Jehanne_elissa
C'était donc l'Anjou et la guerre... Son intuition, hélas, était la bonne. Elle ne répondit que :
- « Oh... »
Dans le brouhaha de l'espace s'emplissant, d'ailleurs, elle ne se sentait pas d'humeur à y aller de ses cris d'orfraie. Et puis, Yolanda elle-même semblait si peu s'en soucier ! Jehanne fut vite convaincue qu'il n'y avait pas à s'alarmer outre mesure. Pourtant, son regard revenait sans cesse à cet oeil blanc, à cet oeil mort, curiosité malsaine, ou juste qu'il lui fallait du temps pour s'y faire. Elles avancèrent, l'une guidant l'autre, ou l'autre guidant l'une, ou les deux se guidant. Elles allaient en direction d'Ellesya, mais était-ce volontaire ? Yolanda ne cessait de parler, bavarde comme toujours, bavarde comme jamais ! C'était elle, et borgne ou non, le temps ne l'avait pas changée.
Il vous faudra venir à Chateau-Gontier bientôt. J'y donne des petites festivités puisque mon fiancé va se baptiser, vous pourrez y revoir une amie. Es viva Joana, a subreviscut als flambas.*
Jehanne cligna des yeux et, interdite, sembla cesser tout mouvement. Mais l'inertie de leur couple et d'un Simon dans leur sillage, mais la résolution de Yolanda d'aller de l'avant l'empêcha de rester tout à fait pantelante.
Je suis sûre qu'elle vous manque autant que vous lui manquez. Venez à l'occasion !
Jehanne, c'est un plaisir de vous rencontrer icelieu.
Ooooh ! Ellesya ! Que vous êtes élégante !
Yolanda, voilà bien longtemps que je n'ai plus eu l'heur de vous revoir.
C'était à peu près ainsi que cela s'était passé. Dans le tourbillon de paroles qui floutait ses pensées, qui désordonnait toute chose, Jehanne se convainquit d'une chose : c'était, de toutes, la plus censée. Après tout, pourquoi croire avoir entendu qu'Eilinn était vivante, à Château-Gontier, depuis tout ce temps, sans lui donner de nouvelles, alors qu'elle dépérissait en deuil ? Pourquoi aller contre les certificats de déshérence pour décès, pourquoi aller contre les propos de leurs amis, pourquoi Yolanda elle-même n'aurait-elle pas eu la franchise de le dire, si... Voilà : trop d'obstacles, trop d'explications qui s'accumulaient. Le rasoir d'Occam était sans appel : s'il existait explication plus simple, alors il faudrait y souscrire. L'explication était toute trouvée : au sein de cette bruyante assemblée, elle avait mal entendu. Voilà. On ne lui gâcherait pas la journée par de morbides souvenirs.
Pourtant, ils étaient là... Au moment où elles s'assirent, elle força un sourire à Ellesya, qui était étrangère à toute cette cohue intérieure, et eut la force de lui dire :
-« Vous avez donc eu la même idée que moi ! »
Venir, voir quelle mode se faisait, prendre des idées, peut-être, en vue d'un prochain grand jour...
Grand jour... Du rouge, justement ! De cette couleur que l'on porte si souvent pour un grand jour ! Attia paradait sous leurs yeux, ouvrant le bal de ce défilé. Lorsqu'elle eut tourné devant elles dans sa robe perlée, qui n'avait, par ailleurs, pas grand chose d'ébouriffant, Yolanda y alla d'un nouveau commentaire... Non, d'une confidence.
Voulez-vous un secret ? L'huissier de mon atelier m'a chargée de l'aider à... *chuchotis chuchotis*
N'est-ce pas excitant et follement romantique ? Croyez-vous qu'elle acceptera ?
Jehanne haussa les épaules :
-« Je la connais fort peu, mais... Il ne perd rien à demander, de toute façon, non ? »
Encore un mariage... Un de plus !
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- « Oh... »
Dans le brouhaha de l'espace s'emplissant, d'ailleurs, elle ne se sentait pas d'humeur à y aller de ses cris d'orfraie. Et puis, Yolanda elle-même semblait si peu s'en soucier ! Jehanne fut vite convaincue qu'il n'y avait pas à s'alarmer outre mesure. Pourtant, son regard revenait sans cesse à cet oeil blanc, à cet oeil mort, curiosité malsaine, ou juste qu'il lui fallait du temps pour s'y faire. Elles avancèrent, l'une guidant l'autre, ou l'autre guidant l'une, ou les deux se guidant. Elles allaient en direction d'Ellesya, mais était-ce volontaire ? Yolanda ne cessait de parler, bavarde comme toujours, bavarde comme jamais ! C'était elle, et borgne ou non, le temps ne l'avait pas changée.
Il vous faudra venir à Chateau-Gontier bientôt. J'y donne des petites festivités puisque mon fiancé va se baptiser, vous pourrez y revoir une amie. Es viva Joana, a subreviscut als flambas.*
Jehanne cligna des yeux et, interdite, sembla cesser tout mouvement. Mais l'inertie de leur couple et d'un Simon dans leur sillage, mais la résolution de Yolanda d'aller de l'avant l'empêcha de rester tout à fait pantelante.
Je suis sûre qu'elle vous manque autant que vous lui manquez. Venez à l'occasion !
Jehanne, c'est un plaisir de vous rencontrer icelieu.
Ooooh ! Ellesya ! Que vous êtes élégante !
Yolanda, voilà bien longtemps que je n'ai plus eu l'heur de vous revoir.
C'était à peu près ainsi que cela s'était passé. Dans le tourbillon de paroles qui floutait ses pensées, qui désordonnait toute chose, Jehanne se convainquit d'une chose : c'était, de toutes, la plus censée. Après tout, pourquoi croire avoir entendu qu'Eilinn était vivante, à Château-Gontier, depuis tout ce temps, sans lui donner de nouvelles, alors qu'elle dépérissait en deuil ? Pourquoi aller contre les certificats de déshérence pour décès, pourquoi aller contre les propos de leurs amis, pourquoi Yolanda elle-même n'aurait-elle pas eu la franchise de le dire, si... Voilà : trop d'obstacles, trop d'explications qui s'accumulaient. Le rasoir d'Occam était sans appel : s'il existait explication plus simple, alors il faudrait y souscrire. L'explication était toute trouvée : au sein de cette bruyante assemblée, elle avait mal entendu. Voilà. On ne lui gâcherait pas la journée par de morbides souvenirs.
Pourtant, ils étaient là... Au moment où elles s'assirent, elle força un sourire à Ellesya, qui était étrangère à toute cette cohue intérieure, et eut la force de lui dire :
-« Vous avez donc eu la même idée que moi ! »
Venir, voir quelle mode se faisait, prendre des idées, peut-être, en vue d'un prochain grand jour...
Grand jour... Du rouge, justement ! De cette couleur que l'on porte si souvent pour un grand jour ! Attia paradait sous leurs yeux, ouvrant le bal de ce défilé. Lorsqu'elle eut tourné devant elles dans sa robe perlée, qui n'avait, par ailleurs, pas grand chose d'ébouriffant, Yolanda y alla d'un nouveau commentaire... Non, d'une confidence.
Voulez-vous un secret ? L'huissier de mon atelier m'a chargée de l'aider à... *chuchotis chuchotis*
N'est-ce pas excitant et follement romantique ? Croyez-vous qu'elle acceptera ?
Jehanne haussa les épaules :
-« Je la connais fort peu, mais... Il ne perd rien à demander, de toute façon, non ? »
Encore un mariage... Un de plus !
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