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[RP] L'affaire du collier

Fil_d_ariane
Bien, j’aime les gens qui savent prendre une décision rapide. Aussi ne perdons pas de temps et passons tout de suite à ce qui vous attend.

Le juge agita une clochette et deux hommes entrèrent silencieusement dans le bureau par une porte dérobée. Ils étaient aussi dissemblables que possible : l’un petit et soigné de sa personne. Il portait une lourde chaîne autour du cou, probablement l’insigne de sa fonction. On avait vite fait d’oublier sa présence face à son compère sanglé de cuir qui dépassait tout le monde d’une bonne tête. Une balafre lui barrait le visage, dissimulant son œil gauche sous un bandeau.

Voici Joseph, mon secrétaire particulier. Vous connaissez déjà l’aveugle qui vous a envoyée, voici à présent le borgne. De là à dire que j’entretiens une cour des miracles il n’y a qu’un pas et ce n’est pas tout à fait faux. Pour que la lumière triomphe, il faut parfois travailler dans l’ombre. Messieurs voici euh… je ne vous ai pas demandé votre nom ? Comment souhaitez-vous que l’on vous appelle ? Cette Dame rejoint nos rangs sur l’affaire Panperdu.

Les deux hommes inclinèrent rapidement la tête et prirent place l’un derrière le juge, l’autre devant la grande porte.

Je vous résume l’affaire afin que vous compreniez mieux ce que j’attends de vous. Commençons par le commencement. Il y a quelques semaines j’ai fait emprisonner sur de fausses accusations un homme dénommé Panperdu pour vol et agression dans mon propre domaine. Depuis j’ai de fortes raisons de croire qu’il n’est pour rien dans cette sombre affaire, mais pour des motifs que j’ignore, messire de Valreuse et mon épouse s’intéressent de très près à lui. La vengeance et le prix du larcin ne justifient pas les efforts qu’ils déploient, aussi je l’ai fait évader discrètement afin de m’entretenir avec lui pour tâcher d’y voir plus clair. Malheureusement il n’est jamais arrivé jusqu’à moi et je le soupçonne de se terrer quelque part en ville. Probablement auprès de sa femme dont vous venez de me révéler l’existence.

Le juge s’interrompit le temps de laisser Anya digérer ces informations. Aucun des deux autres hommes n'ajouta quoi que ce soit, c'était un résumé on ne peut plus clair.

Valreuse sous ses airs de jeune dandy trempe dans de multiples affaires louches, ce n’est pas un enfant de chœur, aussi vaut-il mieux que nous trouvions ce Panperdu avant lui. Ce soir je décréterai le couvre-feu pour gagner du temps. Demain Valreuse organise un bal prévu de longue date auquel il ne pourra pas se soustraire, ni moi ni ma femme non plus d’ailleurs. Grâce à vous, deux solutions s’offrent à nous : vous rejoignez la suite de ma femme en tant que suivante – je peux facilement organiser ça – ou vous vous faites engager par Valreuse pour la réception. Dans les deux cas vous devrez les tenir à l’œil tous les deux et essayer d’obtenir des informations. Si l'occasion se présente, une visite dans leurs bureaux privés serait peut-être la bienvenue. Le borgne et son équipe pourront vous prêter assistance au besoin, de même que Joseph qui connaît beaucoup de... hum... spécialistes de tout acabit.

En quittant cette pièce, Joseph vous conduira au couvent Sainte Cécile qui jouxte la cathédrale. La mère supérieure est des nôtres et se chargera de vous fournir ce dont vous avez besoin. Si vous avez de la famille et des enfants à charge, ils pourront trouver refuge au couvent car vous n’aurez pas beaucoup l’occasion de les revoir dans les prochains jours. Pour votre propre couverture. Que choisissez-vous ?
Anya.
Une clochette qui tinte et Anya avait levé son visage à l'entrée de deux hommes aussi différents l'un que l'autre .... l'un semblant investi de fonctions importantes, l'autre, une sorte de géant qu'elle n'aurait pas voulu croiser le soir au coin d'une ruelle.

Elle inclina la tête elle aussi sans rien dire, le regard tombant par inadvertance sur le bureau du Juge, pour s'attarder sur une agate superbe d'un bleu intense ... semblable à celle que possédait son père et elle faillit sourire un instant, transportée en ce temps où elle vivait encore sous le toit de ses parents. D'après son père, l'Agate protégeait de la foudre et de la sorcellerie ... serait ce donc que le juge avait les mêmes croyances ? ou alors était il plus encore intéressé par cette rumeur qui la disait capable de prolonger la vie ?

Citation:
je ne vous ai pas demandé votre nom ?

Sortant rapidement de ses pensées, Anya releva les yeux et articula ... Agathe Messire .... sans hésiter une seule seconde.

Elle l'écouta sans le couper, le coeur battant la chamade et tâchant de réprimer le tremblement de ses mains pour ne point avoir une attitude étrange. Mais pourtant, elle ne perdait pas un mot, pas un nom .... le juge savait, il savait Pan innocent, et elle aurait voulu hurler qu'elle était sa femme et qu'elle avait toujours cru en lui. Mais là n'était point le moment et elle se tut.

" le prix du larcin" venait il de dire ! et Anya songea au collier .... effectivement le dénommé Valreuse, qu'elle connaissait sous le nom de Lago, et la femme du magistrat avaient bien des choses à cacher.
Citation:
vous rejoignez la suite de ma femme en tant que suivante – je peux facilement organiser ça – ou vous vous faites engager par Valreuse pour la réception.

Le choix fut vite fait, Lago la connaissant il lui était impossible d'avoir affaire à lui et il valait bien mieux qu'elle surveille la femme du juge.

Je rejoindrais donc la suite de votre épouse et .... il n'y eut aucune hésitation... et je n'ai point de famille Messire et aucune d'attache !

Le mensonge n'en est pas un quand il s'agit de protéger ceux qu'on aime et Anya se décida enfin à prendre la bourse posée sur le bureau ... vous pouvez avoir confiance en moi je vous l'ai dis ! je ferais du mieux que je peux !

Puis elle se tourna vers le secrétaire, lui offrant son visage boursouflé d'une bosse énorme, les joues maculées de sang .... conduisez moi à ce couvent Messire, je ne voudrais pas faire peur à l'épouse de messire le Juge !

Pourtant, elle aurait peur la menteuse, Anya s'en faisait le serment ! elle se sentait devenir amère, mauvaise et cette femme en ferait les frais. Quant à ce Valreuse, elle espérait bien que le borgne et sa clique lui fasse mordre la poussière.
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Panperdu
Si le brouillard qui entourait l'arrestation puis l'évasion de Panperdu commençait peu à peu à s'éclaircir aux yeux d'Anya, Pan en ignorait encore tout. Pour l'heure, tout ce qu'il voyait c'est que sa femme ne rentrait pas.

Curieux ? Oui. Anxieux ? Certainement. Inquiet ? Pas encore... quoique... Il la savait capable de se débrouiller et assez imaginative pour se tirer d'un mauvais pas, il lui suffisait de se rappeler des circonstances dans lesquelles ils s'étaient rencontrés pour s'en convaincre. A se souvenir il ne put s'empêcher de sourire. Quelle femme ! Et dire que c'était la sienne aujourd'hui.


Maman ?

Elle va revenir mon fils. Elle est partie... faire une course, elle ne va pas tarder.

Pan commençait à manquer d'imagination pour occuper Amaury. Il avait bien fallu descendre dans la grande salle pour lui donner à manger. Personne ne s'était étonné de sa présence ni de son absence prolongée. Après tout l'auberge accueillait des voyageurs de commerce tout au long de l'année. Un client qui disparait puis qui réapparait au bout de plusieurs semaines, quoi de plus normal pour cet établissement ?

Après un bon repas, une sieste. Et puis de nouveau cette question : comment occuper ce petit démon d'Amaury qui ne tenait plus en place entre quatre murs ?


Allez hop, on va faire un tour !

Le diable après tout. N'était-il pas le Grrrraaaaannnnd Panperdu ? L'homme qui pouvait endosser n'importe quelle personnalité ? Il ne lui fallut qu'une demi-heure pour se transformer en un vénérable grand-père, perclus de rhumatisme et éternellement enrhumé, au point qu'il devait garder son écharpe la laissant lui manger la moitié du visage.

Il décida de laisser Thor dans la chambre. Sa présence à ses côtés l'aurait rassuré, mais il était trop voyant. C'est donc en seule compagnie de son désormais "petit-fils" qu'il sortit au grand jour sans but autre que celui de se dégourdir les jambes. Le hasard les mena sur la place de la cathédrale.

Son cœur faillit s'arrêter de battre quand il aperçut Anya encadrée par deux hommes alors qu'ils s'engouffraient dans une rue latérale. Il n'avait aucune idée de l'identité de ses anges-gardiens, mais il reconnut l'un deux comme faisant partie du personnel du tribunal. Pas de doute, sa femme était prisonnière !

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Anya.
Le mal de tête lancinant avait repris et Anya suivait la ruelle, encadrée d'un petit homme qu'elle dépassait d'une tête et de l'autre du géant qui la dépassait lui de plus d'une tête .. voilà une compagnie qui lui éviterait sans doute bien des désagréments pendant le chemin.

Tout repassait dans sa tête, mais dans le désordre de ses pensées, une seule se révélait lancinante .... Pan, Amaury !


Tellement lancinante que soudain elle entendit le gazouillis d'un enfant un peu plus loin, semblable à celui d'Amaury, et elle secoua la tête sous cette hallucination que sûrement seule sa migraine engendrait. Mais le son se répétait et sans s'arrêter, la brune tourna la tête, pour apercevoir un vieil homme semblant tenir un enfant dans ses bras, mais ses yeux lui faisaient mal et ses cils collés par le sang l'empêchaient de bien y voir.

Et puis ce fut trop tard, la ruelle fut avalée par une autre et Anya se retrouva bien vite devant une lourde porte à laquelle le Secrétaire du Juge frappa.

Un judas grillagé s'ouvrit sur deux yeux inquisiteurs et une voix les interpella d'un ton revêche
.... C'est pour quoi ?

Je vous amène cette Dame sur ordre du Juge ma soeur !

Ce fut instantané, les yeux s'adoucirent et la voix se fit un tantinet plus agréable ... je vous ouvre tout de suite !

Anya se retrouva devant une nonne armée d'un sourire de commande et qui ne fit que la détailler pendant que le petit homme expliquait la situation. Et puis la lourde porte se referma sur les talons d'Anya, oubliant à l'extérieur les deux hommes qui n'avaient point leur place en ce lieu ... Venez ma fille, nous allons tâcher de vous rendre présentable !

C'était comme une prison, et tandis qu'elles cheminaient le long de couloirs froids et désert, Anya frissonnait, les jambes flageolantes, songeant que son absence prolongée allait sans doute rendre Pan très inquiet. Mais elle n'avait aucun moyen de le tenir informé du déroulement de sa recherche et le coeur gros, entra dans une cellule monastique des plus "accueillantes" .... un lit bas pourvu d'une paillasse, un prie-Dieu dans un coin et une petite table sur laquelle était posé un exemplaire du Livre des Vertus, tandis qu'une fenêtre minuscule tendue d'un papier huilé dispensait chichement une clarté diffuse !

Reposez vous un peu, je vais chercher de quoi soigner cette vilaine plaie à votre front !

Anya s'assit sur le bord du lit avec un hochement de tête ... pourrais avoir de quoi faire quelques ablutions ma soeur ?

La nonne la regarda d'un oeil ironique, sans concession aucune Mais bien sûr voyons, croyez vous que vous allez côtoyer Messire le Juge accoutrée comme vous l'êtes ma pauvre fille ?

Anya ravala sa rancoeur, comprenant que si le Juge semblait avoir décelé un tant soit peu une certaine éducation chez elle, il en était autrement pour la nonne qui la considérait ni plus ni moins que comme une mendiante.

Et tout en crispant ses poings, le "merci ma soeur" que lâcha Anya renfermait en lui toute la soumission dont elle ferait preuve pour arriver à ses fins.
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Fil_d_ariane
Notre congrégation mettra comme d'habitude tout en œuvre pour obéir aux ordres de Monseigneur le juge, mais j'avoue que là, j'ai quelques doutes sur la capacité de la jouvencelle a remplir la mission que vous lui prévoyez. Quelques atours et un peu de maquillage la feront certes paraître plus dame que souillon, mais de là à se comporter comme telle... Ne craignez-vous pas qu'en se recommandant de notre couvent elle risque de jeter la suspicion sur nous ?

Le geste évasif que la mère supérieure esquissa traduisait bien mieux que des mots le fond de sa pensée. Elle resservit un verre de vin au secrétaire et au borgne pendant qu'elle-même complétait son verre d'eau. Pendant ce temps deux sœurs acquises à la cause s'affairaient à choisir des vêtements pour Anya pendant que l'eau qui lui retirerait la crasse qu'elle était supposée porter chauffait.

Monseigneur se trompe rarement, et sous cette apparence peu flatteuse se dissimule une dame de qualité. J'ai pu en juger par sa démarche le temps de vous l'amener, et par sa diction lors de l'entretien qui a décidé de son recrutement. Dois-je ajouter que c'est l'aveugle qui nous l'a envoyée ? Non, non. Comme elle a été capable de vous tromper à son arrivée, elle dupera également la Marquise et son entourage, je suis prêt à en mettre ma main à couper. Apprêtez-là comme doit le sont vos pupilles quand elles quittent vos murs, instruisez-là des habitudes de votre monastère, je me charge de lui fournir quelques malles qui feront illusion pour son trousseau.

Je reste dubitative, surtout en disposant d'aussi peu de temps devant nous, mais soit ! Mmmmhhh... Voyons voir... Pour que la Marquise l'engage sans hésiter il lui faut des références. Agnès, demoiselle d'Aunis devrait convenir. La famille dispose de plusieurs quartiers de noblesse et la lignée est assez nombreuse pour qu'on ne s'étonne pas de ne pas la connaître et de la voir sortir du couvent. Repassez une heure avant les vêpres pour escorter la demoiselle d'Aunis jusqu'à sa future maîtresse. D'ici là Monseigneur devrait avoir le temps de préparer son arrivée.
Panperdu
... lui trouver une femme de chambre, un valet, enfin vous voyez quelqu'un qui pourrait assurer la liaison. Je vais tâcher de voir qui nous avons sous la main, mais si vous avez une idée...

Ne sachant où chercher, Pan avait sillonné au hasard les rues entourant la cathédrale à la recherche d'un indice indiquant où Anya et ses geôliers avaient disparus, n'osant questionner les rares passants. Quand la porte du cloître s'était ouverte pour laisser ressortir le secrétaire et le borgne, il n'avait eu que le temps de se dissimuler dans l'ombre d'un porche avec son fils. Par chance, trop occupés par leur conversation aucun des deux hommes ne prit garde à lui. Mais d'Anya, point de trace.

Aucun doute, ils la retiennent prisonnière ici ! Couvent Sainte Cécile. Hum, ça va pas être commode d'entrer discrètement là-dedans avec Amaury et mon accoutrement.

Le destin s'acharnait. Hier Pan était enfermé dans une cellule, aujourd'hui c'était au tour de la flamme de son cœur. Si d'honnêtes citoyens innocents étaient ainsi enfermés, on pouvait se demander ce que la justice faisait des bandits de grands chemins !

Ces réflexions hautement philosophiques ne l'empêchaient pas de chercher le moyen de franchir ce mur. Quand au deuxième coup de cloche de l'après-midi un chariot s'arrêta pour décharger plusieurs caisses de légumes destinées aux cuisines, le Ciel lui vint en aide : la porte resta ouverte le temps que le livreur fasse ses allées et venues. Pas de nonne en vue, sans doute était-elle partie ouvrir le cellier.


Vite mon fils, on va se cacher pour ne pas que les sœurs nous trouvent. Tu ne fais pas de bruit, hein !

Amaury prenait ça comme un jeu, il baissait même la tête en passant sous les fenêtres en ogive en étouffant un rire de joie enfantine, fermement retenu par la main de Pan qui se demandait s'il avait le droit de l'entraîner avec lui. Mais bon, un vieillard et un enfant. S'ils étaient pris on se contenterait surement de les ramener gentiment à la porte. Il pourrait dire qu'il avait suivi l'enfant qui avait échappé à sa surveillance !

Si tu vois maman, tu me le dis tout doucement, d'accord ?
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Anya.
Tenez ma fille, voilà de quoi vous soigner, vous laver et vous vêtir décemment ! ... et la nonne posa sur une petite table un nécessaire succint de toilette accompagné d'un broc d'eau chaude. Point de baquet fumant et Anya laissa tomber ses oripeaux dans la froideur de la cellule.

Agnès d'Aunis ! retenez bien ce nom, c'est celui qui vous ouvrira les portes de la demeure de Messire le Juge et des appartements de son épouse !

Une fois lavée, la nonne nettoya la plaie, appliquant un baume apaisant et Anya songea qu'avec un peu de fard et une mèche bien placée, il n'y paraitrait plus.

Je vous laisse vous apprêter ma fille ! ... elle s'apprêtait à sortir, mais se retourna avant d'ouvrir la porte .... Puissions nous espérer que vous ne fassiez pas honte à notre congrégation qui vous donne recommandation !

Anya sourit doucement, et plia légèrement un genou pour une sorte de révérence ... Je ferais de mon mieux ma soeur, n'ayez crainte !

La porte resta légèrement entrouverte sans qu'Anya ne s'en rende compte et elle enfila prestement la robe posée sur la paillasse, retrouvant avec joie un peu de confort, avant de coiffer ses cheveux bouclés en un chignon simple et de bon gout. Quant à son éducation, comment la nonne aurait elle pu deviner qu'Anya était issue d'une famille de petite noblesse ? et qui plus est , un frère curé lui avait conférait plus encore un maintien aisé.

Mais la petite Damoiselle avait aussi un caractère indomptable, et quand ses parents l'avaient forcé à épouser un vieillard très riche mais qui lui faisait horreur, elle n'avait pas hésité à fuir .... laissant derrière elle tout ce qui avait fait sa vie jusque là. Mais quand elle songeait à Pan, elle ne regrettait rien ... rien ! ce qu'elle avait trouvé dans cette nouvelle vie, était bien au delà des apparences, des fastes et des sourires de commande .... elle avait trouvé l'homme de sa vie, celui qu'on ne rencontre qu'une fois sûrement ... son double, son autre, son âme soeur !


Maman !

Petit chuchotis qui s'infiltrait par la porte légèrement entrouverte et Anya tourna vivement la tête .... abasourdie, une main toujours levée contre ses cheveux ... Amaury ? mais comment .....

La porte fut tirée promptement, le regard détailla avec fureur le vieillard aperçu dans la ruelle et elle faillit lui arracher des bras son petit garçon .... mais ces yeux qui la regardaient au dessus de l'écharpe .. ces yeux elle les reconnaitraient entre mille .... Pan .... mais comment es tu arrivé jusqu'ici ... entrez vite avant que quelqu'un ne vous voient !
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Panperdu
Inutile de le répéter deux fois, si les sœurs leur tombaient dessus ils étaient cuits. Amaury s'était déjà accroché aux jambes de sa mère et Pan bloqua la porte déjà refermée avec une chaise. La cellule était dépouillée, mais pas à ce point !

Mais qu'est ce... Ma chérie mais tu es... ouahou !

Les mots lui manquaient, c'était la première fois qu'il la voyait apprêtée autrement qu'une femme du commun et la transformation était éblouissante. Bien sûr elle lui avait avoué son passé, et quoiqu'on en dise l'habit faisait le moine, mais sur elle ce léger maquillage et cette robe semblaient si naturels ! Il était acteur, il en savait quelque chose.

A voir ta mise j'en déduis que tu n'es pas tout à fait prisonnière, non ? Ça te change tu sais. Mais bon, nous n'avons pas trop de temps et... Amaury, tu vas froisser la robe de maman ! ... dis-moi qu'est-ce qui se passe, je t'attendais et je te retrouve au couvent ? Apprêtée comme pour un bal ?

Il l'embrassa délicatement sur les lèvres veillant à ne pas la salir avec ses habits crottés, puis il l'écouta résumer son entretien et les projets du juge tout en surveillant les bruits de pas dans le couloir.

Je ne te dirai pas que c'est dangereux et que je refuse que tu risques ta vie en te jetant dans la gueule du loup, puisque de toute façon tu n'en feras qu'à ta tête. Et Amaury et moi dans tout ça, qu'est ce qu'on fait ? On joue aux osselets en t'attendant ?

Il serra les lèvres, réfléchissant à tout ça. Sans Amaury il se serait glissé dans la propriété, mais avec lui... quoique... non, il n'oserait pas... si ?

Ne rigole pas mais j'ai peut-être une idée. J'ai surpris quelques mots de tes "compagnons" juste avant de pénétrer icelieu. Ils cherchent quelqu'un pour assurer la liaison entre toi et eux. Enfin, c'est ce que j'ai compris. Un valet ou une femme de chambre. Je crois que je pourrai faire l'affaire. Ne suis-je pas le GRAND Panperdu ? Et qui se méfie d'un sous-fifre ou d'une soubrette qui se colle un môme ? MMMhhh ?
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Anya.
La porte fut promptement refermée, barricadée même et Anya serra dans ses bras son petit garçon qui s'accrochait à elle.

Je suis juste prisonnière de mes mensonges tu sais, c'est un péché, mais qu'importe quand il s'agit de protéger les miens ! j'ai menti sur mon nom, et sur ma famille !

Il la regardait et elle se sentait belle dans ses yeux, et reprenant un peu de cette malice qui la caractérisait, elle ploya légèrement le genou devant lui, tenant un pan de sa robe dans chaque main ... Agnès d'Aunis pour vous servir !

Elle se releva et prit un maintien non pas guindé, mais naturel, un léger sourire sur les lèvres, à l'aise comme si elle avait côtoyé le beau monde toute sa vie ... suis je crédible mon amour en suivante de femme de Juge?

Elle éluda la question quant à savoir si c'était dangereux, il la connaissait et savait bien qu'elle n'en ferait qu'à sa tête en femme décidée à trouver la vérité.

Bien sûr que tu feras illusion Grand Panperdu, mais encore faudrait il que tu enlèves cette boue collée sur toi ! tiens profite donc de mon nécessaire de toilette !

Et pendant qu'il faisait un brin de toilette, elle le détaillait un mince sourire sur les lèvres ... eux deux c'était une vraie complicité, un amour sans bornes et sans fin, et le petit homme accroché à sa robe en était la plus belle des preuves ... tu seras sage n'est ce pas mon ange ?

Anya s'inquiétait un peu de la suite des évènements, mais elle savait aussi que jamais Pan n'entrainerait Amaury hors de certaines limites et que jamais il ne le mettrait en danger.Mais elle ne put s'empêcher ... vous ferez attention n'est ce pas ?
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Panperdu
Pendant qu'il profitait du fond d'eau chaude pour reprendre une allure à peu près présentable, Pan réfléchissait - oui, encore direz-vous ! - et hésitait. Boniche ou larbin ? Il savait pouvoir jouer les deux rôles avec conviction, mais pour passer pour une femme il manquait d'un peu de temps pour se débarrasser de sa pilosité superflue et pour se maquiller avec art.

Ne bougez pas, je reviens...

Sans laisser à Anya le temps de répondre il poussa la chaise et se glissa rapidement dehors. Son absence ne dépassa pas cinq minutes.

Et voila. Dieu me pardonnera cet emprunt involontaire et hum... la bosse et la migraine dont ont hérité son précédent propriétaire. Nécessité fait loi, et de toute façon je suis déjà recherché, alors un peu plus un peu moins.

Amaury ne comprenait pas grand chose à ce qu'il se passait, mais occupé avec un bougeoir il se tenait tranquille.

Et voila ! Gente damoiselle d'Aunis, Antoine, à votre service, ainsi que son fils qui héritera peut-être un jour de sa charge. Nous allons attendre dans la rue l'arrivée du carrosse qu'on a du envoyer pour venir te prendre. Je dirais que c'est la mère supérieure qui m'a recruté et tu n'auras qu'à confirmer si on te pose la question.

Pan embrassa de nouveau son aimée et il retourna dans la rue avec son fils pour attendre la sortie de la Damoiselle d'Aunis avec son escorte qui ne devrait plus tarder.
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Fil_d_ariane
Tierce venait de retentir dans l'enceinte du couvent et l'on annonçait un carrosse à la grande porte pour la demoiselle d'Aunis. Alertée de cette visite, une sœur converse se hâta de lui ouvrir avant de guider sa passagère jusqu'à la cellule où Anya patientait.

Bonjour damoiselle. Je me prénomme Camille et je suis l'intendante de la Marquise. J'imagine que vous avez été informée de l'immense honneur qui est fait à votre famille et à vous-même puisque Monseigneur a accepté que vous deveniez la suivante de la Marquise et je suis chargée de vous conduire jusqu'à elle.
Elle jeta un regard vers la pile de malle qui s'entassaient dans un coin de la cellule, puis hocha la tête comme si la quantité qui s'offrait à ses yeux correspondait à la qualité de la damoiselle qu'on l'avait envoyée quérir.

Monseigneur le juge a déjà réglé toutes les formalités avec la congrégation. Souhaitez-vous attendre la fin de l'office pour saluer quelques amies ? Ah, et tant que j'y pense, un certain Antoine est également présent dehors. Envoyé par votre père m'a-t-il dit pour vous servir. J'avoue ne pas avoir été informée de sa présence. J'ajoute que nous avons tout le personnel nécessaire au château et que nous n'avons que faire du gamin qui l'accompagne. A moins que vous l'employiez par charité ? Dans ce cas évidemment...

Elle toisa la demoiselle d'Aunis.
Anya.
La transformation de Pan ne dura guère longtemps , en aussi peu de temps qu'il faut à deux doigts pour claquer l'un contre l'autre. De la magie pure et simple .... transformation digne d'un grand Théatreux je dois bien en convenir ! fais attention tout de même que je ne prenne goût à me faire servir !

Le petit air malicieux démentait les dires d'Anya et elle se haussa sur la pointe des pieds pour poser un doux baiser sur la bouche de Pan ....

Dès qu'il fut sorti, Anya remit en ordre la petite cellule, ce qui fut vite fait, juste à temps avant que la porte ne s'ouvre sur une jeune femme à l'air un tantinet hautain.


Anya la salua poliment de la tête en jeune fille bien élevée , un léger sourire aux lèvres, l'air naturel, refoulant en elle la colère que le ton méprisant de la jeune femme à son encontre soulevait.

... Bonjour Dame ! Agnès d'Aunis ....J'ai été informée bien entendu et il est exact que j'en suis fort honorée !

Elle redressa le buste sous le regard inquisiteur, arborant un maintien et un ton, sinon méprisants mais plutôt décidés et déterminés tout en plantant un regard qui se voulait franc dans celui de Camille.

La mère supérieure a recruté Antoine à la demande mon père qui a toute confiance en lui pour servir sa fille chérie ! je n'irais nulle part sans lui, et son fils restera également .. .... Anya prit un ton plus doux en regardant Camille, la tête un peu penchée sur le côté, jouant un peu l'ironie sans que son attitude ne le montre bien entendu .... ce chérubin est orphelin de mère, n'a donc plus que son père, et il nous est bon devant le Très Haut de montrer parfois de la compassion ! n'est ce pas Dame ?

Intérieurement, Anya jubilait, Pan serait fier d'elle, elle jouait une comédie qui semblait bien fonctionner.

Nous pouvons y aller si vous le voulez bien !

Elle passa la porte derrière Camille, croisa le regard de Pan mais évita celui d'Amaury ....Antoine ? veuillez charger mes malles je vous prie !
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Panperdu
"Antoine" inclina la tête comme il se doit avant de charger les malles, en profitant pour mettre, l'air de rien, la main aux fesses de sa "maîtresse" tandis que personne ne le regardait. Puis il monta avec Amaury à l'arrière du coche tandis qu'on ouvrait la grande porte battante et que le convoi s'ébranlait. Trois cavaliers les accompagnaient, criant pour qu'on fasse place au carrosse de la Marquise.

Pan se cala du mieux qu'il put, profitant de voyager sans se fatiguer pour une fois. D'un bras il s'accrochait, de l'autre il retenait son fils qui tendait le bras pour désigner tout ce qui passait devant ses yeux. Sur la grande place qui s'ouvrait devant la prison, Pan ne put détacher ses yeux de la forteresse où hier encore - ciel, c'était hier seulement ? - il croupissait. Bizarrement on ne voyait plus aucun mât de galère dépasser de l'enceinte de l'arsenal et il ne reconnaissait pas la livrée de la garde. Un nouveau régiment ?

Il n'eut pas le temps de réfléchir que déjà ils franchissaient le pont levis et que le carrosse accélérait le pas sur la route de campagne. Les arbres étaient déjà en bourgeon, signe que le printemps n'allait plus tarder, mais la chemin était encore boueux et défoncé par les pluies récentes et il faillit valser plus d'une fois. Ces dames devaient être bien secouées à l'intérieur ! De temps en temps le rideau de courtoisie se soulevait et il apercevait le visage de la mégère envoyée quérir la damoiselle d'Aunis. Austère, pas souriante pour deux sous. Mais Anya et lui avaient passé son examen avec succès. De toute façon ils ne comptaient pas s'éterniser chez la Marquise ni chercher à s'y faire une place. Que le Dragon - oui, c'était le terme - ne leur cherche pas des poux et ils s'en iraient dès que possible, peut-être même juste après le fameux bal.


Amaury, je crois que nous arrivons.

De fait l'équipage avait réduit son allure et franchit un portail d’apparat au fer forgé rehaussé d'ors. Au bout du chemin un double escalier ou s'alignait déjà une partie du personnel de maison.

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Anya.
Anya était restée de marbre sous la main qui "visitait" ses fesses, s'efforçant tout de même de réprimer un léger sourire ou de faire les gros yeux à Pan.

Le trajet avait été on ne peut plus cahotant, et si Anya l'avait trouvé inconfortable, elle songeait à Pan, et surtout à Amaury qui devaient eux en pâtir bien plus encore. Mais elle ne s'inquiétait pas, elle savait que Pan veillerait sur leur enfant.

Elle restait aussi droite qu'elle le pouvait face à l'intendante, évitant soigneusement son regard, une main sur ses genoux, l'autre accrochée au montant de la porte du carrosse, l'air humble d'une jeune fille de bonne famille. L'intendante portait sur son visage les stigmates d'un caractère autoritaire et hautain, la bouche pincée, les yeux méprisants et les gestes brusques.


Mais enfin, enfin ils arrivaient, Anya osa un regard au dehors pendant que le cocher stoppait les chevaux ... c'était vraiment une magnifique maison pourvue d'un escalier double où s'alignaient quelques gens de maison. Un domestique s'approcha et Anya put descendre, les jambes un peu ankylosées, jetant discrètement un regard vers l'arrière du carrosse et soupirant de soulagement en voyant Pan et Amaury en pleine forme.

Elle attendit que l'intendante descende elle aussi, et son regard fut attiré par une silhouette près des grilles du domaine ... une silhouette qui venait de s'arrêter, la gueule ouverte et la langue pendante ..
.

Thor ... songea t-elle tandis que l'animal ne bougeait pas, hésitant sur la marche à suivre, et elle lui fit un geste destiné à ce qu'il n'approche pas et le molosse disparut à l'abri des regards.

L'animal les avait suivis tout ce temps, ne les lâchant pas et leur gardien était là, quelque part, veillant sur eux. Et Anya s'avança , suivant les pas de l'Intendante de la Marquise, les mains relevant sa robe avec une posture sereine.

Tout irait bien, il le fallait !

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Fil_d_ariane
A peine les roues s'immobilisèrent-elles que la porte du carrosse fut ouverte par un laquais en gants blancs et le marchepied mis en place. Comme il fallait s'y attendre, la Marquise n'était pas sur le perron, aussi l'intendante descendit-elle la première. Son regard noir survola la haie d'honneur, puis, apparemment satisfaite elle s'écarta pour laisser descendre Anya. Pan était également descendu avec Amaury et il s'était mis en retrait.

Voici la damoiselle d'Aunis, nouvelle suivante de la Marquise. Vous lui témoignerez le respect du à son rang et vous lui obéirez en tout point pour le service et la grandeur de cette maison.

La Marquise - ou le juge ?- avaient déjà réglé l'affaire sans même voir la damoiselle. Ou alors avait-on laissé à l'intendante le soin de décider si Agnès d'Aunis ferait l'affaire ? En tout cas c'était entendu, Anya était admise dans le cortège de la maîtresse de maison.

Permettez que je vous présente le personnel à présent avant de vous présenter à notre Dame. Elle a insisté pour vous voir dès votre arrivée car il y a beaucoup de mondanités à venir et vous ne disposerez que de peu de moments en tête à tête ces jours-ci. Voici Albert, le maître queux...
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