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[RP] Mission top secrète et faux-semblants

Ellya
Des agents de pénétration? répéta Richard, apparemment déboussolé.
Chuuut. Ne faites pas l'étonné. C'est le terme, je me suis renseignée, qu'imaginez-vous! Durant les prochaines semaines, si tout se passe bien, nous pénètrerons. Je veux voir de l'infiltration partout!


Il faisait nuit.
Partis de Guyenne plus tôt dans la journée, ils venaient de faire une pause en bord de chemin entre Bordeaux et Castillon.
Allongée près du feu, la dénommée Ava, qu'ils ne connaissaient ni l'un ni l'autre, roupillait. Richard et elle s'étaient alors éloignés afin que cette dernière l'entretienne de la raison de ce voyage. Sa mission, comme elle l'appelait.


Ne posez pas de questions inutiles, je n'y répondrai pas. Contentez-vous de vous appliquer à votre repentance.


La religieuse resserra sa cape sur ses épaules et frotta ses pieds nus l'un contre l'autre pour les réchauffer. Tout cela était risqué mais si elle parvenait à mettre la main sur ce document...
Richard semblait assez fort pour la protéger si elle se faisait démasquer. Il ne lui resterait plus alors qu'à retourner, penaude, à Paris, et à trouver un autre moyen de creuser la tomber du vieil orfèvre Watelse, le célèbre Artisan.


Mais il faut que nous changions d'identité. C'est plus prudent. Nous pourrions vous appeler... Gérard Celse? Pétard Flese?
Pour moi, je pensais à...


Un craquement la fit s'interrompre et se retourner. Fausse alerte.

Je pensais à Sœur Marguerite. Il parait que c'est un évêque qui adore le rose, vous comprenez.

Comme si cela avait un rapport.

Ou Sœur Elisabeth. Cela commence comme Ellya. Qu'en pensez-vous?
Nous dirons que nous venons de Gascogne. Plus crédule.

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Richard_watelse
Crédule ou Crédible? répondit le militaire en premier. Histoire de gagner du temps et de rassembler ses idées quant à cette fameuse quête. C'était donc pour une infiltration qu'il avait de nouveau quitté sa terre bordelaise? Ce ne serait pas la première fois qu'il agirait en espion. De ses campagnes en contrées de Jérusalem, il avait acquis la prudence des traitre et le masque adaptable des bons acteurs.

Changer de nom, d'allure même,... et auprès de qui dois-je me faire admettre et en quelle qualité, Soeur Eli....Turgiee?

Nom bredouillé, hésitant, ne voulant rien dire vraiment, mais qui sonnait bien aux oreilles de Richard, comme le tintement des cloches appelant à l'office dominicale. Allez savoir pourquoi....

J'agirai selon vos paroles, car elles sont justes et vos actes sont dictés par la bouche d'Aristote-l'édenté, et non par l'envie maligne qui rongent les tripes.


De fait, il s'agenouilla devant elle, et enfouit sa tête dans la terre. Les flammes du feu de camp dansait sur la chevelure du pénitent et le vacillement de la lumière rythmait le déroulement du Credo que Richard Watelse murmurait. SOn esprit pourtant peinait à s'attacher à sa prière, vagabondant vers la personne qu'il avait laissé encore sans un mot derrière lui, à Bordeaux. Cela signait la fin d'une histoire. La vie du Connétable Watelse prenait un virage vers une renaissance et une reconnaissance par Aristote de son dévouement.
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Ellya
Qu'il la reprenne l'agaça.
La fatigue avait apparemment eu raison de ses idées et ses mots semblaient sortir en vrac. La seule crédule présente, c'était bien elle. Crédule face aux promesses d'Odoacre le Vil, crédule au regard doucereux de Watelse l'aîné quand il posait, ces temps-là, les yeux sur son ventre arrondi, crédule au point de laisser cet étranger l'accompagner sans tout connaître de lui.
Elle ne répondit donc pas à sa question, se contentant de détourner le regard. La route ne serait plus longue avant d'atteindre Périgueux et une sourde angoisse lui nouait les entrailles tandis qu'une folle excitation hérissait les grains de sa peau.

La nonnette ne reporta son regard sur le connétable que lorsqu'il se mit à prier avec ferveur. Elle aimait cela en lui. Sa croyance sans limite. Malgré son désir, elle se retint de psalmodier à ses côtés, estimant qu'il serait grand temps de le faire quand elle aurait repris du service sous les ordres de l'évêque qu'elle espérait trouver.


Soeur Eli Turgie. Pourquoi pas.
Vous semblez savoir manier ce fer qui pend à vos côtés. Offrez le aux soldats de Périgueux. Ils doivent bien avoir un Ost. Faites-vous des amis. Tendez l'oreille. Nous aurons peut-être besoin d'informations que vous pourriez ainsi glaner.




Le lendemain, ils parvinrent à Bergerac.
Contrairement à l'ambiance chaleureuse et animée de Castillon, ce village baignait dans le calme et la tranquillité. La Duranxie en profita pour soigner sa mise et être prête pour sa future rencontre. Elle lava donc ses pieds nus, brossa sa bure violette et tressa ses cheveux mordorés en une longue tresse.
Plus tôt, au marché, elle avait acheté une minuscule bourse reliée à un lacet. Elle y glissa l'anneau qui étouffait son annulaire gauche, un pincement au cœur. Elle avait cru qu'elle ne s'en débarrasserait qu'à la mort du vieillard. Pourtant, la nuit avait suffi à la convaincre que, passant pour une pucelle, elle aurait plus de latitude pour devenir la nonne préférée de l'évêque de Périgueux.
Le lacet fut passé à son cou et la bourse alla se nicher au creux de sa maigre poitrine.

Elle retourna ensuite dans l'auberge où ils avaient pris leur repas, pour retrouver ses deux compagnons de route. La religieuse en savait un peu plus à propos d'Ava et lui avait proposée qu'elle les accompagne jusqu'à Périgueux. Une erreur, peut-être.
Prenant place à côté de Richard, elle remarqua ses épaules voûtées. Ainsi il avait passé la fin de nuit à laisser son fouet embrasser sa peau nue. Revint à son souvenir la demande qu'il lui avait faite, quelques jours plus tôt.

... Si vos mains pouvaient un jour expier mes fautes par l'abattement du fouet sur mon âme...
Elle le considéra. Un jour peut-être.
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Ava.
Repartir de Bordeaux à peine arrivée, « je ne sens pas cet endroit », c’est ce qu’elle avait dit à cette dame rencontrée en taverne, Ellya était son prénom, la perplexité avait éclairé son visage à ces quelques mots prononcés et la jeune femme en avait été amusée. Il suffisait d’un rien, de peu, et puis était venu le temps de prendre sa décision « je retourne à Castillon… »

S’en était suivi une proposition d’accompagner…
La religieuse s’y rendait aussi…
Pourquoi pas… à croire que c’était sa destiné du moment…

Ne venait-elle pas d’accompagner un homme durant plusieurs semaines, juste pour lui rendre service… ne lui avait-elle pas trouvé des compagnons de voyage…

Etrange les circonstances… les consonances… les résonnances…

Castillon donc le retour… ne pas sentir Bordeaux, pourquoi ?
Aucune idée… un ressenti ça ne peut s’expliquer… et puis ne pas chercher plus loin, pourquoi chercher ?

Castillon… hasard, heureux, malheureux, peu lui importait, elle avait un certain détachement, latent, récurant, sauf bien entendu quand elle décidait d’être blessée…

Elle avait décidé d’être blessée ces derniers temps… parce qu’après tout les blessures ça vous donne un air… un air…
Un petit air mélancolique, un orage dans le regard, une pépite de lumière, un soubresaut de lassitude, oh oui, ça c’est bien… le soubresaut de lassitude…

D’ailleurs ça n’allait plus durer, combien de temps se devait-t-elle d’être blessée ?
Elle l’ignorait… n’était-ce pas idiot, une blessure gratuite perdue dans l’ignorance, parce que bien évidemment la blessure était secrète et certainement niée, pas la moindre allusion, juste un constat.
..… Bon elle y réfléchirait plus tard…

Il y aurait aussi un autre compagnon de voyage… un certain Richard…
Soit… la route se ferait… sans plus de questions… quelle horreur les questions…

Rien de rationnel dans tout cela, mais la blonde Normando Irlandaise, bien sur que ça existe… était tout sauf rationnelle, brûler sa maison abandonner ses terres, s’en aller, aider une personne à faire son chemin. En prendre un autre, jouer à :
Je ne sais pas où je vais mais j’y vais…

Elle regarda cet âne d’un air amusé, elle-même juchée sur son Shire, le contraste était plutôt original, peu bavarde, elle ne fit aucun commentaire au moment du départ, se contenta de saluer d’un signe de tête l’homme qu’elle avait peine à distinguer et qu’elle n’avait d’ailleurs pas pris le temps de détailler, aucun commentaire, un sourire intérieur.

Qui étaient-ils ces deux là, quelques instants se poser la question, faire d’hypothétiques suppositions… quelques instants pas plus…
Et puis replonger dans ses songes… les siens…

Une route, une autre, prolonger le moment de cette rencontre fortuite, pourquoi pas… pousser plus loin les pas… un village, deux… trois ?

Discuter de temps à autre avec Ellya, agréable personne de son état qui esquissait tout en finesse il fallait bien le reconnaître de faire quelques tentatives de percer à jour la mystérieuse.
Mais…
La Blondo Normando Irlandaise était-elle disposée à se laisser approcher, Là était la question…
N’avait-elle pas une blessure narcissique à soigner ?
Au diable les blessures… c’est moins drôle qu’on ne le pense.
Et si elle s’achetait des fleurs… ça console les fleurs ?
Oublions les fleurs…

Et si elle passait à autre chose, l’air du temps c’était bien l’air du temps…

Avoir quelque chose de mieux à faire dans l’instant, non…
Se laisser approcher… peut-être, il fallait y réfléchir…

Au fait que ferait-elle une fois le voyage achevé…

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Richard_watelse
Un OST? Pourquoi pas... Il avait toujours été homme de guerre. La guerre l'avait formé et même en amour, il ne pouvait s'empêcher de lancer batailles après batailles pour abattre les remparts charnels de la conjointe du soir ou de plusieurs. Sa conjointe actuelle n'avait rien de corporellement attirant, mais quelque chose en elle d'inaccessible et de divin le captivait, lui qui avait du mal à s'attacher à une personne sur un long terme.
Par ailleurs, quel lien y avait il vraiment entre la nonne et lui? Un lien de soumission, sans aucun doute. Il se sentait plus bas que terre devant elle, indigne de se présenter devant ses yeux. Même les coups de fouet nocturnes ne le relevaient pas de cette position pitoyable.


L'OST ne prendra jamais une personne ne résidant pas dans le comté...

Avait-elle déjà côtoyer autre chose que des porteurs de croix? Il en doutait. Que savait-il de sa vie? Rien d'autre que sa foi. Son inaltérable et juste foi en Aristote. Il aimait particulièrement le mouvement souple de ses lèvres lorsqu'elle récitait le Credo, et la légère intonation de sa voix lorsqu'elle appelait Christos. Comme il souhaiterait d'elle la même inflexion de ton lorsqu'elle s'adressait à lui!

La nonne Guyenne devenait de jour en jour une obsession, aux yeux du Connétable, et la pieuse devenait Sainte, presque déifiée.

Il nota non loin d'eux la présence de la blonde, Ava se prénommait-elle et ne put empêcher une question à son sujet :

Sa présence se fera t'elle encore sentir?


Il ne put camoufler son agacement. Depuis que la voyageuse les avait rejoints, la nonne concentrait ses discussion envers Ava. Richard, lui, se trouvait de fait à l'écart. Incoryable solitude de l'homme qui ne supporte plus d'être mis de côté. Loin de la religieuse signifiait loin du Seigneur Dieu le Père. Loin d'elle revenait à le plonger dans les profondeurs de l'Enfer lunaire.
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Ava.
La jeune demoiselle avait l’ouïe fine et se mit à réprimer un large sourire, l'homme avait sans doute raison... ils étaient arrivés à destination et elle n'avait donc plus rien à leurs apporter.

Elle l'avait déjà appris avec son dernier voyageur, la leçon était retenue et la conclusion s'imposait...

Elle s'éloigna discrètement, La religieuse ignorait à cet instant son départ...
Plus tard elle lui enverrait peut-être une missive...

Elle partait comme elle aimait au milieu de la nuit, confortablement installée sur l'animal qui partageait sa route et surtout sa vie depuis plusieurs années...
" L’imprévisible est mon amie" lui avait-elle dit plus tôt dans la journée... Elle ne croyait pas si bien dire, elle lui avait aussi dit qu'elle avait été ravie de cette rencontre, avait-elle senti quelque chose, pour amorcer un adieu, un adieu à une religieuse, était-ce bien convenable ?

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Ellya
Aussi longtemps qu'elle le souhaitera, avait répondu lascivement la nonnette, notant la lueur dans l’œil de Richard, sans toutefois en déduire l'exaspération qu'il éprouvait. Elle appréciait en vérité énormément la Normande qu'ils avait pêchée à Bordeaux, essayant d'en gratter l'apparence pour découvrir ce qu'elle était vraiment. Elle ne réalisa pas, sur le coup, son échec, ni que la femme les quittait en silence. Elle l'aurait probablement retenu sinon. Ou du moins lui aurait formulé une prière de bon voyage.

Mais en lieu de cela, ne dissimulant pas davantage son excitation et les découvertes qu'elle avait faites en taverne de Bordeaux, elle se rapprocha de lui jusqu'à le frôler de sa bure et, jubilant, s'écria:


Il aime les hommes! Par Dieu, vous réalisez?!

Et sans mettre un nom sur ce "il", elle lui expliqua sa rencontre en taverne, avec Sashah, une amie, et ce qu'elle lui avait appris.

Il tenait la main d'un homme et l'emmenait dans une chambre. Une chambre!

Fébrile, elle se signa. Oh, elle n'avait pourtant pas été si surprise que cela. Odoacre était si sombre, si dénué de la plus petite vertu qu'il n'était pas étonnant qu'un homme proche de lui soit également vicié jusqu'à la moelle. Et après avoir éclusé quelques godets en taverne, elle en avait déduit, dans son grand génie, qu'elle approcherait plus facilement le faux pieux en étant du sexe qu'il appréciait.

Si je reste femme, il me donnera peut-être un poste de diaconesse et je le verrai tous les trente-six du mois. Impossible. Je dois être sa femme de main la plus fiable, pour avoir accès à...

Elle s'arrêta. Reprit sa respiration.

Non. Son homme de main. Je dois devenir son homme de main. Transformez-moi, Richard.
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Richard_watelse
Transformez moi, Richard.

La nonne avait eu un peu la même intonation de voix que la dernière louloutte qu'il avait engrossée "Aimez moi, Richard". Et Richard l'avait aimé. Une fois pas deux. Aussi, Richard grima la nonne Ellya. Une fois, pas deux. Car la seconde fois, elle l'avait fait elle-même. Avait-elle quelques réticences la première fois à se soumettre à ses attouchements imposés pour la déguiser?

Pourtant, il avait cherché à marquer ses distances pour ne pas l'effaroucher alors qu'il fourrait ses braies de deux belles patates pour simuler des gonades opulentes. Tassant d'une ceintures les deux attributs factices contre la ceinture virginale (toute sainte est vierge non?) de la religieuse, il avait même pris soin de porter des gans ses mêmes gants de cuir qu'il utilisait pour souffleter le visage des catins pendant l'acte bestial en récitant un psaume ou deux.

Tout autant de retenue avait compressé la poitrine, qu'il imaginait douce, tout en comprimant la propre envie qui le submergeait son bas ventre en récitant un Credo singulier: Aristâte bien mes hanches, Aristâte bien mes fesses... blasphème, blasphème! Le pénitent se jura la flagellation le soir même pour autant de manque de respect. Il se fouetta en effet ... et pas seulement le dos. Aristote douta à vue du résultat que Richard Watelse pu un jour donner de nouveau naissance tant la verge pendait lamentablement lacérée comme un pendu à sa corde.

L'ancien soldat lui avait aussi passé une de ses anciennes chemises à enfiler, regrettant de ne jamais l'avoir lavée, car elle sentait comme un rat mort enfermé dans un cercueil depuis des siècles. Il chercha à éviter son regard alors qu'il justifiait l'odeur :


Plus vous sentez mauvais, plus on vous pensera homme... J'y ai cogité toute la nuit. Faudrait pas que vous sentiez l'odeur de sainteté, nenni!
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Ellya
Il serait mentir que d'avouer que la nonnette avait été imperturbable lors des multiples transformations subies. Entre sueurs intenses, carmin aux joues, mains moites et tremblantes, éclats de rires hystériques et raclements de gorge en série, elle avait suivi d'un regard curieux et inquiet les gestes de Richard.
Le tout prenait forme. Elle devenait homme.
La Duranxie finit par réprimer un retroussement de nez en faisant un tour sur elle-même pour mieux apprécier les changements, ravivant par là-même les effluves infectes du tissu.


Impressionnant. Impressionnant...

Et, de fait, son corps avait tout à fait l'allure d'un mâle gringalet, si ce n'était cette affreuse entrejambe. D'un geste rompu par l'habitude, elle enfila par-dessus la chemise grisâtre une robe de bure achetée d'occasion au marché voisin.

Qu'en dîtes-vous? Je veux dire... Qu'én dîteus-voûs?

Les derniers mots, elle les répéta d'un ton plus grave et plus traînant. Il n'était pas question que ses paroles la trahissent par leur intonation. Un détail toutefois demeurait et l'avait chagriné toute la nuit.
Elle avait tranché au petit matin.


Il va falloir s'occuper de ma tête.

Elle tourna le dos au soldat, un pincement au cœur.

Et de mes cheveux.

Sans laisser à son compère le temps de répondre, arriva le courrier. Quelques jours plus tôt, une quinzaine à tout casser, elle avait écrit au détective qui avait prouvé (ah oui?) sa valeur lors d'une sombre affaire.



    De Sœur Ellya, Pieuse chétive en besoin d'aide
    A ... Mucius tout court, Serviable qui rêve de lui apporter cette fameuse aide.



    Cher, que dis-je, très cher Détective Mucius,


    Ne refermez pas aussitôt cette lettre et, pitié, ne la brûlez pas... de suite. Je sais bien que vous avez une passion pour le feu mais gardez-vous de l'exprimer sur l'heure. Et lisez-moi.
    Qui est-ce? Vous demanderez-vous peut-être. Je vous accorde de sauter tout en bas jusqu'à ma signature. Cela ne vous rafraîchit pas la mémoire? Deux mots, alors: mouton / échec. Est-ce mieux?
    Aaah. Mon pauvre petit mouton. Disparu à tout jamais. J'ai enterré une tombe vide. Je l'ai pleuré longtemps mais c'est fini!

    Les affaires reprennent, super Détective! Vous, moi, vers l'Infini et au-delà!
    J'ai grand besoin de votre savoir, de votre fer, de votre savoir-fer. Mais avant d'entrer dans les détails, il me faut évidemment connaître votre réponse.
    Me viendrez-vous en aide?
    Si vous acceptez et que vous réussissez, je vous promets plus d'écus que vous n'en avez jamais vu! Si tant est que vous n'en ayez pas vu beaucoup, hein.
    Il vous suffira de me dire votre prix et de vous mettre au travail.

    Laineusement vôtre,
    Soeur Ellya - Prieure sans Prieuré


Elle n'aurait jamais cru qu'il réponde si vite, et pourtant...




    Chère nonnette en goguette

    Votre lettre m'est arrivée à point nommé (allez, disons un point P sur l'axe z) pour me sauver de la vie de dépravation que je menais. Après bien des péripéties dont j'épargnerai la lecture à vos chastes pupilles, l'action conjuguée d'un redressement fiscal, d'une douzaine de dames de charités et d'un pilier de taverne agressif m'ont poussé à embrasser la noble profession de clochard. Au fond d'un fût vide. Oui vide, je sais, c'est trop horrible...mais il sent encore un peu le houblon...

    Je m'étais laissé aller à cette existence misérable quoique confortable (les puces tiennent plus chaud qu'on ne veut le croire) rongé que je l'étais par le souvenir de votre mouton précipité ad patres par ma faute...Je savais que vous me teniez pour unique responsable de sa mort, puisque c'est moi qui ai demandé aux ravisseurs une preuve qu'ils tenaient bien votre animal...ce à quoi ils ont répondu par l'envoi de la tête tranchée de ce dernier...

    Nez en moins, votre missive m'a rappelé à quel point est fort mon désir de me faire pardonner ! Aussi, après un bon bain...enfin une douche...enfin une journée de pluie...je me suis mis sur la route pour vous rejoindre dans cette périlleuse et sûrement lucrat....rédemptrice quête ! Je serai à Bergerac dans quelques jours, à vous de me dire où vous souhaitez me retrouver précisément pour m'expliquer la mission plus précisément !

    Votre éternel serviteur pour moins de vingt écus par jour


    Mucius Scaevola dict "T'es pas aidé"


Un sourire ourla ses lèvres tandis qu'elle faisait de nouveau face à Richard, brandissant la lettre comme le plus glorieux des trophées.

La vérité règnera, Richard! Nous allons vaincre! Remettons-nous au travail. Dès son arrivée, nous commencerons.

Et sans plus d'explications pour le Connétable qui n'avait jamais été éclairé sur les projets de la religieuse, celle-ci lui tendit le courrier avant de s'asseoir sur un tabouret. Prête à l'exécution.
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