quelques rues de l'auberge il quitta l'ombre et tranquillement il prit le chemin de son hôtel particulier.
Panperdu


« Ce n'est pas l' "impression" de liberté qui est illusoire, c'est la liberté elle-même. »

(Gérard Bessette - Le Semestre)



Décidément tout s'était déroulé trop facilement, il fallait bien qu'il y ait un grain de sable qui vienne tout fiche en l'air à un moment donné. Et ce moment venait tout juste d'arriver.

La corde échappa des mains de Pan alors qu'il était encore à plusieurs mètres du sol. Il ne put que tendre les bras pour essayer d'amortir sa chute et se mordre les lèvres pour ne pas crier quand la douleur irradia son corps et lui remonta jusqu'à la mâchoire. Il put entendre le bruit infect d'une branche qui casse net quand ses mains rencontrèrent la roche. Mais pas de branche aux pieds du rempart. Et vu l'angle bizarre qu'avait pris son bras droit, pas besoin d'être chirurgien pour comprendre qu'il était cassé. Avec précaution il immobilisa tant bien que mal le membre brisé dans sa chemise contre son torse pour éviter qu'il ne bouge. Dans l'immédiat l'adrénaline qui courait dans son sang l'anesthésiait mais s'il n'y prenait pas garde il pouvait encore aggraver son cas.

Le temps pressait, pas possible qu'ils retardent encore longtemps l'alerte pour signaler son évasion arrangée. Il ne savait pas comment
elle s'y était pris, mais jusque là tout se déroulait comme dans un rêve. La barque était là où elle devait se trouver, dissimulée au creux des rochers, malheureusement cette partie du plan tombait à l'eau, il ne pourrait jamais la manœuvrer dans son état. Tant pis, le plus dur était passé, il était dehors et il ne lui restait plus qu'à s'éloigner au plus vite et trouver un endroit où se cacher.

Restant près de la mer battue par le léger ressac, il bondissait de rocher en rocher, d'ombre en ombre, d'arbre en buisson, regardant toujours en arrière avant de se déplacer et jetant un œil loin devant pour anticiper son prochain bond.

Quand il aperçut une silhouette isolée illuminée par la lune qui fixait la prison, sa première réaction fut de faire un large détour pour ne pas se faire repérer. Pourtant quelque chose... un je ne sais quoi le retint. Au lieu de fuir, il s'approcha tout doucement. Un chien énorme était assis à côté de la mystérieuse silhouette qui tenait un paquet emmailloté contre sa poitrine. Pire, le chien le fixait en silence. Était-ce possible ? Anya ? Elle était venue jusqu'ici pour superviser son évasion ? Le cœur de Pan débordait d'amour pour elle.


Psssssssstttt ! Anya !
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Anya.


Le hasard c'est Dieu qui se promène incognito !

Albert Einstein

Le regard est levé, et pourtant elle ne voit rien, les yeux embués de larmes et son sanglot ne pourra rien contre son sentiment d'impuissance.

Amaury dort, le quai est vide de toute âme respectable à cette heure du jour et elle se sent vide, inutile devant la haute muraille qui lui fait face dans l'ombre. Même le chien, assis à ses côtés ne bouge plus, n'émet aucun son, immobile comme une statue, le regard fixe.

Sa main essuie ces yeux mouillés qui la rendent un peu aveugles, pour suivre la direction que contemple le chien ... une silhouette dans l'ombre qui s'agite et Anya se raidit d'effroi pendant un court instant. Un brigand ? un homme ivre ? mais pourquoi le chien ne dit il rien ?

Citation:
Psssssssstttt ! Anya !

Cette voix qui pourtant n'est qu'un murmure, cette voix qu'elle reconnaitrait entre mille ... c'est celle de Pan et Anya sent ses jambes se dérober sous elle, avant d'enfin faire un pas en avant ... Pan ? c'est bien toi ?

Le chien l'a bien reconnu qui le rejoint d'abord, remuant une queue joyeuse et elle franchit les quelques pas qui les séparent pour prendre son visage entre ses mains ... Pan ! Pan .... et qu'importe les miasmes de la prison, elle couvre ses joues, sa bouche, de baisers passionnés, évitant tout de même d'étouffer Amaury entre eux.

Mais comment as tu fais ? comment ? cette muraille me semble si infranchissable !

Il n'est point le moment de s'expliquer, il faut d'abord s'éloigner et sa main prenant la sienne .... allons nous en d'ici, c'est bien trop dangereux !

Et la main dans la sienne, la petite brune court à ses côtés, reprenant en un instant, sa volonté, sa pugnacité et sa confiance en elle.

Le hasard a fait qu'elle soit là au bon moment ... mais est ce bien le hasard ? le hasard n'est parfois rien d'autre qu'une volonté inconsciente de chacun dicté par le Très Haut. Mais Pan et Anya partagent souvent les mêmes pensées sans le savoir avant qu'ils ne les expriment.


Le pavé claque sous leurs pas, le hasard a bien fait les choses ce jour.
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Panperdu
Cette voix qui l'interpelait, il l'aurait reconnue entre mille. Ainsi son instinct ne l'avait pas trompé, c'était Anya, la flamme de son cœur, qui l'attendait, s'assurant par elle-même que l'évasion s'était bien déroulée. Oublié le bras cassé, oubliée la peur qui lui tiraillait les entrailles. Oubliant un instant toute prudence, il quitta l'ombre pour la lumière de la lune pour enlacer sa femme et serrer son fils contre lui.

Comme tu m'as manquée. Ces longues journées loin de toi m'ont paru une éternité. Et toi aussi mon fils !

Anya avait gardé une étincelle de lucidité et le rappela à la raison. Il ne faisait pas bon s'éterniser ici. Sans lâcher sa main, inconsciemment il baissa la tête comme si cela pouvait réduire sa taille et l'ôter à la vue d'un éventuel poursuivant. En quelques enjambées tous les trois rejoignirent l'ombre et commencèrent à raser les murs cherchant les ruelles les plus étroites et probablement aussi les plus mal famées pour se diluer parmi la foule des habitués de la nuit. C'était décidé, ils rejoindraient leur hôtel par les chemins détournés mais Pan ne passerait pas par la grande porte. Trop dangereux.

La fraîcheur de la nuit et le sentiment de liberté enfin retrouvée ramenèrent peu à peu l'évadé sur terre. Quelque chose lui trottait dans la tête. Une parole d'Anya.


Citation:
Mais comment as tu fais ? comment ? cette muraille me semble si infranchissable !


Il s'arrêta brusquement entre deux venelles, attirant les regards incendiaires d'un couple d'un soir dérangé dans sa "conversation"

Rassure-moi ma chérie, c'est bien toi qui a organisé mon évasion ?
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Anya.
Anya évitait de regarder alentour ... et fermait ses oreilles aux sons répugnants émanant de couples d'un soir "conversant" dans l'ombre improbable d'un porche accueillant.

Tout lui était égal à cet instant, ne comptait que de sentir Pan contre elle et pour celà elle aurait supporté bien pire. Amaury, toujours attaché contre elle, bien réveillé après cette course dans la nuit, babillait en souriant à son père. Et Thor , assis à deux pas, jouait les sentinelles en grognant sourdement.


Anya avait remarqué la mauvaise posture du bras de Pan et avait fait une moue en se rendant compte qu'il était cassé ... ton bras est cassé Pan ! il va nous falloir voir un médecin, mais en attendant .... Elle n'en dit pas plus, releva discrètement sa robe, déchira une large bande de son jupon et le bras fut mis en écharpe.
Citation:
Rassure-moi ma chérie, c'est bien toi qui a organisé mon évasion ?

Elle leva vers lui un regard très étonné .... organisé ton évasion ? je l'aurais bien voulu mon chéri, mais ici je ne connais personne ! De plus pour ce faire je pense qu'il aurait fallu que j'ai un peu plus que les quelques écus que ma bourse contient !

La ruelle glauque se peuplait d'une faune qui donnait la chair de poule à Anya et quand le babillement d'Amaury attira vers eux un ivrogne, le grondement de Thor se fit plus audible ... viens, éloignons nous d'ici Pan, tu vas me raconter !

Elle prit son bras valide, le serrant farouchement ... elle avait retrouvé son âme soeur, son double .... sa vie recommençait !
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