Geoker
Vous vous souvenez de Geoker ?
Beaucoup répondront non, certains auront quelques souvenirs, généralement tranchés, surtout s'ils l'ont croisé personnellement. Pas de demi-mesure quand on parle de lui.
Et puis...
Il y a éventuellement ce qu'il a fait ou pas fait. En Languedoc, on le connaît comme politicien pour le meilleur et pour le pire. Il a créé, réformé, mais aujourd'hui, la plupart de son "héritage" politique est une ruine. A Toulouse, on le connaît surtout comme officier militaire, dans la lumière ou dans l'ombre.
Et puis, il y a les femmes.
Il y a une dualité entre l'idéalisme trop pur de ce que peut être une femme et une misogynie apparente. Il reste qu'il s'est toujours fixé l'objectif de défendre la paratge, les valeurs courtoises occitanes, supposées guider chaque occitan qui veut mériter ce... "titre". Il exècre cette volonté de certaines femmes de vouloir jouer à l'homme en refusant leur féminité, allant jusqu'à réfuter leur propre nature. Elles portent l'armure de plaques pour jouter et du coup gagnent en muscles, en largeur d'épaules déformant ainsi leur corps, le rendant disgracieux, perdant leur charme, montrant à quel point elles ont honte d'être femmes.
Mais aujourd'hui tout ça, il s'en fichait. Bien sûr, il y avait une femme derrière tout ça. Une blonde. Quel cliché !
GeoKeR avait toujours eu cette volonté d'innover de faire différent, de chercher mieux. Mais là, non. Aucune originalité. La boisson et les femmes. Il parait que ça panse les blessures. Le problème, c'est de pouvoir le faire quand on est noble, Comte, représentant d'une région, des valeurs de cette région. On est supposé rester digne, vertueux en toute circonstance, s'imposer ce que personne ne suit pour donner l'exemple. Non. Il laisse alors les apparats chez lui, s'habille de manière totalement quelconque, porte une arme improvisée, hache de mauvaise facture ne soigne aucunement sa barbe ou ses cheveux parle comme n'importe qui... Peut-être que sa mère, encore eut-il fallu qu'elle l'ait connu, l'aurait reconnu ? Mais clairement pas les gens qu'il croiserait, il était méconnaissable de toute manière.
Une taverne. On boit. Oui cette bière dégueulasse, qui pourrait être de la pisse d'âne alcoolisée. Enfin, à la 4e elle devient presque bonne, à la sixième on ne veut que celle-là.
Et enfin, il atteint ce moment tant apprécié par les gens en perdition, ce moment où l'on n'est plus en contrôle. Plus rien ne peut l'atteindre, il pourrait être le Roy ou un mendiant unijambiste, ça serait pareil, plus de souffrance plus rien. Et, c'est aussi ce moment-là où certains artistes rencontrent leur muse qui leur donne enfin la possibilité de donner vie à leurs inspirations.
Pour Geoker, c'était là, tout près. Il y avait cette mélodie quelque part qui ne demandait qu'à être découverte et ces paroles, une histoire d'ours. Mais l'ours s'échappe, et une énorme tristesse le prend, il repense à Sean qu'il a abandonné pour faire plaisir à la blonde.
Un mal de crâne horrible pour le Gaucher, cette bouche pâteuse cette sensation qui était devenue trop familière ces derniers temps. Où était-il ? Un lit inconfortable au possible, des lambeaux supposés servir de rideaux, on peut encore deviner un effort de décoration avec des fleurs de champs séchées depuis quoi... six mois ?
Ca bouge à côté de lui : une femme. Aucun souvenir. Une blonde. Pas la même apparemment. Jeunette. Elle marmonne quelque chose, pose un bras sur lui. Il n'ose pas bouger tout de suite. Il repousse enfin le bras, prétend avoir passé une bonne soirée récupère ses habits, prétexte devoir y aller. Il butte sur un cadavre de bouteille, de l'alcool plus fort. Tremblant, il porte la bouteille à la bouche récupère quelques gouttes de son seul ami. Un frisson le parcourt, lui rappelant qu'il est vivant.
On le retrouve quelques instants plus tard errer dans la rue, essayant de retrouver ses repères son chemin, pour enfin tomber sur le marché de la ville. Ca crie, ça tape dans la tête, mais il sait enfin où il est pour rejoindre discrètement son domicile. Alceste, son valet, commence à être habitué à voir son maître dans cet état depuis qu'il vit seul.
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