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[RP]Cathédrale Saint Himérius

Sorianne
A genoux, deux cierges en mains, la question posée laissa la jeune femme perplexe, et So ne réalisa même pas qu'elle dévisageait sans comprendre l'homme auquel elle faisait face.

Grecque?

Oh elle ne manqua pas noter le léger changement d'attitude et rassemblant les bougies contre elle, se pencha pour se saisir d'une nouvelle grâce à sa main devenue libre, tout en esquivant le regard braqué sur elle.

Non... Je suis née et ai toujours vécue dans ce Royaume. Je ne sais même pas où se trouve ce pays.

Cela s'échauffait sous la crinière sombre. Pourquoi telle question? Du coin de l’œil, la noiraude, mal à l'aise soudain, lui jetait des regards curieux sans pour autant voir sa langue se délier pour satisfaire ses interrogations, la chevalière totalement exclue de ses pensées pour l'heure.

Il lui fallut prendre appui sur le banc auprès duquel elle se trouvait afin de se relever sans trop de mal, et la nouvelle petite bourgeoise dressée sur la pointe de ses pieds tenta de remettre en place les bougies tombées. Toutefois, un déclic se fit et la jeune femme baissa les yeux sur son corsage, pour voir que ce qui était habituellement caché, avait prit place au dehors des tissus. Une main se porta sur le pendant retenu à la fine chaine d'or et gênée, Sorianne se retourna vers l'homme.


Vous savez lire cette langue?

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Baphomet
Pons se releva aussi, suivant le mouvement sans plus répondre à ses interrogations. En fait, il avait même tendance à poser plus de questions qu'il ne répondait à celles de ses interlocuteurs. Mais aujourd'hui, la brune l'intéressait. Son regard inquisiteur se reposa sur elle. Si l'habit ne faisait pas le moine, l'imposante stature trahissait son ancien état martial. Une main de fer dans un gant de velours, ainsi était le capitaine. Il avait abandonné l'armure pour un riche pourpoint... Détournant néanmoins les yeux, prude, il songea : les lettres gravées dans l'or ne faisaient plus de doute mais pourquoi cette langue et ce péché en particulier ? Sorianne se donnait des airs de paysanne mais n'en était certainement pas une, les mains trahissaient les habitudes des gens.

« Celle-ci, et d'autres... »

Enfin avait-il répondu. Mais son propos laconique ne traduisait guère ses pensées les plus profondes. Plongé dans ses réflexions, le bourgeois ne remarqua même pas qu'il caressait machinalement l'émeraude surmontant la bague en or à son annulaire gauche. Pour qui aurait pu l'étudier, la pierre précieuse était taillée en forme d'étoile à six branches dont les reliefs travaillés mettaient en évidence deux triangles équilatéraux entrecroisés. Le sigillaire traduisait alors à lui-seul un concentré de croyances et de traditions hermétiques, aussi anciennes que le monde. On l'appelait le sceau de Salomon. Il estimait son pouvoir et sa protection.

« Mais je manque à tous mes devoirs : je suis Pons, enchanté ! »

Ses doigts cessèrent leur activité étonnante, et il croisa les bras dans son dos observant la femme devant lui. Un nouveau et long silence s'installa. Il ne savait quoi dire. Croisant fort peu de personnes en temps normal, comment pouvait-il être agréable ?
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Sorianne
La So crispa légèrement les mâchoires quand il répondit savoir lire la langue qu'il avait vu gravée dans l'anneau. Le regard perdu dans le vague et la tête basse, elle rangea nerveusement la chevalière qu'elle avait omis de remettre à l'abri de son corsage après avoir joué avec. Oh elle se laissa jauger, ayant l'habitude maintenant, néanmoins elle ne manqua pas prendre quelques couleurs sous le regard curieux et insistant.

Le manège de l'homme sur son anneau à lui ne lui échappa pas, mais elle n'était point calée en la matière, aussi ne releva rien de spécial... A part le fait qu'il ne semblait pas être un pauvre hère de campagne.


Sorianne... Je suis Sorianne... Ou So...

Le museau toujours aussi bas, la noiraude releva toutefois le regard, pour observer à la dérobée... Et le voir la regarder de nouveau. Yeux détournés aussitôt et la jeune femme gigotait, mal à l'aise, passant d'un pied sur l'autre. Où était donc passée la jeune femme sûre d'elle qu'elle était il y avait encore quelques années...?

Je suis désolée pour le candélabre... Il s'est accroché à mes jupes... Et je suis maladroite.

Un soupir, et elle finit par se reprendre, se redressant et accroche le regard de Pons. L'assurance lui fait défaut, mais au moins elle ne détourne plus la tête! Le blanc s'était installé entre eux, et vu le regard qu'il lui lançait, elle se doutait qu'il devait se poser des questions... Pourtant ce n'était qu'une chevalière...

A quoi pensez vous Sieur Pons?
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Baphomet
De ses lèvres pincées, un éclat de rire s'échappa mais il se reprit aussitôt. Le bourgeois ne se laissait que très rarement aller à de telles profusions. Sorianne l'avait rendu hilare en se confondant en excuses. Faisait-il si peur que cela ? Son visage s'était néanmoins décontracté, amusé. Désormais, il observait la brune avec une certaine douceur. Elle lui rappelait celle qu'il aimait : à la fois timide, empotée ou très sûre d'elle, pleine d'entrain et d'enthousiasme. Leur couple détonnait parfois et étonnait souvent. D'ailleurs elle devait s'inquiéter de ne pas le voir revenir et ses pas le conduisirent naturellement vers la porte de la cathédrale. La lumière naturellement commençait à estomper de la majesté du lieu. A quoi pensait-il en voyant un tel spectacle ? Ou à quoi songer quand une vilaine portait un tel bijou à son cou, vite mise à l'abri de son corsage ?

« Sorianne, vous êtes une femme pleine de mystères, dit-il se frottant le menton entre son pouce et son index. Peut-être me diriez-vous qui vous a donné une telle chose ? Je recherche des objets sans valeur au premier abord, comme le vôtre en fait. »

Il y avait des boutiques sur Paris, de véritables capharnaüms : un paradis pour des personnes comme lui. Des étagères pleines de codex poussiéreux, de statuettes antiques et de crânes d'animaux exotiques, ces cabinets de curiosités n'étaient pas accessibles au néophyte. Celui qui savait quoi chercher trouvait son plaisir. L'or parfois n'était pas suffisant pour acquérir ce que l'on souhaitait. D'autres garanties étaient souhaitables, pas toujours honnêtes. La Halle de Paris* était concurrencée par des marchés plus souterrains, moins fréquentables. Certaines arrières-boutiques étaient alors plus richement pourvues que l'étale public. Encore fallait-il les connaître...

« Les cours des miracles de la capitale ne vous sont peut-être pas inconnues. Je vous imagine mal en Champenoise, plutôt en Parisienne, allez savoir pourquoi. Peut-être à force d'explorer son dédale de rues, en ai-je appris sur son peuple. »

* : ce que nous appelons aujourd'hui Les Halles.

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Sorianne
Même si le large chaton de la chevalière était usé au point que les armes gravées dessus soient pour ainsi dire invisibles, le lourd bijou n'était point dépourvu de valeur, du moins aux yeux de la noiraude qui tiqua sans chercher à le cacher. Les lèvres pincées, elle baissa le museau et du bout des doigts alla chercher l'anneau dans son corsage. Le tournant doucement, elle porta le regard dessus et un sourire nostalgique apparu.

Machinalement, elle avait emboité le pas à Pons, claudicant auprès de lui jusqu'à la grande porte. Les yeux verts lâchèrent leur centre d'intérêt pour observer l'homme qu'elle accompagnait. Il semblait sévère au premier abord, mais plus tant maintenant qu'il s'était amusé de ce qu'elle avait bien pu dire.

La suite la laissa coite, et la cloua sur place. Elle plissa le nez tandis qu'elle relevait la tête en direction de la lumière qui s'était fait plus insistante à mesure qu'ils arrivaient à la sortie. Le choc passé, elle le rattrapa et mesura la distance qui les séparaient du parvis. Elle attendrait qu'ils y soient arrivés.


Je ne suis pas Champenoise... Mais ne suis pas Parisienne. Je n'ai mis en tout et pour tout, que deux fois les pieds à Paris. Et j'ai interdiction d'aller dans cette Cour, je l'ai promis. Je n'ai aucune idée de ce à quoi elle ressemble.

Il savait. Il savait, il le sous entendait lui même. Elle n'était pas née de la dernière pluie, et la naïveté se faisait moindre avec l'âge. Il savait, il le disait... Elle avait promis à Achim de ne pas s'y rendre, mais on l'y avait invité pour rendre la chevalière quand sa promesse aurait été réalisée.
Aveuglée un instant par la lumière agressive, maintenant arrivés sur le parvis, So ferma les paupières avant de relever le nez vers Pons.


Pourquoi me parlez vous de Paris et de ses Miracles?

Elle ne pouvait se décider à le dire, mais il devait se douter sinon il n'aurait pas orienté ainsi la conversation. Le lèvres de la jeune femme se repincèrent un peu l'espace d'un instant, les yeux revenus à la bague. Il n'avait pu manqué son désarroi quand il avait touché juste.

Dites le...

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Baphomet
« Une interdiction, comme c'est touchant, se moqua le capitaine. Eh bien, transmettez à qui de droit : le sieur Pons souhaite marchander quelque savoir occulte. Vous me trouverez encore à Reims pour les jours à venir. »

Le savoir n'amenait-il pas au pouvoir à cette époque, encore aujourd'hui ? Relevant sa main droite, son index pointa vers un chapiteau du lieu saint. Un diable hideux narguait les Aristotéliciens qui venaient se recueillir. Chaque église était un livre ouvert, un bestiaire du terrifiant bas-monde. Si les cathédrales s'élevaient orgueilleusement jusqu'à Dieu, la lumière solaire inondant sa maison. Le Grand Architecte de l'Univers cédait le pas la nuit à un autre empire, celui de la Lune. Les princes-démons pouvaient alors descendre de leur froide demeure et jouirent des pécheurs, leurs fidèles. Il y avait bien des ducs et des barons dans ce royaume de ténèbres. Mais le bourgeois savait qu'il y avait des démons de chair et sang qui gouvernaient les hommes. Ils se paraient de bonnes intentions, d'atours somptueux, de pourpre et de noir, d'or et d'azur...

« Paris et ses miracles, oui, pensa-t-il tout haut en observant la brune. Dommage que vous ne connaissiez point. Le Louvre jalouse cette pétaudière. D'ailleurs il s'y murmure qu'elle aura bientôt un Roy. Je m'y rendrais volontiers pour assister à son sacre. »

En somme, un État dans l’État et dans sa propre capitale, du moins le fief d'origine des Roys de France. Car ces derniers allaient de château en château et là où était leur cour était leur capitale. Mais les pauvres hères, sujets de ces mêmes Roys, souvent oubliés, ne trônaient point dans ces cours. Ils avaient les leurs, moins fastes et aussi conviviales pour qui en connaissait les codes... et les bonnes gens pour y entrer.
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Sorianne
So fit la moue alors qu'il se moquait ouvertement de ce qu'elle avait dit. Si Achim lui avait interdit d'y aller ça ne devait pas être pour rien, et se connaissant, elle ne voyait pas la raison de ne pas écouter le chirurgien... Même si elle comptait y aller un jour, ne serait-ce que pour rendre la chevalière. Le reste de la phrase prononcée lui fit froncer les sourcils.

Savoir occulte? Vous êtes... Sorcier?

La noiraude observait maintenant l'homme, sans gêne, perplexe face à ce qu'il lui avait dit. Il semblait si droit et carré qu'il était étonnant qu'il pratique la sorcellerie. Elle s'imaginait plutôt ces derniers comme... Un peu comme la vieille femme qui lui avait sauvé la vie une fois... Mais point comme un bourgeois si sûr que semblait l'être le Maître Pons.

Et... A qui de droit? Mon Promis? C'est lui qui m'a déconseillé de ne jamais aller à la Cour des Miracles... Ce n'est pas risible. C'est dangereux, un coupe gorge.

Un Roi? Aux Miracles? Oh comme cela s'échauffait dans la tête brune. Elle n'avait aucune idée de la vie là bas, seulement des on-dit qui lui arrivaient aux oreilles. Elle avait entraperçu l'un des Démon y vivant, peut-être même lui avait-il sauvé la vie, plus que ce qu'il pourrait le penser du moins...

Mais il ne peut y avoir qu'un roi... Comment peut-on en sacrer deux...? C'est folie... Et y aller pour voir ce Sacre, c'est tout aussi fou.

N'avait-elle pas assisté en premières loges au faux sacre d'Eusaias? N'avait-elle pas pensé qu'il s'agissait de folie que d'aller à ce point à l'encontre de l'église et de ses saints? ... Les sourcils se froncèrent... Et sa main vint retrouver la chevalière alors qu'elle imaginait quelques scénarios... Et le regard qu'elle avait dans le vague pendant que son imagination travaillait, revint se fixer sur le bourgeois.

Vous savez qui m'a confié l'anneau... Comment? ... Vous voulez le rencontrer...

Petite noiraude se rendit compte qu'ils étaient toujours sur le parvis. Oh comme c'était mal. Elle s'en échappa prestement. Aussi rapidement que le lui permettait sa hanche abîmée. Revenue sur la terre battue constituant le chemin, elle s'éventa nerveusement, la chaleur se faisant oppressante.

C'est plus que de la folie, c'est...

Il ne lui avait rien fait à elle... Il l'avait fait se sentir vivante. Il l'avait ramené et lui avait redonné envie de vivre. Elle s'était sentie à l'abri, protégée, au creux de la sombre bure qui l'avait enlacé et fait tourner*... Mais les paroles du Père Scopolie au sujet de ces Princes lui revenaient, et ne faisait que la conforter dans l'idée qu'elle avait eu grande chance et qu'elle ne devait être qu'une exception, pour elle ne savait quelle raison.

Ce sont... Des Démons, ils sont dangereux. Personne ne les affronte, personne ne sait qui ils sont... Ils sont craints... Et vous voudriez... Elle lâcha un rire nerveux tout en le pointant du doigt. Cet homme devait être suicidaire... Au même titre qu'elle l'était. Vous êtes fou. Vous l'êtes! Et je ne dois y retourner que quand j'aurai tenu promesse, rendre la chevalière, pas...

Un geste de la main, elle ne savait plus que penser. Achim... Achim, il savait pour la chevalière, elle la lui avait montré, lui avait même dit qu'avec elle, il pourrait sûrement entrer dans leur Antre sans se faire massacrer, pour sauver une Fourmi téméraire. Il savait comme ils étaient... Et n'était-il pas en la Cour avant d'être ici? Le prévôt de Paris le lui avait bien signifié quand elle était arrivée en Champagne, avec toute la délicatesse du monde.

La jeune femme avait déjà fait quelques pas, afin de s'éloigner de Pons, mais demi tour fut rapidement effectué.


Vous. A vous de venir à Troyes. Venez voir mon Promis, il sait. Il sait comment ils sont. Il vous les racontera.
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