Bonne.meme
[Ca commence demain]
Et pour son âge, Bonne Mémé n'était pas raisonnable. Cela faisait des jours qu'elle trimait, à courir après les fournisseurs, à marchander sièges, victuailles, bougies au gros... En tant que doyenne, elle avait pris en charge l'évènementiel dans sa totalité. Si elle avait su... elle aurait pas venue? Si, quand même. Elle croyait en l'avenir de cette guilde, en le talent de tous ces couturiers, et elle ferait tout pour que cela soit mis en valeur.
La pluie était arrivée sur la capitale, et avec, la fin de l'idée de faire un défilé en extérieur. C'est donc jusqu'à pas d'heure que l'aïeule, penchée sur sa canne comme à son habitude, vérifiait l'alignementt des sièges installés de par et d'autres d'une estrade surélevée, qui faisait une bonne partie de la longueur de la salle de réception. A des endroits stratégiques qui permettait leur installation sans gêner la vue du plus de public possible, de longues cathèdres trônaient. Nul doute que certains nobles gens ne manqueraient pas de s'y installer. Tout autour, de beaux sièges curule en noyer sculpté et des pliants de plus simple facture permettraient au reste de l'assemblée de profiter du spectacle.
Les hauts vitraux avaient été nettoyés pour faire entrer le plus de lumière en ce temps couvert qui cachait le moindre rayon de soleil. Les lourds rideaux de brocart avaient été ouverts par la même occasion.
Au fond, des tables démontables avaient été transportées de province et recouvertes de nappes étincelantes en prévision du buffet qui serait dressé le lendemain.
Après un dernier tour de vérification, Bonne Mémé rejoignit une petite chambre qu'elle avait fait préparer au dernier étage, afin d'être sur place et prête à la lueur du jour pour que tout soit fin prêt pour le grand évènement. Une simple paillasse de paille, dont les pieds avaient été réhaussés cependant pour lui permettre de
se lever plus facilement vu son vieil âge.
[20 mars 1461, au printemps]
Rue des Agréministes. Paris l'odorante. C'était bientôt l'heure. Après des semaines intensives de préparatifs en tous genres, les couturiers de la Guilde des Fines Aiguilles allaient enfin présenter son travail des derniers mois au plus critique des publics, celui des amateurs de mode et des fashionistas de premier ordre.
Déjà, les premiers artistes arrivaient des trois ateliers formant la guilde. Des représentants de Deco, des Doigts d'Or, et du Manoir des Artistes. Un atelier ne serait pas présent sur scène cette fois-ci, mais Bonne Mémé comptait bien y remédier par le biais de ce défilé. Une invitation avait été envoyée à l'angevine, et elle espérait bien que sa présence marquerait le retour de sa Tour au sein de la GFA.
Un sourire et une caresse sur la joue à chacun, elle était comme ça Bonne Mémé. Peu importait les titres, pour elle, ils étaient tous ses enfants. Enfin, surtout ses petits protégés du manoir qu'elle chérissait tant au quotidien et qu'elle connaissait mieux que quiconque. Mais aujourd'hui, elle endossait le rôle de doyenne, et il n'y aurait donc pas de préférence marquée publiquement sur son visage.
Elle indiquait les salles préparées pour les habillages, les paravents de toile dressés pour qu'il n'y ait aucune gêne, une salle spéciale ou les artistes et leurs mannequins pourraient se sustenter avant les festivités. Et ainsi, pendant que tout le monde se préparait, elle vérifiait avec le personnel engagé pour l'occasion les derniers détails, le dressage du buffet jusqu'aux coussins posés sur les assises.
C'était l'heure. L'heure d'ouvrir les portes, et d'aider Victory qui avait proposé son aide à accueillir les invités qui se présenteraient.
The show must begin*, comme aurait dit Suzan l'Angloyse...
*Le show doit commencer... RIP Freddie