Les filles de l´aurore
Je peux encore les retrouver
Elles ont autour du corps
De l´amour et de l´or
Que l´on peut jouer aux dés
Elles ont au fond des yeux
Des rêves que l´on ignore
Quand vous dormez encore
Quand l´aube les voit passer par deux *
Il faut du temps pour tout. Pour se faire accepter des siens comme pour être soi-même et Fleur, depuis des semaines, semblait avoir besoin de dire stop à tout pour mieux prendre sa vie par la main et sen faire une alliée. Trop de choses sétaient précipitées
les épousailles arrangées, la fuite de ses terres natales, les retrouvailles avec certains membres de sa famille
un nouveau jour, un nouveau clan, une nouvelle destinée
Oui mais sans être mesquine, Fleur avait eu besoin de faire une pause dans tout ça, pour mieux appréhender lavenir il lui fallait faire table rase du passé et commencer à avancer.
Dès lors, la jeune écossaise avait pris quelques jours afin de séloigner des siens. Oh elle ne comptait pas aller loin mais juste ce quil fallait pour se remettre les idées en place et revenir plus forte, plus grande, plus sereine aussi. Il fallait dire à sa décharge que dans sa famille, tout le monde avait un fort caractère alors sy frotter chaque jour avait de quoi déstabiliser le plus chevronné des têtes de mule mais Fleur nétait pas quune eau dormante, bien au contraire. Elle se révélait un peu plus chaque jour, comme une fleur qui, prête à éclore, souvre un peu plus à chaque lueur du jour
Mais en attendant léclosion complète, elle continuait à vaquer à ses quelques occupations. Et pour lheure, cétait celle du ramassage de certaines plantes qui la tenait éveillé si tôt ce matin-là.
Pour le commun des mortels, ramasser quelques plantes navait rien dextraordinaire mais pour Fleur, cela revêtait de la mission de la plus haute importance. Et puis celles quelle désirait aujourdhui se devaient dêtre cueilli à la rosée du matin donc elle sen était allée encore de nuit, par les chemins quelle avait repéré quelques jours plus tôt, afin dêtre sur les lieux au bon moment. Petite expédition tout à fait banale pour cette écossaise férue de potions et autres préparations mystérieuses. Sauf que, rien ne se passe jamais comme cela devait être et allez savoir pourquoi, au petit jour, alors que Fleur était à quelques lieues de cette récolte qui nattendait quelle, son cheval se cabra sous un prétexte encore invisible aux yeux de la brune. La chute était inévitable et même si elle était bonne cavalière, Fleur ne put éviter le sort qui lui était réservé.
Petits battements des bras tout à fait inutiles dans la situation mais qui prouvaient le désespoir de voir la chute arriver, roulé-boulé sur les graviers des plus inesthétique, atterrissage forcé dans les buissons épineux à souhaits et cri dun chat que lon tenait par la peau du cou se faisant entendre à des kilomètres à la ronde
et tout ceci en quelques secondes ! Quelques secondes qui avaient semblé durer une éternité à Fleur. Et ce fut dans un silence des plus complets que la jeune fille tenta de se redresser. La tâche savéra des plus délicates car les ronces semblaient vouloir la happer tandis que sa robe ne désirait quune chose, rester dans ces épines fortement désagréables sur sa peau. Mais en forte tête qui se respecte, Fleur avait poussé leffort à lextrême et sétait extirpée de cette prison végétale pour mieux constater les dégâts. Sa monture avait foutue le camp sur les chemins, sa robe était en lambeaux ou presque, son bras droit saignait franchement ainsi que son front qui avait heurté une branche au passage et son poignet la faisait souffrir. Poussant un cri de rage, Fleur se mit même à jurer en gaélique. Sa langue natale qui lui pardonnait tous les noms doiseaux quelle pouvait dire à cet instant précis. Mais une fois la colère passée, la jeune fille dut se rendre à lévidence quil lui fallait abandonner sa cueillette et revenir dans ses pénates. Chose plus facile à dire quà faire surtout vue son état mais de courage elle nen manquait pas et puis avec un peu de chance, elle croiserait bien quelques paysans qui laideraient
cest beau de croire à limprobable
Les mètres sétaient enchainés sous la douleur lancinante du bras mais aussi de son côté droit qui lui faisait penser que la chute avait été plus rude quelle ne voulait bien ladmettre mais Fleur ne démordait pas. Elle rentrerait coûte que coûte mais quelques mètres plus loin, elle céda à la douleur et sécroula sur quelques pierres pour pleurer. Heureusement personne ne pouvait la voir ou même lentendre mais cétait là de gros sanglots contre sa stupidité, contre la bêtise de son cheval, contre le mal quelle ressentait. Reniflant comme une petite fille, Fleur leva la tête pour mieux voir le soleil se lever. Le lumineux spectacle lui mit du baume au cur alors se redressant comme elle le pouvait, Fleur reprit sa route. Quelques lieues tout au plus mais quelques lieues salutaires qui lui apportèrent un espoir nouveau. Là dans un champ se trouvait une carriole, de celle que lon apprête pour voyager. Lenvie de courir dans cette direction la saisit puis la peur de tomber sur quelquun de mal attentionné la fit ralentir. Et ce fut la douleur lancinante qui trancha et la fit savancer. Fleur ne demandait pas la charité mais juste un peu daide pour rentrer chez elle
Une dernière hésitation avant de finalement porter les trois coups sur la porte.
*William Sheller *les filles de laurore*
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