Ayena
[Languedoc - Chateau de Crussol - Quatorze juillet 1461 ]
- Le Berry ? C'est où, ça ?
La Baronne, penchée sur une carte usée et presque illisible cherchait le Berry en suivant de son doigt blanc les lignes effacées que constituaient les frontières.
- Plus au nord, Donà, soupira l'homme de main.
Il venait de rentrer d'une mission spéciale, à savoir un grand voyage dans le Royaume de France pour récupérer des matières premières de qualité pour la Haute Couturière qu'était sa maitresse, Ayena de Talleyrand, Directrice de l'atelier DECO : velours noir, soie rouge, perles blanches, dentelle ajourée, etc, etc... Un truc de femelle, quoi. Il en avait profité pour tendre une oreille discrète quoique sûre pour chercher de l'immatériel : des informations quant aux hommes à marier. Ayena s'était extasiée toute une heure durant sur les tissus et autres franfreluches avant de prêter attention aux ragots que lui ramenait l'homme de main.
- Ha oui, là.
Un homme à marier en Berry. Fils de Duc. C'était bien, ça, fils de Duc.
- Rappelle-moi son nom ?
- C'est le fils d'Alleaume de Niraco.
- Oui, mais c'est pas le père qui se marie...
- Corentin. De Niraco.
- Titré ?
- Senhèr.
- De ?
- ...
- De ?
- Euh... Montassi.
- Quoi ? Mais c'est horrible Montassi. Est-ce que tu montes assis, toi ?
- Donà...
- Nan, nan... Ayena de Montassi, c'est pas beau du tout.
- Donà...
- Pis, je monte pas à cheval, ça voudra rien dire...
- ...
- Quoi ? Quoi ? Quoi ?
- ...
- Et Niraco. Ayena de Niraco. Ca sonne pas bien.
Elle continua ainsi longtemps sous le regard fatigué du messager. En réalité, Ayena n'était pas du genre à se moquer d'un nom. C'était une réelle angoisse qui se manifestait par cette logorrhée. Car parler mariage, c'était se faire à l'idée qu'il faudrait passer à autre chose. Oublier. Et mine de rien, oublier un amour sincère, ça faisait mal.
- On écrit.
De nous, Ayena de Talleyrand, Baronne de Crussol, Dame d'Alquines,
A Aleaume de Niraco, Duc d'Argenton,
Adissiatz.
Votre Grâce, c'est depuis le Lengadoc que nous prenons l'heur de vous écrire ce jour. Les rumeurs vont, les rumeurs viennent et l'on dit que vous avez un fils à marier. Est-ce toujours le cas ?
Nous ne prendrons pas l'audace de demander déjà quelques détails quand à cet homme.
Nous vous concèderons tout de même quelques mots quant à nous et déjà, nous allons nous excuser quant à cette façon pour le moins incongrue de procéder : ce n'est point notre père (qui est notre père adoptif et qui nous donna notre nom) qui prend plume pour nous et pour cause, le pauvre s'est retiré au monastère depuis plusieurs mois. Notre mère est aussi de santé fragile. Il ne nous reste plus aucun homme pour prendre parole pour nous. Il faudra faire avec, ou ne pas faire.
Nous sommes jeune de dix huit années. Nous avons déjà été mariée et sommes sortie d'un veuvage d'un an il y a quelques mois. Nous avons un enfant de ce précédant mariage, un jeune garçon qui n'a pas un an. Si cela ne vous paraitra pas avantageux, cest pourtant montre de notre capacité à engendrer.
En plus de nos fiefs, nous amènerons à un mariage la promesse d'héritage d'un vicomté de la part de notre père. Le Vicomté de Gex est en Savoie.
Nous pourrions vous donner d'autres informations, à votre demande, mais faudra t-il nous confirmer qu'un de vos fils est près à prendre épouse pour perpétuer votre nom. Sachez que si la présente peut paraitre froide, c'est que la démarche est pour nous nouvelle et bien incommode.
Dans l'attente,
A. d'A.
- Les détails croustillants viendront plus tard. Au moins, si linformation est erronée, nous ne seront pas ridicules. L'honneur est sauf, pour un premier contact.
Et Ayena, le coeur serré en se rendant compte de ce qu'elle faisait, regarda son messager partir avec le pli.
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- Héraldique > Ayena est habillée par DECO
- Le Berry ? C'est où, ça ?
La Baronne, penchée sur une carte usée et presque illisible cherchait le Berry en suivant de son doigt blanc les lignes effacées que constituaient les frontières.
- Plus au nord, Donà, soupira l'homme de main.
Il venait de rentrer d'une mission spéciale, à savoir un grand voyage dans le Royaume de France pour récupérer des matières premières de qualité pour la Haute Couturière qu'était sa maitresse, Ayena de Talleyrand, Directrice de l'atelier DECO : velours noir, soie rouge, perles blanches, dentelle ajourée, etc, etc... Un truc de femelle, quoi. Il en avait profité pour tendre une oreille discrète quoique sûre pour chercher de l'immatériel : des informations quant aux hommes à marier. Ayena s'était extasiée toute une heure durant sur les tissus et autres franfreluches avant de prêter attention aux ragots que lui ramenait l'homme de main.
- Ha oui, là.
Un homme à marier en Berry. Fils de Duc. C'était bien, ça, fils de Duc.
- Rappelle-moi son nom ?
- C'est le fils d'Alleaume de Niraco.
- Oui, mais c'est pas le père qui se marie...
- Corentin. De Niraco.
- Titré ?
- Senhèr.
- De ?
- ...
- De ?
- Euh... Montassi.
- Quoi ? Mais c'est horrible Montassi. Est-ce que tu montes assis, toi ?
- Donà...
- Nan, nan... Ayena de Montassi, c'est pas beau du tout.
- Donà...
- Pis, je monte pas à cheval, ça voudra rien dire...
- ...
- Quoi ? Quoi ? Quoi ?
- ...
- Et Niraco. Ayena de Niraco. Ca sonne pas bien.
Elle continua ainsi longtemps sous le regard fatigué du messager. En réalité, Ayena n'était pas du genre à se moquer d'un nom. C'était une réelle angoisse qui se manifestait par cette logorrhée. Car parler mariage, c'était se faire à l'idée qu'il faudrait passer à autre chose. Oublier. Et mine de rien, oublier un amour sincère, ça faisait mal.
- On écrit.
De nous, Ayena de Talleyrand, Baronne de Crussol, Dame d'Alquines,
A Aleaume de Niraco, Duc d'Argenton,
Adissiatz.
Votre Grâce, c'est depuis le Lengadoc que nous prenons l'heur de vous écrire ce jour. Les rumeurs vont, les rumeurs viennent et l'on dit que vous avez un fils à marier. Est-ce toujours le cas ?
Nous ne prendrons pas l'audace de demander déjà quelques détails quand à cet homme.
Nous vous concèderons tout de même quelques mots quant à nous et déjà, nous allons nous excuser quant à cette façon pour le moins incongrue de procéder : ce n'est point notre père (qui est notre père adoptif et qui nous donna notre nom) qui prend plume pour nous et pour cause, le pauvre s'est retiré au monastère depuis plusieurs mois. Notre mère est aussi de santé fragile. Il ne nous reste plus aucun homme pour prendre parole pour nous. Il faudra faire avec, ou ne pas faire.
Nous sommes jeune de dix huit années. Nous avons déjà été mariée et sommes sortie d'un veuvage d'un an il y a quelques mois. Nous avons un enfant de ce précédant mariage, un jeune garçon qui n'a pas un an. Si cela ne vous paraitra pas avantageux, cest pourtant montre de notre capacité à engendrer.
En plus de nos fiefs, nous amènerons à un mariage la promesse d'héritage d'un vicomté de la part de notre père. Le Vicomté de Gex est en Savoie.
Nous pourrions vous donner d'autres informations, à votre demande, mais faudra t-il nous confirmer qu'un de vos fils est près à prendre épouse pour perpétuer votre nom. Sachez que si la présente peut paraitre froide, c'est que la démarche est pour nous nouvelle et bien incommode.
Dans l'attente,
A. d'A.
- Les détails croustillants viendront plus tard. Au moins, si linformation est erronée, nous ne seront pas ridicules. L'honneur est sauf, pour un premier contact.
Et Ayena, le coeur serré en se rendant compte de ce qu'elle faisait, regarda son messager partir avec le pli.
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- Héraldique > Ayena est habillée par DECO