* reprise du titre de V.Hugo, le dernier jour d'un condamnéIl arrive pour chacun dentres nous un jour comme ça où lon pense à sa mort, à la manière dont on aimerait quelle survienne, quant il serait préférable quon en finisse, et avec qui. On souhaite tous profiter de sa vie un maximum pour quau jour fatidique on nait aucun regret.
La Tatouée avait toujours pensé mourir sur le champ de bataille. Mourir une lame en travers du corps, son sang coulant entre ses mains, à genoux devant son ennemi. Elle pensait mourir comme elle avait toujours vécu : lépée à la main. Comme quoi, rien nest prévisible ; si on lui avait dit quelle mourrait de la suette ou dune maladie quelconque après tout elle aurait rit. En tout cas, la blague avait toujours autant de mal à passer. Depuis quAmalio lui avait dit quelle était condamnée sans pour autant savoir combien de jour il lui restait, litalienne se demandait comment préparer « sa fin ». Il était temps. Jour 0 : Chinon, juillet 1461.
Le soleil se couchait pour laisser la ville entre chien et loup. La chambre de lauberge était plongée dans la pénombre et nétait éclairée que par deux bougies. Assise au bureau de la pièce, litalienne restait plantée devant des parchemins vierges, de lencre et une plume, en cherchant à mettre toutes ses idées en places. Son état sétait nettement aggravé ; ses mains tremblaient sans arrêt à présent et il lui semblait voir des choses qui nétaient pas présentes. Elle navait rien dit à son neveu, mais depuis peu ses parents apparaissaient dans les pièces où elle se trouvait, tout comme son premier compagnon. Elle savait pertinemment que Jacknight était décédé depuis longtemps maintenant, mais cette image semblait si réelle quelle lui parlait souvent. Et puis, lorsque de grosses crises la prenaient, cétaient des ombres qui lassaillaient
anciennes victimes revenant la hanter pour lamener bientôt en Enfer. On lattendait, elle le savait, le sentait au plus profond de son être meurtri.
Sa main pâle attrapa la plume quelle trempa dans lencre noire. Il fallait quelle profite de ces quelques temps de lucidité pour écrire aux personnes quelle aimait, à qui elle tenait, pour les prévenir. Ne pas partir avec des regrets. Laell,
Tu nes pas loin de Chinon, je pense. Je voudrai te voir, ainsi quAmalio, pour vous parler de la suite. Même si cest une évidence, je veux que tout soit officiel et concret, pour quaucun membre de la Famiglia ne puisse contester votre autorité. Je texpliquerai cela de vive voix.
A bientôt.
Rodrielle.
Oui, il était évident que Laell et Amalio gèrerait la Famiglia Corleone ensemble. Au fil du temps, ces deux membres avaient su se faire une place en haut de la hiérarchie familiale et avaient prouvé quils étaient capables de soccuper de tout le monde. Et être deux nétaient pas du luxe, la famille sagrandissant toujours plus au fil du temps.
La lettre suivante fut pour une plus jeune enfant. Une petite étoile qui était dans son cur depuis quelle lavait recueillit, il y a plusieurs années maintenant. Une petite étoile partie retrouver sa mère adoptive, en compagnie dArthor. Ne pas partir sans parler à cette enfant, sans la revoir. Lili,
Mia Stella,
Tu es partie il y a déjà beaucoup de jours et tu me manques encore. Jaurai aimé pouvoir de faire un énorme bisou avant que tu partes avec Arthor. Jespère aussi te voir très bientôt. Tu manques aussi à Elouan et Maledic, qui nont plus leur sur à suivre partout. Et comment va Pandou ? Il doit grandir et devenir un vrai tigre de combat !
En tout cas, je tembrasse ma chérie. Prends bien soin de toi et de Pandou. Et reviens dès que tu le veux
Arthor te ramèneras, je pense.
Ti amo.
Mamma.
Et, accompagnée à cette lettre, une plus petite, adressée à Arthor.Citation:Blondin,
Je nirai pas par quatre chemins. Mes jours sont comptés. Je veux massurer que Lili est en sécurité là où elle est. Erwelyn a beau être de la famille, ca nen reste pas moins une nobliote et je nai pas confiance en eux. Je te demande donc de prendre soin delle, même si je suis persuadée que tu le fais déjà.
Ciao.
Rodrielle.
Enfin. La dernière était certainement la plus importante, pour la personne qui comptait certainement le plus dans son cur. Légèrement tremblants, les mots sécrivaient sur le vélin cette fois-ci avec beaucoup plus de tristesse et de regret
A toi, Aevil Corleone,
Mio Fratello, il mio cuore, il mio angelo,
Même si mon instinct le plus profond me fait croire que tu nes jamais loin de nous, de moi, que tu nous observes, que tu nous surveilles à ta manière, je préfère técrire pour te prévenir. Mon frère, Aevil, cest la fin. La maladie memporte et il ne me reste plus longtemps. Je profite des quelques forces quil me reste pour écrire à ceux que jaime, et je crois que tu es le seul qui ait jamais eu mon cur.
Tu as toujours été mon exemple, ma ligne directrice, le pilier sur lequel jai construit ma vie. Cest grâce à toi quaujourdhui mon nom résonne encore dans quelques têtes. Je ne pourrais jamais me plaindre de léducation que tu mas offerte, lorsque nos parents sont décédés, quelle soit morale ou physique. Tu mas tout appris et je ten remercie encore.
La seule chose que je regrette et cest pour cela que je técris, notamment, il parait que les mots apaisent la conscience cest que tu sois parti. Je ne comprends toujours pas ton choix, bien que je le respecte. Tu pouvais avoir une vie, quelque part dans ce foutu royaume ; tu as un fils et toute une famille derrière toi, des petits-enfants, à qui je raconte ta vie, notre enfance, et qui me demandent sils te verront un jour
Surtout Amalio. Ah ! Amalio ! Tu as eu raison de me demander daller le chercher ! Ce jeune homme est très prometteur et va gérer la Famiglia avec Laell, sa cousine, notre nièce. Cest dailleurs grâce à lui que je tiens encore debout pour linstant
Un grand médicastre. Il te ressemble. Chaque regard que je pose sur lui est si douloureux ! Il me fait penser à toi et à la dernière image que tu mas laissée. A ta dernière lettre aussi
Je pense arrêter là, même au seuil de la mort, les effusions de sentiments ne sont pas pour moi. Tu aurais dû partir avant moi ! Surement lair italien est meilleur quici. Jaurai peut-être dû te suivre. Enfin ! Quimporte ! Jaccepte doucement cette fatalité. On ne peut pas prendre des vies pendant si longtemps sans devoir donner la sienne un jour.
En tout cas, la seule chose que je te demanderai avant de terminer ce courrier trop long à mon gout : reviens. Au moins pour ton fils. Assume-le et apprends-lui tout ce que tu mas appris à lépoque.
On se retrouvera en Enfer.
Ti voglio bene per sempre.
Ton Ombre.
La lettre fut pliée et litalienne la posa sur le côté, à côté de celle pour Laell. Elle essuya une larme qui perlait sur son visage et poussa un profond soupire. Aevil a toujours été tout pour elle, son frère était la seule personne quelle respectait et pour qui elle accepterait de sagenouiller. Comme toutes les petites filles, elle considérait son frère aîné comme un héro, un immortel quelle admirerait jusquà la fin. Savoir quelle ne le reverrait pas une dernière fois avant de mourir lui brisait le cur. Sincèrement. Aevil était son seul point faible, le seul quelle aimait vraiment, de tout son cur. Et elle ne pourrait même pas lui dire de vive voix.
Les lettres furent écrites. La Tatouée descendit enfin de sa chambre et donna tous ces courriers à un jeune coursier. Elle prit ensuite place à une table de lauberge, dans un profond soupire, et leva sa main toujours tremblante.
Du vin, per favore.
Quon ne lui demande pas de faire attention. La fin était proche, elle ne se priverait de rien.
Le vin, le sang et sa famille seraient ses dernières volontés.Famiglia : Famille
Mia Stella : Mon étoile
Ti amo. Mamma : Je taime. Maman.
Mio Fratello, il mio cuore, il mio angelo : mon frère, mon coeur, mon ange
Ti voglio bene per sempre : je t'aimerai toujours
Per favore : s'il vous plait