Asterius
Il était midi... Les cloches du monastère retentissaient pour sonner la fin de la prière... 4 heures de prière le matin, 4 le soir... une idée bien saugrenue pour un non croyant en réalité. Mais ici il était en paix, ou en tout cas le croyait-il?
L'homme - car il était homme avant d'être tout autre chose - fixait son chapelet, hébété par des mois, voire des années - il ne s'en souvenait même plus - d'absence de vie active. Il allait rater le déjeuner, qui serait comme tous les vendredi une soupe de poisson, deux tranches de pain, et une bonne grosse pinte de bière qui l'aiderait, comme tous les jours, à supporter les trois heures de messe qui s'en suivraient.
Les cloches avaient maintenant fini de crier le ralliement, mais il restait assis, a genoux, a compter les boules de son chapelet. Une par maîtresse songeait-il... et de réciter encore leurs noms, pour toujours s'arrêter après la dernière, sur le pendentif lui-même. Une croix? Que nenni! L'objet de par son côté très personnel avait dès le début été profané, et remplacé par celui d'une délicieuse créature invoquant la tentation des mers, une sirène... ...et comme à chaque fois, il plissait les yeux pour contenir ses larmes. Et de se dire qu'il n'était pas là pour vouer quiconque si ce n'est le temps jadis passé avec elle.
L'homme se leva, le pendentif entre les doigts, et regarda son visage dans la glace. Interdiction de parler, mais pas de se réfléchir, pensa-t-il. Et de jauger de la taille de sa barbe grisonnante qui lui descendait maintenant sur le haut du buste.
- A quoi bon? Lâcha-t-il en soupirant.
C'est alors qu'il se produisit une chose étrange. D'un geste bref, il ôta ses vêtements. D'un autre tout aussi soudain, il empoigna une serviette pour cacher son petit Jésus, alors que retentissait dans le couloir le bruit des talons de la soeur Quintalle. Son absence avait sans doute déjà été remarquée au réfectoire, et il ne voulait que la bonne n'aillât croasser dans tout le monastère qu'elle avait vu le diable... ou assurément plus adapté, une apparition divine...
Pourtant, les bruits de pas continuèrent sans s'arrêter et finirent par disparaître. Après avoir lâché sa serviette, l'homme attrapa alors sa canne, d'entre celles qui fut de bois noble et raide comme la jeunesse. Il en déclipsa la sécurité, et brandit sa lame hors de son fourreau, directement sous sa gorge. Il se regarda un instant sans broncher, puis entreprit de se raser.
- Mortecouille, jura-t-il alors qu'il venait de se couper.
Quelques goûtes bordeaux perlèrent sur sa joue, mais il continua son office, imaginant avec délections les jurons que soeur Quintalle prononcerait lorsqu'elle devra déboucher son évier. Il est vrai que depuis le jour où il avait osé se refuser à elle, leurs rapports se dégradèrent sans légèreté.
Une fois rasé, il se dirigeât vers sa penderie et s'y choisit.. le seul mantel disponible : un long mantel de riches velours bordeaux. Il enfila enfin ses gants et ses bottes de cuir rouge, avant de se saisir de cette canne en acajou surmontée d'un énorme rubis rouge. C'est ainsi vêtu que notre homme, Duc de sa noblesse, se dirigea vers la sortie et que, dans toute sa grâce, boiteux, il s'étala en ratant la marche du portillon.
- Cornegibouille, mais comment peut-on bâtir des demeures pareilles? Lança-t-il vert de rage à l'encontre du commis chargé du registre des visites. - Je vous ferais raser ce pénitencier...
Réfléchissant un instant à ses paroles, il termina plus bas : ...si je n'en avait moi-même rédigé les plans...
Il reprit son ton des plus durs et finit par ordonner :
- Allez donc me chercher mon coche! J'espère que mes juments ont été pansées, et que vous avez vérifié les niveaux!
Incrédule, le jeune commis partit sans demander son reste, et s'en revint quelques minutes pus tard, accompagné d'Ighor, aux commandes d'un somptueux coche noir, peint aux armoiries du Duc de Merceuil et tiré par quatre puissantes juments blanches. Au grand étonnement de tous, le Duc prit appuis sur sa canne, plia les jambes et bondit, enfournant d'un coup sec la plus grande des juments. De sa canne-épée, il coupa net les liens, et dit :
- Ighor! Apportez ma jument Tritia comme présent au mariage de la Baronne Johanara, présentez lui mes homages, excusez mon absence et remettez lui mes meilleurs voeux de bonheur. Elle en aura besoin, puisqu'elle ne se marie pas avec moi... - Il ricana. - Quand au reste de ce coche... Apportez-les donc au Chancelier du Berry. Puisqu'il ne peut obtenir mes terres, tout au moins pourra-t-il faire semblant en se pavanant à bord... Enfin... Dites à ma soeur que je lui lègue tout ce que je possède.
Ighor acquiesça et avant qu'il ne put lui demander la raison de ces instructions, Le Duc de Merceuil partit au grand galop rejoindre le plus proche village de Saulieu. Ce n'est qu'une poignée de jours plus tard qu'il atteignit son objectif. Il se trouva une vieille auberge où, à la lueur d'une chandelle il écrit :
L'homme - car il était homme avant d'être tout autre chose - fixait son chapelet, hébété par des mois, voire des années - il ne s'en souvenait même plus - d'absence de vie active. Il allait rater le déjeuner, qui serait comme tous les vendredi une soupe de poisson, deux tranches de pain, et une bonne grosse pinte de bière qui l'aiderait, comme tous les jours, à supporter les trois heures de messe qui s'en suivraient.
Les cloches avaient maintenant fini de crier le ralliement, mais il restait assis, a genoux, a compter les boules de son chapelet. Une par maîtresse songeait-il... et de réciter encore leurs noms, pour toujours s'arrêter après la dernière, sur le pendentif lui-même. Une croix? Que nenni! L'objet de par son côté très personnel avait dès le début été profané, et remplacé par celui d'une délicieuse créature invoquant la tentation des mers, une sirène... ...et comme à chaque fois, il plissait les yeux pour contenir ses larmes. Et de se dire qu'il n'était pas là pour vouer quiconque si ce n'est le temps jadis passé avec elle.
L'homme se leva, le pendentif entre les doigts, et regarda son visage dans la glace. Interdiction de parler, mais pas de se réfléchir, pensa-t-il. Et de jauger de la taille de sa barbe grisonnante qui lui descendait maintenant sur le haut du buste.
- A quoi bon? Lâcha-t-il en soupirant.
C'est alors qu'il se produisit une chose étrange. D'un geste bref, il ôta ses vêtements. D'un autre tout aussi soudain, il empoigna une serviette pour cacher son petit Jésus, alors que retentissait dans le couloir le bruit des talons de la soeur Quintalle. Son absence avait sans doute déjà été remarquée au réfectoire, et il ne voulait que la bonne n'aillât croasser dans tout le monastère qu'elle avait vu le diable... ou assurément plus adapté, une apparition divine...
Pourtant, les bruits de pas continuèrent sans s'arrêter et finirent par disparaître. Après avoir lâché sa serviette, l'homme attrapa alors sa canne, d'entre celles qui fut de bois noble et raide comme la jeunesse. Il en déclipsa la sécurité, et brandit sa lame hors de son fourreau, directement sous sa gorge. Il se regarda un instant sans broncher, puis entreprit de se raser.
- Mortecouille, jura-t-il alors qu'il venait de se couper.
Quelques goûtes bordeaux perlèrent sur sa joue, mais il continua son office, imaginant avec délections les jurons que soeur Quintalle prononcerait lorsqu'elle devra déboucher son évier. Il est vrai que depuis le jour où il avait osé se refuser à elle, leurs rapports se dégradèrent sans légèreté.
Une fois rasé, il se dirigeât vers sa penderie et s'y choisit.. le seul mantel disponible : un long mantel de riches velours bordeaux. Il enfila enfin ses gants et ses bottes de cuir rouge, avant de se saisir de cette canne en acajou surmontée d'un énorme rubis rouge. C'est ainsi vêtu que notre homme, Duc de sa noblesse, se dirigea vers la sortie et que, dans toute sa grâce, boiteux, il s'étala en ratant la marche du portillon.
- Cornegibouille, mais comment peut-on bâtir des demeures pareilles? Lança-t-il vert de rage à l'encontre du commis chargé du registre des visites. - Je vous ferais raser ce pénitencier...
Réfléchissant un instant à ses paroles, il termina plus bas : ...si je n'en avait moi-même rédigé les plans...
Il reprit son ton des plus durs et finit par ordonner :
- Allez donc me chercher mon coche! J'espère que mes juments ont été pansées, et que vous avez vérifié les niveaux!
Incrédule, le jeune commis partit sans demander son reste, et s'en revint quelques minutes pus tard, accompagné d'Ighor, aux commandes d'un somptueux coche noir, peint aux armoiries du Duc de Merceuil et tiré par quatre puissantes juments blanches. Au grand étonnement de tous, le Duc prit appuis sur sa canne, plia les jambes et bondit, enfournant d'un coup sec la plus grande des juments. De sa canne-épée, il coupa net les liens, et dit :
- Ighor! Apportez ma jument Tritia comme présent au mariage de la Baronne Johanara, présentez lui mes homages, excusez mon absence et remettez lui mes meilleurs voeux de bonheur. Elle en aura besoin, puisqu'elle ne se marie pas avec moi... - Il ricana. - Quand au reste de ce coche... Apportez-les donc au Chancelier du Berry. Puisqu'il ne peut obtenir mes terres, tout au moins pourra-t-il faire semblant en se pavanant à bord... Enfin... Dites à ma soeur que je lui lègue tout ce que je possède.
Ighor acquiesça et avant qu'il ne put lui demander la raison de ces instructions, Le Duc de Merceuil partit au grand galop rejoindre le plus proche village de Saulieu. Ce n'est qu'une poignée de jours plus tard qu'il atteignit son objectif. Il se trouva une vieille auberge où, à la lueur d'une chandelle il écrit :
Citation:
- Ma Duchesse, ma mie, mon éternelle promise.
Armoria,
Avant tout, pardonnez le manque de respect de certain de vos titres, vous gagerez qu'il en est que je n'ai jamais su retenir... Mais si je vous écrit aujourd'hui, c'est pour me confesser. Me confesser de ma faiblesse envers vous. Envers nous. Je vous ai fui. Oui, je vous ai fui, et la honte de me dévorer car vous le savez, jamais la lâcheté ne me fût jadis conseillère. En tout cas certainement pas ceux qui m'ont, un jour béni, menés à vous.
En choisissant cette vie recluse, je fuyais votre bon souvenir. Je voulais oublier. J'ai d'abord souhaité tout le malheur sur vous et votre famille. Mais un seul souvenir, une seule image de vous, et tout mon être me prouvait que je n'étais pas capable de vous en vouloir, de vous haïr... ni même simplement de ne plus vous aimer.
J'ai tenté de lutter... J'ai laissé le temps éroder ma mémoire, le silence vider mon coeur... J'ai prié. Chaque jour, j'ai prié. Oui mais prié la créature sans nom, pour qu'elle m'ôte à tout jamais la capacité de chérir, d'adorer, d'aimer, de pardonner... Mais je n'eus aucune révélation. Et un temps vide de sens à coulé comme des larmes qu'aucune ombre n'a pu sécher.
Je dois me résoudre à ce qu'aucun aimant ne puis. Je vous aime d'un amour que je haïs, indestructible et si puissant qu'il m'a réduit au silence... Alors je vous écris maintenant, enfin, après toutes vos lettres que j'ai laissées sans réponses. Pour vous dire que vous êtes tout ce que je souhaité, mais que je me suis corrompu dans la pureté de mes sentiments. Je ne puis plus vivre dans cette damnation d'amour qui me consume. Il est maintenant temps pour moi d'arrêter de mentir, je ne puis plus rester. Je vous ai un jour promis de ne jamais partir sans vous laisser, alors que vous me sauviez la vie. Ou de ne vous voir partir que de ma propre main. Mais je ne puis plus tenir cette trop lourde promesse. Je dois vous écrire que je m'en vais.
Je ne sais où, je ne sais pour combien de temps. Ni si je ne reviendrais jamais, ou sous quelle forme. Mais de toute manière, je quitte ce royaume qui m'aura arraché ma dernière part d'humanité. Cela fait bien des Ducs qui ne voient plus mes allégeances, et je gage que mes terres seront bientôt saisies. Mais cela n'a plus aucune importance. Je dois nous libérer. Pour peut-être ne jamais nous retrouver.
Vous êtes la meilleure chose qui me soit arrivée... La pire... Mais surtout la meilleure...
Du fond du coeur.
Puissiez-vous jamais me pardonner,
Philippe.
- HRP : Comme vous l'avez peut-être appris, mon personnage a été éradiqué. Ca ne devrait pas vraiment être une surprise vu le temps que je suis resté absent du jeu. A tout ceux à qui ça crée encore de la peine, je m'en excuse. Je sais combien ça peut être douloureux de voir un compagnon de jeu s'en aller, je l'ai vécu plus d'une fois. Mon souhait n'était certainement pas de blesser quiconque. Il est vrai qu'en maintenant Asterius en vie si longtemps j'ai laissé planer un espoir de retour, et que entre tuer Asterius il y a un an ou le laisser indéfiniment en vie, j'ai probablement choisi une pire solution. Comment quitter sa vie sans faire souffrir ses proches? Comment regarder quelqu'un aime s'en aller sans peine? Je crois que c'est une question universelle de la vie...
Mon RP de fin est très orienté, et j'espère que tout ceux que je n'y ai pas fait intervenir n'y verront pas un manque de reconnaissance. J'ai souhaité faire court, sans de grandes pompes, simplement en ligne avec la fin de sa vie, et puis surtout j'ai peur d'oublier un seul nom, alors je ne citerai personne ;-). J'ai toujours été franc, ceux qui ont accompagné Asterius tout au long de sa vie, sa famille, ses amis, ses amours, ses ennemis même, ses compagnons politiques, ses supérieurs et intendants, les habitants de Nevers, les Bourguignons, et des citoyens bien au delà pour certains, vous savez que je vous suis très reconnaissant pour cette belle histoire que vous m'avez aidé à créer. J'ai passé des moments inoubliables avec à vous tous, j'ai eu beaucoup de joies, des peines aussi, mais surtout énormément de plaisir grâce à vous tous. Ce jeu me manque encore souvent, je songe souvent au RP que j'aurais encore pu faire, et je rêverai de pouvoir revenir. Mais mon addiction à ce jeu justement et son côté chronophage sont hélas totalement incompatibles avec ma vraie vie.
Alors à tous je vous dit merci du fond du coeur, adieu, et peut-être à dans une autre vie!
Bye!
LJD Asterius
P.S. Je conserve mon adresse msn.
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