[RP] Départ Controversé

Le ciel était clair, l'air frais, une bien belle journée pour voyager diraient ses compagnons de route. Mais Loanne n'en était pas à ce genre de conclusion. Bien que percluse de courbatures après la journée de labour, la découverte de sa demi-sœur et sa décision de partir avec elle avaient fait monter en elle une excitation qui la rongeait de l'intérieur. Depuis l'aurore, la jeune femme ne cessait de tout retourner dans la bicoque qu'elle habitait avec sa mère pour ne rien oublier et d'envoyer des courriers à la mairesse, à Hermine, à Athanasios...

Peu avant le déjeuner, un pigeon vint lui apporter une réponse de son compagnon de route lui annonçant que tout était prêt pour le départ et lui donner rendez-vous sur la place du village. Les préparatifs se conclurent, ponctué par l'arrivée d'un autre pigeon. Un maigre baluchon, contenant quelques effets personnels, un peu d'argent et de nourriture, trônait à présent sur la table. Le cœur au bord des lèvres, la jeune femme fit ses adieux à sa mère en la serrant contre elle, mit sur ses épaules une capeline rapiécée et saisit le sac avant de sortir de la bicoque. D'un signe, elle salua Shadowion, qui semait le blé pour elle, puis prit la route la menant au village. Poligny allait lui manquer.

Loanne était à présent sur la place du village, foulant de ses chausses usées jusqu'à la corde les pavés. Les bonnes gens la saluaient et elle leur répondait d'un sourire impatient. Elle scrutait les allées, cherchant Athanasios, serrant dans sa main sa missive et celle de sa sœur. Son cœur, partagé entre la nostalgie de ses années à Poligny et son excitation de voyager, battait la chamade. Dans quelques heures, elle serait sur les routes...

Assis sur le rebord de la fontaine du village, Athanasios attendait Dame Loanne pour ce périple qui devait le mener jusqu'en Provence. Il saluait toutes les passants leur disant Adieu.

Le coeur léger il savourait une dernière fois la quiétude de Poligny, mais il espérait ce voyage depuis trop longtemps pour s'attarder en des pensées mélancoliques.

Bien sûr il avait eu le temps de s'attacher à des personnes remarquables comme Dame Aziliz la maire avisée, Sieur Guilliman son loyal confrère de taverne, Monseigneur Huon le curé doté d'un humour divin, et le noble Confucius.

Au loin il vit s'approcher Loanne.

Par la barbe du Patriarche !!! C'est la première fois que je vois une Dame partir en voyage avec si peu de bagages pensait il.

En même temps vu les dangers qui nous attendent il est préférable de ne pas attirer l'attention et les convoitises avec trop de richesses.

Son épée à ses cotés, le migrant avait conscience qu'il devrait veiller sur sa compagne de route. Il se leva et allât à la rencontre de celle ci. Athanasios se sentait prêt.

Loanne marchait ainsi depuis plusieurs minutes lorsqu'elle vit arriver Guilliman, au pas de course. Elle s'arrêta, troublée, l'homme blond allant directement vers elle. Elle se tortillait les mains, en proie à la nervosité. Guilliman s'arrêta, la contempla un instant avant de se composer un visage aimable qui semblait un peu étrange à la jeune femme. Elle le laissa parler jusqu'au bout, se demandant si elle n'était pas en train de faire une bêtise.

Je... Je vous remercie pour vos bons voeux, messire. Poligny et bien de mes amis, dont vous faites très certainement partie, me manqueront.

Elle ne put s'empêcher de saisir brièvement sa main, mais la retira aussitôt, légèrement rougissante en voyant Athanasios arriver. Elle lui sourit, relevant la tête, les yeux brillants.

Sire, je suis prête!

Puis se tournant à nouveau vers Guilliman

Je reviendrai à la fin de l'été. Et nous vous enverrons régulièrement de courrier. N'est-ce pas messire Athanasios?

Loanne avait saisi l'expression amère de Guilliman et elle ne put s'empêcher de garder la main du jeune homme dans la sienne. Prise d'un soudain accès de témérité, elle ne put s'empêcher de contredire le sieur.

Je pense au contraire que ma vie est à Poligny même si j'ai besoin de ce voyage

Elle avait un regard déterminé qui se transforma en confusion quand elle reporta son regard sur Athanasios. Mais pourquoi n'avait-elle su se taire? Peut-être la tristesse qui se dégageait de Guilliman à la vue du départ de ses deux amis l'avait troublée au point qu'elle ne réfléchisse plus. Ne sachant que faire pour cacher sa gêne, la jeune femme se détourna et partit mettre ses affaires près de celle de son compagnon de voyage. Rouge de timidité, elle s'assit sur le bord de la fontaine, baissant la tête et refermant les pans de sa cape autour de son corps frêle. Elle fixa un moment les missives serrées dans sa main, les plia et les plaça dans une petite bourse accrochée à sa ceinture à côté de la dague un peu émoussée qu'elle avait emporté. Tiraillée entre son enfance, ses amis, son trouble et sa nouvelle famille, elle ne savait dire quel était le bon choix. Elle n'était certaine que d'une chose. Elle reviendrait à Poligny...