Le temps avait passé, impassible et impossible à retenir, il avait continué sa course tandis que le petit corps s'était recroquevillé dans sa cachette. Il y avait eu beaucoup de bruit. Des pas de courses, des cris, des ordres. Puis un long silence, tous semblaient s'être éloignés de la cale mais la jeune fille attendit encore un peu, par précaution. Le bateau ne semblait pas s'être mis en marche et il aurait été encore facile pour eux de la jeter hors de ses flancs.
Elle risqua un il sous la toile de lin mais n'entraperçut qu'un panneau de bois, quelques caisses, le tout plongé dans une relative obscurité. Patience. Elle tenta de se rendormir en se calant tant bien que mal, lorsque soudain son estomac se mit à crier famine. Il était bien temps !
Dans un geste enfantin et vain, elle pressa sa main sur son ventre. Et si quelqu'un l'entendait ? Elle serra des dents, il fallait qu'elle tienne encore, mais combien de temps le pourrait-elle, et elle avait faim, bon sang !
Puis un léger tremblement, quelques secousses plus vives, tout le navire se mit en branle et des cris fusèrent de nouveau de l'extérieur. Le capitaine lançait ses ordres, les marins couraient à leurs postes, les passagers sur le pont s'auto-congratulaient. C'était le moment de faire une petite sortie pour le passager clandestin.
Justine referma sa cachette minutieusement, elle lui servirait surement encore longtemps, du moins jusqu'à ce qu'on ait besoin de la poudre à canon. Elle fit une grimace à cette pensée puis se faufila le long de la cloison de bois. Elle jetait fréquemment des regards autour d'elle, apeurée mais déterminée. Elle sortie de cette partie de la cale et se trouva dans un couloir. Son regard se promena de droite à gauche, il n'y avait pas âme qui vive.
Sa main se posa sur une poignée et elle poussa la porte. Quelle veine ! Les cuisines du navire ! Un large sourire s'afficha sur son visage alors qu'elle pénétrait dans l'antre sacré du chef, sourire qui se dissipa aussitot en tentant d'ouvrir les réserves toutes bouclées et cadenassées. Flute !! L'était drôlement méfiant ce chef là !
Pas le temps de trainasser ! Justine fit demi-tour et continua de longer la coursive, il ne fallait pas qu'elle s'éloigne trop de sa cachette mais en même temps, elle hésitait à pousser les portes qui se présentaient à elle. Qui sait quoi ou qui elle pourrait trouver derrière !
Sa main s'arrêta de frôler le mur lorsqu'elle arriva à une petite pièce sans porte. Intriguée, elle jeta un coup d'il, regarda de nouveau autour d'elle, puis se faufila dans ce qui s'avérait être une petite chambre.
Son regard se promena un peu partout. Elle n'était pas une voleuse, elle avait juste faim, mais pour le coup, la "faim" justifiait les moyens et elle se mit à fouiller rapidement. Ouvrant de-ci de-la, jetant un il sous le lit de fortune, se désespérant de trouver quoi que ce soit.
Prête à ressortir bredouille, elle avisa une besace et s'en approcha. La décrochant rapidement de son support, elle l'ouvrit et émît un petit gloussement qu'elle ne put retenir. Du pain, et même de la viande ! Mais comment faire ? Si elle prenait tout, sur que l'on chercherait à savoir qui avait commis le vol. Il fallait qu'elle ne prenne que le minimum.
Elle brisa un morceau de la miche et se contenta d'un petit bout de viande. Enroulant son butin dans le bas de sa chemise, elle repartit aussi vite qu'un mulot poursuivit par un chat, et replongea dans sa cachette.
Installée dans un confort vraiment précaire, elle commença par engloutir le bout de viande, incapable de se retenir, puis grignota lentement le morceau de pain pour le faire durer un peu.
Seul hic à son moment repu, après quelques minutes, Justine sentit une soif intenable lui prendre la gorge, puis les tripes. Tout son corps ne faisait que réclamer de l'eau ! Si il était difficile de résister à la faim, c'était une torture de résister à la soif !
Il allait falloir ressortir .....