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[RP ouvert] Il n'y a qu'une seule beauté...

Tynop
... Celle de la vérité qui se révèle.
Rodin

Bien qu'une esquisse de trame ait été prévue, vous êtes tous invités à participer à ce RP si l'envie vous prend. On est là pour s'amuser, alors n'hésitez pas. Il ne vous est pas demandé de MP avant, seulement de rester cohérent et de prendre en compte les posts précédents.




Le soleil irradiant le cours d'eau de ses rayons lumineux témoignait du retour des beaux jours dans le Sud du Royaume. Exactement reflétée par l'azur immobile de la rivière, la silhouette du blondinet se dressait sur la berge qu'il parcourait. Le lieu était paisible et calme, dégageait une sorte de sérénité susceptible d'envahir l'homme le plus ennuyé du monde. A l'écart des sentiers généralement empruntés par les voyageurs, il garantissait une tranquillité relative à ceux qui l'arpentaient et désiraient laisser leur esprit vagabonder au gré des flots.

Pourtant ce n'était pas en quête d'un isolement restaurateur que le blondinet se retrouvait ici. Bavard comme pas deux, il préférait largement tuer le temps sur les routes à discuter avec ceux qui avaient parfois la chance - ou la malchance, ça dépend du point de vue- d'être ses compagnons de voyage. Très peu pour lui, les moments d'intense réflexion, de remise en question de soi-même, de méditation. Non, s'il marchait aujourd'hui le long de cette berge, c'est qu'il avait repéré quelque chose d’intéressant. Non pas une jeune femme ayant eu l'imprudence de s'imaginer seule pour profiter du beau temps et se baigner nue, mais... un cheval. La monture,s'abreuvait , éreintée qu'elle devait être par la chaleur estivale. Pas de propriétaire à l'horizon. Le vagabond allait faire en sorte que ce dernier regrette son imprudence.

Un destrier. Il en avait toujours rêvé, et n'avait jamais eu les moyens de s'en payer un. Longtemps trop honnête pour même songer à en voler, sa conception de ladite honnêteté avait évolué au gré de ses récentes fréquentations. Il suffisait de se convaincre qu'une personne assez riche pour s'offrir une telle monture l'était assez pour s'en payer une deuxième. Pour éliminer les éventuels restes de culpabilité encore présents dans son esprit, il pouvait alors s'imaginer galopant le long des routes. Oui, le blondinet pouvait même déjà sentir le vent venir fouetter ses joues.

Il avançait, lentement, vers ce qui allait être son premier vol. Car il avait récemment changé de vie, et s'il avait progressivement adopté la mentalité de ceux qu'il côtoyait depuis peu, il ne possédait pas leur expérience. Sa sauvageonne de compagne tâchait de lui apprendre le maniement des armes. Pour le vol, il avait décidé de s'instruire par lui-même. Il était maintenant à quelques mètres du destrier. Ce dernier était noir comme l'ébène, imposant. Il se dégageait de l'animal quelque chose de sauvage, malgré que la selle dont il était affublé témoignait du fait qu'il appartenait bel et bien à quelqu'un. Il devait valoir un petit pactole, mais il était hors de question pour le blondinet de le vendre. Il l'apprivoisera, lui donnera un nom, en fera son fidèle compagnon.

Bercé par cette réjouissante perspective, il trouva le courage de s'avancer jusqu'à la bête. S'emparant avec douceur des rênes, il caressa la sombre crinière de l'animal.



Tout doux... Tout doux... Reste calme...

Mais le cheval n'était pas vraiment enclin à écouter le blondinet. Ses deux pattes arrières fendirent l'air pour finalement venir percuter le vagabond qui se retrouva projeté quelques mètres en arrière, le souffle coupé et le dos meurtri par l’atterrissage. Grimaçant et jurant dans un premier temps, il se tût soudain lorsqu'il vit le cheval se retourner vers lui et se cabrer, en lâchant des hennissements à réveiller toute la campagne environnante. Le blondinet s’étonna de ne pas avoir peur, mais la situation semblait trop irréelle pour susciter le moindre sentiment. La réflexion laissait sa place à l'instinct de survie. Ignorant la douleur, il se releva avec l'énergie du désespoir pour s'emparer de nouveau des rênes, tant bien que mal, et pour tenter d'atteindre les étriers afin de monter sur le cheval. Ce dernier, plongé dans une furie terrifiante, donnait du fil à retordre au vagabond qui se débattait pour éviter les coups de sabots et tentait de le maitriser. A observer, la scène devait plutôt être amusante. Enfin sauf pour le propriétaire légitime dudit destrier.

Kachina
« Dans l'instinct est la seule vérité. »
Anatole France

Le soleil jouait avec les perles d’eau qui sèchaient sur la peau de la jeune femme dissimulée derrière un bosquet. Elle terminait de lacer sa longue tunique de coton blanc, lui arrivant aux genoux, tout en savourant la chaleur de l’astre qui caressait sa nuque et ses reins. La rivière était belle en cette saison et la jeune femme avait fait sien ,ce coin tranquille où elle venait à l’aube gouter aux joies d’un bain en eau vive.

Secouant sa longue crinière sombre comme l’aurait fait un jeune chien fou, celle qu’on appelait la Louve ne quittait pas du regard ce couple de colverts en pleine parade nuptiale. Ses yeux clairs , s’éclairaient d’une lueur amusée devant le spectacle du mâle qui en faisait un peu trop pour attirer les faveurs de sa Belle . Ses pensées s’évadèrent un instant vers son Brun, et sa fâcheuse manie de claquer la porte pour un oui , pour un non . Et la mauvaise humeur s’empara à nouveau d’elle, malgré la détente apportée par l’eau.

Elle avait besoin de ces moments de solitude, plus que jamais, en ces jours troublés,. Son fils lui manquait, elle n’aurait jamais du le laisser là bas. Folle qu’elle était de croire que le danger épargnerait le Louveteau. Elle avait commis une erreur, c’est dans son giron que l’enfant était le plus en sécurité. Et l’image de sa sœur, blessée et triste la traversa, réveillant l’angoisse à nouveau dans son ventre noué.
Elle et ses amis, ceux qui composaient cette famille de cœur qu’elle s’était choisie, avaient fait de l’Irraison leur seul Crédo, se contentant de jouir de l’instant, de savourer chaque fête,chaque moment de bleu offert. Crachant à la gueule d’une Faucheuse qui quelque fois réclamait son du ou sa part de sang. Les derniers jours l’avaient vue victorieuse. Un juron d’échappa des lèvres pleines :


- Chienne de Vie !

Elle achevait de lacer sa deuxième cuissarde , assise sur cette pierre plate où elle avait choisi de venir se sècher , quand le hennissement de Fantoche alerta tous ses sens. Déjà la main glissait au fourreau contenant les dagues , et en un bond, elle fut debout, et se mit à courir sur l’étroit sentier qui menait à l’endroit où elle avait laissé paitre l’étalon. Elle tenait au cheval comme à la prunelle de ses yeux et celui qui oserait y toucher finirait embroché au fil de sa lame. Il avait appartenu à Joran et elle avait à sa mort, patiemment et obstinément, jour après jour, apprivoisé la bête , refusant de l’abandonner. Depuis ils ne se quittaient plus. Pour elle seule, il savait se montrer doux et docile. Elle seule, l’étrillait, au retour des longues chevauchées. Elle n'aurait laissé à personne le soin de prendre soin de lui. Et il suffisait de la voir dans les brumes matinales, passer au galop, ses cuisses enserrant les flancs de la bête, pieds calés dans les éperons, pour comprendre le lien qui unissait ces deux là.

Elle arriva juste à l’instant où l’animal faisait mordre la poussière à un homme plutôt jeune et blond de surcroît. La Brune avait une nette préférence pour les Bruns, même si son premier amant avait été blond, même si elle comptait parmi ses amis les plus chers des chevelures claires.
En d’autres temps, elle aurait éclaté de rire en voyant comme l’imprudent se démenait pour échapper à la hargne de l’étalon , rendu fou furieux. L’image du mâle dans toute sa splendeur, arrogant et impétueux, face à un freluquet maladroit et affolé qui s’entêtait à essayer de dompter cette masse de force pure.

Mais elle n’avait pas le cœur à rire. Et dans un claquement de langue, elle calma l’animal, s’approchant du blond. Sans ménagement, la pointe de sa botte vint heurter avec rudesse le postérieur du voleur malheureux. Telle une furie, elle toisa le prétentieux.


- Oh là, maraud ! Lâche ce cheval où j't’étripe sale voleur !
Foutre Dieu , tu tiens si peu à la Vie ?


Et sa voix baissa d’un ton, se fit douce et tendre quand elle s’adressa à l’étalon , sans quitter le blond du regard :

- Tout doux mon Beau ! Tout doux ! Là……….Calme…….
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Umbra
"La vérité doit s'inspirer de la pratique. C'est par la pratique que l'on conçoit la vérité. Il faut corriger la vérité d'après la pratique."Mao

L'astre solaire rayonnant illuminait la campagne environnante, faisant scintiller le courant d'eau limpide mais tout cela sans jamais éclairer l'Ombre. Vêtue de sombres vêtements malgré les beaux jours, la jeune femme avait l'art de faire tâche même avec une toilette de bonne manufacture et de surcroît, propre. Sous la douce chaleur, Umbra avait tout de même retiré son affreux cache-misère, laissant la brise légère se jouer de la souplesse de sa chemise bouffante. Ses bottes claquaient la berge tandis que son regard flânait de ci de là. Comme à son habitude, elle errait en attendant que la routine se brise une fois de plus. Rien d'exaltant dans ce sombre quotidien et même l'arrivée de l'été n'améliorait pas le moral de la jouvencelle.

Son esprit s'évadait au chant des insectes, s'envolait loin par les roucoulements des oiseaux. Si bien, que sa marche lente fut rapidement automatisée. Tout semblait monotone quand un grognement féminin proche extirpa l'Ombre de sa méditation. A quelques enjambées, elle reconnut le blond et ne manqua pas de sourire en coin en voyant la situation. Les iris de jais se posèrent en suite sur la râleuse puis sur la monture. Un court instant de réflexion pour créer moult hypotèses avant de se rapprocher faiblement de Tynop.

Non, Umbra n'a pas le coeur sur la main mais plutôt sur sa bâtarde en prévision. Bien sûr qu'elle ne montrerait aucun signe de sympathie à son compagnon de route, cela briserait sa froideur légendaire. Mais elle serait toujours là, mine de rien sous son air détaché au possible, en cas de besoin, comme avec chacun de ses alliés, dans leur dos comme une ombre à les soutenir, à les pousser ou à les protéger.


Le bonjour, Dame. Ce jouvenceau vous importune-t-il?

Le ton était posé, rien d'agressant ni d'ironique, bien que le verbe aisé de la jeune femme déplaise à beaucoup surtout dans son milieu. Ses doigts noueux étranglaient le pommeau de son épée, le regard impassible sur son interlocutrice. La maigre carcasse sombre ne faisait pas le poids devant elle: ses formes étaient voluptueuses et musclées. Espérons qu'elle ne soit pas trop sulfureuse, se disait intérieurement la jouvencelle.
_________________
Tynop
"L'expérience s'achète par le malheur."
Balzac

L'espace d'un instant, il pensa avoir triomphé de l'étalon. L'animal s'était en effet soudainement calmé. Le blondinet, à bout de souffle, posa alors un pied sur l'étrier, pour finalement se recevoir un coup de pied au séant qui l'envoya une fois de plus mordre la poussière. Tout en se massant le postérieur, il chercha du regard le responsable de cette douleur. Ses yeux se posèrent alors sur une jeune femme vêtue de blanc qui le fixait d'un air qui n'avait rien d'amical.

- Oh là, maraud ! Lâche ce cheval où j't’étripe sale voleur !
Foutre Dieu , tu tiens si peu à la Vie ?



Bonne question. Il avait envie de prendre ses jambes à son cou, de repartir la tête basse et d'aller oublier cette déconvenue dans la taverne la plus proche. Mais ce cheval... Il le voulait. La brune parvint à totalement apaiser le destrier à force de parole, en continuant de fixer le vagabond d'un regard hostile. Il se releva, douloureusement. Devait-il fuir ou bien tenter à tout prix de s'emparer de la monture?

Le bonjour, Dame. Ce jouvenceau vous importune-t-il?


Il connaissait cette voix neutre, calme et posée en toute circonstance. Par acquis de conscience, il tourna la tête et plissa des yeux agressés par la lumière du soleil pour mieux distinguer la silhouette efflanquée d'Ombeline s'approcher d'eux. Les paroles de l'Ombre étaient bien mystérieuses, difficiles à interpréter, pour ne pas changer. En dépit du fait qu'ils voyageaient ensemble depuis maintenant deux mois, le blondinet n'était jamais parvenu à connaitre les véritables intentions de la jeune femme. Pourquoi était-elle là? Cherchait-elle à baisser la garde de l'inconnue, ou avait-elle tout simplement trahi le blondinet? Difficile de savoir, d'autant plus qu'Ombeline avait un talent incomparable pour garder un visage impassible et froid au possible.

Il fallait prendre une décision, et vite. Considérer l'Ombre comme une alliée, ce qui permettrait alors au blondinet de s'emparer du cheval par la force, ou bien considérer les dernières paroles comme une trahison. Après quelques secondes de réflexion, il décida d'entrer dans le jeu d'Ombeline. Il s'éclaircit la gorge, avant de parler d'une voix embarrassée.


Ahem... mesdames... Sauf votre respect, je crois bien que vous vous méprenez... J'ai cru que ce cheval avait été abandonné, ou perdu. En bon citoyen honnête, je comptais simplement le ramener au village le plus proche pour tenter de retrouver son propriétaire.

Il esquissa un sourire à l'adresse de l'inconnue, tout en essayant d'atteindre "discrètement" le fourreau de sa rapière. Tuer pour un cheval, cela ne lui ressemblait pas. Il priait intérieurement pour ne pas avoir à en arriver là. Il ne savait pas s'il en était capable. Il ne savait même pas s'ils parviendraient, avec Ombeline, à triompher de la jeune femme. L'Ombre et le blondinet n'étaient que deux débutants en matière de combat.
Kachina
"Je m'emporte pour ce qui m'importe"
Balavoine

- Fantoche, viens là ! Viens mon tout beau, viens !

Elle n'aurait jamais fait couler le sang pour un cheval. Elle aurait tué cent fois pour celui-là.

Avant que le blond qu’elle venait d’un coup de botte dans le séant, envoyer bouler à terre, ne puisse réagir, une greluche débarquait à son tour. Vêtue de sombre, d’allure gracile, elle semblait amicale. Mais l’œil aiguisé de la Louve avait déjà remarqué la main qui caressait le pommeau de l’épée. Celle-ci n’avait rien d’une bergère allant garder ses moutons. C’était une combattante. Et la voix intérieure de la Louve lui souffla la question essentielle : Amie ou ennemie ?


Et l' autre déjà se relevait, se confondant en excuses mielleuses. Il n’avait rien d’intimidant si ce n’est cette lueur au fond des yeux qui démontrait l’homme habitué à vivre à la dure. Plutôt jeune et bien fait, mais bien loin de ces hommes à carrure imposante et aux épaules larges qu'elle fréquentait parfois. Pourtant, elle n'avait pas là un simple paysan ou artisan en vadrouille. Celui-là avait connu bien des nuits à la belle étoile, aucun doute. Il devait donc compenser la force par la ruse.

Les prunelles claires allaient de l’un à l’autre, détaillaient les silhouettes de ceux qu’elle avait en face d’elle.
Jaugeant les forces comme avant une bataille.
La jeune femme semblait la plus redoutable. Le jouvenceau plus sournois. Elle avait apparemment affaire à un couple de détrousseurs, de ceux qu’on croisait régulièrement en ces temps troublés sur les chemins de traverse.

De ceux-là, elle ne ferait qu’une bouchée, ayant été formée par les meilleurs maîtres d’armes. Elle n’était pas très grande, ni forte. Petite silhouette, droite et fière, faisant face aux deux étrangers. La brise matinale jouait avec sa tignasse encore humide et les pans de sa tunique claire, dessinaient en ombres douces ses courbes féminines.
Elle n’avait rien d’une guerrière, pouvait même sembler fragile à ceux qui ne la connaissaient pas.
Mais l’allure était fière et même si sa mise était des plus simples en ce matin du mois de mai de l'an de grâce 1461, il y avait en elle quelque chose qui imposait le respect.
A vrai dire, très peu de soudards ou d’hommes en mal de conquêtes avaient osé porter la main sur elle, où lui infliger la moindre remarque grivoise. Ceux qui l’avaient un jour vraiment fait, l’avaient vue se transformer en furie et en étaient repartis la queue basse.
Son habileté à manier les armes était connue à des lieues à la ronde.

Sauf que voilà, elle avait ce jour-là, folle imprudence, pour se rendre à la rivière négligé de prendre son épée, se contentant pour seule protection de ces deux dagues glissées dans l’étui de cuir maintenu par un lien à sa cuisse.
Ils étaient deux, elle était seule.
A moins que la donzelle à l’allure sombre soit une alliée.


Bref, elle était dans la mouise si ces deux-là étaient de mèche. Et quelque chose en elle, lui soufflait que oui. Si les runes n’avaient pour la Brune aucun secret, on la disait capable de lire les âmes d’un simple regard. Et foi de Kachi, ces deux-là, n’étaient pas des enfants de chœur, foutre dieu.
Le ventre noué, partagée entre l’envie d’en découdre et la peur, elle se détendit légèrement lorsque l’étalon la rejoignit. Comme à son habitude, il vint fourrer son museau dans le cou de la Belle. Celle-ci se saisit des rênes, réconfortée par le souffle chaud de l’animal sur sa peau.

Elle n’était pas seule contre deux. Ils étaient deux contre deux.


Campée fièrement devant les deux compères, elle s’entendit répondre à la jeune femme :

- Bien l’bonjour, dame !
Kachina ! je suis Kachina. Ce jouvenceau là………….


Et pointant du menton le blond, tout en se tournant vers lui, elle interpella l’imprudent :

- Ce cheval-là est à moi. Et personne n’y touche ! Sinon, je le tue !

Comme pour acquiescer, l’étalon souffla bruyamment contre son épaule…
Un sourire étira les lèvres pleines de la Louve, alors que sa main déjà, dénouait le cordon du fourreau contenant les dagues.

Le contact du pommeau de la première sous ses doigts vint comme à chaque fois déverser en elle, une onde brulante de pure excitation.
Sauf que dagues contre rapières, les jeux semblaient truqués.

_________________
Umbra
Malgré sa fière allure, la guerrière face à l'Ombre ne paraissait pas en bonne posture, bien que si l'on observait attentivement la situation, la jeune sombre n'avait pas encore marqué son camp. Son regard grave se posa sur le blond lorsque celui-ci balbutia maintes excuses et son faux air innocent fit réprimer un rire à Umbra. C'était la première fois qu'elle le voyait se faire tout petit, lui le grand bavard et sans le baisser dans son estime, ça faisait quelque chose de le découvrir ainsi. L'attention de la jouvencelle fut vite rappeler à l'ordre quand Kachina répondit à son interrogation. Aux dires de cette dernière, la Bouclée comprit réellement l'incident qui venait de se produire. Rien de très grave en soi ou plutôt rien de très étonnant: tenter de voler une monture était courant de nos jours mais aussi piètrement, c'était déjà moins banal.

Les iris de jais détaillèrent le butin en question, ce dernier, la gueule dans le cou de sa cavalière semblait irrité de la situation et cherchait du réconfort entre les mains de celle qui tenait habituellement ses rênes. En somme, un cheval docile et dévoué, une proie ardue. A jauger la difficulté de la prise, l'Ombre aurait bien voulu s'expliquer avec Tynop car une grande question la taraudait: Pourquoi?!

Certes, la jeune sombre n'avait aucune affinité avec les animaux et n'avait jamais galoper de sa vie comme pouvait le prouver l'usure de ses bottes. Tous les lieues qu'elle parcourait, elle prenait le temps qu'il fallait et les traversait, pas à pas, à son allure. Un destrier était une bouche de plus à nourrir et davantage d'entretien. Ombeline n'avait certainement pas les moyens de se l'offrir et même la voler serait un fardeau sur sa misère. Perdue dans ses songes, elle opina vaguement du chef, acquiesçant une pensée intérieure avant de déclarer à son interlocutrice:


C'est une belle monture, que vous possédez là. Rare et précieuse par les sentiments qui vous lie, j'entends...Et peut-être par son prix. Mais qu'en sais-je, finalement?

Avant que cette tirade ne termine au monologue, Umbra haussa les épaules relâchant l'emprise sur sa bâtarde. La situation tournait au règlement de compte caricaturé: chacun prêt à dégainer pour...Quatre pattes et un museau. Maigre trésor à l'avis de la bouclée. Cette dernière fit rouler ses yeux de la brune au blond. Elle trouvait cet instant ridicule et secoua ostensiblement la tête, dépitée:

Allons donc, s’entre-tuer pour un cheval, n'est-ce pas un peu petit? Ou de trop grosses conséquences pour un destrier?

Son intervention était moraliste à souhait et la jouvencelle eut l'impression de réprimander deux enfants qui se chamaillaient un jouet: triste ironie pour la cadette. Son visage toujours rigide n'exprimait ni la crainte, ni la colère, ni même l'ennui. Ses iris les accusèrent tour à tour, attendant que ses paroles ne les désarment et peut-être, avec de la chance, les déstabilisent.
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Tynop
You gotta be crazy, you gotta have a real need
You gotta sleep on your toes, and when you're on the street
You gotta be able to pick out the easy meat
With your eyes closed
And then moving in silently, down wind and out of-
Sight
You gotta strike when the moment is right
Without thinking*




Pestant intérieurement, il vit le destrier rejoindre celle qui semblait être sa propriétaire légitime. Le premier vol tournait à l'humiliation. Et ça, c'était hors de question. Les menaces répétées de Kachina provoquaient en lui une furieuse envie de ne pas abandonner, de lui montrer qu'elle avait tort de se montrer si arrogante. Sérieusement, il allait se taire et repartir bredouille, la queue entre les jambes? L'impétueuse Kachina ne semblait pas si forte que ça, ou du moins son physique ne le laissait pas deviner. Et puis elle ne semblait pas avoir d'épée à sa disposition. Certes, il ne fallait jamais sous-estimer un potentiel adversaire, mais quelque chose lui disait que le coup était largement jouable. A une seule condition, toutefois.

La condition se nommait Ombeline. Cette dernière semblait en proie à une intense réflexion. Les yeux du vagabond scrutèrent son visage, en quête du moindre signe susceptible de l'éclairer sur la fiabilité de la jeune femme. Sans grand succès. Il se mordit la lèvre, perplexe. Elle était imprévisible, mais il avait du mal à croire qu'elle serait capable de prêter main forte à Kachina, si un combat venait à se déclencher. Au pire, elle ne ferait rien. Il conservait donc un éventuel avantage.

Lorsque l'Ombre vanta la qualité de l'étalon, il en profita pour s'approcher doucement de Kachina. Peut-être qu'Ombeline ne voulait pas volontairement créer une distraction, mais autant faire comme si. Enfin, il se figea lorsqu'elle proféra ses dernières paroles. Le pire était à craindre. Si elle pensait vraiment ce qu'elle venait de dire, elle ne lui prêterait pas main-forte. Il se sentit trahi. Pour lui, elle venait clairement de dire qu'elle n'irait pas risquer sa peau pour un cheval. Peut-être avait-il mal interprété, mais il fallait avouer que la situation ne se prêtait pas à une intense réflexion. Les propos de l'Ombre étaient comme d'habitude bien trop abstraits au goût du blondinet.

Sa respiration s'accéléra. Il n'abandonnera pas, ne se confondra pas en excuses. C'était son premier vol. Il voulait en finir avec la couardise, et ainsi concrétiser sa transformation, son passage de l'homme qu'il était avant de croiser Sarah à l'homme qu'il avait voulu être dès le moment où il avait rencontré la sauvageonne. L'échec était envisageable, bien sûr, mais pas sans avoir tout tenté. Il ne voulait pas regretter d'avoir si facilement abandonné. Il ne s'agissait pas seulement là d'un destrier, mais d'un symbole. De là à être prêt à tuer ou se faire tuer pour ce symbole, il n'y avait qu'un pas. Sans vraiment réfléchir, le blondinet le franchit.

Il dégaina sa rapière, resserra sa prise sur le pommeau, et la pointa en direction de Kachina. D'une voix étrangement assurée, il parla:


Elle a raison. D'un mouvement de tête, il désigna Ombeline, tout en continuant de fixer Kachina. Donnez moi le cheval. Il ne sert à rien de faire couler le sang. Vous n'avez même pas d'épée.

Il aurait été moins risqué d'attaquer directement Kachina, tandis que son attention était accaparée par Ombeline, mais il n'avait pas la lâcheté nécessaire pour le faire. Bizarre, venant de la part de quelqu'un qui tentait il y a encore quelques instants de voler un cheval de manière fourbe. Peut-être était-ce parce que les dernières paroles d'Ombeline n'étaient pas non plus dénuées de sens.
Un court instant, il chercha cette dernière du regard. Elle n'était pas prête à risquer sa peau pour un cheval, mais pour lui? Il était terriblement curieux de le savoir, d'autant plus que sa vie en dépendrait peut-être. Après ce bref contact oculaire, il porta à nouveau son attention sur Kachina, ne la lâchant pas du regard. Comme Sarah le lui avait apprit, il se mit en garde, sa rapière devant lui, en biais, pointe légèrement vers le bas. Il tentait de ne rien laisser paraitre, mais intérieurement, il était partagé entre l'excitation et la peur. Vivant. Il s'était rarement senti aussi vivant qu'en ce moment.


Dogs, Pink Floyd:
Tu dois être fou, tu dois en avoir un besoin réel
Tu dois toujours être à l'affut, et quand tu seras dans la rue
Tu devras être capable de repérer les proies faciles
Les yeux fermés
Alors, en marchant sans faire de bruit, le vent de dos
Et hors de vue
Tu dois frapper au bon moment
Sans réfléchir
Umbra
La meilleure défense, c'est l'attaque.

L'Ombre ne s'attendait pas du tout à la réaction de son compagnon de route. Un furtif instant, la surprise se lut sur son visage blafard quand il se mit en garde. Elle l'avait sous-estimé, elle avait douté de sa détermination. Si ce cheval n'avait aucune valeur à ses yeux pour lui, il semblait coûter cher. Pas le temps de réfléchir, il fallait agir...Maintenant! L'instinct de la jeune femme voulut qu'elle suive le mouvement. Pour la première fois, elle dégaina réellement sa bâtarde dans le but d'attaquer...ou plutôt de le défendre. La gestuelle était hésitante, la garde mal assurée. La guerrière, face à eux ne tarderait pas à comprendre qu'elle se trouvait nez à nez avec des débutants. Malheureusement pour Kachina, Tynop était motivé et Umbra, convaincue de sa motivation. Jamais, elle ne l'avait connu ainsi. Cet acharnement de quelque raison que ce soit l'impressionna et c'est pourquoi elle le soutenu. Elle lui prêterait main forte.

Pas un regard en direction de son allié, pas la moindre synchronisation. Serait-ce le premier combat de la jouvencelle? Qu'importe, l'émotion n'avait pas de place, c'était de la concentration qu'il lui fallait en ce moment. La lame était basse, elle fixait, de sa pointe tremblante, la brune. Ce n'était pas la peur qui la rendait fébrile, c'était la spontanéité, l'excitation, le danger qui la faisait frémir. Son existence n'était que monotonie et là, soudainement, voilà qu'elle défiait son quotidien sur un coup de tête. L'imprévu lui donnait de la force, du courage. La sensation d'être vivante n'avait jamais été si réelle. Son souffle pourtant d'apparence posé n'avait jamais été si profond. Aucune pensée parasite ne vint troublée son extrême attention. Sa tête était vide, claire. Tout était calme...avant la tempête?

Un pas en arrière, elle se fondait dans le dos de Tynop. Discrète, protectrice, suivant chacun de ses gestes, se mouvant à sa suite. Umbra se muait en l'Ombre.

_________________
Kachina
Cap ou pas Cap ?

C'est l'instant qu'elle préfère. Celui avant l'attaque. Un peu comme pour l'Amour, quand vous n'êtes plus qu'attente et sens émoussés, affolés. Dans ces moments là, elle se sent vivante comme jamais.
Elle a appris à refouler toute émotion, à faire taire toute colère et ne plus devenir qu'un être froid, et efficace. Trouver la faille, le bon geste au bon moment. Faire de son corps une machine à tuer.

Elle a sourcillé quand le Blond a déclaré sans se démonter :

"- Donnez moi le cheval."

Elle s'en est amusée.
Il trouverait aisément sa place au sein du clan, ce freluquet avec son arrogance et son impudence.
Un instant, elle songe à lui lancer sa gourde d'armagnac, lui proposer de partager l'alcool et lui parler d'aventures et d'Irraison.
Mais personne ne donne des ordres à la Louve.
Et surtout, personne ne lui prendra le cheval du Loup.

Mille pensées se bousculent dans sa tête à cet instant. Ils sont deux, ils ont les épées.
Elle est seule, deux dagues à portée de main.
Un claquement de langue, un ordre bref et l'étalon s'en irait au galop dans la clairière non loin de là, où ils ont établi leur camp. Les renforts arriveraient vite en voyant le cheval sans sa cavalière. Les filles connaissent ce coin, à l'abri des regards où elle aime se baigner .

Mais elle a envie de jouer un peu.
De voir jusqu'où ils sont capables d'aller.
Assassins en puissance pour un cheval qu'ils ne sauront peut-être pas monter ? Elle se souvient de ses débuts. De cette jument docile et douce , offerte par un libertin un soir de printemps.

Le regard clair va de l'un à l'autre. La jeune femme déjà pointe sa lame, menaçante, rejoint le blond. Alliés...elle s'en doutait...

Le sourire se fait d'abord carnassier, avant de devenir moqueur :


- Vous voulez cette monture ? D'accord ! Prenez là !

Elle sait déjà que l'étalon ne se laissera pas approcher. Il lui a fallu de longs jours à la mort de Joran pour seulement pouvoir poser une main sur son flanc.

Une dague à la main, elle attend leur réaction ...Son autre main, les invite à prendre leur butin...Son allié à elle, a pour nom Fantoche.

Elle frappera le Blond en premier. Le sang remettra vite les idées en place à sa comparse.....

_________________
--Pochtron


" À quoi bon se flatter d'échapper au passé, quand il nous presse si étroitement ? "
Georges Bernanos

Par tous les saints couillus du Pape, s'il s'attendait à ça.

Il est jamais loin quand elle part seule au petit jour jusqu'à ce bras de rivière . Depuis c' jour , où, plus vraiment une enfant, mais pas encore femme, elle a assisté impuissante à la pendaison de son père.
Il était là, la t'nant serrée contre lui , la rage et le désespoir au coeur. Royce, le chef des Fils de la nuit. Son ami , son presque frère.

Depuis il avait toujours veillé sur elle. Compagnon fidèle et silencieux . Cette donzelle là, est un peu comme sa fille. Même si mortecouille, elle le mène par l' bout du nez d'un simple battement de cils.

Sa Kach........

Il a bien cru la perdre cet hiver maudit à Saumur. Il était là, tapi dans l'ombre de cette ruelle dans ces rues mal fâmées , le soir où elle était allée chercher le poison. Le bedonnant en avait oublié l'sommeil, et les gueuses à trousser, tout inquiet qu'il était pour elle.

C'est le Louveteau qui l'a sauvée. L'enfant était là, même regard clair que son père...Rappel des jours heureux quand la vie coulait douce. C'est l' cheval aussi qui l'a maint'nue en vie....
Et ces pigeons qui arrivaient, dessinant une esquisse de sourire sur les traits amaigris et fatigués de la Belle.

Le P'tit Loup, le cheval , les pigeons et un Joker bien trop fier. Mais grâce à lui, grâce au Brun, les rires de la Brune avaient à nouveau résonné au campement. Il l'avait vue enfin r'trouver l'envie.

Il est là d'puis un moment. Il a assisté à la scène.....D'puis les hennissements du cheval..........
Adossé à un chêne, l'arc en main, il a suivi les échanges.
Prêt à intervenir si b'soin.

Deux voleurs .
Une greluche à la mine sombre et un jouvenceau à la tignasse claire .

Agile, imprudent........la même dégaine, la même allure que..........

Et d'un coup, quand l'jeune détrousseur parle,réclamant l'étalon, le sang du vieux se fige dans ses veines quand il reconnait la voix et qu'il réalise qui est celui qui ose défier sa Brune.

Par tous les saints couillus du Pape.......Il marmonne un juron :


- Pas maint'nant ! Pas comme ça ! Chiabrena...........

L'arc ne tirera aucune flêche. Mais Pochtron comprend que le temps est venu...Il sort de sa cachette et avance vers eux. Ventre noué.

Tynop
And when you lose control
You'll reap the harvest you have sown




Merci...

Ce murmure qui franchit les lèvres du vagabond exprima la sincère reconnaissance et le soulagement qu'il ressentit lorsqu'il vit Ombeline dégainer sa bâtarde pour se joindre à lui. Il avait donc trouvé une allié. Ce geste le touchait. Elle ne lui avait jamais témoigné la moindre marque d'affection ou d'amitié, toujours froide, impassible. Et pourtant, là, au moment où il avait pour la première fois besoin d'elle, elle répondait présente. Les gestes valaient bien plus que les paroles, et il saurait s'en souvenir. Et pourtant, il sentit une légère anxiété naitre en lui. Il l'avait impliqué là-dedans. Comment réagirait-il, si jamais l'Ombre venait à se blesser, ou pire? Pour un cheval qu'elle n'avait même pas décidé à la base de voler?

Une goutte de sueur perla perla le long de sa tempe. La chaleur y était pour quelque chose bien sûr, mais pas que. Tout se bouleversait dans la tête du blondinet. Il ne savait pas vraiment quoi faire. Il avait passé les derniers instants à prier intérieurement pour que l'Ombre le soutienne, et maintenant qu'elle l'avait fait, il voulait lui demander de partir, de ne pas risquer sa vie. Il fallait agir, prendre une décision, et vite. Kachina le railla, dague en main. Il n'en croyait pas ses yeux.


Je te retourne la question que tu m'as posé tout à l'heure. Tu tiens si peu à la vie?

Oui, le tutoiement, ça en jette un peu plus, quand on veut faire le bonhomme. N'empêche qu'il commençait sérieusement à douter. Sa potentielle adversaire n'avait beau n'être armée que de dagues, elle transpirait la confiance et la maitrise de soi. Pourquoi? Elle était clairement en mauvaise posture. A moins que...

Des bruits de pas se firent entendre, confirmant l'intuition du blondinet.Quelqu'un approchait. Il jeta un bref coup d’œil, pour distinguer une silhouette qui approchait. Il avait le soleil dans les yeux, et ne pouvait discerner les traits de la personne qui s'avançait. Mais cela ne pouvait qu'être qu'un ennemi. L'arrogance de Kachina s'expliquait. Elle savait qu'elle n'était pas seule. Instinctivement, il s'adressa à Ombeline, qui était dans son dos.


Derrière toi. Quelqu'un approche. Il est à toi. Moi je m'occupe d'elle.

Puis, sans vraiment vérifier si elle suivait ses instructions, il attaqua. Au plus tôt il en aurait fini avec l'arrogante, au plus tôt il pourrait venir en aide à l'Ombre. Il s'élança, rapière à la main, son regard toujours planté dans celui de son adversaire. Les jambes. Il devait viser les jambes. Dans la mesure du possible, éviter de la tuer. Il ne tuerait pas pour un cheval. A vrai dire, il ne savait pas s'il était capable de tuer pour quoi que ce soit.

Il était à un mètre d'elle. Concentré, il décrivit une courbe avec sa rapière, visant les cuissardes de son adversaire.


Dogs, Pink Floyd
Et quand tu perdras les pédales
Tu récolteras ce que tu auras semé
Kachina
"La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité. "
de Pablo Neruda

Elle esquiva. D'un simple pas sur le côté portant tout son corps à l'écart de la lame, elle évita le coup.

Elle n'avait plus rien et depuis longtemps, de cette petite paysanne , fraichement arrivée en Comminges , amoureuse d'un libertin. A cette époque, une femme jalouse l'avait défiée en lice. Elle était entrée, quelque peu affolée, elle qui n'avait jamais tenu une lame de sa vie, dans la première auberge où elle savait trouver quelques amis. Pas question, même à cette époque de refuser un défi. Et c'est Enguerrand qui pendant de longues heures lui avait enseigné l'art du combat à l'épée. De parades en esquives, et même la fameuse botte, de gestes cent fois répètés, recommencés, il avait fait d'elle une fine lame. La jalouse avait fini par renoncer, n'était jamais allée en lice.


Le temps, l'expérience avaient fait le reste. Un jour à Toulouse, la première rapière avait percé le flanc d'une adversaire bien trop belle qui avait donné à la victoire un gout amer à la Louve.

Il avait été bien trop imprudent. Victime de sa fougue. S'ils avaient été amis, elle se serait fait un plaisir de lui apprendre à faire taire sa colère et ses nerfs, pour ne plus être qu'un corps en action, vidé de tous sentiments, attentif à la moindre faille de l'autre en face.

Il n'était pas un ami. Il n'était qu'un freluquet prêt à lui voler son cheval.
Elle esquiva............

Et riposta aussitôt. Se jetant sur lui, habile et féline. Mais point de griffes sorties. Ce fut la pointe de sa dague, tranchante et aiguisée qui vint d'un geste vif, déchirer la chair du blond.
Laissant sur sa joue une estafilade qui ferait une bien jolie cicatrice.

Le sang , déjà coulait, alors que les émeraudes de la Brune, se faisaient de glace, savourant sur le visage proche du sien l'étonnement et la douleur. La rage viendrait plus tard. Il ne pourrait jamais l'oublier, se souvenant d'elle à chaque fois qu'il contemplerait dans un miroir son image balafrée.


Déjà son bras se retirait. Elle aurait pu d'un geste, planter à nouveau la lame dans le coeur du godelureau, en finir.
Elle ne le fit pas. Une vie était précieuse, fut-elle celle d'un voleur de chevaux.

Elle recula, se mettant hors de portée de la rapière du jeune imprudent, calmant l'étalon qui s'affolait et se répandait en ruades. Dague à la main, tachée de sang. Mais aucune excitation à cet instant. Elle s'entendit répondre, la gorge nouée :


- Je t'avais prévenu ! Tu n'es qu'un fou, un imprudent ! Si un jour tu t'ennuies, rejoins le clan, nous t'apprendrons à te battre !

Alors que le blond lâchait son épée, la main à sa joue, essuyant le sang qui dégoulinait, elle sauta en selle d'un mouvement vif.
Juchée sur sa monture, elle regarda le jeune homme, rassurée par la présence bienveillante de Pochtron.
Le bedonnant saurait calmer les choses. Avec quelques lampées d'armagnac, quelques coups de pieds dans le séant ou à la pointe de sa lame, peu importe.......Il saurait.
Elle échangea avec son protecteur un regard complice . Lui semblait pétrifié, atterré.

Sans trop comprendre, elle toisa, dédaigneuse le Blond :

- Kachina ! Souviens toi de moi ! Je suis Kachina !
Et personne ne touche cet étalon , Foutre Dieu !


_________________
Tynop
And as the fear grows
The bad blood slows and turns to stone.*


Rien ne se passa comme prévu. Elle esquiva son attaque avec une facilité déconcertante, et tandis que sa rapière brassait l'air, il comprit que le combat était perdu avant d'avoir débuté. Il avait été trop fougueux, trop impétueux, trop arrogant, trop sûr de lui. Il s'était surestimé, avait pensé que quelques entrainements avaient suffi à faire de lui un bon duelliste. Peut-être avait-il sous-estimé son adversaire aussi. Il n'avait pas imaginé un instant qu'elle puisse esquiver le coup, et la manière dont elle avait réalisé ce geste témoignait d'une grande expérience des combats. De prédateur, il se transformait en proie.

Et tel une proie, c'est totalement impuissant qu'il la vit se jeter sur lui, sans qu'il ait eu le temps de se mettre en garde. Pas de possibilité de parer, ni d'esquiver, encore moins de contrer. Alors, la peur s'insinua en lui. Tout allait tellement vite, et en même temps, tout se bousculait dans sa tête, tandis que la dague se rapprochait de sa tête. La sanction fut immédiate, et foudroyante. La lame atteignit la joue droite du blondinet et déchira la chair, lacérant la joue du vagabond, tandis que les traits de son visage se déformèrent en une expression traduisant une souffrance qu'il n'avait encore jamais connu.

Il hurla. Réaction primaire, inéluctable, nécessaire pour exprimer la souffrance qu'il ressentait, extérioriser la douleur terrible qui était en train de l'envahir, lui faisant perdre la maitrise de son corps. Il tremblait, et attendait la mort à laquelle il était promis. Il allait mourir en essayant de voler un cheval. C'est seulement à cet instant qu'il comprit que l'ombre avait raison. De trop grosses conséquences pour un destrier. Mais il s'en rendait compte trop tard. Maintenant, il n'avait plus qu'à attendre le coup qui viendrait mettre fin à la vie d'un blondinet qui avait eu la folie de croire qu'il était capable de terrasser la première venue. Il allait mourir, et peut-être même entrainer Ombeline dans sa mort. Par ce qu'il avait voulu satisfaire son égo, elle en payerait le prix. La sauvageonne pleurerait-elle sa mort? Secoué par des tremblements, il lâcha sa rapière, incapable de la tenir plus longtemps. La mort ne vint pas. Elle avait décidé de le laisser vivre. Incrédule, il la fixait, tandis que le sang s'écoulait de l'estafilade, tâchant sa chemise, perlant le long de son bras. Il ne savait pas comment il tenait encore debout. La douleur était incommensurable .


Il avait juste envie de se laisser tomber au sol et de fermer les yeux, en espérant que la souffrance s'en aille. Mais les propos que tenait maintenant Kachina le tirèrent de sa torpeur. Il ne comprenait pas. Elle venait de lui infliger la douleur la plus aigüe qu'il n'ait jamais connu. Elle venait d'imposer pour toujours sa marque sur son visage. Elle venait de l'humilier, de le ridiculiser, de lui montrer à quel point il n'était qu'un incapable. Et maintenant, elle lui proposait de rejoindre son clan. Sa bouche s'ouvrit, mais il était incapable de prononcer le moindre mot. Il lui aurait bien enfoncé sa rapière dans le cœur, là, pour la faire taire, pour voir ses traits arrogants se muer en une expression de désolation, de peur. Il voulait lui faire mal. Il en était incapable. Il continua de trembler, tandis qu'il portait une main sur la balafre.

Kachina. Bien sûr qu'il s'en souviendrait. Crispé par la souffrance, il prit une grande inspiration pour parler. Sa voix était faible, presque inaudible.



Allez au diable, toi et ton clan. Je te tuerai.




Dogs, Pink Floyd
Et tandis que la peur grandira
Le mauvais sang coulera et deviendra pierre
Kachina
"On ne meurt pas de se casser la figure. On ne meurt pas d'humiliation. On meurt d'un coup de couteau dans le dos."
Jacques Brel

"Allez au diable, toi et ton clan. Je te tuerai."

Elle n'aimait pas vraiment ça, faire couler le sang. Et le hurlement de douleur, la grimace sur les traits que la souffrance creusait l'avaient ramenée à des images de bataille. Les cris, le sang, les gémissements, les blessés qu'on ramène sous les tentes, elle avait connu ça , déjà bien trop souvent.

Elle se contenta de sourire à la menace, le défiant de ses prunelles claires.
Ses doigts s'emmêlant dans la crinière du cheval, ses cuisses se resserrant sur les flancs de l'étalon.
Sur une branche en face d'elle, un merle semblait assister à la scène, apeuré ou moqueur, allez savoir. Le vent jouait avec les feuillages, apportant un peu de fraicheur et quelques mèches vinrent caresser sa joue.

Elle sentait derrière elle, la présence rassurante de Pochtron. Un Pochtron étrangement silencieux.

Elle accrocha le regard du blond, relevant la tête, dédaigneuse, un léger sourire moqueur aux coins de sa bouche, alors que sa main tirait d'une sacoche un linge sur lequel elle essuyait sa lame. Le tissu fin se teinta de rouge. Sa voix claqua, froide et méprisante :

- Il te faudra prendre la queue , freluquet ! D'autres attendent déjà ça depuis longtemps !

Il avait du cran, le bougre. Quand d'autres se seraient enfuis en piaillant, lui restait là, la joue en sang, lui crachant sa haine au visage. Songeant déjà à sa revanche.

Elle n'avait déjà que trop d'ennemis.
Ses vrais amis se faisaient de plus en plus rares. Et il arrivait que ceux qu'on pensait vos amis, ne daignent même pas s'indigner quand on vous faisait violence.
Ainsi va la vie.......De rencontres en séparations. De déchirures en instants qui ne s'oublient jamais.
Elle venait de connaître ça dans sa vie. Il lui restait si peu de vrais amis.....

Elle n'était pas fière d'avoir marqué le freluquet à jamais. Il était à cet âge où les hommes courent la donzelle, et où la séduction est de mise . Elle aurait pu lui dire que les femmes aiment les hommes qui portent trace sur leurs corps de bagarres , que ça les rend à leurs yeux plus virils. Elle n'en fit rien.


Elle ajouta sans savoir pourquoi, d'une voix plus douce, cherchant à justifier , malgré elle, son acte :

- J'aimerais t'expliquer ce que représente ce cheval pour moi !
J'ai essayé de te prévenir......Mais tu es jeune, impulsif, arrogant !
Tu es du coin ? Tu viens d'où ?

_________________
--Pochtron


« La beauté est vérité, la vérité beauté. C'est tout ce que vous savez sur terre. Et c'est tout ce qu'il faut savoir ! »
John Keats



"- Derrière toi. Quelqu'un approche. Il est à toi. Moi je m'occupe d'elle."

Il avait bien des défauts le bedonnant. Mais se battre contre une greluche, ça, il ne savait pas faire. Il allait s'approcher de la Belle, lui expliquer. Elle l'aiderait à calmer ces deux idiots.

Mais tout alla bien trop vite. Son p'tit était trop impulsif, et sa Kach bien trop habile.

Le sang avait coulé.

Comme si la Vie ne leur en avait pas assez fait voir à ces deux là, elle les mettait face à face pour qu'ils se fassent souffrir.

Il écouta les menaces, les injures tout en se rapprochant, l'arc en main. Et d'un coup, il se retrouva entre les deux. Une grimace déforma ses traits quand il vit le sang couler dans le cou du blond. Il ravala sa salive, fit un léger signe de tête au blond , un sourire crispé :

- Salut P'tit ! ça fait longtemps ! J'pensais pas te r'voir comme ça ! Essuie ta joue, sombre idiot !

Et sa main se tendit en direction de la Louve à qui il adressa le même sourire :

- Descend d'ton cheval, Kach ! faut qu'on cause là......

Sans attendre leur réaction, il posa ses fesses sur un tronc d'arbre couché, appuyant son arc au bois.

Ses yeux allaient de l'un à l'autre tandis qu'il commençait à raconter :


- Il s'appelait Royce ! Le chef des Fils de la Nuit.
C'était mon ami.

Pendu en place publique........
Ton père Kach ! Il était beau, hein ma Belle ?


Il fit une pause, reprit une longue goulée d'air, détournant son regard de la jeune femme pour le poser dans celui du blessé :

- Ton père aussi blondinet, ton père aussi !

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