--Valtriquet
C'était un moment de grâce où le sourire flottait sur les lèvres de Valtriquet. Ce n'est qu'en s'abandonnant complètement qu'il prit conscience de la tension qui l'habitait continuellement.
Sous les baisers frais et légers apportés à son front, Il en en saisissait toutes les nuances.
Sous les mots murmurés de son amant, son corps, dont la mémoire avait enregistré définitivement l'empreinte vocale-plaisir, réagissait en frémissant.
- Maintenant ?...Te toucher Les images de leur étreinte affluaient, stimulées par les mains d'Alphonse parcourant sa peau.
..Tembrasser Le goût de sa bouche mêlée à leurs souffle l'enivrait comme la saveur sucrée d'un liquoreux flattant ses papilles.
Ses.. Te mordre Te lécher ... lui arrachaient un gémissement, électrisant son ventre qui gardait le délicieux et cuisant hommage fait à ses reins.
Ce qu'il pressentait, ce qu'il redoutait en reculant ses retrouvailles avec Alphonse, devinant alors à la faveur de la taverne, sous les flots des quelques mots qui les éclaboussaient comme deux chats joueurs en équilibre trop près du bord, ne pouvait laisser présager que sous la surface de l'eau des tourbillons l'emporteraient si loin, et surtout....qu'il ne tenterait pas d'y mettre fin.
Te revoir. Un instant déstabilisé en se demandant si le brun ne lisait pas dans ses pensées, le Criquet remonta ses émeraudes vers le corps en mouvement de son amant, traversées par une étincelle qui éveilla sa concupiscence. Aimanté par le dessin des courbes pour lesquelles, s'il devait composer, lui inspireraient plus une symphonie qu'une sonate.
Le prendre.... le blond en frémit. Quand son regard se posa sur la chute de rein d'Alphonse, avant qu'il ne revienne avec les verres de vin, l'éphèpe glissa ses yeux sur les courbes du fessier qu'il avait divin, imaginant déjà comme il aimerait le prendre, le posséder, le.... Les mâchoires serrées, il inspira longuement par le nez pour chasser les images qui le troublaient. Lui aussi avait une foutue soif, et sa gorge asséchée perdit soudain le peu de salive qu'il lui restait encore. Il adopta la position en tailleur pour prendre le verre tendu, en gratifiant le flamand d'un merci échappé du sourire esquissé sur ses lèvres, avalant aussi sec le liquoreux qui brûla sa gorge en feu.
Qui ta fait ça ? Le Criquet baissa la tête pour essayer de voir le bleu qui striait ses côtes et balaya d'un revers de la main sa peau, comme s'il en chassait négligemment une mouche dont la présence n'était pas importante.
Qui a souillé le pelage de mon chaton ?... Val posa sur Alphonse un regard amusé qui étira un peu plus les paupières qu'il avait légèrement en amande, et s'allongea sur le dos, à l'inverse du Brun qui sétait, lui, assis sur le rebord du lit, félin... Il sabandonna ensuite dans la contemplation du plafond, cachant lombre fugace qui assombrissait ses jades.
- Un chat de gouttière à qui je vais devoir apprendre les bonnes manières.Il tourna ensuite la tête pour frotter son museau sur la cuisse de son amant, huma son odeur qui le faisait chavirer, avant d'y déposer un baiser, et leva les yeux vers les onyx pour s'y accrocher, un sourcil rehaussé dans une expression interrogative et amusée.
- Ton chaton ?Lui demanda-t'il sur le même ton tendre et taquin, en appuyant délibérément sur le possessif du mot, enclin à poursuivre le jeu du chat. Dans le même temps il lui tendit le verre d'un geste gracieux.- Encore. s'il te plaît. Et il ajouta, un sourire en coin:- Ma soif n'est pas étanchée.... et je dois avouer que de revoir ton c...fessier danser sous mes yeux me serait des plus agréables.
... Ton joli petit cul que j'aimerais mordiller et posséder..
Alphonse ne pouvait pas être courtisan. Cette idée le dérangeait. Et pourtant, il était un amant si fougueux. Val ressentait encore les effets de la jouissance qui l'avait renversé, conscient qu'il n'avait jamais connu une telle osmose avec d'autres amants. Il l'avait dans la peau, assurément. Mais pas que ça, et c'est ce qui le déstabilisait le plus...