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RP - Dans les bois, personne ne t'entendra crier

Tynop
Il se contenta de hocher la tête lorsqu'elle lui annonça que jour chaumé ne signifiait pas blondinet libéré. Tant pis. Ou tant mieux ? Il ne savait plus vraiment, et préférait ne pas se poser la question.

Avec une certaine avidité, il avala les fruits disposés devant lui et vida un nouveau verre de vin. L'alcool commençait à lui embrouiller l'esprit. Ou bien était-il en train de se chercher une excuse, de tenter de justifier son comportement ? Reposant la coupe, il écouta. Gaia était de ces personnes qui ne tenaient pas en place, toujours à sautiller dans tous les sens, et à proposer des activités d'une voix enjouée. Lui n'était pas vraiment tenté par une balade. Très peu pour lui. Non, il allait rester ici et finir le pichet de vin. Au moins il éviterait de se poser des questions et de se torturer l'esprit.


Je vais t'atte...

Il n'attendrait rien du tout. Elle en avait décidé autrement. Et quand elle décidait, il suivait. C'était comme ça depuis le début, ça le serait jusqu'à la fin. Ou jusqu'à ce qu'il y mette un terme. Sa main fût saisie, et lançant un regard empli de tristesse au pichet en guise d'adieux, il emboîta le pas de la Corleone.
Direction la cueillette. Youpi. D'autant plus que Gaia devait être la seule dans sa famille à cueillir au sens propre. Au plus grand désarroi du blondinet, qui fût ainsi entraîné, ou plutôt traîné dans la forêt

Et tandis qu'elle se retournait pour le fixer, il ne pût réprimer un rire à l'évocation de leur première rencontre.


Oui, je me souviens. T'arrêtais pas de me lancer des piques comme quoi t'aimais pas les blonds, que les bruns, y'avait que ça de vrai, mais que si jamais t'avais rien à te mettre sous la dent, tu me faisais signe.

Il secoua la tête, loin de s'imaginer qu'elle s'était maintenant entichée d'un homme à la chevelure dorée. Autrement, il lui aurait bien rabattu le caquet. Alors il se contenta de secouer la tête.

Bon, du coup, tu m'as fais signe quelques minutes après. Un gros bisou bien langoureux, sans vraiment me demander mon avis. Puis comme j'étais pas ravi, t'as insinué que j'embrassais comme un veau.

Ce qui n'avait pas découragé l'Ortie, visiblement.

Je me souviens aussi du mariage, et de tes retrouvailles ô combien chaleureuses avec ton frère. Quant au fait que je n'imaginais pas me retrouver ici un jour... Non, c'est vrai.

Et pourtant j'aurais dû m'en douter.
Peut-être que j'ai volontairement joué l'aveugle. Peut-être que je me suis jeté dans chacun de tes pièges, dans l'espoir qu'ils se referment sur moi.
Peut-être que je t'ai envoyé cette lettre en sachant parfaitement que tu saurais l'utiliser pour parvenir à tes fins.
Peut-être que je suis un salaud qui se ment à lui-même.
Peut-être.

Et voilà que tu m'entraînes avec toi, pour déterrer je ne sais quelles plantes aux vertus qui me sont inconnues et pour lesquelles je n'éprouve pas le moindre intérêt. Je ne sais pas ce que je veux, Gaia. Je ne sais pas pourquoi je te laisse faire avant de te repousser. Et pour une fois, j'ai pas envie de savoir. Alors je te souris, plus par habitude que pour autre chose, tandis que tu viens une énième fois promener ta main sur ma joue.

Et mes lèvres viennent trouver les tiennes.

Parce que j'ai enfin compris que je n'avais pas le choix, Gaia. Que tôt ou tard, tu finiras par m'avoir, que ça n'a que trop duré. Alors je cède. En sachant parfaitement que je vais m'en mordre les doigts. Tant pis. Je te veux, et maintenant. Et si ma main s'égare sur ta hanche, ce n'est pas par hasard. Le message est clair.

Ici, maintenant.
Fleur_des_pois
Elle avait gagné. C'était ce à quoi elle songeait tandis qu'il déposait ses lèvres sur les siennes. L'Ortie avait pu le voir dans ses yeux. Les remparts étaient tombés. Il cédait entièrement. Et cette fois, plus de retour en arrière possible.
Pourtant. La Fée avait envie de jouer, encore. De profiter de son triomphe. De lui faire comprendre que c'était sa volonté à elle, qui guidait celle du blond. Et tandis que la main de Tynop s'égarait sur sa hanche, Fleur recula légèrement. Juste assez pour que leurs lèvres se séparent. Elle le regarda sans cacher sa jubilation. Puis reprit l'action là où elle l'avait laissé.

Ses doigts s'enfoncèrent dans la masse blonde des cheveux de Tynop. L'attirant toujours plus près d'elle. Perdant son souffle dans ce baiser. Cherchait-elle à se perdre, ou à le perdre ?
Précise, sa main libre s'échinait autour de la chemise du jeune homme. Finissant, dans sa hâte, par l'arracher. Le vêtement tomba au sol tandis que les doigts reprenaient leur activités. Autour des lacets de sa robe. Une manche glissa, révélant une épaule halée.
L'Ortie reprit son souffle, repoussant doucement Tynop. Conservant sa main sur son torse.
Ce à quoi elle avait aspiré. Par défi. Pour le plaisir de remporter une autre bataille. Voir un homme lutter pour rester fidèle... et finalement ne pas y parvenir. Gaia se demanda, l'espace d'une seconde, si tout cela en valait la peine, finalement. En brisant la volonté de Tynop, ne saccageait-elle pas elle-même sa relation naissante avec Symon ? Se voiler la face n'était pas une solution. Le mensonge non plus. Si elle avait eu un peu plus de courage, Fleur aurait refusé d'aller plus loin. Se satisfaisant de la rémission de Tynop. Elle avait gagné. Nul besoin d'aller plus loin. Mais Gaia voulait le beurre, l'argent du beurre, et la crémière en prime.
Juste une fois, se promit-elle. Pour clore le chapitre. Et puis, l'amour physique n'était pas la même chose que l'Amour.

Le haut de sa robe avait chut jusqu'à sa taille. L'Ortie posa de force la main de Tynop sur sa hanche. Elle le laisserait le plaisir d'ôter le reste des tissus qui couvraient encore son corps.
Enfouissant le nez dans le creux du cou du blond, elle déposa ses lèvres derrière son oreille, dans son cou. Ses mains s'égarant dans son dos. Collant son buste sur celui de son « ami ». Déjà, les remords s'évanouissaient. Ou peut-être qu'elle les enfouissait au plus profond de son cœur. Avoir une conscience était trop douloureux, trop compliqué.
Après tout, elle avait joué. Et elle avait gagné. Pourquoi se torturer ainsi ? Symon ne le saurait jamais.


Tu vois, murmura-t-elle, interrompant brièvement le baiser. Tu ne pouvais pas tenir.
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Tynop
Même lorsqu'il lui cède, elle se sent obligée de lui montrer que c'est elle qui mène. Lorsqu'elle lui échappe un court instant, il manque de perdre le contrôle et de la frapper. Le faire languir, encore et encore, et se refuser à lui une fois qu'elle a prouvé qu'elle pouvait obtenir ce qu'elle désirait, il l'aurait vécu comme une véritable, insulte, une humiliation. Elle se joue de lui, il en est parfaitement conscient, mais un tel acte relèverait du sadisme exacerbé.

Ses craintes vont rejoindre ses remords, étouffés, noyés dans les tréfonds de sa conscience. Bientôt, il feront à nouveau surface. Mais le mal sera déjà fait. Il a franchi le point de non-retour, ne répond plus de lui, se laisse guider par son corps, son instinct, ses désirs.

Il lui faut la sentir contre lui, il lui faut humer son odeur, se laisser aller à ses caresses, à ses mains baladeuses qui expriment l'envie commune d'aller une bonne fois pour toute jusqu'au bout, de concrétiser cette attirance réciproque trop longtemps réfrénée. Sa chemise en est la première victime, mais il n'en a cure. Il la veut. Elle est là, en face de lui, sème des baisers qui attisent à chaque fois un peu plus son désir. Lorsque sa poitrine dénudée vient se coller contre son torse, la main du blondinet quitte lascivement la hanche de l'Italienne, rejoignant son dos, pour finir de délacer sa robe. Cette dernière vient rejoindre la chemise, au sol, la senestre s'affairant dès lors à parcourir ce dos qui lui est offert, tandis que la dextre libère le vagabond des braies qu'il trouve définitivement bien trop étroites, avant d'aller se plaquer sur la nuque de Gaia. Et lorsqu'elle exprime sa victoire par des mots murmurés, il ne s'en soucie pas le moindre du monde. Il n'est pas question de savoir qui a gagné ou perdu. Pas maintenant.

La suite est telle qu'il se l'était imaginé. Ses lèvres qui viennent goûter les seins ronds de l'empoisonneuse, sa langue qui s'y promène, ses doigts qui se perdent en son antre, ses mains qui caressent, agrippent, griffent parfois. Vient ensuite l'unisson des corps, l'enchevêtrement des corps et des âmes, l'espace d'un ébat. Les soupirs exhalés, yeux clos, au rythme de la danse interdite qu'ils mènent tous les deux, laissent peut à peu place aux râles et au gémissements. Le souffle qui se perd, les mordillements qui succèdent aux baisers, les ondulations qui s'intensifient, qui s'accélèrent, la sensation de plénitude pure, brute et absolue dégagée par cet acte.
Et enfin l'extase, le râle ultime, la libération. Les yeux qui se closent, durant un instant qui parait être une éternité, avant de s'ouvrir à nouveau, laissant libre court à la contemplation de celle qui est devenue son amante, pour le meilleur et pour le pire.

Et le pire est à venir.

Allongés, plaqués l'un contre l'autre, lui toujours en elle, il reprend péniblement son souffle. Les mots lui manquent, tant tout se bouscule dans sa tête. Ce n'est pas qu'il ne sait que dire, c'est qu'il ne sait que penser. Alors il se tait, ne cherche pas à réfléchir. Il aura tout le loisir de se torturer l'esprit et de se laisser submerger par ces remords. Parce qu'il a trahi la femme qu'il aime. Mais pour l'instant, il profite de ce qui sera peut-être ses derniers instants de plénitude avant un long moment, et son regard se noie dans celui de celle qui est désormais son amante.

Elle a gagné. Et lui va tout perdre. D'un murmure, il lâche.


On devrait rentrer.

Et demain, si tu pouvais me faire avaler un poison capable de me faire perdre la mémoire, je t'en serai infiniment reconnaissant.
Fleur_des_pois
Les doigts de Tynop sur sa peau nue lui arrachèrent un frisson. Et lorsque ses lèvres se posèrent sur sa gorge offerte, la Fée rejeta la tête en arrière. Savourant, extatique, le contact de sa langue sur ses seins ronds.
Et tandis que les doigts du blond trouvaient le chemin de sa féminité la plus intime, un soupir de satisfaction franchit la barrière de ses lèvres ourlées.
Rien ne sera plus jamais comme avant, songea la brune en se sentant glisser en arrière. Lorsque plus tard, ils seraient amenés à se revoir, ils ne pourraient ni l'un ni l'autre, s'empêcher de songer à cet instant.

Remord, début de conscience, tout cela s'était envolé dès l'instant où il avait commencé à parcourir de ses doigts la peau nue de son dos. Ne restait plus que la soif inextinguible du désir, grandissant dans son ventre, dans chaque partie de son corps.
Enfin il fut en elle. Cela, de nouveau, lui arracha un soupir de contentement. Puis ce fut une danse. Une danse à laquelle ils se préparaient depuis longtemps, sans jamais avoir su à quel moment la mélodie retentirait pour les guider. L'Ortie se cambra pour mieux l'accueillir. Son bassin répondant instinctivement à chaque assaut de celui qui porterait désormais le nom d'amant.
En cet instant, il était à elle. Elle à lui. Et seuls témoins de cette union, les oiseaux qui chantaient au-dessus de leurs têtes, inconscients de ce qui se passait en-dessous.
Le souffle court, la Fée agrippait le dos de Tynop. Plantant ses ongles dans les omoplates du vagabond. Resserrant l'étreinte de ses cuisses autour des hanches.
Puis, comme un prélude à ce qui allait suivre, une chaleur intense se propagea dans ses jambes. Juste avant qu'un cri de plaisir si grand qu'il se devait d'être exprimé, ne sorte de ses lèvres pleines.

Le souffle court. Le corps brûlant couvert d'une pellicule de sueur. La Fée sentait son cœur tambouriner contre ses côtes. Et le poids de son amant sur elle. Sa présence, encore, dans son être. Ses iris bruns rencontrèrent ceux de Tynop. Elle lui offrit un sourire comblé. Il avait été à elle, entièrement, complètement. Tout comme elle s'était offerte à lui. Ne regrettant finalement rien.
Il lui proposait de rentrer. Enfouissant une fois encore le visage dans le creux du cou du Blondin, l'Ortie y déposa un baiser. Puis doucement, délicatement, fit rouler son amant sur le côté. Retrouvant ainsi sa propre liberté.
Fleur se rétablit en position assise. Tendant la main vers sa robe, n'ayant pas envie de la remettre encore. Contemplant d'un œil presque tendre, le corps nu du vagabond. Ne pouvant s'empêcher de se demander s'ils auraient l'occasion, plus tard, de reprendre la danse.


Rentrons, répondit-elle en se levant.

Se décidant finalement à enfiler sa robe, Gaia prit à peine le temps de relacer correctement les cordons. Sa main s'empara également de la chemise déchirée. Un léger sourire se dessina sur son visage.

Je t'arrangerai ça.

La Fée rendit à Tynop ce qui lui appartenait. N'attendant que le temps qu'il s'habille pour lui reprendre la main. Délaissant finalement la fougère. Ses pas la guidant vers la cabane de bois.
Elle avait faim.

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Tynop
Profitant une dernière fois de la vision de Gaia en son plus simple appareil, le vagabond se décide finalement à enfiler ses braies. C'est fait. Par cet acte, il vient de condamner son couple. Au fond de lui, il le sait, mais il ne l'accepte pas encore. Il ne dira rien à l’Écossaise. Jamais elle ne saura, et cette aventure sera une parenthèse inavouée, secrète. La concrétisation d'un désir trop longtemps refoulé.

Il saisit la chemise déchirée sans la revêtir et emboîte une fois le plus le pas de l'Italienne, ailleurs. Déjà, les premiers doutes l'assaillent. Il était venu, cédant au chantage de l'Italienne brandissant une menace, celle de révéler l'existence d'un malheureux baiser. Et finalement, il avait succombé à cette même Italienne. Tout cela en valait-il vraiment la peine ?

La cabane est atteinte. Le blondinet s'attable, avale quelques fruits, toujours perdu. Quelques mots sont proférés:


Elle ne doit pas savoir, Gaia.

Autrement mon monde s'écroulerait, tu comprends ?

Pas d'autres chantages, s'il te plaît. Je te servirai de cobaye comme convenu, jusqu'à la fin de cette semaine, et on ne reparlera plus jamais de cette lettre, ni de... ce qui s'est passé.

Le pichet de vin. Un verre. Une gorgée. Une autre. Boire pour oublier.
La journée passe ainsi, le blondinet s'emmurant dans un silence coupable, vidant chaque verre comme le dernier des soiffards, dans l'espoir que l'alcool lui embrume l'esprit et l'empêche de trop réfléchir. Il finit par aller se coucher, et, l'ivresse aidant, finit par s'endormir.

Demain sera un autre jour. Mais aujourd'hui risque de rester longtemps dans la mémoire du vagabond.
Fleur_des_pois
Elle ne doit pas savoir, Gaia.
Il n'y avait pas qu'Elle, songea la Fée en se laissant tomber sur le banc. Personne ne devait savoir. Mais Fleur le sentait. Il ne pourrait pas tenir sa langue. Dans un soucis d'honnêteté, ou les dieux savaient quelle sottises. Il y aurait forcément un jour où Tynop avouerait. Peut-être un soir d'ivresse. Ou dans un moment de joie. Le blond était trop droit. Gaia sourit à cette pensée. S'il avait été si droit que cela, rien ne se serait passé. L'Ortie pouvait le sentir. Il regrettait. Et c'était cela plus qu'autre chose, qui la mettait mal à l'aise. Il regrettait. Et sombrait dans les flots rougeoyants du vin.
Agacée, la brune se leva. Elle ne pouvait s'empêcher de le trouver stupide. Voire même profondément idiot.

Fleur quitta la cabane sans mot dire. Le laissant s'enivrer en toute quiétude. Elle retrouva sans peine le chemin jusqu'aux fougères. Cette fois, rien ne vint interrompre sa cueillette.
Elle avait besoin d'air. D'expulser sa colère. Si elle retournait dans la maisonnée maintenant, elle serait tentée de le frapper.
Et ce fut le panier débordant de plantes en tout genre que la Fée poussa la porte de la cabane. Tynop s'était endormi. Cela valait sans doute mieux.
Allaient-ils passé les cinq jours restants à ne pas se parler ? Il valait mieux en ce cas qu'il reparte dès le lendemain.

Gaia ne dormit pas de la nuit. La passant assise à table, à la lueur d'une bougie. Elle coupait des souches de corydale avec application. Laissant ensuite la plante infuser dans l'eau tiède. Tout devait être prêt pour le lendemain matin.
Et dès que le ciel se teinta de rose, la Fée quitta son banc. Sans ménagement, elle secoua l'épaule du dormeur.


Debout, Tynop. C'est l'heure, fit-elle d'une voix plus douce que son geste.

Le choc du bol contre la table. La dose qu'elle avait mis lui laisserait une journée entière de répit. La corydale avait des effets paralysants. En trop grande quantité, c'était l'arrêt du cœur assuré. Mais Gaia ne voulait pas le tuer. Juste l'empêcher de gesticuler en tous sens. Elle avait besoin de calme, aujourd'hui.
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Tynop
C'est l'heure. De quoi, il ne le sait pas encore. Mais c'est l'heure. L'heure de vomir, de se vider une fois de plus, d'avoir des hallucinations ? Il ne s'en soucie plus. Il se hait. Il a trahi. Pour un instant d'extase égoïste et éphémère, il a mis en péril ce qui parvenait à le rendre heureux depuis des mois. Qu'il y passe. Au moins ce sera réglé, et comme le lâche qu'il est, il évitera la confrontation avec l’Écossaise.

Relevant que la vivacité du geste de l'Ortie contraste avec la douceur à laquelle elle l'a habitué, il s'étire péniblement avant de se lever, d'enfiler sa chemise déchirée. D'une voix ayant pour ambition d'être détendue mais qui n'exprime que l'état pitoyable d’auto-flagellation dans lequel s'enfonce le blondinet, il marmonne:


Tu as bien dormi ?

Prenant le soin d'avaler quelque chose, quitte à ce que la nourriture ne reste pas bien longtemps dans son estomac, il observe l'Italienne. Et elle, que pense-t-elle de tout ça ? Elle a l'air préoccupée, ce qui contraste avec son attitude généralement insouciante et nonchalante. Sont-ils en train de se rendre compte qu'ils ont tous deux commis une grosse erreur ? Qu'ils auraient dû s'arrêter au stade de la séduction ? Car il ne s'agissait plus d'un jeu, maintenant. Non. Les conséquences étaient bien trop graves pour qu'il s'agisse d'une simple partie.

Il a mal au crâne. La gueule de bois, immanquable. Gaia devait avoir quelque chose pour faire passer. Mais même ça, il ne le demandait pas. C'était sa pénitence. Avisant l'infusion:


J'espère que pour une fois, je ne vais pas me vider.

Portant le bol à ses lèvres, il avale cette fois-ci péniblement la mixture. Sa gorge est en feu, il souffre à chaque gorgée. Finalement, il parvient à boire l'intégralité du récipient, une grimace de dégoût exprimant ce qu'il ressent. Il lui faut s'asseoir, et ne plus bouger, autrement il ne pourra s'empêcher de dégurgiter.

C'est sur la paillasse qu'il s'installe, attendant les effets. Fixant Gaia


Et maintenant ? On fait quoi ? Comme si de rien n'était ? Tu crois qu'on en sera capable ?


La réponse, il la connait déjà. Et tandis qu'elle lui répond-ou pas- il sent ses muscles s'engourdir peu à peu. Sa respiration s'accélère, et il commence à paniquer, tandis qu'il perd le contrôle de son corps. Les yeux écarquillés, il se sent choir, et sa tête vient heurter le sol, le choc étant atténué par la paillasse. Il lui est impossible d'esquisser le moindre mouvement, et pourtant ces cinq sens sont en éveil.
Fleur_des_pois
Bien dormi. Ce n'était pas ainsi que Gaia aurait qualifier sa nuit. Mais comme Tynop aurait-il pu le savoir ? Lui que le sommeil avait cueilli. Sans doute aidé par les litres de vin ingurgité. Tant et si bien qu'il n'en restait qu'à peine pour le reste des jours à venir. Il leur faudrait limiter leur consommation qu'à des fins désaltérantes.
Ce n'était pas le remord qui avait tenu éloigné l'Ortie de la paillasse. Symon ne le saurait jamais. Elle n'avait rien à craindre.
C'était peut-être une autre forme de crainte. Une inquiétude diffuse. Celle d'avoir perdu un ami à cause de son incapacité à réfréner son besoin de séduire. Aussi sincèrement qu'elle était capable de l'être, la Fée appréciait Tynop. Et si, désormais, leurs regards ne se croisaient plus ? S'il lui en voulait ? Il fallait qu'elle lui explique.


Tu ne te videras pas.

Le ton était neutre. La Fée pensait à autre chose. Elle détestait ne pas être enjouée. Cela ne lui était pas naturel. Elle avait besoin de gaité.
Lorsqu'il but, Fleur l'observa. Cette fois, elle sortit son carnet. Accompagné d'une plume et d'un encrier au contenu violet. Tynop se couchait de sa propre initiative. Parfait. Cela faisait ça de moins à expliquer.
L'Ortie attendit que la préparation commence à agir. Tout serait beaucoup plus simple une fois qu'il serait dans l'incapacité à se mouvoir.
Et lorsque le Blondin jeta sur elle un regard affolé, la brune prit place à côté de lui. Assise en tailleur, elle posa une main sur le torse du jeune homme.


Tynop, commença-t-elle d'une voix douce en passant les doigts sur le tissu déchiré. Tout d'abord, n'ais pas peur. C'est normal si tu ne peux plus bouger. Ca passera dans une paire d'heures, peut-être plus. Nous verrons bien.

Gaia resta silencieuse quelques secondes. Dehors, le vent s'était levé. Le bruissement des branches leur parvenait sans mal. Au loin, le tonnerre gronda. Sans doute que le troisième jour ne serait pas aussi ensoleillé que les deux premiers. Qu'importait. Gaia ne craignait pas l'orage.

C'est arrivé. Ca devait arriver de toute façon. Déjà à Tulle... Il n'y a rien à regretter ! C'est fait, c'est fait. Ni toi ni moi n'y pouvons rien changer. Pourquoi passer son temps à se lamenter sur des évènements sur lesquels on n'a plus d'emprise ? Et si tu ne dis rien, je ne dirai rien, jamais. Sur la tête de Dandelion ! Alors arrête de pleurnicher ! Ce n'est pas très viril, et il me semble me souvenir que tu l'étais, hier, viril.

Délicatement, l'Ortie remit en place une mèche blonde sur le front de Tynop. Son index suivit le contour de la mâchoire du vagabond. Se perdant dans son cou pour mieux refaire surface sur son épaule.

Ce que je ne veux pas... ce qu'on arrête d'être ami. On ne fera pas semblant de rien, c'est puéril. Nous sommes au-dessus de ça. Nous ferons comme des tas d'autres gens avant nous, et sans doute bien après ! On restera ami. Simplement. Et si parfois l'occasion se présente... Nous reparlerons de ça sans regret, en le prenant juste tel qu'il est. Un moment des plus agréables. Somme toute bien naturel. L'amour est naturel, Tynop. Il n'y a pas à avoir honte.

Le sourire revenait à Gaia. Comme le printemps après l'hiver. Embellissant ses traits. Creusant sa joue gauche d'une jolie fossette.
S'allongeant aux côtés de Tynop, la Fée s'y blottit. Dehors, le vent se faisait plus rageur. Les grondements se faisaient plus proches. Le claquement d'un éclair retentit, et une vive lueur éclaira momentanément la cabane assombrie.
Son manque de sommeil eut raison d'elle. Elle s'endormit presque aussitôt.

Combien de temps erra-t-elle ainsi dans les bras de Morphée ? Ce fut un nouvel éclair qui la tira de sa léthargie. Tynop était toujours là. Endormi ? Ou simplement encore sous l'effet de l'infusion ? Avait-elle sommeillé longtemps ?
Le claquement de la porte l'agaçait. Gaia quitta la couche de fortune. Dandelion sortit de sous la table, visiblement peu rassuré.
Incapable de résister à l'appel des éléments déchainés, Fleur passa la tête dehors. Le corps suivant bientôt le minois curieux.


Saperlotte ! grimaça l'empoinneuse.

A l'extérieur, le vent redoublait d'intensité. Sifflant, courbant sous sa colère les arbres les plus solides. On n'y voyait pas à trois pas tant le rideau de pluie était opaque. L'odeur de l'averse se répandait dans l'air, se mêlant à celui des sous-bois.
Refermant finalement la porte, la Fée alluma une bougie. L'éclairage était faible, mais rendait la cabane un peu moins sombre.
Soudain, un gigantesque CRAC rompit le vacarme de la tempête. Le toit de la masure grinça. Une planche menaçait de se rompre. Malheureusement juste au-dessus de Tynop.
Sans tergiverser plus avant, la brune s'élança. Et le secoua de toutes ses forces.


TYNOP ! DEBOUT !

Mais le blond ne bougeait pas d'un cil. Le poison devait encore agir dans ses veines. La panique donna un coup de fouet au Lutin. Décidant qu'il serait plus simple de le tirer par les pieds, car incapable de soulever le haut de son corps à elle seule, Gaia commença à le trainer.
La planche ne tiendrait pas longtemps. L'arbre tombé poussait sur le toit. La Fée transpirait, maugréant contre la malchance. Epuisée par l'effort, elle se démenait néanmoins, se surpassant physiquement.

Le toit fini par céder. La planche s'écroula sur les paillasses heureusement vides. Une branche siffla dans l'air. Mais Tynop était sauvé. Et alors que Gaia s'apprêtait à s'en réjouir, une violente douleur lui transperça le crâne. Elle s'écroula. Et tout devint noir.

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Tynop
Muet.

C'est bien la première fois que quelqu'un parvient à lui faire fermer son clapet, au blondinet. La solution a été trouvé: De quoi le paralyser. Le voilà abandonné aux mains de l'Ortie. La situation serait terriblement excitante, s'il n'était pas ce benêt adultère trop honnête pour ne pas être assailli de remords.

Là, il est seulement mal à l'aise. Bien qu'il sait qu'elle ne lui fera rien de mal, le sentiment d'impuissance totale lui est fortement désagréable. Et d'après l'Italienne, il va devoir faire avec pendant quelques heures. Tout compte fait, il préférait se vider.

La main de l'Italienne vient s'approprier son torse, et il ne peut rien dire ou faire pour la repousser, l'en empêcher. En a-t-il seulement envie ? En plus, il bénéficie ici d'une bonne excuse concernant son absence de réaction. Oui, pour une fois, ce n'est pas sa faute s'il la laisse faire. De toute manière, il n'y a rien d'autre à faire que de l'écouter, en attendant que ses membres désespérément engourdis se décident à répondre.

Il sait qu'elle ne dira rien. Il a mal formulé sa question. Il aurait simplement dû demander pour lui. Tout compte fait, il n'aurait rien dû demander. Il sait déjà. Il ne pourra pas regarder l’Écossaise en face et faire comme si de rien n'était. Et elle ne pourra pas lui pardonner. Tout comme il ne lui aura pas pardonné. Alors il le sait, c'est fini. Le compte à rebours avant la fin de son idylle a débuté hier. Alors oui, Gaia, il y a tout à regretter.

Il ne pleurniche pas. Pas encore. Ce sera devant Sarah qu'il pleurnichera. Comme un gamin se rendant compte de la bêtise qu'il a fait. Bien sûr qu'il a honte. Et il a encore plus honte d'aimer la présence de l'Ortie contre lui. Pendant que cette dernière trouve le sommeil, lui ne peut penser à autre qu'à la réaction de l’Écossaise. Elle ne pleurera pas, il le sait. La seule chose qu'elle lui accordera, c'est son plus profond mépris.

Et tandis qu'il se perd dans ses pensées, la tempête se déchaine. Finit par réveiller Gaia. Qui se décide à lui hurler de se lever. Plus facile à dire qu'à faire. La faute à qui ? Il entend les craquements, voit la planche qui menace de s'effondrer. Ne peut esquisser le moindre mouvement. Tynop, mort tué par une planche, alors que le poison de son amante l'empêchait d'esquisser le moindre mouvement. À défaut d'être belle, cette mort avait le mérite d'être originale.

Mais Gaia en décide autrement et le sauve. Là où il devrait être reconnaissant, il voit seulement poindre une autre dette. Un cercle vicieux.

Gaia tombe à côté de lui. Une planche à ses côtés. Il ne peut toujours esquisser le moindre geste. Elle est en train de mourir. Sous l'effet de l'adrénaline, son corps se décide finalement à répondre à ses appels désespérés. Gauchement, il parvient à remuer une main. Puis l'autre. Ses jambes, toujours engourdies, mettent plus de temps à se laisser dompter. Enfin, il peut se hisser sur ses pieds, et tandis qu'il se penche vers l'Ortie, il laisse échapper d'une voix faible:


Gaia... Espèce de conne...

Oui, c'est tout ce qu'il trouve à dire. Il ne sait même pas pourquoi ces mots sortent de sa bouche. Et le sang coule. Et les yeux de la Corleone sont fermés.

Il est dans la merde. Aucune notion de médecine. Encore moins de secourisme. On lui a appris à tuer, pas à sauver. Alors il la gifle, dans l'espoir que cela la réveille, tandis que son autre main vient chercher la plaie qu'il examine. Rien de grave. Superficiel. Elle a simplement été assommée. Un soupir de soulagement est lâché, tandis qu'il continue de lui asséner des gifles.


Crève pas. Pas maintenant.

Combien de temps est-il resté prostré à ses côtés ?
Fleur_des_pois
L'Ortie avait mal. Elle avait l'impression que sa tête s'était ouverte en deux. Jamais elle n'avait autant souffert. Physiquement, du moins. Ou peut-être quand elle était tombée d'un arbre. Elle était petite. Sept ou huit ans. Et déjà, Fleur passait son temps dans les bois. C'était sa maison, et cette sensation devait perdurer encore bien longtemps. Au couvent, les religieuses ne voyaient en elle que la somme de leurs peurs. Une fille du Diable. Peut-être était-ce vrai. Fillette, Fleur se l'était demandée de nombreuses fois. Et si l'on songeait à ce qu'elle était devenue... On pouvait donner raison à ces femmes de foi. Ou peut-être que c'était à force de se l'entendre répété qu'elle l'était devenue.

Ses joues étaient en feu. Gaia se rendit compte, soudain, qu'on était en train de la gifler. Elle voulut ouvrir les yeux. Et le fit, d'ailleurs. Une larme roula sur sa joue tandis que sa vue brouillée cherchait l'auteur des coups. Une seconde larme suivit la première. La Fée voulut se retenir de pleurer, mais c'était impossible.
Ses bras se tendirent. Elle agrippa la nuque de Tynop comme un noyé une branche flottante. Elle se hissa jusqu'à lui. Fleur avait besoin qu'il la serre contre lui. Pourquoi ? Elle l'ignorait. Elle éprouvait simplement le désir violent et intense d'être tenue fermement dans ses bras. Les bras de Tynop.

Pourquoi pleurait-elle ? Était-ce à cause de la douleur ? Gaia ne savait pas très bien. Déboussolée, le Lutin chercha les lèvres du vagabond, qu'elle finit par trouver. Elle y déposa un baiser. Délicat, comme une goutte de rosée sur le pétale d'une rose. Comme un papillon sur une grappe de lilas. Avec tendresse. Douceur. Comme si c'était son âme, qu'elle venait déposer sur la bouche du blond.
Peut-être que ce fut à ce moment-là que l'Ortie se demanda si elle ne voyait en lui autre chose qu'un simple ami. Cette pensée fut si fugace qu'elle ne put l'étudier davantage.
Car après tout... Pourquoi lui ? La réponse à cette question se trouvait peut-être dans un examen approfondi de ce qu'elle avait toujours rejeté jusqu'alors. Les sentiments.

Lentement, Fleur porta une main sur sa tête. La douleur fut vive. Grimaçante, elle ôta ses doigts, poisseux de sang. Un coup à la tête... Fort peu reluisant. Elle savait qu'il ne lui fallait pas s'agiter. L'Ortie tendit une main vers sa besace.


Peux-tu m'apporter un bout de tissu propre et de la teinture d'ail, s'il te plait ? C'est écrit sur la fiole, il y a une étiquette.

L'orage avait du passer. Le vent soufflait toujours, mais moins fort. Et les grondements du tonnerre s'étaient éloignés.
Attendant que Tynop s'exécute, l'Ortie examina les alentours. Une vraie scène de chaos.


Il faudra qu'on répare.

Son cœur tambourinait contre ses côtes. L'émotion. La peur peut-être aussi. Il aurait pu mourir. Elle aurait pu le tuer. Peut-être était-ce cela. L'avoir, un très court instant, imaginé perdre la vie, l'avait chamboulée. Peut-être qu'elle n'était pas si forte que cela.
D'un revers de main, Gaia essuya les larmes qui coulaient de nouveau. Puis, sans trop savoir pourquoi, elle baissa le nez. Et lâcha dans un murmure à peine audible :


Je suis désolée.

Mais de quoi, précisément ? La Fée l'ignorait.
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Tynop
Et la voilà qui pleure. Quand même... Il n'y était pas allé très fort, sur les gifles. Enfin, c'est ce qu'il pense, bien que les traces rouges sur les joues de l'Ortie semblent attester du contraire.

Et puis, sans qu'il l'en empêche ou la repousse, elle nouE ses bras derrière sa nuque et vient déposer un baiser sur ses lèvres. Elle ne lui a jamais paru aussi fragile. Mais à se laisser mener par le bout du nez, il avait oublié qu'elle était... humaine ? Une jeune femme de seize ans, pas bien grande, fragile. Elle saigne comme tout le monde. Elle pleure comme tout le monde.

Bien loin de s'imaginer que le fait d'être humaine signifie aussi la naissance de sentiments, le blondinet est simplement rassuré de la voir réagir. Même si c'est pour la voir l'embrasser. Surtout si c'est pour la voir l'embrasser. Alors il la prend dans ses bras, la berce contre lui dans un instant hors du temps. Ne la relâchant que lorsqu'elle lui quémande du tissu et une fiole.

Il délaisse alors ses bras pour se mettre en quête de ce qu'elle réclame. Péniblement. Le poison toujours en ses veines, bien que les effets commencent à se dissiper. La fiole est facile a trouver. Le tissu en revanche.... Autant se servir de la chemise en lambeau. Dans l'état où elle est, Gaia ne peut arranger grand chose. Un énième pan est alors arraché, et tendu à l'Ortie.


Tiens. Tu as besoin d'autre chose ?

Jetant un regard à l'état de la cabane, il se rend compte qu'en effet, Fleur constate l'évidence.

Réfléchis, la prochaine fois. Avant de m'emmener au fond des bois, dans une cabane qui s'effondre à la moindre averse. J'ai pas envie de mourir d'une connerie pareille.

Oui, tu saignes, tu pleures, tu viens de me sauver la vie, et comble de l'ingratitude, je te blâme.
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Fleur_des_pois
De toi. J'ai besoin de toi...

Les mots avaient-ils franchi le remparts de ses lèvres ? L'Ortie avait-elle réellement prononcé cet aveu ? Avant même d'avoir conscience de les penser. Avant même de se rendre compte de la portée de ces mots. Comment avait-elle pu se laisser aller ainsi ?
Troublée, la gorge nouée. Figée là, dans un silence honteux. Incapable d'une pensée suivie tant elle était bouleversée par ses propres mots. La Fée refusait de le regarder. Si leurs regards s'étaient croisés en cet instant... Il y aurait lu tout ce qu'elle se forçait d'ignorer. Il aurait déchiffrer son âme. Et cela, c'était hors de question.
Elle aurait préféré tomber d'une falaise, plutôt que tomber amoureuse de lui.
Mais que disait-elle là ? Personne ne parlait d'amour ! Tout ceci était ridicule. Le choc, l'émotion. Voilà ce qui la mettait dans de tels états. Qui enfiévrait son esprit. Pour la laisser hagarde, presque délirante. A lancer des choses qu'elle ne devait pas dire, et à songer à d'autres choses qu'elle devait encore moins penser.

Et Symon ? Il n'y avait de cela que deux jours, la Fée ne voyait-elle pas en lui l'homme qu'elle avait toujours secrètement attendu ?
Fébrilement, Gaia posa le dos de sa main contre son front. N'était-il pas plus chaud qu'il le devrait ? N'était-ce point la fièvre qui la gagnait ainsi ?
Respire. Calme-toi. Respire, s'admonesta-t-elle. Furieuse contre elle-même. Agacée par sa vulnérabilité. Par sa bêtise.


J'ai besoin de toi pour... ma tête. Il faudrait que tu...

Fleur n'acheva pas sa phrase. Trop heureuse d'avoir trouvé une parade. Pourtant le souffle passionné de l'aveu premier n'avait rien à voir avec l'assurance de la supplique. Mais c'était mieux ainsi. La Fée reprenait ses esprits. Redevenait maîtresse d'elle-même. Pouvait même oser lever les yeux vers Tynop. Croiser son regard. Et même si ses joues s'embrasèrent, il ne pouvait plus lire en elle. Du moins, Gaia l'espérait de tout cœur.

On choisit pas sa mort. Et remercie-moi plutôt d'être encore capable de te plaindre.

Un coup d'œil aux alentours. Il faudrait plus qu'un après-midi pour remettre tout cela en état. Et elle était trop fatiguée.

Viens me soigner au lieu de grogner. Tu mets de la teinture sur le tissu et tu nettoies la plaie. Et après... on va tirer les paillasses de là-dessous. On bougera un peu la table pour les installer. Et on s'occupera du toit. On mettra des branchages. Ca tombe bien, des branchages, dans la forêt, je suis sûre qu'on en trouvera à la pelle.

Et pourvu, songea-t-elle, que la fièvre tombe rapidement.
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